Notes
-
[*]
Économiste Asie à l’Agence française de développement, chercheur associé au CEPN (Université de Paris Nord), conseiller économique auprès de l’Ambassade de France en Turquie de 2000 à 2003.
-
[1]
- Dans le Traité de Lausanne de 1923, elle s’était engagée à maintenir le régime douanier hérité de l’Empire.
-
[2]
- Selon HALE (1981), l’URSS a financé 16 % des investissements réalisés au cours du 1er Plan. Les Soviétiques ont financé la construction d’un « combinat » textile à Kayseri, les Britanniques le développement de la sidérurgie à Karabük et les Allemands l’exploitation de mines.
-
[3]
- En 1954 la Turquie est alors devenue le premier pays exportateur de blé dans le monde (KRUEGER, 1974).
-
[4]
- Renault associé au fonds de retraite de l’armée (Oyak) et Fiat en alliance avec le groupe Koç.
-
[5]
- Elles ont été particulièrement efficaces au Moyen-Orient qui, pendant quelques années, a dépassé l’Europe comme premier débouché.
-
[6]
- Dans les années 1990 et 2000, les pays du sud de la Méditerranée ont reçu une aide bien plus généreuse pour se préparer au traité de libre échange.
-
[7]
- À propos de la crise turque de 2001, voir : YELDAN (2002) ; YLMAZ, KORKUZ (2004) ; GULEN OZKAN (2005) ; VÉREZ, CHAPONNIÈRE (2005).
-
[8]
- Une précision qui ne doit pas faire illusion car le niveau d’informalité est très mal apprécié.
-
[9]
- La prise en compte des exportations indirectes de textile (via les ventes à l’habillement) devrait augmenter la part des exportations (40 %) dans la production de textile.
-
[10]
- Avec 12 millions de téléviseurs fabriqués en 2006, la Turquie se classe parmi les grands producteurs mondiaux.
-
[11]
- Au début des années 1980, un groupe turc avait envisagé d’investir dans la fabrication de mémoires DRAM et, apprenant l’entrée des Coréens sur le marché, y avait renoncé (entretien de l’auteur).
-
[12]
- Un article du Wall street journal daté du 14 septembre 2006 est intitulé : « Boat Builders Help Transform Turkey Into a Regional Star ».
-
[13]
- La crise a été liée à l’accélération du programme de privatisations qui, lancé en 1983, avait accumulé des retards du fait de désaccords entre les partis au pouvoir. Le processus a repris à partir de 2003, attirant investisseurs étrangers et groupes turcs.
-
[14]
- L’indicateur de Grubel-Lloyd est calculé à partir de Mi, importations du produit i, et de Xi, exportations du produit i. On obtient GL = 1 – [? (Xi-Mi)/ ? (Xi+Mi)]. Cet indicateur varie de 0 lorsque les produits échangés entre deux pays sont tout à fait différents – il y a alors une division intersectorielle du travail – à 1 lorsque ces produits sont identiques (division intra-sectorielle).
-
[15]
- Une désagrégation plus fine (2 500 postes) confirme cette tendance : une progression de 0,15 en 1995 à 0,27 en 2005 soit le ratio mesurant les relations de l’UE avec la Pologne en 1995 (CHAPONNIÈRE, VÉREZ, 2007).
-
[16]
- Ces données conduisent à des conclusions différentes de celles issues des statistiques par établissements qui font apparaître une concentration assez importante (DJOUFELKIT, 2004). Cette incohérence pourrait être due à la place des activités industrielles non recensées.
-
[17]
- A. FILIZTEKIN, Regional disparity in Turkey, présentation au séminaire CEPII TUSIAD, à Paris en décembre 2007.
-
[18]
- Dernières statistiques disponibles (par province).
-
[19]
- Cette moyenne masque de grands écarts : pour 85 % des étudiants turcs le test fait apparaître un score assez faible et pour 15 % il conduit à un score supérieur à celui de l’OCDE (OCDE 2006).
-
[20]
- Le coefficient qui caractérise la Turquie est supérieur à ceux qui caractérisent le Japon (1,5), le Chili (1,4), le Brésil (1,3).
-
[21]
- La méthodologie proposée par VAN BEERS et BIESSEN (1996) qui se sont appuyés sur LINNEMANN (1966) compare les structures exportatrices d’un pays i et d’un pays j, représentées par les vecteurs Eik et Ejk pour k=1,..., n (nombre de postes) et le cosinus :?Eik*Ejk Cosih = k ??kE2ik*?kE2jk
-
[22]
- Deutsche Bank, Monthly Strategy, juillet 2007, p. 8.
-
[23]
- La Turquie, de même que de nombreux pays producteurs, a profité de l’augmentation très rapide des importations chinoises de produits sidérurgiques au début de la décennie. Depuis, la montée en puissance de l’industrie chinoise a réduit les importations, et les exportations chinoises ont fait chuter les prix au niveau international.
1 En économie, ignorer l’histoire relève parfois d’une forme de « myopie ». Apparue dans les années 1970, la catégorie de Nouveau pays industriel (NPI) a regroupé des pays qui avaient fait leurs premiers pas dans l’industrie au XIXe siècle. À cette époque, plusieurs pays qualifiés aujourd’hui de « marchés émergents » participaient à la première globalisation financière (FLANDREAU, 2004). Héritière de l’Empire ottoman, la Turquie relève de l’une et l’autre de ces catégories. Dans ce pays, la dimension historique du processus d’industrialisation est un élément explicatif du dynamisme industriel contemporain. Sur ce plan, elle permet de mettre en évidence ce qui rapproche et différencie la Turquie de l’Asie. Et cette rétrospective éclaire par ailleurs les perspectives de l’industrie turque, confrontée à la concurrence asiatique – chinoise principalement – tant sur le marché national qu’européen.
I – LES ÉTAPES DE L’INDUSTRIALISATION TURQUE
2 L’industrialisation n’est pas récente en Turquie ; une accélération s’est produite dans les années 1960 et l’industrie, en dépit de ses efforts d’adaptation au contexte d’ouverture, a souffert des déséquilibres macro-économiques du pays, résorbés après 2001, année marquée par une situation de crise.
1 – Une industrialisation précoce
3 Alors qu’un artisanat de la soierie s’est développé dès le XVe siècle à Bursa, la première tentative d’industrialisation de l’Empire date de la fin du XVIIIe siècle. Plusieurs défaites militaires ont alors convaincu le sultan d’engager une « modernisation défensive » (WARD, 1964), un demi-siècle avant le Japon de l’Ère du Meiji auquel on a parfois comparé l’Empire ottoman au XIXe siècle. Pour moderniser l’armée, l’État a investi dans le secteur textile et la métallurgie mais, en l’absence de relais privés, ses initiatives ont fait long feu (BATOU, 1991). Néanmoins, si l’industrie n’a pas résisté aux conséquences du Traité de libre échange signé avec la Grande-Bretagne en 1852, les propos de Disraëli accusant ce traité d’avoir provoqué la disparition d’une industrie ottomane « florissante » (BAIROCH, 1997) semblent relever de la polémique plus que de la réalité.
