Notes
-
[1]
Augustin, La vraie religion V, 9, in Œuvres de saint Augustin, VIII. La foi chrétienne, Desclée De Brouwer, Paris, 1951, p. 38-39.
-
[2]
Ibid, 8, p. 36-37.
-
[3]
Idem.
-
[4]
Idem.
-
[5]
W. Pannenberg, Théologie systématique, III, CF 291, Éd. du Cerf, Paris, 2013, p. 276.
-
[6]
G. Ebeling, Dogmatik des christlichen Glaubens, I, Mohr Siebeck, Tübingen,1979, p. 194.
-
[7]
Ibid., p. 193.
-
[8]
Ibid., p. 208.
-
[9]
R. Jakobson, Essais de linguistique générale, Éditions de Minuit, Paris, 1963, p. 32.
-
[10]
Émile Benveniste, « L’appareil formel de l’énonciation » (1970), publié dans Problèmes de linguistique générale II, Gallimard, Paris, 1974, p. 85.
-
[11]
Maurizio Ferraris, T’es où. Ontologie du téléphone mobile, « Idées », Bibliothèque Albin Michel, Paris, 2005.
-
[12]
V. Holzer, « De l’ “An Deus sit” à l’ “Ubi Deus est”. Esquisse pour une théologie de l’adresse et de l’invocation comme forme de connaissance », RSR 104/3 (2016), p. 407-434, ici p. 430.
-
[13]
Adolphe Gesché, Dieu pour penser, III. Dieu, Éd. du Cerf, Paris, 1994.
-
[14]
Jacques Derrida, Politiques de l’amitié, Galilée, Paris, 1994, p. 243.
-
[15]
Rudolf Bultmann, „Welchen Sinn hat es, von Gott zu reden?“ (1925), in: R. Bultmann, Glauben und Verstehen. Gesammelte Aufsätze, Bd 1, Mohr Siebeck, Tübingen, 1933, p. 26-37 (repris dans : Neues Testament und christliche Existenz, 2002, p. 1-12).
-
[16]
V. Holzer, art. cit., p. 416.
-
[17]
Thomas d’Aquin, Somme Théologique, II-II Q. 83 a.1 corps.
-
[18]
M. Luther, Grand Catéchisme, dans A. Birmelé et M. Lienhard (Éds.), La foi des Églises luthériennes, Éd. du Cerf/Labor et fides, Paris/Genève 2003, n. 587, p. 338.
-
[19]
H.-Chr. Askani, « Pouvons-nous nous adresser à Dieu ? Et si oui, que faisons-nous ? », p. 240-260, ici p. 248.
-
[20]
S. Ramond, « Nomination de Dieu, invocation de Dieu. Une typologie des manières de s’adresser à Dieu dans la Bible », supra, p. 204.
-
[21]
Ibid., p. 190, 204.
-
[22]
Chr. Theobald, Introduction, supra, p. 177.
-
[23]
J. Geldhof, « Le rapport à Dieu dans la liturgie. Une analyse de la dynamique théurgique de l’Ordo Missae 2002-2008 », supra, p. 209 s.
-
[24]
Chr. Theobald, « Éditorial », RSR 104/3 (2016) 321-326, ici p. 325.
-
[25]
F. Worms, « À qui s’adresser », RSR 104/3 (2016) 395-405, ici p. 402.
-
[26]
Supra, p. 239-260.
-
[27]
J. Derrida, Ulysse gramophone, Deux mots pour Joyce, Galilée, Paris, 1987.
-
[28]
S. Ramond, art. cit., p. 271, n. 30.
-
[29]
P. Beauchamp, L’un et l’autre Testament. 1. Essai de lecture, Seuil, Paris, 1976, p. 187-199.
-
[30]
Paul Ricœur, « Expérience et langage dans le discours religieux », dans L’herméneutique à l’école de la Phénoménologie, Beauchesne, Paris, 1995, p. 178.
-
[31]
H. Laux, « L’adresse à Dieu dans la mystique chrétienne. De ses limites extrêmes au renouvellement d’un langage », p. 223-237.
-
[32]
Ibid., p. 230.
-
[33]
Ibid., p. 227, 237.
-
[34]
Ibid., p. 231s.
-
[35]
H. Laux, ibid., p. 232.
-
[36]
Ludwig Wittgenstein, Grammaire philosophique, Gallimard, Paris, 1980, I, VI, § 84.
-
[37]
Cf. J. Geldhof, art. cit., p. 207.
-
[38]
Ibid., p. 222.
-
[39]
J.-M. Ferry, « Comment une adresse à Dieu est-elle possible ? », RSR 104/3 (2016) 379-393, ici p. 380s.
-
[40]
H. Laux, art. cit., p. 225s.
Faut-il savoir à qui s’adresser ?
