Notes
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[1]
Jean-Michel Cedelle a actualisé et recoupé les informations issues de deux enquêtes : les revenus après impôts des 60 ans et plus issus de l’enquête du Conseil de l’emploi des revenus et de la cohésion sociale (Cerc), réalisée avec le concours de l’Insee et de la Direction générale des impôts en 1990, et les montants moyens de retraites issus de l’enquête « Solidarité santé » de l’Insee réalisée en 1996.
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[2]
L’AG2R fut également le premier assureur français à proposer une couverture de la dépendance partielle en avril 1999. Il est aujourd’hui leader sur le marché français de l’assurance dépendance individuelle, avec plus de 200 000 contrats vendus.
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[3]
On peut noter que les contrats d’assurance dommages classiques (automobile, multirisques-habitation, etc.) sont des contrats à fonds perdus. En assurance collective, le problème ne se pose pas pour les contrats annuels car le tarif prend uniquement en compte le risque de devenir dépendant dans l’année.
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[4]
Les taux de conversion sont généralement unisexes.
1 Depuis la mise en application de l’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa), en janvier 2002, le débat autour de la place de l’assurance privée face au risque de dépendance est relancé.
2Est-il encore justifié de vouloir s’assurer ? Quelles solutions sont proposées par le marché ? Quelles sont les perspectives d’évolution ?
? L’approche financière de la dépendance
3Selon une étude réalisée par Jean-Michel Cedelle pour son ouvrage L’assurance dépendance, problématique humaine et stratégie patrimoniale, les personnes de plus de 60 ans disposent en moyenne de 1 050 € par mois [1]. Lorsque la perte d’autonomie survient, un complément de revenus est donc indispensable pour faire face aux coûts supplémentaires engendrés par la dépendance. Pour évaluer l’intérêt de souscrire un contrat d’assurance dépendance, voyons dans cette partie les aides dont peuvent bénéficier les personnes dépendantes.
? La solidarité nationale
4En France, l’assurance maladie prend en charge les frais de soins.
5Mais les autres frais consécutifs à la perte d’autonomie restent à la charge des personnes dépendantes. À domicile, il s’agit de la rémunération de l’aide à domicile, tandis qu’en institution, il s’agit des frais d’hébergement et des dépenses domestiques, sociales et relationnelles. Ces frais peuvent s’élever jusqu’à 3 000 € par mois.
6Le montant maximum de l’Apa est de 1 090 € par mois, pour une personne de plus de 60 ans, en Groupe iso-ressource (Gir) 1 et dont les revenus n’excèdent pas 935 € par mois. L’Apa se montre donc insuffisante pour couvrir l’ensemble des frais restés à la charge des personnes dépendantes. Une dépendance lourde engendre un déficit financier à combler. Et, l’Apa étant dégressive en fonction des revenus, plus les personnes sont aisées, plus ce déficit est élevé.
7Les aides sociales telles que le droit à une aide ménagère ou l’Allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP) pour les moins de 60 ans, ne peuvent combler ce déficit puisqu’elles ne sont pas cumulables avec l’Apa. De plus, elles sont accompagnées d’une possibilité de recours sur succession.
? L’aide apportée par la famille
8En cas de dépendance d’une personne âgée, sa famille est le plus souvent lourdement mise à contribution. Selon une enquête menée en 1998 par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), 53 % des plus de 75 ans – tous états de santé confondus – bénéficient d’une aide informelle de la part de leur famille. En ce qui concerne les plus de 75 ans lourdement dépendants, le chiffre passe à 95 %. De plus, 55 % n’ont que leur entourage pour les aider et les 40 % restants bénéficient à la fois d’une aide de leur famille et d’une aide professionnelle.
9Financièrement, la loi oblige les descendants en ligne directe à subvenir aux besoins de leurs ascendants si nécessaire. Il s’agit de l’obligation alimentaire définie par l’article 208 du Code civil, dans la limite des besoins du créancier et des ressources du débiteur.
? La famille n’est pas une solution
10Cependant, combler le déficit financier défini plus haut par l’aide de l’entourage de la personne dépendante n’est pas une solution satisfaisante pour cette dernière.
11L’ancienne allocation dépendance, la Prestation spécifique dépendance (PSD), mise en place en janvier 1997, a seulement bénéficié à 135 000 personnes, contre les 250 000 attendues. Et ce, malgré un fort taux d’acceptation des demandes, de l’ordre de 75 %. On peut donc dire que cette prestation n’a pas remporté un franc succès. Elle a d’ailleurs été remplacée le 1er janvier 2002 par l’Apa, pour laquelle, entre autres réformes, le recours sur succession en vigueur pour la PSD a été supprimé. Le nombre de bénéficiaires de l’Apa, en vitesse de croisière, était alors estimé à 800 000 personnes. Mais, à peine neuf mois plus tard, 715 000 demandes d’Apa avaient déjà été déposées et on comptait déjà 469 000 bénéficiaires ! Il est admis que le nombre de personnes ayant renoncé à demander une PSD à cause du recours sur succession avait été sous-estimé. En effet, les personnes âgées, ou leur famille, préféraient renoncer à l’allocation afin de ne pas risquer de compromettre leur succession.