4 Pour financer sa modernisation, l’Empire ottoman a émis des titres de dette sur les marchés internationaux qui, après la crise boursière de 1872, se sont fermés aux « pays émergents ». Ayant fait défaut sur sa dette (1875), l’Empire a été placé sous la tutelle de la Commission de la dette ottomane qui a géré les finances publiques et encouragé l’entrée de capitaux étrangers. C’est dans ce contexte que des « Levantins » ont investi dans l’industrie (CLARK, 1969). L’industrie a certes souffert de la concurrence des produits importés qui avaient la préférence des consommateurs, mais elle a également bénéficié de l’entrée de produits semi-finis de meilleure qualité ; ainsi, en substituant le fil machine importé au fil artisanal, les entreprises du textile ont réussi à exporter (QUATAERT, 2004). Promulguée en 1913, une première loi sur l’encouragement de l’industrie a offert des exemptions fiscales aux investisseurs (ISSAWI, 1982).
5 Après dix années de conflit (1913-1923) qui ont ravagé l’Empire, la Turquie s’est construite sur ses ruines. L’industrie a tout particulièrement souffert de la disparition des entrepreneurs grecs et arméniens, et l’industrialisation a été un des axes de la modernisation engagée par Atatürk pour « attraper l’Occident ». Opposé aux libéraux qui plaidaient pour le développement de l’agriculture en mettant en avant l’exemple de l’Argentine qui, grâce à ses exportation agricoles, était l’un des pays les plus riches du monde, ATATÜRK a donné la priorité à la grande industrie. S’inspirant de la loi de 1913, le gouvernement a fait adopter une nouvelle loi d’encouragement en 1927 et, deux ans plus tard, lorsque la Turquie a recouvré son indépendance douanière [1], dans un contexte international marqué par la Grande Crise, il a érigé des barrières tarifaires (HERSHLAG, 1960) (graphique 1). L’État a été interventionniste tout en respectant la propriété privée. Américains et Soviétiques ont participé à l’élaboration du 1er Plan quinquennal (1934), qui a bénéficié de l’aide de l’URSS, de l’Allemagne et du Royaume-Uni [2]. Pour contourner l’opposition des grands propriétaires au développement industriel et les réticences des banques étrangères à financer des projets industriels, l’État a créé la Sumer Bank et établi des entreprises d’État (dans les domaines de la mécanique, de la sidérurgie et du textile). Jouissant d’une autonomie de gestion, ces établissements ont assuré la moitié de la production industrielle jusque dans les années 1950. Dressant le bilan de l’entre-deux-guerres, le premier rapport de la Banque mondiale (BIRD, 1951) conclut : « on peut douter que [la Turquie] aurait fait autant avec des investissements privés ». Le secteur privé a investi dans l’industrie légère et dans le textile où sa production a dépassé celle du secteur public ; en imposant aux hommes de s’habiller à l’occidentale, la « révolution du chapeau » a suscité la création des premières entreprises de prêt-à-porter (SEIDMAN, 2004).
Croissance du PIB (1923-2007)
20%
15%
10%
5%
0%
- 5%
- 10%
- 15%
- 20%
1923 1933 1943 1953 1963 1973 1983 1993 2003
Croissance du PIB (1923-2007)
6 Entre 1920 et 1940, dans un contexte économique très heurté, la part du secteur manufacturier a augmenté de 10 % à 15 % du PIB (graphique 2). En 1935, alors que 80 % de la population vivait de l’agriculture, 8,5 % – soit près d’un Turc sur dix – travaillait dans l’industrie (HALE, 1981) ; l’agro-alimentaire, avec 50 % de la production, était le principal secteur, devant le textile (20 %) et la métallurgie (Ministère de l’Économie, 1946).
2 – L’âge d’or de l’import-substitution
7 Restée neutre pendant la seconde guerre mondiale, la Turquie n’en a pas moins souffert sur le plan économique. La production s’est contractée (graphiques 1 et 2) et les prix se sont envolés. Mais, à l’issue de la guerre, son alliance avec les États-Unis lui a valu de bénéficier du plan Marshall et d’adhérer à l’OCE, devenue par la suite l’OCDE. La première mission du FMI a proposé des réformes libérales et les conseillers américains ont plaidé pour la modernisation de l’agriculture. La motorisation de celle-ci a d’ailleurs constitué l’une des priorités de l’aide américaine, qui a représenté l’équivalent de 2 % du PIB turc dans les années 1950. Au cours de cette décennie, l’agriculture turque a bénéficié de la hausse des cours agricoles [3] et, en capitalisant sur l’envolée des cours du coton, des grands propriétaires de la région d’Adana ont investi dans l’industrie textile. Plusieurs groupes industriels turcs ont d’ailleurs émergé au cours de cette décennie (ZÜRKER, 2001), marquée par une première rupture avec l’étatisme. Rompant avec la tradition kémaliste, le gouvernement a en effet adopté un code d’investissement libéral que l’administration, réticente à l’incursion des entreprises étrangères, n’a pas appliqué. Cet intermède s’est achevé sur un coup d’État, une crise de paiement et une seconde intervention du FMI.
8 En 1960, la création de l’agence de planification (SPO) a signifié le retour à l’étatisme alors même que la Turquie déposait une candidature auprès de la Communauté économique européenne (CEE) (décembre 1959). Conseillé par Tinbergen (FRY, 1971), le SPO a élaboré une stratégie de substitution aux importations que la Corée du Sud et Taiwan venaient d’abandonner au profit d’une stratégie combinant la promotion des exportations et la protection du marché. Pour faire accepter des prix industriels plus élevés à la population à 80 % rurale, le gouvernement a soutenu les prix agricoles. Poursuivie jusqu’aux années 2000, cette politique, au coût budgétaire élevé, a bénéficié aux grandes exploitations sans améliorer le sort des petits agriculteurs. Néanmoins, dans la mesure où elle a élargi le marché, elle a contribué à dynamiser l’industrie. En 1980, le secteur manufacturier représentait 20 % du PIB (graphique 2) ; principalement composé de l’industrie agroalimentaire, il s’est ensuite diversifié (la part de l’agroalimentaire a été ramenée de 50 % à 20 % de la production en vingt ans), vers la production de biens intermédiaires dominée par les entreprises d’État (OWEN, PAMUK, 1998). De leur côté, les entreprises privées ont investi dans la fabrication de biens de consommation non durables et durables. Par exemple, l’assemblage de voitures automobiles date de 1955, attirant les constructeurs étrangers à partir de 1970 [4].
9 Le soutien aux prix agricoles et une politique monétaire laxiste ont alimenté l’inflation qui, de 1975 à 2004, a été mesurée par un nombre à deux chiffres. Dans ce contexte inflationniste, le choix d’une parité fixe avec le dollar a entraîné une appréciation du taux de change réel. Peu compétitive, l’industrie n’a pas tiré parti du traité d’association avec la CEE qui a pourtant ouvert le marché européen aux produits industriels turcs. L’exportation de produits agricoles et les transferts des émigrés assurant l’essentiel de ses rentrées de devises, la Turquie s’est endettée pour absorber le premier choc pétrolier et, en 1978, elle a été la première victime de la crise de la dette. Sa situation géopolitique lui a toutefois permis de bénéficier d’un traitement plus généreux que celui réservé aux pays d’Amérique latine quelques années plus tard. Cette crise l’a contrainte à s’ouvrir aux échanges (graphique 3).
