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Article de revue

Les pensions de survie en Grèce sous le feu croisé des plans de sauvetage

Pages 135 à 164

Notes

  • [1]
    Extrait de la page de titre de l’ouvrage d’Auguste Comte, Discours sur l’ensemble du positivisme, « L’esprit doit toujours être le ministre du cœur et jamais son esclave », publié en 1848. Le parallèle avec l’assurance sociale grecque est établi dans Tsoukatos, 1959, p. 113.
  • [2]
    Avant 2010, les discussions sur la nécessité d’une réforme n’avaient donné lieu qu’à des changements mineurs. Après 2010, la troïka européenne a réclamé des réformes successives sans pouvoir en justifier le bien-fondé. Tinios (2020) résume de façon colorée le fait que « des paroles sans actes » soit remplacé par « des actes sans paroles ».
  • [3]
    Le « système d’information mutuelle sur la protection sociale » a été établi en 1990 afin de promouvoir un échange continu d’informations sur la protection sociale au sein des États membres de l’Union européenne.
  • [4]
    La logique du sauvetage grec est exposée par Blanchard (2012). Voir également Lyberaki et Tinios (2015) pour une vue à plus long terme.
  • [5]
    La personnalisation des pensions est une modification des « paramètres des systèmes de retraite pour une plus grande individualisation des choix » (Pierre Cahuc, Jean-Olivier Hairault et Corinne Prost, Conseil d’analyse économique, Notes du conseil d’analyse économique, 2016/5 n° 32, p. 1-12).
  • [6]
    Concept économique : optimum de premier rang (the first-best) et de deuxième rang (the second-best).
  • [7]
    Contrairement à d’autres pays méditerranéens de l’UE, où le « recalibrage » a porté ses fruits (Ferrera, 2010).
  • [8]
    Comme ce nouveau système de pension était en fait un complément à la pension de premier niveau, il est plus exact de le définir comme une pension auxiliaire et non comme une pension complémentaire, telle que la pension professionnelle.
  • [9]
    Les âges de départ à la retraite en sont l’exemple le plus évident. Dans le secteur privé, la règle des 65 ans n’était suivie que par 15 % des demandeurs, tandis que 85 % d’entre eux bénéficiaient d’exceptions plus avantageuses (Panageas et Tinios, 2017).
  • [10]
    Ces réformes structurelles étaient généralement critiquées pour leur cadre technocratique étroit – « réformer l’économie sans la société » (Lyberaki & Tsakalotos, 2002). Voir aussi Sotiropoulos, 2012.
  • [11]
    La réforme a été jugée « extrêmement urgente » dans un rapport officiel publié en 1958. Les changements préconisés se sont finalement produits après 2010 (Tinios, 2012a).
  • [12]
    La consolidation était en grande partie superficielle, comme le regroupement des prestataires en entités faîtières, la préservation des droits et des contributions, une sorte « d’unification de l’adresse d’hébergement ».
  • [13]
    Les primes pour personnes à charge étaient payées en double : elles étaient comptabilisées dans les revenus à remplacer et donc incluses dans la pension mensuelle ; une autre prime pour les personnes à charge était versée en supplément.
  • [14]
    En 2010, la durée moyenne de carrière était d’environ 23 ans pour les hommes et les femmes. Dans un système mature, une carrière aussi courte s’explique par une fraude aux cotisations (Tinios, 2010).
  • [15]
    Ainsi, même si une femme avait travaillé pendant 15 ans avant que ses enfants aillent à l’école, elle devait recommencer à travailler après 55 ans pour être éligible à une pension.
  • [16]
    Les pensions multiples sont un problème car de nombreuses pensions sont en partie subventionnées – notamment dans le secteur public. Une pension multiple équivaut donc à une « double déduction ».
  • [17]
    L’adaptation aux directives européennes a joué un rôle clé dans ces changements (Vlachantoni, 2010).
  • [18]
    Le mariage était en effet une assurance.
  • [19]
    On trouve des dispositions similaires en Jordanie, par exemple.
  • [20]
    À l’époque, la plupart des parents touchés avaient environ 30 ans. La décision de 1983 renvoie à la constitution.
  • [21]
    L’estimation de 32 000 est reprise par la presse (par exemple, Salourou [2013] cite le ministère des Finances). Aucune donnée officielle n’étant publiée, cette supposition éclairée est probablement correcte.
  • [22]
    Ou optimum de troisième rang.
  • [23]
    Cette utilisation a été inventée après une déclaration erronée des données sur le déficit public et le PIB avant la crise grecque. Xafa (2019) relate les imbroglios judiciaires auxquels le chef d’ELSTAT doit faire face pour avoir tenté de corriger la situation.
  • [24]
    Le « budget social » produit depuis 1962 a été supprimé en 2010.
  • [25]
    Ce document utilise les données des SHARE, vagues 3 et 6 ; voir Börsch-Supan et al. (2013) pour les détails méthodologiques (DOI : SHARE.w3.700, 10.6103 / SHARE.w6.700). La collecte de données Share a été financée par la Commission européenne par le biais du 5e PC (QLK6-CT-2001-00360), 6e PC (SHARE-I3 : RII-CT-2006-062193, COMPARE : CIT5-CT-2005-028857, SHARELIFE : CIT4 -CT-2006-028812), FP7 (SHARE-PREP : GA N° 211909, SHARE-LEAP : GA N° 227822, SHARE M4 : GA N° 261982) et Horizon 2020 (SHARE-DEV3 : GA N° 676536, SERISS : GA N° 654221) et par la DG Emploi, affaires sociales et inclusion. Des financements supplémentaires ont été accordés par le ministère allemand de l’Éducation et de la Recherche, la société Max Planck pour le développement des sciences, l’institut national américain sur le vieillissement (U01_AG09740-13S2, P01_AG005842, P01_AG08291, P30_AG12815, R21_AG025169, Y1-AG-4553-01, IAG_BSR06) 11, OGHA_04-064, HHSN271201300071C) et diverses sources nationales que nous remercions vivement (voir http://www.share-project.orgwww.share-project.org _1708_1708).
  • [26]
    EU SILC suit la pratique d’Eurostat qui consiste à considérer toutes les pensions versées aux plus de 65 ans en tant que protection au titre de la fonction vieillesse. Betti et al. (2015) et Tinios (2018) comparent les sources de données.
  • [27]
    Les informations proviennent du questionnaire grec de l’enquête Share.
  • [28]
    European system of integrated social protection statistics.
  • [29]
    Les pensions complémentaires sont versées par 48 prestataires différents, récemment intégrés au sein d’une même entité faîtière. La répartition entre les pensions de vieillesse et de survie peut ne pas être entièrement cohérente. Le calcul d’une pension moyenne par type de prestataire n’est pas non plus possible.
  • [*]
    Comprend les agriculteurs.
  • [*]
    Comprend les agriculteurs.
  • [*]
    Comprend les agriculteurs.
  • [30]
    Cycle de coordination des politiques économiques et budgétaires au sein de l’UE.
  • [31]
    Cela a été rendu possible grâce à une définition plus large des « enfants mineurs ». Les femmes ayant des enfants mineurs se sont vu accordées le droit de prendre leur retraite à 50 ans. Après 2010, il a été décidé d’attribuer le statut de mineur pour tout âge impliquant d’atteindre 20 années de cotisation – ce qui a conduit à un élargissement de l’éligibilité, avec des enfants « mineurs » qui pouvaient avoir jusqu’à 30 ans. Voir Lyberaki & Georgiadis (2019).
  • [32]
    Dans un groupe Internet dédié, un père de quelque 80 ans s’est plaint : « nous avons envoyé notre fille à l’université dans les années 1970 et l’avons encouragée à ne pas travailler, afin qu’elle puisse s’occuper de nous pendant notre retraite, et qu’en compensation, elle puisse ensuite toucher ma pension. Qu’est-ce qu’elle est censée faire maintenant ? ». http://agamesthigateres.blogspot.com/
  • [33]
    Les pensions abusives étaient versées par différents services du même prestataire, incapables de communiquer entre eux (TaNea, 2019).
  • [34]
    Il est ironique de constater que le « nouveau système de retraite » n’a jamais donné lieu au versement d’une seule pension, car il est devenu caduc après les modifications de 2016.
  • [35]
    Cette nouvelle loi a elle-même été contestée, mais ses caractéristiques rétroactives ont été jugées constitutionnelles en octobre 2019 (Paparigopoulou, 2019).
  • [36]
    L’excédent supérieur à 18 % serait toujours compensé par des augmentations futures des pensions.
  • [37]
    Un âge de 55 ans est spécifié ; cependant, l’indemnité d’ajustement de 3 ans implique un âge effectif de 52 ans.
  • [38]
    Le revenu à remplacer n’était pas la prestation de retraite initiale, mais ce qui restait après les coupes.
  • [39]
    Nektarios et al. (2018) expliquent pourquoi les projections mentionnées étaient trop optimistes et pourquoi ils ont ignoré de nombreux changements de politique intervenus depuis leur publication – qui vont tous dans le sens d’une réduction de la viabilité.