1Pour s’adresser à Dieu, afin de pouvoir s’adresser à Dieu, il faut le connaître. C’est là presque un lieu commun de la tradition théologique occidentale. L’adresse à Dieu présuppose la connaissance de Dieu, dit-on : il faut savoir à qui l’on s’adresse, et savoir où s’adresser. Une des premières expressions de cette thèse me semble être le De Vera Religione, d’Augustin, lorsqu’au chapitre 5 il inclut la vérité de la connaissance de Dieu dans la définition de la religion :
Bref, ce n’est ni dans la confusion du paganisme, ni dans les déchets de l’hérésie, ni dans la faiblesse du schisme, ni dans l’aveuglement du judaïsme que la religion doit être cherchée, mais chez ceux-là seuls qu’on appelle chrétiens catholiques ou orthodoxes, avec leur fidélité entière et la droiture de leur adhésion. [1]
3Désormais, il y aura en Occident une vraie religion, et des religions fausses qui ne sont pas seulement des religions qui enseignent quelque chose de faux, mais des religions qui ne sont pas véritablement des religions, ce sont de fausses religions. Non seulement des religions fausses, mais de fausses religions.
4Puisqu’il faut d’abord savoir à qui quelqu’un s’adresse, il ne saurait être question de partager la prière de ceux qui ne partagent pas votre compréhension de son destinataire :
Ainsi la conviction, essentielle au salut des hommes, qu’il n’y a point désaccord entre la philosophie, c’est-à-dire la recherche de la sagesse, et la religion, existe et se manifeste par le fait même que ceux dont nous n’approuvons pas la doctrine ne participent pas non plus avec nous aux saints mystères ? [2]
6Comme on le voit, ceci a pour conséquence que la vérité de la doctrine est une condition pour le partage du culte :
Les innombrables hérésies qui se sont détachées de la règle de chrétienté attestent que ceux qui, sur Dieu le Père, sa Sagesse et le Don divin, entretiennent et cherchent à répandre une pensée non conforme aux exigences de la vérité, ne sont pas admis à la participation des saints mystères. [3]
8Cette démarcation et cette séparation est d’autant plus visible
quand il s’agit des sectes qui célèbrent des mystères semblables aux nôtres, mais, parce qu’elles ont une doctrine différente et ont préféré s’acharner à défendre leurs erreurs plutôt que de veiller à les corriger, sont exclues de la communion catholique et de la participation à nos saints mystères, pourtant semblables aux leurs, ce qui leur a valu des noms à part, des communautés à part, non seulement pour leur doctrine, mais aussi pour leur pseudo-liturgie : ainsi les Photiniens, les Ariens et bien d’autres encore. [4]
10On ne saurait prétendre s’adresser ensemble à Dieu quand nos doctrines divergent, on ne saurait s’adresser ensemble à Dieu si des désaccords subsistent dans l’adresse de nos prières : il faut savoir à qui s’adresser, et comment.
11En cela très représentatif d’un courant me semble-t-il majoritaire dans la tradition chrétienne occidentale, disons dans la forme classique, le théologien Wolfhart Pannenberg, dans sa Théologie Systématique, au tome 3, écrit : « Il faut ensuite évidemment admettre que la prière elle-même présuppose justement Dieu et un savoir de Dieu. » [5] Il engage sur ce point, dans une note, une discussion avec ce qu’écrivait Gerhard Ebeling, dans sa Dogmatik des christlichen Glaubens [6]. Ebeling, rappelle Pannenberg, entend faire de la prière « une orientation normative pour l’interprétation » de la doctrine sur Dieu, et en cela Ebeling est conscient qu’il s’écarte notablement « de la manière dont procède la dogmatique traditionnelle » [7], notamment de « l’ancrage métaphysique » de la doctrine traditionnelle sur Dieu [8]. Or, objecte Pannenberg, Dieu est toujours déjà présupposé dans la prière : toute forme de prière présuppose, considère-t-il, une certaine conception de Dieu. Pour s’adresser à Dieu, il faut le connaître, et ce qu’on sait de lui déterminerait la forme de notre prière. Il faut savoir à qui s’adresser.
12À cette thèse il est possible de formuler l’objection suivante. Je ne conteste pas que certaines représentations ou conceptions de Dieu ne rendent possible aucune adresse à Dieu, ou du moins n’encouragent pas à une relation de prière. Mais je doute que celui ou celle qui s’adresse à Dieu le fasse dans une cohérence consciente avec une certaine compréhension de Dieu. Je crois plutôt que celui qui, en christianisme par exemple, s’adresse à Dieu, le fait dans une certaine conscience de ne pas maîtriser l’adresse de sa prière. C’est ce que j’aimerais montrer ici.
Sans adresse connue
13« Il faut ensuite évidemment admettre que la prière elle-même présuppose justement Dieu et un savoir de Dieu » dit Pannenberg. Mais est-ce si sûr ?
14Il est vrai que certaines de nos paroles sont pleinement adressées. Nous connaissons l’adresse de notre interlocuteur ou de notre interlocutrice, nous connaissons son genre, nous savons à quel titre nous nous adressons à lui : comme personne, ou au nom de la fonction qu’il exerce : cher François, ou Monsieur le Président.
15Mais dans ce dernier exemple nous voyons déjà que la précision de l’adresse peut se perdre déjà quelque peu : ainsi s’adresser au trésorier d’une association, c’est s’adresser à lui en tant que trésorier, et dans ce cas peu nous importe son identité : ce peut être un homme ou une femme, être telle personne ou telle autre.