Importations et exportations en % du PIB (1924-2007)
35% Exportations
Importations
30%
25%
20%
15%
10%
5%
0%
1923 1933 1943 1953 1963 1973 1983 1993 2003
Importations et exportations en % du PIB (1924-2007)
3 – L’instabilité macro-économique a réduit les bénéfices de l’ouverture
10 En 1980, la Turquie était moins ouverte que la Chine et exportait moins de produits manufacturiers que la Tunisie. Sa valeur ajoutée manufacturière était inférieure de moitié à celle de la Corée du Sud. Néanmoins, forte de l’expérience accumulée pendant deux décennies, son industrie diversifiée était préparée à l’ouverture (BENSIDOUN, 1994).
11 Entre 1980 et 1983, le gouvernement a adopté un régime de change flexible, gelé les salaires, démantelé les barrières aux importations et offert des crédits subventionnés aux exportateurs. Ainsi, à la même époque que la Chine, la Turquie a engagé une stratégie analogue à celle empruntée par la Corée du Sud et Taiwan au début des années 1960.
12 La contraction de la demande, conséquence du gel des salaires, a amené les entreprises à capitaliser sur leur compétitivité pour exporter des produits agroalimentaires, un peu de produits d’habillement et beaucoup de produits textiles, sur la base des capacités installées (BENSIDOUN, 1994). Rassuré par la vigueur des exportations [5], le gouvernement a déposé une demande d’adhésion à la CEE (1987) à laquelle Bruxelles a répondu en proposant une Union douanière. La Turquie s’est préparée à cette ouverture en diminuant progressivement ses droits de douanes jusqu’en 1995 sans bénéficier, du fait du veto grec, de l’aide promise par Bruxelles [6] pour la « remise à niveau » de son industrie. Les entreprises ont anticipé cette échéance en investissant (graphique 4).
Achat public et privé d’équipement (FBCF) et IDE total et manufacturier en % du PIB (1980-2006)
20%
IDE manufacturier
18% FBCF public (achat d'équipement)
FBCF privé (achat d'équipement)
16% IDE total
14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006
Achat public et privé d’équipement (FBCF) et IDE total et manufacturier en % du PIB (1980-2006)
13 L’industrie a bien résisté à l’élimination des tarifs douaniers sur les produits industriels européens et a diversifié ses exportations du textile-habillement à la construction automobile. La production s’est toutefois moins transformée que les exportations (tableau 2, voir plus loin) et la croissance de la valeur ajoutée manufacturière a ralenti.
14 L’effort d’investissement pour préparer l’Union douanière a fait long feu. Il n’a pas résisté à l’aggravation des déséquilibres de la seconde moitié des années 1990. Une détérioration qu’expliquent les mesures opportunistes de libéralisation du compte de capital. En effet, pour financer sans douleur le déficit budgétaire, le gouvernement a ouvert le compte de capital (1983) et levé le contrôle des changes (1989). Mises en œuvre dans un pays où l’inflation était endémique et où la possession de devises était interdite, ces mesures prématurées (RODRIK, 1990) ont « dollarisé » l’économie. Les banques ont investi l’épargne dans des titres publics émis par le Trésor à des taux d’autant plus attractifs que le risque de change était élevé car la Banque centrale procédait à des dévaluations de la livre turque (LT) pour tenir compte de la hausse des prix. Les gouvernements de coalition qui se sont succédés ont été incapables de faire adopter les réformes qui s’imposaient pour freiner l’inflation. Le déficit budgétaire s’est creusé et la hausse des prix s’est accélérée de 40 % par an (décennie 1980) à 80 % par an (décennie 1990). Ces dérives ont freiné la croissance industrielle et l’investissement privé (GURBUZ, RAFFINOT, 2001).
4 – Crise et nouveau départ [7]
15 Le gouvernement a attendu 1999 pour lancer un programme de désinflation dont la pièce maîtresse a été un ancrage glissant de la livre turque sur un panier de monnaies. Après un départ encourageant, le ralentissement des réformes a érodé la confiance et conduit à la crise de février 2001. Des sorties massives de capitaux ayant mis les banques d’État en faillite technique, le gouvernement a laissé flotter la monnaie qui a perdu la moitié de sa valeur. L’intervention du FMI et l’adoption de réformes n’ont pas suffi à restaurer la confiance qui n’est revenue qu’après le 11 septembre 2001 : du fait de sa situation géopolitique, la Turquie s’est vue promettre une aide sans commune mesure avec l’impact des attentats sur son économie. Cette promesse a restauré la confiance ; le taux de change s’est stabilisé et les taux d’intérêt ont amorcé une décrue qui s’est accélérée après la victoire de l’AKP (novembre 2002). Les marchés ont plébiscité l’entrée dans le gouvernement d’un parti disposant d’une majorité et qui a pu faire adopter les réformes proposées par le FMI et l’Union européenne (UE). La consolidation fiscale (le déficit budgétaire a été ramené de 15 % à 2 % du PIB entre 2001 et 2007), l’autonomisation de la politique monétaire et le nettoyage du système bancaire ont stabilisé la situation macro-économique. La hausse des prix est passée sous la barre des 10 %, une victoire célébrée par l’émission d’une nouvelle livre turque équivalente à 1 000 000 d’anciennes LT. Entre-temps, la division par deux du coût unitaire du travail a amélioré la compétitivité des exportations, dont le montant en dollars courants a triplé entre 2002 et 2007.
16 L’accélération de la croissance (6,5 % en moyenne entre 2002 et 2007) s’est accompagnée d’un creusement du déficit courant qui a atteint un niveau inquiétant (7,7 % du PIB en 2007) et de l’appréciation du taux réel de change. À la différence de ce que l’on constatait avant la crise, le déficit courant est désormais en partie financé par des capitaux longs (dont les investissements directs étrangers - IDE) ; mais en partie seulement et, pour attirer les capitaux dans un contexte marqué par l’aversion au risque, la Banque de Turquie a dû élever les taux d’intérêt, déjà élevés, ce qui a ralenti la croissance en 2007.
17 Après une décennie « perdue », l’assainissement macro-économique permettra-t-il à l’industrie turque de capitaliser sur sa compétitivité ? La Turquie pourra-t-elle devenir une « petite Chine » ou un « NPI » à croissance rapide aux marches de l’UE ?
II – L’INDUSTRIE TURQUE EN 2007 : VUE D’ENSEMBLE
18 Avec un PIB de 500 milliards de dollars en 2007, le poids économique de la Turquie est presque équivalent à celui de la Pologne, la plus grande économie d’Europe centrale. Le revenu per capita (en parité de pouvoir d’achat) place le pays à égalité avec la Tunisie. La valeur ajoutée de la production manufacturière, très diversifiée, dépasse celle de l’ensemble Maghreb-Machrek. Bien qu’ouverte aux échanges, l’industrie l’est moins aux IDE, sans doute en raison de l’existence d’un capitalisme familial. Enfin, l’industrie, compétitive, reste néanmoins fragile.
1 – La Turquie parmi les pays émergents
19 La production manufacturière turque occupe la onzième place en termes de valeur ajoutée, derrière la Pologne et parmi les pays émergents, la sixième pour les exportations et la dixième pour la valeur ajoutée per capita (tableau 1).