1Pour paraphraser Auguste Comte, le cœur pose les problèmes, et l’esprit les résout [1]. Les veuves et les orphelins peuvent ainsi s’attendre à ce que leur statut soit reconnu. Comme dans tout système d’assurance sociale bien géré, leurs besoins ne seront pas ignorés. Pourtant, les veuves et les orphelins grecs, dont certains avaient bénéficié d’un traitement exceptionnellement généreux, se sont retrouvés dans la tourmente durant ces dix dernières années de crise. Si toutes les pensions ont subi des coupes successives à effet rétroactif, ce sont les veuves qui ont été les plus touchées. L’encadré 1 décrit les péripéties d’une veuve assez typique, dont le droit à pension, après des changements juridiques répétés et confus, a finalement été réduit de plus de moitié. Au cours des trois premières années suivant le deuil, au moment où son besoin était le plus important, elle n’avait droit à aucune pension, car les modifications de la loi avaient rendu abscons les calculs nécessaires. Dans son cas, du moins, la compassion du cœur, telle qu’évoquée par Auguste Comte, ne fonctionnait plus.

2Les problèmes des systèmes de retraite s’évaluent généralement à l’aide de macro-indices, tels que la durabilité ou la prévention de la pauvreté chez les personnes âgées. La Grèce s’est distinguée par de mauvais résultats pour ces deux indices (Börsch-Supan & Tinios, 2001 ; Tinios, 2010). La façon dont un tel système, préoccupé par des problèmes non résolus, occulte une question sensible en se focalisant sur d’autres considérations plus urgentes, peut servir de test à la capacité de gouvernance. Dans le cas spécifique des pensions de survie, la tâche s’est étalée sur des décennies et était, de ce fait, plus exigeante : ces pensions devaient aider la société à passer d’une situation où le système de retraite était tout nouveau et où peu de femmes travaillaient, à une situation où elles étaient davantage présentes sur le marché du travail, avec un système de retraite également plus mature.

