Couverture de RSI_116

Article de revue

Analyse dimensionnelle du concept de biosécurité face aux risques biologiques

Pages 13 à 27

Concept choisi

1L’analyse de concept présente un défi pour les sciences infirmières non seulement en termes d’identification d’un concept, d’évolution dans son utilisation et sa définition historique, sa construction sociale et le message politique dont il est porteur, mais également quant à son potentiel de contribution au développement des connaissances. Une telle analyse permet de souligner la contribution d’un concept à la discipline infirmière en limitant « les problèmes conceptuels liés à l’utilisation d’une terminologie vague, à l’ambiguïté face aux définitions de concepts importants en nursing et des inconsistances théoriques » (Rodgers et Knafl, 2000, 4) [1]. La discipline infirmière est traditionnellement centrée sur le soin entre l’infirmière et le patient, mais, comme le souligne Rodgers et Knafl, 2000, 7, [1] « le développement de concept est important pour élargir les connaissances infirmières ». L’analyse et le développement de concepts permet aux sciences infirmières de se renouveler, de questionner sa vision du monde et d’élargir les frontières du soin en abordant des rives inexplorées jusqu’alors ou en revisitant certains concepts à travers différentes dimensions.

2Dans un premier temps, le choix du concept de biosécurité ainsi que la méthode d’analyse conceptuelle seront présentés. Dans un second temps, l’analyse dimensionnelle sera abordée en examinant les différentes dimensions du concept de biosécurité. Une synthèse des perspectives dégagées des écrits sera réalisée. Finalement, une réflexion sur l’avenir de ce concept sera présentée.

Choix du concept de biosécurité

3Ces dernières années, plusieurs événements marquants en lien avec la sécurité et les risques sont à souligner. L’un d’entre eux est sans aucun doute une combinaison d’attaques aériennes de nature terroriste par des extrémistes musulmans en sol américain le 11 septembre 2001 (David et Gagnon, 2007) [2]. C’était l’une des premières grosses attaques étrangères aux États-Unis depuis la deuxième guerre mondiale suite au bombardement aérien de Pearl Harbour. Les médias ont par la suite abondamment parlé du risque biologique bioterroriste lié à l’anthrax et à la variole ; ce qui, selon Moore, 2004, [3], a favorisé l’instauration d’un climat de peur par l’entremise de politiques d’alertes gouvernementales, justifiant l’application du Patriot Act qui limite les droits fondamentaux en sol américain ainsi que l’augmentation des dépenses en armement et en protection (Richardsons, 2004) [4]. Le risque biologique peut-être défini de la manière suivante :

4« l’expression risque biologique nous renvoie à deux notions. La première, celle du risque (de l’italien risco ; du latin médiéval risicum ; du grec byzantin rizikon, solde gagnée par un soldat de fortune), est la probabilité de subir les conséquences néfastes d’environnements ou de situations variées. Le risque s’oppose à la chance, qui est la probabilité de bénéficier des conséquences fastes d’événements, de choix, de situations. La seconde est celle de la biologie (du grec bios, vie, et logos, discours), qui s’intéresse à tous les phénomènes manifestés par les êtres vivants. Elle a pour objet les êtres organisés. Ainsi, le risque biologique concernera-t-il les effets adverses, directs ou indirects, que ces derniers puissent occasionner, par leur action, les composants de leur structure ou les substances qu’ils contiennent ou sécrètent (toxines, venins), toutes matières dites organiques, puisque liées aux êtres organisés. » (Curé, 2004, 3) [5].

5Dans ce contexte de risque, un impératif de sécurité émane comme une nécessité pour faire face à l’insécurité vécue par la population (Lentzos et Rose, 2009) [6] en lien avec les risques bioterroristes émergents consécutifs aux progrès réalisés dans le secteur des biotechnologies. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), 2001, [7], un nouveau concept apparaît en ce début de XXIème siècle : la biosécurité, appelé en anglais biosafety ou biosecurity.

6Parallèlement à ces événements reliés aux risques bioterroristes, l’apparition d’une épidémie de Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et de grippe aviaire en Asie ainsi que l’éclosion de plusieurs foyers infectieux de SRAS au Canada et plus précisément à Toronto a favorisé une prise de conscience face au risque pandémique que revêtent certains microorganismes. L’impact du SRAS a été majeur, puisqu’il s’est imprégné dans l’inconscient collectif comme une menace potentielle à la vie de chaque citoyen, mais également en tuant des professionnels de la santé et des patients (Commission Naylor, 2003) [8]. De grandes commissions canadiennes se sont tenues pour analyser cet épisode de crise et émettre des recommandations aux gouvernements provincial et fédéral : l’une d’elle concernait la culture de sécurité à développer au sein des organisations (Commission Campbell, 2006) [9]. L’Agence de santé publique du Canada est d’ailleurs née en 2004 pour faire suite à ces recommandations (Agence canadienne de santé publique, 2007) [10]. L’Organisation mondiale de la santé, 2009 (OMS), [11] s’est également mobilisée et a émis entre autres, des priorités de recherche en termes de patient safety et à la safety culture dans une perspective de gestion des risques pandémiques et des risques bioterroristes. La culture de sécurité peut être définie comme « un schéma intégré de comportements individuels et organisationnels basé sur des croyances et des valeurs partagées qui tentent constamment de réduire les méfaits pour les patients qui peuvent se produire durant la dispensation des soins » (Kizer, 2004, 620) [12]. Cette nécessité de développer une culture de sécurité intervient dans une préoccupation grandissante face à la sécurisation de la santé (Stephenson et Jamieson, 2009) [13] ; (Davies, 2008) [14] ; (Maclean, 2008) [15].

7Ces dernières années, une nouvelle menace touchant à la santé de la population mondiale s’est développée en lien avec la grippe aviaire, dont la grippe A/H1N1. D’abord circonscrite au Mexique, cette grippe s’est développée pour atteindre le niveau de pandémie mondiale décrété par l’OMS, 2009, [16]. Face aux risques biologiques que représente ce microorganisme pour la santé, des mesures prises dans le cadre de la pandémie liée à la grippe A/H1N1 renforcent l’urgence de considérer le concept de biosécurité comme une réponse humaine aux risques biologiques auxquels nous sommes tous exposés de par la nature éphémère de notre condition.