16À quel titre nous adressons-nous à Dieu ? Dieu est-il un nom personnel ou désigne-t-il un genre, ou une fonction ? Nous adressons-nous à lui en tant que personne ou « en tant que Dieu » ? La question pourra sembler étrange pour qui s’adresse à Dieu, mais elle n’est peut-être pas sans intérêt pour savoir à qui s’adresse celui ou celle qui à côté de moi s’adresse aussi à Dieu : avons-nous la même adresse ? En tout cas, s’adresser à quelqu’un n’implique pas nécessairement une pleine subjectivation du destinataire ni du locuteur.
17Cette incertitude sur le destinataire n’affecte pas seulement les discours explicitement adressés. Il n’existe pas de soliloque absolu, il n’est pas de monologue absolu : tout discours est adressé. Tout acte de discours comporte une allocution, quelqu’un à qui ce discours est adressé : « Tout discours individuel suppose un échange. Il n’y a pas d’émetteur sans receveur – sauf bien entendu quand l’émetteur est un ivrogne ou un malade mental » [9]. Et encore, même en ce dernier cas, le discours est adressé à une personne absente, ou imaginaire, ou à un autre soi-même : « Le “monologue” est un discours intériorisé, formulé en “langage intérieur”, entre un moi locuteur et un moi écouteur. » [10] Tout discours sur Dieu est donc affecté par la question de l’adresse, et pas seulement ceux qui lui seraient explicitement adressés.
18Pour revenir à mon exemple, il est de plus en plus courant de nous adresser au trésorier d’une association sans rien savoir de son identité grâce aux adresses électroniques : l’adresse électronique peut indiquer la fonction, elle demeure la même lorsque la personne qui remplit cette fonction change.
19L’adresse électronique permet elle aussi une certaine perte de la précision de l’adresse, sur un autre point – c’est une caractéristique qu’elle partage avec le téléphone portable : le lieu [11]. Où dois-je m’adresser ? Nous n’avons plus besoin de savoir où se trouve quelqu’un pour lui envoyer un courriel, à la différence d’une carte ou d’une lettre.
20Cette situation devenue banale n’est pas sans intérêt pour se demander ce que signifie s’adresser à Dieu. Elle correspond en effet à une situation bien plus ancienne, dans l’adresse à Dieu : s’adresser à Dieu, cela a toujours signifié adresser une parole sans se préoccuper de l’adresse du destinataire :
Je monte vers les cieux : tu es là, dit le psalmiste, au psaume 138 ; je descends chez les morts : te voici. Je prends les ailes de l’aurore, et m’élève au-delà des mers : même là ta main me conduit, ta main droite me saisit.
22Tel est en effet le renversement proposé par les Écritures : loin de frapper à la porte du ciel, comme le dit une chanson (Knockin’ on heaven’s door) du dernier prix Nobel de littérature, c’est Dieu qui se tient à notre porte et qui frappe, comme le rappelle l’Apocalypse.
23Vincent Holzer, dans son article du dossier préparatoire à ce colloque, a fortement insisté sur cette question du « où » :
La question de la « localité » divine se pose intensément dans des œuvres qui ont été marquées par les traumatismes que provoquèrent les conflits meurtriers qui s’abattirent sur l’Europe au XXe siècle, laissant béante et irrésolue, voire quasi aporétique, la question théorétique de la connaissance de Dieu. [12]
25Une théologie qui insiste sur le lieu, le « lieu natal de Dieu » disait Gesché [13], est une théologie qui insiste sur la singularité du destinataire. Nous ne nous adressons pas à un « Dieu en général ».
26Je me permets d’ajouter un peu de flou à cette conviction. Comme le dit Derrida, dans ce beau texte, Politique de l’amitié, la « destinerrance » d’une phrase, comme il la nomme, c’est qu’elle s’adresse chaque fois à un seul, mais il est impossible qu’elle ne s’adresse qu’à un seul, elle s’adresse toujours à plus d’un :
Autre destinée ou destinerrance, il est impossible de s’adresser à un seul, à une seule. Pour le dire sèchement et sans pathos, il faudrait le faire chaque fois une seule fois, et que toute itérabilité soit exclue de la structure de la trace. Or pour qu’un seul reçoive une seule fois une seule marque, il faut que celle-ci soit, si peu que ce soit, identifiable, donc itérable, donc intérieurement multiple et divisée dans son occurrence, dans son événementialité en tout cas. [14]
28Et ceci est à la fois la chance et le risque de toute adresse à Dieu : la chance, c’est de multiplier les chances d’accéder au destinataire, par d’autres voies ; le risque, c’est de voir se transformer une parole singulière en un discours général. Je remarque à ce sujet que le titre du colloque était « Pour un discernement du divin » et que ce terme de divin a pu sembler contradictoire avec la logique de l’adresse, qui serait personnelle. Il me semble que la phrase de Derrida nous rappelle le passage heureux et malheureux, toujours possible de Dieu au divin, d’une adresse à un seul qui s’adresse toujours à plus d’un. C’est là un point sur lequel nous allons revenir.
29Résumons ce que nous avons essayé jusqu’à présent de défendre : toutes nos paroles adressées à quelqu’un n’impliquent pas une connaissance de celui ou de celle à qui nous parlons, elles n’impliquent pas non plus nécessairement sa présence, ou sa localisation.