3Dans cet article, nous montrerons qu’avant le plan de sauvetage, la surprotection a renforcé les inégalités. En l’absence de réforme des retraites, différentes approches des pensions de survie avaient perduré ; certaines veuves profitaient de pensions d’une grande générosité, tandis que d’autres étaient victimes des carences du système. La réforme a finalement été menée par à-coups à partir de 2010, sous l’œil vigilant des organisations internationales, appelées collectivement la « Troïka ». Pour les veuves, la réforme s’est traduite, en plus des coupes généralisées subies par tous les retraités, par des pertes de droits en série manifestement arbitraires et mal comprises entre 2010 et 2019 [2]. L’édition 2019 du Missoc [3] répertorie 11 lois affectant les pensions de survie adoptées entre 2010 et 2017 ; la situation décrite s’est inversée en mai 2019, quelques semaines avant les premières élections qui ont suivi le plan de sauvetage.

ENCADRÉ 1 Un exemple concret de la situation financière d’une veuve de fraîche date, de 2010 à 2019

« Grand-mère X » a perdu son mari retraité en juin 2016. Au début de la crise de 2010, ils étaient financièrement à l’aise, avec des pensions mensuelles combinées de 1 900 €, donnant droit à une prestation de 1 565 € en cas de décès de son époux. Cependant, la crise a pesé sur leurs pensions de vieillesse ; étant donné la douzaine de coupes effectuées jusqu’en 2015, les pensions ont été réduites à un montant total de 1 550 €. Le deuil du mari de grand-mère X survenu en 2016 a entraîné une nouvelle incertitude. Un spécialiste des retraites a calculé que la pension de survie ajoutée à la pension de retraite de la veuve, qui aurait été de 1 200 € avant la crise (après les coupes budgétaires), avait été réduite à 980 € depuis la loi adoptée en 2010, et à seulement 624 € après la loi de mai 2016. Grand-mère X a retrouvé quelque espoir lorsqu’une nouvelle loi a été adoptée, juste avant les élections de juillet 2019. Celle-ci était censée régler la situation. Si son mari était décédé trois semaines plus tôt, le revenu de grand-mère X aurait été de 800 € ; cependant, elle devra se contenter de 698 € au total, à moins que la loi ne soit à nouveau modifiée. Cela étant, ces calculs sont théoriques. Car, étant donné l’évolution constante de la législation, son prestataire de retraite n’a pas été en mesure de calculer ses droits et a simplement suspendu tous les versements tenant lieu de pension de veuve. En conséquence, jusqu’à fin 2019, grand-mère X a survécu grâce à sa propre pension de retraite professionnelle de 550 € – complétée plus que jamais par l’aide de sa famille.

4Un ajustement économique de grande ampleur s’est produit dans un contexte de travail inachevé [4]. En démographie, les avertissements concernant le vieillissement étaient restés lettre morte. La société centrée sur la famille était en voie de modernisation rapide, tandis que dans la loi, un code de la famille progressiste se heurtait au caractère patriarcal du système de protection sociale. En matière d’assurance sociale, un nouveau système de retraite a été introduit entre 2010 et 2016, offrant l’opportunité d’un apprentissage politique et d’un transfert d’idées.

5Cet article commence par un examen des éléments qui ont conduit l’assurance sociale grecque jusqu’au début de la crise, en mettant l’accent sur le rôle que les pensions de survie ont été amenées à jouer. Il explique comment ces pensions sont devenues une partie du problème que le plan de sauvetage de 2010 était appelé à régler. Le portrait statistique des pensions de survie s’appuie à la fois sur des données administratives et d’enquête pour fournir un contexte au récit du sauvetage. Des modifications des pensions de survie ont été introduites dans le cadre de réformes plus vastes du régime des retraites. Des mesures visant à personnaliser [5] les pensions de survie ont été votées, pour être ensuite abandonnées dans les mois qui ont suivi la sortie du plan de sauvetage. Nous concluons en discutant des enseignements généraux à tirer de cette « réforme sans réformateurs » : l’importance de la capacité de gouvernance, les possibilités d’exportation des idées et la nécessité de fonder les changements sur des arguments solides et un débat ouvert.

Les pensions de survie dans le système grec : des besoins contradictoires

6Pour cerner la place des pensions de survie en Grèce avant la crise, nous devons comprendre les fonctions que celles-ci ont été appelées à jouer et comment elles ont évolué dans le temps. Pour aborder cette question, nous commençons par une théorie pour déterminer où il nous faut chercher des explications.

Les fonctions de la pension de survie

7Les pensions accordées aux veuves et aux orphelins peuvent soit servir à des fins sociales, soit apporter des solutions indirectes lorsque celles plus directes ne sont pas possibles. C’est la distinction que les économistes font entre des politiques de premier et de deuxième choix [6]. À celles-ci peut s’ajouter ce que nous pouvons appeler une politique de troisième choix, lorsque les mesures ont des effets inattendus, qu’ils soient sociaux ou politiques, encore plus éloignés de la politique des retraites. La gouvernance du système de retraite, dans un contexte aussi émotionnel que le deuil, est confrontée à une tâche ardue : elle doit chercher à atteindre l’optimum (donc le premier choix), tout en gardant à l’esprit le second choix et en évitant au mieux le troisième choix.

8En ce qui concerne le premier choix, on s’accorde sur le fait qu’un décès dans la famille – surtout si cela entraîne des difficultés financières – nécessite de débloquer rapidement une aide financière d’urgence. Au-delà de cette période d’adaptation, il est difficile de considérer le veuvage comme un risque social indépendant : pourquoi les retraités qui ont toujours été célibataires devraient-ils être considérés différemment de ceux qui se retrouvent seuls après le décès de leur conjoint ? Il est difficile de ne pas conclure que, si l’on pouvait concevoir un système de retraite en partant de zéro dans le monde actuel, les pensions seraient davantage personnalisées. Nous tiendrons donc pour acquis ici que le mouvement vers la personnalisation est le cours « normal » des choses dans les sociétés développées.