8Au Québec, le Réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) a également dû faire face à une recrudescence du Clostridium Difficile qui a eu un impact sur la santé des québécois, mais aussi sur l’économie puisque les infections nosocomiales engendrent des coûts importants (Ministère de la santé et des services sociaux du Québec, 2006) [17]. Ces événements, combinés à différentes menaces de nature épidémique ou pandémique (SRAS, grippe aviaire, anthrax, variole), ont favorisé une prise de conscience des décideurs et mobilisé le RSSS ainsi que le réseau de santé publique québécois. Cette mobilisation a permis d’émettre de vastes recommandations provinciales en matière de surveillance de la santé, de protection et d’augmentation de la sécurité pour les travailleurs du réseau ainsi que les patients bénéficiant de soins de santé (Comité des infections nosocomiales du Québec, 2006) [18] ; (Comité des infections nosocomiales du Québec, 2008) [19] ; (Fauvel et Couillard, 2008) [20]. La biosécurité, mais surtout la prévention et le contrôle des maladies infectieuses ainsi que l’analyse des risques font partie des préoccupations majeures en santé publique et des grandes orientations stratégiques des décideurs (Agence canadienne de santé publique, 2007) [10] ; (MSSS, 2006) [17] ; (ASPC, 2007) [21]. Ces orientations arrivent dans un contexte difficile de restrictions budgétaires, de restructurations du système québécois de santé par fusions forcées des établissements, de pénurie de main-d’œuvre et de déclin démographique (Fleury, Tremblay, Nguyen et Bordeleau, 2007) [22]. Une meilleure intégration des services et une approche populationnelle des soins et de la santé sont à présent exigées suite à la fusion des établissements regroupés en Centre de santé et de services sociaux desservant un territoire québécois bien défini et à leur intégration au sein de Réseaux universitaires intégrés de santé (RUIS) (ADRSSSM, 2004) [23].

9Le recours ou non à des mesures organisationnelles de protection des professionnels de la santé ainsi que l’utilisation de normes de biosécurité a un impact direct sur la santé des personnes. La santé au travail est une responsabilité individuelle mais surtout collective ; il s’agit d’un droit pour les personnes. Comme professionnelles de la santé, nous nous engageons à soigner, mais plus à mourir au contact de nos patients : selon plusieurs auteurs, nous sommes passées de la vocation religieuse à la professionnalisation (Cohen, Pepin, Lamontagne et Duquette, 2002) [24] ; (Kérouac, Pepin, Ducharme et Major, 2003) [25]. À l’heure où de grands concepts liés à la sécurité sont de mise, on parle de plus en plus d’environnements de travail sécuritaires et psychologiquement sains (Lavoie-Tremblay, Bourbonnais, Viens, Vézina, Durand et Rochette, 2005) [26], de construction d’une main-d’œuvre forte en sciences infirmières et en santé publique (CSPSS, 2005) [27].

10Attendu que les infirmières forment un important groupe de professionnels de la santé de par leur nombre s’élevant à 70 181 au Québec (OIIQ, 2009) [28], mais aussi de par la nature des soins dispensés à la population, l’analyse du concept de biosécurité est nécessaire pour notre discipline si nous voulons appréhender, voire participer, aux décisions qui concernent directement notre santé et celles des communautés au sein desquelles nous vivons en exprimant notre vision d’infirmière en regard du phénomène de biosécurité qui est sensible et hautement politisé. La biosécurité est un concept sensible, car il comporte de nombreux enjeux politico-financiers dont par exemple l’achat et la gestion de stock de matériel tels que des masques, des vaccins, des antibiotiques et du matériel de pointe pour les laboratoires.

Choix de la méthode d’analyse du concept

11Plusieurs approches existent pour analyser un concept telles que le modèle hybride, la méthode de Norris, le modèle évolutionniste, l’analyse wilsonienne. Ces approches présentent toutes des aspects intéressants, mais nous apparaissent incomplètes pour mener une analyse rétrospective de la naissance du concept de biosécurité, de son développement et son utilisation jusqu’à nos jours. Dès lors, l’analyse dimensionnelle de Schatzman, 1991, [29] a émergé comme étant l’approche la plus appropriée pour aborder différentes dimensions du concept de biosécurité en l’ancrant historiquement et de manière critique dans le passé, le présent et le futur.

12L’analyse dimensionnelle permet de clarifier les significations que l’on a et l’utilisation que l’on fait d’un concept dans la discipline des sciences infirmières. Elle permet également de voir comment un concept est construit socialement et comment il varie selon les perspectives et les contextes (Caron et Bowers, 2000) [29]. Selon ces auteures, les racines intellectuelles de l’analyse dimensionnelle se situent dans le pragmatisme et l’interactionnisme symbolique.

13En ce qui concerne le pragmatisme, il sous-tend un engagement à la réalité créée à travers les actions humaines où la structure sociale est vue comme un processus émergent. Les objets sociaux sont créés et découverts au travers des actions (Caron et Bowers, 2000) [29]. C’est un postulat important qui rejoint le concept de biosécurité qui est né dans l’action : c’est face à l’adversité que l’Homme a construit ce nouveau concept qui est en mouvement.

14Caron et Bowers, 2000, [29] soulignent qu’en ce qui concerne l’interactionnisme symbolique, il est associé à l’école sociale de Chicago et aux travaux de Blumer. Voici, selon ces auteures, les composantes majeures de ce courant : la réalité est socialement construite, les actions humaines sont basées sur des significations construites, les réalités et significations sont émergentes et ont la capacité de créer et d’utiliser des symboles, les contextes sociaux immédiats et plus larges sont indissociables des significations et des réalités (Caron et Bowers, 2000) [29]. Ces composantes sont fondamentales pour le concept de biosécurité. Sa signification, sa création et son utilisation dépendent des personnes : dès lors, il nous revient, comme l’infirmière, d’en faire son analyse et d’en créer une signification propre à notre discipline qui soit contextualisée à sa réalité.

15En résumé, cette approche permet une analyse rétrospective de la construction sociale du concept de biosécurité et d’en explorer les implications.

Analyse dimensionnelle du concept de biosécurité

16Selon Caron et Bowers, 2000, [29], l’analyse dimensionnelle propose cinq questions majeures pour guider l’analyse : quelles sont les dimensions du concept et comment ses propriétés sont-elles reliées entre elles ? quelle est la perspective qui ressort des textes ? quels sont les éléments contextuels qui contribuent à la définition et à l’utilisation du concept ? quels sont les postulats que les auteurs intègrent dans leur texte ? quelles sont les implications de comment le concept est construit et utilisé ? Ces questions sous-tendront la présentation de chaque dimension du concept de biosécurité.

17Dans le cadre de cette analyse, plusieurs types de sources ont été consultées, mais les principales sont soit scientifiques, soit gouvernementales ou vulgarisées. Le concept majeur recherché était « biosécurité » ou en anglais « biosafety », « biosecurity ».

18En 2008, la médaille d’or en termes de quantité de documents publiés revenait très certainement aux sources vulgarisées retrouvées dans les encyclopédies en ligne, les métamoteurs de recherche tels Kartoo ou Fazzle ainsi que les moteurs de recherches sur Internet tels Yahoo, Google, mais aussi les journaux. Plus de 301 000 sources ont été dénombrées, toutes sources confondues. En ce qui concerne les sources gouvernementales, elles remportaient la médaille d’argent puisque de nombreux portails d’information (Canada, Belgique, Bureau de l’OMS à Lyon, Centre de mesures et d’interventions d’urgence de l’Agence de santé publique du Canada), des recommandations et des rapports sont disponibles en matière de biosécurité, de patient safety touchant aux risques biologiques.

