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Article de revue

Les déterminants du choix de la forme d'implantation bancaire à l'étranger 

Une analyse théorique

Pages 167 à 176

Notes

  • [1]
    Les établissements bancaires français privilégient la filiale et la succursale comme deux formes organisationnelles de représentation. Ainsi en moins de dix ans, le nombre des filiales des banques françaises a presque doublé en passant de 125 filiales en 1993 à 241 filiales en 2001 tandis celui des succursales a peu évolué durant cette époque et a même baissé pour atteindre son plus bas niveau en 2001 (le nombre de succursales de banques françaises est passé de 125 en 1993 à 97 en 2001). Les zones d’implantation ciblées en dehors de l’E.E.E. sont le Moyen Orient, l’Asie du Sud-est et l’Amérique du Nord.
  • [2]
    L’exemple de Citibank est illustratif à cet effet. La banque américaine détient aujourd’hui des succursales dans plusieurs pays et qui portent son nom et jouissent de sa renommée : Citibank France, Citibank Belgique, Citibank Allemagne, etc.
  • [3]
    Cette participation financière au capital peut être réalisée de trois façons : (1) l’ouverture du capital social de la banque-mère en prenant des nouvelles parts dans le capital de la banque-affiliée. Cette décision, de nature stratégique, ne peut être prise que si le bilan actuel ne permet pas à la maison-mère d’envisager d’autres possibilités de croissance, (2) le rachat des titres détenus par d’autres actionnaires tout en maintenant intact son capital social, et (3) la banque-mère peut s’engager dans des nouvelles activités dans le pays d’accueil, invitant d’autres banques ou établissements financiers pouvant être elles-mêmes étrangères, à la joindre. Elle se contente ainsi d’une participation minoritaire dans la nouvelle banque.
  • [4]
    Le rôle d’un bureau de représentation est de : (1) maintenir des relations avec la clientèle de la banque établie à l’étranger ou effectuant des transactions internationales, (2) rechercher des nouveaux marchés et faire connaître l’offre de la banque aux clients potentiels, (3) collecter des informations utiles pour la banque et ses clients du pays d’origine, (4) promouvoir les affaires de la banque-mère à l’étranger, (5) créer, développer et entretenir des relations publiques dans le pays d’implantation.
  • [5]
    Lee (2004) explique un triple intérêt de réglementer l’entrée des banques étrangères dans les pays en développement : — une entrée massive des banques étrangères réduit la rentabilité des banques domestiques. En effet, les avantages technologiques et organisationnels des banques multinationales se traduisent en avantages en termes de coûts par rapport aux banques nationales. — une forte présence de banques étrangères dans un pays en développement réduit le volume de crédits accordés à l’économie nationale dans son ensemble et marginalise certains acteurs de l’économie nationale telles que les petites et moyennes entreprises. — les banques étrangères sont souvent considérées comme étant des véritables vecteurs d’instabilité pour les pays à secteur bancaire moins développé. Cette instabilité provient des activités de prêts spéculatives et du transfert des pertes subies dans certaines régions vers d’autres.
  • [6]
    C’est le cas de la Chine où « la loi plafonne encore à 25 % la présence globale du capital étranger dans une banque locale et à 20 % celle d’un seul investisseur » (La Tribune du 25/06/2004). Cela signifie donc que dans ce pays, la réglementation bancaire n’admet pas que les banques étrangères acquièrent des participations suffisamment élevées pour contrôler une banque locale et en faire ainsi une filiale. En 2005, les participations des banques étrangères dans les banques chinoises attestent bien de cette exigence réglementaire. Ainsi, ING a racheté 19,9 % du capital de Bank of Beijing, Bank of America acquiert seulement 9 % de China Construction Bank, Royal Bank of Scotland rachète 10 % des actions de Bank of China et BNP Paribas prend une participation de 19,7 % dans le capital de Nanjing Commercial Bank (Les Échos du 26/09/2005). Toutes ces banques chinoises deviennent ainsi, par la force de la loi bancaire, des banques affiliées.
  • [7]
    Pour mesurer cette variable, les auteurs ont utilisé l’indice construit par Barth et al. (2001). Il tient compte de l’étendue des activités exercées par la banque : (a) les opérations sur titres et le courtage, (b) l’assurance, (c) l’investissement immobilier et (d) la détention de firmes non financières. Pour chacune de ces sous-catégories, une valeur comprise entre 1 et 4 a été attribuée selon que l’activité est : (1) sans restriction, (2) autorisée, (3) avec restriction ou (4) interdite.
  • [8]
    La directive bancaire du 19 juin 1989, tout en ouvrant le secteur bancaire européen à la concurrence internationale, définit les conditions de reconnaissance mutuelle entre les États membres de l’espace économique européen (E.E.E.) à travers le principe d’« agrément unique ». Selon ce principe, toute banque régulièrement agréée par un des États membres pourra s’implanter librement dans les autres États de l’E.E.E. La directive de 1989 instaure aussi la liberté de transfert des capitaux et prévoit entre autres, l’abolition des contrôles des changes pour les banques, les entreprises, la possibilité pour les particuliers d’ouvrir un compte à l’étranger, etc.
  • [9]
    La taille du marché est mesurée par le rapport entre le total des dépôts bancaires et le PIB.
  • [10]
    J.-G., Blandon (1998 ; p. 8) s’est limité à l’étude du choix de ces trois formes de représentation car selon lui, « les banques affiliées ne sont pas incluses dans son investigation parce qu’elles ne sont pas considérées par la loi bancaire ».
  • [11]
    Les auteurs ont collecté des données sur les cent plus grandes banques mondiales (suivant le total actif de décembre 2002) afin d’étudier les formes de représentation qu’elles choisissent pour s’implanter en Amérique Latine et en Europe de l’Est.
  • [12]
    Il faut noter que la création de filiale par les banques françaises connaît une progression sensible dans le domaine de certaines activités spécialisées telles le crédit à la consommation et les produits d’assurance. Ces filiales dites spécialisées sont par exemple : Sofinco, filiale du Crédit Agricole qui contrôle Fincosum en Espagne, Agos Itafinco en Italie, Cetelem, filiale de BNP Paribas qui est présent dans 20 pays et dispose de 60 % des collaborateurs à l’étranger, Franfinance, filiale de Société Générale qui vient de prendre récemment le contrôle de Hanseatic Bank en Allemagne, etc.

1 La banque multinationale est une entreprise qui produit et/ou offre ses produits à l’étranger. M., Casson (1990) donne une définition plus nuancée et considère que la banque multinationale est une banque qui détient et contrôle des activités bancaires dans plusieurs pays. Abondant dans le même sens, J.- M., Gray et H.-P., Gray (1981 ; p. 37) soulignent que la banque multinationale est un établissement financier qui collecte des dépôts et accordent des crédits grâce à des entités localisées dans plus d’un pays. Elle réalise ainsi un investissement direct dans plusieurs pays, à travers la création, l’acquisition totale ou partielle (prise de contrôle) d’une banque dans le pays d’accueil. Selon M., Sarmet (1974 ; p. 1140), « … le fait pour une banque de participer aux financements d’opérations de commerce extérieur… ne suffit pas à justifier une qualification de banque multinationale ». En d’autres termes, une banque multinationale est une banque organisée pour offrir à la clientèle un réseau international qui lui permet de disposer de conseils et services pour des opérations internationales et locales dans un grand nombre de pays. Pour pouvoir réaliser ces activités, la banque multinationale dispose de diverses possibilités d’implantation à l’étranger (R.-L, Heinkel et M.-D., Levi [1992], J.-G., Blandon [1998], E.-A., Bain, J.-G., Fung et I.-R., Harper [1999]) : le bureau de représentation, la banque affiliée, la succursale et la filiale.