9Cependant, nous vivons dans un monde imparfait, autrement dit, un optimum de deuxième rang, où l’accès au travail rémunéré est inégal. Durant la période de transition, les pensions de survie pourraient continuer à assumer un rôle de réduction des inégalités en matière d’emploi. La durée de cette période dépend de la prévalence et de la persistance du travail non rémunéré. Elle dépend également de la logique du système de retraite ; les systèmes prévoyant une accumulation progressive des droits exigeraient des transitions plus longues. Pour des systèmes différents, les modalités de couverture de ce coût supplémentaire seront également différentes. Dans les systèmes « sociaux », on peut supposer que ce serait le contribuable ; dans le système d’assurance reposant sur l’arithmétique actuarielle, ce serait la population active.

10Une politique de troisième choix (c’est-à-dire non intentionnelle) signifie que les pensions de veuves servent indirectement à d’autres fins qu’à lisser des inégalités liées au marché du travail. Elles pourraient être utilisées comme aide aux personnes âgées qui ne bénéficient pas d’une couverture retraite adéquate. En l’absence de soins de longue durée formels, une éventuelle pension pourrait indirectement permettre d’avoir accès à des services de soins. Enfin, il existe également un risque d’abus, dans le sens où les droits des survivants pourraient permettre d’acheter une influence politique. La prévalence de ces effets, souhaités ou non, dépend de la place des pensions dans le système de protection sociale au sens large, mais aussi de la capacité de gouvernance.

Les évolutions du système grec

11Comment la Grèce a-t-elle géré ce fragile équilibre ? Pour tenter d’y répondre, nous étudierons trois questions dans cette section. En premier lieu, l’environnement social, qui détermine les manques que les pensions ont été appelées à combler. En deuxième lieu, l’organisation du système de retraite, qui influence la réponse à cette question – quels manques ont été comblés et comment. En troisième lieu, la réforme des retraites, dans la période précédant le sauvetage, a déterminé les changements opérés au fil du temps : ce qui a été fait pour moderniser le système et, surtout, ce qui n’a pas été fait pour que les réformes postérieures au sauvetage se concrétisent.

12L’environnement extérieur pendant la période de constitution du système de retraite, jusqu’aux années 1980, n’a pas favorisé la généralisation de l’assurance sociale. L’économie était polarisée entre le rural et l’urbain, ainsi qu’entre les petites entreprises familiales et le secteur public. Les femmes étaient largement absentes du marché de l’emploi ; non seulement elles effectuaient des tâches domestiques non rémunérées, mais elles exerçaient aussi des emplois non rémunérés dans de petites entreprises familiales et des exploitations agricoles, secteur peu concerné par la fiscalité et la réglementation (Lyberaki, 2010). En l’absence d’un filet de sécurité, la famille était le pilier d’un « État-providence informel » (Lyberaki & Tinios, 2014). Si le « recalibrage de l’État-providence » visant à limiter le rôle de la famille était acté une politique officielle depuis 1996 (Tinios, 2005, 2017b), celle-ci s’était limitée à des déclarations [7]. Les services sociaux tels que ceux dédiés aux soins étaient sous-développés (Lyberaki, 2011 ; Tinios, 2017a) et l’évaluation des moyens était quasiment inconnue (Matsaganis & Leventi, 2014).

13En outre, le droit de la famille était patriarcal, et avait pour effet d’empêcher l’éclatement des petites entreprises ou exploitations familiales (Tsoukala, 2014). Le droit de la famille a été réécrit en 1983 pour se conformer à l’interdiction de la discrimination entre les sexes inscrite dans la Constitution de 1975. À partir de 1981, l’adhésion à l’Union européenne et la nécessité de transposer ses directives ont contribué à faire évoluer ce schéma (Vlachantoni, 2010). Cependant, cet esprit progressiste ne s’est traduit que très lentement dans le système de protection sociale. Il a été jugé nécessaire de maintenir un traitement différencié des femmes, notamment par un âge de la retraite moins élevé, afin de compenser la discrimination (Matsaganis & Petroglou, 2001).

14En troisième lieu, le système de retraite grec est construit autour de la Fondation de l’assurance sociale (connue sous son acronyme grec IKA). L’IKA a été fondée dans les années 1930, exactement à la même époque que la sécurité sociale américaine, dont elle partage de nombreuses caractéristiques de conception avec cependant une différence essentielle : l’obligation légale de révisions actuarielles à intervalles réguliers n’était pas prévue par l’IKA (Tinios, 2012a). Même après avoir été refondée en 1951, l’IKA ne couvrait que les employés salariés des grandes villes et ne s’est étendue que progressivement à l’ensemble du pays. Contrairement à d’autres systèmes d’assurance sociale, la Grèce a permis que subsistent en parallèle des systèmes de retraite professionnelle plus anciens, avec l’espoir qu’ils seraient progressivement absorbés par l’IKA. En fin de compte, le morcellement s’est aggravé, s’étendant et s’approfondissant avec le temps (Petmesidou, 1991 ; Tinios, 2012a ; OCDE, 2007).

15À l’origine de ce phénomène, on trouve la coexistence au sein d’un système plus vaste de prestataires de pensions poursuivant trois logiques distinctes d’ouverture des droits (Panageas & Tinios, 2017 ; Tinios, 2020). Dans le secteur privé, l’IKA était solidement ancrée dans l’assurance sociale – une logique de réciprocité selon laquelle les indemnités auraient dû être contrebalancées par des considérations actuarielles. La fonction publique et plus largement le secteur public considéraient les pensions comme un salaire différé, offrant des droits en échange des services rendus. Enfin, dans le secteur rural, les pensions ont été introduites en tout dernier lieu en 1962, en suivant une logique des besoins par l’attribution d’une pension peu élevée à tous les résidents (hommes) de plus de 65 ans.