20 Le secteur manufacturier est à l’origine de 25 % du PIB et de 80 % des exportations. Sa place dans l’emploi (4 millions d’emplois en 2007 soit 20 % du total) est difficile à apprécier car une partie des effectifs relève du secteur informel (32 % selon Turkstat [8]).
Valeur ajoutée et exportations manufacturières (2005), valeur ajoutée per capita (1995 et 2005)
Valeur ajoutée (milliards USD) prix 1998 |
Exportations (milliards USD) |
VA per capita (dollars) | ||
2005 | 2005 | 1995 | 2005 | |
Chine | 629,4 | 587 | 203 | 479 |
Corée du Sud | 265,8 | 235 | 2860 | 5470 |
Brésil | 177,0 | 52 | 873 | 941 |
Russie | 141,3 | 5 | 555 | 989 |
Taiwan | 112,4 | 165 | 3247 | 4888 |
Inde | 100,8 | 45 | 62 | 92 |
Mexique | 85,9 | 147 | 598 | 799 |
Thaïlande | 82,5 | 60 | 868 | 1250 |
Indonésie | 80,4 | 42 | 247 | 328 |
Pologne | 49,9 | 51 | 679 | 1293 |
Turquie | 46,0 | 53 | 498 | 652 |
Malaisie | 31,5 | 99 | 1151 | 1758 |
Argentine | 26,0 | 10 | 1280 | 1356 |
21 Les industries de biens intermédiaires (chimie, pétrochimie, sidérurgie) assurent 40 % de la valeur ajoutée (tableau 2) et un pourcentage plus modeste des exportations. Depuis l’Union douanière, la principale transformation a été la montée de la construction automobile et de l’équipement mécanique, électrique et électronique dans les exportations. Cela ne s’est pas accompagné de la même évolution (au moins jusqu’en 2000) pour la valeur ajoutée manufacturière. Consacrant au moins 4 % de son PIB à la défense, la Turquie est un grand marché d’armement et ces achats donnent lieu à des fabrications locales (TESEV, 2001), aussi son industrie de la défense est-elle probablement importante.
Valeur ajoutée (%) | Exportations (%) | |||
1995 | 2001 | 1995 | 2004 | |
Agroalimentaire | 16 | 18 | 20 | 10 |
Textile, habillement, cuir | 17 | 18 | 41 | 29 |
Bois, ameublement | 1 | 3 | 2 | 3 |
Chimie, pétrochimie, raffinage, plastique | 29 | 29 | 11 | 10 |
Ciment, verre, céramique | 3 | 6 | 2 | |
Sidérurgie, métallurgie | 7 | 6 | 9 | 11 |
Équipement mécanique, électrique, électronique | 13 | 13 | 10 | 20 |
Équipement de transport | 7 | 5 | 3 | 14 |
Divers | 7 | 3 | 3 | |
100 | 100 | 100 | 100 |
22 À défaut de statistiques sectorielles plus récentes, le tableau 3 indique l’évolution de l’indice de production des principaux secteurs de 1990 à 2007. Il montre que la reprise s’est accompagnée d’un renforcement de l’industrie des biens intermédiaires, de la construction automobile, de l’équipement de bureau, de l’électronique et d’un désengagement dans le textile et l’habillement.
Évolution de la production industrielle (principaux secteurs)
Base 100 = 1997 | 1990 | 2000 | 2002 | 2007 |
Secteur manufacturier | 76 | 99 | 101 | 141 |
Agroalimentaire | 108 | 100 | 100 | 128 |
Textile | 107 | 98 | 101 | 91 |
Habillement | 100 | 119 | 112 | 98 |
Chimie | 219 | 93 | 112 | 173 |
Sidérurgie, métallurgie | 70 | 99 | 104 | 168 |
Produits métalliques | 112 | 99 | 73 | 146 |
Équipement mécanique | 45 | 105 | 86 | 185 |
Machine de bureau | 46 | 188 | 89 | 246 |
Équipement mécanique | 45 | 85 | 84 | 138 |
Électronique grand public | 43 | 162 | 211 | 210 |
Matériel de précision | 28 | 74 | 63 | 83 |
Construction automobile | 53 | 109 | 73 | 226 |
Autres équipements de transport | 52 | 20 | 88 | 87 |
Ameublement | 164 | 132 | 149 |
Évolution de la production industrielle (principaux secteurs)
2 – Une industrie ouverte aux échanges
23 L’évolution de l’ouverture au niveau sectoriel peut être analysée à partir des données SPO (en prix constant). Le graphique 5 situe les secteurs les plus importants en indiquant en abscisse la part des exportations dans la production et en ordonnée la part des importations dans la consommation apparente (production plus importations moins exportations) pour les années 1990 et 2004.
Place de l’exportation dans la production et des importations dans la consommation (1990/2004)
100%
90%
80%
70% Equipement (2004)
Equipement (1990)
60%
Automobile (2004)
50%
Sidérurgie (2004)
40% Automobile (1990) Moyenne de l'industrie manufacturière
30% Sidérurgie (1990)
20% Textile (2004)
Habillement (2004)
10% Textile (1990)
Ciment (1990) Habillement (1990)
0% Ciment (2004)
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Exportation / Production
Place de l’exportation dans la production et des importations dans la consommation (1990/2004)
24 D’une manière générale, les secteurs évoluent vers le quadrant nord-est du graphique, vers davantage d’ouverture : c’est particulièrement le cas de la construction automobile et du secteur des biens d’équipement. En 2004, l’industrie exporte en moyenne 30 % de sa production et les importations assurent un pourcentage voisin de la consommation apparente. Cette moyenne recouvre toutefois des situations contrastées.
25 L’industrie agroalimentaire n’exporte qu’une faible partie de sa production et les importations occupent une place négligeable dans la consommation. Le textile-habillement (17 % de la valeur ajoutée) rassemble de très nombreuses entreprises dont certaines relèvent du secteur informel tout en réalisant de la sous-traitance pour des entreprises formelles. Les importations assurent seulement 20 % de la consommation apparente de textile [9], et l’habillement exporte 60 % de sa production. S’il contribue à la compétitivité de l’industrie turque, le niveau des salaires (un tiers de celui de la France) ne suffit pas à l’expliquer. La force de l’industrie textile (Institut français de la mode, 2007) est de couvrir l’ensemble de la filière : la Turquie se place sixième producteur mondial et cinquième exportateur d’habillement. L’existence d’un secteur amont performant (filature, tissage), qui la différencie des autres pays méditerranéens (CHAPONNIÈRE, CHEVALLIER, LAUTIER, 2005), représente un avantage stratégique face à la concurrence chinoise.
26 L’industrie de biens intermédiaires s’est également redéployée dans l’exportation : la Turquie est le premier pays européen exportateur de ciment, le deuxième de verre, le premier d’engrais ; longtemps dominée par les entreprises d’État, la sidérurgie turque (13e rang mondial) exporte 40 % de sa production et les importations assurent 30 % de la consommation apparente.