2 L’internationalisation des banques et le choix de la forme de représentation à l’étranger sont des sujets abondamment traités dans la littérature liée à l’activité bancaire. Le choix du mode d’implantation bancaire à l’étranger relève d’une décision stratégique dans la mesure où, de la forme d’implantation choisie, dépendront les types d’activités que la banque-mère entend exercer dans le pays d’accueil. La littérature se concentre sur les déterminants macro-économiques du choix de la forme organisationnelle de représentation bancaire à l’étranger. S.-R., Miller et A., Parkhe (1998), J.- G., Blandon (1998), M., Mutinelli et L., Piscitello (2001), D., Focarelli et A.-F., Pozzolo (2005), A.-E., Tschoegl (2004), E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005) montrent que les indicateurs économiques et financiers ainsi que les restrictions réglementaires constituent les principaux déterminants du choix de la forme de représentation bancaire à l’étranger.

3 L’objectif de ce papier est d’analyser les déterminants du choix de la forme de représentation bancaire à l’étranger. Outre les facteurs relatifs à l’environnement économique et à la réglementation bancaire des pays d’origine et d’accueil, la taille de la banque-mère, la distance qui sépare le pays d’origine du pays d’accueil, la nature de l’activité à exercer à l’étranger et l’expérience en matière d’acquisition et/ou d’internationalisation peuvent également influencer ce choix. En effet, selon E.-A., Bain, J.-G., Fung et I.-R., Harper (1999), le choix de la forme d’implantation bancaire à l’étranger dépend des ressources financières que la banque-mère est capable d’investir. Lorsqu’une banque s’implante à l’étranger par le biais d’une filiale, elle peut, soit acquérir une banque locale, soit créer une nouvelle filiale. Dans les deux cas, il y a un investissement initial qui dépend du capital minimum requis. Le montant de l’investissement initial est proportionnel au pourcentage d’actions que la banque-mère détient dans le capital de la filiale. S’agissant d’une succursale, l’investissement initial est entièrement à sa charge et aucune participation étrangère n’est admise. Quant au degré d’internationalisation, plus il est élevé, plus la banque dispose du personnel expérimenté et pouvant être expatrié à la tête des filiales et succursales à l’étranger. Le choix de la forme de représentation dépend aussi de la relation entre la banque-mère et ses implantations étrangères. Cette relation peut être affectée par des divergences d’intérêts entre les deux parties à cause de la distance physique et culturelle entre les pays d’origine et d’accueil.

4 Notre article se présente comme suit. Une première section consistera à définir les principales formes de représentation bancaire à l’étranger à savoir la filiale, la succursale bancaire, la banque affiliée et le bureau de représentation. Une deuxième section mettra d’abord l’accent sur l’impact des restrictions réglementaires du pays d’accueil, sur le choix de la forme de représentation bancaire à l’étranger et traitera ensuite du rôle joué par l’environnement économique et institutionnel des pays d’origine et d’accueil dans le choix de cette forme. Dans notre troisième section, l’analyse portera sur l’influence que la taille de la maison-mère, son expérience en matière d’internationalisation et la distance entre les pays d’origine et d’accueil peuvent exercer sur son mode d’implantation à l’étranger.

1. Définition des formes de représentation bancaire à l’étranger

5 Nous présentons dans cette section les principales formes organisationnelles de représentation bancaire à l’étranger, à savoir la succursale, la filiale, la banque affiliée et le bureau de représentation. La première forme est réalisée sans participation extérieure tandis que la deuxième est effectuée avec la participation d’autres parties dans le capital (États, banques, institutions financières, particuliers…). La banque affiliée est un établissement bancaire local (avec une dénomination locale) dans lequel la banque étrangère détient une participation inférieure à 50 %. Quant au bureau de représentation, il n’est qu’une forme provisoire de prospection des opportunités que présente le marché étranger [1].

1.1. La succursale

6 La succursale n’est pas autonome par rapport à la maison-mère, même si ses règles d’exploitation (comptabilité, déclaration de résultats…) témoignent d’une certaine indépendance. Elle exerce une activité commerciale, dispose d’une clientèle propre mais n’a pas d’autonomie juridique. A ce titre, elle n’a pas de personnalité morale. En France, la législation bancaire définit la succursale comme un siège d’exploitation dépendant directement de la banque-mère et ne constituant pas une entité juridique indépendante de celle-ci. La succursale reste dépendante de la maison-mère pour ses besoins en capitaux, même si elle a également accès aux dépôts domestiques en gros et en détail ainsi qu’aux marchés de placement. L’ouverture d’une succursale par laquelle la banque-mère peut activement participer au système bancaire du pays d’implantation nécessite cependant un investissement très élevé car il n’y a pas de participation extérieure dans la constitution d’une succursale. Les banques qui choisissent cette forme d’implantation à l’étranger visent le plus souvent un objectif spécifique, celui de jouer un rôle actif dans le secteur bancaire local. Notons toutefois que si les succursales sont des parties intégrales des banques-mères, elles disposent toutefois de l’autorité nécessaire pour prendre certaines décisions comme par exemple, les décisions opérationnelles.

7 La dépendance vis-à-vis de la banque-mère est synonyme de manque d’autonomie en ressources financières pouvant entraîner une modification de l’actif et du passif (G., Calzolari et G., Loranth [2005]). A cela s’ajoutent les limitations de crédits imposées par le pays d’accueil sur des critères relatifs à la taille de la banque-mère, sans tenir compte du poids de la succursale. La succursale exerce ses activités sous l’égide de la maison-mère [2]. L’établissement d’une succursale permet à la maison-mère d’exercer un contrôle maximum des activités à l’étranger. La dépendance légale vis-à-vis de la banque-mère fait que cette dernière peut directement contribuer à la solvabilité de la succursale. La succursale est, toutes choses égales par ailleurs, la forme organisationnelle qui offre à la banque-mère une portée suffisante de surveillance et de contrôle interne des activités étrangères.

1.2. La filiale

8 Contrairement à la succursale, la filiale est une société dotée d’une personnalité morale. Elle est autonome par rapport à la banque-mère et peut à ce titre, agir en justice et posséder un patrimoine distinct. A.-E., Tschoegl (2004) souligne que « la filiale bancaire est une entité localement constituée en société par actions et légalement séparée de la banque-mère qui y détient plus de 50 % du capital ».