16Ces trois logiques ont interagi, conduisant à des tendances séculaires de croissance des dépenses et à une segmentation de plus en plus marquée (Panageas & Tinios, 2017). Ce phénomène a entraîné des déficits endémiques du système de retraite dans les années 1980, une époque où la démographie était favorable. En réaction, un nouveau système de retraite complémentaire a été mis en place pour les salariés dans ces mêmes années [8]. Même encore à l’état d’ébauche, il a permis de dégager des fonds, mais son financement est devenu plus difficile après le milieu des années 1990 (Börsch-Supan & Tinios, 2001). Cela a également ajouté une nouvelle dimension « verticale » à la fragmentation du système (selon l’accès aux pensions complémentaires). L’absence d’une ligne directrice et une gouvernance laxiste ont favorisé l’agglomération de lois hétéroclites, bien souvent au service d’un opportunisme politique. En conséquence, des règles prétendument générales s’appliquaient dans la pratique aux minorités – l’exception devenant la norme [9]. Dans la culture légaliste qui en a résulté, les lacunes, les contradictions ou les ambiguïtés nécessitaient des conseils juridiques d’experts et des décisions judiciaires (Tinios, 2020).

17La réforme des retraites avait été presque universellement reconnue comme un impératif technocratique (voire social [10]) pour une génération (Featherstone & Tinios, 2006) [11]. Après les années 1980, la durabilité a été l’élément moteur de la réforme – ce qui a permis d’endiguer le besoin de nouvelles subventions publiques pour financer les retraites. La consolidation – c’est-à-dire la lutte contre les inégalités que la fragmentation entraîne – a été au cœur de la stratégie. Les frictions qu’elle a provoquées ont considérablement compliqué la situation, en faisant des pensions la « vache sacrée » de la réforme structurelle (Featherstone & Papadimitriou, 2008). La restriction des privilèges est à l’origine de l’avancement par à-coups de la réforme des retraites – ce que l’on a appelé « l’interventionnisme de l’autruche » : « […] des épisodes réguliers d’intervention frénétique, suivis d’un nirvana d’abandon » (Tinios, 2012b, p. 123).

18Le caractère intermittent de la réforme des retraites s’est traduit par des changements fragmentaires qui ont seulement permis de combler les manques les plus flagrants. Les périodes de progrès se traduisaient par une tendance à la consolidation qui pouvait être partiellement remise en question lors des périodes intermédiaires. Après des réformes majeures de 1990 à 1992, on s’attendait continuellement à une nouvelle réforme et quand cela s’est produit (en 1998, 2003 et 2007), de nombreuses questions n’ont pas été abordées [12].

19Avec le temps, le vieillissement et les déficits se sont accrus, mais de nouvelles influences ont également commencé à se faire sentir, et notamment la question de l’égalité entre les genres, favorisée par la Constitution, mais aussi par le rôle croissant de l’UE. La législation contraignante de l’UE a été à l’origine de changements symboliques, dans lesquels on pourrait notamment voir un mouvement vers une solution de premier choix de personnalisation des pensions (Vlachantoni, 2010). La publication d’indicateurs, une caractéristique de la législation non contraignante de l’UE, a encouragé la comparaison. Après 2001, la méthode ouverte de coordination en matière de retraite a permis de développer un vocabulaire de réforme et produit un corpus de rapports d’évaluation de la Grèce. Bien qu’impuissants à initier directement la réforme, une cohorte de fonctionnaires européens s’est familiarisée avec les subtilités des pensions grecques ; ils avaient pour tâche de former les Grecs aux dispositifs européens après 2010 (Featherstone & Papadimitriou, 2008 ; Tinios, 2012b).

Pensions de survie avant la crise : entre deuxième et troisième choix

20Comme indiqué dans la présentation, régir les pensions de survie représentait une tâche ambitieuse : un problème émotionnel devait être traité par un système de retraite fragmenté et déjà confronté à de nombreux autres problèmes. Il y avait des lacunes à combler en matière de pensions de survie pour atteindre une solution de deuxième choix (second-best), tandis qu’il y avait toujours un risque d’abus, c’est-à-dire une solution de troisième choix (third-best). En effet, dans un système caractérisé par des « îlots de privilèges dans un archipel de prestations insuffisantes » (Börsch-Supan & Tinios, 2001), les veuves étaient représentées aux deux extrêmes : au bas de l’échelle, les pensions de survie ont permis de lisser tardivement les inégalités que subissaient les femmes mariées n’ayant pas droit à une couverture sociale de droits propres. En haut de l’échelle, les veuves, bénéficiaires de pensions multiples, ont été parmi les plus avantagées.

Un système nébuleux

21Le système s’appuyait sur le régime des pensions rurales, soit une logique de politique sociale dans laquelle l’individu est pris pour unité, et non la famille. Depuis que les femmes mariées rurales ont obtenu des droits individualisés en 1982, ces pensions ont été entièrement personnalisées, ce qui rend inutile la nécessité d’une pension de survie séparée. Cette victoire concernant la personnalisation a été de courte durée ; lorsque les pensions rurales ont été étendues à la population pauvre non assurée du secteur urbain, les femmes mariées en ont été exclues de fait (Vlachantoni, 2010).