27 Avec 1,1 million de véhicules fabriqués en 2007 (dont 635 000 voitures particulières), la Turquie a dépassé l’Italie et se classe au cinquième rang européen. Dominée par des joint venture, la construction automobile a abandonné l’assemblage pour s’insérer dans la stratégie internationale des grands constructeurs. Elle exportait 5 % de la production (en valeur) en 1990 et 60 % en 2004 et, parallèlement, la part des importations a augmenté de 35 % à 50 % de la consommation apparente. La Turquie est un tremplin d’exportation pour les constructeurs européens (Renault, Fiat), américains (Ford est le premier exportateur de Turquie tous produits confondus) et asiatiques (Toyota, Honda, Hyundai). Elle attire d’autres constructeurs et leurs sous-traitants qui se rapprochent des donneurs d’ordre et exportent à leur tour.
28 C’est sur la base de la sous-traitance internationale que les entreprises turques ont percé dans les domaines de l’électroménager (réfrigérateurs, machines à laver) et de l’électronique grand public (téléviseurs [10]). Les plus grandes rachètent des enseignes européennes pour mieux se positionner sur la chaîne de valeur. En dehors de ces secteurs, l’industrie est encore peu présente dans les spécialisations plus porteuses [11].
29 L’industrie turque est également active sur de nombreuses niches (notamment l’ameublement) dont certaines à forte valeur ajoutée : bijoux en or (deuxième après l’Italie) ou la construction de voiliers de haut de gamme [12].
3 – Faible ouverture aux IDE et capitalisme familial
30 L’ouverture aux échanges a coexisté avec une quasi fermeture aux IDE. C’est une situation assez paradoxale. NUNNEMKANP (2003) a en effet démontré une corrélation robuste entre l’ouverture et l’entrée d’IDE appréciée par rapport au PIB. Cette corrélation ne se vérifiait pas en Turquie où, jusqu’à la crise de 2001, le rapport IDE/PIB, inférieur à 1 %, était proche de celui constaté en Corée jusqu’à la crise de 1997.
31 Alors que la réticence vis-à-vis des investisseurs étrangers a une longue histoire en Turquie, l’explication de la faiblesse des IDE a souvent été limitée à l’instabilité politique ou aux déséquilibres économiques. Or ces explications sont insuffisantes. La Banque mondiale (FIAS, 2001) a détaillé les obstacles à l’entrée des IDE en Turquie, où une implantation était l’aboutissement d’un véritable parcours du combattant. Le traitement des dossiers exigeait cinq fois plus de temps qu’en Europe centrale ; les règles comptables interdisaient la réévaluation des actifs dont la valeur diminuait rapidement du fait de l’inflation, et la déshérence du système judiciaire posait de nombreux problèmes de contentieux. Cette analyse a conduit en 2003 à l’adoption d’une loi de libéralisation des conditions d’investissement. Cette réforme et les perspectives de l’adhésion à l’UE ont alors provoqué une envolée des IDE (passant de près de 10 milliards de dollars en 2005 à 22 milliards en 2007) (graphique 4). Ils ont financé des rachats bancaires mais plus rarement des investissements manufacturiers, à l’exception des privatisations [13] (YELDAN, 2005). Cela explique la place encore limitée des échanges intra branches dans le commerce entre la Turquie et l’UE.
32 Après avoir diminué, la part du secteur manufacturier dans les IDE a augmenté et atteint 25 % en 2007. L’accueil encore réservé de la Turquie à l’égard des IDE s’explique également par les réticences des groupes turcs à ouvrir leur capital.
33 L’industrie turque est dominée par des conglomérats diversifiés qui sont pour la plupart basés à Istanbul. La Chambre de commerce d’Istanbul publie régulièrement des statistiques (ventes, valeur ajoutée, emploi, exportations) à partir d’une enquête réalisée auprès des 500 premières entreprises industrielles (publiques, privées, turques et étrangères). Le traitement de ces données permet de mesurer la concentration qui, si elle a augmenté depuis la crise – la valeur ajoutée des 500 premières passant de 7 à 12 % du PIB entre 2000 et 2005 –, reste limitée [16] et concerne assez peu les exportations (les 500 premières entreprises assurent seulement la moitié des exportations).
34 Ces données permettent d’approcher le rôle des entreprises à capitaux étrangers. Au sein des 500 premières entreprises, elles réalisent 27 % du chiffre d’affaires avec 20 % de l’emploi et 32 % des exportations ; la comparaison avec l’année 2000 met en évidence une place relative ayant peu évolué (tableau 4). Cette moyenne masque des situations contrastées. Les grandes entreprises étrangères jouent un rôle négligeable d’une façon générale, un peu moins négligeable dans l’agroalimentaire, et très important dans la construction automobile.
Part des 500 plus grandes entreprises et des entreprises à participation étrangère (> 10 % du capital) dans la production et les exportations industrielles et la valeur ajoutée
Les 500 |
Les entreprises étrangères | |
Industrie agroalimentaire | 37 % | 6,3 % |
Textile, habillement | 9 % | 0,2 % |
Bois, ameublement | 6 % | 0,1 % |
Chimie | 16 % | 2,1 % |
Matériaux de construction | 9 % | 0,0 % |
Sidérurgie, métallurgie | 11 % | 1,3 % |
Équipement mécanique, électrique et électro nique | 42 % | 9,2 % |
Automobile | 90 % | 81,0 % |
Ensemble des exportations | 40 % | 10,0 % |
VA en % du PIB | 12 % | 3,0 % |
Emploi (1 000) | 282 | 514 |
Part des 500 plus grandes entreprises et des entreprises à participation étrangère (> 10 % du capital) dans la production et les exportations industrielles et la valeur ajoutée
4 – Une industrie concentrée à l’Ouest
35 La croissance turque a été inégalement répartie et le revenu per capita s’échelonne de 1 dans les régions agricoles du Sud-Est à 5 dans les régions qui entourent la mer de Marmara. A. FILIZTEKIN (1999) a démontré l’absence de convergence entre les provinces. Les plus prospères sont les plus industrialisées. Pour apprécier le niveau d’industrialisation des provinces, H. DJOUFELKIT (2004) a construit un indicateur de spécialisation rapportant la part de l’emploi manufacturier d’une province à sa part dans le pays. Il montre que l’Est anatolien (coefficient 0,2), la région de la mer Noire (0,4), celle de la Méditerranée (0,7) et le Centre anatolien (0,9) sont les moins industrialisées. Les niveaux d’industrialisation des régions de la mer Égée et du Sud-Est anatolien sont égaux à la moyenne (1) et la région de Marmara (1,8) est de très loin la plus industrialisée. La même approche menée au niveau des secteurs manufacturiers révèle la spécialisation dans l’automobile et le textile de la région de Bursa.
36 L’apparition d’entreprises issues d’Anatolie a conduit à évoquer l’émergence de « Tigres anatoliens », des groupes plus spécialisés que les conglomérats basés à Istanbul. Selon A. FILIZTEKIN [17], cette notion relèverait davantage de la sociologie politique que de l’économie. Les données sur le nombre d’entreprises et la valeur ajoutée manufacturière soulignent que la situation relative de ces provinces n’a pas beaucoup évolué jusqu’en 2001 [18]. L’émergence des « Tigres Anatoliens » témoigne néanmoins de la diffusion de l’industrialisation à l’ensemble du pays.
