Je n'ai jamais rencontré Jean Larguier et j'ai pourtant l'impression de le connaître depuis ma deuxième année de droit, lorsque j'achetai son Mémento de droit pénal général, ouvrage remarquablement conçu, ciselé à la virgule près. Le grand pénaliste a évidemment publié des travaux plus pointus, et pas seulement en droit pénal ou en procédure pénale. Je pense à une étude de criminologie, qu'on dirait aujourd'hui empirique, intitulée « recherche sur les motivations para-criminologiques d'une activité ludique : l'abus des flippers. Essai de pronostic d'un comportement antisocial », réalisée avec l'aide de son épouse, dans les Mélanges Lebret en 1968. On y trouve des éléments très actuels sur le comportement des joueurs compulsifs si l'on transpose le flipper au jeu vidéo, comme « la manie de la manette », ou encore sur le phénomène de bande – avec une différence tenant au fait qu'aujourd'hui beaucoup de jeunes gens jouent en ligne depuis leur chambre avec d'autres joueurs, encore qu'il évoque la fuite du réel, toujours actuelle, le jeu « dispensant de penser ».
En cette journée d'hommage, je voudrais retenir deux aspects de sa recherche.
D'une part sa façon d'aborder les sujets traités, l'esprit dans lequel il le fait, et, pour tout dire, sa liberté. Esprit d'une époque où les écrits ne semblaient pas limités par un nombre de signes trop contraignant et où les revues ne paraissaient pas en ligne de façon ultra rapide ; liberté qui lui permettait d'écrire « Crim. 1993 » pour référencer une solution jurisprudentielle dans ses mémentos, sans donc citer la date exacte de l'arrêt n…