22Dans le secteur privé, les pensions de veuve ont apporté une solution partielle aux femmes sans pension de droits propres (Lyberaki & Georgiadis, 2019). Parmi elles figurait un grand nombre de femmes qui n’exerçaient pas de travail rémunéré et/ou qui étaient employées dans des entreprises familiales. Le système encourageait les femmes à rester à la maison : tous les salaires incluaient des primes pour les personnes à charge, tout comme les pensions [13]. Cependant, le système était fait de telle sorte que de nombreuses femmes actives en étaient exclues et ne pouvaient pas percevoir une pension : la durée exigée d’acquisition des droits, de 15 ans, était élevée, en particulier pour les femmes travaillant dans de petites entreprises, où la fraude aux cotisations était monnaie courante [14]. Autre obstacle, la « garantie d’assurance », pour laquelle il fallait justifier d’un revenu d’emploi conséquent au cours des cinq années précédant la demande de pension [15].

23La pension de veuve a constitué une réponse partielle au refus d’assurance. Cependant, son existence a eu pour effet d’inciter les femmes à quitter le marché du travail. Pour celles qui continuaient à travailler, l’absence de pénalité pour les bénéficiaires de deux pensions était un des facteurs de décision en faveur d’une retraite anticipée – augmentant l’écart de retraite entre les femmes et les hommes (Betti et al., 2015). Le montant élevé de la pension minimale jouait un rôle important. Il permettait d’augmenter la pension des veuves, mais récompensait également les carrières courtes et poussait à une retraite anticipée. Ainsi, une protection multiple était offerte à de nombreux bénéficiaires aux faibles pensions.

24Les pensions multiples ont été favorisées par l’incapacité (ou le refus) de recouper les informations provenant de différents prestataires [16]. Ainsi, une personne percevant plusieurs pensions ne pouvait être repérée qu’avec difficulté. Par exemple, même s’il se trouvait tout en haut de la distribution, un médecin d’hôpital à la retraite, veuf ou veuve d’un avocat du gouvernement, pouvait avoir jusqu’à 12 droits à pension distincts et donc légalement percevoir 12 pensions. Ainsi, la fragmentation permettait à certains de profiter du système, tandis que d’autres étaient pris dans les mailles du filet. Pourtant un identifiant personnel a été légalement instauré en 1992 mais il n’a été utilisé qu’après 2010. Le système s’est révélé incapable de distinguer le nombre de personnes bénéficiaires de pensions du nombre de droits à pension acquis, condition nécessaire à une politique sociale fondée sur la personnalisation.

25C’est le secteur public qui était le plus généreux, aucun calcul actuariel n’ayant jamais été utilisé pour maîtriser les prestations (OCDE, 2007). Outre les conjoints et les enfants orphelins, les parents, les petits-enfants et les frères et sœurs étaient également éligibles. Dans les deux derniers cas, la protection était limitée, car les droits étaient peu élevés et les demandeurs devaient prouver leur dépendance financière. L’absence de quantification a préservé l’opacité du coût des provisions ; la fonction publique ne conservait aucune donnée sur l’âge des veufs ou des veuves, le champ « âge » utilisé étant celui du bénéficiaire décédé. Néanmoins, les dispositions de la fonction publique ont progressivement été étendues au reste du système. Une veuve avait droit à 70 % de la pension d’origine. Chaque enfant de moins de 18 ans (ou 24 ans s’il était scolarisé) avait droit à une pension d’orphelin.

26En résumé, au moment où la réforme des retraites est apparue à l’horizon politique des années 1990, les pensions de survie étaient devenues l’un des problèmes centraux de tout le système de retraite. Les répercussions des réformes intermittentes des pensions de survie menées avant la crise peuvent être étudiées en examinant quatre questions.

La personnalisation des pensions : un objectif de réforme

27L’histoire de la réforme est parsemée de rapports officiels qui mettent l’accent sur la durabilité et l’importance de règles communes. Bien que l’on ait conscience depuis longtemps que les pensions de survie vont augmenter à mesure que la longévité progresse (Tsoukatos, 1959), les questions soulevées à leur sujet ne reçoivent que peu d’attention explicite, et leur coût n’a jamais fait l’objet d’une étude actuarielle. Malgré cela, tous les rapports se concentrent sur les pensions multiples, considérant le secteur privé comme une sorte de réserve de générosité. Fakiolas (1992) dresse une liste de recommandations consistant à renforcer la générosité. Vingt ans plus tard, les documents soumis à un comité juste avant le sauvetage (Stergiou & Sakellaropoulos, 2010 ; Stergiou, 2018) ne contiennent toujours pas d’analyse de genre ou d’étude spécifique sur les pensions de survie. L’insuffisance d’observations sur le genre dans la réforme des retraites explique probablement pourquoi, malgré des avancées vers la personnalisation (Vlachantoni, 2010), les propositions ont parfois été rejetées.

28Certaines mesures ont été positives, notamment l’élargissement aux hommes des pensions de survie par décision de justice en 1998, sous réserve que ceux-ci puissent prouver leur dépendance financière. En 1988, les femmes exerçant un travail non rémunéré dans l’entreprise familiale se sont vu attribuer le droit à une assurance (L1759/88), mais étant donné les obstacles liés, entre autres, à l’acquisition des droits, cette mesure ne portera ses fruits que sur le long terme. Une loi de 1999 (L1676/99) a également introduit une limite d’âge de 40 ans, ainsi que des restrictions pour la perception de pensions multiples, en maintenant la disposition existante pour une prestation de trois ans après le décès (entre autres, pour le conjoint n’ayant pas encore 55 ans au décès de l’assuré, la durée de versement est limitée à 3 ans à partir de 40 ans) [17].

29Cependant, dans le même temps, on observait des mouvements qui allaient en sens inverse. Le seul exemple de personnalisation a été abandonné en 1998 lorsque les cotisations ont été prélevées pour la première fois pour les pensions rurales. Pour éviter de faire payer des cotisations aux femmes, on a jugé préférable de les maintenir dans le statut de personnes à charge. Les implications de cette situation quant au genre étaient peu connues, ce qui témoigne de la nature introspective des discussions sur les pensions. Les restrictions de 1999 sur l’âge et les pensions multiples ont été discrètement inversées en 2005 (L3385), pour revenir à la situation d’origine.