5 – Une compétitivité fragile
37 O. CAUSA et D. COHEN (2006) ont comparé la compétitivité industrielle de plusieurs pays du Sud à la moyenne de l’OCDE en 2003 sur la base d’une désagrégation en quatre facteurs : le capital physique (K) apprécié à partir des données de l’ONUDI sur les investissements, les infrastructures (Z) à partir de données de la Banque mondiale et de D. CANNING (1998), le capital humain (H) à partir des données sur l’éducation de D. COHEN et M. SOTO (2001), et la productivité totale des facteurs (PGF) approchée par le niveau d’intégration au commerce mondial évalué par l’intensité du commerce intra-sectoriel (Ti) ; enfin, un indicateur A rend compte du résidu non expliqué. Le tableau 5 indique pour chacun des facteurs le niveau des pays par rapport à la moyenne OCDE posée comme valeur unitaire.
38 Avec une productivité de 0,42 (OCDE = 1), la Turquie se situe bien au-dessus du Maroc, de la Hongrie et de l’Égypte, et très en-dessous de la Corée (0,87). Ces résultats sont proches de ceux de MCKINSEY, qui avait évalué en 2002 la productivité turque à 40 % de la moyenne européenne – 11 % pour l’électricité et 70 % pour le textile. Fondé sur une évaluation en parité de prix à la production, un travail de A. CHEVALLIER et D. ÜNAL-KESENCI (2001) conclut que la productivité industrielle de la Turquie atteint alors les trois quarts de la productivité industrielle française.
Les déterminants de la compétitivité industrielle
Productivité |
Capital physique (K) |
Infrastructures (Z) |
Capital humain (H) |
Productivité totale des facteurs (PGF) |
Intensité commerce intra- sectoriel (Ti) |
Résidu non expliqué (A) | |
Moyenne OCDE | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 |
Corée | 0,87 | 1,01 | 0,9 | 1,02 | 0,94 | 0,98 | 0,95 |
Espagne | 0,7 | 0,91 | 0,97 | 0,78 | 1,03 | 1,05 | 0,98 |
Grèce | 0,5 | 0,97 | 0,94 | 0,81 | 0,68 | 0,87 | 0,78 |
Turquie | 0,42 | 0,94 | 0,56 | 0,56 | 1,45 | 0,88 | 1,64 |
Maroc | 0,13 | 0,77 | 0,78 | 0,43 | 0,51 | 0,86 | 0,6 |
Hongrie | 0,12 | 0,61 | 0,88 | 0,91 | 0,25 | 0,98 | 0,26 |
Égypte | 0,09 | 0,72 | 0,85 | 0,54 | 0,27 | 0,78 | 0,35 |
Les déterminants de la compétitivité industrielle
39 Si la Turquie obtient une assez bonne performance en termes de capital physique, elle est handicapée par la faiblesse de ses infrastructures, aggravée depuis la crise de 2001. En effet, les finances publiques ont suivi une cure d’austérité et, contrairement à ce qui était espéré (en Turquie comme dans de nombreux pays émergents), le secteur privé n’a pas compensé le désengagement de l’État (à l’exception de la production électrique où existent de nombreux projets en partenariat public-privé).
40 La Turquie est handicapée par un faible capital humain, avec un coefficient H (0,56) proche de celui de l’Égypte. L’éducation a constitué le parent pauvre du budget ; les enfants de moins de 12 ans sont tous scolarisés, mais ce n’est le cas que de 60 % des 12-18 ans. Par ailleurs, à l’aune des tests internationaux de connaissance, la Turquie se classe loin derrière la moyenne de l’OCDE [19]. Le coefficient T montre qu’elle est assez bien intégrée en termes commerciaux. Cela ne rend pas compte du niveau très élevé de PGF (1,45) qu’explique le coefficient résiduel (1,64), le plus important parmi les 51 pays analysés [20].
III – L’INDUSTRIE TURQUE FACE À LA CONCURRENCE CHINOISE
41 La montée en puissance de la Chine est l’évolution la plus remarquable des dix dernières années : second exportateur mondial, elle est le premier fournisseur extra-européen de l’UE. L’attention portée à l’ « invasion » des produits chinois ne doit pas faire oublier qu’ils sont conçus aux États-Unis ou au Japon et assemblés en Chine, à partir de produits ou sous-ensembles fabriqués en Corée du Sud, à Taiwan ou en Malaisie. Cet assemblage est souvent le fait des filiales asiatiques qui assurent la moitié des exportations chinoises. La Turquie, comme les pays européens, n’est pas seulement confrontée à une offensive commerciale chinoise, elle fait face à une concurrence asiatique qui s’appuie sur la Chine.
42 Si elle réussit à améliorer sa compétitivité sur le marché européen, l’industrie turque qui s’est ajustée en important des produits semi-finis de Chine pour monter en gamme ne profite pas encore du dynamisme de l’économie chinoise.
1 – Sur le marché européen
43 Entre 2000 et 2007, la Chine a triplé ses exportations dans le monde (en dollars) et sa part sur le marché européen est passée de 4,8 % (1995) à 13,9 % (2007). Face à la déferlante chinoise, la Turquie a neanmoins progressé de la huitième à la septième place parmi les fournisseurs extra-européens de l’UE et sa part de marché a augmenté de 1,7 % à 2,6 % (tableau 6).
44 L’augmentation des exportations turques vers l’UE s’est accompagnée d’une transformation de leur composition (graphique 6). Entre 1995 et 2006, la part du textile-habillement a été ramenée de 40 % à 24 %, et celle des équipements de transport a augmenté de 4 % à 22 %.
1995 | 2007 | |
Chine | 4,8 | 13,9 |
États-Unis | 19,0 | 11,7 |
Russie | 3,9 | 7,0 |
Japon | 10,0 | 4,6 |
Pologne | 2,2 | 3,8 |
Tchéquie | 1,7 | 3,6 |
Turquie | 1,7 | 2,6 |
Hongrie | 1,4 | 2,5 |
Corée du Sud | 2,0 | 2,1 |
45 L’évolution des parts de marché ne renseigne pas sur l’intensité de la concurrence qui s’exerce sur les exportateurs turcs. Pour l’évaluer, on a comparé la structure des importations européennes en provenance de Turquie et de ses principaux concurrents. Plus ces structures sont proches, plus la concurrence est aiguë. La proximité est mesurée par le cosinus de l’angle que font les vecteurs représentant la structure des importations européennes provenant de chacun des pays [21] et qui est appréciée à partir d’une désagrégation en 2 500 postes. Le cosinus de cet angle (indicateur Cos Cos) varie de 0° (cosinus = 1) lorsqu’il y a une similarité totale entre ces structures (concurrence aiguë) à 90° (cosinus = 0) en cas de dissimilitude totale (complémentarité).
46 Le tableau 7 montre qu’en 1995 la Chine était un concurrent plus redoutable pour la Turquie (Cos Cos de 0,26) que la Pologne (0,15) ou la Tchéquie (0,20). Dix ans plus tard, l’intensité de la concurrence entre la Turquie et la Chine a diminué (Cos Cos de 0,17) et les exportations turques ont davantage à redouter de la concurrence des PECO et de la Corée du Sud.