30Comme l’écrit Bultmann, dans le texte « Welchen Sinn hat es, von Gott zu Reden ? » [15], dont le questionnement est un peu à l’arrière-plan de tout ce colloque, et qui est justement cité par Vincent Holzer :
Notre existence est chose aussi singulière que Dieu lui-même (eine ebenso merwürdige Sache wie mitt Gott), nous ne pouvons pas plus parler à son sujet que nous ne pouvons parler de lui, nous ne disposons ni de l’une ni de l’autre (über beides verfügen wir nicht). [16]
32Ne disposer ni de Dieu ni de nous-même semble bien ici être pris pour la condition normale de chacune de nos paroles adressées à Dieu. Loin d’être l’exception, le fait que nous ne disposions pas du destinataire semble même ici la norme d’un discours véritablement adressé à Dieu. Je voudrais m’arrêter sur ces deux points. L’ignorance du destinataire et celle de notre existence.
Appeler à l’aide
33Le destinataire d’abord. L’exemple le plus romanesque d’une adresse qui ignore son destinataire, c’est la bouteille à la mer. Je n’ai jamais jeté ni trouvé une bouteille à la mer, mais il est d’autres appels à l’aide qui ne se préoccupent ni du lieu, ni de la fonction, ni de l’identité de celui ou de celle qui viendra à notre secours. « Au secours ! » est un de ces exemples d’appel adressé sans se préoccuper du destinataire. « Au feu ! », « Au voleur ! », sont aussi de ces appels lancés « à toutes fins utiles » pourrait-on dire.
34« Dieu, viens à mon aide ! » À qui cette prière est-elle précisément adressée ? Ce n’est pas un hasard si je passe ainsi presque directement de l’appel au secours à la prière, car c’est là peut-être sa forme la plus originelle : celle que l’on exprime dans la détresse. Et bien entendu cette forme de prière, qui appelle à l’aide, sans toujours savoir comment ni auprès de qui, est précisément la forme de prière la plus facilement contestée.
35Qu’elle soit la plus contestée n’exclut peut-être pas la possibilité que cette imploration dans la détresse contienne quelque vérité ; à commencer par celle-ci : le priant est un suppliant, un être dans le besoin. « La prière est une demande », écrit Thomas d’Aquin en citant Augustin, et « c’est en ce sens que nous parlons ici d’oratio, dans le sens d’une imploration ou d’une demande » [17], commente-t-il. L’appel au secours est un appel adressé à qui veut l’entendre, sans connaissance du destinataire, lequel est institué tel par sa réponse. Car « qu’est-ce qu’avoir un Dieu, ou qu’est-ce que Dieu ? Réponse : Un dieu, c’est ce dont on doit attendre tous les biens et en quoi on doit avoir son refuge en toutes détresses. » [18]
36C’est là un point que je retiens des discussions de ce colloque : l’effet retour de l’adressé sur l’adresse. Il est toujours possible qu’une lettre ne parvienne pas à destination, qu’un appel ne soit pas entendu. Une lettre peut être reçue mais ne pas être ouverte, ou ne pas recevoir de réponse. Son destinataire peut la lire autrement que nous l’aurions attendu. L’adresse s’expose à l’adressé. Certaines formes d’adresse tendent à instituer ou à constituer un destinataire : une demande, une déclaration d’amour, une prière. Le destinataire est un autre : il peut ne pas réagir, ne pas répondre à la demande et éventuellement en demander pardon, ou réagir autrement. Le destinataire est supposé connu ou prévu, mais il n’est pas déterminé à l’avance. L’adresse s’expose à de l’événement. Il y a comme un retour sur l’adresse.
37Nous avons beaucoup parlé de prière dans ce colloque consacré à l’adresse. Il ne s’agit pas bien sûr de réduire la question de l’adresse à celle de la prière, de ramener l’adresse à la prière. Non seulement parce qu’il est d’autres formes d’adresse que la prière, y compris le blasphème, le cri, la protestation.
38Mais il y a en effet quelque chose d’étrange à propos de la prière chrétienne. C’est que « nous ne savons que demander pour prier comme il faut » (Rm 8, 26). Et ce constat de Paul, adressé aux chrétiens de Rome, est à la fois le premier mot et le dernier mot de la prière.
39Oui, bien sûr, il y a des formes de prière, liées à telle ou telle tradition spirituelle, certains parlent même de « méthodes », ou proposent des conseils pour aider à prier. Et tout ceci est bien. Et tout ceci est utile. Mais le premier et le dernier mot de la prière chrétienne, c’est que la prière est une rencontre, ou du moins une relation. Et il n’y a pas de méthode générale pour des relations qui sont à chaque fois singulières. C’est à chacun de trouver sa voie. Il n’y a pas de recette pour l’amitié. Il n’y a pas de règle générale pour l’amour. Il n’y a pas de méthode de prière. Il n’y a pas de prière en général.
40Mais il y a plus étonnant. C’est que celui ou celle-là même qui dans la prière s’est engagé dans une voie, nécessairement singulière, au sein d’une tradition spirituelle particulière, peut-être, n’est pas plus avancé que saint Paul : il ou elle prie, certes, mais en un sens, il ne sait comment.
41Des longues heures d’oraison de la carmélite à la prière spontanée de celui ou celle qui, débordé par les tâches, tourne le temps de quelques mots son cœur vers Dieu, du jésuite expert dans les Exercices spirituels au jongleur de cette fable médiévale qui faisait des tours devant une statue de la Vierge, laquelle descendait lui sécher le front quand il était fatigué, l’essentiel se joue au-delà de nos pratiques.