En cas de divorce

30La dissolution d’un mariage entraîne de fait la dissolution du contrat social patriarcal ; une femme qui avait rempli sa part du marché pouvait, de manière unilatérale, être privée de sa « récompense implicite ». De plus, en cas de remariage du soutien de famille, la question se posait de savoir s’il fallait attribuer une pension à l’ex-conjoint survivant et comment répartir les pensions entre les ex-conjoints survivants. Bien que le code de la famille de 1983 ait imposé une rupture nette dans les relations de propriété entre les ex-conjoints, ce principe a été violé pour ce qui concerne les pensions (Vlachantoni, 2010 ; Tsoukala, 2014). Les femmes divorcées se sont d’abord vu accorder des droits de conjoints survivants en 2004 (L3232/04), mais ceux-ci étaient assimilés à une pension alimentaire, perpétuant ainsi la dépendance : il fallait que ces femmes divorcées ne soient ni remariées ni en concubinage, qu’elles aient perçu une pension alimentaire ordonnée par le tribunal, qu’elles ne soient pas à l’origine du divorce et que le mariage ait duré plus de 10 ans. De plus, le versement des pensions était soumis à condition de ressources. La proposition pour traiter les droits à pension comme une propriété commune et donc pour diviser ces droits a été écartée étant donné les difficultés techniques que représentait un système basé sur le salaire final avec une pension minimum élevée (Petroglou, 2002).

La lutte contre les effets accidentels des pensions de survie

31Le recours à des instruments de deuxième choix, quels qu’ils soient, risque d’entraîner des effets indésirables, les régimes de retraite étant susceptibles de changer les comportements. L’existence de droits dérivés généreux rend les maris âgés plus attrayants sur le plan financier et peut, avec le temps, augmenter l’écart d’âge des couples qui se marient. En l’absence de services formels de soins de longue durée, de généreuses prestations de survie peuvent fonctionner comme un contrat implicite à honorer après la disparition du principal bénéficiaire. En effet, la question de la différence d’âge entre les conjoints est celle qui a suscité le plus d’ingéniosité législative. Diverses lois fixaient une durée minimale du mariage, différenciant le mariage avant et après l’octroi de la pension. Une approche complémentaire consistait à réduire les droits : les dispositions actuelles concernant le mariage des retraités (tableau en annexe A1) définissent la pension comme une fonction non linéaire de la différence entre l’écart d’âge du conjoint et la durée du mariage, qui peut, in extremis, aller jusqu’à la suppression complète de la pension.

Les pensions à vie

32Les pensions à vie des filles de généraux et de fonctionnaires non mariées illustrent les tensions liées à l’évolution vers la personnalisation d’un système fortement lié au parcours de vie. Malgré son apparence féodale, ce droit a été inventé en 1973 par la dictature militaire pour apaiser les officiers supérieurs ; il a ensuite été étendu aux fonctionnaires et au secteur public (Stergiou, 2018). Même si, au départ, la part octroyée aux filles était faible (20 % de la pension du défunt), elle s’élevait au niveau d’une pension de veuve complète une fois la mère décédée (70 %), payable à vie. C’est parmi les professions très bien payées et où les écarts d’âge entre conjoints étaient importantes – militaires gradés, fonctionnaires ou cadres de banques haut placés – qu’on trouvait le plus grand nombre de ces filles. Le mariage entraînait la suppression de ce droit, qui pouvait cependant être rétabli en cas de divorce [18]. La raison invoquée pour le maintien de ce droit est intéressante : toutes les femmes ont besoin d’un tuteur, d’un père ou d’un mari. Le mariage déplace la tutelle, qui revient de nouveau au père après le divorce. Si la fonction du régime de prévoyance est de remplacer la protection paternelle, elle doit également s’occuper des filles sans tuteur [19].

33Le caractère archaïque ou trop généreux de ces dispositions faisait peu débat. Une période travaillée de 20 ans permettait de soutenir toute une dynastie pendant près de 100 ans. En 1992, un rapport officiel affirmait qu’il ne pouvait y avoir « aucune justification nationale, sociale et économique... Cela [constitue] une discrimination inacceptable envers les travailleurs du secteur privé » (Fakiolas, 1992, p. 92). La question était de savoir comment traiter les titulaires – dont beaucoup appartenaient à des groupes ayant une influence politique. Certaines conditions préalables ont été imposées en 1986, mais uniquement pour la reconstitution de la pension après le divorce. La première tentative sérieuse de s’attaquer à cette situation a eu lieu en 1990, avec la suppression des nouveaux droits des filles non mariées lorsque les parents avaient été embauchés après 1983 [20] et l’obligation de satisfaire à de nouveaux critères de ressources pour celles qui bénéficiaient déjà de cette pension. Ces restrictions ont été assouplies un an plus tard, puis ont encore été diluées par des décisions de justice dans les années 1990. Elles ont donc eu un effet limité ; lors du plan de sauvetage en 2010, on comptait apparemment plus de 30 000 filles célibataires bénéficiaires d’une pension de survie, soit environ 8 % de l’ensemble des pensions de survie [21].

34En conclusion, les pensions de survie n’ont guère fait l’objet d’une attention explicite avant la crise. Du fait des lacunes de gouvernance du système de retraite, la tentation de recourir à des mesures de troisième choix [22] n’a pas rencontré de résistance. En conséquence, les pensions de survie ont formé une partie importante du problème global, et non de sa solution.