12Ce facteur semble en effet déterminant, surtout pour les personnes ayant elles-mêmes souffert de la dépendance de leurs parents. Les courriers de lecteurs des sites internet et magazines, tels que agevillage.com ou Le Particulier, nous apprennent que les baby-boomers sont de plus en plus sensibilisés au risque de dépendance. En effet, ils sont souvent confrontés à la perte d’autonomie de leurs parents dont ils supportent les conséquences. Ces personnes sont donc soucieuses de ne pas devenir à leur tour une charge pour leurs enfants.
13Par conséquent, recourir à l’aide de la famille n’est pas une solution satisfaisante du point de vue de la personne âgée. Et entamer son patrimoine pour subvenir aux dépenses liées à la dépendance, en grevant d’autant sa succession, ne sera pas plus apprécié.
? Exemples de marchés étrangers de l’assurance dépendance
14La prise en charge financière de la dépendance par la solidarité nationale est donc insuffisante : un déficit persiste. Et ce déficit, les personnes âgées ne souhaitent pas le faire supporter à leur famille. Cette situation pousse naturellement ces personnes à chercher une solution alternative. Ayant suivi le même raisonnement, les acteurs du marché français de l’assurance ont donc trouvé opportun de proposer des contrats d’assurance dont le principe est simple : garantir une indemnisation aux assurés touchés par une perte d’autonomie. Certains marchés étrangers étant plus mûrs dans ce domaine, les assureurs français se sont intéressés aux solutions proposées dans les autres pays. En voici quelques exemples.
? Les États-Unis
15Aux États-Unis, la prise en charge sociale de la dépendance revient, selon le cas, au Medicare Program ou au Medicaid Program. Le premier s’adresse aux personnes de 65 ans et plus et n’intervient que dans des cas spécifiques (maladie ou convalescence postopératoire). C’est pourquoi il couvre moins de 18 % des dépenses liées à la dépendance. Le second s’adresse aux personnes à faibles revenus et couvre environ 35 % de ces mêmes dépenses. Même si les deux prises en charge peuvent se cumuler, une couverture maximale laisse ainsi près de 50 % des dépenses à la charge de la personne âgée dépendante.
16Les assureurs américains sont les premiers, en 1974, à avoir commercialisé des contrats dépendance. Le décollage des ventes a eu lieu dans les années quatre-vingt. Aujourd’hui, six millions d’Américains sont assurés par cent vingt et une compagnies et le taux de croissance est de 22 % par an. 85 % des contrats sont de type assurance individuelle, mais l’assurance collective se développe. On trouve autant de contrats de prévoyance que de contrats d’épargne. Pour les contrats de prévoyance, les assurés sont exonérés de cotisations à compter de leur perte d’autonomie, les prestations sont viagères et elles suivent un régime indemnitaire (remboursement des frais). Les contrats d’épargne sont, eux, des contrats « vie entière » avec anticipation du capital en cas de dépendance. Cependant, le versement d’un capital est moins en adéquation avec les dépenses engendrées par la dépendance que les prestations viagères de montants constants.
17Enfin, on peut noter que la définition de la dépendance est généralement basée sur cinq actes de la vie quotidienne : se laver, s’habiller, aller aux toilettes, se déplacer et se nourrir.
? L’Allemagne
18En Allemagne, l’assurance dépendance est le cinquième pilier de la sécurité sociale depuis 1996. La définition de la dépendance est basée sur six actes de la vie quotidienne : se laver, s’habiller, aller aux toilettes, se déplacer, se nourrir, se lever/coucher. Il existe trois niveaux de dépendance : impossibilité d’effectuer trois actes de la vie quotidienne, impossibilité d’en effectuer quatre ou cinq, et impossibilité d’en effectuer six. Les cotisations sont prises en charge à 50 % par l’employeur et à 50 % par l’employé. Les prestations sont proportionnelles au niveau de dépendance, indemnitaires à l’hôpital et en nature dans les autres cas.
19Des produits d’assurance privée existent depuis 1985 mais le décollage date du débat sur la mise en place de l’assurance sociale. Aujourd’hui 90 000 contrats, prévoyance ou épargne, ont été vendus par dix-sept compagnies d’assurance. La définition de la dépendance des contrats privés se calque sur celle de la sécurité sociale. Les prestations sont des rentes viagères, proportionnelles au niveau de dépendance.
? Le Japon
20Les premiers contrats d’assurance japonais sont apparus dans les années quatre-vingt. À l’époque, aucune couverture sociale n’était prévue pour faire face à la dépendance car les traditions voulaient que les Japonais subviennent aux besoins de leurs parents devenus âgés. Mais les changements de mentalités, de modes de vie et l’évolution de la démographie ont rendu le manque de prestations flagrant. L’assurance privée a ainsi remporté un franc succès : 870 000 contrats d’épargne et 1 050 000 contrats de prévoyance sont aujourd’hui en cours. La définition de la dépendance se base sur une notion des actes de la vie quotidienne. La dépendance totale correspond à une définition très stricte mais la dépendance partielle est également couverte. En prévoyance, les prestations indemnitaires et forfaitaires sont combinées mais temporaires. En épargne, les prestations sont des rentes viagères. Depuis avril 2000, une couverture obligatoire existe pour les personnes de 40 ans et plus : le Long Term Care System for the Elderly. Ces nouvelles mesures sociales constitueront sans aucun doute un frein à l’assurance privée et pourraient même aller jusqu’à entraîner des résiliations.
