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Article de revue

La longévité et le vieillissement au XXIe siècle

Pages 159 à 179

1Tenter d’imaginer ce qui pourrait exister dans un avenir même proche est un exercice périlleux. De fait, on sait que les tentatives passées se sont généralement soldées par des échecs retentissants.

2C’est le cas en ce qui concerne les domaines purement techniques quand on songe, par exemple, au monde de 2001 imaginé par le cinéaste Stanley Kubrik en 1968. C’est aussi le cas dans le domaine politique : qui prévoyait au début du vingtième siècle que cinquante ans plus tard le tiers de l’Humanité vivrait sous un régime d’économie socialiste et qui pensait en 1950 que la plupart de ces pays rétabliraient le régime capitaliste quarante ans plus tard ? C’est encore le cas dans les domaines relevant, à des degrés divers, de la biologie. Ainsi, en démographie, les projections de population sont généralement démenties dans un sens ou dans l’autre. Les projections de la population française faites avant-guerre se sont révélées bien trop faibles, et même les projections pour l’année 2000 publiées en 1992 par un démographe de l’Institut national d’études démographiques (Ined) (Bourgeois-Pichat, 1992) se sont avérées inexactes (projection pour 2000 : 57,6 millions alors que les 58,7 millions ont été atteints au 1er janvier 2000). De même, les hypothèses sur la population mondiale au cours du XXIe siècle sont depuis quelques années constamment révisées à la baisse.

3Prévoir l’avenir est donc un exercice quelque peu illusoire et l’on pourrait s’interroger sur l’intérêt d’écrire un article de prospective quand on est persuadé de l’inanité de la tâche ! Les raisons en sont simples. Imaginer ce qui pourrait être, si cela n’a guère d’impact sur ce qui sera effectivement, peut aider à réfléchir sur les problèmes d’aujourd’hui et éventuellement à concevoir des solutions inattendues. Pour ne prendre qu’un exemple, si on n’exclut pas l’hypothèse, comme un démographe de l’Ined (Vallin, 1992) que la longévité moyenne pourrait atteindre 150 ans dans un siècle, on est conduit au pire pessimisme quant à l’avenir de nos systèmes de retraite. À l’inverse, si on ne fait pas cette hypothèse, un autre avenir semble possible. Il peut donc être utile de réfléchir, aujourd’hui, à ce qui devrait raisonnablement se produire demain. Une seconde raison est que les prévisions faites sur la longévité et sur les résultats de la recherche sur le vieillissement ne sont pas anodines, en particulier du fait de leur utilisation à des fins commerciales par certains spéculant sur la peur de vieillir et de mourir de leurs contemporains. Dans ces conditions, il m’a paru nécessaire de faire le point sur un certain nombre de prédictions revenant de manière récurrente dans les médias ou ailleurs.

4Paradoxalement, nous nous intéresserons peut-être plus à ce qui risque de ne pas se produire et même à ce qui n’a aucune chance de se produire, contrairement aux prédictions courantes, qu’à ce qui se produira peut-être un jour.

5Dans une première partie de cet article, nous évoquerons les prévisions de longévité qui sont faites pour le siècle prochain.

6Certaines ne semblent pas au premier abord irréalistes – les femmes vivraient 90 ans en moyenne en 2050 et les hommes 82 ans –, alors que d’autres apparaissent plus improbables – nous vivrions tous 150 ans en 2100 –, ce qui ne les empêche pas de revenir régulièrement dans les médias. Cette partie de l’article consacrée aux conséquences possibles du vieillissement pour la société fera largement appel à un raisonnement logique basé sur les conséquences découlant des hypothèses de longévité pour le siècle prochain.

7Dans une seconde partie, nous nous intéresserons à ce que nous promet, peut-être, la recherche en gérontologie pour le siècle qui s’ouvre : pourra-t-on retarder le vieillissement de façon importante ? Cette deuxième partie sera dévolue au problème du vieillissement au niveau individuel : les hypothèses pour le futur seront ici basées sur les résultats de la recherche sur le vieillissement. Le champ d’un possible futur sera ici plus largement ouvert car découlant de résultats inconnus à ce jour.

Les prévisions de longévité moyenne en France à l’horizon 2050

8Quang Chi Dinh a publié en 1994 pour l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) des hypothèses de longévité pour la période 2000-2050. Il ne s’agit pas là d’un exercice futile. L’importance du nombre de personnes âgées appartenant à des tranches d’âge différentes a des conséquences non négligeables en ce qui concerne tous les aspects de la vie sociale, et pas seulement le montant des retraites qu’il faut prévoir de verser, et il est compréhensible que l’Insee se soit intéressé de près au problème.

9Ainsi, Dinh calcule le nombre prévisible de personnes âgées entre 2000 et 2050, en fonction de différentes hypothèses de fécondité (1,5,1,8 ou 2,1 enfants par femme en moyenne). Si la première hypothèse est peu vraisemblable, les deux autres encadrent bien ce qu’il est raisonnable d’espérer puisque le nombre d’enfants en France au terme de la vie reproductive oscille dans une fourchette de 2,22 pour la génération née en 1945 à 2,10 enfants pour celle de 1960 – il s’agit là d’une projection ces femmes n’ayant pas atteint la ménopause. Il paraît peu probable que les femmes françaises puissent avoir, sur une longue période, seulement 1,5 enfant au cours de leur vie.

