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Article de revue

Chronique bibliographique

Pages 153 à 154

La Finance Mutualiste sous la direction de Michel Roux Revue d’économie financière n° 134 – 2019 – 341 pages – 32 euros

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1Ce nouveau numéro de la REF, s’est donné pour finalité de participer à l’indispensable effort de pédagogie pour éclairer l’opinion, les étudiants et les acteurs de la finance, sur ce secteur à la fois mal connu et sur lequel pèsent de nombreuses contre-vérités.

2Manifestement, ce prestigieux collectif, réunissant des praticiens chevronnés, des décideurs de très haut niveau (dont notamment des présidents nationaux, du Crédit coopératif, Jean-Louis Bancel et du Crédit Mutuel, Nicolas Théry) et des économistes spécialisés de la « finance Mutualiste » s’en est donné les moyens tant d’analyses, exceptionnellement documentées, que de propositions concrètes d’actions.

3Aussi, ce rappel du doyen honoraire de l’Université Paris 13 Sorbonne, Michel Roux, éminent expert et enseignant-chercheur de ce secteur, est particulièrement le bienvenu, en soulignant « … Ce secteur de la finance est indispensable pour le développement d’une économie réelle et, plus humaine. ».

4Dans sa quête de reconnaissance, vis-à-vis de ses compétiteurs, la finance Mutualiste peut s’appuyer sur deux atouts majeurs, sans sous-estimer ses faiblesses :

5Son premier atout réside dans une logique managériale et de gouvernance, c’est-à-dire… « le temps long. » Comme tient à le préciser Arnaud Chneiweiss, délégué général de la FFA ; Ne pas (trop) subir la dictature du cours de Bourse à chaque trimestre et le harcèlement des publications et autres normes associées, donne « du temps au temps. ».

6Le second point d’appui, lié à la philosophie de la gouvernance mutualiste, repose sur l’implication directe de ses Sociétaires (ailleurs on dirait client) dans la vie de l’Entreprise : chez un assureur mutualiste par exemple, le « client- sociétaire » est à la fois Assureur et Assuré… Aussi cette adhésion forte est porteuse bien évidemment d’un cercle vertueux en termes de fidélisation, de coûts maîtrisés dans la conquête commerciale, etc.

7Toutefois, reste que le défi majeur, une des faiblesses structurelles du monde mutualiste, touche au périmètre des marchés financiers : en effet, ni pour son développement ni pour ses éventuelles restructurations, l’augmentation classique de capital par émission d’actions nouvelles, n’est possible. Si le recours à l’endettement reste une solution, elle reste limitée à l’accumulation réglementée de fonds propres et finalement, « … somment du paradoxe mutualiste., aux profits réalisés, (souvent considéré comme un gros mot !!!) mais servant « d’alimentation au capital exigé », notamment, (mais pas seulement, la performance de la gestion financière garde aussi ses droits.), par une réglementation drastique.

8Si la raison d’être du modèle mutualiste est en parfaite résonnance avec les attentes nouvelles de l’opinion pour un capitalisme responsable, (intérêt général, RSE, etc.), ce modèle devra s’adapter en permanence aux enjeux de la finance mondialisée et aux politiques monétaires dites « modernes ».

9Les nouvelles utopies de la finance, comme celles d’un prix « du risque et du temps », paraissant s’être dissout avec les taux d’intérêt négatifs dans de nouvelles lunes fragilisant à l’excès le Système bancaire et assurantiel, doivent impérativement tenir le modèle de la finance mutualiste en éveil et, se préparer sans doute à de profondes remises en cause.

10Il reste toutefois, que « dans ce contexte d’incertitudes exacerbées, le modèle mutualiste pourra faire valoir sa capacité à faire primer l’intérêt collectif sur le bénéfice individuel et montrer par la force de ses actions, qu’il est possible et souhaitable, de privilégier l’intérêt de long terme sur le profit immédiat… »

11« … Si le statut ne suffit pas pour produire de la vertu, les acteurs mutualistes disposent d’une capacité de différenciation pour concilier performance et contribution positive au « mieux commun »

12Une parution indispensable pour mieux comprendre « L’autre monde de la finance » et en tirer… profit.

L’esprit malin du capitalisme de Pierre-Yves Gomez octobre 2019, Desclée de Brouwer, 297 pages, 17, 90

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13Selon l’auteur, dont les précédentes parutions ont fait l’objet d’une grande attention (le Travail invisible, en 2013 chez Bourin, notamment), un « esprit Malin » s’est emparé du Capitalisme pour lui (pour nous) raconter une belle histoire… : ainsi nous fait-il espérer un avenir qui nous sauvera, tout en suggérant que l’être humain en sera exclu, s’il n’est pas capable de s’adapter, ce qui n’est pas en soi pas très rassurant. D’un autre côté, la promesse est si forte qu’elle pourrait ouvrir sur un monde ou les dettes qui s’accumulent ne devraient plus inquiéter car « elles ne seraient pas remboursées, effacées par les performances du futur » et, si l’homme devait rester un nuisible pour la planète, il pourrait être régénéré et « augmenté » par les miracles de la technologie ».

