Introduction
1La légitimité scientifique de la recherche en sciences infirmières dépend notamment de son adhésion à différents critères de scientificité (1,2). En recherche qualitative, ces critères font l’objet de nombreux débats. Rolfe (1) note l’existence de trois positionnements académiques distincts en sciences infirmières, soit : l’utilisation de critères de rigueur universels inspirés des critères de la recherche quantitative, l’adoption de critères spécifiques à la recherche qualitative ou le refus d’imposer un corpus de critères prédéterminés. Un survol de la littérature récente à ce sujet illustre la grande variabilité des critères de scientificité actuellement discutés, comme par exemple la pertinence de la recherche, la sincérité, la résonnance, la consistance, l’applicabilité, la fiabilité et la validité (3–5). Cette variabilité semble a priori cohérente avec la proposition de Rolfe (1) de privilégier la formulation de critères adaptés aux paramètres de chaque recherche plutôt qu’adopter un cadre normatif composé de critères génériques.
2Nonobstant ce débat, la réflexivité est un critère abondamment discuté afin d’établir la rigueur de la recherche qualitative (3,6) et le journal de bord est le principal outil recensé au sein de la littérature afin d’en faire la démonstration (1). La réflexivité et le journal de bord sont également associés aux critères de sincérité et d’honnêteté (4,6), de transparence (6), de crédibilité (3,7) et de confirmabilité des résultats issus de recherche (7). Largement défini comme un outil permettant la documentation et la vérification des différentes étapes de la recherche, le journal de bord exige également des chercheurs sociaux qu’ils procèdent à l’auto-évaluation de leur rapport à la recherche « y compris [de leur] positionnement moral, social et politique » (1, p.309, traduction libre, 7). En d’autres mots, le journal de bord est avant tout un moyen de documenter les aléas de la recherche, d’accroître la conscience de soi et de développer une pensée critique à l’égard du processus de recherche (6).
3À l’exception de la documentation des expériences, des présuppositions, des valeurs et du contexte sociopolitique dans lequel évolue le chercheur, peu de choses sont dites à propos de l’influence potentielle de ces éléments sur le processus réflexif (8). Cette situation est étonnante puisque le concept de réflexivité soulève en lui-même différents questionnements dont les implications sont importantes pour la démarche scientifique. D’une part, l’usage de réflexivité présuppose que tous les chercheurs sociaux possèdent une capacité ou ont développé une démarche réflexive suffisante afin de réaliser une telle documentation (6). D’autre part, il est observé que l’excès de réflexivité peut favoriser une certaine complaisance personnelle et ainsi entraver l’atteinte des objectifs initiaux de la recherche (6). Une réflexion semble conséquemment nécessaire afin d’identifier les enjeux méthodologiques de la réflexivité (9). Dans ces deux cas d’espèce, le manque ou l’excès de réflexivité peuvent contribuer à la présence de biais importants au sein de la recherche.
4Plusieurs recherches récentes suggèrent la pertinence de l’auto-ethnographie afin d’appuyer la démarche réflexive du chercheur en sciences infirmières (10–12). Cette approche méthodologique favorise une analyse des interactions entre l’expérience individuelle et l’expérience collective (13,14). Les recherches de Grant (10) et Wyder et al. (11) démontrent par exemple la contribution de cette approche à l’effritement de la distinction entre l’expérience professionnelle et l’expérience vécue ainsi qu’entre le chercheur et les participants. Son intérêt relève également de la reconnaissance du rôle actif du chercheur au sein de processus de production des connaissances (15). L’étude de Priddis (12) illustre comment l’auto-ethnographie valorise le potentiel transformatif de la recherche, mais exige également du chercheur un engagement important auprès des participants et une certaine vulnérabilité. La teneur subjective, intime et émotionnelle de l’auto-ethnographie est d’ailleurs une critique couramment adressée à cette approche (13).
5Cet article s’intéresse à la manière dont l’auto-ethnographie peut contribuer à une méthodologie de la réflexivité en recherche qualitative. En ce sens, l’auto-ethnographie semble particulièrement adaptée au contexte professionnel et académique dans lequel évoluent plusieurs infirmières. En tant qu’outil réflexif, elle peut notamment favoriser le développement de la conscience de soi du (futur) chercheur, proposer des outils analytiques lui permettant de mieux comprendre son rôle et rendre compte de la transition qu’il opère entre ses différentes identités professionnelles. La résultante de ce processus semble ainsi clarifier le positionnement du chercheur vis-à-vis de sa recherche, identifier les différentes motivations qu’il poursuit et soutenir une plus grande vigilance interprétative à cet égard.