10Se basant sur l’hypothèse d’une poursuite tendancielle de la baisse des taux de mortalité observée en moyenne pour chaque âge dans la période 1970-1990, Dinh estime que la longévité moyenne des femmes pourrait atteindre 90,4 ans en 2050 et celle des hommes 82,2 ans. Cette hypothèse implique bien évidemment qu’aucune dégradation sanitaire et sociale ne soit observée, ce qui ferait bien sûr baisser la longévité. C’est le cas dans les pays issus de l’ex-URSS où, au début des années quatre-vingt-dix, une telle dégradation a entraîné une nette baisse de la longévité.

11Au moment où Dinh écrivait son article, la longévité moyenne augmentait en France chaque année de trois mois par an, soit un an tous les quatre ans. Venant après une longue période de stagnation durant les années soixante-dix, pendant lesquelles la longévité n’avait augmenté que de 0,8 année en tout et pour tout, il semblait possible que cette augmentation de longévité se poursuive au même rythme. Toutefois, on observe peut-être depuis lors une nouvelle stagnation de la longévité, au moins chez les femmes. Ainsi, la longévité des femmes qui était de 82,3 ans en 1997 a peu augmenté en 1998 et en 1999 (82,4 ans), la situation étant meilleure pour les hommes (74,5 ans en 1997, 74,8 ans en 1998, et 74,9 ans en 1999). Atteindre une longévité de 90 ans pour les femmes en 2050 impliquerait une augmentation de près de deux mois chaque année, soit d’un an tous les six ans et demi et ce, durant cinquante ans. Ce rythme est inférieur à ce qui a été observé au plus fort de l’augmentation de longévité, mais il s’agit ici de conserver la même tendance pendant cinquante ans, ce qui semble déjà plus difficile.

12Par ailleurs, l’augmentation de la longévité obtenue jusqu’ici a été notamment due à des progrès sanitaires et sociaux relativement faciles et peu coûteux à mettre en œuvre. Contrairement à ce qui se passait durant la première partie du vingtième siècle dans les pays développés avec les maladies touchant les enfants ou les adultes, comme la tuberculose, l’élimination des maladies touchant les personnes âgées a un bénéfice nettement plus faible en termes d’espérance de vie. De fait, si on peut se permettre cette analogie osée, il en est d’un vieillard comme d’une vieille voiture : changer une pièce n’empêche pas les autres de céder peu après. À l’inverse, faire une réparation sur une voiture récente augmente grandement sa durée d’utilisation car le reste du véhicule est généralement en bon état. Il en est de même chez un enfant guéri d’une maladie infantile par exemple. L’augmentation massive de longévité au cours du vingtième siècle, plus de trente ans en France, est d’abord due à l’élimination de la mortalité précoce.

13Jay Olshansky (1999), de l’université de Chicago, a calculé les diminutions de mortalité nécessaires pour obtenir une longévité moyenne pour les deux sexes de 85 ans : il faudrait diminuer les taux de mortalité à chaque âge de 52 %. Si on ne s’intéresse qu’aux femmes, il faudrait diminuer la mortalité après 50 ans (la mortalité avant cet âge étant déjà très faible) de 73% pour atteindre une longévité de 90 ans. Olshansky remarque que l’élimination de tous les décès dus au cancer et aux maladies cardio-vasculaires ne suffirait pas pour que l’espérance de vie aux États-Unis atteigne 85 ans. Il faut souligner que ces calculs de réduction de la mortalité ne font pas d’hypothèse sur les moyens permettant d’éliminer les pathologies considérées, mais qu’ils se contentent de considérer le résultat final en termes de longévité.

14Bien évidemment, arriver à supprimer ces pathologies, si c’est possible, ne se ferait certainement pas en quelques années. Pour Olshansky, les limites à l’augmentation de l’espérance de vie sont en passe d’être atteintes dans les pays développés et une longévité moyenne de 85 ans relève d’un scénario optimiste, mais tous les démographes ne partagent pas ce point de vue.

15Dans ces conditions, quel crédit peut-on accorder à l’hypothèse que la longévité moyenne en France atteindra 90 ans en 2050 pour les femmes et 82 ans pour les hommes ? Gagner ne serait-ce qu’un mois de longévité par an durant cinquante ans, ce qui paraît de prime abord ne pas être un objectif démesuré au regard des augmentations récemment observées, aboutirait en 2050 à une longévité moyenne pour les femmes de 86,5 ans. En revanche, imaginer que la longévité augmente de trois mois par an pendant cinquante ans, comme cela a été observé lors de la période récente, aboutit à une longévité moyenne de près de 95 ans pour les femmes. En clair, ce qui a été observé pendant une brève période ne semble pas être le plus probable sur une longue période. L’hypothèse de Dinh est médiane (environ un gain de deux mois par an) mais, vu ce qui a été dit auparavant, elle me semble trop optimiste et les moyennes observées seront probablement un peu plus basses.

