Notes
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[1]
La formation en ligne fait référence à celle qui utilise internet pour sa diffusion. Elle requiert l’assistance d’un formateur (tuteur, facilitateur) et est diffusée, principalement, en mode asynchrone à l’aide de forums, de blogues et d’autres technologies de la communication. En milieu universitaire, la formation en ligne se caractérise par l’utilisation quasi exclusive des technologies de l’information et de la communication (TIC)(Hotte & Besançon, 2007). Autre appellation : e-learning ou formation numérique.
La formation à distance fait référence au mode d’enseignement permettant de recevoir de la formation à domicile ou sur les lieux de travail. - [2]
Introduction
1Depuis quelques années, nous assistons à une évolution des connaissances portant sur l’enseignement et l’apprentissage dans le domaine de la pédagogie et de l’andragogie. Cette évolution, qui fait émerger des questionnements sur les méthodes utilisées pour favoriser l’appropriation de connaissances, pourrait répondre, en partie, à l’écart entre la théorie et la pratique observé dans l’enseignement des sciences infirmières pendant ces dernières années. En effet, de nombreux auteurs (Budgen, Gamroth, 2008) [1] ; (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2] ; (Reilly, Spratt, 2007) [3] ; mentionnent qu’il serait pertinent de réduire le fossé entre les apprentissages réalisés lors du parcours académique et la réalité clinique des milieux de soins. Les défis des infirmières nouvellement diplômées, lors de l’intégration au réseau de la santé, sont grands (Stanley, Hoiting, Bruton, Harris, Norman, 2007) [4]. Tout d’abord, l’infirmière est appelée à s’occuper de patients dont la situation de santé est complexe dès la fin de ses études. En effet, depuis quelques années, les nouvelles graduées peuvent aller travailler directement dans des milieux de soins critiques tels l’urgence, les soins intensifs, le bloc opératoire ou dans des milieux de soins spécialisés tels l’oncologie, l’hémodialyse et la cardiologie. De plus, elles sont confrontées à une multitude de situations cliniques qui ne peuvent être toutes vues en milieu académique, en raison de la complexité et de la diversité des problématiques de santé actuelles. Les infirmières doivent donc avoir développé des compétences à trouver de l’information afin de guider leurs soins et maintenir ainsi un jugement clinique approprié à la situation. De plus, le rôle de l’infirmière a évolué au cours de ces dernières années [Pepin, Kerouac, Ducharme, Major, 2010) [5]. Elle est ainsi appelée à exercer un leadership clinique dès la fin de ses études afin de coordonner les soins aux patients à des niveaux intra et interdisciplinaires. Finalement, le milieu de la santé est en changement constant, ce qui demande une adaptation fréquente à de nouvelles façons de faire, basées sur les bonnes pratiques. Il est donc primordial de soutenir adéquatement et d’outiller les nouvelles infirmières afin qu’elles puissent composer avec le contexte particulier que nous vivons actuellement dans le réseau de la santé, tout en continuant à dispenser des soins de qualité. Pour ce faire, l’innovation pédagogique est essentielle afin de répondre aux besoins de cette nouvelle génération qui devra développer des capacités à naviguer dans le réseau de la santé et y être opérationnelle dès son arrivée.
2Ce texte vise à définir et contextualiser l’innovation pédagogique, à mettre en lumière les incitatifs et les freins à l’innovation, à décrire son impact sur la formation et la pratique clinique, à différencier les stratégies qui mènent aux développements de l’innovation et à établir les différents leviers qui assureront la pérennité de celle-ci.
L’innovation pédagogique et son contexte
3Selon Bédard et Béchard, 2009 [6], l’innovation pédagogique est considérée comme une création originale qui permet, par l’utilisation de connaissances, de constituer des services et des moyens inédits (ou perçus comme tels) afin de transformer un système. L’innovation requiert donc de déconstruire des principes et des valeurs acceptés dans un milieu (Pardue, 2005) [7]. Souvent, les établissements d’enseignement désirent implanter des programmes dits « innovateurs » mais la plupart de ceux-ci comprennent une réorganisation de contenu plutôt que l’apport de modifications soutenu par un changement de paradigme. Une innovation engendre donc un changement majeur dans la façon d’enseigner aux étudiants incluant leur façon d’apprendre (National league for nursing [NLN], 2003) [8]. Le terme innovation ne fait donc pas toujours référence à son développement mais aussi à son implantation.
Types et caractéristiques
4Les innovations dans le domaine de la pédagogie peuvent être de différentes natures. Elles peuvent porter sur les stratégies éducatives, les approches d’enseignement, les activités des différents acteurs ou encore sur les programmes et la technologie qui peut être en soutien.