40%
35%
30%
Agroalimentaire
25% Textile-habillement
20% Equipement électrique
Equipement de transport
15%
10%
5%
0%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Indicateur Cos Cos en 1995 et 2005
1995 | Turquie | Hongrie | Tchéquie | Pologne |
Chine | 0,26 | 0,15 | 0,20 | 0,15 |
Turquie | 0,22 | 0,29 | 0,31 | |
Corée du Sud | 0,14 | 0,15 | 0,42 | 0,35 |
2005 | Turquie | Hongrie | Tchéquie | Pologne |
Chine | 0,17 | 0,43 | 0,16 | 0,14 |
Turquie | 0,27 | 0,51 | 0,55 | |
Corée du Sud | 0,34 | 0,67 | 0,52 | 0,38 |
Indicateur Cos Cos en 1995 et 2005
47 Cette évolution traduit un ajustement par le haut de l’industrie turque à la concurrence chinoise qu’explique la baisse de la part du textile-habillement dans les exportations turques. C’est en effet dans ce secteur que la concurrence entre la Turquie et la Chine est la plus aiguë. La Turquie est le second fournisseur de l’UE en textile-habillement derrière la Chine. La mesure de l’indicateur Cos Cos pour les importations d’habillement montre qu’en 1995 la Chine était le principal concurrent de la Turquie et que c’est encore le cas dix ans plus tard même si la valeur de l’indicateur (0,68) a légèrement diminué (tableau 8). Si les exportations turques ont résisté à la levée des quotas libérant les exportations chinoises en 2005, 2006 et 2007 (1er trimestre), leur part de marché en Europe s’est érodée.
Indicateur Cos Cos en 1995 et 2005 (secteur de l’habillement)
1995 | Corée du Sud | Turquie | Hongrie | Tchéquie | Pologne |
Chine | 0,56 | 0,72 | 0,74 | 0,75 | 0,73 |
Corée du Sud | 0,72 | 0,41 | 0,48 | 0,34 | |
Turquie | 0,68 | 0,69 | 0,60 | ||
2005 | |||||
Chine | 0,64 | 0,68 | 0,82 | 0,67 | 0,69 |
Corée du Sud | 0,56 | 0,61 | 0,40 | 0,33 | |
Turquie | 0,66 | 0,61 | 0,60 |
Indicateur Cos Cos en 1995 et 2005 (secteur de l’habillement)
48 L’industrie turque abandonne les articles de masse pour des articles à plus forte valeur ajoutée. Les plus grandes entreprises investissent pour promouvoir leurs marques sur les marchés occidentaux tout en délocalisant une partie de leur production en Bulgarie, en Roumanie et au sud de la Méditerranée. Signés dans le cadre des accords Euro-méditerranéens, les traités de libre échange de la Tunisie et du Maroc avec la Turquie permettent aux industriels de ces pays de bénéficier du cumul des règles d’origine lorsqu’ils exportent vers l’UE. En effet, les articles d’habillement confectionnés à partir de tissus turcs entrent en franchise de tarifs douaniers sur le marché européen alors que ceux confectionnés à partir de tissus chinois subissent un tarif de 8 %.
49 Enfin, pour ce qui est de l’équipement automobile, précisons que la Turquie se classe au quatrième rang des fournisseurs après le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud avec 8 % de parts de marché. C’est ce redéploiement qui est l’une des explications de l’intensification de la concurrence entre la Turquie et la Corée du Sud.
2 – Sur le marché turc
50 L’offensive chinoise n’a pas épargné la Turquie et, selon Turkstat, les importations en provenance de Chine ont décuplé de 2000 à 2007 et leur part de marché a quadruplé (de 2 % à 8 %) (graphique 7). La Chine se positionne au troisième rang derrière la Russie et l’Allemagne et au second pour les importations manufacturières. En Turquie comme ailleurs, les produits « made in China » sont bien adaptés aux revenus des consommateurs les plus modestes et, dans l’habillement, ils sont l’objet d’un nouveau « commerce à la valise » en provenance d’Asie centrale qui met en difficulté les petites entreprises.
Etats-Unis Allemagne
18% Chine Russie
16% Italie
14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
51 Au premier trimestre 2005, au lendemain de la levée des quotas textiles, les autorités turques ont rétabli des restrictions sur les importations chinoises d’habillement. Ces mesures n’ont eu que peu d’impact. L’habillement et les biens de consommation ne représentent qu’une faible part des importations en provenance de Chine composées de biens intermédiaires (36 %) et de biens d’équipement (51 %), cette dernière rubrique regroupant beaucoup de produits électroniques (tableau 9). Dans ces secteurs, la compétitivité chinoise s’explique par les économies d’échelle : la taille du marché chinois justifie la construction d’unités de production de taille importante. Sur un nombre croissant de marchés, le prix chinois devient la référence.
52 En se substituant à des produits européens ou turcs, les importations de produits semi-finis chinois améliorent la compétitivité des exportations turques. À ce propos, une analyse de la Deutsche Bank [22] montre que les exportations les plus dynamiques (produits « blancs », automobile, produits « bruns ») sont celles qui font le plus appel aux produits semi-finis chinois. Ces importations creusent le déficit de la Turquie avec la Chine qui, en 2006, était deux fois plus élevé qu’avec l’Allemagne.
2000 | 2003 | 2006 | |
Biens d’équipement | 45 % | 52 % | 51 % |
Biens de consommation | 17 % | 12 % | 13 % |
Biens intermédiaires | 39 % | 36 % | 36 % |
Total (milliards de USD) | 1,21 | 2,34 | 8,97 |
53 Ce déséquilibre peut se révéler la source d’un nouveau dynamisme. En effet, l’industrie turque tire encore assez peu parti de la dynamique chinoise, comme l’atteste la comparaison entre la place respective des produits manufacturés dans les exportations turques vers le monde et les importations chinoises en provenance de Turquie (graphique 8).
Part des produits manufacturés dans les exportations totales et dans les exportations vers la Chine de divers pays dont la Turquie
Pakistan Corée
90% Singapour Philippines
80% Thailande Malaysia
70%
60% Indonésie Bangladesh
50% Turquie
40%
Sri Lanka Cambodge
30%
Brésil
20%
Vietnam
10%
0%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Part des produits manufacturés en % des exportations
Part des produits manufacturés dans les exportations totales et dans les exportations vers la Chine de divers pays dont la Turquie
54 Les produits manufacturés représentent 80 % des exportations turques et 38 % des exportations turques vers la Chine [23]. Cette dernière importe de Turquie des matières premières ou des produits agricoles et relativement peu de produits industriels. À la différence des pays asiatiques, l’industrie turque comme l’industrie brésilienne profite peu du dynamisme chinois car elle n’est pas assez intégrée dans les chaînes de valeur liant de nombreux pays asiatiques à la Chine (en particulier dans l’électronique).
55 Plusieurs faits stylisés de l’industrialisation de la Turquie (attitude vis-à-vis des IDE, rôle de l’État et des groupes privés) la rapprochent des Nouveau pays industrialisés d’Asie. Il n’en demeure pas moins de grandes différences. La principale concerne la gestion macroéconomique. Les NPI ont fait preuve d’une grande prudence et n’ont pas connu de dérives inflationnistes, alors qu’en Turquie il a souvent été plus aisé de réaliser des profits en investissant dans des titres publics que dans l’industrie. La seconde différence réside dans les relations entre l’État et les milieux d’affaires. Les succès asiatiques s’expliquent moins par l’intervention de l’État que par son étroite collaboration avec les milieux d’affaires dont les dérives ont été stigmatisées pendant la crise. Cette coopération n’existe pas en Turquie où, depuis l’avènement de la République, l’opposition est marquée entre Ankara (siège de l’État) et Istanbul (centre du marché).