Mise en contexte
6Cet article s’inspire d’un projet doctoral employant un devis qualitatif inspiré de la phénoménologique critique. L’objectif principal de ce projet était de mieux comprendre le parcours expérientiel des personnes identifiées comme ayant un handicap intellectuel à l’égard de leur vie affective et sexuelle, ainsi que le parcours expérientiel de leurs systèmes de soutien à cet égard. Cette recherche employait différents critères de scientificité, soit la cohérence et l’authenticité, la démarche éthique, la subjectivité et la réflexivité ainsi que la vigilance interprétative. Afin de reconnaître la subjectivité et développer la réflexivité du chercheur, ce projet de recherche prévoyait l’utilisation d’un journal de bord afin de réaliser la documentation du processus de recherche (16). Au fil du cheminement doctoral, l’utilisation du journal de bord est apparue insuffisante au chercheur afin de répondre au critère de subjectivité et de réflexivité. L’auto-ethnographie fut conséquemment employée afin d’approfondir sa démarche réflexive à l’égard du projet doctoral. Différents passages de cet article sont formulés au « je » afin d’étayer davantage la discussion à l’égard des usages et des enjeux potentiels de l’auto-ethnographie pour la recherche qualitative en sciences infirmières.
7Sur le plan conceptuel, cet article traite de l’identité professionnelle du chercheur en sciences infirmières. L’identité professionnelle des infirmières est un concept ontologiquement et épistémologiquement essentiel à l’évolution des savoirs en sciences infirmières : ses enjeux définitionnels sont par ailleurs toujours débattus au sein du milieu académique (17,18). Ce concept réfère à une socialisation secondaire par l’intermédiaire de laquelle sont intégrées différentes valeurs et normes spécifiques à une profession (19). L’identité professionnelle est intimement liée au concept de soi, c’est-à-dire à la manière dont les infirmières se perçoivent au quotidien de leur pratique (18,20). L’identité professionnelle et le concept de soi sont notamment et mutuellement influencés par l’image publique associée à la profession, mais également par différents éléments contextuels tels que l’environnement de travail et le processus éducatif auxquelles doivent souscrire les futures infirmières (18,20). Ainsi, les expériences de socialisation antérieures sont au nombre des éléments ayant une influence potentielle sur l’identité professionnelle des infirmières et discutés dans la littérature scientifique (21,22). Cette thématique a notamment été abordée afin d’étudier l’impact de stratégies disciplinaires telles que l’enseignement sur la socialisation professionnelle des futures infirmières (21,23).
8Une lecture critique de l’identité professionnelle sera toutefois réalisée. Ce concept sera approché comme la résultante du processus disciplinaire auquel sont soumises les infirmières au cours de leur formation et de leur carrière. Étant donné que « dans le langage de la recherche en sciences de la santé, les soins infirmiers sont perçus comme étant positionnés de façon à créer des « trames narratives particulières » déterminant les attributs de la profession » (24, p.2, traduction libre), cette posture fournit une grille d’analyse pertinente à l’étude des transitions identitaires du chercheur en sciences infirmières. L’identité professionnelle des infirmières est donc abordée comme produit discursif déterminant ce qui peut être dit, écrit ou pensé à l’égard de la profession infirmière à une époque donnée (25). Ces productions discursives favorisent la création d’un corpus de savoirs propres à la profession, autorisant de ce fait une certaine forme de catégorisation (ce qui distingue le professionnel de la santé des autres personnes et ce qui distingue l’infirmière des autres professionnels de la santé) de discipline (ce qui est attendu et ce qui sera conséquemment inculqué à l’infirmière) et de subjectivation (comment l’ensemble des dynamiques de pouvoir en viennent à modifier le concept de soi, c’est-à-dire le rapport que l’infirmière entretient vis-à-vis de son identité professionnelle) (26). Autrement dit, selon cette approche inspirée de la psychologie discursive « […] l’identité s’entend […] comme façon dont le langage est utilisé pour construire et positionner le moi en relation avec le monde » (24. p.2, traduction libre).
Approche méthodologique
9L’approche méthodologique utilisée dans le cadre de cet article comporte deux dimensions importantes et complémentaires. D’une part, une auto-ethnographie fut réalisée lors d’un récent projet de recherche afin de mieux comprendre le potentiel transformatif du processus doctoral sur l’identité professionnelle du chercheur en sciences infirmières. D’autre part, une recension narrative des écrits fut réalisée afin d’analyser la littérature scientifique en sciences infirmières produite au cours des dix dernières années et discutant spécifiquement de l’auto-ethnographie.