16Toutefois, en ce qui concerne les hommes, les prédictions de Dinh ont peut-être plus de chances de se réaliser. En effet, les hommes souffrent d’une surmortalité importante par rapport aux femmes, en particulier aux âges jeunes [3,5 fois plus d’hommes que de femmes meurent à l’âge de 20 ans, essentiellement par mort violente (Ined, 1995)]. Ces hommes jeunes ont des comportements à risques bien plus fréquents que les femmes, et la litanie des accidents de la route du week-end dus à l’alcool et à la vitesse excessive nous le rappelle tristement. Peut-on espérer que les pouvoirs publics arriveront un jour à faire disparaître cette cause de mortalité ? Les efforts entrepris depuis trente ans (limitations de vitesse, port de la ceinture de sécurité, diminution du taux légal d’alcoolémie) ont certes porté leurs fruits, mais encore de manière insuffisante. Faire baisser cette surmortalité masculine contribuerait à ce que se rapprochent les longévités moyennes des hommes et des femmes. Mais hélas, les suicides, en augmentation constante depuis les années cinquante, sont aussi une des premières causes de décès chez les jeunes, et sont plus nombreux chez les hommes (Ined, 1995). De même, la mortalité des hommes après 30 ans due aux cancers, notamment ceux qui sont provoqués par l’alcool et le tabac, explique plus du tiers de la différence de longévité entre les hommes et les femmes (Ined, 1995).

17Intéressons-nous maintenant à une autre hypothèse reprise avec insistance dans les médias : la longévité moyenne pourrait atteindre 150 ans en 2100.

La longévité moyenne atteindra-t-elle 150 ans en 2100 ?

18On lit de plus en plus souvent dans la presse que la longévité pourrait atteindre 150 ans en 2100. Longévité doit s’entendre ici non pas comme la longévité maximale de l’espèce humaine (une nouvelle Jeanne Calment de 150 ans) mais comme la longévité moyenne qui serait observée dans les pays développés. Ainsi, dans un article de Sciences et Avenirde janvier 2000, Thierry Souccar cite une chercheuse américaine annonçant que, si ses recherches chez le ver nématode aboutissaient (le nématode est un animal couramment utilisé dans la recherche sur le vieillissement), «nous pourrions alors doubler notre espérance de vie ». Dans un article du très sérieux New York Times du 8 mars 1999, Gina Kolata rapporte que les chercheurs espèrent que l’espèce humaine atteindra «l’âge de 150 ou 200 ans, et même plus ». Troisième exemple : dans le mensuel canadien L’Actualité de juillet 1999, Carole Beaulieu estime que « les élixirs de jouvence que la science prépare nous offriront quelques décennies de plus »; et la journaliste se demande gravement :
« qu’en ferons-nous ?»

19On le voit, cette croyance, ou cet espoir, semblent partagés des deux côtés de l’Atlantique. Qu’en est-il ? Est-il réaliste d’espérer vivre 150 ans en moyenne dans un siècle ?

20Remarquons d’abord que la longévité moyenne devrait augmenter dès maintenant de près d’un an tous les ans pour espérer atteindre les 150 ans. Vu ce qui a été dit précédemment, il est probable que la longévité augmentera peu dans les décennies qui viennent.

21Pour atteindre les 150 ans en 2100, elle devrait donc augmenter de façon phénoménale en quelques décennies, par exemple après 2050. Si on part d’une longévité moyenne de 90 ans en 2050 (soyons optimiste), elle devrait augmenter de soixante ans en cinquante ans. Admettons, pour les besoins de la cause, que cela soit possible. Une telle augmentation ne pourrait se faire que si des progrès médicaux immenses étaient faits et qu’ils étaient diffusés instantanément dans toute la société en ayant des effets immédiats sur les patients. Cela ne serait évidemment possible que si un remède simple à mettre en œuvre et très peu cher à utiliser existait : tout cela fait beaucoup de si. Faisons une autre remarque. Les personnes qui auraient 150 ans dans un siècle ont aujourd’hui 50 ans. Il serait donc nécessaire de trouver et d’utiliser dès aujourd’hui le remède miracle, avant queces personnes ne vieillissent plus. Sinon, il y a bien peu dechances qu’elles atteignent, pour la majorité d’entre elles, les 150 ans. On voit aisément que la probabilité de voir se réaliser l’hypothèse des 150 ans de longévité moyenne en 2100 est à peu près aussi élevée que celle de voir les barbiers raser gratis.

22Essayons maintenant de répondre différemment à cette question, en se demandant ce qu’implique le fait d’avoir une longévité moyenne de 150 ans dans une population donnée.