19Finalement, la médaille de bronze revenait aux sources scientifiques qui sont nettement moins nombreuses. En 2009, la biosécurité devient un sujet davantage exploré. La quantité de documents se référant à ce concept a quintuplé, mais ce concept demeure encore largement sous-exploré en sciences infirmières. Il est pertinent de souligner qu’en 2013, le nombre d’articles parus en lien avec la biosécurité a largement augmenté (voir annexe I : présence du concept de biosécurité dans les bases de données).

20Un grand nombre des sources scientifiques dans les bases de données se retrouvent dans le domaine des laboratoires médicaux ou de l’agriculture et de la médecine vétérinaire. Ces références abordent souvent la biosécurité sous l’angle des niveaux de biosécurité des laboratoires pour les travailleurs. Lorsque l’on effectue une recherche non pas par mots-clés, mais via le thésaurus dans la base de données Commulative Index in Nursing and Allied Health Literature (CINAHL), 13 des 45 articles trouvés en 2008 soulignent des aspects de biosafety en lien avec la santé au travail. Il est clair que ce concept de biosécurité est émergent et sous documenté pour le moment.

21Dès lors, un nuage de concepts a été utilisé afin d’élargir l’analyse sur la biosécurité. Voici donc les concepts voisins qui ont été considérés à partir de la recension sur la biosécurité : prévention et contrôle des infections, sécurité, sécurité du patient, gestion des risques, surveillance populationnelle, culture de sécurité, gestion de la sécurité. Un plan conceptuel pour la recherche documentaire a été réalisé (voir annexe II).

Dimensions du concept de biosécurité

22Sur la base de la recherche documentaire et de l’analyse, plusieurs dimensions du concept de biosécurité propres à des secteurs ont pu être dégagées : généalogique, populaire et gouvernementale, en santé publique et pour les laboratoires médicaux, dans le secteur de l’agroalimentaire, en sciences sociales et politiques, en gestion et en sciences infirmières. Au terme de la présentation de chacune, une réflexion concernant les perspectives futures pour le concept sera aussi proposée.

Dimension généalogique : la naissance d’un concept

23Selon l’ONU, 2001 [7], le concept de biosécurité est né au début des années 2000 ; sa définition était alors très large : « Si vous cherchez « biosécurité » sur Internet vous ne trouverez que de rares informations sur ce sujet - et pour la plus grande partie sur des sites consacrées aux maladies des volailles. Les dictionnaires du web semblent ignorer ce terme. Et pourtant, la biosécurité apparaît comme l’une des questions les plus urgentes qui se pose à la communauté internationale. Il s’agit essentiellement de la « gestion de tous les risques de type biologique et environnemental associés à l’alimentation et à l’agriculture, y compris les forêts et les pêches », un secteur qui couvre la sécurité sanitaire des aliments, ainsi que la vie et la santé des végétaux et des animaux. Les risques englobent les organismes génétiquement modifiés (OGM), les espèces exotiques et les ravageurs des végétaux et des animaux qui ont été introduits comme l’érosion de la biodiversité, la propagation des maladies transfrontières du bétail, les armes de guerre à action toxique et la maladie de la vache folle. »

24Néanmoins, le concept de biosécurité était déjà repris dans les normes de prévention des infections dans les laboratoires bien avant les années 2000 (CRMC, 1990) [30]. Il est donc de notre avis que la biosécurité n’est pas un néologisme, mais bien une tentative de récupération sociopolitique et d’élargissement de sa signification conceptuelle principalement technique au départ.

25Concrètement, jusqu’à l’aube des années 2000, les grands plans d’urgence en cas de catastrophe comportaient principalement quatre dimensions génériques de risques : biologique, chimique, radiologique et nucléaire (SPC, 2009) [31] ; (Croix-Rouge de Belgique, 1996) [32] et n’abordaient pas précisément les questions de biosécurité ou de prévention et contrôle des infections autrement que par l’application de mesures générales et additionnelles dans les soins aux personnes (FIIQ, 2005) [33]. La dimension biologique portait alors principalement sur les maladies infectieuses de nature épidémique telles que la grippe saisonnière et les maladies tropicales (Croix-Rouge de Belgique, 1996) [32]. Suite aux avancées biotechnologiques et à la prise de conscience face aux risques biologiques dont les risques bioterroristes, ce concept s’est davantage développé.

26La définition du concept de biosécurité est en mouvement, et son sens varie d’une langue à l’autre. En français, on utilise le concept de « biosécurité » pour désigner, selon le dictionnaire scientifique Termium Plus, 2013, [34], « la protection de l’Homme et de l’environnement contre le risque de dissémination de gènes par des animaux transgéniques ». En Anglais néanmoins, il existe une distinction entre biosafety et biosecurity. Le premier possède un sens plus large que le second selon Termium Plus et concerne les « mesures de sécurité établies dans les laboratoires de recherche ou dans les industries qui manipulent du matériel biologique ou des organismes » (Termium Plus, 2013) [34]. Le terme biosecurity quant à lui fait référence à un contexte précis. « Biosecurity est un terme davantage entendu dans le contrôle des armes, en santé et en agriculture, mais pour lequel il manque d’un usage dont l’usage est encore fluctuant. En santé animale, il fait parfois référence à la prévention et au contrôle des maladies. (…) Le concept de biosafety couvre davantage le matériel biologique que celui de biosecurity. Tandis que la majorité des mesures de biosécurité recouvrent les deux concepts, le concept de biosecurity focalise davantage sur le fait de prévenir les accès au matériel organique sensible par le vol, le déversement ou la dispersion intentionnelle » (Termium Plus, 2013) [34]. Il nous apparaît clairement que ces définitions sont très sommaires et ne touchent qu’à quelques dimensions en évitant les aspects sociopolitiques contextuels intriqués dans le concept de biosécurité.

Dimension populaire et gouvernementale

27Attendu que le gouvernement est formé du peuple, cette dimension sera abordée dans une perspective unique. Dès lors, dans un premier temps, la biosécurité sera abordée en lien avec son développement et son utilisation au sein du peuple surtout visible grâce à la présence de ce concept dans les médias. Ces derniers sont en fait une source importante, car ils sélectionnent et informent la population selon un principe d’offre et de demande d’information. Les médias contribuent ainsi à construire une culture populaire et conceptuelle, mais ils contribuent également tel que le soutiennent Chomsky et McChesney, 2004, [35] à fabriquer l’opinion de la population, par exemple en participant à la création sociale du risque biologique et à sa gestion par le concept de biosécurité. Finalement, le concept de biosécurité sera regardé sous l’angle des grands rapports gouvernementaux émis afin d’y déceler l’utilisation qui en est faite.

28Depuis l’article de l’ONU en 2001, [7] sur la biosécurité, de nombreuses sources vulgarisées ont été publiées et sont désormais disponibles sur l’Internet. Elles sont prépondérantes face aux sources scientifiques pour le moment. La façon de concevoir la biosécurité est souvent générique et touche à de grands champs de pratique disciplinaires des sciences fondamentales et des sciences de la santé. La définition de la biosafety (Encyclopédie Libre, 2013) [36] est utile pour saisir la globalité de ce concept qui est : « la prévention de la perte à grande échelle de l’intégrité biologique, focalisant à la fois sur l’écologie et la santé humaine » (trad.lib.). Plusieurs domaines abordant la biosécurité sont mentionnés comme la médecine, l’écologie, l’agriculture, l’exobiologie ou l’étude de la vie dans l’univers et les laboratoires.