42Nous prions, nous faisons l’expérience de la prière, nous y expérimentons parfois une forme de présence ou d’amour, et certains ou certaines dans l’Église y consacrent même leur vie, dans une forme de vie contemplative, et cependant le constat de Paul vaut toujours : « nous ne savons que demander pour prier comme il faut ».
43Si notre prière existe, alors même que nous n’avons à notre disposition aucune recette, ni aucune certitude quant à sa justesse, c’est que notre prière n’est jamais à proprement parler « nôtre ». Elle n’est pas d’abord notre œuvre. Elle ne commence pas avec nous, comme le dit si bien Hans-Christoph Askani [19].
44Elle est avant tout fruit de l’action de Dieu en nous, de sa présence, par son Esprit. Comme le dit Paul : « Pareillement l’Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26).
45Il a longuement été question des gémissements ineffables dans la conférence de Sophie Ramond, et ce passage a été régulièrement cité durant ces deux jours. Ils sont chez Paul l’expression d’un désir de réconciliation de toute la Création avec Dieu. « La prière chrétienne écrit Sophie Ramond n’a alors qu’un but : exprimer le désir de voir porté à son accomplissement ce que Dieu promet » [20]. Ils n’accèdent jamais au statut de paroles articulées. Le vocabulaire, stenazo, est étroitement lié aux gémissements des Hébreux en Ex 24 et ailleurs. Ils sont prima facie l’expression d’une détresse, mais ils sont aussi intercession efficace, car les gémissements sont liés aux prémices.
46Sophie Ramond explique que les hymnes de l’Apocalypse soulignent par contraste l’imperfection de nos louanges, l’inadaptation, le défaut de convenance de nos louanges, mais aussi et plus largement le défaut de convenance de nos adresses [21]. C’est, je crois, un élément que ces journées ont permis de mettre en lumière : le statut antépénultième de nos adresses. Elles sont de l’ordre des prémices. Mais elles n’ont aucun statut d’ultime. Et ceci doit être pris en compte dans la question de la critériologie : passer par l’adresse pour aborder l’identité de Dieu, c’est rappeler là encore la finitude de nos paroles.
Qui est à l’appareil ?
47C’est un des points les plus importants pour moi de ce colloque, un de ses déplacements majeurs déjà annoncé par Christoph Theobald dans son introduction,
Tant que j’y suis, dans la complexification du sujet, et dans l’ajout de guillemets, on pourrait en ajouter encore deux paires : Que faisons-nous quand nous nous adressons à celui que nous appelons « Dieu » ? Que faisons-nous quand « nous » nous adressons à celui que nous appelons « Dieu » ? Que faisons-nous quand « nous » nous « adressons » à celui que nous appelons « Dieu » ? Que « faisons » -nous quand « nous » nous « adressons » à celui que nous appelons « Dieu » ?Une double problématisation s’immisce ainsi dans nos évidences. Dès l’abord de la question de Dieu par une phénoménologie qui prend effectivement en charge la pluralité des manières de s’adresser à « Dieu », surgit l’incertitude quant à celui ou ce que recouvre cette désignation. Ainsi, dans l’Éditorial du numéro préparatoire, aurait dû être mis pareillement entre guillemets le « nous » de la question initiale : que faisons- « nous » quand « nous » nous adressons à celui que nous appelons « Dieu » ? Car c’est aussi l’extension de ce « nous » – au même titre que le vocable « Dieu » – qui se trouve ainsi problématisée. Une altérité ou un pluriel paraît ici, non seulement au sein des traditions « théistes », d’inspiration biblique et coranique, mais aussi entre celles-ci et le bouddhisme et autres courants orientaux non-théistes, voire des « spiritualités athées » sur notre propre continent européen. [22]
Sur les guillemets pour « adresser »
48L’exposé de Joris Geldhof, pourtant limité délibérément à une forme d’adresse à Dieu très particulière, celle qui advient pendant la messe, et très restreint du point de vue du corpus, puisqu’il s’agit du missel romain de 2008, nous montre la diversité des formes d’adresse, que parfois la théologie tend à simplifier, à unifier [23].
49On pourrait enfin se demander si c’est d’abord « nous » ou d’abord « je », ce que je fais ou ce que nous faisons ? Il y a en christianisme une prière personnelle, une prière exprimée en je, qui est l’écho à l’immédiateté du rapport filial au Père qui caractérise Jésus. Les croyants obtiennent désormais accès à cette immédiateté dans le rapport au Père dans la mesure où ils participent à la filiation de Jésus (Rm 8, 15). Mais restons à la première complexification, les guillemets au « nous ».