9 L’établissement d’une filiale dans un pays étranger peut être fait, soit à travers une nouvelle entité, soit par l’acquisition d’actions d’une banque déjà existante dans le pays étranger, tout en étant majoritaire. Détenir plus de 50 % des actions dans la filiale ne garantit pas automatiquement à la maison-mère un contrôle total des activités. Dans certains pays, les actionnaires minoritaires peuvent, s’ils ne sont pas d’accord, bloquer les prises de décision. C’est la raison pour laquelle, certaines banques préfèrent acquérir entièrement l’établissement bancaire étranger pour en faire une filiale totalement contrôlée (filiale à 100 %). Ce dernier type d’acquisition constitue une alternative à l’établissement d’une succursale. B., Marois (1986) fait remarquer que du point de vue du contrôle, il existe peu de différences entre la filiale détenue à 100 % et la succursale, à part la lourdeur plus grande dans la gestion de la filiale dans la mesure où il est obligatoire de réunir le conseil d’administration pour prendre certaines décisions capitales.

1.3 La banque affiliée

10 Il s’agit d’un établissement bancaire local (avec une dénomination locale) dans lequel la banque étrangère détient une participation [3] inférieure à 50 %. Des cadres dirigeants autochtones sont, en général, nommés à la tête de la banque. La banque-affiliée est autorisée à faire des prêts mais ses fonds lui proviennent exclusivement de la banque-mère et par le biais d’emprunts sur les marchés de gros et monétaire étrangers. Les banques établissent souvent des banques-affiliées dans les pays où le système financier offre la possibilité d’entreprendre plusieurs activités bancaires, ce qui nécessite par conséquent des investissements assez élevés par rapport à ceux requis pour l’implantation d’un bureau de représentation.

11 L’organisation de la banque affiliée est relativement complexe, comparée à celle de deux formes précédentes. C’est une forme d’implantation à l’étranger dans laquelle la maison-mère est en coopération étroite avec d’autres parties. Les banques peuvent prendre une participation financière pas assez suffisante pour assurer un contrôle des activités. La nouvelle banque ainsi formée est une banque-affiliée. Juridiquement, la banque-affiliée est régie par la loi locale et exerce ses activités en conformité avec cette législation. L’organisation de la banque-affiliée crée souvent des conflits entre la direction locale et la direction de la maison-mère.

1.4 Le bureau de représentation

12 Selon l’Association Française des Banques, le bureau de représentation est tout organisme, quelle qu’en soit la dénomination (délégation, bureau d’accueil, etc.), chargé de représenter la banque-mère mais n’effectuant pas d’opérations de banque par lui-même. Il n’a pas pour objet, l’exercice d’une activité commerciale. Il recueille des informations, établit des contacts et assure la publicité de la banque étrangère avant son implantation en France. Le bureau de représentation est dépourvu de personnalité morale. Un bureau de représentation est crée lorsque le pays d’implantation présente un intérêt et un potentiel économiques suffisants. En installant un bureau de représentation, la banque-mère projette, selon R.-L, Heinkel et M.-D., Levi (1992) et J.-G., Blandon (1998), de prospecter les opportunités d’affaires du pays d’implantation. C’est une entité dont le rôle est d’épauler la banque-mère et ses clients dans leurs transactions financières et commerciales au niveau international.

13 Le bureau de représentation n’est pas habilité à entreprendre des activités bancaires traditionnelles telles que la collecte de dépôts et l’octroi de crédits. Cette forme de représentation peut ensuite être transformée en succursale lorsque cela paraît économiquement justifié et que la réglementation du pays d’accueil l’autorise. La maison-mère peut détenir dans un même pays, un bureau de représentation et une banque-affiliée afin de conserver une capacité directe de contacts et d’actions. De même, dans le souci de renforcer sa vocation, la banque-mère peut également faire coexister le bureau de représentation avec une succursale ou une filiale. Les bureaux de représentation dont la vocation s’est élargie [4] sont devenus pour la plupart des « bureaux d’affaires » qui œuvrent essentiellement au service du commerce extérieur du pays d’origine.

14 Enfin, il faut souligner que le bureau de représentation présente certains inconvénients (B., Marois [1979]). En effet, selon l’auteur, ce mode d’implantation provoquera un retard important dans la mise en œuvre d’une opération financière pour le compte d’un client, dès lors que cette opération doit transiter soit par la banque-mère, soit par une filiale de celle-ci implantée dans un pays tiers. En outre, la taille (petite) du bureau de représentation le contraint de traiter plusieurs affaires et limite ainsi la clientèle potentielle de la maison-mère dans le pays d’accueil. Le fonctionnement d’un bureau de représentation ne requiert généralement pas plus de deux à trois employés. Cette forme organisationnelle ne dispose ni de capital propre, ni de charte. C’est la banque-mère qui décide alors de l’orientation et du suivi de ses activités. Ainsi, dépourvu de tout « pouvoir décisionnel » et donc d’indépendance vis-à-vis de la banque-mère, le bureau de représentation est une solution provisoire pour une implantation définitive à l’étranger. Une fois que la maison-mère s’est imprégnée des risques et des opportunités du marché étranger, elle pourra décider de s’installer définitivement ou attendre que des nouvelles dispositions soient prises dans le pays d’accueil pour encourager l’implantation des banques étrangères.

2. Les déterminants économiques et réglementaires du choix de la forme de représentation bancaire à l’étranger

15 Le choix de la forme de représentation à l’étranger est une phase décisive du processus de l’internationalisation bancaire, dans lesquels les facteurs relatifs à l’environnement économique et institutionnel des pays d’origine et d’accueil jouent un rôle prépondérant. En outre, les banques multinationales sont soumises à un certain nombre de réglementations. Elles doivent non seulement respecter les lois bancaires de leur pays d’origine, mais ont aussi l’obligation de se conformer à celles des pays dans lesquels elles sont implantées, en particulier sous forme de filiale.

2.1. La réglementaire bancaire du pays d’accueil

16 Selon O., Meier et G., Schier (2005 ; p. 47), « l’activité bancaire est ultra-réglementée : S’il existe une certaine uniformité en termes de contenu et d’exigence dans les grands pays industrialisés, il en est tout autrement dans les pays émergents qui sont pourtant aujourd’hui des lieux d’implantation potentiels » [5]. Le rôle de la réglementation bancaire du pays d’accueil dans le choix de la forme de représentation nous paraît évident dans la mesure où elle détermine les conditions d’exercice de l’activité bancaire lorsqu’il s’agit d’une filiale ou d’une banque affiliée. D.-M, Dalen et T.-E., Olsen (2003), G., Calzolari et G., Loranth (2005), T., Harr et T., Ronde (2005) indiquent que, d’un point de vue réglementaire, il existe une différence significative entre la succursale et la filiale. En effet, pour l’établissement d’une succursale, la banque-mère doit se conformer à la réglementation du pays d’origine tandis que pour la filiale, qu’elle soit le produit d’une création ou de l’acquisition d’une banque locale, la réglementation du pays d’accueil s’applique. Il existe un certain nombre de standards et de principes de surveillance communs aux pays (Directives Européennes ou Accords de Bâle), mais chaque état souverain dispose d’une certaine liberté relative en matière de réglementation à imposer aux banques étrangères [6].