10L’auto-ethnographie est une méthodologie et un style d’écriture cherchant à faciliter l’analyse, ainsi que la mise en évidence des interactions entre l’expérience individuelle et l’expérience collective (13,14). La subjectivité inhérente à cette approche explique les nombreux débats concernant sa pertinence scientifique. En effet, cette dernière réfute le positionnement du chercheur comme observateur externe d’un phénomène : elle conçoit ce dernier comme un élément important du processus de production et de représentation des connaissances (14). Pour certains, cette approche se caractérise par un manque de rigueur scientifique, par l’importance épistémologique qu’elle accorde à l’expérience individuelle plutôt qu’à son analyse, ainsi que par la valorisation de pratiques scientifiques autocomplaisantes au détriment de l’étude du monde social et de sa complexité (13,27,28). En contrepartie, l’auto-ethnographie jouit d’un intérêt croissant auprès de différentes professions de la santé. Cette approche aurait en effet le potentiel de « déstabiliser les frontières entre le travail professionnel et la vie courante et d’aller au-delà de la dichotomie entre le soi et les autres » (14, p.1, traduction libre). Plusieurs recherches en sciences infirmières utilisent cette approche afin que leurs auteurs témoignent de façon percutante et personnelle de leurs expériences à l’égard de différents sujets. Ces recherches permettent d’informer la pratique à propos des enjeux de pouvoir de la pratique infirmière auprès de populations marginalisées (29), de témoigner des stigmates associés à la maladie mentale ou à l’alcoolisme (10,30), d’étudier l’expérience d’enfants devenus adultes dont un ou des parents sont aux prises avec une maladie mentale (31) ou de décrire les enjeux associés à la pratique infirmière psychiatrique lors de conflits armés (32).
11La démarche auto-ethnographique vise à mettre de l’avant l’expérience du chercheur et le sens particulier qu’elle adopte dans un contexte culturel précis (15). Ses impératifs méthodologiques sont similaires à plusieurs devis de recherche qualitatifs, dont l’ethnographie, dans la mesure où ils s’appuient sur le contact étroit du chercheur auprès de son terrain de recherche, sur son engagement soutenu auprès des participants et sur son immersion dans les données collectées (13,15). Ces éléments sont considérés comme autant d’objets évocateurs permettant au chercheur d’adopter une position « d’observateur participant » afin de mieux documenter son expérience personnelle (13). La documentation d’une telle expérience s’effectue bien souvent lors de moments charnières ayant eu un impact significatif sur le chercheur et sur son rapport à la recherche (13). Cette documentation se réalise par l’intermédiaire d’une démarche réflexive. L’utilisation d’un journal de bord, d’enregistrements audio, de poésie et de dessins constitue quelques exemples de stratégies pouvant être utilisées par le chercheur à cette fin (15,33). Au fil de sa démarche, le chercheur portera une attention particulière aux interactions entre son vécu expérientiel et le contexte social dans lequel ce vécu s’insère (15,33). Le chercheur doit finalement s’attarder à la manière dont les données issues de son expérience sont analysées, que ce soit par l’intermédiaire d’une approche narrative (15) ou d’un processus de thématisation (33).
12Une recension narrative des écrits fut finalement réalisée afin de documenter de quelle manière et dans quel(s) contexte(s) est utilisée l’auto-ethnographie en sciences infirmières. Cette démarche semblait essentielle afin d’analyser de manière critique les usages et les enjeux de l’auto-ethnographie en sciences infirmières. Les bases de données CINAHL, Medline et Scopus ont été consultées par l’intermédiaire des mots-clefs suivants : nurs* AND autoethnography OR auto-ethnography. Seuls les articles issus de journaux scientifiques révisés par les pairs, publiés au cours des dix dernières années (2008-2018), discutant de l’auto-ethnographie ou employant cette approche méthodologique ont été retenus (n=31). Plusieurs articles abordant les thèmes de la rigueur et de la réflexivité en recherche qualitative ont également été consultés de façon complémentaire dans le cadre de cette recherche.
13Bien que l’auto-ethnographie soit associée à un style de présentation unique inspiré de différents courants artistiques tels que l’autobiographie (34) ou la poésie (35), le format de présentation retenu dans cet article correspond aux normes de présentation scientifique classiques. En effet, cet article ne traite pas des résultats issus de l’auto-ethnographie réalisée par l’auteur. Il s’inspire plutôt de cette démarche et des constats qui en découlent afin de déterminer comment l’autoethnographie peut contribuer à la réflexivité du chercheur social en sciences infirmières.
Analyse et discussion
La réflexivité : décrire son vécu, interpréter son sens
14La réflexivité est alternativement décrite comme un critère de rigueur de la recherche qualitative (1,36) ou comme une stratégie de recherche permettant de répondre aux exigences de critères analogues tels que la sincérité et l’honnêteté (4,6), la transparence (6), la crédibilité (3,7) et la confirmabilité (7) des résultats issus de recherche. Elle est généralement définie comme « […] le processus de dialogue interne et d’auto-évaluation critique continue du positionnement du chercheur, ainsi que la reconnaissance active et explicite que ce positionnement peut influencer le processus de recherche et ses résultats. » (8, p.220, traduction libre). Un tel positionnement se décline de plusieurs manières et concerne, par exemple, les différentes expériences du chercheur, dont ses expériences cliniques, son âge, son genre, son orientation sexuelle, son ethnicité, ses croyances ainsi que ses valeurs sociales et culturelles (1,8).