50Au cours du colloque, j’ai plus entendu mettre en question le « je » que le « nous ». Et selon deux modalités. La première était déjà explicite chez Christoph Theobald dans son introduction :
On perçoit ici les premiers éléments d’une critériologie de l’adresse à l’autre et au « divin », critériologie qui, comme chez Ferry, est d’ordre « sotériologique », mettant en valeur le passage périlleux entre le « clos » et « l’ouvert » et s’articulant autour de la confiance ou de la fiabilité de celui auquel le « sujet » s’adresse, l’autre ou le « divin », non pas avec une attente seulement objective mais en étant exposé à une épreuve constitutive. [24]
52Comme l’écrivait dans le dossier préparatoire Frédéric Worms,
Ici, le soi n’est pas celui qui s’adresse à quelqu’un, pour demander de l’aide, mais au contraire celui ou celle, qui dépend de l’adresse de quelqu’un à lui, ou elle, avant même d’exister ou pour exister. [25]
54Durant le colloque, il a régulièrement été question de l’adresse comme une réponse. C’était une première évolution par rapport, peut-être pas par rapport à tout le dossier préparatoire, mais à la note dominante de sa problématique (note dominante qu’il partageait avec la sous-couche du texte de Bultmann). L’exposé de Hans-Christoph Askani sur ce point est décisif [26], il formule dans un cas précis des thèses qui affleurent déjà au cours de la discussion du dossier.
55C’est là un phénomène essentiel à toute adresse ; s’adresser, comme je, à un autre, c’est lui avoir déjà dit oui, comme le rappelle Derrida, dans Ulysse Gramophone [27]. S’adresser comme je, à l’autre, c’est reconnaître une demande qui m’est antérieure, et qui me constitue. Nous pouvons nous adresser à quelqu’un non pas d’abord parce que nous le connaissons, mais parce que nous lui disons oui et nous attendons de lui un oui.
56Nous aurions là un critère de l’adresse. Non pas un critère extérieur, mais un critère de l’adresse : laisse-t-elle place à une précédence, se laisse-t-elle formuler comme réponse à un appel ?
57Il y a un deuxième aspect à cette question de l’altérité ; c’est celui de l’altération dont le thème est apparu avec l’exposé de Sophie Ramond, lorsqu’elle fait référence au texte de Paul Ricœur, « Expérience et langage dans le discours religieux » [28]. À Paul Beauchamp [29] qui décelait sous les trois modalités d’écriture vétéro-testamentaire trois registres de la nomination de Dieu, liés à l’origine, aux événements chaotiques de l’histoire et à l’universel, Ricœur articulait « le rythme ternaire d’une identité fondée, d’une identité ébranlée, et d’une identité à la fois singularisée et universalisée » [30]. Il fut beaucoup question de la nécessité de l’ébranlement de l’identité pour son accès à la fois à la singularité et à l’universel. L’exposé de Henri Laux devrait être ici cité intégralement [31].
58J’en retiens pour ma part l’insistance sur le nécessaire passage d’un langage objectivant à un langage fragilisant, une parole qui se soit pas productrice de notions « hors-sujet » [32], comme on dit « hors-sol », la chasse au discours tout fait pour laisser place à une parole propre, en je. Le bouleversement de notre identité est partie même du cheminement par lequel on peut en vérité s’adresser à Dieu [33].
59Nous aurions là un autre critère de l’adresse, sans doute plus difficile à employer : celui du bouleversement, de l’altération de celui ou celle qui s’adresse. Le critère serait une adresse qui procède d’une parole propre, ce qui n’advient pas sans bouleversements. Si critère il y a, il renverrait aussi à des questions de gestes, d’authenticité de gestes, d’attitudes corporelles, de formes de parole, bref, de styles et de leur authenticité.
60Ce qui nous amène à un des points d’insistance dans l’exposé de Henri Laux [34] : l’accès à l’interrogation sur Dieu par le thème de l’adresse, c’est passer du nom à la nomination.
L’adresse comme performatif : que « fait-on » ?
61Nous abordons la deuxième paire de guillemets : que « faisons » - nous quand nous nous adressons à celui que nous appelons « Dieu » ?
62Nous passons du nom à la nomination : voilà en particulier ce que nous faisons quand nous nous adressons à celui que nous appelons Dieu. Passer du nom à la nomination, c’est faire que le nom de Dieu n’est plus une notion d’un être doté d’un certain nombre d’attributs. S’en tenir au nom, selon Henri Laux, c’est une situation où le sujet n’est pas engagé :
La problématique va à l’impasse quand elle s’en tient au nom de façon extérieure. Certes, il faut tenir au nom de Dieu, en raison de sa singularité, mais ce nom sera vide ou faible s’il demeure objet de langage sans que l’on s’interroge sur la façon dont le nom se constitue, s’offre et se recherche. [35]
64J’introduirais volontiers ici la phrase célèbre de Wittgenstein dans sa Grammaire philosophique [36] : « Quelque chose n’est une proposition qu’à l’intérieur d’un langage »
65Cette dimension pragmatique est particulièrement mise en évidence par Joris Geldhof dans son exposé. Je me permets de vous rappeler la citation de Jean-Yves Lacoste par laquelle il commençait son exposé :