29Malgré tout, aucune définition de la biosécurité n’est disponible dans les dictionnaires populaires, ni dans Le Petit Druide des Synonymes 2002, et peu d’encyclopédies reprennent ce terme. Toutefois, il est possible de retourner aux racines du terme biosécurité : bio-sécurité. Le préfixe bio-« vient du grec bios qui signifie la vie ». C’est l’abréviation de biologie qui est « la science de la vie » faisant partie des biosciences et nécessitant une biovigilance tel que retrouvé dans le Petit Larousse Illustré 2008.

30Le suffixe - sécurité quant à lui touche à une « situation dans laquelle quelqu’un, quelque chose n’est exposé à aucun danger, à aucun risque d’agression physique, d’accident, de vol, de détérioration. - sécurité civile : ensemble des mesures de prévention et de secours que requiert, en toutes circonstances, la sauvegarde des populations, appelé protection civile jusqu’en 1975. » Petit Larousse Illustré 2008.

31Le concept de biosécurité n’est pas fréquemment utilisé dans le public. C’est ce qui ressort de l’exploration de l’utilisation du terme biosécurité dans de grands quotidiens francophones tels que La Presse, Le Devoir, La Libre Belgique, Le Soir, Le Monde. De grands quotidiens anglophones européens et américains ont été explorés également, tels que l’International Herald Tribune, Globe and mail, Toronto Star, The Boston Globe, The New York Times, Washington Post. Certains quotidiens l’abordent sous l’angle du transport routier transfrontalier d’organismes vivants (Fournier, 2007) [37], de la contamination animalière (La Presse, 2007) [38], de l’environnement en lien avec la biodiversité et les biotechnologies (Schoune, Saumois et Regnier, 2008) [39], de la remise en question des dépenses liées à la biosécurité en laboratoire (Shane, 2005) [40], de protocoles internationaux en matière de biosécurité (Verschueren, 2005) [41] mais n’offrent pas une définition du concept.

32Lorsque la biosécurité est abordée dans le monde profane, il est clair que ce n’est pas une préoccupation citoyenne au Québec et cela ne fait pas l’objet de débats publics répertoriés ni sur l’Internet sur les forums de discussion, ni sur les blogs, ni dans les sujets d’actualité repris dans les journaux écrits ou parlés. On parle davantage de prévention et de contrôle des infections que de biosécurité. Il s’agit d’un concept récent qui ne semble pas être entré dans le langage courant.

33En ce qui concerne les sources gouvernementales, l’utilisation du terme biosécurité abonde. Néanmoins, il est laborieux d’en trouver une définition claire. Le protocole de Cartagena (ONU, 2000) [42] sur la biosécurité traduisait biosafety en français par « prévention des risques biotechnologiques ». Avant les attentats « bioterroristes », l’ONU définissait donc la biosécurité dans le protocole de Cartagena comme :

34« La biosécurité est l’une des questions abordées par la Convention. Ce concept réfère au besoin de protéger la santé humaine et l’environnement des effets secondaires possibles des produits de la biotechnologie moderne. En même temps, la biotechnologie moderne est reconnue comme ayant un grand potentiel pour la promotion du bien-être humain, particulièrement en rencontrant des besoins critiques pour l’alimentation, l’agriculture et les soins de santé. La Convention reconnaît clairement ces deux aspects de la biotechnologie moderne. D’un autre côté, cela promeut l’accès et le transfert des technologies, incluant les biotechnologies, qui sont importantes à la conservation et à l’utilisation de la diversité biologique » (trad.lib.) (ONU, 2000, 1) [42].

35Ce protocole s’appuie explicitement sur le principe de précaution mentionné par l’ONU, 2000 [42]. Depuis lors, la Federal Emergency Management Agency (FEMA) a raffiné sa définition du terrorisme et du bioterrorisme en abordant la nécessité d’améliorer la biosécurité et en tenant compte des armes de destruction massives potentiellement utilisables par les terroristes et en reconsidérant les niveaux de risques présentés par les laboratoires (Nies et McEwen, 2007) [43].

36Au Québec, la biosécurité est davantage abordée par le biais des lignes directrices fédérales des laboratoires médicaux (Santé Canada, 2004) [44]. Tout ce qui touche à la santé humaine ou aux soins cliniques donnés par les professionnels de la santé est défini sous un autre vocable plus générique par le gouvernement : celui de la santé et sécurité au travail ou de la prévention et du contrôle des infections qui constituent des espaces traditionnels en santé publique. Le terme biosécurité ne semble pas être utilisé ou développé dans les publications, tant par le Ministère de la santé et des services sociaux que par les Agences régionales de santé et de services sociaux.

37Cette analyse dimensionnelle permet justement de voir l’ampleur de la construction sociale du terme biosécurité qui semble avoir été récupéré par les grandes instances gouvernementales internationales et utilisé de plus en plus dans les domaines scientifiques de la biotechnologie en lien avec les OGM, mais également dans le domaine des laboratoires en abordant les niveaux de biosécurité. Il est possible que le terme de biosafety ait été récupéré par les autorités États-Uniennes à la suite des attentats et des risques bioterroristes afin d’y ajouter cette composante importante liée au transport d’agents vivants potentiellement pathogènes.

38Il s’agit donc d’une démarche qui apparaît être davantage « top down » des gouvernements alliés entre eux au niveau international afin de définir la sécurité biologique des êtres humains en considérant les grands enjeux actuels qui ne touchent pas uniquement à la santé, mais soulèvent également des enjeux de nature économique, politique et sociale.

39En conclusion, les dimensions populaire et gouvernementale ressorties touchent à la préservation de la biodiversité, protection de l’environnement, effets des biotechnologies, OGM, niveau de sécurité des laboratoires, transports transfrontaliers d’organismes vivants, protection de la santé humaine, principe de précaution.

Dimension en santé publique et en laboratoire médical

40En santé publique, quatre domaines traditionnels touchent aux aspects de protection face à un agent pathogène ou un organisme vivant : il s’agit de la santé et sécurité au travail, de l’épidémiologie, du domaine de la prévention et du contrôle des infections (PCI) aussi nommé maladies infectieuses et finalement des laboratoires médicaux.

41Le premier champ traditionnel en santé publique touche à la santé et sécurité au travail qui regroupe un domaine riche et dense. Malgré tout, dans ce domaine particulier, peu d’articles concernent spécifiquement la biosécurité hormis celui en lien avec la biosécurité du personnel travaillant en laboratoire (Luebbert, 2001) [45] ou en lien avec le design des bâtiments contenant les laboratoires (Mortland et Mortland, 2003) [46].

