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Article de revue

Théodore Simon (1873-1961). Itinéraire d’un psychiatre engagé pour la professionnalisation des infirmiers et infirmières d’asile

Pages 91 à 106

Notes

  • [1]
    Cette recherche a bénéficié du soutien financier de l’Association des Professeur(e)s à Temps Partiel de l’Université d’Ottawa par le biais de son fonds de développement académique et professionnel. Je remercie également Laurent Gutierrez pour avoir relu une première version de ce texte, mais surtout pour avoir partagé avec moi son expertise et ses archives relatives à Simon.
  • [2]
    Selon Daumezon, il aurait fait des études de philosophie avant de décéder de manière prématurée à l’âge de 23 ans (1, p.631).
  • [3]
    Travaux qui feront l’objet d’une publication en 1900 (17).
  • [4]
    Dans l’hommage qu’il rendra à Magnan en 1935, il affirmera être resté « à ses côtés de 1900 à 1907 » (22, p.718).
  • [5]
    Il contribue également aux sections « Neurologie » et « Médecine légale ».
  • [6]
    Nous remercions Jérôme Van Wijland, directeur de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine, de nous avoir fourni une copie de ce manuscrit inédit.
  • [7]
    Il annonce également la création, par la loi du 15 avril 1909, des classes et écoles de perfectionnement destinées aux arriérés (33).
  • [8]
    Il rejoint le poste au 1er octobre (36, p.59). Le choix de cet asile est peut-être influencé par la présence de sa belle-famille à Rouen.
  • [9]
    Lettre d’Alfred Binet à Théodore Simon du 20 mai 1911 (21, p.200).
  • [10]
    « je ne collaborais à l’Année qu’à cause de Binet. Je préfère actuellement me retirer entièrement, ainsi d’ailleurs que je l’avais dit à Masson. J’ai pu contribuer à mettre sur pied le volume de cette année. J’estime mon rôle terminé » (52).
  • [11]
    Il fut certainement influencé en cela par Valentin Magnan qui défendit aussi, en son temps, une politique du « no-restraint ».
  • [12]
    Sur 381 membres du personnel de Bicêtre en 1890, il y a 265 infirmiers et infirmières (58, p.202).
  • [13]
    Bien que, selon Bru, à Bicêtre, à la fin du siècle, « les infirmières sont plutôt chargées des services qui exigent plus de soins que de forces physiques. Elles peignent les impotents, changent leurs linges, pansent leurs plaies, lavent leurs pieds, coupent leurs ongles, etc. Elles doivent faire observer les prescriptions des médecins à l’infirmerie, donner les vivres et les médicaments aux malades, prendre les températures, etc. Elles font manger les grands infirmes, lavent leur vaisselle trois fois par jour et nettoient leurs armoires » (58, p.206). Néanmoins, il y a alors 69 infirmières pour 196 infirmiers dont le rôle semble davantage être celui de gens de services : « Ils nettoient, lavent, habillent les administrés qui ne peuvent prendre soin d’eux-mêmes, changent les draps et les paillassons des gâteux, font les lits des malades ou des infirmes, balayent, frottent les salles, nettoient les fenêtres, entretiennent les bassins, les urinaux, dans le plus grand état de propreté, conduisent les hommes aux bains, à l’infirmerie, vont chercher les vivres à la cuisine et aux magasins et les distribuent en présence des sous-surveillants ou suppléants. En un mot, ils font les gros ouvrages » (58, p.205-206).
  • [14]
    C’est ainsi que Paul Taesch fut embauché à Bicêtre après y avoir été interné (59, p.57).
  • [15]
    Paul Taesch était payé 5 francs par mois comme infirmier supplémentaire à Bicêtre (59, p.57). Les infirmiers gagnaient, eux, 21 francs par mois (59, p.58), c’est-à-dire moins que le personnel de cuisine (lorsque Paul fut embauché dans les cuisines de l’hôpital de la Pitié, il était « nourri couché et blanchi et payé 29 francs 15 centimes par mois » (59, p.32)).
  • [16]
    Si chaque asile devait être lié à une école, les écoles devaient être créées dans les villes où existaient une faculté ou une école préparatoire de médecine.
  • [17]
    Circulaire du 4 avril 1907 relative au passage de l’état de gardien à celui du diplôme d’infirmier de secteur départemental en psychiatrie.
  • [18]
    Le prix a été attribué à Henri Colin (1860-1930) pour son ouvrage « Hospitalisation et traitement des aliénés difficiles (Aliénés vicieux, criminels, fous moraux) ».
  • [19]
    Les volumes du « Bulletin de la Société de médecine de Rouen » pour 1910 et 1911 montrent qu’il n’a jamais assisté à aucune séance, ni jamais présenté aucune communication.
  • [20]
    En témoigne sa correspondance avec le psychologue américain Henry H. Goddard (1866-1957) à propos de la traduction de l’Échelle métrique de l’intelligence (71).
  • [21]
    Décret sur l’enseignement dans les écoles normales du 18 août 1920, suivi de l’arrêté fixant la répartition des matières d’enseignement des écoles normales. Voir également, les Instructions ministérielles du 30 septembre 1920 relatives à l’organisation des cours complémentaires, des écoles primaires supérieures et des écoles normales.
  • [22]
    À noter qu’en 1919, Simon avait fait découvrir le laboratoire à un certain Jean Piaget (1896-1980) qui devait y trouver sa vocation (76, p.305).
  • [23]
    Notamment avec la tenue en 1937 à Paris du premier congrès international de psychiatrie infantile (82).
  • [24]
    Il sera nommé Officier en octobre 1947 (89).
  • [25]
    Sa nomination avait déjà fait l’objet d’une contestation devant le conseil d’État de la part d’Henri Sellier (1883-1943), alors conseiller général et sénateur de la Seine. Devenu ministre de la Santé publique en juin 1936, ce dernier allait accélérer la procédure d’application de la nouvelle loi pour démettre Simon de ses fonctions (Voir à ce propos : 112, p.434).
  • [26]
    Voir à ce propos le numéro de « L’aliéniste français » de novembre 1936.
  • [27]
    Nous reprenons ces développements à Jaeger (62, p.50 et suivantes).
  • [28]
    Leur éducation était en effet moins avancée que celle des autres infirmiers comme le constatait Daumezon (66, p.71).
  • [29]
    Georges Daumezon la réclamait d’ailleurs dans un article de 1946 (121).
  • [30]
    Les cours se voulaient « plus développés et plus étalés que ceux des écoles départementales proprement dites » (123, p.373).
  • [31]
    Il était notamment responsable des inscriptions, ainsi qu’en témoigne une annonce parue dans le « Bulletin municipal officiel de la ville de Paris » des 29 et 30 septembre 1946 (p.1597).
  • [32]
    En 1952, le concours était composé de trois épreuves écrites et d’une épreuve orale ainsi qu’en témoigne un prospectus publicitaire conservé à la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris (128).
  • [33]
    Il lance en 1936 une souscription auprès de ses collègues psychiatres pour la réédition de son manuel (130).
  • [34]
    L’adresse de la revue est celle dans son propre appartement au 2 rue de Fleurus, Paris VIe.
  • [35]
    Le lien entre la publication et l’école de Maison Blanche n’apparait qu’en 1956 (« L’Infirmier Psychiatrique », 1956 May-Sep ;3(8-9) :72).
  • [36]
    Voir par exemple : (136). Pour des réponses, voir : (137).
  • [37]
    Je tiens à remercier Mmes Leroy et Marchal de l’Institut de Formation Interhospitalier Théodore Simon pour m’avoir transmis une copie de ce document inédit.
  • [38]
    Selon Daumezon, Simon fut le secrétaire de l’école jusqu’en 1959 (1, p.632).
  • [39]
    L’Institut de Formation Interhospitalier Théodore Simon. C’est le Préfet de la Seine qui, à la mort de Simon, donnera son nom à cette école, ainsi qu’à son ancien service d’enfants de Perray-Vaucluse (148, p.796).
  • [40]
    De sa belle-famille Lhermitte. Je remercie Laurent Gutierrez de m’avoir fait parvenir des photographies de ce caveau.
  • [41]
    La parution récente de deux articles sur son œuvre (85,149) auxquels il convient d’ajouter l’organisation à Paris, le 28 septembre 2018, d’un symposium intitulé « Théodore Simon (1873-1961) : Promoteur de la psychopédagogie expérimentale à travers le monde » lors du deuxième congrès de la Société Française d’Histoire des Sciences Humaines et la parution prochaine d’un numéro spécial du « Bulletin de psychologie » dédié à ses travaux, l’attestent.
  • [42]
    Il n’eut ainsi jamais d’enfant.

1« Avec Th. Simon disparait le seul Médecin d’Asile français, le seul psychiatre français, dont le nom était connu dans le monde entier en dehors de tout milieu spécialisé » (1, p.631). Ces mots, par lesquels Georges Daumezon (1912-1979) débutait sa nécrologie de Théodore Simon parue en décembre 1961 - quelques semaines seulement après la mort du psychiatre - dans « L’Information psychiatrique », masquent en vérité une réalité historique bien plus contrastée. Certes, le nom de Simon était connu à travers le monde, tant il voyagea, aux côtés de celui de son collègue et ami le psychologue Alfred Binet (1857-1911), grâce au test d’intelligence que les deux hommes mirent sur pied en 1905 (2). Pour autant, au-delà de cette contribution à l’instrumentation psychométrique, l’œuvre de Simon, notamment psychiatrique et pédagogique, est restée relativement peu connue et a rapidement sombré dans l’oubli. Ainsi, lorsque la psychologue américaine Theta Wolf (1904-1997) se rendit à Paris en 1959 pour travailler à sa biographie de Binet, elle fut surprise de trouver « bien vivant[e] » cette « figure historique oubliée » (3, p.245) qu’était à ses yeux devenu Simon. Pourtant, au cours du demi-siècle qui s’était écoulé depuis la parution de l’Échelle métrique de l’intelligence, le psychiatre avait développé une activité scientifique et professionnelle conséquente.