5Dans le domaine de l’enseignement, toute stratégie éducative autre que la prestation magistrale est souvent considérée comme innovante. Cependant, on parle davantage d’innovation pédagogique lorsque la stratégie d’enseignement est basée sur l’interactivité (i.e., interaction entre l’utilisateur et un système d’information) et des situations d’interaction pour améliorer la qualité des apprentissages des étudiants (Bédard & Béchard, 2009) [6]. On note, entre autres, la pédagogie narrative (incluant la réflexion critique), le jeu jumelé à des méthodes d’enseignement plus traditionnelles, les exercices d’intégration, les cartes conceptuelles (concept mapping), le journal réflexif, le portfolio, les assistants personnels digitaux (personal digital assistants- PDAs), les CD-ROM, les simulations haute fidélité ou encore l’éducation à distance, particulièrement en ligne [1] (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2] ; (Pardue, 2005) [7] ; (Brown, Kirkpatrick, Mangum, Avery, 2008) [9] ; (Emerson, Records, 2008) [10] ; (Hall, 2009) [11] ; (Karsenti, 1999) [12] ; (Royse, Newton, 2007) [13].
6Il est à noter que plusieurs de ces stratégies découlent des avancées technologiques qui ont permis des innovations pédagogiques dans l’enseignement (Beyerlein, Beyerlein, Kennedy, 2005) [14]. Citons, par exemple, l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) qui améliorent les environnements d’apprentissage en favorisant le lien entre la théorie et la pratique ainsi que les communications, même lorsque la distance est un enjeu (Hall, 2009) [11] ; (Dunn, 2000) [15] ; (Laferrière, Gervais, 2008) [16]. La technologie permet également de proposer des cours où les étudiants peuvent trouver en ligne le contenu de cours, communiquer via des forums en temps asynchrone (i.e., communication qui ne se fait pas en temps réel) ainsi que des salles de dialogue en temps synchrone (i.e., communication en temps réel), avoir accès à des quiz ou encore à des activités d’auto-évaluation (Kenny, 2002 [17]. Pour ce qui est des enseignants, la technologie permet de prendre part à des discussions portant sur l’éducation et de contribuer au partage de pratiques innovatrices par le biais de communautés électroniques (Pardue, 2005) [7] ; (Laferrière, Gervais, 2008) [16] ; (Andrew, Tolson, Ferguson, 2008) [18]. Ce type de communauté existe au Québec, entre autres, à l’Université de Laval [2].
7Les approches d’enseignement ont également évolué. On parle désormais d’approche centrée sur l’étudiant, d’approche humaniste ou encore constructiviste afin de créer des environnements d’apprentissage efficaces (Gibbs, 1990) [19] ; (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20]. Lebrun, 2004 [21] mentionne également que l’enseignement a subi une transformation, passant de l’enseignement en grand groupe vers celui en groupes plus restreints où les étudiants travaillent ensemble. Les résultats de cette transformation sont : un partage du travail entre les étudiants selon leurs forces et leurs intérêts respectifs, un plus grand engagement de leur part envers la tâche demandée et les objectifs poursuivis, un enseignement se préoccupant davantage de l’accompagnement ainsi que des ressources offertes, une structure de coopération et des évaluations portant sur les processus, les produits et les progrès réalisés.
8Les activités des acteurs en éducation se sont également transformées. D’un rôle d’expert de contenu, l’enseignant est maintenant facilitateur avec l’approche par compétence. Les enseignants et les ressources cliniques peuvent développer, en partenariat, des pratiques émergentes et de nouvelles connaissances au moyen de communauté de pratique (Andrew, Tolson, Ferguson, 2008) [18]. En effet, des collaborations entre les établissements d’enseignement et les milieux cliniques permettent la promotion de pratiques collaboratives entre les différents professionnels en éducation favorisant l’amélioration de la qualité des soins et des relations de travail futures. Le développement de la collaboration interprofessionnelle et son enseignement soutenu par les technologies, tant dans le milieu académique que clinique, en est un exemple (Budgen, Gamroth, 2008) [1] ; (Andrew, Tolson, Ferguson, 2008) [18].
9Au niveau des programmes d’enseignement, on peut véritablement parler d’innovation pédagogique lorsque l’ensemble ou plusieurs activités inclues dans ces programmes sont transformés (e.x, laboratoires, stages, cours). La réalisation de ces activités est ainsi caractérisée par la collégialité teintant les relations entre les enseignants qui désirent partager leurs expériences pédagogiques, l’enseignement centré sur l’étudiant, un certain décloisonnement disciplinaire, la contextualisation tant des apprentissages que de l’enseignement en raison de l’importance accordée au transfert des connaissances dans le curriculum et les moyens d’évaluation innovateurs (Bédard & Béchard, 2009) [6]. On parle de curriculum en constant développement et non figé dans le temps.
Incitatifs à l’innovation
10Plusieurs facteurs justifient l’apparition d’innovations dans la pédagogie des sciences infirmières ; l’évaluation des pratiques d’enseignement, les caractéristiques des étudiants dans les programmes de formation, le contexte universitaire, la réalité des milieux cliniques et les demandes des organisations professionnelles en sont quelques exemples.