? Israël
21Les Israéliens cotisent tous à une couverture sociale dépendance, dont les conditions d’attribution sont pourtant très restrictives.
22En Israël, le marché privé s’est développé depuis 1989. Il est aujourd’hui le plus développé au monde : la moitié des Israéliens sont couverts soit par des contrats d’assurance collective à adhésion obligatoire dans le cadre de leur travail, soit par le biais d’un contrat d’assurance « frais de santé ». Les prestations sont indemnitaires ou forfaitaires. Parmi les forfaitaires, on trouve des rentes viagères, des rentes temporaires ou encore des versements anticipés de capitaux décès.
? L’assurance dépendance en France
23En France, le premier acteur du marché de l’assurance à se lancer fut l’AG2R, en commercialisant en 1985 son produit Safir, contrat de prévoyance à fonds perdus [2]. L’AG2R fut suivi par quelques autres acteurs, tous spécialistes des seniors, comme Groupama en 1988. L’activité est restée limitée jusqu’à la mise en place de la PSD. En effet, celle-ci a déclenché une prise de conscience collective qui a abouti à un décollage du nombre de souscriptions. Depuis, une vingtaine de compagnies d’assurance se partagent le marché. Le chiffre d’affaire et le nombre d’assurés augmentent d’environ 25 % chaque année !
? La place de l’assurance privée face à l’Apa
24Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, l’assurance privée se développe en fonction de la protection sociale mise en place au niveau national, quel que soit le pays concerné. En France, la protection sociale pour la dépendance passe par l’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa).
25Selon l’article 3 du décret n° 2001-1084 du 20 novembre 2001, les rentes viagères versées au titre d’une assurance dépendance ne sont pas prises en compte dans l’appréciation des ressources d’un demandeur de l’Apa. Cependant, cela ne concerne que les rentes consécutives à des contrats d’assurance « Incendie, accident, risques divers » (IARD). Autrement dit, des rentes considérées comme versées en réparation d’un dommage – à ne pas confondre avec des prestations touchées au titre d’une assurance vie, apparentées à des placements financiers. L’objectif est de ne pas pénaliser les « prévoyants » en leur versant une allocation inférieure à ce qu’elle aurait été s’ils ne s’étaient pas souciés de leur avenir.
26Cette logique sociale suit celle de la fiscalité puisque les ressources issues d’une assurance IARD ne sont pas non plus imposables, contrairement à celles d’une assurance vie. De plus, les cotisations d’un contrat dépendance sont exonérées de la taxe d’assurance de 9 %. Des incitations à la couverture privée se trouvent donc, non seulement dans le mécanisme de l’Apa, mais aussi dans des mesures fiscales.
27Même si l’Apa comble partiellement la nécessité financière de s’assurer un complément de revenus en cas de dépendance, les assureurs ne sont pas inquiets. Selon eux, l’Apa permettra au contraire une meilleure sensibilisation des Français aux problèmes de la dépendance, comme ce fut déjà le cas avec la PSD. Par conséquent, l’Apa devrait occasionner une augmentation du nombre de souscriptions, plus importante que la baisse potentielle du niveau de rentes souscrites.
28Suite à la mise en place de l’Apa, des assureurs, comme Groupama, envisageraient même de développer de nouveaux produits. Suivant l’exemple des contrats santé des assurances et des mutuelles qui complètent le ticket modérateur de la sécurité sociale, ils voudraient développer une logique de ticket modérateur en complément de l’Apa. Les assureurs sont déjà nombreux à baser leur définition de la dépendance sur la grille Aggir, ce qui confère à leurs produits un vernis officiel depuis la mise en place de la PSD. Depuis janvier 2002 et la reconduite de la grille Aggir comme outil officiel d’évaluation, ce phénomène s’amplifie. Certains assureurs, attribuant des prestations aux personnes classées dans les deux ou trois premiers Gir, envisagent même d’élargir leurs garanties jusqu’au Gir 4 afin de suivre le découpage de l’Apa.
29Cependant, les manipulations susceptibles de modifier la grille Aggir représentent un risque pour les assureurs : l’étendue des garanties adossées à cette grille pourrait être modifiée, indépendamment de leur volonté. L’article 17 de la loi du 20 juillet 2001 crée un comité scientifique, composé de quinze membres ayant pour mission de proposer une amélioration de la grille Aggir au Parlement d’ici le 31 janvier 2003. Ce travail est nécessaire car l’actuel algorithme de répartition dans les six Gir utilise seulement huit variables discriminantes sur dix (toilette, habillage, etc.), et aucune des sept variables illustratives (cuisine, ménage, etc.).
? La définition de la dépendance
30Un assureur étant libre de définir comme il l’entend le risque qu’il désire couvrir, de nombreuses grilles « maison » se basent sur des critères divers tels que le nombre nécessaire d’heures quotidiennes d’intervention d’une tierce personne, le nombre maximal d’heures consécutives pendant lesquelles la personne peut rester seule, le score obtenu à un test des facultés intellectuelles, la reconnaissance d’une invalidité par la sécurité sociale, le nombre d’actes de la vie quotidienne que la personne ne peut plus effectuer seule, etc.