15Plusieurs de ces éléments relèvent certainement de l’intime, mais ont parallèlement une influence potentielle sur le rapport qu’entretient le chercheur à l’égard de sa recherche. La familiarité du chercheur avec son objet de recherche peut notamment influencer l’accès au terrain de recherche, l’instauration d’une relation de confiance entre le chercheur et les participants ainsi que la manière dont il formule ses questions et analyse les données qui en résultent (8,12). Les implications pratiques de la réflexivité sont donc nombreuses et se retrouvent à travers l’ensemble des étapes de la recherche. Elles influencent notamment la formulation de la ou des questions de recherche, le choix de l’approche méthodologique et des méthodes de collecte des données ainsi que l’analyse des résultats (8,9). Par exemple, Darawsheh (9) estime que la réflexivité a contribué à la qualité des décisions nécessaires à l’élaboration de son projet de recherche, lui a fourni plusieurs pistes d’amélioration lors de la conduite des entrevues et a soutenu l’exploration plus approfondie du vécu des participants de sa recherche.
16La réflexion personnelle qui a animé mon projet de recherche m’a avant tout permis d’ajuster ses paramètres à la sensibilité du sujet qu’il proposait d’aborder (la vie affective et sexuelle) et aux particularités des participants (les personnes identifiées comme ayant un handicap intellectuel et leurs systèmes de soutien). La réflexivité a conséquemment été utile à partir des premières étapes de ma recherche et jusqu’à la fin de cette dernière (8,9). Ce processus d’introspection a représenté une boussole éthique essentielle à la réalisation de ce projet de recherche, notamment pour favoriser son caractère inclusif à l’égard des enjeux associés au consentement à la recherche. Au contact des participants, j’ai toutefois constaté que la reconnaissance de mon vécu, de mes valeurs et de mon ressenti était parfois superficielle. Je pensais être assez conscient de mon vécu afin d’identifier des éléments particulièrement évocateurs qui survenaient au fil de ma recherche. Je n’avais aucune difficulté à documenter mes pensées et mes émotions, mais était-ce suffisant ? Suffisait-il de reconnaître l’étendue de mes privilèges (comme chercheur, comme infirmier et dans ma vie personnelle) ou de reconnaître la tristesse évoquée par une situation pour être réflexif ?
17La valeur ajoutée de l’approche auto-ethnographique relève-t-elle sans doute de son apport méthodologique à une activité, la réflexivité, dont le processus semble sous-problématisé. Bien qu’une recension exhaustive des différents types d’autoethnographie soit au-delà des objectifs de cet article, il est utile de préciser que plusieurs approches méthodologiques sont proposées (15,37). Minimalement, à la documentation des aléas de la recherche et des idiosyncrasies du chercheur s’ajoute ainsi une série de questions (« Qui es-tu ? », « Que fais-tu et pourquoi ? », Quelles sont tes motivations ? Comment s’expliquent les choix effectués lors de ton projet de recherche ?, « Que feras-tu avec les résultats de ton projet de recherche ? ») visant à clarifier son positionnement et la contextualité de ses expériences (15, p.51, traduction libre).
18Si la réflexivité a permis différents ajustements à mon devis de recherche, l’apport de l’auto-ethnographie s’est notamment exprimé par l’exploration plus approfondie de la relation que les professionnels de la santé entretiennent à l’égard de l’intimité, de la sexualité (38,39) et du consentement aux soins (40). Ainsi, l’adoption de cette posture a provoqué une remise en question de mon rapport personnel et professionnel aux normes de la sexualité, à la vulnérabilité et à leur prise en charge par les professionnels de la santé. Le fait d’en prendre conscience m’a sans doute permis de me distancier de mes expériences personnelles, cliniques et éducatives à l’égard de la santé sexuelle ou de la vulnérabilité afin de mieux les comprendre, les critiquer et saisir leur impact sur ma pratique. J’ai parallèlement constaté une modification profonde de la façon dont je me percevais comme infirmier, en plus d’adopter une posture plus critique à l’égard de mes années de formation et de pratique clinique.