17 Selon E.-A., Bain, J.-G., Fung et I.-R., Harper (1999), le Royaume-Uni et la Suisse ont élaboré des lois bancaires fondées sur le principe de la réciprocité. Cela signifie qu’une banque étrangère ne peut s’implanter dans ces pays que lorsque son pays d’origine accueille des banques suisses ou anglaises dans les mêmes conditions. Au Canada, jusqu’à une époque récente, la réglementation n’autorisait pas les banques étrangères à ouvrir des entités entièrement dépendantes des banques mères. En outre, chaque pays pose des conditions sur le capital requis à l’ouverture d’une succursale ou à la création d’une filiale. Ces restrictions sur le capital et le régime d’imposition en vigueur dans le pays d’accueil contraignent les banques étrangères dans leur mode d’implantation. Il y a en effet une différence de taxation notamment en Suisse et en Allemagne, selon qu’il s’agit d’une succursale ou d’une filiale d’établissement bancaire étranger. Du point de vue de l’impôt sur les sociétés, la succursale est plus favorable que la filiale, dans la mesure où cet impôt est payé à un taux moins élevé dans le pays étranger, et où les bénéfices sont exemptés dans le pays d’origine de la banque-mère à laquelle ils sont transmis. En effet, d’après E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005), même dans les pays où l’impôt sur les sociétés est relativement élevé, la succursale est moins taxée que la filiale car elle permet un transfert plus facile des bénéfices vers le pays d’origine. Par contre pour la filiale, il existe souvent des doubles impositions partielles des bénéfices. Cependant, la filiale peut présenter certains avantages, notamment fiscaux. Ainsi en France, les filiales des banques étrangères bénéficient, pour leurs opérations de prêts internationaux domiciliés en France, d’un réseau compétitif de conventions contre les doubles impositions conclues par ce pays. Aussi, et compte tenu de ces avantages, certaines banques étrangères préalablement implantées en France par le biais de succursales, ont transformé progressivement leurs représentations en filiales (M., Sarmet [1974]).

18 E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005) trouvent que les restrictions imposées aux banques multinationales, aussi bien par le pays d’origine que par le pays d’accueil, affectent significativement le choix de la forme de représentation. Cela implique que les restrictions sur les succursales n’incitent pas les banques à adopter cette forme organisationnelle. Ainsi, les conditions à l’entrée ont un effet négatif (même s’il est beaucoup moins significatif) sur l’établissement des succursales. Ce résultat s’explique par le fait que la succursale est typiquement une « de novo banque » et pour contourner ces barrières à l’entrée, les banques étrangères s’implantent dans le pays-cible par le biais de filiales en rachetant des banques locales. Cependant, les restrictions appliquées à l’activité bancaire semblent sans impact significatif sur la forme de représentation des banques étrangères, ce qui n’est pas surprenant puisque la plupart du temps, les mesures restrictives frappent à la fois les banques domestiques et leurs homologues étrangers [7].

2.2. L’environnement économique et réglementaire du pays d’origine

19 Les banques des pays développés (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Italie et Espagne) forment l’essentiel des établissements bancaires en quête de nouvelles opportunités d’expansion à l’étranger. En effet, elles ont l’avantage d’être plus compétitives sur les marchés étrangers, grâce aux savoir-faire et aux compétences distinctives acquis sur leurs marchés nationaux (R.-L, Heinkel et M.-D., Levi [1992]). D’après D., Focarelli et A.-F., Pozzolo (2005), les banques originaires des secteurs bancaires développés sont plus aptes à exporter des nouvelles connaissances technologiques vers d’autres pays, corroborant ainsi la thèse de l’avantage compétitif, avancée pour expliquer l’internationalisation des banques. Selon B., Williams (1997), les banques deviennent multinationales pour exploiter à des coûts moins élevés, sur des marchés étrangers, des avantages acquis sur leurs marchés nationaux. D’après R.-L, Heinkel et M.-D., Levi (1992), lorsqu’un pays donné entretient des relations commerciales relativement importantes (mesurées par le volume d’exportation), ses banques sont incitées à y ouvrir des bureaux de représentation dont le rôle est strictement commercial. Le volume des exportations et la taille du marché des capitaux du pays d’origine affectent positivement le choix de la banque affiliée, alors que la succursale est la modalité d’implantation choisie par les banques en provenance des pays qui disposent d’un marché de capitaux développé. La réglementaire bancaire du pays d’origine peut influencer, négativement ou positivement, l’internationalisation des établissements bancaires. Ainsi, si l’absence totale de restrictions constitue un atout que les banques peuvent exploiter à l’étranger, le manque de souplesse réglementaire peut constituer une source de désavantages pour les banques multinationales. Par exemple, pour échapper aux nombreuses restrictions, les banques américaines choisissent de s’implanter dans les pays autorisant notamment les pratiques bancaires de type universel, et la forme organisationnelle de représentation préférée est la filiale qui permet à la banque étrangère, au même titre que les banques locales, d’entreprendre plusieurs activités bancaires et non bancaires (A., Parkhe et S.-R., Miller [1998]).

2.3. Le degré de développement du marché-cible

20 Les banques multinationales ont deux destinations favorites : les pays développés dotés de grands centres financiers et les pays en développement présentant des potentiels économiques avérés (pays émergents). Ainsi, à la suite de l’application de la seconde directive bancaire en Europe [8] qui fait du vieux continent un vaste marché économique capable de rivaliser avec les États-Unis, l’espace économique européen est devenu un théâtre de la stratégie d’expansion des banques étrangères. D’un côté, les grandes banques d’affaires américaines et de l’autre côté, les grands établissements bancaires européens s’y implantent à travers des fusions en chaîne ou l’achat de banques locales. A titre indicatif, en 1999, les banques étrangères détiennent 94,6 % du marché bancaire luxembourgeois et dans cette proportion d’actifs, 20,8 % sont investis dans des succursales contre 73,8 % dans le rachat des banques locales. De même, dans plusieurs pays en développement (à économie émergente) d’Amérique latine et d’Europe de l’Est, les banques étrangères détiennent plus de 50 % des actifs bancaires (J., Cardenas, J.-P., Graf et P., O’Dogherty [2003]). Selon B., Marois et T., Abdessemed (1996), l’investissement direct étranger effectué par les banques françaises dans les pays émergents en 1995 représente à peu près 20 % du flux global d’investissement, contre seulement 10 % en 1991. Il est réparti comme suit : 9 % en direction de l’Asie, un peu plus de 4 % vers les pays de l’Europe de l’Est et 6 % à destination de l’Afrique francophone.