14Au-delà de ces rêves qui sont partagés par de nombreux économistes, le pire est que cet « esprit malin », (c’est-à-dire le capitalisme spéculatif), a saisi la sphère financière, contaminé l’économie réelle et in fine la société tout entière. « Il a bouleversé le travail, la consommation, les entreprises, les mentalités, la vie quotidienne, pour produire une société, matérialiste, fébrile et fataliste » et, il a pris la forme de la financiarisation, puis de la digitalisation, rebondissant à chaque crise.

15Ce récit décrit une réalité objective et, en creux, c’est la figure d’un destin funeste et implacable qui nous semble promis. Aussi faut-il tout l’optimisme de l’auteur, chevillé au corps, pour néanmoins croire à un « nouveau récit » un « relais de croyances » que pourrait construire l’humanité, pour peu qu’elle retrouve le sens de la vie réelle, du travail et de ses valeurs, bref, du » bon sens » pour sortir de ce labyrinthe dans lequel beaucoup se sont déjà perdus, et ou se cache (à peine) le « Minotaure » en, nouveau monstre, celui des inégalités. Un essai décapant dont on ne sort pas complètement indemne.

16Pierre-Yves Gomez est essayiste, professeur à EmLyon et auteur de nombreux ouvrages

Manager avec son âme : La méthode des grands dirigeants pour mettre l’humain au cœur du travail mars 2019 de Fabienne Alamelou-Michaille avec la contribution de Xavier Fontanet

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17La spiritualité peut-elle sauver l’art du Management ? Il ne se passe pas un jour sans que la souffrance au travail, individuelle (burn-out) ou collective (colère, plaintes, grèves), ne vienne interpeller, via les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu, les partenaires sociaux, comme les « décideurs » du monde politique… Dans le nouveau monde interconnecté où se côtoient disruptions brutales et incertitudes généralisées, les dirigeants sont confrontés à des défis inédits de management. Notamment, La nécessité d’intégrer, au jour le jour, cet environnement complexe, sans paralyser la dynamique de l’entreprise, et supporter le regard de l’opinion, fortement critique, en proie à des pulsions multiples. Si l’on ajoute à cela, l’ardente obligation de rendre des comptes à l’ensemble des parties prenantes (actionnaires, salariés, client et État) tout en répondant à leur demande de « sens » toujours plus pressant, voire contradictoire, on comprend que la recherche « d’autres voies, puisse devenir prioritaire : D’autre part, l’autorité du leader peut de moins en moins s’en tenir à ses compétences techniques ou à son statut. Il se doit de « … mobiliser d’autres ressources. » Ce qui conduit à transformer en profondeur « l’art du Management., en ouvrant le chemin, pour certains auteurs à une présence plus forte d’une forme plus « humaine », voire de spiritualité dans un management des « ressources humaines » modernisé.

18« Manager avec son âme », telle est la proposition décapante par exemple de Fabienne Alamelou-Michaille (1) : Mais la spiritualité ce n’est pas la religion ! Quelle qu’elle puisse être, mais « … ce mélange subtil de logique et d’émotion » qui distingue l’homme de l’animal. Le spirituel est l’une des dimensions constitutives de l’être humain au côté du corporel et du psychique, « … cette part de l’homme en quête d’absolu, de beau et de vrai, de bon. C’est cette dimension que le manager doit retrouver dans l’exercice de ses fonctions et missions. Ce manager qui sait (ou qui saurait, peut-être) intégrer une part « de son âme » dans son rôle, qui cherche à donner du sens, engage ses valeurs et ses croyances dans ses décisions, et reste animé par le profond désir de rendre le monde meilleur » qui, finalement lui fait admettre qu’il n’est pas la fin de toute chose. »

19Pour atteindre cet objectif ambitieux (mais en rien utopique), une méthode paraît s’imposer. Se recentrer sur soi (l’intériorité)… se décentrer (relation aux autres) et se « sur-centrer » (dans un horizon le plus large) possible.

20En filigrane, c’est « tout l’art du « lâcher-prise » qui subtilement peut unir dans la même excellence la quête de sens de plus en plus prégnante et, le meilleur de « l’art du Management » des temps nouveaux. C’est-à-dire de revenir au sens premier du management : se « ménager « et « ménager « les autres »…, « la spiritualité, dans le management, n’est pas qu’une simple liste de recettes., mais le développement de la part intime de soi qui exige la plus grande liberté et le plus profond respect de ceux qui nous accompagnent »… Un cheminement pour inviter tout dirigeant, apprentis ou confirmés, à conserver sa force d’étonnement et d’esprit critique en gardant bien en tête, la trace qu’il aimerait laisser de son passage sur la Planète en faisant du Management une nouvelle source de bonheur au travail…

21Fabienne Alamelou-Michaille est auteure, théologienne et a été dirigeante dans de grouds groupes

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