23Dans une espèce quelconque vivant dans des conditions de bonne qualité, que ce soit des rats de laboratoire, des humains ou des mouches, la longévité suit généralement une loi mathématique appelée la loi de Gompertz, du nom de celui qui l’a énoncée en 1825. D’après cette loi, le taux de mortalité augmente de façon exponentielle avec l’âge. En d’autres termes, plus on vieillit, plus on risque de mourir dans le prochain intervalle de temps : un homme de 90 ans a beaucoup plus de risques de mourir dans l’année qui vient qu’un homme de 70 ans, qui lui-même en a plus qu’un homme de 30 ans. Dans une population humaine vivant dans de bonnes conditions, très peu d’individus meurent pendant une longue période, puis beaucoup meurent dans un intervalle de temps relativement bref et, enfin, quelques personnes survivent bien au-delà de la longévité moyenne (dans une telle population, la longévité moyenne est légèrement inférieure à la longévité atteinte par la moitié de la population, ce qu’on appelle la longévité médiane). Ainsi, si la longévité moyenne des Françaises est de 82 ans, Jeanne Calment a vécu jusqu’à l’âge de 122 ans. En se basant sur cette loi de Gompertz, on peut montrer par simple calcul que si la longévité médiane des femmes atteignait 90 ans en France en 2050, on pourrait espérer la présence d’au moins une personne atteignant l’âge de 135 ans. Si maintenant on fait l’hypothèse que la longévité médiane est de 150 ans en 2100 et que la population française en 2100 est de 60 millions d’habitants, il faudrait s’attendre à voir une personne de 240 ans et 1 % de la population atteindrait l’âge de 200 ans. Ceci signifie qu’il devrait y avoir aujourd’hui en France une personne de 140 ans environ et 600 000 centenaires, tous appelés à vivre encore un siècle. Hélas, personne n’a 140 ans aujourd’hui et il existe seulement environ 8 000 centenaires.

24Il paraît donc difficile d’envisager que la longévité moyenne (ou médiane) atteigne 150 ans en 2100. Mais on pourrait objecter que les courbes de survie pourraient être différentes si les progrès médicaux étaient extraordinaires, et qu’il serait alors possible que la longévité maximale soit peu différente de la longévité moyenne. Dans ce cas, il n’est plus nécessaire d’observer, aujourd’hui, la présence de 600 000 centenaires et d’un super-centenaire de 140 ans.

25Cette hypothèse que la longévité maximale pourrait être proche de la longévité moyenne, appelée du nom barbare de « rectangularisation de la courbe de survie » a été émise il y a une vingtaine d’années par des chercheurs qui pensaient que l’augmentation de la longévité moyenne n’impliquerait pas la présence dans nos populations de super-centenaires, c’est-à-dire de personnes dépassant les 110 ans, comme Jeanne Calment.

26Dans cette hypothèse, tout le monde meurt donc à peu près au même âge. Si la longévité médiane est de 150 ans, comme dans notre hypothèse, la longévité maximale est alors un peu plus élevée que 150 ans.

27Les démographes ne sont pas d’accord entre eux sur cette hypothèse de la « rectangularisation » des courbes de survie.

28Certains estiment qu’elle peut se produire mais d’autres font remarquer que la longévité maximale observée a augmenté avec la longévité moyenne. Ainsi, James Vaupel (1999), de l’Institut Max-Planck pour la recherche démographique de Rostock en Allemagne, remarque qu’on n’a pas de cas vérifié de centenaires avant 1800 et que les premiers cas de personnes atteignant les 110 ans n’apparaissent pas avant les années soixante, Jeanne Calment quant à elle, ayant atteint les 120 ans dans les années quatre-vingt-dix. Cependant, il est difficile de dire aujourd’hui si les courbes de survie se « rectangularisent ». Il est en revanche tout à fait improbable que la longévité maximale suive de très près la longévité moyenne. En effet, en biologie, on observe toujours une dispersion importante des caractères que l’on observe : tous les enfants ne pèsent pas le même poids au même âge et n’ont pas la même taille. De plus, en ce qui concerne la longévité, qui est le résultat des multiples influences, bonnes ou mauvaises, de toute une vie, la dispersion est forcément importante. Pour reprendre une analogie dans le domaine des automobiles (elle n’est plus osée, mais usée), toutes les voitures d’un même modèle sont identiques chez le concessionnaire. Il n’empêche que certaines d’entre elles résisteront huit ans et d’autres vingt ans à l’usage qui en est fait. C’est encore plus vrai quand on s’adresse à des êtres vivants, aux vies forcément différentes, et donc aux longévités plus ou moins élevées. Dans ces conditions, l’idée que la longévité moyenne pourrait être très proche de la longévité maximale est probablement fausse. Si la longévité moyenne atteint 150 ans dans un siècle, il faudra donc que la longévité maximale approche les 240 ans et qu’1% de la population atteigne les 200 ans. Donc, il devrait exister aujourd’hui 600 000 centenaires et une personne ayant environ 140 ans : ils se cachent bien.

29En résumé, il n’y a aucune chance, de quelque façon que l’on envisage le problème, que l’on vive 150 ans en moyenne en 2100. Pourtant, cette hypothèse revient de façon régulière dans les médias. Plusieurs raisons expliquent cette situation.