11La discipline sert d’accès à l’innovation pédagogique (Bédard & Béchard, 2009) [6]. Un questionnement se fait sur les méthodes d’enseignement qui ne répondent plus aux changements constants dans les milieux de soins et ne satisfont plus les étudiants (Brown, Kirkpatrick, Mangum, Avery, 2008) [9]. Les connaissances sous-jacentes à l’exercice de la profession sont en continuelle évolution et les étudiants ont besoin davantage de soutien pour s’approprier ces connaissances et développer leurs compétences pour être aptes à intervenir dans des situations de santé complexes (Stanley, Hoiting, Burton, Harris, Norman, 2007) [4] ; (Pardue, 2005) [7] ; (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22]. Cette complexité justifie le réalignement de l’enseignement axé sur des contenus vers un enseignement centré sur les compétences à développer afin de s’engager dans les environnements de soins actuels (Brown, Kirkpatrick, Mangum, Avery, 2008) [9] ; (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22].
12Les étudiants fréquentant les établissements d’enseignement ont de nouvelles attentes en regard de leurs apprentissages. La problématique de concilier travail/études/famille, l’importance de la durée de la formation et la proximité du lieu de résidence, les différentes voies d’entrée dans la profession (qui viennent diviser la profession) et la diversité des profils des étudiantes ne font que justifier leurs attentes. Ces étudiantes font partie de la génération internet (the NET generation), une génération qui s’engage activement dans ses apprentissages, questionne, s’exprime, met l’emphase sur la créativité et l’innovation et qui se sent à l’aise avec les nouvelles technologies (Hall, 2009) [11] ; (Haigh, 2004) [23] ; (Karsenti, 2006) [24]. Ces étudiantes réclament de nouvelles approches éducatives en lien avec l’âge de l’informatisation, plus flexibles et accessibles amenant l’intégration des TICS dans l’apprentissage et l’enseignement (Brown, Kirkpatrick, Mangum, Avery, 2008) [9] ; (Haigh, 2004) [23].
13De plus, le contexte universitaire incite le développement de la formation académique en lien avec l’évolution de la discipline, sans compter que des enseignants recherchent constamment à améliorer l’apprentissage des étudiants et que des décideurs désirent différencier leur organisation par le biais de l’excellence de la formation de leurs ressources (Bédard & Béchard, 2009) [6]. Notons que les ressources pédagogiques et financières limitées, la compétition féroce entre les universités, le besoin de faciliter l’accès à la formation et d’uniformiser les cursus, de faciliter la mise à jour des contenus et leur diffusion et d’offrir du juste à temps sont des éléments à combler. De nombreux défis comme le manque de ressources tant en termes d’enseignants que de cliniciens et l’augmentation du nombre d’étudiantes (cours et stages) justifient l’utilisation des TICS pour répondre aux demandes (Emerson, Records, 2008) [10] ; (Hall, 2009) [11].
14La réalité des milieux cliniques façonne également la formation en sciences infirmières ; les besoins et exigences du marché, les conditions de travail difficiles dans les milieux de soins, le manque de main-d’œuvre infirmière (incluant formateurs et gestionnaires), le vieillissement de la population, l’augmentation de la complexité des problèmes de santé, la nécessité d’un niveau plus élevé de formation, les changements rapides dans les environnements de soins, l’expansion (ou l’explosion) des connaissances et des technologies, la rareté des ressources (autant humaines que financières) et la complexité du système de santé et des situations de soins favorisent l’innovation dans les stratégies d’enseignement (Budgen, Gamroth, 2008) [1] ; (Bédard, Béchard, 2009) [6] ; (Emerson, Records, 2008) [10] ; (Tanner, 2007) [25].
15Finalement, les organisations professionnelles infirmières encouragent le développement de nouvelles pédagogies basées sur la recherche afin de répondre aux environnements de soins tout en tenant compte des nouveaux partenariats entre les enseignants, les cliniciens et les étudiantes (Brown, Kirkpatrick, Mangum, Avery, 2008) [9] ; (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22]. Elles incitent à l’innovation et à l’amélioration des pratiques d’enseignement pour une préparation optimale des étudiantes à leur future profession (Budgen, Gamroth, 2008) [1] ; (NLN, 2003) [8]. En bref, le contexte québécois actuel de la formation infirmière incite à la modification de nos façons de faire.
Freins à l’innovation
16L’innovation pédagogique peut être retardée ou même entravée par divers éléments du contexte. Ces obstacles proviennent des organisations, des membres du corps professoral et des étudiants.