21 Pour S.-R., Miller et A., Parkhe (1998), P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002), E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005), le niveau de développement de l’économie du pays d’accueil est un déterminant du choix de la forme de représentation bancaire. C’est un indicateur qui reflète en effet l’envergure des opportunités d’affaires du secteur bancaire d’accueil. Dans un tel milieu, les banques doivent, face à la concurrence, être capables de proposer une gamme variée de produits et de services financiers. Selon P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002), les banques multinationales italiennes préfèrent la succursale et la filiale au bureau de représentation et à la banque affiliée lorsque le marché d’accueil a une taille importante [9]. E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005) ont mis l’accent sur le niveau de développement économique (mesuré par le PIB par habitant) qui constitue un indicateur d’opportunités d’affaires dans le pays d’accueil. Les résultats montrent que la variable « PIB par habitant » a un coefficient négatif et significatif, ce qui implique selon les auteurs, que la succursale est une forme de représentation moins favorisée dans les pays qui sont relativement plus riches. Une telle conclusion est en partie justifiée par le fait que les filiales sont souvent créées à la suite de reprises de banques en difficulté, le plus souvent dans les pays en développement. Cependant, la récurrence des faillites bancaires ne saurait justifier à elle seule la création des filiales dans les pays en développement, dans la mesure où les crises bancaires majeures ont plutôt secoué des pays relativement riches ou à économies émergentes. Ainsi, une autre raison du choix de la filiale comme forme de représentation dans les pays en développement réside dans le fait que les banques étrangères considèrent ces pays comme des lieux d’expansion où les banques locales sont moins développées et moins rentables, et par conséquent faciles à concurrencer.

22 Selon S.-R., Miller et A., Parkhe (1998), la taille du marché bancaire du pays d’accueil est un déterminant de la forme de représentation bancaire. Ainsi, en étudiant les déterminants du choix de la filiale et de la succursale dans 32 pays, les auteurs distinguent deux groupes de pays : 15 pays en développement et 17 pays développés répartis sur la base du niveau de développement du marché bancaire. Les résultats indiquent que la taille du marché bancaire (mesurée par le total des dépôts) affecte positivement et significativement le choix de la filiale et de la succursale dans les pays industrialisés. S.-R., Miller et A., Parkhe (1998) concluent en outre que le pourcentage de filiales détenues par les banques américaines est plus élevé dans les pays développés du fait des pratiques d’activités bancaires de type universel. C’est ainsi que des grandes banques comme Bank of America ou Citicorp ont renforcé leur présence en Europe, en créant des filiales notamment en Allemagne et en Suisse, pays réputés pour leurs systèmes bancaires développés et de type universel.

2.4. Les risques politiques et économiques potentiels du pays d’accueil

23 Selon M.-K., Erramilli et C.-P., Rao (1991), l’environnement du pays d’accueil peut présenter des risques inhérents à l’instabilité politique. Ces risques sont plus élevés lorsque la banque-mère ne connaît pas suffisamment le pays d’accueil ou lorsqu’elle procède à un investissement ex-nihilo. Pour H., Gatignon et E., Anderson (1986), dans les pays à risque politique élevé, les multinationales préfèrent la participation au capital d’une autre firme à un investissement ex-nihilo, c’est-à-dire que la filiale ou la banque affiliée sont préférées à la succursale. Abondant dans le même sens, R., Coeurderoy et B., Quelin (1997 ; p. 163) notent que « les facteurs politiques et socioculturels influent donc nettement sur le choix d’organisation à l’international… les différences sociales, l’écart culturel, la stabilité politique, etc. créent un niveau d’incertitude pour l’investisseur, un « risque pays ». Plus ce risque est élevé, plus la firme éprouve de difficultés à gérer une relation de marché et est tentée de protéger ses actifs spécifiques par l’internalisation ». Le risque pays constitue donc un facteur important dans le choix de la forme de représentation bancaire à l’étranger. Il peut être lié selon E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005) « à la viabilité des contrats, au rapatriement des bénéfices… qui affectent ceux qui investissent dans le pays d’accueil ». Pour l’évaluer, il existe des normes standards auxquelles se réfèrent les banquiers. Les auteurs soulignent que le risque pays résulte des facteurs politiques et économiques tels que la stabilité des taux de change ou le pourcentage de l’endettement étranger. Chaque année, une liste des pays est publiée, indiquant le niveau de risques qu’ils présentent pour les investisseurs. Ce risque est estimé à partir du nombre de grandes institutions qui opèrent dans chaque pays suivant une échelle de notation allant de 0 (risque élevé) à 100 (risque faible).

24 Selon K., Spremann, D., Mutter et N., Neugebauer. (2000), la stabilité politique d’un pays peut être mesurée par la nature du système politique (démocratie ou dictature), par l’influence des groupes et lobbies politiques et par le degré de liberté d’expression. Lorsque la situation politique est instable dans un pays, les banques multinationales peuvent renoncer à s’y implanter via des succursales. On peut d’ailleurs remarquer que les implantations des banques françaises dans les pays africains où le risque politique est relativement élevé sont toutes des filiales ou des banques affiliées. P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002) ont introduit dans leur modèle la présence de centres financiers, ce qui est une caractéristique des pays politiquement et économiquement stables. Ils concluent que les banques italiennes sont implantées dans les pays qui disposent de grands centres financiers, à travers la succursale en premier lieu, puis la filiale en second choix. E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005) montrent que les banques préfèrent la succursale à la filiale pour s’implanter dans les pays qui présentent un risque économique faible. Toutefois, en présence d’un risque politique avéré (ingérence gouvernementale dans les affaires des banques étrangères, guerres civiles), les banques étrangères préfèrent la succursale pour s’implanter dans un tel environnement. En effet, en cas de guerre civile ou d’ingérence politique, les succursales de banques étrangères sont moins exposées que les filiales dont le capital est typiquement plus élevé, et dans lequel on retrouve une proportion importante d’investissements en immobilisations locales fixes.

3. Les capacités financières et organisationnelles de la banque-mère

25 Les ressources d’une banque (financières, humaines), son savoir-faire et ses connaissances jouent un rôle crucial dans la manière dont elle conduit ses activités internationales. Dans la mesure où l’internationalisation requiert la mobilisation de ressources, l’étude du choix de la filiale et de la succursale doit tenir compte de la capacité financière mais aussi de l’expérience de la banque-mère qui symbolise son aptitude à transférer des cadres compétents à la tête des implantations à l’étranger.

3.1. Les ressources financières à allouer à la nouvelle implantation à l’étranger

26 Plusieurs recherches antérieures ont insisté sur le fait que la taille de la banque est un facteur déterminant dans son processus d’internationalisation. Ainsi, plus la banque est de taille importante, plus elle a tendance à s’implanter à l’étranger à travers des formes de représentation plus complexes telles que la filiale et la succursale. Dans nombre d’études, la taille est mesurée par le total actif, le chiffre d’affaires, la part de marchés, etc. Elle symbolise donc la capacité en ressources financières de la banque-mère qui constitue selon J.-G., Blandon (1998), un critère déterminant dans le choix de la forme de représentation à l’étranger. Ainsi, à partir d’un échantillon de 173 banques établies en Espagne par le biais de bureaux de représentation, de filiales et de succursales [10], l’auteur indique (p. 10) que la taille de la banque-mère affecte positivement le choix de la filiale et de la succursale qui sont les deux formes de représentation par lesquelles la maison-mère peut s’impliquer pleinement dans le secteur bancaire espagnol. Ces résultats traduisent le fait que les banques de grande taille préfèrent s’implanter sur le marché espagnol via la succursale et la filiale (nouvelle création ou acquisition d’une banque locale).