30Nous sommes tous appelés à vieillir et mourir et cela ne réjouit personne. Il est assez compréhensible que nous soyons enclins à écouter les belles sirènes nous promettant que, finalement, nous pourrions reculer l’échéance fatale de manière considérable. De fait, prédire une longévité de 150 ans est la garantie d’une écoute favorable du grand public. Certains médias ne s’en privent pas mais hélas, certains « gérontologues » non plus qui acquièrent ainsi une audience publique à peu de frais. Ainsi, le médecin Christophe de Jaeger (1999) écrit dans un « Que sais-je ?», publié par les prestigieuses Presses universitaires de France : « Pourquoi ne vivre que 70,80 ou 100 ans, alors que nous sommes à l’aube d’en vivre 130 ou 150 ans, voire plus, dans d’excellentes conditions physiques et psychiques ?» De même, Ronald Klatz, le dirigeant de l’Académie américaine de la médecine anti-âge, n’est pas en reste puisqu’il déclarait, au journaliste Greg Beaubien du Chicago Tribunedu 20 octobre 1994, qu’il s’attendait à voir « dans les trente prochaines années des longévités de 120 ou 130 ans chez des personnes complètement intactes », et l’on ne peut douter que Klatz approuve cet article puisqu’il est reproduit en partie sur le site internet de cette « Académie ».

31Les hypothèses de longévité accrue ne sont pas neutres non plus dans le débat social. En effet, elles ont été utilisées dans le débat sur la dénatalité qui a eu lieu il y a quelques années en France.

32Le démographe de l’Ined, Jean-Claude Chesnais (1995), inquiet du « vieillissement de la population » et militant pour un relèvement de la natalité, écrivait ainsi que « le progrès de l’ingénierie génétique et certaines découvertes biologiques relatives au contrôle du vieillissement cellulaire sont tels que rien n’interdit d’imaginer que, d’ici quelques décennies seulement, la limite biologique de la vie humaine (120 ans) puisse être repoussée ». Il écrit aussi que « de façon plus plausible, c’est l’évolution de la médecine vers une médecine de réparation qui semble devoir permettre un nouvel allongement de la vie humaine, jusque vers 95 ans, voire au-delà, et ceci pour le plus grand nombre ». Quoi que l’on pense du niveau de la natalité qui est stable en France (Toulemon, Mazuy, 2001), il n’en reste pas moins que Chesnais appuie son point de vue sur des hypothèses sur l’évolution de la longévité loin de faire l’unanimité parmi les gérontologues. Il faut noter que ce qui fait que l’hypothèse est inacceptable n’est pas la longévité moyenne prédite mais la date où elle pourrait être observée. Personne ne peut dire si, un jour lointain (dans deux, trois, quatre, dix siècles ?), il sera possible d’augmenter la longévité moyenne de façon importante (150 ans ou plus ?), mais cela n’intéresse personne puisque nous serons tous morts d’ici là. Prédire la même chose pour dans un siècle, donc à une date où les auditeurs et lecteurs de cette prédiction seront pour la plupart vivants si la prédiction est exacte, intéresse évidemment bien plus de monde et cela explique aussi le succès de cette prédiction dans les médias.

Pourra-t-on retarder le vieillissement ?

33Une des inquiétudes des années quatre-vingt était que, alors que la longévité moyenne augmentait, la durée de vie en bonne santé risquait de stagner, les années de vie gagnées étant des années de mauvaise santé. Dans ce scénario, nos sociétés risquaient de se trouver face à un nombre croissant de personnes âgées en très mauvaise santé. Cependant, il ne semble pas que cela soit en train de se produire. L’équipe de Jean-Marie Robine (1999), démographe à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) s’est intéressée à ce problème. Cette équipe observe que, durant les trente dernières années, la durée de vie sans incapacité grave, obligeant par exemple à garder le lit en permanence, augmente avec la longévité. Par contre, la durée de vie sans aucune incapacité stagne. En fait, l’étude de Robine montre aussi que les groupes sociaux les plus désavantagés en ce qui concerne leur longévité ont aussi de plus courtes durées de vie sans incapacité. Ces résultats montrent bien que l’on peut se rassurer, puisqu’une longévité plus élevée n’est pas synonyme d’une mauvaise santé pendant plus longtemps. Par ailleurs, on voit que des proportions importantes de la population cumulent une faible longévité et une mauvaise santé.

34Ce qui vient d’être dit peut se résumer en partie par une observation que nous faisons tous les jours. Il y a trente ans, une personne de 80 ans avait souvent l’aspect d’un grand vieillard, assez fréquemment placé en institution, alors qu’aujourd’hui une personne du même âge apparaît bien plus « jeune » et vit souvent à domicile.

35On voit donc, à ce simple exemple, qu’il est possible non seulement d’augmenter la longévité mais aussi de retarder le vieillissement. La recherche en gérontologie a-t-elle des pistes à proposer afin que cette période finale de notre vie en mauvaise santé soit la plus brève possible ?