19Il est finalement utile de préciser que l’usage de la réflexivité pourra varier selon le paradigme du chercheur. Celle-ci est alternativement approchée comme un processus de distanciation ou de reconnaissance des valeurs du chercheur. Minimalement, la réflexivité permet une clarification de ses systèmes de croyances. Par exemple, le chercheur employant une approche inspirée de la phénoménologie descriptive utilisera la réflexivité afin de minimiser ou s’abstraire de ses présuppositions (bracketing) (9,41). Le chercheur employant une approche critique utilisera la réflexivité afin de prendre conscience de sa propre subjectivité (9). Ainsi, l’approche critique que j’employais lors de mon projet de recherche a nécessité une introspection profonde à l’égard de mon identité professionnelle. Cette introspection n’est toutefois pas considérée suffisante afin d’éliminer toute forme de présupposition et a plutôt exigé le maintien d’une vigilance interprétative à cet égard. Au fil de mon projet doctoral, j’ai donc été en mesure de mieux saisir l’influence de mon expérience clinique et de mes années de formation comme infirmier sur ma démarche scientifique. J’ai notamment pris conscience du fait que ma pratique clinique était adaptée au « patient idéal » (autonome, rationnel, collaborant) et inadaptée aux situations de marginalité et de vulnérabilité. Cela a provoqué une véritable remise en question de mon parcours professionnel.
L’auto-ethnographie : un outil de réflexion identitaire
20La section précédente soulève plusieurs questionnements identitaires, notamment associés à la transition de l’identité d’infirmier à l’identité de chercheur social en sciences infirmières. Les enjeux de cette transition semblent essentiels à considérer pour ceux qui, comme l’auteur, ont accumulé différentes expériences cliniques avant d’entamer la poursuite de leur cheminement académique au doctorat. Si l’infirmier et le chercheur possèdent un corpus de savoirs communs associé à la pratique infirmière, cette transition symbolise l’assujettissement du (futur) chercheur à un dispositif disciplinaire substantiellement différent de celui auxquelles sont assujetties les (futures) infirmières. De ce fait, l’autoethnographie semble constituer un outil de réflexion utile afin de mieux saisir la portée des différentes tensions ciblant une activité fondamentalement humaine (le soin) dont la professionnalisation et l’universitarisation sont encore récentes et en constante évolution.
21Ma réflexion sur la modification identitaire du (futur) chercheur en sciences infirmières s’est entamée quelques mois après avoir quitté l’hôpital dans lequel je travaillais. Contrairement à plusieurs de mes collègues travaillant en milieu hospitalier parallèlement à la poursuite de leurs études, cette transition de l’hôpital au monde universitaire s’est opérée dès le début de mon doctorat. J’ai graduellement pris conscience que mes années de pratique comme infirmier avaient participé à la création d’une zone de confort qui, en raison de cette transition, était désormais disparue. Avant de débuter mon parcours doctoral, j’occupais un poste valorisant et stimulant dans cet l’hôpital. J’avais confiance en mes compétences et je ressentais cette même confiance de la part de mes collègues. Dès mon entrée au doctorat, j’ai éprouvé un étrange sentiment de vulnérabilité. J’ai réalisé que je connaissais bien peu de choses du domaine de la recherche et de ses exigences. Je maîtrisais les rudiments de la recherche quantitative, mais je jugeais que ma connaissance de la recherche qualitative était encore limitée. Ma compétence ne se définissait plus de la même manière et je n’étais plus assujetti aux mêmes règles. Le sentiment de valorisation que j’éprouvais au contact des usagers ou de mes collègues était également différent de ce que j’éprouvais au quotidien de mon projet de recherche. Je devais littéralement réinventer mon identité d’infirmier à partir de ces nouvelles expériences.
22Ces tensions se comprennent sans doute mieux à partir d’une perspective sociohistorique. La professionnalisation des soins infirmiers s’explique notamment par le transfert du cursus de formation des futures infirmières au sein des institutions d’enseignement universitaire, ainsi que par le développement conjoint de recherches, de théories et de pratiques spécifiques à la profession (20,24). Cette dynamique a donné ouverture à la création de programmes de baccalauréat, de maîtrise et de doctorat en sciences infirmières au sein de différents pays (20). Graduellement, la profession infirmière s’est dotée d’une culture de recherche permettant le développement de théories et de savoirs dits « infirmiers ». L’accès aux études universitaires s’est élargi, renforçant de ce fait la cohabitation entre la culture du soin et la culture de recherche. Les tensions issues d’une telle cohabitation sont peu décrites au sein de la littérature scientifique. Pour les infirmières travaillant à la fois dans les domaines cliniques et de la recherche (communément nommées « cliniciennes-chercheuses »), cette transition se caractérise par une tension importante entre deux identités professionnelles, par une conciliation souvent difficile entre les exigences de ces deux rôles et par le souci d’agir comme agents de liaison entre la pratique clinique et la recherche (42). Un élément important de cette double identité relève également du souci de renforcer l’applicabilité des connaissances (42).