2Tout en travaillant comme médecin d’asile, d’abord dans la Somme puis dans l’Essonne et enfin à Paris, notamment à l’Admission de l’hôpital Sainte-Anne dont il fut le médecin-chef puis le directeur, Simon avait dirigé pas moins de trois revues scientifiques dont deux qu’il avait lui-même créées. Il avait également publié des dizaines d’articles dans les principaux journaux psychiatriques français, ainsi que plusieurs ouvrages. Il avait aussi enseigné dans les écoles normales de la Seine ainsi qu’à l’Institut de psychologie et à l’École d’anthropologie de Paris dont il fut également le vice-président. Il avait en outre présidé, pendant près de 50 ans, la Société Alfred Binet, ainsi que, en 1932, la Société Médicale des Asiles de la Seine, en 1935, la Société médico-psychologique, et, en 1938, la 42e session du Congrès international des médecins aliénistes et de neurologistes de France qui se tenait à Alger. Il avait enfin fondé, avec sa collaboratrice Lucie Bonnis (1889-1974), la toute première consultation médico-psychologique attachée à un tribunal en France (le Tribunal pour enfants et adolescents du palais de justice de Paris) dans le cadre de sa participation aux activités de l’association « Service social de l’enfance en danger moral » débutée en 1923 (4, p.38-47). Bref, il avait eu une carrière psychiatrique des plus remplies qui lui avait permis de s’imposer comme un médecin d’asile connu et reconnu.

3Parmi ses multiples accomplissements, Simon avait également, on le sait moins, activement contribué à la professionnalisation des infirmiers et infirmières d’asile. Après avoir publié en 1911 un manuel sur le travail infirmier au contact des aliénés, il fut en effet l’un des initiateurs, et surtout le directeur technique pendant plus de dix ans, de la toute première école supérieure pour infirmiers et infirmières psychiatriques de France ouverte en 1946 à l’hôpital Maison Blanche de Neuilly-sur-Marne. Il fonda également en 1953 la seule revue francophone connue à ce jour entièrement dédiée à la formation du personnel infirmier en psychiatrie : un bulletin bimensuel intitulé « L’Infirmier Psychiatrique » qu’il porta à bout de bras jusqu’en 1958. Ainsi, tout au long de sa carrière, Simon témoigna d’un intérêt marqué pour la formation de ceux qu’il considérait comme de véritables collaborateurs.

4C’est sur ce souci constant - bien que se manifestant apparemment de manière sporadique - de Simon pour la professionnalisation des infirmiers et infirmières psychiatriques que je souhaite revenir dans cet article. Pour ce faire, je m’attacherai tout d’abord à retracer le parcours professionnel du psychiatre avant de m’attarder plus spécifiquement sur ces trois principaux engagements au service de la formation infirmière. Je pourrai ainsi mettre en lumière l’importante contribution de Théodore Simon à l’histoire du nursing psychiatrique français.

De Dijon à Paris, itinéraire d’un orphelin

5Théodore Simon est né le 10 juillet 1873 à Dijon. Son père Charles Simon (1837-1888) était alors sous-chef aux ateliers de chemin de fer. Il avait épousé, six ans auparavant à Sens dans l’Yonne, sa ville natale, Clémentine Jolly (1845-1885), une lingère de huit ans sa cadette (5). Le couple avait eu un premier enfant, un fils, Marie Charles, né en 1870 [2]. C’est à Dijon que Théodore reçut son éducation primaire. Mais en 1885, quelques jours seulement avant ses 12 ans, sa mère décéda, suivie trois ans plus tard par son père Charles. Théodore se retrouva ainsi orphelin de père et de mère avant l’âge de 15 ans. Il fut alors accueilli à Sens par un oncle et une tante qui devinrent ses tuteurs légaux. C’est au lycée de la ville qu’il poursuivit ses études secondaires (6, p.93) avant d’intégrer, en 1892, la faculté de médecine de Paris. Là, pendant six ans, il se forma auprès des grands médecins de la capitale, notamment l’aliéniste et futur ministre Jean-Baptiste Dubief (1850-1916), le pathologiste Albert Charrin (1856-1907), le chirurgien Charles Monod (1843-1921), le dermatologue Louis Brocq (1856-1928) et le médecin-accoucheur Charles Maygrier (1849-1926) (7, p.3). En 1898, il fut finalement reçu quatrième au concours de l’internat des asiles d’aliénés de la Seine, derrière Joseph Capgras (1873-1950) qui en sortit major (8). Le 1er juin, il épousa Lucile Lhermite (1875-1972), la fille d’un représentant de commerce originaire de Vimoutiers dans l’Orne (9), avant de débuter, le 1er février 1899 (6, p.93), sous la supervision d’Emmery Blin (1863-1930) alors responsable de la colonie pour garçons arriérés et idiots de l’établissement, un internat de deux ans à l’hôpital psychiatrique de Vaucluse à Épinay-sur-Orge.

6Simon, qui s’était intéressé très jeune à la psychologie (10, p.367), contacta alors Alfred Binet (1857-1911), le directeur du Laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne dont il avait lu les travaux, pour lui faire part de ses premières observations sur les enfants arriérés de sa colonie. Binet, qui menait alors des recherches similaires sur les enfants des écoles primaires de Paris et de la Seine-et-Marne (11-14), fut particulièrement intéressé par les études d’anthropométrie que Simon poursuivait avec Blin sur les enfants de leur colonie. Il accepta d’ailleurs d’en superviser la réalisation (15, p.191), mais aussi de partager avec Simon le protocole et les premiers résultats (16, p.441) de ses expériences sur la suggestibilité [3]. Il ouvrit, en outre, au jeune psychiatre les pages de son « Année psychologique », la revue qu’il avait créée en 1894 avec le physiologiste Henry-Étienne Beaunis (1830-1921), pour qu’il y publie les résultats de ses premières recherches (15,16). Ce fut le début d’une collaboration féconde et d’une amitié profonde qui ne cessa qu’avec la mort prématurée d’Alfred Binet en octobre 1911.

La collaboration avec Binet et la création de l’échelle métrique de l’intelligence

7Les deux hommes commencèrent en effet rapidement à travailler de concert. Au cours de l’année 1900, Simon poursuivit ses recherches sur les enfants de Vaucluse tandis que Binet faisait de même avec les enfants des écoles parisiennes. Ils s’échangeaient leurs observations autant que leurs méthodes. Dans les remerciements de sa thèse de médecine, qu’il soutint cette même année sur la base des travaux menés pendant son internat à Vaucluse, Simon indiquait : « A ces études, M. Binet m’a permis de donner un aliment nouveau et une direction pleine d’intérêt » (7, p.4). L’année suivante, alors que Simon rejoignait, à l’invitation du président de son jury le neurologue Alix Joffroy (1844-1908), l’hôpital Sainte-Anne pour poursuivre son internat aux côtés de Valentin Magnan (1835-1916), « L’Année psychologique » publiait leurs travaux en parallèle. Simon y reprenait les expériences de copie de Binet (18) pour les appliquer à ses enfants arriérés, tandis que Binet s’inspirait des méthodes de mesure anthropométrique du jeune psychiatre (12, p.376). Leur collaboration se poursuivit lorsque Simon, qui avait été déclaré admissible au concours d’adjuvat en novembre 1902, fut nommé médecin-adjoint de l’asile de Dury-lès-Amiens, le 6 juin 1903 (19, p.162). Le 4 juillet 1903, Binet lui écrivait ainsi pour le remercier de son courrier qui lui avait « fait grand plaisir » et des nouvelles qu’il lui donnait de son travail dans son asile de province (20, p.199).

8Simon ne semblait pas vraiment se plaire dans la Somme, puisqu’il demanda dès le printemps 1904 sa mise en disponibilité (il fut remplacé, mais pour quelques mois seulement, par le Dr Capgras (21)). Il faut dire aussi que Magnan le réclamait à Sainte-Anne (1, p.631). Simon réintégra donc le service de l’Admission comme médecin assistant, un an seulement après son départ de Paris [4]. Ce retour dans la capitale favorisa sa collaboration avec Binet et l’avancée de leurs travaux communs. En 1905, les deux hommes étaient ainsi en mesure de présenter, dans différents congrès (23,24), ainsi que dans une série de publications (25-27), leurs travaux sur les méthodes de diagnostic du niveau d’intelligence des arriérés. C’était la naissance de la première version de l’Échelle métrique de l’intelligence (2). Cette même année 1905, ils inaugurèrent en outre un laboratoire de pédagogie expérimentale dans une école de la rue de la Grange-aux-Belles à Paris (28) pour y poursuivre leurs recherches anthropométriques et psychopédagogiques.