31Cependant, la grille Aggir est de plus en plus utilisée par les assureurs. Ils la combinent parfois avec une autre méthode d’évaluation. La méthode la plus fréquemment retenue est le nombre d’actes de la vie quotidienne. À titre d’exemple, on peut retenir comme définition de la dépendance totale la combinaison entre le classement en Gir 1 ou 2 et l’impossibilité d’effectuer seul au moins trois actes de la vie quotidienne parmi les quatre que sont la toilette, l’habillage, le déplacement et l’alimentation.
32De plus en plus de contrats prévoient deux niveaux de gravité de la dépendance, afin d’adapter le montant des rentes versées aux besoins financiers des assurés. On parle alors de garantie limitée (dépendance totale) ou complète (dépendance totale et partielle).
33En général, le montant de la rente servie en cas de dépendance partielle est égal à 50 % de celui versé en dépendance totale.
34Par exemple, la garantie complète est définie par la combinaison entre le classement en Gir 1 à 4 et l’impossibilité d’effectuer seul au moins deux actes de la vie quotidienne parmi les quatre ci-dessus.
? Assurance IARD ou assurance vie
Assurance IARD : un contrat de prévoyance
35L’assurance dépendance en IARD est la plus développée par opposition à l’assurance vie. En effet, la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) dénombrait, le 31 décembre 2001, 1 207 200 contrats de prévoyance contre 224 500 contrats d’épargne. Un contrat de prévoyance en dépendance garantit des prestations de montants fixés par l’assuré à la signature du contrat, à verser par l’assureur à compter de la date de la perte d’autonomie. En contrepartie, l’assuré doit s’acquitter de primes périodiques.
36Dans le cas général, les prestations prennent la forme de rentes viagères, versées mensuellement à terme échu, d’un montant allant de 200 € à 2 000 € par mois. Elles permettront à l’assuré de subvenir, comme bon lui semble, au surcoût engendré par son état de dépendance : frais d’hébergement en institution, rémunération d’une aide à domicile, etc. Ces rentes peuvent s’accompagner d’un capital « premiers frais » versé au moment de la perte d’autonomie et égal à quelques arrérages mensuels, trois en général. Celui-ci sera, par exemple, utilisé pour aménager le domicile ou acquérir un appareillage. De plus, nombre de ces contrats proposent des services d’assistance très complets, qui débutent en partie avant même la reconnaissance d’une perte d’autonomie indemnisable.
37Les primes, quant à elles, sont le plus souvent viagères, versées mensuellement à terme à échoir, unisexes et lissées. Autrement dit, elles n’augmentent pas dans le temps, contrairement au risque. Ces primes sont fonction de l’âge d’adhésion de l’assuré et du niveau de prestations retenu. Une fois la dépendance survenue, l’assuré est exonéré de ces primes.
38La plupart des produits d’assurance dépendance sont « à fonds perdus » [3]. Cela signifie que si l’assuré arrête un jour de cotiser, il ne sera plus couvert et les sommes qu’il aura versées jusque-là seront perdues. Il est donc souhaitable, mais plus onéreux, de choisir un contrat prévoyant une « valeur de réduction », c’est-à-dire permettant dans ce cas d’avoir droit à des prestations réduites proportionnellement à la durée des cotisations si la dépendance survient par la suite. Généralement, les « valeurs de réduction » ne sont garanties qu’à partir d’un minimum de cinq ou huit ans de cotisation.
39Primes et prestations sont toujours revalorisées dans le temps.
40La revalorisation des prestations bénéficie aux assurés : elle doit suivre l’évolution des frais liés à la dépendance (honoraires médicaux, frais d’établissement, etc.). Ainsi, au moment de la signature du contrat, l’assuré choisit le montant de rente qu’il souhaite percevoir dans le contexte économique du moment, sans avoir à estimer celui en vigueur une fois sa dépendance survenue, peut-être vingt ans plus tard. La revalorisation des primes, quant à elle, bénéficie aux compagnies d’assurance et sert plutôt à garantir un équilibre technique : les prestations versées étant issues des provisions que les assureurs se constituent grâce aux primes perçues, il est évident que l’augmentation des unes entraîne l’augmentation des autres.
41Dans ce type de contrat d’assurance, hormis l’aléa relatif à l’évolution des taux d’intérêt pesant sur tous les contrats d’assurance, deux aléas restent présents. Au moment de la souscription du contrat, l’assuré doit être en bonne santé. La date de survenance du risque est donc, bien entendu, inconnue et même incertaine. De plus, si l’assuré devient un jour dépendant, sa durée de survie en dépendance est également inconnue. Par conséquent, l’assureur ne connaît ni la période de versement des cotisations, ni celle de versement des prestations.
Assurance vie : un contrat d’épargne
42L’assurance vie, ou assurance par capitalisation, consiste à capitaliser les primes versées par l’assuré pour les lui restituer, sous forme de capital ou de rentes, à partir d’une date ou d’un événement donné. Dans le cadre du risque de dépendance, il s’agit de contrats d’épargne classique, avec une option dépendance.