27 M., Mutinelli et L., Piscitello (2001) étudient les déterminants du choix de la succursale et du bureau de représentation. Parmi les variables pouvant expliquer un tel choix, les auteurs retiennent la taille de la banque-mère qu’ils mesurent à l’aide de cinq indicateurs : l’effectif de la maison-mère, le nombre de guichets dont dispose la banque-mère en Italie, le résultat financier, les dépôts et les provisions. La taille donne une indication sur la capacité de la banque-mère à proposer des produits et des services différenciés, une fois établie à l’étranger, et ainsi à faire face à la concurrence. Les résultats montrent que la taille mesurée par l’effectif et le résultat financier de la banque-mère affectent positivement aussi bien le choix de la succursale que celui du bureau de représentation. Ces conclusions sont révélatrices dans la mesure où elles mettent en relief l’importance des ressources financières et humaines dans le processus d’internationalisation bancaire en général et dans le choix de la forme d’implantation en particulier. Toutefois, M., Mutinelli et L., Piscitello (2001) nuancent ces résultats en soulignant que les banques de grande taille préfèrent ouvrir directement des succursales sur les marchés étrangers, contrairement à leurs homologues de taille inférieure qui prospectent d’abord ces marchés en y installant des bureaux de représentation. En effet, les banques de grande taille possèdent des ressources financières suffisantes qu’elles peuvent allouer à la succursale, dont l’ouverture nécessite plus de moyens que l’installation d’un bureau de représentation. Ces résultats corroborent l’hypothèse selon laquelle les coûts d’établissement constituent un critère important du choix des différentes formes de représentation bancaire à l’étranger.

28 P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002) ont étudié les déterminants du choix de la succursale, de la filiale et du bureau de représentation de 78 banques italiennes implantées dans 65 pays étrangers au cours de l’année 1997. Parmi les variables utilisées dans leur étude, figurent le total des dépôts, le total de l’actif et l’effectif de la banque-mère pour exprimer l’importance de la taille dans le processus d’internationalisation des banques italiennes. Les auteurs trouvent que les trois variables mesurant la taille de la banque affectent positivement et significativement le choix de chacune des trois formes ci-dessus mentionnées. P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002 ; p. 21) concluent alors que pour une banque, être de grande taille est « crucialement important lorsqu’elle souhaite s’implanter à l’étranger par croissance interne (succursale et bureau de représentation) et par croissance externe (filiale) ».

29 En testant l’impact de la taille de la banque sur le choix de la forme d’implantation à l’étranger, E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005) trouvent que le facteur « taille » n’a pas d’effet sur un tel choix [11]. Ils expliquent ce résultat par le fait que toutes les banques de leur échantillon sont de grande taille (total actif compris entre 1097190 millions dollars US pour Citigroup Inc et 94325 millions dollars US pour Bank of China, Hong-Kong). Les résultats montrent que les différentes formes de représentation sont associées au degré d’implication souhaité par la maison-mère dans le pays d’accueil. Les auteurs soulignent par ailleurs que le degré d’implication et la probabilité du choix de la succursale comme forme de représentation varient en sens inverse. Selon E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005), pour exercer des opérations moins importantes dans les vingt pays latino-américains et européens, les banques multinationales préfèrent la succursale à la filiale. Ce résultat signifie que lorsqu’il s’agit d’avoir un degré de pénétration relativement élevé dans le pays d’accueil, il est moins probable que les banques étrangères choisissent la succursale comme mode d’implantation dans les pays émergents. En effet, dans ces pays, les secteurs bancaires offrent surtout des opportunités dans la banque de détail qui est entièrement du ressort de la filiale créée par voie d’acquisition d’une banque locale.

3.2 L’expérience de la banque-mère en matière d’internationalisation

30 De nombreuses recherches ont pris en compte l’expérience en matière d’internationalisation comme un déterminant du choix de la forme de représentation bancaire à l’étranger. M., Mutinelli et L., Piscitello (2001) et, P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002) attribuent deux dimensions, temporelle et géographique, au degré d’internationalisation de la banque. Dans sa dimension temporelle, l’expérience en matière d’internationalisation est mesurée par le nombre d’années pendant lesquelles la banque est présente à l’étranger, tandis que la dimension géographique est mesurée par le nombre de pays dans lesquels elle est implantée. W.-H., Davidson (1982) estime qu’au fur et à mesure qu’une firme accumule de l’expérience, « elle approfondit ses connaissances des marchés étrangers, maîtrise l’incertitude et les turbulences de l’environnement et renforce ses capacités à estimer les risques et les rendements et à coordonner les opérations internationales ».

31 L’effet qu’exerce l’expérience en matière d’internationalisation sur le choix de la forme de représentation à l’étranger a été au centre de nombreux travaux sur les banques multinationales. Ainsi selon M.-K., Erramilli (1991), l’expérience internationale est une variable qui peut justifier le choix de la forme « actuelle et future » de représentation à l’étranger. L’auteur souligne que les 175 multinationales américaines du secteur des services manifestent un intérêt croissant dans le contrôle de leurs implantations à l’étranger, en phases initiale et finale de leur processus d’internationalisation. En d’autres termes, lorsqu’elles n’ont pas encore accumulé suffisamment d’expérience, les firmes multinationales choisissent de s’implanter à l’étranger par le biais de succursales qu’elles contrôlent entièrement. L’expérience en matière d’internationalisation exprime le degré de familiarité de la banque avec les différents pays d’accueil (M., Mutinelli et L., Piscitello [2001 ; p. 679]). Les deux variables qui expriment cette familiarité, à savoir l’âge de la banque à l’international et le nombre de pays d’implantation, affectent positivement et significativement le choix des banques italiennes pour ouvrir des succursales et des bureaux de représentation à l’étranger. P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002) concluent que l’expérience internationale mesurée par le nombre d’années à l’étranger affecte positivement et significativement le choix de la filiale et de la succursale, alors que le degré d’internationalisation mesuré par le nombre de pays où la banque est implantée affecte dans le même sens le recours au bureau de représentation et à la banque affiliée comme modes d’implantation à l’étranger.

32 L’expérience en matière d’internationalisation constitue une source d’avantages pour la banque lors de son processus d’internationalisation. L’entreprise qui a accumulé de l’expérience internationale parvient à réaliser ses opérations dans différents environnements à des coûts moins élevés. En ce qui concerne les banques, comme le soulignent T., Ursacki et I., Vertinsky (1992), plus elles sont implantées dans plusieurs pays, plus elles deviennent capables de réduire les coûts de transaction. Lorsqu’on introduit le choix de la forme de représentation dans l’analyse, l’on peut s’attendre à ce que l’expérience en matière d’internationalisation incite la banque multinationale à prendre des niveaux d’engagement plus élevés dans les pays d’accueil (J.-G., Blandon [1998]). En effet, si une banque ne dispose pas d’une grande expérience des marchés étrangers, il lui sera difficile d’assumer les risques associés aux investissements importants à l’étranger tels que l’acquisition d’une banque étrangère (filiale) ou l’établissement d’une succursale. Il serait donc plus prudent pour une banque non expérimentée de « commencer son internationalisation à travers des formes de représentation qui nécessitent des investissements moins élevés dans le pays d’accueil » J.-G., Blandon (1998 ; p. 7). Les résultats de son étude montrent que la variable « expérience internationale » affecte positivement et significativement le niveau d’engagement de la banque-mère dans le pays d’accueil. Cela signifie que les banques espagnoles, par exemple, dotées d’une longue expérience internationale choisissent la filiale et la succursale pour s’implanter à l’étranger.