23En ce qui me concerne, le constat de « quelque chose de différent » était à l’œuvre s’est réalisé lors du premier contact avec mon terrain de recherche. C’est sur ce terrain que j’ai troqué, un peu malgré moi, mon identité d’infirmier pour une identité de chercheur. Du moins, c’est ce que je percevais au contact des gens. Paradoxalement, je cherchais à discuter avec eux de mon parcours professionnel, de mes expériences, des constats qui m’ont amené à faire de la recherche… En réfléchissant à la situation, j’ai pris conscience qu’il s’agissait d’une manière d’acquérir ou de conserver une forme de légitimité. Plus j’avançais en recherche, plus je tentais de préserver ce qui me définissait comme infirmier. C’est en identifiant ce sentiment de vulnérabilité à l’égard de mon identité de (futur) chercheur que j’ai été en mesure de mieux comprendre comment mes expériences cliniques s’exprimaient à travers la recherche.
24Comme moi, plusieurs infirmières directement touchées par les enjeux qu’elles étudient ou cumulant différentes expériences cliniques à cet égard choisissent l’autoethnographie afin d’analyser leur vécu expérientiel (12,43). Cette approche a été utilisée afin d’illustrer la dualité entre les dispositifs disciplinaires du soin et de la recherche, notamment la dichotomie entre « […] l’approche holistique […] enseignée aux étudiants en sciences infirmières et le mythe de l’objectivité perpétué dans certains travaux académiques » (44, p.60, traduction libre). Priddis (12) a pour sa part réalisé une auto-ethnographie en raison de son affiliation au groupe de participants à sa propre recherche et afin de mieux comprendre le parcours de femmes souffrant de traumatismes périnéaux. Plusieurs auteurs mobilisent finalement cette approche afin de réfléchir aux enjeux de l’enseignement des sciences infirmières (43-45) et aux liens entre la recherche et la pratique clinique (46). Notamment, Griffin et al. (43) s’inspirent de leurs expériences d’enseignement et de la littérature scientifique afin de réfléchir aux usages de la formation par simulation. Ces constats semblent faire écho à l’importance accordée au critère d’applicabilité des connaissances par les infirmières ayant une formation en recherche (42).
La familiarité : entre proximité et étrangeté
25Pour Berger (8), la réflexivité est multidimensionnelle et la manière dont elle est opérationnalisée dépend du degré de familiarité que possède le chercheur à l’égard du phénomène qu’il étudie. Les sections précédentes ont démontré que les chercheurs en sciences infirmières sont susceptibles de posséder une familiarité considérable à l’égard de leur recherche, notamment en raison de leurs expériences cliniques préalables. L’utilisation de ces expériences afin d’informer la recherche soulève de nombreuses critiques en raison des biais potentiels qu’elles peuvent induire (41). Si cette familiarité favorise une sensibilité aux enjeux du terrain et encourage une exploration approfondie des données issues de la recherche (8,9,41), elle est également susceptible de créer différentes présuppositions, de mener le chercheur à privilégier certaines données plutôt que d’autres (41) ou à privilégier sa propre expérience au détriment de celles des participants (8).
26Bien qu’il soit difficile de s’abstraire de toute familiarité, Anderson (37) propose de doter la démarche autoethnographique d’une réflexivité analytique afin de mieux comprendre la relation qu’entretient le chercheur à l’égard de ses données. Cette conscience de soi exige ainsi du chercheur qu’il soit sensible à « […] l’influence potentielle de son rapport à la recherche sur ses interactions avec les participants et l’interprétation des données » (12, p.3, traduction libre). Cette stratégie s’accompagne d’une visibilité du chercheur lors de la représentation des résultats, comme l’usage du « je » dans cet article en fait la démonstration, afin de refléter un tel engagement (37). En d’autres mots, la posture du chercheur employant cette approche pourrait se décrire comme le souci de maintenir une familière étrangeté vis-à-vis de ses données. En ce qui me concerne, la prise de conscience des risques de surinterprétation a eu un effet attendu et déroutant sur mon rapport à la recherche. J’ai d’abord réalisé que plusieurs strates de signification étaient possibles lors de l’analyse des données. D’une part, les participants procédaient à une mise en histoire singulière de leurs expériences. Ainsi, la signification expérientielle de la vie affective et sexuelle des personnes ayant un handicap intellectuel adoptait une signification différente de celle de leurs systèmes de soutien. D’autre part, j’interprétais ces expériences de manière également singulière, notamment en raison de mes différentes expériences cliniques et académiques. Cette multi-vocalité a été essentielle afin d’identifier un sens à la fois commun et particulier à l’ensemble de ces expériences.
27L’auto-ethnographie propose ainsi de reconnaître la valeur épistémologique du processus réflexif dans lequel s’engage le chercheur. Les données issues de cette démarche autorisent différents usages. Cette approche est par exemple décrite comme un « point de départ » ayant inspiré les différentes étapes de la recherche (31,47). D’autres études décrivent l’auto-ethnographie en tant que posture du chercheur, facilitant ainsi le positionnement de ce dernier comme « observateur vulnérable » plutôt qu’observateur externe ou privilégié (48, p.533, traduction libre). Elle est également employée comme méthode de comparaison et de triangulation des données (31,49,50). Elle est finalement utilisée comme devis de recherche à part entière (30,34,43). Par exemple, les articles de Denshire (14) et de Cotter (46) sont inspirés de leurs nombreuses années d’expérience clinique et de recherche à titre d’ergothérapeute et d’infirmière : ils illustrent une démarche analogue à celle présentée dans cet article à propos des usages de l’auto-ethnographie. Malgré que certains chercheurs utilisent l’auto-ethnographie comme devis de recherche à part entière, rappelons toutefois que la démarche auto-ethnographique repose sur une analyse des interactions entre le chercheur et la société : elle exige donc un dialogue avec les personnes concernées par le phénomène à l’étude (15,37).