42Le second champ traditionnel en santé publique touche à l’épidémiologie. Le dictionnaire spécialisé Termium souligne que le terme biosécurité fait principalement référence à ce domaine. Il est défini comme la « protection de l’homme et de l’environnement contre le risque de dissémination de gènes par des animaux transgéniques » (Termium Plus, 2013) [34]. Malgré tout, lorsque l’on parcourt les publications québécoises en santé publique dont celles de l’Institut national de santé publique du Québec, 2013, [47], peu d’éléments particuliers sont recensés en matière de biosécurité.

43La prévention et le contrôle des infections, tout comme l’épidémiologie semblent comporter peu de références scientifiques en matière de biosécurité. Attendu que de nombreuses infirmières sont présentes dans le réseau de la santé publique (Colin et Rocheleau, 2004) [48], cet aspect sera vu dans la dimension « sciences infirmières ».

44Finalement un dernier champ concerne les laboratoires médicaux. Le dictionnaire spécialisé Termium, 2013 [34] définit le laboratory biosafety de la manière suivante :

45

« la biosécurité en laboratoire est maintenant utilisée pour référer à un ensemble de sous-éléments de la sécurité, spécialement reliés au confinement des pathogènes, aux OGM ou aux OGM pathogènes ».
(trad. lib)

46De nombreux articles abondent dans le sens de cette définition de la biosécurité en lien avec des OGM (Craig, Lewandowski, Degrassi, Ripandelli, 2007) [49] ; (Santé Canada, 2004) (44) dont l’International centre for genetic engineering and biotechnology possède des banques de données (INBI, 2009) [50].

47Au Canada, la biosécurité est normalisée dans des lignes directrices émises par Santé Canada, 2004 [44] qui distinguent clairement biosafety de biosecurity : « aujourd’hui, les établissements possédant des agents infectieux ont besoin non seulement d’un programme de biosécurité, mais aussi d’un plan de biosécurité mis en place. Tandis que la biosafety traite des aspects de confinement pour prévenir toute exposition accidentelle à un pathogène, la biosecurity est implantée pour prévenir le vol, la mauvaise utilisation ou la propagation intentionnelle de pathogènes » (trad.lib.)

48Cette distinction n’est pas reprise par le Centre for Integrated Research in Biosafety de l’Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande qui considèrent le terme biosafety ou biosecurity de manière équivalente. Ce centre de recherche étudie scientifiquement la biosécurité sur base du Protocole de Cartagena de l’ONU et a même construit un outil d’évaluation de la biosécurité, le Biosafety Assessment Tool (INBI, 2009) [51].

49Les nombreux articles trouvés dans les bases de données traitent des mesures de protection à prendre dans les laboratoires face à un organisme vivant ou à un agent pathogène et renforcent ainsi la pertinence biomédicale de la ligne directrice et de sa définition proposée. Les laboratoires sont désormais catégorisés par niveaux de biosécurité ; des laboratoires qui peuvent présenter un risque potentiel à la santé des populations par la conservation d’agents pathogènes pouvant servir d’armes de destruction massive lors d’attaques bioterroristes et dont les équipements et l’entretien coûtent très chers aux citoyens (Shane, 2005) [40] ; (Richardsons, 2004 [34]) [4]. Nous créons donc nos propres risques biologiques. Les normes de biosécurité ont un coût financier où les sommes dépensées frôlent l’indécence en Occident, face aux disparités sociales vécues dans le monde.

50En conclusion, les dimensions ressorties en santé publique et en laboratoire médical touchent aux animaux transgéniques, à la protection de la santé, à la prévention des expositions à des pathogènes, au risque de dissémination de gènes, au bioterrorisme, au coût financier.

Dimension agroalimentaire et écologique

51La dimension agroalimentaire et écologique est intimement liée à celle des laboratoires médicaux et donc aux biotechnologies, mais également à la préservation de la biodiversité (Latimer, 2009) [52]. Selon le dictionnaire Termium, 2013, la biosécurité est utilisée en salubrité alimentaire de la manière suivante : « biosécurité animale : terme utilisé dans le nom d’un bureau de l’Agence canadienne d’inspection des aliments » [34]. Des articles touchant à la biosécurité animale et plus particulièrement dans les fermes, sont apparus suite au risque pandémique en lien avec la grippe aviaire et la constitution de stock des antiviraux Oseltamivir et Zanamivir qui permettent de traiter la variante humaine de cette grippe transmise à l’homme lorsqu’il entre en contact avec un oiseau contaminé. Mais la question majeure de biosécurité en lien avec le secteur agroalimentaire soulevée dans les écrits touche aux OGM et au Protocole de Cartagena ainsi qu’aux difficultés qu’ont certains pays, dits en voie de développement, de respecter les normes de protection proposées par l’ONU. Ceci soulève la question des inégalités sociales Nord-Sud (Kleinman et Kinchy, 2007) [53] ; (Reece, 2008) [54] et pose des problèmes éthiques d’accès à une nourriture saine. Kleinman, Kinchy et Autry, 2008 [55] soulignent d’ailleurs l’existence d’une perspective de régulation sociale des biotechnologies dans l’application du protocole sur la biosécurité de Cartagena dans le domaine agroalimentaire. Le concept de biosécurité est porteur de promesses pour protéger la santé humaine, mais ouvre aussi la porte à de possibles dérives en agrandissant le fossé entre les pays par l’entremise de normes internationales dispendieuses dans leur application. Un auteur va même jusqu’à qualifier la biosécurité et les biotechnologies de biocolonialisme (Parisi, 2009) [56]. Il va sans dire que les questions sociales, économiques et politiques doivent être abordées de façon plus approfondie, celles-ci n’ont pu être qu’effleurées dans la présente analyse du concept de biosécurité.

52En conclusion, les dimensions agroalimentaires et écologiques, mises en exergue, touchent aux OGM, biotechnologies, à la salubrité alimentaire, aux inégalités sociales, à la préservation de la biodiversité.

Dimension sociale et politique

53Les médias ont abondamment parlé du risque bioterroriste lié à l’anthrax et à la variole, ce qui, selon plusieurs auteurs a favorisé le recours à des politiques d’alertes et de mesures gouvernementales basées sur la peur (Moore, 2004) [3] ; (Bourke, 2005) [57] mais aussi sur l’incertitude qui participe au gouvernement des corps (Lentzos et Rose, 2009) [6]. La biosécurité est un moyen de gouverner les corps face à un risque biologique. On entend par gouvernement des corps « les multiples et changeantes modalités d’une relation à soi et aux autres dans un cadre défini par des codes et des règlements, des normes et des valeurs, des rapports d’autorité et de légitimité, des interactions avec l’État et avec la loi. » (Fassin et Memmi, 2004, 10) [58]. Selon Fassin et Memmi, 2004, les corps peuvent se distinguer par trois modalités : le corps individuel, le corps social et le corps politique. Le concept de biosécurité suscite un intérêt en sciences sociales (Deziel, 2008) [59] ; (Lentzos, 2006) [60] ; cela s’observe par l’augmentation du nombre de publications scientifiques dans ce champ disciplinaire d’une année à l’autre. Fassin souligne combien « les grandes épidémies constituent une mise à l’épreuve du politique, parce qu’elles ont des conséquences démographiques majeures, parce qu’elles mobilisent les peurs les plus incontrôlables, parce qu’elles supposent la mise en œuvre de mesures urgentes et collectives, elles contraignent les pouvoir publics à prendre des décisions et à entreprendre des actions, mais elles les menacent également de façon directe, par les accusations d’incompétences et même de malveillance qui alimentent régulièrement les rumeurs dans la population. …], la santé publique est toujours le produit et le reflet de la structure sociale dans laquelle elle se développe et plus particulièrement de la configuration du champ politique où elle s’inscrit » (Fassin, 1996, 231, 237) [61].