43Le plus souvent, il s’agit de contrats « vie entière ». Ainsi, l’assuré verse librement tout au long de sa vie les sommes qu’il souhaite sur son contrat. Quand il décède, ses bénéficiaires perçoivent alors l’épargne accumulée. S’il devient dépendant, il peut décider que tout ou partie du capital constitué sera converti en rente viagère, afin de pouvoir faire face aux dépenses engendrées par la perte de son autonomie.
44Le contrat peut également être « à terme ». Dans ce cas, une date est prévue au contrat. Si l’assuré devient dépendant avant cette date, il perçoit, comme au-dessus, une rente viagère, pour faire face aux dépenses engendrées. Si l’assuré n’est pas dépendant à la date prévue au contrat, il récupère son épargne sous forme de capital ou de rente moindre. Par conséquent, contrairement à un contrat de prévoyance à fonds perdus, l’assuré n’est ici jamais perdant car il est certain de récupérer, lui ou ses bénéficiaires, les sommes engagées. L’inconvénient pour l’assuré de ce type de contrat est qu’il ne connaîtra le montant de sa rente qu’au moment de sa perte d’autonomie. De plus, la rente est soumise à l’impôt.
45Du point de vue de l’assureur, l’aléa est moindre qu’en prévoyance car il se situe alors uniquement dans le calcul de la conversion de l’épargne en rente viagère : il doit donc estimer la durée de survie de l’assuré en état de dépendance [4]. Mais, il n’a pas à estimer, au moment de la souscription, la date de survenance de la dépendance chez un assuré alors en bonne santé.
? Assurance individuelle ou assurance collective
Assurance individuelle : un risque d’antisélection
46L’assurance individuelle est une démarche personnelle de souscription d’un contrat auprès de son assureur. Par conséquent, les assureurs sont confrontés à un réel risque d’antisélection : les personnes se sachant les plus exposées au risque de dépendance, voire déjà dépendantes, ont plus tendance à souscrire que les autres.
47Les contrats d’épargne sont moins sensibles à ce risque que les contrats de prévoyance car les prestations sont proportionnelles aux primes versées. Le seul « risque » encouru par l’assureur, réside dans la longévité des personnes dépendantes. Or, il est clair que certaines causes de dépendance aggravent plus les taux de mortalité que d’autres. Par exemple, une personne atteinte de démence sénile a une espérance de vie de huit ou neuf ans environ, à compter de la perte d’autonomie, alors qu’un cancer rendant dépendante une personne âgée ne lui laisse plus que quelques mois à vivre. En plus de la durée de survie liée à la dépendance, l’assureur IARD est exposé au risque de la rapidité de survenance de la dépendance. En effet, la prestation servie sera la même quelle que soit la durée de cotisation. L’assureur doit donc également vérifier que le souscripteur d’un contrat de prévoyance n’est ni déjà dépendant, ni sur le point de le devenir.
48Afin d’évaluer au mieux leur exposition, les assureurs prévoient systématiquement un questionnaire médical à faire remplir aux intéressés avant de souscrire. Si l’âge est élevé ou si les prestations souscrites sont importantes, un examen médical peut même être exigé. On peut noter que plus la sélection médicale sera stricte, moins le contrat sera cher. Les questionnaires des produits d’épargne sont plus succincts que ceux des produits de prévoyance.
49Avant 50 ans, très peu de gens s’intéressent à une couverture dépendance de type prévoyance. Si un contrat permettait de souscrire si jeune, le risque d’antisélection serait très important.
50Et, après 75 ans, la sélection médicale entraînerait un taux de refus trop important, donc commercialement inacceptable. C’est pourquoi la plupart des contrats dépendance IARD prévoient une fourchette de 50 à 75 ans. Le risque étant moins fort sur les contrats d’épargne, ceux-ci prévoient en principe simplement un âge maximal, autour de 85 ans.
51Les femmes ont un risque plus élevé que les hommes de devenir un jour dépendantes, essentiellement parce que leur espérance de vie est supérieure. En effet, on peut considérer que schématiquement un homme vit en couple jusqu’à son décès, alors qu’une femme passera ses dernières années veuve. Or, le veuvage est un facteur très discriminant face au risque de dépendance (isolement affectif, absence d’aide quotidienne, revenus diminués, etc.). En outre, avec un âge moyen de perte d’autonomie autour de 80 ans, il est vraisemblable que plus de femmes que d’hommes l’atteindront. De plus, schématiquement, les femmes demeurent plus longtemps en dépendance que les hommes, car les causes de leurs dépendances sont différentes.
52Les femmes dépendantes le sont majoritairement pour des raisons d’ordre psychique ou neurologique – situations dans lesquelles l’espérance de survie est de huit ou neuf ans environ – alors que les causes de dépendance chez les hommes sont majoritairement d’ordre physique, d’où une espérance de survie de trois ou quatre ans environ. Pourtant, comme nous l’avons vu plus haut, les tarifs sont le plus souvent unisexes. Les assureurs doivent donc prévenir une surreprésentation des femmes dans leur portefeuille. Pour tenter d’équilibrer la répartition entre hommes et femmes, plusieurs compagnies d’assurance proposent des réductions pour les personnes souscrivant en couple. Elles bénéficient en général de 10 % de réduction, ou de six mois de cotisations gratuites. De plus, vivre en couple réduit le risque de dépendance. Par conséquent, ces assurés constituent de « bons risques ».