17Au niveau organisationnel, plusieurs facteurs peuvent ralentir le développement et l’implantation de l’innovation. Une résistance au changement peut découler de la culture d’une institution favorisant l’enseignement magistral (Dunn, 2000) [15] ; (Taylor, 2009) [26]. Les démarches d’innovation peuvent aussi être retardées par les nombreux changements organisationnels parallèles dans l’institution (Gibbs, 1990) [19]. Il est à noter que les systèmes d’évaluation de la performance des enseignants peuvent aussi être un frein à l’innovation puisqu’ils peuvent inhiber la prise de risques dans les méthodes d’enseignement (Taylor, 2009) [26]. Par ailleurs, le manque de temps et de ressources dédiées (humaines, matérielles, financières) doit être souligné (Dunn, 2000) [15] ; (Gibbs, 1990) [19] ; (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20] ; (Tanner, 2007) [25] ; (Association québecoise des infirmières et infirmiers en systèmes et technologies de l’information [AQIISTI], 2010) [27] ; Wilkinson, Forbes, Bloomfield, Gee, 2004) [28]. À cet effet, étant donné l’importance des technologies en soutien aux innovations pédagogiques, l’Association québécoise des infirmières et infirmiers en systèmes et technologies de l’information (AQIISTI, 2010) [27] soulignait récemment le peu (et même l’absence dans certains cas) de fonds alloués dans les établissements d’enseignement pour intégrer les systèmes et technologies de l’information (STI). A l’inverse, aux États-Unis, des objectifs nationaux en matière de technologie ont été établis. Ils prévoient notamment que chaque classe soit branchée et offre un programme de perfectionnement professionnel approprié à tous les enseignants. A l’heure actuelle, 31 états exigent une formation technique pour la délivrance du certificat d’aptitude pédagogique. Quant à l’Australie, qui a aussi misé sur la technologie, tous ses enseignants doivent suivre un cours de recyclage après dix ans d’enseignement (Dunn, 2000) [15].
18Chez les enseignants, l’obstacle majeur est la résistance des membres du corps professoral liée à la crainte du changement découlant du manque de connaissances (Pardue, 2005) [7] ; (Gibbs, 1990) [19] ; (Dunn, 2000) [24] ; et au risque potentiel de réduction de la qualité de la relation étudiant/enseignant (Haigh, 2004) [23]. Le manque de connaissances face aux nouvelles approches pédagogiques, tant l’apprentissage actif que les technologies, peuvent entraver la mise sur pied d’innovation (Laferrière, Gervais, 2008) [16] ; (Dunn, 2000) [24] ; (Taylor, 2009) [26].
19Pour ce qui est des étudiants, ils font également preuve de résistance face aux méthodes d’apprentissage qui leurs sont peu familières comme les technologies (Taylor, 2009) [26].
20La peur de l’inconnu, le travail en équipe et leur manque de compétences techniques qui se limitent généralement à la recherche sur l’internet ou encore au traitement de textes résument notamment le manque de connaissances sur les technologies à utiliser dans le cadre d’innovation pédagogique (Hall, 2009) [11] ; (Dunn, 2000) [15] ; et ce, malgré le fait qu’ils semblent être bien outillés.
21Dans un contexte pédagogique dans lequel sont introduites les technologies, l’apprentissage en ligne soulève des défis particuliers. L’inexpérience des enseignants face à l’utilisation des technologies jumelée au manque d’assurance des étudiants par rapport à leur compétence d’utilisation des ordinateurs peuvent ralentir l’utilisation de l’innovation (Hall, 2009) [11] ; (Dunn, 2000) [15] ; (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20]. Le manque de contact humain et les problèmes liés à la technologie et à l’infrastructure, comme l’accès à la bande passante, peuvent être aussi mentionnés comme limitant ce mode d’apprentissage (Hall, 2009) [11] ; (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20] ; (Wilkinson, Forbes, Bloomfield, Gee, 2004) [28].
L’innovation pédagogique et ses impacts
Formation
22L’innovation pédagogique a des impacts sur la formation des étudiants. Cette dernière amène les étudiants à articuler leurs connaissances, réfléchir sur leurs apprentissages et en concevoir une représentation personnelle. L’utilisation de stratégies d’enseignement centrées sur l’étudiant favorise le développement optimal de la pensée ainsi que l’engagement des étudiants dans leur cheminement (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22]. Par exemple, un programme de formation basé sur l’analyse de cas encourage les étudiants à être actifs dans la construction de leurs connaissances tout en développant leurs compétences et ainsi être en mesure de synthétiser (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20], identifier et résoudre des problèmes (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2].
23Le format numérique a des impacts tant sur la présentation, le contenu et son articulation dans le cours en tant que tel, que sur l’apprentissage et le comportement des étudiants. Les activités d’apprentissage étant constantes et le contenu de cours accessible en tout temps et en tout lieu (Herriot, Bishop, Kelly, Murphy, Truby, 2003) [29] ; (Lewis, Davies, Jenkins, Tait, 2005) [30], les étudiants démontreraient une meilleure compréhension et acquisition des nouvelles connaissances (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20]. Par contre, une rétroaction et des échanges sont nécessaires afin d’ajuster cette compréhension au besoin et le manque d’interaction et de partage peut priver les étudiants de l’expérience sociale vécue lors d’un cours, et avoir des répercussions sur le taux d’étudiants complétant le cours (Haigh, 2004) [23]. Hall, 2009 [11] note également que l’utilisation des technologies augmente la charge de travail des étudiants et enseignants. Finalement, les cours en ligne semblent favoriser la satisfaction et la motivation des étudiants (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20] ; tout en soutenant des sentiments d’auto-détermination, de compétence et d’appartenance (Karsenti, 1999) [24]. En effet, les cours en ligne semblent avoir un effet positif sur la motivation à apprendre, mais certains étudiants ne sont pas prêts à gérer tant d’autonomie, ce qui peut s’observer par une diminution de la motivation dès la quatrième semaine de cours (Karsenti, 1999) [24]. Finalement, une recension des écrits de 25 rapports d’évaluation de l’enseignement des soins infirmiers, comparant l’enseignement traditionnel au format en ligne, rapportent des résultats mixtes à savoir : certains cours en ligne étaient plus efficaces en termes d’apprentissage, d’autres moins ou encore qu’il n’existait pas de différences significatives au niveau de l’efficacité des deux méthodes (Lewis, Davies, Jenkins, Tait, 2005) [30].