54Les écrits de cet auteur sont éclairants dans un contexte de bioterrorisme où les autorités font face à des risques pandémiques et sont confrontées à une remise en question par la population de leurs aptitudes à remplir leurs fonctions.

55Les gouvernements et leurs alliances internationales institutionnalisées (ONU, Organisation du traité de l’Atlantique nord, OMS) ont réagi à la menace bioterroriste liée entre autres à l’anthrax en mobilisant des forces militaires, politiques et sociales de protection des populations afin de maintenir une stabilité sociale et de contrôler le climat de peur par l’instauration d’un système renouvelé d’alerte et de surveillance de sécurité nationale, mais également de vigie en santé publique (David et Gagnon, 2007) [2] ; (Nies et McEwen, 2007) [43]. Comme le note Machiavel, ne dit-il pas que « gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de nuire et même d’y penser » (Machiavel, 1983, 15) [62]. Cela dit, l’utilisation de mécanismes de surveillance tel qu’entrevu par Foucault peut avoir une influence favorable en promouvant la santé des personnes, de leurs familles et des populations. Dans ce contexte, les mesures touchant à la biosécurité sont vraisemblablement utiles et permettent de conserver, une perspective critique et sociologique face à sa définition et son utilisation apparaît nécessaire. À la suite de Deziel, 2008 [59] et Lentzos, 2006 [60] il semble que, pris de façon large, le concept de biosécurité constitue un dispositif de sécurité foucaldien participant aux mécanismes du pouvoir au même titre que les mécanismes disciplinaires et le système légal (Foucault, 2004) [63]. Ahuja note quant à lui que la biosécurité permet l’expansion de l’autorité et du pouvoir racial sur les populations, mais « ouvre également différentes sphères publiques subalternes, des identités de santé, des formes de citoyenneté, des nationalismes et même des résistances des formes vivantes non-humaines » (Ahuja, 2008, 5) [64]. Cet auteur va jusqu’à parler de bio-insécurité. La biosécurité ne rejoint donc pas uniquement la protection des travailleurs au sein des laboratoires médicaux, mais peut-être vue de manière globale, sociologique.

56La construction du risque quant à elle rejoint les conceptions du risque de Lupton, 1999, [65] Ewald, 1986, [66] et Castel, 1981, [67] qui questionnent l’approche réaliste, mesurable prédictive du risque. Étant donné que le risque biologique lui-même ne peut être compris qu’une fois contextualisé, il importe de considérer la biosécurité dans un contexte social et politique en évolution. Dans une dimension sociale et politique, il nous apparaît clairement que la biosécurité constitue le pendant des risques biologiques, soit une réponse humaine à un risque construit dans un contexte précis.

57En conclusion, les dimensions sociale et politique ressorties touchent à la régulation sociale, au pouvoir, à la surveillance, à la mise à l’épreuve du politique, au gouvernement des corps, à la construction du risque biologique.

Dimension managériale

58Robert Castel, 1983, 119 [68] souligne que l’analyse du risque fait partie des « stratégies de gestion de population propres aux sociétés dites néo-libérales ». Cette analyse du risque fait partie intégrante d’une démarche en santé publique et touche au domaine du risk management. Le domaine de la gestion s’est largement penché sur le risk management et quelques articles de gestion concernant la biosécurité sont présents dans les bases de données ; ils concernent principalement l’application du protocole de Cartagena et l’opérationnalisation des mesures de biosécurité dans les industries et leurs laboratoires (Ammann, Hilbeck, Lanzrein, Hubner, Oehen, 2007) [69] ; (Gruère et Rosegrant, 2008) [70] ; (NIR, 2009) [71].

59Aucune définition claire du concept de biosécurité n’a pu être retracée dans les écrits en lien avec les aspects de management. Toutefois, le management du risque est mentionné dans le Protocole de Cartagena sur la biosécurité et connaît une augmentation marquée de sa littérature concernant le concept de biosécurité ces dernières années (voir annexe 1). Le safety management est intimement lié au risk management. Dans une perspective de gestion totale de la qualité, les dimensions de sécurité, d’environnement et de qualité doivent être considérées concomitamment (Froman, Gey et Bonnifet, 2007) [72]. La définition que proposent les qualiticiens Froman, Gey et Bonnifet, 2007, 10, [72] du concept de sécurité est la suivante : « état d’esprit confiant et tranquille de celui qui se croit à l’abri du danger ». Plusieurs normes internationales génériques touchent à la maîtrise des risques et au management de la sécurité, telle que la norme ISO 22000 relative au management dans le domaine de la sécurité alimentaire (OIN, 2009) [73] ou encore la norme ISO 9001 : 200/IWA-1 visant la planification en cas de catastrophe (Frost, 2006) [74]. Des modèles génériques d’analyse de risque en santé et sécurité au travail existent tel que le modèle Sobane (Malchaire, 2002) [75] ou l’Analyse des modes de défaillances, de leurs effets et de leur criticité (AMDEC) (Froman et al., 2007) [72] ; le premier vise la prévention par le dépistage, l’observation, l’analyse et l’expertise, et le second a pour objet l’analyse des modes de défaillances, les effets et leur criticité. Malgré tout, ces analyses de risque n’abordent pas spécifiquement la biosécurité. Néanmoins, Froman, Gey et Bonnifet, 2007, [72] soulignent de grands enjeux face au management de la sécurité tels que des enjeux humains, éthiques, sociaux, pénaux, réglementaires, économiques, commerciaux liés au risque qu’ils définissent comme des événements redoutés.

60En conclusion, les dimensions managériales dégagées des écrits touchent à la gestion du risque, à l’analyse de risque, à la sécurité, aux normes internationales ISO.