53Afin de limiter les risques d’antisélection et de fausse déclaration, les contrats d’assurance individuelle prévoient des délais de carence pendant lesquels l’assuré n’est pas couvert. Les délais généralement appliqués sont de trois ans en cas de dépendance due à une maladie à déroulement long et d’un an en cas de dépendance due à une autre maladie. Aucun délai de carence n’est appliqué si la dépendance est due à un accident. Le déroulement long concerne les maladies psychiques ou neurologiques comme la démence sénile, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques. Le problème est moins la préexistence de la maladie à la signature du contrat que l’asymétrie d’information entre l’assuré, qui peut se rendre compte qu’il devient malade, et l’assureur, pour lequel détecter les prémices de ce genre de pathologie est très difficile.
54Tout état de dépendance qui débute pendant le délai de carence ne donne lieu à aucune indemnisation au titre du contrat. Les cotisations payées sont en principe intégralement restituées et le contrat rompu.
Assurance collective à adhésion facultative : un « groupe ouvert »
55On appelle assurance collective à adhésion facultative un cadre juridique dans lequel un assuré aura la démarche personnelle de s’assurer, mais en passant par l’intermédiaire d’une association, et non pas en prenant contact directement avec une compagnie d’assurance, comme en assurance individuelle. C’est pourquoi ils se nomment aussi « groupes ouverts ». Cependant, les conditions des contrats dépendance issus de ces deux systèmes sont entièrement équivalentes.
Assurance collective à adhésion obligatoire : une mutualisation
56L’assurance collective à adhésion obligatoire, quant à elle, relève d’une démarche de l’employeur visant à couvrir l’ensemble du personnel de son entreprise. Il s’agit d’un contrat de prévoyance dans 92 % des cas. Les cotisations sont les mêmes pour tous les employés, quel que soit leur âge, et l’employeur prend généralement à sa charge tout ou partie de ces cotisations.
57728 600 personnes étaient couvertes par ce type de contrats au 31 décembre 2001 selon la FFSA, contre 703100 par une assurance individuelle ou un groupe ouvert.
58Ce type d’assurance dépendance engendre des cotisations plus faibles (30 € /an en moyenne) qu’en assurance individuelle (300 € /an en moyenne) du fait d’une meilleure anticipation, puisque l’âge moyen est de l’ordre de 40 ans – contre 65 ans en individuelle – et d’une plus large mutualisation, puisque les contrats à adhésion obligatoire suppriment le phénomène d’antisélection. La seule sélection médicale consiste à exclure, au démarrage de la couverture, les personnes déjà dépendantes, chose rare pour des salariés.
59En règle générale, l’engagement de l’assureur est annuel : il perçoit une prime annuelle et s’engage en contrepartie à verser une rente viagère aux personnes devenant dépendantes pendant l’année. Le risque est très faible puisqu’il s’agit de salariés généralement jeunes et en bonne santé. Le montant des primes est déterminé en fonction de la démographie du groupe. Il peut être librement revu chaque année pour en suivre l’évolution (vieillissement global, départs, nouvelles embauches).
60Des contrats collectifs dans lesquels l’engagement de l’assureur n’est pas annuel mais en viager différé existent aussi. Dans ce cas, l’adhérent est assuré de percevoir en cas de dépendance une rente viagère proportionnelle à la durée de cotisation, mais cette rente ne lui sera pas versée avant 60 ans, même si la dépendance survient plus tôt. En effet, une personne dépendante de moins de 60 ans a déjà droit à une rente d’invalidité de la part de la sécurité sociale, contrairement aux personnes de 60 ans et plus. Ce type d’engagement, plus fastidieux à gérer pour les compagnies d’assurance, est mieux adapté à la problématique d’un groupe de salariés que le précédent.
? Assurance pour les personnes déjà dépendantes
61Jusque-là, nous n’avons évoqué que les contrats d’assurance dépendance dédiés aux personnes pour lesquelles la survenance du risque est incertaine. Mais il existe également des contrats couvrant les personnes déjà dépendantes sur l’aléa de leur longévité. Les personnes dépendantes disposant d’un capital peuvent souscrire un contrat d’assurance leur garantissant une rente viagère immédiate en fonction du montant du capital converti. La plupart du temps, pour des raisons commerciales évidentes, les compagnies d’assurance garantissent une rente certaine pendant deux ou trois ans, même en cas de décès prématuré.
? Les raisons d’un développement encore limité
62Le cadre contractuel qui entoure l’assurance de la dépendance en France est donc diversifié et adaptable à chaque situation. De plus, l’importance de se prémunir contre le risque financier lié à la perte d’autonomie a été démontrée. Il est donc surprenant que l’offre et la demande soient encore si limitées dans ce pays.