Pratique clinique
24L’innovation pédagogique soutenue par les technologies a également des impacts au niveau de la pratique clinique infirmière. En effet, les étudiants ayant participé à des simulations de cas (haute fidélité) étaient plus confiants en leurs habiletés dans le milieu clinique (Reilly, Spratt, 2007) [3]. Également, l’utilisation d’assistants personnels digitaux dans l’environnement clinique augmente les connaissances des étudiants et les soutient dans la prise de décision clinique (Farell, Rose, 2008) [31]. Les compétences dans le milieu clinique doivent être continuellement actualisées et les technologies de l’information permettent cette actualisation directement sur le lieu de travail (Haigh, 2004) [23]. Karsenti, 1999 [24] note également que la participation à un cours en ligne permet aux étudiants d’intégrer des habiletés méthodologiques qui leurs seront indispensables dans leur pratique clinique.
25Les innovations pédagogiques en sciences infirmières ont pour résultats l’excellence dans la pratique infirmière et le développement d’une culture soutenant la créativité, la prise de risque et la qualité (Pardue, 2005) [7].
Stratégies nécessaires à l’innovation
Approche centrée sur l’apprentissage
26L’approche centrée sur l’apprentissage sous-tend le recours à une diversité de stratégies d’enseignement et d’apprentissage amenant l’étudiant à être engagé activement dans ses apprentissages (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20]. Cette approche permet de se concentrer sur la création d’un environnement qui met l’emphase sur l’apprentissage et non l’enseignement ; il est prioritaire de réorienter l’attention sur les résultats d’apprentissage plutôt que sur le contenu à transmettre ; il faut donc revoir à la baisse le contenu d’un cours lorsque l’on passe d’une approche centrée sur l’enseignement à un programme centré sur l’apprentissage (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22]. Comme mentionné précédemment, plusieurs stratégies pédagogiques, découlant du constructivisme, permettraient de rehausser les compétences infirmières. Hall, 2009 [11] mentionne que l’utilisation des technologies de l’information est vue comme un soutien à une approche centrée sur l’apprentissage.
Gestion de l’innovation
27Afin d’implanter des changements dans le contexte de l’enseignement, plusieurs aspects sont à considérer en termes de planification, d’implantation et de suivi et enfin d’évaluation. Il est important de la planifier adéquatement (Gibbs, 1990) [19] ; l’élaboration de buts communs et des résultats attendus est à faire (Hall, 2009) [11] ; (Stanley, Hoiting, Burton, Harris, Norman, 2007) [4].
28Lors de la planification, il est nécessaire d’identifier et de déterminer la façon de faire pour mobiliser des ressources qui seront nécessaires au projet (Gibbs, 1990) [19]. Les ressources matérielles, humaines et le temps requis pour l’implantation de l’innovation seront à documenter (Hall, 2009) [11]. L’équipe projet, soit les membres responsables de son implantation et de son suivi, agira comme coach en créant un sentiment d’urgence et en établissant des objectifs à court terme pour motiver les destinataires du changement (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22]. Les membres de cette équipe projet doivent partager la même vision (Axelrod, 2001) [32] ; (Dubrin, Daglish, 2002) [33] être engagés et motivés par l’innovation (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [3] et les différentes expériences des membres de l’équipe permettent de soutenir non seulement le projet mais les personnes impliquées (Cook, 2001) [34] ; (Kelly-Heidenthal, 2003) [35] ; (Klenke, 2002) [36] ; (Quinn, 2003) [37] ; (Vance, Larson, 2002) [38]. D’autres stratégies comme la diffusion d’information permettent d’augmenter la compréhension du projet et d’en diminuer la menace (Gibbs, 1990) [19]. Il est également nécessaire d’engendrer des changements au niveau des connaissances et de l’attitude du corps professoral afin que le processus soit un succès ; la création de discussions et de débats sont essentiels au changement tout en favorisant un climat ouvert à la résolution de conflits (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22]. Selon ces auteurs, un agent de changement ou un consultant externe orientant les membres lorsque ceux-ci rencontrent des obstacles ou des conflits peut s’avérer utile. Il peut être judicieux de créer des partenariats, reposant sur la collaboration, et de faire participer plusieurs parties prenantes dans la planification du changement (Stanley, Hoiting, Burton, Harris, Norman, 2007) [4]. Ceci permettra, entre autres, de définir les enjeux politiques, aspect à ne pas négliger. Des réunions régulières permettent la communication et le suivi du projet tout en considérant les buts et objectifs poursuivis (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2]. Finalement, l’évaluation de l’innovation pour en démontrer l’efficacité et ainsi l’intérêt de poursuivre dans cette voie doit être réalisée (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2].