Dimension des sciences infirmières

61En sciences infirmières, le concept de biosécurité est quasi absent. Quelques études brésiliennes soulignent l’utilisation de ce terme en lien avec le sida (Gir, Takahashi, de Oliviera, Nichiata, Ciosak, 2004) [76], la prévention de la transmission de l’hépatite B aux infirmières (Pinheiro, Goliner, 2008) [77] ou la formation de ces dernières (Andrade, Sanna, 2007) [78] ; les études abordant la prévention et le contrôle des infections sous l’angle de la biosécurité demeurent cependant l’exception plutôt que la norme. L’étude brésilienne réalisée par Moura Da Costa Valle et ses collègues, 2008, [79] analysent les représentations sociales de la biosécurité auprès d’un groupe d’infirmières travaillant à l’urgence. Ces auteurs concluent que la biosécurité évoque les dispositifs jetables, les antiseptiques et la vaccination, tandis que le terme infection hospitalière évoque la maladie et la malpropreté. Certains auteurs brésiliens désignent la biosécurité comme une production scientifique infirmière en considérant la biosécurité sous l’angle des maladies infectieuses (Custodia, Souza, Ferreira, 2000) [80], de la prévention et du contrôle des infections. Malgré cette faible présence dans les bases de données, traditionnellement, avec le courant hygiéniste issu de la santé publique, les infirmières ont œuvré en clinique en s’occupant des dimensions de la salubrité et de la prévention et du contrôle des infections tant dans les établissements de santé qu’à domicile (Cohen et al, 2002) [24]. Aujourd’hui, en 2013, les champs de la prévention des risques biologiques, de la biosécurité et de la prévention et du contrôle des infections sont en essor au Québec, avec la reconnaissance ministérielle de la formation infirmière spécialisée de deuxième cycle universitaire en prévention et contrôle des infections.

62Les aspects liés au bioterrorisme, à la biosécurité et aux risques pandémiques ont commencé à être abordés au sein de la discipline infirmière au début des années 2000 et sont identifiés en clinique comme des mesures extraordinaires à appliquer afin de gérer et de prévenir les risques biologiques. Le vocabulaire infirmier semble donc évoluer dans l’adversité ; les discours se construisent dans des situations de risques biologiques de différentes natures dont pandémique et bioterroriste. Les plans d’urgence développés à partir des années 2000 comportent des mentions plus précises quant aux risques biologiques de nature terroriste et aux mesures de biosécurité (Nies et McEwen, 2007) [43]. Au Québec, Rioux, 2006, [81] aborde la biosécurité en sciences infirmières en lien avec les mesures de confinement imposées dans l’industrie agroalimentaire, aux oiseaux d’élevage pour réduire le risque d’apparition et de propagation de la grippe aviaire. Il apparaît que le concept de biosécurité demeure confiné aux domaines biotechnologiques, agroalimentaires et de laboratoires ; le domaine biomédical privilégiant le concept de prévention et de contrôle des infections face aux risques biologiques pour la santé humaine.

63En conclusion, en sciences infirmières, il ressort que le terme de biosécurité est quasi absent du vocabulaire infirmier. Ce sont plutôt les termes prévention et contrôle qui rejoignent toutes les mesures de prévention des infections, qui sont privilégiés en sciences infirmières.

Synthèse des perspectives émergeant des écrits

64À la lumière de l’analyse dimensionnelle, il apparaît que la perspective qui se reflète dans les écrits est majoritairement gouvernementale. Certains scientifiques ont repris et intégré le thème de la biosécurité comme préoccupation de recherche, mais la perspective scientifique demeure encore sous explorée particulièrement en santé publique et en sciences infirmières.

65Une matrice dimensionnelle a pu être construite sur la base de l’analyse dimensionnelle tel que recommandé par Schatzman, 1991, repris par Rodgers et Knafl, 2000 [1]. Elle constitue une synthèse des points forts de l’analyse (voir figure 1 p. 23).

Figure 1

Matrice dimensionnelle du concept de biosécurité (biosafety)

Figure 1

Matrice dimensionnelle du concept de biosécurité (biosafety)

66Les définitions et utilisations du terme biosécurité reflètent un agenda politique qui renforce une dominance impérialiste occidentale face aux pays dits en voie de développement face à la protection de la biodiversité. La menace bioterroriste crée un climat d’insécurité, renforcé par les gouvernements occidentaux ; climat qui leur est profitable dans la mesure où des investissements massifs - par ailleurs questionnables - sont ensuite réalisés dans les champs de l’armement et de la protection des laboratoires ainsi que des sites biotechnologiques. Il ne fait pas de doute que la dimension sociologique du concept de biosécurité est éclairante lorsque l’on analyse la réponse gouvernementale de la biosécurité face au bioterrorisme. Une telle mobilisation entourant les risques biologiques et la biosécurité évite de questionner ou d’interpeller la légitimité du système capitaliste en place qui crée ses propres menaces.

67Le contexte sociopolitique mondial est très éclairant dans le cadre de cette analyse dimensionnelle permettant une rétrospective du développement et de l’utilisation de ce concept. Le climat de peur instauré et renforcé par les niveaux d’alerte gouvernementale justifie le recours à un concept tel que la biosécurité pour légitimer les actions ou réactions des pouvoirs américain et international en place, ébranlés par les attentats terroristes et bioterroristes des dernières années. Comme observé à travers les écrits, ce n’est pas dans toutes les instances et à tous les niveaux que le concept de biosécurité est employé ; il est peu utilisé au Québec hormis lorsqu’il est question de ses aspects en lien avec les laboratoires médicaux et les OGM.

68Finalement, l’exploration des écrits présentée dans l’analyse des dimensions du concept de biosécurité a permis de dégager les postulats suivants entourant la biosécurité :

  • la biosécurité est une nécessité dans le contexte international prévalant depuis les années 2000 suite aux attentats de 2001 aux États-Unis, elle devient un impératif (Davies, 2008) [14] ; (David et Gagnon, 2007) [2] ; (Richardsons, 2004) [4],
  • la biosécurité est une réponse gouvernementale à la menace bioterroriste (Davies, 2008) [14] ; (Lentzos et Rose, 2009) [6] ; (David et Gagnon, 2007) [2],
  • la biosécurité protège la santé humaine (ONU, 2001) [7] ; (ONU, 2000) [42] ; (Nies et McEwen, 2007) [43],
  • la biosécurité gouverne les corps et assure une régulation sociale (Lentzos et Rose, 2009) [6] ; (Maclean, 2008) [15] ; (Chomsky et McCheney, 2004) [35] ; (Kleinman et Kinchy, 2007) [53] ; (Kinchy, Kleinman et Autry, 2008) [55] ; (Reece, 2008) [54] ; (Deziel, 2008) [59] ; (Foucault, 2004) [63] ; (Fassin et Memmi, 2004) [58] ; (Ahuja, 2008) [64],
  • la biosécurité préserve la biodiversité (Verschueren, 2005) [41] ; (ONU, 2001) [7] ; (Nies et McEwen, 2007) [43],
  • la biosécurité régule des aspects de la vie humaine pour éviter la dissémination des gènes liés aux OGM (Nies et McEwen, 2007) [43] ; (Santé Canada, 2004) [44] ; (Latimer, 2009) [51] ; (Gruère et Rosegrant, 2008) [70],
  • la biosécurité prévient l’exposition des travailleurs à des agents pathogènes dans les laboratoires médicaux (Luebbert, 2001) [45] ; (Mortland et Mortland, 2003) [46] ; (Santé Canada, 2004) [44],
  • la biosécurité est un concept peu utilisé en sciences infirmières, mais davantage en santé publique (Rioux, 2006) [81] ; (Lakoff et Collier, 2008) [82],
  • la contribution des infirmières en santé publique est méconnue des infirmières (Colin et Rocheleau, 2004) [48].