9Simon ne délaissait pas la psychiatrie pour autant. En 1906, il se vit confier la rubrique « Psychiâtrie » du nouveau journal hebdomadaire de médecine et de chirurgie pratiques et des spécialisations médico-chirurgicales « La Clinique » [5]. Il y publia alors régulièrement soit des articles scientifiques, sur la paralysie générale (29) ou le délire alcoolique (30), soit des commentaires de thèses récemment soutenues dans le domaine (31). Surtout, en 1907, il reçut le prestigieux Prix Falret de l’Académie de médecine pour un mémoire original sur « L’état mental des dipsomanes » qu’il avait écrit sur la base de son travail à l’Admission de Sainte-Anne. Dans cet essai, il défendait l’idée, reprise à son mentor Magnan, selon laquelle le dipsomane devait être considéré, afin de mieux le traiter, comme un obsédé impulsif et un dégénéré héréditaire [6].

10Entre psychiatrie à tendance organiciste et psychopédagogie aux accents sociaux, Simon menait apparemment sans difficulté toutes ses recherches de front, puisque cette même année 1907, il publia également avec Binet un « Guide pour l’admission des enfants anormaux dans les classes de perfectionnement » (32). Ce dernier faisait suite à leurs travaux sur le diagnostic des enfants arriérés, entamés en 1904 au sein de la Commission Bourgeois et qui avaient menés à la création, l’année suivante, de l’Échelle métrique de l’intelligence [7], ainsi qu’à leurs recherches au sein du laboratoire-école de la rue de la Grange-aux-Belles. Enfin, en 1908, c’est une nouvelle version de l’Échelle, la plus complète et la plus établie, qu’ils firent paraître ensemble dans « L’Année psychologique » (34).

11Cette année marqua également le départ de Simon de l’hôpital Sainte-Anne. Le psychiatre fut en effet nommé, en août 1908 (35), médecin-adjoint à l’asile de Saint-Yon à Saint-Etienne-du-Rouvray en proche banlieue de Rouen [8]. Cet éloignement ne l’empêcha pas, à nouveau, de poursuivre ses recherches avec Binet, désormais autour des questions d’aliénation et plus particulièrement de la démence (37). En 1910, ils publièrent ensemble une série de huit articles (38-45) sur les principaux états mentaux de l’aliénation auxquels vinrent s’ajouter, l’année suivante, quatre textes complémentaires (46-49). Le tout dessinait le cadre d’un traité [9] qui ne vit malheureusement jamais le jour. En octobre 1911, quelques mois seulement après la parution d’une troisième version de l’Échelle métrique de l’intelligence, Alfred Binet décédait d’une attaque cérébrale. Peu de temps avant, il avait confié à Simon sa fatigue et son inquiétude de partir jeune comme son père du fait de problèmes cardiaques (20, p.200-203).

12À la suite du décès de son ami et plus proche collaborateur, Simon prit en charge avec Jean Larguier des Bancels (1876-1961), le secrétaire de la revue, la réalisation d’un numéro hommage de « L’Année psychologique » pour lequel il rédigea une biographie de Binet (50). Lorsqu’il se vit finalement écarté de la succession à la tête du laboratoire de la Sorbonne (51, p.316), il refusa l’offre qui lui était faite par le nouveau directeur, Henri Piéron (1881-1964), de poursuivre sa collaboration à « L’Année » [10]. Il préféra se consacrer pleinement à la Société libre pour l’étude psychologique de l’enfant, cette association créée en 1899 par Ferdinand Buisson (1841-1932), mais qui avait été développée et dirigée pendant les douze années suivantes par Binet (53). Simon en fut nommé président le 21 novembre 1912 (54, p.79), devenant par là-même le directeur de son Bulletin mensuel, poste qu’il occupa jusqu’en 1959.

Théodore Simon (à gauche) et Alfred Binet au Laboratoire de la rue de la Grange-aux-Belles, Bibliothèque Nationale de France, Fonds Alfred Binet, NAF 28884

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Théodore Simon (à gauche) et Alfred Binet au Laboratoire de la rue de la Grange-aux-Belles, Bibliothèque Nationale de France, Fonds Alfred Binet, NAF 28884

Le manuel

13Quelques mois seulement avant la mort de Binet, Simon avait fait paraître, sous le titre « L’Aliéné, l’Asile, l’Infirmier », son tout premier ouvrage publié en son nom seul. Ce livre de 406 pages était un manuel dédié aux « Chefs d’Établissements Publics et Privés, Internes d’Asile, Surveillants, Infirmiers, Garde-malades, Parents, etc. » (55). Il visait à faire connaître et reconnaître l’importance des infirmiers d’asile dans la prise en charge des aliénés, mais surtout à fournir à ce personnel, encore trop peu formé, des éléments théoriques et pratiques pour améliorer l’exercice quotidien de leur métier. Les seize chapitres qui le composent détaillent en effet tant les modalités du fonctionnement de l’asile et la nature des aliénés qui y sont internés que toutes les exigences du travail infirmier à leur contact. Cet ouvrage qui vise, selon un commentateur de l’époque, « un but essentiellement pratique » (56), n’en est pas moins engagé pour autant. Ainsi, dans le chapitre consacré à l’usage des contentions, Simon présente un plaidoyer vibrant et étayé en faveur de la progressive suppression de « cette activité morbide » (55, p.47) « appliquée trop souvent et trop longtemps » (55, p.63) qui corrompt le personnel en plus de ne faire que prolonger et accroître l’irritabilité des malades. Selon lui, la présence et l’écoute de l’infirmier, son engagement actif dans la surveillance et le soin des aliénés doivent permettre de se passer des méthodes de contention [11]. L’aliéné est en effet à ses yeux la seule « raison d’être de l’infirmier » (55, p.13). En rappelant, dans cet ouvrage à la fois pratique et militant, cette simple vérité, Simon souhaitait contribuer à la formation d’« un personnel infirmier d’élite » (55, p.7) apte à jouer désormais son rôle de « collaborateur » (55, p.70) à part entière auprès du psychiatre.

14Cet intérêt de Simon pour la formation du personnel infirmier, apparemment assez éloigné de ses activités menées auprès de ses mentors Binet et Magnan, s’était pourtant manifesté très tôt dans sa carrière : dès sa première rencontre avec l’asile, en 1899, lors de son internat à Vaucluse, selon sa collaboratrice Lucie Bonnis (57, p.153). Il faut dire que, en cette fin de XIXème siècle, ceux que l’on appelait encore souvent des gardiens ou gardiennes d’asile et qui étaient alors les principaux piliers de ces lieux d’internement [12], ne faisaient pas toujours très bonne impression. Loin de pouvoir revendiquer le statut de soignant à part entière [13], ils étaient généralement sans formation, ni éducation, employés principalement pour leur taille et leur force parmi la population locale ou même parmi les malades [14]. De plus, ils faisaient souvent honneur à leur réputation de violence, d’alcoolisme et de fainéantise. Dans de nombreux asiles, ils étaient d’ailleurs considérés comme de simples domestiques (il faut dire que leurs principales tâches étaient l’entretien et le ménage), non rémunérés, mais simplement récompensés pour leurs services [15]. Des formations avaient pourtant été mises en place depuis la fin des années 1870 pour pallier cette situation, sans toutefois rencontrer le succès escompté.

15En 1877, le Dr Désiré-Magloire Bourneville (1840-1909), responsable du service des aliénés de l’hôpital Bicêtre, avait en effet obtenu du conseil municipal de Paris dont il était membre la création des premières écoles municipales d’infirmières de la capitale. La toute première avait ouvert, le 1er avril 1878, à la Salpêtrière, suivie le 2 mai par une deuxième inaugurée à Bicêtre (60, p.19). Les écoles s’étaient ensuite multipliées un peu partout en France. Au départ, la formation, qui débouchait sur l’obtention d’un Certificat d’Aptitude, ne durait qu’un an et se voulait assez généraliste. Il s’agissait, en effet, de former des infirmières, non spécifiquement des infirmières psychiatriques. Les cinq volumes du « Manuel pratique de la garde-malade et de l’infirmière », publiés entre 1888 et 1889 par Bourneville pour soutenir la formation qui se donnait désormais à plus de 700 élèves dans la capitale, ne comprenaient d’ailleurs que quarante pages sur le soin aux aliénés. Quand on sait que les enseignements étaient en fait aussi sommaires que le manuel était théorique et copieux (61, p.190), on peut imaginer le peu de formation psychiatrique effectivement obtenue par les infirmières et infirmiers parisiens. D’ailleurs, en 1901, les membres du congrès des aliénistes et neurologues de langue française réunis à Limoges en appelaient à nouveau, par l’adoption à l’unanimité d’une motion spéciale, à l’ouverture, partout en France [16], d’écoles spécialisées (62, p.46) pour les infirmiers et infirmières psychiatriques. Il fallut néanmoins attendre 1907 pour que chaque asile de la Seine ait désormais son école et surtout que soit créé, avec l’arrêté préfectoral du 4 avril [17], un diplôme d’infirmier de secteur départemental en psychiatrie.