Engagement
29Afin d’être en mesure d’innover en enseignement des sciences infirmières, il est primordial que les organisations impliquées, les enseignants et les étudiants utilisent des moyens pour favoriser l’engagement qui se réfère à l’implication des personnes en fonction de leurs rôles.
30L’engagement des décideurs de l’établissement d’enseignement et de ses partenaires (milieux cliniques) est nécessaire afin d’être en mesure de déployer le changement avec efficacité. Le porteur de dossier de l’innovation pédagogique doit être capable de faire cheminer l’idée d’innovation à celle de produit tangible. Il doit aussi être soutenu par les principaux décideurs qui devront avoir entérinés le projet. Tous les secteurs du milieu académique qui sont susceptibles d’être touchés, (ex., bureau des admissions, gestion des locaux, soutien technique) ainsi que les milieux de stage concernés par l’innovation, doivent aussi être partie prenante des développements et des impacts du projet. Leur engagement est nécessaire pour la réussite de celui-ci tant en termes de ressources (humaines, financières et technologiques) que de développement.
31L’engagement des enseignants concerne l’atteinte de l’excellence en éducation découlant de l’amélioration des cours et la recherche constante de nouvelles façons de faire (Diekelmann, Ironside, 2002) [39]. Quant aux étudiants, ils s’engagent cognitivement par le biais de stratégies d’apprentissage qui les amènent à faire des liens avec des notions antérieures, réorganiser et comprendre l’information, énoncer des solutions plutôt que de simplement appliquer une règle ou faire de la mémorisation (Viau, 2009) [40]. L’innovation pédagogique stimule les étudiants à construire leurs propres connaissances, à être actifs dans leurs apprentissages (Bédard, Béchard, 2009) [6].
32L’engagement de l’étudiant concerne son implication dans son processus éducationnel soutenu par l’enseignant ayant recours à diverses stratégies pédagogiques (Kala, Isaramalai, Pohthong, 2010) [20]. Par exemple, l’étude de cas permet aux étudiants de s’engager dans des expériences d’apprentissage authentiques et pertinentes ce qui améliorerait les résultats et l’expérience d’apprentissage (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2]. Les communautés de pratique amènent les membres à s’engager dans un processus d’apprentissage collectif (Wenger, 1998) [41] favorisant ainsi l’engagement dans des groupes et communautés locaux et professionnels tout en permettant de créer des réseaux et les fondations de l’identité professionnelle (Andrew, Tolson, Ferguson, 2008) [18]. Ce moyen, favorisant la réflexion critique, rend possible la création d’un engagement où l’individu effectue un remaniement et un renouvellement de ses compétences (Andrew, Tolson, Ferguson, 2008) [18].
33Par ailleurs, même si les technologies utilisées en soutien à l’innovation pédagogique peuvent favoriser l’engagement des étudiants en initiant des connaissances basées sur leurs expériences (Bonnel, Wambach, Connors, 2005) [42], les cours n’arrivent pas toujours à créer cet engagement et des activités, comme de l’encadrement et de la rétroaction afin de stimuler le dialogue et développer l’intérêt, doivent être incluses (Haigh, 2004) [23]. De plus, les étudiants peuvent également contribuer au développement et à la mise en œuvre de l’innovation ce qui pourrait favoriser un engagement de leur part.
Partenariat
34Le partenariat, en termes de collaboration en fonction des buts visés par l’innovation, incite à la mise en commun de différentes perspectives qui rehaussent le devis d’un programme et en redessine la pratique (Stanley, Hoiting, Burton, Harris, Norman, 2007) [4].
35De plus en plus de partenariats se tissent entre les milieux académiques et cliniques, permettant ainsi de réduire les limitations des modèles d’enseignement cliniques actuels (Budgen, Gamroth, 2008) [1]. Ce type de partenariat stimule une approche innovatrice dans l’enseignement clinique afin de répondre avec créativité aux problèmes budgétaires et aux manques de ressources enseignantes et cliniques (Tanner, 2007) [25]. Ces deux milieux ont un but en commun : la dispensation de soins de qualité à la clientèle (Stanley, Hoiting, Burton, Harris, Norman, 2007) [4].
36Au niveau du corps professoral, Pardue (2005) [7] souligne que l’établissement de partenariats entre collègues pourrait favoriser l’innovation par le biais du soutien entre collègues ainsi que par l’instauration d’un climat approprié. La création d’un partenariat, respectant l’expertise, la contribution et la valeur de chacun permettrait d’influencer non seulement le développement et la mise en œuvre de l’innovation mais aussi les attitudes et les résultats d’apprentissage des étudiants (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2].