? Du côté des assurés
63À en croire les agents d’assurance, les contrats dépendance sont les produits d’assurance les plus difficiles à vendre ! Le temps passé à présenter et argumenter le produit est plus long que pour un contrat d’assurance classique. Il est donc parfois assez décourageant pour les agents de proposer cette couverture, sauf à les motiver en conséquence. Par exemple, grâce à une commission adaptée. Trois raisons bloquent la demande, malgré le besoin identifié dans la première partie de cet article.
64De nombreuses personnes imaginent que le coût de la perte d’autonomie est pris en charge par la sécurité sociale. Or, c’est le cas pour les soins mais pas pour les frais d’hébergement en institution ni pour la rémunération d’une aide à domicile. Ce problème de méconnaissance tend à s’estomper, grâce à une confrontation à la dépendance des membres de sa famille de plus en plus courante.
65Envisager sa propre dépendance n’est pas chose facile. Cette image de déchéance et de dégradation de l’état de santé est encore plus difficile à accepter que son décès. Cependant, la communication faite autour de l’Apa permettra de plus en plus d’envisager cette éventualité objectivement. Qui plus est, les médias spécialistes des seniors incitent ces derniers à souscrire un contrat dépendance et à choisir les garanties les plus complètes possibles, malgré le surcoût engendré. Ainsi, une rente viagère est préférée au versement d’un capital, une garantie complète l’est à une garantie limitée, et les services d’assistance doivent être les plus développés possibles.
66La dépendance étant un risque particulièrement long, pouvant survenir trente ans après la souscription du contrat d’assurance, il est possible que les prestations, définies à la signature du contrat, ne soient plus en adéquation avec les coûts engendrés par la dépendance au moment où elle surviendra. Pour pallier cela, les seules mesures possibles à mettre en place sont la revalorisation des prestations et la possibilité pour l’assuré d’augmenter en cours de cotisation les montants garantis, moyennant augmentation des montants des primes. Mais cela reste insatisfaisant, notamment si la compagnie d’assurance ou la société d’assistance disparaît.
? Du côté des assureurs
Un avenir incertain
67Du côté des assureurs, comme du côté des assurés, l’avenir est incertain et peut cacher de mauvaises surprises, mais pas les mêmes. Si le risque des assurés est celui de l’inadéquation entre prestations et besoins, celui des assureurs est de sous-estimer les prestations à verser, en nombre et en durée.
68En nombre d’abord, parce qu’avec l’arrivée des baby-boomers en âge de dépendance, l’assureur va vraisemblablement être amené à verser de plus en plus de rentes à la fois. Dans le cas extrême, si toutes les pertes d’autonomie surviennent en même temps, l’assureur doit avoir assez de fonds disponibles pour y faire face.
69Il doit donc gérer les provisions qu’il constitue au fur et à mesure de l’encaissement des cotisations en conséquence.
70La durée des prestations reste l’inconnue la plus préoccupante.
71Si l’allongement de l’espérance de vie est un phénomène maîtrisé par les actuaires et qu’ils savent intégrer dans leur tarification des contrats d’assurance portant sur la durée de vie, ce n’est pas le cas de l’évolution de la durée de survie en dépendance. En effet, trois théories s’opposent : celle de Fries prévoit une compression de la période de la dépendance (les progrès de la médecine permettraient de maintenir des personnes en bonne santé de plus en plus longtemps avant leur décès); Kramer prévoit au contraire un allongement de cette période (la médecine maintiendrait les personnes dépendantes en vie plus longtemps) ; Manton, lui, prévoit un équilibre entre ces deux phénomènes. Dans ces conditions, les assureurs font un véritable pari sur l’avenir.
72Le contrat de prévoyance Safir, commercialisé par l’AG2R depuis 1985, ne prévoyait initialement pas de clause de révision de tarifs et garantissait les montants de prestations, simplement revalorisés, quelle que soit l’évolution du risque global dans le temps. En 1999 cependant, la Commission de contrôle des assurances a imposé à l’AG2R de modifier les clauses contractuelles de Safir afin de prévoir le cas où une aggravation du risque serait mise en évidence suite à une sous-estimation initiale ou une évolution démographique défavorable.
73Depuis, tous les assureurs intègrent une clause de révision des tarifs et/ou garanties dans leurs contrats. Cette clause est également utile lorsqu’une décision législative ou réglementaire a pour conséquence de modifier les engagements de l’assureur (ex : grille Aggir). C’est pour cette raison que les contrats de prévoyance à prime unique n’existent pas (ou plutôt ne devraient pas exister). Il existe quelques contrats dont les primes sont temporaires : la période de cotisation maximale est alors prévue au contrat, dix ans par exemple. Mais dans la grande majorité, les primes sont viagères et versées jusqu’à la perte de l’autonomie ou au décès.
74Lors d’une augmentation des cotisations en cours sur l’ensemble des contrats, les adhérents disposent d’un délai de trente jours pour refuser, par l’envoi d’une lettre recommandée, cette révision qui leur est proposée. Pour les adhérents ayant refusé d’augmenter leurs cotisations, le montant de leurs garanties subira alors une diminution proportionnelle. Ils peuvent également rompre leur contrat.