56 Après vingt années de protection qui lui ont permis de se diversifier, l’industrie turque s’est bien adaptée à l’ouverture de 1980 et a surmonté le test de l’Union douanière. Cependant, les efforts d’investissement qu’elle avait fait pour s’y préparer n’ont pas résisté à la détérioration de la situation macroéconomique qui a conduit à la crise. Depuis 2001, l’intervention du FMI, les exigences européennes et l’arrivée au pouvoir d’un parti disposant d’une majorité ont assaini la gestion économique. Néanmoins, alors que la plupart des pays émergents dégagent un surplus de leur balance courante, ce n’est pas le cas de la Turquie, et cela constitue une fragilité dans un environnement international caractérisé par la remontée de l’aversion au risque.
57 Au-delà d’une conjoncture incertaine, la reprise de l’investissement autorise davantage d’optimisme pour les perspectives à moyen terme. Déjà bien engagée dans la transition démographique, la Turquie va connaître un processus d’urbanisation qui élargira les débouchés industriels. Cela explique les prévisions de la Goldman Sachs (2005) qui classe la Turquie parmi les « Next-11 », la catégorie des pays émergents les plus dynamiques. Selon cette société, elle pourrait constituer la cinquième économie de l’UE à l’horizon 2025.
58 L’industrie turque a résisté à la concurrence chinoise en redéployant ses exportations vers l’automobile et l’électronique. En s’appuyant sur l’importation de produits semi-finis chinois, elle améliore sa compétitivité sur le marché européen, sans profiter pour autant du dynamisme chinois. Le creusement du déficit avec la Chine pourrait tout de même susciter un nouveau dynamisme. En effet, l’industrie turque cherche à réorienter ses exportations vers la Chine, et les investisseurs chinois s’intéressent à la Turquie en tant que marché et tremplin vers l’UE. Les défis asiatiques, et en premier lieu le défi chinois, pourraient alors devenir des opportunités.
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- ZÜRKER E., 1993, Turkey a modern history, Londres, IB Tauris.
Notes
-
[*]
Économiste Asie à l’Agence française de développement, chercheur associé au CEPN (Université de Paris Nord), conseiller économique auprès de l’Ambassade de France en Turquie de 2000 à 2003.
-
[1]
- Dans le Traité de Lausanne de 1923, elle s’était engagée à maintenir le régime douanier hérité de l’Empire.
-
[2]
- Selon HALE (1981), l’URSS a financé 16 % des investissements réalisés au cours du 1er Plan. Les Soviétiques ont financé la construction d’un « combinat » textile à Kayseri, les Britanniques le développement de la sidérurgie à Karabük et les Allemands l’exploitation de mines.
-
[3]
- En 1954 la Turquie est alors devenue le premier pays exportateur de blé dans le monde (KRUEGER, 1974).
-
[4]
- Renault associé au fonds de retraite de l’armée (Oyak) et Fiat en alliance avec le groupe Koç.
-
[5]
- Elles ont été particulièrement efficaces au Moyen-Orient qui, pendant quelques années, a dépassé l’Europe comme premier débouché.
-
[6]
- Dans les années 1990 et 2000, les pays du sud de la Méditerranée ont reçu une aide bien plus généreuse pour se préparer au traité de libre échange.
-
[7]
- À propos de la crise turque de 2001, voir : YELDAN (2002) ; YLMAZ, KORKUZ (2004) ; GULEN OZKAN (2005) ; VÉREZ, CHAPONNIÈRE (2005).
-
[8]
- Une précision qui ne doit pas faire illusion car le niveau d’informalité est très mal apprécié.
-
[9]
- La prise en compte des exportations indirectes de textile (via les ventes à l’habillement) devrait augmenter la part des exportations (40 %) dans la production de textile.
-
[10]
- Avec 12 millions de téléviseurs fabriqués en 2006, la Turquie se classe parmi les grands producteurs mondiaux.
-
[11]
- Au début des années 1980, un groupe turc avait envisagé d’investir dans la fabrication de mémoires DRAM et, apprenant l’entrée des Coréens sur le marché, y avait renoncé (entretien de l’auteur).
-
[12]
- Un article du Wall street journal daté du 14 septembre 2006 est intitulé : « Boat Builders Help Transform Turkey Into a Regional Star ».
-
[13]
- La crise a été liée à l’accélération du programme de privatisations qui, lancé en 1983, avait accumulé des retards du fait de désaccords entre les partis au pouvoir. Le processus a repris à partir de 2003, attirant investisseurs étrangers et groupes turcs.
-
[14]
- L’indicateur de Grubel-Lloyd est calculé à partir de Mi, importations du produit i, et de Xi, exportations du produit i. On obtient GL = 1 – [? (Xi-Mi)/ ? (Xi+Mi)]. Cet indicateur varie de 0 lorsque les produits échangés entre deux pays sont tout à fait différents – il y a alors une division intersectorielle du travail – à 1 lorsque ces produits sont identiques (division intra-sectorielle).
-
[15]
- Une désagrégation plus fine (2 500 postes) confirme cette tendance : une progression de 0,15 en 1995 à 0,27 en 2005 soit le ratio mesurant les relations de l’UE avec la Pologne en 1995 (CHAPONNIÈRE, VÉREZ, 2007).
-
[16]
- Ces données conduisent à des conclusions différentes de celles issues des statistiques par établissements qui font apparaître une concentration assez importante (DJOUFELKIT, 2004). Cette incohérence pourrait être due à la place des activités industrielles non recensées.
-
[17]
- A. FILIZTEKIN, Regional disparity in Turkey, présentation au séminaire CEPII TUSIAD, à Paris en décembre 2007.
-
[18]
- Dernières statistiques disponibles (par province).
-
[19]
- Cette moyenne masque de grands écarts : pour 85 % des étudiants turcs le test fait apparaître un score assez faible et pour 15 % il conduit à un score supérieur à celui de l’OCDE (OCDE 2006).
-
[20]
- Le coefficient qui caractérise la Turquie est supérieur à ceux qui caractérisent le Japon (1,5), le Chili (1,4), le Brésil (1,3).
-
[21]
- La méthodologie proposée par VAN BEERS et BIESSEN (1996) qui se sont appuyés sur LINNEMANN (1966) compare les structures exportatrices d’un pays i et d’un pays j, représentées par les vecteurs Eik et Ejk pour k=1,..., n (nombre de postes) et le cosinus :?Eik*Ejk Cosih = k ??kE2ik*?kE2jk
-
[22]
- Deutsche Bank, Monthly Strategy, juillet 2007, p. 8.
-
[23]
- La Turquie, de même que de nombreux pays producteurs, a profité de l’augmentation très rapide des importations chinoises de produits sidérurgiques au début de la décennie. Depuis, la montée en puissance de l’industrie chinoise a réduit les importations, et les exportations chinoises ont fait chuter les prix au niveau international.