37Le partenariat soutenant l’innovation inclut aussi celui entre les enseignants et les étudiants où ces derniers participent à la mise en place de nouvelles façons de faire, par exemple en participant à la planification du cours (Diekelmann, Ironside, 2002) [39]. Les étudiants sont au cœur de l’expérience d’apprentissage et peuvent travailler de concert avec les enseignants et administrateurs pour modeler leur expérience (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22]. La création de ce type de partenariat, plutôt que le respect de la hiérarchie traditionnelle en éducation, permettrait de répondre plus efficacement aux besoins d’apprentissage des étudiants (Brown, Kirkpatrick, Mangum, Avery, 2008) [9]. Un tel contexte de partenariat demande une compréhension des différentes parties impliquées. En effet, dans une relation de collaboration comme celle-ci, les partenaires sont à la fois enseignants et apprenants de la situation incluant le savoir de l’autre.
38Il est important d’identifier une vision commune et de clarifier la direction du partenariat. Il est également primordial, pour le succès de cette collaboration, d’établir des buts et résultats communs. Finalement, les partenaires doivent engager des ressources afin d’atteindre les buts fixés. Un dialogue constant entre les partenaires est crucial pour le succès de l’entreprise. (Stanley, Hoiting, Burton, Harris, Norman, 2007) [4].
Leadership
39Exercer du leadership au niveau académique est important dans l’apprentissage des étudiants. L’excellence en enseignement passe par l’utilisation d’un leadership de qualité pour rehausser les compétences de leadership des étudiants et collègues (Sawathy, Enns, Ashcroft, Davis, Harder, 2009) [43].
40Un leader pédagogique, inspirant ses collègues à se joindre à sa vision (Dunn, 2000) [15], doit connaître et maîtriser le contexte d’enseignement, avoir de la crédibilité comme enseignant et pouvoir avoir accès aux réseaux des membres du corps professoral, des décideurs et à celui de la pédagogie (Laurijssen, Gilis, Clement, Buelens, Huyghe, 2009) [44]. Par exemple, aux niveaux primaire et secondaire, les leaders pédagogiques jouent un rôle important dans l’amélioration continue de l’éducation (Mulford, 2003) [45]. La prise de risque est nécessaire pour le développement de nouvelles stratégies pédagogiques et pour la transformation des méthodes anciennes en méthodes innovatrices (Emerson, Records, 2008) [10]. Selon le National league for nursing (NLN, 2007) [46], un des rôles de ce leadership est d’établir et d’encourager la recherche en éducation aux sciences infirmières et le développement de chercheurs dans ce domaine.
Recherche
41L’innovation pédagogique est à documenter tout au long de son processus de vie. En effet, Diekelmann (2002) [39] soutient que présentement, l’important n’est pas d’innover, mais plutôt d’axer les efforts sur la recherche portant sur les pratiques innovatrices déjà en place. Sans le développement de la recherche sur les innovations pédagogiques, les connaissances sur la pratique en enseignement selon les résultats probants, les apprentissages et l’efficacité des différentes approches demeurent inexpliquées et anecdotiques. Selon cet auteur, les instruments et les méthodes pour évaluer les innovations pédagogiques sont absents. Il est donc primordial de développer la science de la recherche en éducation des sciences infirmières afin que les risques liés aux innovations soient diminués et que les bénéfices en découlant puissent être utilisés dans la pratique de l’enseignement.
42Néanmoins, des centres d’excellence en pédagogie infirmière basée sur les résultats probants devraient être en mesure de promouvoir les résultats de soins optimaux et une pratique professionnelle exemplaire (Emerson, Records, 2008) [10]. D’autres recherches comme le développement d’un curriculum ouvert offrant plus de flexibilité aux étudiants incluant des stratégies pédagogiques innovantes (Ironside, 2005) [47] ou l’intégration de la simulation, soutenue par la technologie, de cas complexes pour développer les compétences dont celles de recherche (Marlow, Spratt, Reilly, 2008) [2] ; (Hall, 2009) [11] s’avèrent essentiels pour arrimer enseignement et stratégies cliniques (Thorne, 2006) [48].
Leviers à la pérennité de l’innovation
43Dans l’optique de maintenir une innovation, certains facteurs sont à considérer, notamment les facteurs individuels, organisationnels et politiques.
Facteurs individuels
44Certaines caractéristiques d’un individu peuvent permettre de soutenir l’innovation : la prise de risque (Pardue, 2005) [7], la créativité et la persévérance (Emerson, Records, 2008) [10] et la capacité à utiliser les connaissances provenant également des écrits et de la pratique clinique (Thorne, 2006) [48]. Les individus peuvent alors développer, dans une optique de contribuer à l’innovation, des habiletés liées à l’apprentissage en se basant sur des théories et pratiques éducationnelles reconnues (Haigh, 2004) [23].
Facteurs organisationnels
45Au niveau organisationnel, il est souhaitable de retrouver des leviers permettant la continuité de l’innovation tant chez le personnel concerné, dans les services que dans l’environnement.