3.3. La nature de l’activité à exercer dans le pays d’accueil

33 Les banques multinationales procèdent à des acquisitions dans les banques locales (des pays d’accueil) pour mieux intervenir dans le domaine de la banque de détail. Par ce choix de représentation guidé par l’activité à exercer, la banque-mère « s’offre » un réseau de distribution immédiat, ce qui est difficile à envisager dans le cas d’une implantation ex nihilo telle la succursale à cause du « coût et de la méfiance, à l’égard d’une enseigne étrangère, de la clientèle locale » (O., Meier et G., Schier [2005]). Par exemple, pour mieux atteindre les marchés de la banque de détail hors Europe, les grandes banques françaises préfèrent la filiale à la succursale. Ainsi, BNP Paribas s’est établie aux États-Unis au travers de BancWest en Californie et Community First dans le centre du pays pour intervenir dans le domaine de la banque de détail. Quant à la Société Générale, les pays ciblés sont ceux de l’Europe de l’Est où elle est la quatrième banque étrangère présente via l’acquisition de banques locales. Le Crédit Agricole, par l’intermédiaire du Crédit Lyonnais et de Calyon, se positionne dans l’activité de banque de détail principalement en Europe. Dans ces trois banques, le pôle banque de détail à l’étranger (qui rime avec l’acquisition de banques locales) est une ligne de métier à part entière au même titre que la banque de détail en France [12]. M.-F., Guillén et A.-E., Tschoegl (1999) indiquent que « la banque de détail est une industrie mature, la propriété de la connaissance est difficile à protéger contre l’imitation et où il n’y a aucune raison de s’attendre à ce que les banques étrangères aient un avantage particulier sur les banques domestiques familières à leur environnement local ». Néanmoins, J.-P., Bonin et I., Abel (2000) se demandent si en Hongrie, l’activité de banque de détail n’est pas une affaire des banques étrangères. Ce constat vient du fait que dans les pays émergents, les banques multinationales préfèrent prendre des participations (filiale ou banque-affiliée) dans le capital des banques locales pour mieux servir les marchés locaux. La succursale est une modalité d’entrée à l’étranger qui a été largement utilisée pour exercer les activités de banque de financement et d’investissement, habituellement appelées activités de banque de gros. La clientèle visée est constituée principalement des institutionnels, des États, des collectivités et des grandes entreprises. Ne s’appuyant pas sur un réseau d’agences existant, la succursale est la forme d’implantation propice pour accéder aux grandes places économiques et financières de notoriété internationale.

34 Selon D., Focarelli et A.-F., Pozzolo (2005), les opportunités du marché d’accueil jouent un rôle important dans l’attraction des banques étrangères. Les opportunités du marché dont il est question ici consistent en la diversité des activités que les banques sont autorisées à exercer et dans l’exercice desquelles il existe moins de restrictions réglementaires. Pour E., Cerutti, G., Dell’Ariccia et M.-S., Martinez Peria (2005), la nature de l’activité (banque de détail ou banque de gros) qu’envisage d’entreprendre la maison-mère, affecte positivement mais non significativement le choix de la forme de représentation. Ils concluent que l’activité de base de la banque-mère n’affecte pas son choix en matière de forme de représentation à l’étranger. En effet, ce résultat semble réaliste dans la mesure où les grandes banques sont en général des banques généralistes ou des banques universelles qui entreprennent plusieurs types d’activité permis dans le pays d’accueil. De même, les résultats indiquent que la variable « activité de banque de détail » affecte négativement et significativement le choix de la succursale. Les activités de banque de détail sont habituellement réservées à la filiale et à la banque-affiliée qui sont, dans la plupart des cas, des banques locales acquises par les banques étrangères.

3.4. La distance entre le siège et l’implantation à l’étranger

35 R., Portes et H., Rey (2005) indiquent que la distance affecte négativement les mouvements des capitaux et les transactions financières internationales. Elle peut, selon S., Battilossi (2005), jouer un rôle dans le choix du pays d’accueil des banques multinationales. L’auteur souligne que la distance entre deux pays est une « bonne estimation » de l’asymétrie d’information et des problèmes d’agence entre les différents acteurs engagés dans ces transactions. Dans la gestion des implantations à l’étranger, la banque-mère a besoin d’informations pertinentes sur « les pratiques comptables, la culture d’entreprise, les événements politiques et la structure des marchés des placements » (R., Porteset H., Rey [2005 ; p. 274]).

36 P., Di Antonio, S., Mariotti et L., Piscitello (2002) affirment que pour les banques multinationales italiennes, acquérir une banque d’un pays culturellement éloigné de l’Italie peut entraîner des tensions et des hostilités entre la maison-mère et les responsables de la filiale étrangère. Selon J.-G., Blandon (2000), la distance culturelle constitue une barrière non réglementaire à l’internationalisation bancaire en Europe, puisse qu’elle affecte négativement le choix du bureau de représentation, de la succursale et de la filiale. En effet, la distance qui sépare la maison-mère de son implantation à l’étranger est considérée comme une source d’asymétrie informationnelle entre les responsables des implantations basées à l’étranger et les dirigeants du siège (A.-N., Berger et R., DeYoung, 2001). Les premiers étant mieux informés que les seconds sur la gestion de leurs entités, la distance peut par exemple causer un retard dans la transmission de certaines informations utiles à la prise de décision. En effet, selon les auteurs, les problèmes d’agence engendrés par la gestion d’un réseau national de succursales bancaires semblent être moins importants que ceux résultant de la coordination des implantations étrangères d’une banque multinationale. Compte tenu de l’avantage informationnel des responsables des implantations à l’étranger, il arrive que la prise de décision soit décentralisée, ce qui pourrait avoir comme conséquence, une augmentation des problèmes d’agence si les responsables des filiales ou des succursales prennent des décisions qui ne vont pas dans le sens voulu par la banque-mère.

Conclusion

37 L’étude du choix de la forme organisationnelle de représentation bancaire à l’étranger doit prendre certes en considération les facteurs économiques, financiers, réglementaires, etc., mais au-delà, nous pensons que la banque demeure toujours une « boîte noire » qu’il faudrait étudier de l’intérieur, pour mieux expliquer les choix décisionnels portant sur l’orientation de ses activités. En appréhendant le problème sous cet angle, la mobilisation d’autres courants théoriques, tels que la théorie positive de l’agence et la théorie fondée sur les ressources, est nécessaire car permettant d’apporter des explications supplémentaires au problème de choix de la forme d’implantation bancaire à l’étranger. Le choix de la forme organisationnelle de représentation bancaire consiste alors, avant tout, en un arbitrage en termes de coût. Il s’agit pour les dirigeants de la banque-mère de choisir le mode d’implantation à l’étranger qui, étant donné les types d’activité qu’ils veulent entreprendre dans le pays d’accueil, fait encourir le minimum de coût. Par ailleurs, la survie de la banque multinationale dépend de sa capacité à gérer la relation d’agence qui la lie à ses implantations à l’étranger. Bien plus, nous pensons qu’il est nécessaire de mobiliser les explications fournies par la théorie fondée sur les ressources car sur les marchés étrangers, la compétitivité d’une banque dépend, dans une large mesure, des ressources qui lui sont spécifiques (taille, expérience, capital humain, etc.). Selon D.- T., Merrett (2002 ; p. 390), c’est d’abord sur la base de ses propres atouts que la banque doit décider de s’internationaliser, dès lors que ce sont ces atouts spécifiques qui permettent de déterminer sa capacité à coordonner ses activités à l’étranger.