« L’Aliéné, l’Asile, l’Infirmier », Librairie O. Berthier, 1911

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« L’Aliéné, l’Asile, l’Infirmier », Librairie O. Berthier, 1911

16Entre-temps, les publications de manuels ou de conseils pratiques s’étaient multipliées. En 1903, l’année de l’ouverture d’une école d’infirmières dans son établissement, le Dr Levet de l’asile de Bassens près de Chambéry avait fait paraître ses « Conférences faites au personnel de l’asile de Bassens sur les soins à donner aux aliénés ». En 1905, Edmond Cornu, médecin-adjoint de l’asile de Pau avait à son tour publié, sous le titre « Instructions aux infirmiers et infirmières sur les soins à donner aux aliénés », le contenu de l’enseignement spécialisé qu’il avait mis en place l’année précédente avec l’aide de plusieurs internes (63). En 1907, ce fut au tour de Jules Morel, le médecin-directeur de l’asile d’aliénés de l’État de Mons en Belgique, de faire paraître un « Manuel des gardes-malades dans les hôpitaux pour maladies mentales » qui s’imposa rapidement comme une référence des deux côtés de la frontière. En effet, cet ouvrage de près de 200 pages défendait une conception moderne de l’infirmier qui n’était plus considéré comme un domestique (64, p.140), mais était appelé à devenir « le serviteur et le protecteur de l’aliéné » (64, p.138). Le problème de la professionnalisation des gardiens d’asile était donc d’actualité et la formation des infirmiers psychiatriques au cœur des débats, comme des démarches éditoriales, des médecins du siècle naissant. En 1908, Emmery Blin, le maître de Simon, avait ainsi, lui aussi, fait paraître un court « Aide-mémoire de l’infirmier à la colonie de Vaucluse (Seine et Oise) » qui, s’il associait encore largement l’infirmier à un gardien, le définissait néanmoins déjà comme un collaborateur à part entière. Il fallut finalement attendre 1910 pour que Michel Belltrud (1856-1934) et Paul Froissard (1877-1919) de l’asile de Pierrefeu dans le Var affirment haut et fort, dès les premières pages de leurs « Conseils aux infirmiers », que « tout gardien employé dans un asile d’aliéné doit devenir désormais un infirmier [à même de] donner des soins spéciaux » (65, p.v). Le volume de Simon, qui parut l’année suivante, s’inscrivait dans la même veine. Georges Daumezon affirma même qu’il était « très authentiquement le premier, en France, à parler du rôle de l’infirmier autrement qu’en moraliste » (1, p.632). Pourtant, il ne le cita pas dans la thèse de doctorat en médecine consacrée à la situation du personnel infirmier des asiles d’aliénés qu’il soutint en 1935 (66).

17Bien qu’il ait été conseillé dès sa sortie par le « Paris Médical » à « tous ceux qu’intéresse le traitement des maladies mentales » (56) et qu’il ait obtenu les mentions honorables lors de sa candidature au Prix Baillarger de l’Académie de médecine en 1912 [18], l’ouvrage de Simon semble en effet avoir été rapidement remplacé, notamment par le « Manuel technique de l’infirmier des établissements d’aliénés, à l’usage des candidats aux diplômes d’infirmier des asiles » publié par Roger Mignot (1874-1947) et Ludovic Marchand (1873-1976) en 1912. Comme le laisse entendre son titre, ce dernier entendait s’imposer comme le manuel officiel de formation des futurs infirmiers et infirmières psychiatriques ; ce qu’il semble être parvenu à faire ainsi qu’en témoigne la préface à la seconde édition de 1931 (67) signée par Henri Colin, alors secrétaire général des écoles d’infirmiers et infirmières des asiles de la Seine. Il faudra attendre que Simon occupe à son tour, au début des années 1940, ce poste d’administrateur préfectoral pour qu’il retrouve une influence certaine sur la formation des infirmiers et infirmières d’asile. En attendant, il poursuivit sa carrière de psychiatre et de psychopédagogue.

Entre psychiatrie biologique et psychopédagogie, la question de l’enfant anormal

18Basé à Saint-Yon depuis 1908, Simon continuait, on l’a vu, à mener activement ses recherches. Il préférait néanmoins les présenter dans les revues parisiennes plutôt qu’à la Société de médecine de Rouen [19] dont il était pourtant devenu membre résident (68). Il participait plus volontiers aux réunions de la commission de surveillance des asiles d’aliénés du département de la Seine-Inférieure (69). Mais la guerre vint mettre un frein à ses diverses activités. En 1914, il fut mobilisé à l’hôpital auxiliaire de Sens à titre de médecin aide-major de deuxième classe, avant d’être transféré, en 1916, à l’Ambulance 11/3 de la 5e armée, et, enfin, en 1918, à l’hôpital auxiliaire d’Issy-les-Moulineaux comme médecin aide-major première classe (70). Il ne sera démobilisé qu’en février 1919 après quatre ans et demi de service. Si la guerre retarda ses activités scientifiques [20], elle ne les stoppa pas totalement pour autant. En mai 1917, Simon était ainsi à Genève, à l’Institut Jean-Jacques Rousseau, pour visiter une institution pour enfants (72) et pour donner une conférence sur l’œuvre clinique de son maître Valentin Magnan (73). En novembre, il présidait l’assemblée générale de la Société libre pour l’étude psychologique de l’enfant qui devenait alors officiellement la Société Alfred Binet (53, p.236). Cette dernière publia d’ailleurs, cette même année, « La Mesure du développement de l’intelligence chez les jeunes enfants » (74), un manuel de 75 pages qui rassemblaient les tests d’intelligence créés par Binet et Simon, dont le succès était alors grandissant, notamment aux États-Unis (75). En 1918, Simon fut même autorisé à enseigner la psychologie et la pédagogie expérimentales aux élèves-maîtresses de 3ème année de l’École Normale d’Instituteurs des Batignolles (53, p.237). L’inscription officielle de ce cours dans le nouveau cursus des écoles normales validé par la réforme d’août 1920 [21] lui ouvrit ensuite la porte d’autres lieux d’enseignement. En 1922, il commença un cours à l’École Normale d’Instituteurs de Versailles qu’il poursuivit ensuite dans les deux écoles normales de la Seine à Auteuil et aux Batignolles jusqu’en 1940 (53, p.237). Le laboratoire-école de la rue de la Granges-aux-Belles, devenu en 1917 le Laboratoire Alfred Binet, lui permettait en outre d’assurer, comme ce fut le cas en 1926-1927, des séances de démonstration pour les instituteurs (53, p.237) [22].

19Entre-temps, en juin 1920, le 26 exactement, Simon fut reçu premier au concours de médecin en chef des asiles de la Seine (77). En août (78), il put ainsi réintégrer, à sa demande, la colonie pour enfants anormaux du Perray-Vaucluse où il avait fait son internat 20 ans auparavant, mais cette fois-ci comme médecin-chef. En décembre, il fut également élu (avec 19 voix sur 23) membre titulaire de la Société médico-psychologique dont il était déjà membre régulier depuis 1905 (79, p.38). C’est cette même année qu’il débuta en outre une collaboration régulière avec le « Manuel général de l’Instruction publique », un journal consacré à l’instruction primaire fondé en 1815. Entre 1920 et 1939, il publiera ainsi 89 articles dans sa rubrique « La psychologie à l’école » (80). Il eut aussi l’opportunité de rejoindre, dès sa fondation en décembre 1920, la section pédagogie du tout nouvel Institut de psychologie de l’Université de Paris créé par Henri Piéron afin d’offrir le premier cursus suivi et le premier diplôme de psychologie scientifique de France. Simon y assura pendant plusieurs années les exercices pratiques de pédagogie expérimentale (77, p.205). Enfin, au détour d’un échange épistolaire avec Piéron, on apprend que le psychiatre participait également à cette époque, et comme ce fut le cas le 14 juin 1921, au jury des examens oraux de l’École d’infirmiers des Asiles (81).

20Sans négliger donc son engagement pour la formation du personnel infirmier d’asile, Simon poursuivait avec passion une carrière scientifique à cheval entre une psychiatrie d’obédience organiciste et une psychopédagogie aux accents plus sociaux. Au centre, la figure de l’enfant anormal assurait son point d’ancrage tant théorique que pratique. Il faut dire que la psychiatrie infantile à laquelle il consacrait en fait ses efforts ne prit corps, en tant que discipline, qu’au cours de la décennie suivante [23]. C’est pourtant bien comme spécialiste de ce champ qu’il était alors connu et reconnu et qu’il fut, par exemple, sollicité en 1923 par l’association « Service social de l’enfance en danger moral » pour mettre sur pied et diriger la consultation médico-psychologique du Tribunal pour enfants et adolescents du palais de justice de Paris, la toute première en son genre (4, p.38-47). Simon passait ainsi aisément d’un domaine à l’autre comme en 1924 où il publia un ouvrage intitulé « Pédagogie expérimentale. Écriture, lecture, orthographe », issu de son expérience d’enseignement dans les Écoles normales de la Seine (83), tout en présentant lors du 28e congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française qui se tenait à Bruxelles, en août, une communication sur la débilité mentale comme une des formes de l’enfance anormale (84), avec son collègue Guy Vermeylen (1891-1943) de la colonie pour enfants anormaux de la Colonie de Gheel.

21Une chose est sûre : peu importe le domaine auquel on l’associait instinctivement, psychiatrie ou psychopédagogie, Simon était un médecin connu et reconnu, dont la renommée dépassait largement les frontières de l’Hexagone. C’est ainsi qu’en 1928, il s’embarqua pour le Québec, où il était invité à inaugurer le 10ème congrès de l’Association des médecins de langue française du Canada, ainsi qu’une école pour enfants anormaux créée au sein de l’asile de Beauport, en banlieue de Québec, et dont son élève, le psychiatre québécois Jean-Charles Miller (1898-1952), prenait alors la direction. Simon profita également de ce voyage transatlantique pour aller visiter des institutions de rééducation aux États-Unis, notamment à New York, Boston, Chicago ou encore Winnetka, où œuvrait le pédagogue Carleton Washburne (1889-1968) (75). L’année suivante, c’est le Brésil qui l’invita à venir donner une série de conférences. En février 1929, il arriva ainsi à Belo Horizonte, pour initier les enseignants de la province de Minas Geiras à l’utilisation des tests psychologiques (85). Chaque fois, à son retour, il publiait le récit de ses voyages et de ses rencontres dans le « Bulletin » de la Société Alfred Binet (86-88).