La théologie parle de Dieu et construit des séquences propositionnelles de même structure que les séquences construites par tout autre savoir. Mais quoi qu’elle dise de Dieu, nous ne pouvons le dire sans confesser que Dieu ne fait pas face à l’homme à la manière d’un objet suprême, mais à la manière d’un Toi, et donc que nous ne parlons de Dieu qu’en présupposant que nous pouvons parler à Dieu. L’assertion théologique ne peut donc se refermer sur elle-même, et elle ne manifeste toute sa cohérence que dans les liens qui l’unissent à la doxologie. [37]
67Joris Geldhof concluait son exposé par ces mots :
Enfin, l’Ordo Missae présente une perspective théologique qui, selon les paroles de Jean-Yves Lacoste, parle de Dieu et à Dieu en même temps, et qui interroge dès lors la dogmatique. [La liturgie] peut offrir en tout cas un fondement et une consistance à toute la dogmatique dans la sotériologie et la doxologie. L’ensemble du contenu de la foi doit toujours être compris comme participant à cette dynamique théurgique : d’un Dieu qui délivre et d’une femme et un homme qui le louent. La liturgie invite et incite alors à reconsidérer notre idée d’orthodoxie : comme le disait le fameux bénédictin américain promoteur de la théologie liturgique Aidan Kavanagh, d’abord une juste louange, et seulement ensuite l’exactitude doctrinale. Le fait de s’adresser à Dieu engage d’abord la sotériologie et la doxologie ; la christologie, l’ecclésiologie, l’eschatologie et tous les autres chapitres de la théologie et articles de foi ne reçoivent leur sens que dans le sillage de cet acte prioritairement liturgique. [38]
69La liturgie est en cela le paradigme de toute interrogation de l’effet, sur le discernement du divin, de l’abord de la question de Dieu par celle de l’adresse à Dieu. Que se passe-t-il quand on ne sépare pas « parler de Dieu » et « parler à Dieu » ? Parler de Dieu et s’adresser à Dieu. Ce n’est pas là une critériologie de l’adresse, mais une théologie qui prend en compte le phénomène de l’adresse. Je dis théologie, mais on pourrait aussi dire catéchèse, prédication, témoignage, etc.
70L’exemple de la liturgie, qui est plus qu’un exemple, permet également de poser la question suivante. J’ai pu remarquer dans les articles du dossier préparatoire ou dans ceux du présent numéro, ainsi que dans les discussions lors du colloque, une alternance, voire une alternative. La question du colloque est-elle lue avec une grille transcendantale ou avec une grille post-fondationaliste ? Autrement dit, s’interroge-t-on sur les conditions de possibilité de l’adresse à Dieu, et en cela on rejoindrait l’exposé de Jean-Marc Ferry [39] (ou la formulation du sujet de Hans-Christoph Askani) ? Ou bien partons-nous du fait que nous nous adressons à Dieu, pour nous interroger sur les règles d’usage de cette forme de vie, sur ce que cela implique ? Insister sur la non-maîtrise de l’adresse, ni du sujet qui s’adresse, ni du Dieu auquel la parole est adressée, invite me semble-t-il à privilégier la seconde approche. Non parce que l’interrogation sur les conditions de possibilités réduiraient a priori la liberté divine, mais parce que nous ne disposons pas d’une clarté suffisante sur ce dont il s’agirait de décrire les conditions transcendantales. Et la diversité des pratiques de l’adresse à Dieu, avec toutes leurs incertitudes, sont probablement des sources plus sûres pour comprendre l’adresse à Dieu qu’une normalisation a priori de ce qu’il conviendrait de dire ou de faire.
71Je terminerai cet essai de reprise synthétique par un point de l’exposé d’Henri Laux, lorsqu’il cite Derrida, à propos de la théologie négative qui risque, à cause du primat de la méthode, de se dégrader en « technique facile, exposée au simulacre, à la répétition négative ». Elle y échapperait « par la prière et par l’adresse à l’autre » [40]. C’est ici une référence à Psychè, où Derrida expose pourquoi la théologie négative ne peut échapper à la rhétorique du renoncement au savoir, que par la prière, l’apostrophe, l’adresse à l’autre, à un « toi ». Je crois que cette citation permet aussi de formuler un autre critère de l’adresse à Dieu. Qu’est-ce que s’adresser à l’autre comme autre, à l’autre comme tel ? En deçà du contenu et de la forme de cette adresse, l’adresse est un acte de langage performatif, qui sollicite l’autre. Même une adresse silencieuse. Cette sollicitation, c’est l’appel, contenu dans l’adresse, que cet acte d’adresse soit entendu. L’adresse ne demande rien d’autre. Au-delà du contenu de l’adresse, elle ne demande, pour continuer sur le vocabulaire derridien, que la promesse de la présence de l’autre comme autre. Le critère serait donc ici celui-ci : l’adresse s’adresse-t-elle à l’autre dans son altérité imprévisible et irréductible, ou le ramène-t-elle à la définition d’un déjà connu et maîtrisé ?
72La prière et la louange qualifient Dieu, et le détermine, « Seigneur Jésus », « Dieu tout puissant », « notre Père qui es aux cieux », « hôte très doux de nos âmes »… mais l’adresse comme telle, en tant qu’acte, « l’adresse pure » n’attribue rien. Elle ne parle pas de, elle s’adresse à, sans se préoccuper de déterminer l’autre.
73S’interroger sur l’adresse, c’est s’interroger sur l’autre, inconnu et imprévisible, qui entendra ou n’entendra pas telle ou telle phrase. Et parler de l’autre comme tel, c’est rejeter toute présupposition quant au contexte, aux circonstances et à la figure de cet autre.