Une démarche à la fois scientifique et personnelle
28Bien que la pertinence de l’auto-ethnographie comme méthodologie à part entière soit toujours débattue, son usage représente un intérêt potentiel afin de contribuer à la réflexivité du chercheur en sciences infirmières. Ses implications dépassent toutefois le cadre épistémologique. Elles exigent également une réflexion éthique sur la manière dont elle est utilisée et sur les différentes formes qu’elle emploie.
29Les études s’appuyant sur les données personnelles des auteurs (telles que le journal de bord et les poèmes) ou employant l’auto-ethnographie afin d’analyser une expérience personnelle particulière son souvent muettes à l’égard de la démarche éthique poursuivie par leurs auteurs (35,43). Cela fait sens avec le caractère plutôt intime de la démarche auto ethnographique, mais semble plus problématique lorsque les résultats d’une telle démarche sont publiés au sein de journaux scientifiques et qu’ils réfèrent à des personnes ou à des événements précis. S’il est admis que toutes les personnes incluses au sein d’une auto-ethnographie sont des participants à la recherche (30), alors les enjeux associés à la protection de leur identité et à l’obtention de leur consentement libre et éclairé se posent (46,51). Cette démarche éthique représente plusieurs défis pratique et théorique lorsqu’il est question d’expériences personnelles caractérisées par l’oppression, la discrimination ou la stigmatisation telles que celles associées à la maladie mentale (30). Il semble toutefois juste d’estimer que les études impliquant différents participants, utilisant l’autoethnographie comme forme de triangulation des données ou comme méthodologie à part entière, devraient être soumises aux procédures éthiques usuelles visant la protection des sujets humains. Cela est d’autant plus important en raison de l’usage de cette approche afin de témoigner de différentes situations de marginalisation et de vulnérabilité (30).
30Pour ma part, l’auto-ethnographie est arrivée à mi-chemin de mon parcours doctoral et plus précisément au détour d’une conférence présentant différentes communications scientifiques employant cette méthodologie. Je considère avoir utilisé les outils analytiques de l’auto-ethnographie afin de répondre aux enjeux de la réflexivité, un critère de scientificité central à mon projet de recherche. Cette démarche m’a permis de clarifier mon positionnement en tant que chercheur et de reconnaître mon statut « d’observateur vulnérable », sans toutefois être utilisée afin de trianguler les données de ma recherche ou comme seul et unique devis de recherche. Dans le cadre de cet article, ces éléments m’ont amené à m’interroger sur la pertinence des principes de l’auto-ethnographie comme outils réflexifs. Ce faisant, j’ai également cherché à identifier la meilleure façon de discuter de mon expérience de la transition du domaine clinique vers le domaine académique. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de discuter des constats généraux de ma démarche plutôt que de ses résultats et d’adopter un style narratif (le « je ») lors de différents passages afin d’en illustrer leur portée.
31Ce choix m’amène ainsi à discuter d’un second enjeu éthique important, particulièrement si cette approche en vient à être utilisée dans le cadre d’études universitaires. Si l’autoethnographie est effectivement reconnue comme favorable à la réflexivité du chercheur en sciences infirmières, le choix d’en faire usage devrait en tout temps dépendre d’une démarche personnelle. La pertinence de cette approche ne saurait justifier qu’elle constitue une obligation. De la même manière, le partage des résultats de cette démarche devrait également relever d’un choix personnel de la part du (futur) chercheur. Comme l’indique avec justesse Priddis (12), l’auto-ethnographie possède un potentiel à la fois transformatif, réparateur et fragilisant. Plusieurs articles suggèrent que son utilisation peut entraîner différents effets émotionnels sur le chercheur en raison du sentiment de vulnérabilité qu’elle peut favoriser (12,15). Le potentiel fragilisant ou thérapeutique attribué à cette approche se situe au-delà du spectre de cet article (11,13) puisque cette dernière a avant tout été utilisée comme outil réflexif afin de mieux comprendre les modifications identitaires du chercheur en sciences infirmières. Il semble cependant important de préciser le degré d’introspection que son utilisation peut exiger dans certaines circonstances.