22En 1930, après avoir reçu le titre de Chevalier de la Légion d’honneur en mars [24], il quitta finalement la colonie du Perray-Vaucluse pour succéder, en juin, à Auguste Marie (1865-1934) à la tête de l’Admission de Sainte-Anne, où il avait, trois décennies plus tôt, fait son internat auprès de Magnan (90, p.706). Il contribua alors plus activement aux travaux de la Société médico-psychologique en présentant seul ou en collaboration les résultats de ses recherches sur l’examen des paralytiques généraux (91), sur un débile affaibli avec syndrome eunuchoïde (92), sur la démence paralytique (93), les affaiblissements mentaux (94) ou encore la démence précoce (95). En 1934, il en fut élu vice-président (96, p.724) avant d’en devenir le président dès l’année suivante (97, p.821). Il était également membre de la Commission de surveillance de l’école Théophile Roussel (89), une école pour enfants indisciplinés ouverte en 1895 à Montesson. Ces responsabilités multiples ne l’empêchèrent pas de poursuivre ses travaux avec les instituteurs, notamment au sein de la Société Alfred Binet. En 1931, il dirigea ainsi la publication de « Dix conférences sur la pédagogie des enfants arriérés et anormaux » présentées par un groupe de professeurs d’enfants arriérés (98), tout en publiant dans le « Bulletin » une série de textes sur les tests d’orthographe, de calcul ou de culture (99-101). Entre 1930 et 1934, il organisa également des conférences sur la pédagogie des enfants arriérés au Foyer central d’hygiène de l’association Léopold-Bellan (102-107). Entre anormaux d’asile et anormaux d’écoles, Simon poursuivait ainsi son œuvre de fondation d’une psychopathologie pédagogique de l’enfant, tout en militant activement, notamment pour une révision de la législation concernant les enfants arriérés. Le 30 novembre 1932, il présenta ainsi à l’Association des médecins des établissements publics d’aliénés les conclusions d’un rapport sur l’assistance aux enfants anormaux (108) qu’il avait rédigé avec le Dr Louis Arsimoles, médecin-directeur de la Maison de santé de Hoerdt dans le Bas-Rhin, et proposa même l’esquisse d’une nouvelle législation sur l’enfance anormale (109).

23En 1935, à la suite du départ à la retraite d’Edouard Toulouse (1865-1947), Simon tenta sa chance pour prendre sa succession à la tête de l’Hôpital Henri Rousselle, un service libre installé en 1921 au sein de l’Hôpital Sainte-Anne. Bien que ses relations avec Toulouse n’aient pas toujours été des plus amicales, son statut d’aliéniste lui permit de remporter le concours (110, p.219) face notamment à Georges Heuyer (1884-1977). Le 3 février 1936, il fut ainsi officiellement nommé médecin-directeur de l’Hôpital Henri Rousselle (111). C’est là qu’il rencontra Maurice Delaville (1899-1963), responsable du laboratoire de chimie biologique appliquée à la prophylaxie mentale de l’établissement avec qui il entama une amicale collaboration (112). Malheureusement, son poste fut rapidement remis en question [25]. Le 6 octobre, un décret limitant à 62 ans l’âge d’exercice des médecins d’asile fut publié. Le lendemain, un arrêté mettait officiellement Simon à la retraite à compter du 16 novembre (114). Malgré les protestations de l’Association amicale des médecins des établissements publics d’aliénés [26], son poste fut remis au concours le 3 décembre, et, le 23, le psychiatre Georges Genil-Perrin (1882-1964) fut nommé à sa place médecin-directeur du Centre de psychiatrie et de prophylaxie mentale Henri-Rousselle (115, p.27). Cela n’empêcha pas Simon, qui avait gardé le titre de médecin-directeur honoraire de l’établissement, de poursuivre sa collaboration avec Delaville au sein d’une revue qu’ils mirent sur pied en 1937 et qu’ils intitulèrent « Laboratoire et psychiatrie ». L’objectif de cette publication était simple : présenter aux psychiatres les apports de la biologie dans la recherche des fondements organiques des troubles mentaux. Il s’agissait, autrement dit, d’offrir aux lecteurs « un résumé des travaux de laboratoire concernant le système nerveux » et « des procédés d’examen qu’ils puissent contrôler et utiliser dans leurs services » (116, p.2). C’est également au cours de cette période que Simon rejoignit l’École d’anthropologie de Paris pour y enseigner le cours d’anthropologie biologique, avant d’en devenir le vice-président, poste qu’il occupera jusqu’en 1960 (10, p.368). Enfin, en avril 1938, Simon était à Alger pour le congrès international des médecins aliénistes et de neurologistes de France dont il présidait la 42e session. Son discours inaugural portait sur « ce personnage, si répandu et si peu connu » qu’est l’homme normal (117). C’est également cette même année qu’il fut nommé membre de la commission de surveillance des asiles psychiatriques de la Seine (89).

« Laboratoire et psychiatrie », 2ème année, n° 2, 1938 (Bibliothèque Nationale de France, Gallica)

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« Laboratoire et psychiatrie », 2ème année, n° 2, 1938 (Bibliothèque Nationale de France, Gallica)

24Mais la guerre qui débuta l’année suivante mit un terme à plusieurs de ses activités. Sa nouvelle revue « Laboratoire et psychiatrie » s’arrêta ainsi en 1939, tandis que le « Bulletin » de la Société Alfred Binet cessa totalement de paraître entre 1940 et 1944. La Société parvint néanmoins à se réunir de manière privée (53, p.239) au cours de la guerre, tandis que Simon réussit, lui, à faire paraître, avec Madeleine Rémy (1882-1955), un ouvrage reprenant les tests d’instruction qu’ils avaient exposés dans le « Bulletin » au cours des années précédentes (118). En 1939, il fut même appelé à la tête de l’Admission à Sainte-Anne pour remplacer Xavier Abely (1890-1965) qui avait été mobilisé. Il assura l’intérim jusqu’en 1940 (1, p.631). La fin de la guerre sonna néanmoins comme un renouveau pour Simon qui publia deux ouvrages pour enfants chez Hatier, respectivement intitulés « L’enfance au jardin » (119) et « La très simple histoire de Karine : illustrée et complétée par ses jeunes lecteurs » (120). La Libération vit surtout aboutir l’un des projets pour lequel il s’était battu au cours des années précédentes, à son nouveau poste de Secrétaire général des écoles d’infirmiers et infirmières des hôpitaux psychiatriques de la Seine où il avait été nommé en 1942 (89) : l’ouverture de la première école spécialisée de formation des infirmiers et infirmières psychiatriques.

L’école de maison blanche

25Depuis 1907 et la création du diplôme d’infirmier de secteur départemental en psychiatrie, la situation des infirmiers et infirmières psychiatriques avait beaucoup changé et pas nécessairement en leur faveur. La création en 1922 des brevets de capacité d’infirmières professionnelles donnant le droit au titre d’« infirmière diplômée de l’État français » avait en effet déstabilisé le fragile équilibre de l’organisation de 1907, en en révélant les manques et les contradictions [27]. Si, sur le papier, ce « diplôme d’État » devait assurer la reconnaissance des infirmiers et infirmières d’asile, il conduisit surtout, dans les faits, à leur déclassement, conséquence de l’inadéquation des nouvelles normes avec les formations déjà existantes et surtout de la disparité de ces dernières et des difficultés d’uniformisation du cursus.

26Le décret fondateur du 27 juin 1922 prévoyait en effet que des écoles soient ouvertes dans chaque région. Or, depuis le début du siècle, c’était l’échelle départementale, celle des asiles, qui avait été privilégiée pour la formation des personnels infirmiers en psychiatrie. Il fallut donc mettre en place des équivalences afin que les écoles des asiles départementaux fussent en mesure de délivrer ce diplôme. Si cela fut fait dès 1923 dans les écoles des asiles de la Seine, ce ne fut que le 25 décembre 1927 que toutes les écoles d’asile de France obtinrent le droit de préparer l’examen d’État. Un problème persistait cependant : celui de l’uniformisation du cursus de formation. En effet, dans chaque département, les écoles d’asile avaient développé, à leur rythme, leur propre formation, souvent dans la direction donnée par le médecin-chef de l’établissement. Or pour délivrer un diplôme d’État, il convenait que partout la formation soit la même. En 1930, le Ministère fixa donc un programme commun de 36 mois pour les études préparant « à l’examen d’État d’infirmiers et d’infirmières des asiles publics d’aliénés » (62, p.51), mais sa mise en application fut lente et difficile. Dans sa thèse de doctorat sur la situation des infirmiers et infirmières d’asile en France, soutenue en 1935, Georges Daumezon notait que seuls 19 asiles sur 43 étudiés avaient un programme conforme aux normes ministérielles émises en 1930 (66, p.37). Lorsque le 18 février 1938, un décret vint confirmer l’obligation pour les infirmiers de posséder un diplôme d’État afin d’exercer leur profession, le sort des infirmiers psychiatriques fut scellé. En effet, ils étaient pour l’essentiel encore formés dans des écoles locales, dont la majorité ne répondait pas aux attentes du législateur en la matière. L’obligation de remplacer les infirmiers psychiatriques non-diplômés par des diplômés se heurta à cette réalité : peu d’infirmiers psychiatriques formés possédaient ou même pouvaient prétendre au diplôme d’État [28]. Pour pallier cette situation, des autorisations d’exercice furent délivrées au début des années 1940 à des infirmiers non-diplômés faisant preuve de cinq ans d’ancienneté (ce chiffre sera réduit à trois en 1946 (62, p.53)). Mais ces infirmiers diplômés après-coup étaient, contrairement à tout autre diplômé d’État, contraints de travailler uniquement dans des hôpitaux psychiatriques. Finalement, les formations locales furent validées, mais l’arrêté du 3 février 1949 restreignit l’exercice des diplômés sortant de ces écoles soit aux seuls hôpitaux psychiatriques, soit même, dans certains cas, au seul hôpital où ils avaient effectué leur formation (62, p.53). Même s’ils possédaient officiellement le diplôme d’État, les infirmiers psychiatriques étaient donc dans les faits considérés comme une classe à part, ne bénéficiant pas des mêmes droits que les autres diplômés d’État. Ils étaient en quelque sorte des « sous-infirmiers ». Situation d’autant plus paradoxale que les hôpitaux psychiatriques (le terme d’asile avait été abandonné en 1937) manquaient cruellement de personnel qualifié, notamment du fait du développement croissant des thérapies biologiques. L’existence d’une formation spécialisée pour des infirmiers et infirmières psychiatriques, même hors diplôme d’État, s’imposait donc plus que jamais [29]. C’est pour cette raison que le Conseil général de la Seine décida, en juin 1946 (122, p.379), de créer l’école de Maison Blanche.