36Mais, avant de s’intéresser à la recherche, faisons des remarques de bon sens. Constatons d’abord qu’il est peu cohérent de s’interroger sur ce que peut faire la recherche pour que nous vivions mieux, si nous ne prenons pas des mesures applicables aujourd’hui pour vivre longtemps en bonne santé.

37Ainsi, le coût du tabac en termes de longévité plus faible des hommes par rapport aux femmes a déjà été signalé plus haut.

38Il serait donc souhaitable que la consommation de tabac baisse dans les années qui viennent. Est-ce possible ? C’est en fait probable, les nouvelles exigences des consommateurs en ce qui concerne la disponibilité de produits sains auront fatalement des répercussions au niveau individuel, tant il est vrai qu’il est incohérent de craindre la présence des OGM dans son assiette, tout en détruisant sa santé en fumant. Il est donc à prévoir que fumer deviendra de plus en plus un comportement peu valorisé, y compris chez les jeunes, et que la mortalité due au tabac finira par baisser dans les décennies qui viennent.

39Par ailleurs, des changements instaurés de nos jours permettraient à nombre de nos concitoyens d’augmenter leur longévité et d’améliorer leur santé. On sait que les « manœuvres », par exemple, vivent bien moins longtemps que les « professeurs » et que le risque d’être atteint de la maladie d’Alzheimer augmente quand le niveau d’études baisse. Améliorer les conditions de travail, faciliter l’accès aux soins et à la culture pour tous, payer des salaires permettant de vivre correctement, ne sont pas seulement des préoccupations syndicales ou politiques, mais aussi de santé publique. Je suis, pour ma part, toujours étonné d’entendre certains raisonnements sur ce que nous promet la science alors qu’on sait que des changements sociaux amélioreraient la vie du plus grand nombre, en particulier la vieillesse. Soyons clairs. Tout le monde ne sera pas « professeur » à l’avenir, mais il n’empêche que l’on peut faire beaucoup de choses pour que les « manœuvres » du futur aient une vie plus agréable et plus longue que ceux d’aujourd’hui. Si cela ne rapporte pas d’argent dans l’immédiat (puisque tout semble se mesurer à cette aune de nos jours), à terme il s’agit probablement d’une source formidable d’économies. Peut-on prédire que les changements nécessaires seront mis en place ? La réponse est ici imprévisible car dépendant entièrement de la volonté de nos concitoyens.

40Ces remarques étant faites, intéressons-nous à quelques pistes possibles pour une amélioration de notre vieillissement dans l’avenir, en commençant par les moyens qui semblent a priori relativement simples à mettre en œuvre.

41Nous ne parlerons pas des techniques quelquefois évoquées dans les médias mais sans rapport avec la recherche qui se fait réellement, comme l’administration aux personnes âgées de tissus de jeunes animaux qui était très à la mode entre les deux guerres.

42De même, nous ne parlerons pas des techniques de remplacement d’organes, par des organes artificiels ou non, dont certains pensent qu’elles pourraient massivement profiter un jour aux personnes âgées. En fait, nous ne parlerons que des hypothèses découlant directement des recherches en cours sur le vieillissement.

Utilisera-t-on des suppléments nutritionnels ?

43Les « suppléments nutritionnels », vitamines, DHEA, et autre mélatonine, sont à la mode et sont souvent présentés comme des remèdes « anti-âge ». Des études sont en cours afin de tester l’efficacité de différents produits chez les personnes âgées (comme c’est le cas pour la DHEA étudiée par le professeur du Collège de France Étienne-Émile Baulieu) mais d’aucuns n’ont pas attendu que la recherche sur ces produits soit terminée pour les commercialiser puisque nombre d’entre eux sont en vente aux États-Unis dans les supermarchés et d’autres magasins. En France, des hormones comme la mélatonine et la DHEA ne sont pas en vente libre, ce qui n’empêche pas de pouvoir se les procurer via internet. Bien évidemment, la consommation de « suppléments nutritionnels » sans suivi médical, alors que certains peuvent présenter une toxicité, n’est pas un comportement sans risque.

44Imaginons que la recherche puisse montrer que tel produit retarde certains effets du vieillissement ou évite certaines maladies, comme la maladie d’Alzheimer. Cela suffirait-il à ce qu’il soit incorporé aux produits consommés par toute la population, comme c’est le cas pour le fluor dans la plupart des dentifrices ou pour l’iode dans le sel ? Si ce produit était sans effet secondaire, facile à incorporer, sans problème de conservation et peu onéreux, alors on peut penser qu’il serait vite présent dans les produits alimentaires. Dans le cas où il ne satisferait pas à toutes les conditions ci-dessus, il serait probablement proposé, comme tout autre médicament, à une partie de la population. Ainsi, les femmes ayant atteint la ménopause se voient aujourd’hui proposer un traitement hormonal de substitution car ce traitement réduit, parmi d’autres effets positifs, les risques d’ostéoporose et donc de fracture, en particulier du col du fémur.