Réflexions, avenir du concept et conclusion

69Suite à cette analyse dimensionnelle du concept de biosécurité, le constat suivant peut être fait : la biosécurité est un terme d’apparition récente dans les écrits ; il nécessite d’être harmonisé avec les discours des sciences de la santé. Il existe un manque d’homogénéité terminologique au niveau intersectoriel : la biosécurité revêt des significations différentes selon le champ d’expertise. Cet état de faits révèle la pluralité des discours entourant la sécurité et les risques biologiques, ce qui en soi, peut constituer une richesse. Par contre, cette diversité de sens que revêt le concept de biosécurité ne favorise pas l’arrimage et l’intégration des services offerts par les professionnels de la santé aux personnes et à leurs familles. Au sein des établissements de santé et dans la communauté, les professionnels de la santé sont confrontés à des humains porteurs de maladies infectieuses, qui risquent de les propager et qui doivent dès lors prendre des mesures de protection, de prévention et de contrôle des infections. Toutefois, la terminologie utilisée au sein d’un même établissement variera selon le service auquel le professionnel appartient. Si le professionnel travaille au sein du laboratoire médical, il reconnaîtra les niveaux de biosécurité propre à son environnement de travail. Il s’en tiendra dès lors aux recommandations, aux procédures de prévention pratiquées à cet endroit. Un autre professionnel de la santé, tel qu’une infirmière, utilisera plutôt le terme de prévention et contrôle des infections pour nommer les mesures de prévention à prendre pour gérer les risques biologiques et prévenir la maladie infectieuse.

70La définition de la biosécurité proposée initialement par le Protocole de Cartagena a été élargie dans la foulée des événements bioterroristes internationaux : il faut désormais considérer la notion de contamination par des armes de destruction massive. Les infirmières seraient susceptibles de contribuer à sa définition en la faisant évoluer d’une logique exclusivement biomédicale vers une conception plus sociopolitique et engagée afin d’élargir sa visée et d’en éclairer les enjeux pour la population. En effet, le concept de biosécurité réfère actuellement majoritairement à des aspects techniques liés à la biotechnologie. D’aucun peuvent se questionner sur le fait que l’être humain crée lui-même ces risques d’atteinte à la santé humaine en recombinant des gênes présents dans la nature, en exploitant cette dernière à outrance, en manipulant et en exterminant des microorganismes qui s’adaptent et deviennent extrêmement résistants aux traitements médicaux. Il ne faut pas perdre de vue qu’il en va de la vie et de la santé d’êtres humains ainsi que de leurs activités quotidiennes ou de leur emploi. Dans une perspective de sécurité de la vie elle-même, il est grand temps d’élargir les définitions du concept de biosécurité et d’en révéler explicitement les postulats sous-jacents. Étant donné que les organismes naissent, vivent et meurent, le risque tout comme la sécurité constituent des concepts ou des construits permettant de gérer l’incertitude dans le quotidien.

71Une perspective intéressante pouvant faire suite à cette analyse dimensionnelle serait d’explorer la signification de la biosécurité, sur le terrain, auprès de citoyens et d’infirmières afin d’enrichir la présente démarche conceptuelle de dimensions pragmatiques, concrètes, cliniques voire éthiques.

72En conclusion, la biosécurité est une préoccupation actuelle. Cependant, il s’agit d’un concept qui demeure peu exploré en sciences infirmières, alors qu’il est défini et utilisé dans d’autres secteurs tels que l’agroalimentaire et les laboratoires. La biosécurité est un concept récent et son utilisation, tout comme son développement, demeurent une responsabilité collective afin de construire des ponts terminologiques entre les secteurs d’activité. Il est urgent que les infirmières développent une approche critique tant dans leurs écrits que dans leur pratique afin de s’approprier et de mettre en perspective les concepts techniques et biomédicaux comme celui de la biosécurité en les nuançant par différentes dimensions dont la dimension sociale et politique. Ceci permet une contextualisation conceptuelle plus riche que la simple application de mesures de biosécurité ou de prévention et de contrôle des infections.

Financement

73Nous remercions le Ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport du Québec ainsi que l’Université de Montréal pour l’octroi d’une bourse qui a permis la rédaction de cet article.

Remerciements

Nous tenons à remercier Pr Annette Leibing de l’Université de Montréal et Pr Dave Holmes de l’Université d’Ottawa pour leurs précieux conseils et réflexions en matière de risque biologique et de biosécurité. Nous tenons également à remercier Me Myrian Grondin, bibliothécaire à l’Université de Montréal pour le soutien reçu lors de la recension des écrits.

Annexe I

Résultats extraits des bases de données

tableau im2
Févr-2008Sept-2009Mai -2013Mot-clefN résultats par mot-clefN résultats par mot-clefBases de donnéesBiosafetyBiosecuritéBiosafetyBiosecurityBiosécuritéBiosafetyBiosecurity CINAHL455718n/a10060MedLine7610n/a1 317981Embase1 739169n/a4 1081 150Biological abstracts265183n/a1 2191 155CAB abstracts3 4341 333n/a4 9702 570All EBM Reviews41970n/a100PsycINFO410n/a1120Sociological abstracts5938n/a4753Philosopher Index01n/a88ERIC113n/a139FRANCISn/a*1110n/a1529Banque de données en santé publique (BDSP)1501731Business Source Premier**010392229712Erudit61012721720Eurêka6351512131760131InternetMoteurs de recherche301 000Google.ca80 5001 140 0001 210 000288 0003 420 0002 370 000Yahoo.ca419 0005 380 0009 720 000Métamoteur Kartoo510 0005 590 0008 490 000Livres et encyclopédiesEncyclopédie Universalis3n/an/a4n/an/aTermium Plus111111Dictionary of Nursing (McFerran&Martin)n/a11n/a11Catalogue Atrium710139193137
* n/a : non applicable
** limité aux revues académiques
Annexe 2

Plan conceptuel pour la recherche documentaire

tableau im3
plan conceptuel pour recension des écritstitre : Analyse dimensionnelle du concept de biosecurité face au risque biologiqueDomaine de recherche : Science Infirmières, sciences politiques, santé publique, gestion hospitalièreBases de donnéesEncyclopédiesdictionnaires etcatalogueMots-clés (descripteurs) ANDBiosecurity ANDNursing ANDSafety ANDGlobalhealth ANDRisk Management ANDBiosafetySous descripteurs ORCINAHLMedLineEmbaseBiological AbstractsCAB AbstractsAll EBM ReviewsPsycINFOSociological AbstractsPhilosopher IndexERICFRANCISEruditEurekaBDSP (francophone)Business SourcePremierDissertations and ThesesBiosafety / BiosécuritéORBiosecurization / SécurisationORHealth Securization /Sécurisation de la santéORBiopoliticsPrevention and control of infectionORInfectious diseases / maladies infectieusesORCommunicablediseasesPatient safetyORSecurity measuresORPublic HealthsecuritismSantéisationORWorld healthBiological riskORSurveillanceBiosafetyUniversalisTermium PlusDictionnary of NursingAtriumBiosafety /Biosécurité / Biosûreté

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