27Cette « École supérieure d’infirmiers et d’infirmières des hôpitaux psychiatriques », qui ouvrit ses portes en octobre, était une école modèle visant à former du personnel qualifié, au-delà du niveau des écoles départementales [30] et même du diplôme d’État. C’est en tout cas ce que laissait entendre Théodore Simon dans le discours qu’il donna, à titre de directeur technique de l’école, lors de l’inauguration officielle de l’école qui eut lieu le 23 avril 1948, en présence de la ministre de la Santé publique Germaine Poinso-Chapuis (1901-1981), du président du Conseil général Jean Alessandri (1901-1957) et du Préfet de la Seine Roger Verlomme (1890-1950) (124). Il affirmait que le seul diplôme d’État d’infirmier hospitalier était insuffisant pour exercer la difficile tâche de prendre soin des malades aliénés (125, p.183). C’est à ce titre que le « Certificat supérieur de spécialisation des établissements psychiatriques » (62, p.56) que délivrait l’école se voulait un diplôme plus qualifiant que le diplôme d’État. Simon, qui avait joué un « rôle personnel de tout premier plan » (90, p.707) dans la création de cette école, avait d’ailleurs œuvré à l’établissement du cursus avec l’aide d’une des deux monitrices, une certaine Mlle Bernier (126), infirmière diplômée. Il assurait, en outre, à titre de directeur technique, l’organisation des cours, stages et travaux pratiques (122, p.381) (la gestion purement administrative de l’école revenant à M. A. Roulot son directeur [31]).

Théodore Simon (au centre), M. Roulot et une promotion d’élèves infirmières et infirmiers de l’école de Maison Blanche, Archives de l’Institut de Formation Interhospitalier Théodore Simon

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Théodore Simon (au centre), M. Roulot et une promotion d’élèves infirmières et infirmiers de l’école de Maison Blanche, Archives de l’Institut de Formation Interhospitalier Théodore Simon

28La formation offerte par l’école se composait de cours théoriques d’administration et de morale professionnelle, d’anatomie et de physiologie, d’hygiène et de puériculture, de soins aux aliénés, de médecine, de chirurgie et d’obstétrique, ainsi que de pharmacie et de psychologie, parfois complétés par des leçons complémentaires en service social, rééducation ou thérapeutique par le travail et toujours « professés par des directeurs et des médecins des hôpitaux psychiatriques » (123, p.373). Elle incluait également un ensemble d’exercices pratiques effectués dans un pavillon-école de l’hôpital, ainsi que des stages dans divers hôpitaux psychiatriques du département (124, p.6). André Roumieux qui intégra cette école en 1951 se souvient que pendant la formation de deux ans, des cours « très étoffés » étaient donnés en après-midi, « entre autres par les Docteurs Daumezon et Théodore Simon » (127). L’école, qui était ouverte « sur concours [32] à des jeunes gens et des jeunes filles de 18 à 25 ans » (129), fonctionnait sur le modèle d’un pensionnat gratuit, les élèves pris en charge s’engageant, en retour, à travailler six ans dans un établissement de la Seine. La première année, il y eut 22 inscrits, dont 15 sortirent diplômés (13 filles et deux garçons). Ils furent 21 l’année suivante, dont 12 reçus, puis 63 en 1948 (dont 29 reçus) (122, p.380).

29Avec l’école de Maison Blanche, Simon concrétisait ainsi l’engagement pour la formation des infirmiers et infirmières psychiatriques dont il avait fait preuve dès 1911. Le discours qu’il prononça lors de l’inauguration rappelait d’ailleurs en de nombreux points son manuel, republié dix ans auparavant, en 1937, à son initiative [33]. Loin du discours technique ou uniquement pédagogique, Simon prenait soin dans cette allocution de détailler les besoins de l’aliéné afin de dessiner en regard les exigences, notamment éthiques, du travail infirmier en psychiatrie. L’infirmier ou l’infirmière psychiatrique devait, selon lui, posséder quelque chose de plus que l’infirmier diplômé, une instruction poussée certes, mais, aussi et surtout, une « psychologie pénétrante » et une « conscience professionnelle absolue » (125, p.184) qui lui permettraient de comprendre les malades et ainsi d’en prendre adéquatement soin. On retrouvait ainsi, dans ce discours inaugural, le ton et les recommandations du texte de 1911. La dédicace que Simon ajouta dans la première note du texte publié de ce discours (125, p.182) et qui s’adressait à tous les infirmiers avec qui il avait travaillé au cours de sa carrière témoignait, une fois encore, de son attachement sincère à la question de la professionnalisation, et donc de la formation, de ces collaborateurs de premier ordre qu’étaient, pour lui, les infirmiers et infirmières en milieu psychiatrique. C’est toujours habité par ce souci qu’il avait développé plus d’un demi-siècle auparavant, que Simon décida de lancer seul, en 1953, à l’âge de 80 ans, une revue scientifique entièrement consacrée à la formation des infirmiers et infirmières psychiatriques : « L’Infirmier Psychiatrique ».

« L’infirmier psychiatrique »

30Le premier numéro de ce bulletin d’abord mensuel, puis rapidement devenu bimensuel, parut en octobre 1953, chez Coueslant, l’éditeur habituel de Simon (c’est là qu’il éditait notamment le « Bulletin » de la Société Alfred Binet). C’était un petit fascicule d’une douzaine de pages, « exclusivement technique » et « strictement consacré à la poursuite du perfectionnement professionnel » (131). Il mêlait en effet des mises à jour sur les connaissances scientifiques, avec des rappels de techniques de soins ou de prise en charge, des informations législatives ou administratives sur la profession, ainsi que des textes d’ordre éthique ou déontologique. S’y ajoutèrent parfois, au fil des années, des extraits de romans, de pièces de théâtre ou encore des témoignages de soignants. L’idée de ce bulletin, que Simon dirigeait [34] et rédigeait seul (sauf rare exception), était d’apporter des éléments de formation tant aux élèves des écoles comme celle de Maison Blanche [35], qui avaient selon lui tendance à rapidement oublier le contenu de leurs cours, qu’aux infirmiers et infirmières professionnels, en exercice, afin de « maintenir et réveiller » leur enthousiasme (132). « L’Infirmier Psychiatrique » était, autrement dit, destiné à « ceux-là qui sont le plus convaincus de la valeur de la profession, qui ont le désir de s’y perfectionner sans cesse » (133). Il reprenait lui aussi le leitmotiv du manuel de 1911 : « se placer en face du malade et de ses besoins » pour « faire mieux comprendre l’aliéné » (133). Le but de Simon était encore et toujours que l’infirmier psychiatrique ne soit plus « un exécutant aveugle », mais qu’il devienne « un véritable auxiliaire médical, c’est-à-dire un collaborateur avisé » (134).

31Le succès et les abonnés furent rapidement au rendez-vous. Dans le numéro du 21 novembre 1953, on apprend même qu’il y avait des lecteurs aux États-Unis (135) ! Le bulletin répondait apparemment à un besoin et Simon entendait bien que cela continue. Pour cela, il sollicita régulièrement ses lecteurs afin de connaître leur avis sur la forme et le contenu du journal [36], et d’adapter son offre aux besoins des infirmiers et infirmières de terrain. Le numéro de janvier 1955 fut ainsi pour moitié consacré à répondre aux questions que Simon avait reçues de ses abonnés (138). Mais la santé du psychiatre, sur laquelle reposait toute l’existence de cette publication, était chancelante. Ainsi, au cours de l’année 1955 (139), mais aussi encore en 1956 (140), le bulletin connut des difficultés de publication chaque fois que Simon connut des problèmes de santé. Mais le vieux psychiatre tint bon et la publication se poursuivit. En janvier 1957, elle subit même un rafraichissement, avec un changement de couverture et un nouveau slogan : « Les qualités, la culture générale, les connaissances et les techniques que réclame la profession » (141). Dans son éditorial, Simon réaffirmait que ce journal était avant tout « un instrument de travail » et de « rappels instructifs » dans lequel il tentait de « présenter de façon vivante et claire les détails les plus arides » (142) du savoir scientifique et technique nécessaire au travail infirmier en psychiatrie. Mais, à la fin de l’année 1957, Simon eut de nouveau des problèmes de santé et la publication du journal en subit une fois de plus les conséquences. Il confia alors, avec une grande lucidité, que « fonder un journal à 80 ans, et sans staff, c’est vraiment compter sans les années dont le poids à cet âge se fait parfois sentir étrangement » (143). Finalement, dans le numéro de mars-avril 1958, Simon publia un « Avis important » dans lequel il annonçait qu’il était « obligé d’interrompre » la publication, mais qu’il espérait la « reprendre prochainement » (144). Un dernier numéro parut pour les mois de mai à juillet 1958, mais ce fut le dernier. À 85 ans, Simon n’avait plus la force de poursuivre cette activité éditoriale exigeante.