45Il y a cependant peu de chances que, comme aujourd’hui aux États-Unis, nous consommions un jour toutes sortes de pilules au petit-déjeuner : toutes les modes américaines ne traversent pas l’Atlantique. Car le problème avec les suppléments nutritionnels n’est pas tant de savoir si on finira par en trouver un réellement efficace pour la prévention de certains effets du vieillissement, mais plutôt de ne pas en consommer en masse dans l’espoir qu’au moins un sera efficace.

46Certains considèrent cependant qu’il est souhaitable de consommer dès maintenant des suppléments nutritionnels car il est probable que certains d’entre eux sont efficaces dans la prévention de pathologies liées au vieillissement. On prendrait ainsi une sorte d’assurance sur l’avenir, et il serait toujours temps de cesser d’utiliser les suppléments dont on aura prouvé l’inutilité.

47Ce raisonnement serait toutefois moins suspect si les sociétés commercialisant ces suppléments proposaient de rembourser à leurs clients les suppléments dont on aura prouvé l’inefficacité.

Serons-nous tous soumis à la restriction calorique ?

48La restriction calorique, largement étudiée chez les rongeurs, fait aussi partie des thèmes repris dans les médias. Beaucoup de gens savent maintenant que les rats forcés à jeûner dès la fin de leur croissance, vivent plus vieux et sont souvent en meilleure santé que ceux qui sont nourris à volonté (Le Bourg, 1998).

49Ce qui est moins connu est que des chercheurs se demandent si on a trouvé là un modèle du vieillissement retardé ou du vieillissement accéléré. En effet, dans la nature, les rongeurs doivent chercher leur nourriture en permanence et les périodes de jeûne ne sont pas rares. Certains chercheurs pensent que les rats nourris à volonté ont en fait un vieillissement accéléré et présentent des pathologies dues à cette nourriture à disposition en permanence dans leur cage. Des études entreprises depuis une dizaine d’années sur les singes macaques aideront peut-être à clarifier la situation. Il est donc tout à fait prématuré d’écrire comme les neurobiologistes André Klarsfeld et Frédéric Revah (2000) que la restriction calorique « fournit le moyen pour l’instant le plus sûr de prolonger la vie animale, depuis les protozoaires jusqu’aux primates, humains probablement compris ».

50Quoi qu’il en soit, certaines personnes, en particulier aux États-Unis, considèrent que nous pouvons déjà nous soumettre à la restriction calorique et se l’appliquent à elles-mêmes depuis des années. Cependant, les gériatres savent bien qu’un des problèmes rencontrés par les personnes âgées n’est pas qu’elles mangent trop, mais pas assez et, de fait, la malnutrition chez les personnes âgées conduit souvent à une hospitalisation. On peut donc être inquiet de certains livres, comme celui de de Jaeger, déjà cité, expliquant comment s’appliquer un régime de restriction calorique. De même, André Klarsfeld et Frédéric Revah manquent de prudence dans leur livre quand ils écrivent que « chacun d’entre nous pourra tester pour son propre compte l’efficacité d’une restriction calorique à condition de s’entourer des précautions indispensables pour éviter toute carence ». Peu de gens, mis à part les nutritionnistes, sont capables de concevoir un tel régime équilibré, ce qui souligne les risques potentiels pour la santé publique de ces régimes. Dans ces conditions, insister sur les « précautions indispensables » revient à dire que les personnes jouant à la roulette russe doivent faire attention de ne pas se blesser.

51On peut donc craindre que ce genre de livres ne soit pris au pied de la lettre par certains, en particulier parce que les deux livres cités ont été publiés par des éditeurs d’ouvrages scientifiques. Les risques pour la santé publique pourraient ne pas être négligeables quand on sait que de nombreuses personnes, très inquiètes de leur propre vieillissement, sont souvent prêtes à tout pour le retarder, ou du moins pour avoir l’espoir de le retarder.

52Quoi qu’il en soit, même s’il était définitivement prouvé que la restriction calorique retardait le vieillissement et augmentait la longévité chez l’humain, il y a peu de chances qu’elle soit jamais appliquée. Même en conservant un apport vitaminique suffisant, les risques de moindre résistance aux infections ou de moindre fertilité sont trop importants pour penser qu’on puisse utiliser ces régimes toute sa vie adulte. Bien évidemment, il n’est guère question d’envisager de travailler (encore moins de pratiquer un travail de force) dans de telles conditions. En fait, se soumettre à un tel régime revient à se préparer dès la fin de l’adolescence à sa mort en espérant la retarder : vivre, ou plutôt survivre, pour ne pas mourir. Quelle perspective réjouissante que de se priver toute sa vie en espérant que cela durera le plus longtemps possible !

La génétique retardera-t-elle le vieillissement ?

53Les recherches en génétique du vieillissement font penser à certains qu’il sera possible demain de combattre le vieillissement.