32Ces éléments sont à considérer pour le chercheur souhaitant employer l’auto-ethnographie, ou certains des outils qu’elle propose, lors de son projet de recherche. Une réflexion éthique et scientifique préalable semble conséquemment nécessaire en ce qui concerne ses usages. D’une part, cette approche méthodologique peut inspirer la démarche réflexive du chercheur de manière informelle et personnelle. D’autre part, son usage peut être plus formel et s’intégrer à la stratégie de recherche ainsi qu’au processus de collecte des données. L’utilisation de cette approche comme forme de triangulation des données (31,49,50) ou comme principale méthodologie de recherche (30,34,43) est particulièrement évocatrice d’une telle formalisation. Indéniablement, de tels choix doivent mener le chercheur à identifier les enjeux éthiques associés à la démarche auto-ethnographique.
Conclusion
33Au fil de la rédaction de cet article, je me suis demandé à plusieurs reprises à quel lectorat était adressée cette réflexion sur la réflexivité, sur l’auto-ethnographie et sur son intérêt pour l’analyse des transformations identitaires du chercheur en sciences infirmières. J’en comprends maintenant que cet article s’adresse d’abord à l’infirmière ou l’infirmier intéressé(e) par la recherche et fondamentalement attaché(e) à son identité professionnelle. J’en comprends également que cette discussion sur la réflexivité vise à répondre à un enjeu important de la recherche qualitative en sciences infirmières pour lequel j’ai cherché à obtenir des réponses lors de mon propre parcours doctoral. La réflexivité occupe une place importante en recherche qualitative et elle me semble fondamentale afin que les professionnels de la santé puissent rester sensibles, attentifs, conscients et donner un sens à leurs expériences cliniques préalables. Une telle familiarité doit toutefois s’accompagner d’une démarche réflexive suffisamment développée afin de bien saisir l’impact de ce bagage sur la production des connaissances. Ainsi, en réfléchissant à mon parcours, j’ai tenté d’identifier certains éléments clefs susceptibles de guider le (futur) chercheur en sciences infirmières dans cette démarche.
34Si les caractéristiques personnelles et l’expérience subjective du chercheur peuvent être documentées par l’intermédiaire de son journal de bord (1,7), il est plus difficile d’en analyser leurs effets sur son rapport à la recherche. La démarche auto-ethnographique semble être une stratégie efficace afin de combiner le savoir-être qu’exige la réflexivité et le savoir-faire qu’exige la recherche qualitative. Elle reconnaît l’impact des expériences du chercheur à la fois dans « l’avant », le « pendant » et « l’après » de la recherche. La démarche auto-ethnographique exige également l’usage de réflexivité afin d’analyser l’intersection du « soi » et de la société, c’est-à-dire de l’expérience personnelle et l’expérience culturelle (13,14). Cela semble important à considérer pour les chercheurs qui, parallèlement à leur formation scientifique, possèdent différentes expériences cliniques ayant motivé leurs recherches. L’auto-ethnographie accorde finalement une importance au contexte et au potentiel transformatif de la recherche en évitant de cloisonner le chercheur à sa propre intériorité. Les outils qu’elle offre permettent aussi d’équilibrer la rigueur intellectuelle et méthodologique à l’émotion et la créativité. Lorsqu’elle est utilisée en tant que méthodologie réflexive, cette démarche peut favoriser une meilleure introspection du chercheur sur son vécu et ses valeurs. Comme toute démarche scientifique, elle présente toutefois différents enjeux méthodologiques et éthiques. Ces enjeux sont particulièrement importants à considérer lorsque, par exemple, l’auto-ethnographie est utilisée comme stratégie de triangulation des données ou comme devis de recherche à part entière. Ils méritent également d’être discutés plus en détail au sein de l’espace francophone.
35Pour les professionnels de la santé, dont les infirmières, le processus de recherche est un acte profondément transformatif. Il implique notamment une transition et l’existence de différentes tensions entre la culture de soin et la culture de recherche (42,44). Cette transition nécessite l’intégration de nouveaux référents et peut provoquer une remise en question du concept de soi, qui réfère ici à l’identité professionnelle. Cette identité répond à un processus disciplinaire complexe débutant lors de la formation professionnelle et se poursuivant durant la formation scientifique. En ce sens, l’auto-ethnographie permet de documenter et de réfléchir aux motivations professionnelles à l’origine de cette transition, dont à l’influence des expériences passées sur l’expérience du présent, ainsi qu’à la manière dont s’opèrent différents changements chez le chercheur au contact de son projet de recherche.
Déclaration de conflits d’intérêts
36L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
Remerciements
Cet article est inspiré d’une présentation réalisée à l’Hôpital Saint-Louis (Paris, France) devant les membres du Réseau des infirmiers docteurs en sciences (Résidoc). L’auteur tient à les remercier, puisque les échanges lors de cette journée ont grandement contribué à son enrichissement et à sa finalisation.Bibliographie
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