« L’Infirmier Psychiatrique », n°1, 10 octobre 1953

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« L’Infirmier Psychiatrique », n°1, 10 octobre 1953

32Pourtant, le psychiatre ne s’avoua pas encore vaincu. Il resta, jusqu’en 1960, le vice-président de l’École d’anthropologie, ainsi que le président de la Société Alfred Binet (il avait cédé en 1959 la gestion du « Bulletin » au philosophe Léon Husson (1897-1982) (145)). Cette même année 1960, il publia également un recueil de textes inédits de son maître et ami le psychologue Alfred Binet (146). Il contribuait encore, en outre, à la vie de l’école de Maison Blanche. Le 12 octobre, il écrivait à ses « collègues » pour refuser l’offre qui lui était faite de rejoindre le conseil d’administration de l’école, son état de santé l’empêcherait en effet trop souvent d’assister aux séances (147) [37]. Il s’opposait également à ce que le prix du ou de la meilleure élève, dont il avait obtenu la création au cours d’une précédente réunion [38], porte son nom. Il prenait néanmoins le temps, toujours dans ce même courrier, de préciser les qualités que ce prix devrait, selon lui, récompenser, ainsi que les modalités de son attribution. À 87 ans, moins d’un an avant son décès, Simon était ainsi toujours aussi impliqué dans la formation des infirmiers et infirmières psychiatriques et, en particulier, dans la vie de cette école supérieure de Maison Blanche qu’il avait contribué à fonder et qui porte aujourd’hui son nom [39].

L’oubli

33Pourtant, sur le caveau familial [40] où il fut enterré à Rouen, quelques jours seulement après son décès dans son appartement parisien de la rue Fleurus, le 4 septembre 1961, c’est le Simon « Président de la Société Alfred Binet de Paris » qui est honoré. Et si les nécrologies, nombreuses, qui parurent ensuite, signalaient souvent son rôle dans la création de l’école de Maison Blanche ainsi que son ouvrage de 1911, c’est surtout comme co-inventeur de l’Échelle métrique de l’intelligence que le nom de Simon est resté dans l’Histoire. Son œuvre de psychiatre organiciste et de psychopédagogue positiviste, de même que le rôle important qu’il a joué dans la professionnalisation des infirmiers et infirmières d’asile pendant un demi-siècle, s’est progressivement effacé des mémoires, recouvert par l’imposante figure de Binet et la célébrité de leurs tests d’intelligence. Le renouveau des travaux sur Simon [41] qui s’engage aujourd’hui dans le contexte du renouvellement en France de l’histoire de la psychiatrie contemporaine mais aussi de l’histoire du nursing et de l’histoire de l’éducation, nous permet de redécouvrir le rôle important que le psychiatre joua dans chacun de ces trois domaines. Il nous offre surtout l’occasion de constater que, au-delà de ses efforts pour la professionnalisation des infirmiers et infirmières psychiatriques, Simon était, comme le décrivait le Ministère de la santé publique, un « éminent psychiatre, animé d’une véritable foi en sa profession » et ayant vécu « une vie toute de labeur et de dévouement, entièrement consacrée au service de la science » (89) [42].

Déclaration de conflits d’intérêts

34Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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    Arsimoles L, Simon T. Rapport sur l’assistance aux enfants anormaux. L’aliéniste français. 1932 ;(10) :623-7.
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    Simon T. Esquisse d’une législation de l’enfance anormale. L’aliéniste français. 1932 ;(15) :215-8.
  • 110
    Huteau M. Psychologie, psychiatrie et société sous la Troisième République. La biocratie d’Édouard Toulouse (1865-1947), Paris : L’Harmattan ; 2002.
  • 111
    La rédaction. L’hôpital Henri Rousselle. L’aliéniste français, 1936 Fev :125.
  • 112
    Simon T, Delaville M. Les échanges respiratoires chez les alcooliques après ingestion d’alcool. Ann Med Psychol. 1936 ;(2) :881-3.
  • 113
    Demay G. Pensées d’automne. L’aliéniste français. 1936 Nov : 433-4.
  • 114
    Journal Officiel du 8 octobre 1936. Repris dans L’aliéniste Français ; 1936 Nov :476.
  • 115
    La rédaction. Arrêté du 3 décembre 1936 relatif au concours pour la nomination au poste de médecin-directeur du Centre de psychiatrie et de prophylaxie mentale Henri-Rousselle. L’aliéniste français. 1937 Jan ;(1) :5-27.
  • 116
    Delaville M, Simon T. Éditorial. Laboratoire et psychiatrie. 1937 Jan-Feb ;1 :1-2.
  • 117
    Simon T. L’homme normal. Dans : Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française. XLIIe session. Alger (6-11 avril 1938). Comptes rendus. Paris : G. Masson ; 1938. p.41-57.
  • 118
    Rémy M, Simon T. Tests instruction. Cahors : Coueslant ; 1941.
  • 119
    Simon T. L’enfance au jardin. Paris : Hatier ; 1946. Illustrations de Mme Gathelier.
  • 120
    Simon T. La très simple histoire de Karine : illustrée et complétée par ses jeunes lecteurs. Paris : Hatier ; 1946. Illustrations de Mme Gathelier.
  • 121
    Daumezon G. Le statut du personnel infirmier. L’Information psychiatrique. 1946 Oct ;1 :62.
  • 122
    Raynier J, Beaudoin H. L’assistance psychiatrique française. I. Les établissements hospitaliers. 3e éd. Melun : Imprimerie administrative ; 1949.
  • 123
    Conseil général de la Seine du 27 décembre 1946, art. 413. Dans : Conseil général de la Seine. Délibérations. Paris : Imprimerie municipal : p.372-373.
  • 124
    Bulletin municipal officiel de la ville de Paris. 1848 May ;15 :843-4.
  • 125
    Simon T. Aux infirmiers de nos hôpitaux psychiatriques. L’Information psychiatrique. 1948 Apr-May ;7 :182-4.
  • 126
    Caire M. L’école Théodore Simon. La lettre de Maison Blanche. 2012 Dec ;42 :11.
  • 127
    Roumieux A. Une vie d’infirmier en psychiatrie (1951-1986). L’écrit. 1998 May ;(9). [En ligne]. [cité le 8 décembre 2018]. Disponible : https://serval.unil.ch/resource/serval:BIB_096CB570BD23.P001/REF.
  • 128
    Hôpital psychiatrique de Maison Blanche (Neuilly-sur-Marne). École supérieure d’infirmiers et d’infirmières des hôpitaux psychiatriques. Paris : Imprimerie Municipale ; 1952.
  • 129
    L’Infirmier Psychiatrique. 1953 Oct 31 ;2 :21.
  • 130
    L’Aliéniste français. 1937 Fev :139 et 1937 May :246.
  • 131
    Simon T. Pourquoi ce journal ? L’Infirmier Psychiatrique. 1953 Oct 10 ;1(1) :2e de couverture.
  • 132
    Simon T. Éditorial. L’Infirmier Psychiatrique. 1953 Oct-Dec ;1(1-2-3-4) :2e de couverture.
  • 133
    Simon T. Réponse à une objection. L’Infirmier Psychiatrique. 1955 May ;2(8) :2e de couverture.
  • 134
    Simon T. Éditorial. L’Infirmier Psychiatrique. 1955 Fev ;2(5) :2e de couverture.
  • 135
    Simon T. Déjà vogue la galère. L’Infirmier Psychiatrique. 1953 Nov 21 ;2 :2e de couverture.
  • 136
    Simon T. Ce journal aura bientôt un an. L’Infirmier Psychiatrique. 1954 Sep ;11 :2e de couverture.
  • 137
    L’Infirmier Psychiatrique. 1954 Nov ;2(2) :3e de couverture.
  • 138
    L’Infirmier Psychiatrique. 1955 Jan ; 2(4) :37-41.
  • 139
    Simon T. Avis. L’Infirmier Psychiatrique. 1955 Jul ;2(9-10) :2e de couverture.
  • 140
    Simon T. À nos abonnés pour l’année 1957. L’Infirmier Psychiatrique. 1956 Oct-Nov ;(10-12) :2e de couverture.
  • 141
    L’Infirmier Psychiatrique. 1957 Jan ;4(37) :1ére de couverture.
  • 142
    Simon T. Éditorial. L’Infirmier Psychiatrique. 1957 Jan ;4(37) :2e de couverture.
  • 143
    Simon T. Passe encore de planter… L’Infirmier Psychiatrique. 1957 Nov-Dec ;4(46-47) :2e de couverture.
  • 144
    Simon T. Avis important. L’Infirmier Psychiatrique. 1958 Mar-Apr ;5(49) :2e de couverture.
  • 145
    Simon T. Lettre. Bulletin de la Société Alfred Binet. 1959 Jan-Feb ;59(447-448) :29.
  • 146
    Simon T. Inédits d’Alfred Binet. Cahors : Coueslant ; 1960.
  • 147
    Lettre de Théodore Simon à l’école de l’hôpital psychiatrique Maison Blanche du 12 octobre 1960, Archives de l’Institut de Formation Interhospitalier Théodore Simon, sans cote.
  • 148
    Rondepierre JJ. Théodore Simon (1873-1961). Presse Med. 1962 Mar 31 ;70(16) :795-6.
  • 149
    Gutierrez L. Théodore Simon et les mystères de l’âme humaine. La Pensée. 2017 Jul-Sep ;39 :80-94.