54Il est exact que de nombreuses recherches, en particulier celles qui sont effectuées avec des animaux transgéniques, nous permettent de mieux comprendre le rôle de certains gènes dans le mécanisme du vieillissement. Cependant, les déceptions sont aussi nombreuses. Des chercheurs suisses croyaient avoir montré en 1989 que l’insertion dans le génome de la mouche drosophile d’un gène impliqué dans la synthèse des protéines augmentait leur longévité. Toutefois, d’autres chercheurs suisses montrèrent par la suite que ces effets ne s’expliquaient pas par l’activité de ce gène.

55Depuis, d’autres recherches avec des mouches transgéniques ont été entreprises. Plusieurs équipes américaines et canadiennes ont inséré dans le génome des mouches des gènes produisant des enzymes neutralisant les radicaux libres, ces dérivés hautement toxiques de l’oxygène que nous respirons. Ces radicaux libres, par les dégâts qu’ils peuvent produire à la cellule, au fur et à mesure du temps qui passe, sont souvent considérés comme une des causes possibles du vieillissement. En insérant des gènes supplémentaires des enzymes neutralisant les radicaux libres, les chercheurs espèrent déterminer si leur rôle est vraiment critique pour le vieillissement et la longévité. Les résultats à ce jour sont souvent ambigus, mais il est permis d’espérer que, peu à peu, le rôle de certains gènes – ceux-là ou d’autres – dans le déterminisme du vieillissement sera mieux compris. Si c’est le cas, on peut penser que ces études seront reproduites chez des mammifères qui vivent bien plus longtemps que les mouches et qu’il sera possible d’en tirer des applications pratiques pour l’humain. Ces études permettront d’abord une meilleure compréhension du vieillissement, ce qui est leur but premier. Elles déboucheront plus probablement sur la mise au point de médicaments classiques prescrits à une catégorie précise de personnes que sur des thérapies géniques auxquelles serait soumis l’ensemble de la population.

Il n’existe pas de solution miracle

56On l’aura compris, personne ne peut dire aujourd’hui quels progrès peut nous apporter la recherche en gérontologie. Michael Rose (2000), un généticien de l’université de Californie, a écrit que « malgré ce que l’on entend parfois, personne ne sait encore retarder le vieillissement en toute sécurité chez l’homme », tout en estimant que « si les progrès (de la génétique) sont suffisamment rapides, la médecine retardera le vieillissement, à partir de 2050 environ ». Personnellement, je n’avancerai pas la moindre date, même s’il est plus que probable que la recherche aidera, un jour, à trouver de nouveaux moyens permettant de vivre le plus longtemps possible avec la meilleure santé possible. La question de savoir quels seront ces moyens est sans intérêt, personne ne pouvant y répondre sérieusement aujourd’hui.

57Dans ces conditions, cet article peut paraître décevant. Il n’a été annoncé ici aucune découverte sensationnelle pour les années qui viennent. Cela n’empêche pas que ces découvertes auront peut-être lieu et probablement, comme d’habitude, là où personne ne les attend.

58La condition essentielle à une recherche sereine est probablement qu’elle puisse se faire sans la pression grandissante de personnes ou de sociétés commerciales qui, profitant de l’angoisse de chacun devant la perspective de vieillir et de mourir, distillent des informations fantaisistes et vendent des produits soi-disant « anti-âge ». Ainsi, certains affirment maintenant que le secret de l’immortalité serait en passe d’être découvert !

59Il est moralement inacceptable de jouer avec l’angoisse des gens et, dans le cas du vieillissement, les conséquences pour la santé publique peuvent être importantes. Inciter les gens à se soumettre à la restriction calorique en leur affirmant qu’ainsi ils vieilliront moins vite, ou leur vendre des produits en dehors de tout suivi médical, sont des attitudes irresponsables devant lesquelles on ne peut rester neutre. La recherche en gérontologie, comme toute recherche, doit pouvoir se faire dans un contexte favorable pour avancer. Il serait plus que dommageable que nos contemporains confondent la recherche sérieuse avec les prétentions de charlatans se cachant derrière un discours pseudo-scientifique. Ce problème risque hélas de prendre de l’ampleur dans les années qui viennent, vu le « marché » qui s’ouvre avec le nombre grandissant de personnes âgées. Il appartient aux chercheurs d’être particulièrement attentifs à cette question, s’ils ne veulent pas risquer d’être confondus avec ces « gourous du vieillissement ».

60L’auteur tient à remercier ses collègues qui ont consacré un peu de leur temps à la relecture de cet article, à savoir Philippe Baret (Université catholique de Louvain-La-Neuve, Belgique), Guy Beugnon (CNRS, Université Toulouse III) et Nadège Minois (Institut Max-Planck de démographie, Rostock, Allemagne).

Bibliographie

? Bibliographie

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  • LE BOURG E., 1998,Le vieillissement en questions, CNRS Éditions, Paris.
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  • VALLIN J., 1992, « Quelles hypothèses peut-on faire sur l’évolution future de la mortalité ?», in Tapinos G. (éd.), La France dans deux générations, Fayard, Paris, pp. 89-114.
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Mise en ligne 01/01/2007

https://doi.org/10.3917/rs.036.0159

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