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Mots-clés éditeurs : Succursale, Filiale, Représentation bancaire à l'étranger, Forme organisationnelle

Date de mise en ligne : 01/05/2011

https://doi.org/10.3917/rsg.224.0167

Notes

  • [1]
    Les établissements bancaires français privilégient la filiale et la succursale comme deux formes organisationnelles de représentation. Ainsi en moins de dix ans, le nombre des filiales des banques françaises a presque doublé en passant de 125 filiales en 1993 à 241 filiales en 2001 tandis celui des succursales a peu évolué durant cette époque et a même baissé pour atteindre son plus bas niveau en 2001 (le nombre de succursales de banques françaises est passé de 125 en 1993 à 97 en 2001). Les zones d’implantation ciblées en dehors de l’E.E.E. sont le Moyen Orient, l’Asie du Sud-est et l’Amérique du Nord.
  • [2]
    L’exemple de Citibank est illustratif à cet effet. La banque américaine détient aujourd’hui des succursales dans plusieurs pays et qui portent son nom et jouissent de sa renommée : Citibank France, Citibank Belgique, Citibank Allemagne, etc.
  • [3]
    Cette participation financière au capital peut être réalisée de trois façons : (1) l’ouverture du capital social de la banque-mère en prenant des nouvelles parts dans le capital de la banque-affiliée. Cette décision, de nature stratégique, ne peut être prise que si le bilan actuel ne permet pas à la maison-mère d’envisager d’autres possibilités de croissance, (2) le rachat des titres détenus par d’autres actionnaires tout en maintenant intact son capital social, et (3) la banque-mère peut s’engager dans des nouvelles activités dans le pays d’accueil, invitant d’autres banques ou établissements financiers pouvant être elles-mêmes étrangères, à la joindre. Elle se contente ainsi d’une participation minoritaire dans la nouvelle banque.
  • [4]
    Le rôle d’un bureau de représentation est de : (1) maintenir des relations avec la clientèle de la banque établie à l’étranger ou effectuant des transactions internationales, (2) rechercher des nouveaux marchés et faire connaître l’offre de la banque aux clients potentiels, (3) collecter des informations utiles pour la banque et ses clients du pays d’origine, (4) promouvoir les affaires de la banque-mère à l’étranger, (5) créer, développer et entretenir des relations publiques dans le pays d’implantation.
  • [5]
    Lee (2004) explique un triple intérêt de réglementer l’entrée des banques étrangères dans les pays en développement : — une entrée massive des banques étrangères réduit la rentabilité des banques domestiques. En effet, les avantages technologiques et organisationnels des banques multinationales se traduisent en avantages en termes de coûts par rapport aux banques nationales. — une forte présence de banques étrangères dans un pays en développement réduit le volume de crédits accordés à l’économie nationale dans son ensemble et marginalise certains acteurs de l’économie nationale telles que les petites et moyennes entreprises. — les banques étrangères sont souvent considérées comme étant des véritables vecteurs d’instabilité pour les pays à secteur bancaire moins développé. Cette instabilité provient des activités de prêts spéculatives et du transfert des pertes subies dans certaines régions vers d’autres.
  • [6]
    C’est le cas de la Chine où « la loi plafonne encore à 25 % la présence globale du capital étranger dans une banque locale et à 20 % celle d’un seul investisseur » (La Tribune du 25/06/2004). Cela signifie donc que dans ce pays, la réglementation bancaire n’admet pas que les banques étrangères acquièrent des participations suffisamment élevées pour contrôler une banque locale et en faire ainsi une filiale. En 2005, les participations des banques étrangères dans les banques chinoises attestent bien de cette exigence réglementaire. Ainsi, ING a racheté 19,9 % du capital de Bank of Beijing, Bank of America acquiert seulement 9 % de China Construction Bank, Royal Bank of Scotland rachète 10 % des actions de Bank of China et BNP Paribas prend une participation de 19,7 % dans le capital de Nanjing Commercial Bank (Les Échos du 26/09/2005). Toutes ces banques chinoises deviennent ainsi, par la force de la loi bancaire, des banques affiliées.
  • [7]
    Pour mesurer cette variable, les auteurs ont utilisé l’indice construit par Barth et al. (2001). Il tient compte de l’étendue des activités exercées par la banque : (a) les opérations sur titres et le courtage, (b) l’assurance, (c) l’investissement immobilier et (d) la détention de firmes non financières. Pour chacune de ces sous-catégories, une valeur comprise entre 1 et 4 a été attribuée selon que l’activité est : (1) sans restriction, (2) autorisée, (3) avec restriction ou (4) interdite.
  • [8]
    La directive bancaire du 19 juin 1989, tout en ouvrant le secteur bancaire européen à la concurrence internationale, définit les conditions de reconnaissance mutuelle entre les États membres de l’espace économique européen (E.E.E.) à travers le principe d’« agrément unique ». Selon ce principe, toute banque régulièrement agréée par un des États membres pourra s’implanter librement dans les autres États de l’E.E.E. La directive de 1989 instaure aussi la liberté de transfert des capitaux et prévoit entre autres, l’abolition des contrôles des changes pour les banques, les entreprises, la possibilité pour les particuliers d’ouvrir un compte à l’étranger, etc.
  • [9]
    La taille du marché est mesurée par le rapport entre le total des dépôts bancaires et le PIB.
  • [10]
    J.-G., Blandon (1998 ; p. 8) s’est limité à l’étude du choix de ces trois formes de représentation car selon lui, « les banques affiliées ne sont pas incluses dans son investigation parce qu’elles ne sont pas considérées par la loi bancaire ».
  • [11]
    Les auteurs ont collecté des données sur les cent plus grandes banques mondiales (suivant le total actif de décembre 2002) afin d’étudier les formes de représentation qu’elles choisissent pour s’implanter en Amérique Latine et en Europe de l’Est.
  • [12]
    Il faut noter que la création de filiale par les banques françaises connaît une progression sensible dans le domaine de certaines activités spécialisées telles le crédit à la consommation et les produits d’assurance. Ces filiales dites spécialisées sont par exemple : Sofinco, filiale du Crédit Agricole qui contrôle Fincosum en Espagne, Agos Itafinco en Italie, Cetelem, filiale de BNP Paribas qui est présent dans 20 pays et dispose de 60 % des collaborateurs à l’étranger, Franfinance, filiale de Société Générale qui vient de prendre récemment le contrôle de Hanseatic Bank en Allemagne, etc.

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