74S’adresser à Dieu, c’est s’adresser à un seul, mais par là même c’est s’adresser à plus qu’un seul. Pour qu’une adresse soit identifiable, elle doit être itérable, nous l’avons vu, et elle est toujours déjà réitérée. Tout autre peut être ce tout autre. L’adresse à Dieu comme tout-autre en christianisme ne saurait jamais se laisser séparer de l’adresse à tout autre. En termes chrétiens, la paternité de Dieu ne saurait être séparée de la fraternité ou la sororité de celles et ceux qui nous sont proches. L’adresse à Dieu, « notre » adresse à Dieu, comme telle, ne se laisse pas séparer de notre écoute des appels qui nous sont adressés.
Notes
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[1]
Augustin, La vraie religion V, 9, in Œuvres de saint Augustin, VIII. La foi chrétienne, Desclée De Brouwer, Paris, 1951, p. 38-39.
-
[2]
Ibid, 8, p. 36-37.
-
[3]
Idem.
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[4]
Idem.
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[5]
W. Pannenberg, Théologie systématique, III, CF 291, Éd. du Cerf, Paris, 2013, p. 276.
-
[6]
G. Ebeling, Dogmatik des christlichen Glaubens, I, Mohr Siebeck, Tübingen,1979, p. 194.
-
[7]
Ibid., p. 193.
-
[8]
Ibid., p. 208.
-
[9]
R. Jakobson, Essais de linguistique générale, Éditions de Minuit, Paris, 1963, p. 32.
-
[10]
Émile Benveniste, « L’appareil formel de l’énonciation » (1970), publié dans Problèmes de linguistique générale II, Gallimard, Paris, 1974, p. 85.
-
[11]
Maurizio Ferraris, T’es où. Ontologie du téléphone mobile, « Idées », Bibliothèque Albin Michel, Paris, 2005.
-
[12]
V. Holzer, « De l’ “An Deus sit” à l’ “Ubi Deus est”. Esquisse pour une théologie de l’adresse et de l’invocation comme forme de connaissance », RSR 104/3 (2016), p. 407-434, ici p. 430.
-
[13]
Adolphe Gesché, Dieu pour penser, III. Dieu, Éd. du Cerf, Paris, 1994.
-
[14]
Jacques Derrida, Politiques de l’amitié, Galilée, Paris, 1994, p. 243.
-
[15]
Rudolf Bultmann, „Welchen Sinn hat es, von Gott zu reden?“ (1925), in: R. Bultmann, Glauben und Verstehen. Gesammelte Aufsätze, Bd 1, Mohr Siebeck, Tübingen, 1933, p. 26-37 (repris dans : Neues Testament und christliche Existenz, 2002, p. 1-12).
-
[16]
V. Holzer, art. cit., p. 416.
-
[17]
Thomas d’Aquin, Somme Théologique, II-II Q. 83 a.1 corps.
-
[18]
M. Luther, Grand Catéchisme, dans A. Birmelé et M. Lienhard (Éds.), La foi des Églises luthériennes, Éd. du Cerf/Labor et fides, Paris/Genève 2003, n. 587, p. 338.
-
[19]
H.-Chr. Askani, « Pouvons-nous nous adresser à Dieu ? Et si oui, que faisons-nous ? », p. 240-260, ici p. 248.
-
[20]
S. Ramond, « Nomination de Dieu, invocation de Dieu. Une typologie des manières de s’adresser à Dieu dans la Bible », supra, p. 204.
-
[21]
Ibid., p. 190, 204.
-
[22]
Chr. Theobald, Introduction, supra, p. 177.
-
[23]
J. Geldhof, « Le rapport à Dieu dans la liturgie. Une analyse de la dynamique théurgique de l’Ordo Missae 2002-2008 », supra, p. 209 s.
-
[24]
Chr. Theobald, « Éditorial », RSR 104/3 (2016) 321-326, ici p. 325.
-
[25]
F. Worms, « À qui s’adresser », RSR 104/3 (2016) 395-405, ici p. 402.
-
[26]
Supra, p. 239-260.
-
[27]
J. Derrida, Ulysse gramophone, Deux mots pour Joyce, Galilée, Paris, 1987.
-
[28]
S. Ramond, art. cit., p. 271, n. 30.
-
[29]
P. Beauchamp, L’un et l’autre Testament. 1. Essai de lecture, Seuil, Paris, 1976, p. 187-199.
-
[30]
Paul Ricœur, « Expérience et langage dans le discours religieux », dans L’herméneutique à l’école de la Phénoménologie, Beauchesne, Paris, 1995, p. 178.
-
[31]
H. Laux, « L’adresse à Dieu dans la mystique chrétienne. De ses limites extrêmes au renouvellement d’un langage », p. 223-237.
-
[32]
Ibid., p. 230.
-
[33]
Ibid., p. 227, 237.
-
[34]
Ibid., p. 231s.
-
[35]
H. Laux, ibid., p. 232.
-
[36]
Ludwig Wittgenstein, Grammaire philosophique, Gallimard, Paris, 1980, I, VI, § 84.
-
[37]
Cf. J. Geldhof, art. cit., p. 207.
-
[38]
Ibid., p. 222.
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[39]
J.-M. Ferry, « Comment une adresse à Dieu est-elle possible ? », RSR 104/3 (2016) 379-393, ici p. 380s.
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[40]
H. Laux, art. cit., p. 225s.