Notes

  • [1]
    Cette recherche a bénéficié du soutien financier de l’Association des Professeur(e)s à Temps Partiel de l’Université d’Ottawa par le biais de son fonds de développement académique et professionnel. Je remercie également Laurent Gutierrez pour avoir relu une première version de ce texte, mais surtout pour avoir partagé avec moi son expertise et ses archives relatives à Simon.
  • [2]
    Selon Daumezon, il aurait fait des études de philosophie avant de décéder de manière prématurée à l’âge de 23 ans (1, p.631).
  • [3]
    Travaux qui feront l’objet d’une publication en 1900 (17).
  • [4]
    Dans l’hommage qu’il rendra à Magnan en 1935, il affirmera être resté « à ses côtés de 1900 à 1907 » (22, p.718).
  • [5]
    Il contribue également aux sections « Neurologie » et « Médecine légale ».
  • [6]
    Nous remercions Jérôme Van Wijland, directeur de la Bibliothèque de l’Académie nationale de médecine, de nous avoir fourni une copie de ce manuscrit inédit.
  • [7]
    Il annonce également la création, par la loi du 15 avril 1909, des classes et écoles de perfectionnement destinées aux arriérés (33).
  • [8]
    Il rejoint le poste au 1er octobre (36, p.59). Le choix de cet asile est peut-être influencé par la présence de sa belle-famille à Rouen.
  • [9]
    Lettre d’Alfred Binet à Théodore Simon du 20 mai 1911 (21, p.200).
  • [10]
    « je ne collaborais à l’Année qu’à cause de Binet. Je préfère actuellement me retirer entièrement, ainsi d’ailleurs que je l’avais dit à Masson. J’ai pu contribuer à mettre sur pied le volume de cette année. J’estime mon rôle terminé » (52).
  • [11]
    Il fut certainement influencé en cela par Valentin Magnan qui défendit aussi, en son temps, une politique du « no-restraint ».
  • [12]
    Sur 381 membres du personnel de Bicêtre en 1890, il y a 265 infirmiers et infirmières (58, p.202).
  • [13]
    Bien que, selon Bru, à Bicêtre, à la fin du siècle, « les infirmières sont plutôt chargées des services qui exigent plus de soins que de forces physiques. Elles peignent les impotents, changent leurs linges, pansent leurs plaies, lavent leurs pieds, coupent leurs ongles, etc. Elles doivent faire observer les prescriptions des médecins à l’infirmerie, donner les vivres et les médicaments aux malades, prendre les températures, etc. Elles font manger les grands infirmes, lavent leur vaisselle trois fois par jour et nettoient leurs armoires » (58, p.206). Néanmoins, il y a alors 69 infirmières pour 196 infirmiers dont le rôle semble davantage être celui de gens de services : « Ils nettoient, lavent, habillent les administrés qui ne peuvent prendre soin d’eux-mêmes, changent les draps et les paillassons des gâteux, font les lits des malades ou des infirmes, balayent, frottent les salles, nettoient les fenêtres, entretiennent les bassins, les urinaux, dans le plus grand état de propreté, conduisent les hommes aux bains, à l’infirmerie, vont chercher les vivres à la cuisine et aux magasins et les distribuent en présence des sous-surveillants ou suppléants. En un mot, ils font les gros ouvrages » (58, p.205-206).
  • [14]
    C’est ainsi que Paul Taesch fut embauché à Bicêtre après y avoir été interné (59, p.57).
  • [15]
    Paul Taesch était payé 5 francs par mois comme infirmier supplémentaire à Bicêtre (59, p.57). Les infirmiers gagnaient, eux, 21 francs par mois (59, p.58), c’est-à-dire moins que le personnel de cuisine (lorsque Paul fut embauché dans les cuisines de l’hôpital de la Pitié, il était « nourri couché et blanchi et payé 29 francs 15 centimes par mois » (59, p.32)).
  • [16]
    Si chaque asile devait être lié à une école, les écoles devaient être créées dans les villes où existaient une faculté ou une école préparatoire de médecine.
  • [17]
    Circulaire du 4 avril 1907 relative au passage de l’état de gardien à celui du diplôme d’infirmier de secteur départemental en psychiatrie.
  • [18]
    Le prix a été attribué à Henri Colin (1860-1930) pour son ouvrage « Hospitalisation et traitement des aliénés difficiles (Aliénés vicieux, criminels, fous moraux) ».
  • [19]
    Les volumes du « Bulletin de la Société de médecine de Rouen » pour 1910 et 1911 montrent qu’il n’a jamais assisté à aucune séance, ni jamais présenté aucune communication.
  • [20]
    En témoigne sa correspondance avec le psychologue américain Henry H. Goddard (1866-1957) à propos de la traduction de l’Échelle métrique de l’intelligence (71).
  • [21]
    Décret sur l’enseignement dans les écoles normales du 18 août 1920, suivi de l’arrêté fixant la répartition des matières d’enseignement des écoles normales. Voir également, les Instructions ministérielles du 30 septembre 1920 relatives à l’organisation des cours complémentaires, des écoles primaires supérieures et des écoles normales.
  • [22]
    À noter qu’en 1919, Simon avait fait découvrir le laboratoire à un certain Jean Piaget (1896-1980) qui devait y trouver sa vocation (76, p.305).
  • [23]
    Notamment avec la tenue en 1937 à Paris du premier congrès international de psychiatrie infantile (82).
  • [24]
    Il sera nommé Officier en octobre 1947 (89).
  • [25]
    Sa nomination avait déjà fait l’objet d’une contestation devant le conseil d’État de la part d’Henri Sellier (1883-1943), alors conseiller général et sénateur de la Seine. Devenu ministre de la Santé publique en juin 1936, ce dernier allait accélérer la procédure d’application de la nouvelle loi pour démettre Simon de ses fonctions (Voir à ce propos : 112, p.434).
  • [26]
    Voir à ce propos le numéro de « L’aliéniste français » de novembre 1936.
  • [27]
    Nous reprenons ces développements à Jaeger (62, p.50 et suivantes).
  • [28]
    Leur éducation était en effet moins avancée que celle des autres infirmiers comme le constatait Daumezon (66, p.71).
  • [29]
    Georges Daumezon la réclamait d’ailleurs dans un article de 1946 (121).
  • [30]
    Les cours se voulaient « plus développés et plus étalés que ceux des écoles départementales proprement dites » (123, p.373).
  • [31]
    Il était notamment responsable des inscriptions, ainsi qu’en témoigne une annonce parue dans le « Bulletin municipal officiel de la ville de Paris » des 29 et 30 septembre 1946 (p.1597).
  • [32]
    En 1952, le concours était composé de trois épreuves écrites et d’une épreuve orale ainsi qu’en témoigne un prospectus publicitaire conservé à la Bibliothèque de l’Hôtel de Ville de Paris (128).
  • [33]
    Il lance en 1936 une souscription auprès de ses collègues psychiatres pour la réédition de son manuel (130).
  • [34]
    L’adresse de la revue est celle dans son propre appartement au 2 rue de Fleurus, Paris VIe.
  • [35]
    Le lien entre la publication et l’école de Maison Blanche n’apparait qu’en 1956 (« L’Infirmier Psychiatrique », 1956 May-Sep ;3(8-9) :72).
  • [36]
    Voir par exemple : (136). Pour des réponses, voir : (137).
  • [37]
    Je tiens à remercier Mmes Leroy et Marchal de l’Institut de Formation Interhospitalier Théodore Simon pour m’avoir transmis une copie de ce document inédit.
  • [38]
    Selon Daumezon, Simon fut le secrétaire de l’école jusqu’en 1959 (1, p.632).
  • [39]
    L’Institut de Formation Interhospitalier Théodore Simon. C’est le Préfet de la Seine qui, à la mort de Simon, donnera son nom à cette école, ainsi qu’à son ancien service d’enfants de Perray-Vaucluse (148, p.796).
  • [40]
    De sa belle-famille Lhermitte. Je remercie Laurent Gutierrez de m’avoir fait parvenir des photographies de ce caveau.
  • [41]
    La parution récente de deux articles sur son œuvre (85,149) auxquels il convient d’ajouter l’organisation à Paris, le 28 septembre 2018, d’un symposium intitulé « Théodore Simon (1873-1961) : Promoteur de la psychopédagogie expérimentale à travers le monde » lors du deuxième congrès de la Société Française d’Histoire des Sciences Humaines et la parution prochaine d’un numéro spécial du « Bulletin de psychologie » dédié à ses travaux, l’attestent.
  • [42]
    Il n’eut ainsi jamais d’enfant.
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