46Pour les enseignants, l’accompagnement pédagogique demeure primordial pour le maintien de l’innovation (Bédard, Béchard, 2009) [2] ; (Dunn, 2000) [15]. Pour ce faire, les enseignants doivent pouvoir poursuivre des cours de perfectionnement professionnel portant sur les compétences informatiques et l’intégration des TIC dans les activités d’apprentissage (Hall, 2009) [11] ; (Dunn, 2000) [15]. L’établissement doit ensuite rendre la technologie disponible aux enseignants et fournir un soutien à l’exploitation et à la maintenance de cette technologie (Dunn, 2000) [15] ; (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 2008) [22].
47L’organisation elle-même doit faire preuve d’une culture d’innovation en favorisant les réflexions ouvertes sur leur philosophie d’enseignement et leur capacité à changer leurs pratiques (Dunn, 2000) [15] ; (Dalley, Candela, Benzel-Lindley, 20080 [22]. Comme Taylor, 2009 [26] le souligne, la création d’un environnement de partage des outils conceptuels et des applications de l’innovation est un autre élément à considérer. A cet effet, l’établissement doit également savoir prendre des risques, établir des partenariats, développer une culture de collaboration (Dunn, 2000) [15] et établir un leadership (Taylor, 2009) [26] pour promouvoir l’innovation. Elle doit aussi mettre sur pied une infrastructure permettant la diffusion des innovations par des moyens appropriés au contexte (Taylor, 2009) [26].
Facteurs politiques
48Au niveau politique, il serait intéressant de créer un réseau pédagogique interdisciplinaire, brisant l’isolement disciplinaire en matière d’éducation, permettant ainsi de générer plus d’innovations dans les programmes (Emerson, Records, 2008) [10].
49Particulièrement dans le domaine des sciences infirmières, il pourrait être intéressant de réévaluer les attentes envers les étudiantes entrant dans la profession et de réorienter les programmes d’enseignement selon ces attentes (Tanner, 2007) [25]. Également, le développement des sciences de l’éducation en sciences infirmières passe par une réforme de cet enseignement qui devrait être basé sur les résultats probants (NLN, 2003) [49]. Pour ce faire, il sera nécessaire de développer les bases de connaissances en éducation des sciences infirmières, de conduire des analyses de concepts et des méta-analyses liées à l’innovation et à l’évaluation de l’éducation en sciences infirmières (NLN, 2003) [49].
Conclusion
50L’innovation pédagogique en sciences infirmières est donc bien plus qu’une simple réorganisation d’un contenu d’enseignement. Elle demande des modifications importantes à plusieurs niveaux (académique, clinique, technique, etc.), des changements majeurs soutenus par une volonté conjointe du milieu académique et des milieux de soins. De plus, l’enseignant qui choisit cette voie doit être un leader pédagogique, reconnu par les milieux cliniques et par son institution universitaire. Développer et implanter une innovation pédagogique demande également une collaboration, un véritable partenariat entre l’enseignant et les étudiants, avec toujours un engagement actif de l’étudiant dans le processus d’apprentissage.
51Si l’idée de développer une innovation pédagogique dans un établissement d’enseignement pour ses partenaires du milieu clinique reste une idée louable et prometteuse, il demeure qu’elle n’est pas garante du succès de l’innovation. En effet, au-delà de l’envie de plusieurs partenaires, de la disponibilité de la technologie et de la demande étudiante, le succès d’une innovation pédagogique réside autant, si ce n’est plus, dans son implantation que dans le développement de la stratégie en elle-même. Ainsi tant au moment de l’élaboration de l’innovation que lors de son implantation, le dialogue doit être constant entre les différents partenaires impliqués. Le but ainsi que les résultats à atteindre doivent être communs pour s’assurer du développement mais aussi du maintien d’une innovation pédagogique.
52Il semble donc important de se questionner sur les innovations possibles tant dans les milieux académiques que dans les milieux de soins. Cependant, il apparaît tout aussi pertinent de veiller à valider l’efficacité de celles qui sont déjà existantes afin de les maintenir ou de les modifier. En effet, l’évaluation des innovations mises en place dans le passé doit être réalisée afin de mieux orienter les innovations futures.
53Ainsi, l’émergence de l’innovation pédagogique dans la formation des infirmières s’appuie sur un multi-partenariat (académique-clinique, étudiant-enseignant, enseignant-milieu académique, etc.). Tout au long du processus, soit de l’idée de l’innovation pédagogique à sa concrétisation, les canaux de communication entre les milieux cliniques et les milieux académiques doivent être maintenus, favorisant ainsi le partage et le travail commun, dans la perspective commune d’une dispensation de soins de qualité à la clientèle.
Bibliographie
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Notes
-
[1]
La formation en ligne fait référence à celle qui utilise internet pour sa diffusion. Elle requiert l’assistance d’un formateur (tuteur, facilitateur) et est diffusée, principalement, en mode asynchrone à l’aide de forums, de blogues et d’autres technologies de la communication. En milieu universitaire, la formation en ligne se caractérise par l’utilisation quasi exclusive des technologies de l’information et de la communication (TIC)(Hotte & Besançon, 2007). Autre appellation : e-learning ou formation numérique.
La formation à distance fait référence au mode d’enseignement permettant de recevoir de la formation à domicile ou sur les lieux de travail. - [2]