Des données d’expérience insuffisantes
75Comme conséquence directe du déroulement long du risque de dépendance, les assureurs, même les plus anciens sur ce marché, n’ont encore que peu d’expérience sur les dépendances survenues. Groupama, numéro 2 après AG2R au niveau taille et ancienneté de portefeuille de contrats individuels, puisqu’il en a vendu 180 000 depuis 1988, ne recense actuellement que 500 rentes versées. Du côté de l’assurance collective à adhésion obligatoire, la CNP leader sur ce marché, ne verse que 1 350 rentes sur 550 000 têtes couvertes.
76Par conséquent, le recours aux résultats d’enquêtes statistiques
est indispensable aux actuaires, bien que moins satisfaisant, car
une population générale et une population d’assurés n’ont pas
les mêmes caractéristiques. Parmi ces enquêtes, celles qui
apparaissent le plus souvent sont l’enquête de Haute-Normandie,
les enquêtes santé et protection sociale, les enquêtes santé et
soins médicaux, l’enquête établissements d’hébergement pour
personnes âgées (EHPA), ou encore la cohorte Paquid. Mais
aucune ne répond pleinement aux problématiques assurantielles :
elles sont trop anciennes (l’enquête de Haute-Normandie date de
1979), trop restrictives géographiquement (Paquid ne couvre que
la Dordogne et la Gironde où le taux de dépendance est inférieur
à la moyenne nationale), trop restrictives sur le mode de vie
(l’enquête EHPA ne concerne que les résidants en EHPA, les
enquêtes santé ne couvrent que les personnes à domicile), ou
encore reposent sur un trop faible échantillon d’individus (1 200
pour la Haute-Normandie). L’enquête la plus adaptée semble être
l’enquête Handicap-Incapacité-Dépendance (HID), effectuée
entre 1998 et 2001, auprès d’un échantillon de 40 000 personnes
représentant la population générale. Elle présente également
l’avantage de rendre compte de l’évolution de santé sur deux ans
des individus interrogés, ce qui permettra l’évaluation des taux de
survenance du risque et de survie des dépendants, les deux aléas
présentés dans la partie précédente de cet article.
? Le rôle des réassureurs
77Souvent, la mise au point technique et contractuelle d’un produit d’assurance dépendance est effectuée, non pas par l’assureur lui-même, mais par son propre assureur, le réassureur. Ce dernier, n’ayant pas à supporter la gestion quotidienne de l’activité d’assurance directe, est plus disposé à se consacrer à ce genre d’étude. Il peut ensuite proposer un produit « clé en main » à ses clients assureurs. Assureur et réassureur partagent ensuite le même sort, en général proportionnellement à leurs engagements respectifs, qu’il s’agisse de pertes financières ou de bénéfices.
78Par la suite, le réassureur suit l’évolution des produits dépendance qu’il réassure pour divers assureurs. Il bénéficie ainsi d’une vision plus large qu’un assureur, qui ne connaît que son propre portefeuille. Il est par conséquent compétent pour déterminer la meilleure évolution à donner au produit.
79Le marché de l’assurance dépendance en France a un fort potentiel mais son développement s’amorce à peine. En effet, le risque de dépendance est encore méconnu du grand public et son évaluation technique est difficile.
80Tant que la protection sociale restera limitée face aux besoins des personnes âgées dépendantes, les Français soucieux de ne pas devenir un jour une charge pour leurs enfants, chercheront une solution alternative. Le marché de l’assurance dépendance, encore balbutiant, a donc de beaux jours devant lui. Et ce, d’autant plus que le recul lui permettra de maîtriser de mieux en mieux les aléas qu’il supporte et ce, de plus en plus.
? Bibliographie
- BAUER A., 2001,L’assurance dépendance, Cours des 29 et 30 mars 2001, ISR.
- CEDELLE J.M., 2002,L’assurance dépendance, problématique humaine et stratégie patrimoniale, Éditions de Verneuil. DIRECTION DES ÉTUDES, DES STATISTIQUES ET DES SYSTÈMES D’INFORMATION, mai 2002, Les contrats dépendance en 2001, Étude n° 11, Assurance de personnes, FFSA.
- ROBINE J.M., 1996, « Amélioration de l’état de santé et progression de l’espérance de vie sans incapacité », Retraite et société, n° 16, Cnav, pp. 6-25.
Notes
-
[1]
Jean-Michel Cedelle a actualisé et recoupé les informations issues de deux enquêtes : les revenus après impôts des 60 ans et plus issus de l’enquête du Conseil de l’emploi des revenus et de la cohésion sociale (Cerc), réalisée avec le concours de l’Insee et de la Direction générale des impôts en 1990, et les montants moyens de retraites issus de l’enquête « Solidarité santé » de l’Insee réalisée en 1996.
-
[2]
L’AG2R fut également le premier assureur français à proposer une couverture de la dépendance partielle en avril 1999. Il est aujourd’hui leader sur le marché français de l’assurance dépendance individuelle, avec plus de 200 000 contrats vendus.
-
[3]
On peut noter que les contrats d’assurance dommages classiques (automobile, multirisques-habitation, etc.) sont des contrats à fonds perdus. En assurance collective, le problème ne se pose pas pour les contrats annuels car le tarif prend uniquement en compte le risque de devenir dépendant dans l’année.
-
[4]
Les taux de conversion sont généralement unisexes.