Un portrait statistique des pensions de survie

35En 2010, les « statistiques grecques » sont devenues synonymes de statistiques incomplètes, trompeuses ou simplement fausses (Coyle, 2014, p. 1-4 [23]). L’assurance sociale a été pionnière en la matière ; pour une multitude de prestataires, aucune statistique n’a jamais été publiée, hormis pour le secteur privé (Tinios, 2010 ; OCDE, 2007). En outre, le genre est un paramètre particulièrement mal pris en compte par les statistiques.

36Le ministère de l’Emploi produit des données administratives concernant les dépenses de retraite (et non les cotisations) sur une base mensuelle intermittente depuis 2013 (système Hélios) [24] ; cela aurait, dit-on, permis de régler la question de l’unité de référence (individus ou droits légaux). À ces données s’ajoutent celles de l’Enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (Share) des personnes de 50 ans et plus. Nous utilisons ici les données de la vague 6 de 2015 (Börsch-Supan, 2019a) [25]. Contrairement à EU-SILC, les pensions de survie sont identifiées de façon indépendante [26], tandis que les informations sur les carrières peuvent être regroupées à partir de données rétrospectives. Dans Share, les répondants grecs ont été distingués selon trois catégories de prestataires de pensions : publics (gouvernement, banques, entreprises publiques), privés et indépendants (agriculteurs et autres). Les survivants sont classés selon le prestataire de leur conjoint [27].

37Les pensions de survie sont importantes en Grèce. Dans le système Esspros[28], les dépenses 2016 consacrées aux « survivants », essentiellement pour leurs pensions, représentaient 2,6 % du PIB, tandis que pour l’UE-28, elles étaient de 1,5 % (1,8 % pour le Portugal). Le tableau 1 confirme l’importance de ces pensions, mais donne également une idée des problèmes posés par les données administratives. On compte 387 000 retraités survivants, qui représentent 15 % de l’ensemble des retraités. Au total, 916 000 versements de pension sont effectués, soit 20 % de l’ensemble des versements. La première partie du tableau confirme que l’éligibilité diffère selon le prestataire, tandis que l’accès aux pensions complémentaires renforce l’inégalité [29]. Même si les données sont censées être représentatives, leur qualité est douteuse. En effet, les dépenses de retraite annuelles implicites sont bien inférieures aux données d’Eurostat (partie B du tableau 1). Le nombre total de retraités, loin de refléter les départs en retraite anticipée et le vieillissement de la population, phénomènes qui se sont accélérés au cours de la période couverte, montre une baisse paradoxale du nombre total de retraités entre 2013 et 2018. Cela se reflète dans les données concernant les retraités survivants, 5 % moins nombreux en 2018.

38Le double comptage est l’un des problèmes posés par ces données. Le tableau 2 indique la répartition des individus par nombre de droits dans les données administratives. Tout d’abord, il semble que le processus d’attribution des pensions aux individus soit en cours. Ainsi, le nombre total d’individus est inférieur en 2018 à celui de 2013, tandis que le nombre de ceux percevant plus de trois pensions augmente. Le nombre total de retraités individuels, 2,5 millions, dépasse de 7 % la population âgée de plus de 65 ans, malgré les écarts de couverture. Le retraité moyen semble toucher 1,7 pension ou 2,0 si l’on exclut le secteur rural pour lequel il n’existe pas de pension complémentaire. Chaque retraité survivant urbain perçoit 2,4 versements de pension. Nous ne savons pas combien de bénéficiaires de pensions multiples perçoivent des pensions de survie, ni comment les survivants sont répartis entre les catégories de demandeurs (conjoints, filles, orphelins, etc.). En contrepartie, certains individus ne perçoivent aucune pension. Le tableau 3 utilise les données Share pour montrer l’écart de couverture entre femmes et hommes, par âge et par prestataire, un indicateur pour lequel la Grèce fait exception dans l’UE (Betti et al., 2015) : les pensions de survie comblent un écart important pour les plus de 80 ans ; en leur absence, cet écart serait multiplié par quatre. Dans le secteur privé où les pensions sont personnalisées (agriculteurs), l’écart est plus de deux fois moindre.

Tableau 1

Informations administratives sur les pensions et les versements de pension, 2013-2018

A. Par secteur 2018Secteur publicSecteur privéIndépendantsTotal
AgriculteursAutres
Nombre de pensions (en milliers)
Total des pensions primaires1 195,0603,6600,2421,52 819,9
> Pensions de survie315,9136,512,1132,3596,8
en % des primaires26,422,62,031,421,1
Total des pensions complémentaires815,0816,0012,41 643,4
> Pensions de survie187,9127,203,9318,9
en % des complémentaires23,115,6031,4519,4
Ensemble des versements1 894,61 419,6600,2549,34 463,7
> Pensions de survie503,8263,712,1136,2915,8
en % de l’ensemble des pensions26,618,6224,820,5
B. Totaux 2013-2018201320142015201620172018
Dépenses (% PIB)
Helios Pensions (a)
15,315,716,315,915,214,7
Pensions Eurostat (b)16,717,217,717,518,3*-
Différence (b – a)(1,4)(1,5)(1,4)(1,6)(3,1)-
Helios exp sur survivants1,91,92,01,91,71,6
Nombre de retraités (en milliers Helios)
Ensemble des retraités2 666,72 653,32 658,52 631,12 586,52 555,0
Pensions de survie seulement407,8401,3406,3396,3392,2386,9
Informations administratives sur les pensions et les versements de pension, 2013-2018

Informations administratives sur les pensions et les versements de pension, 2013-2018

Notes : * dépenses 2017 estimées par le ministère de l’Emploi.
Privé : employés, marins, journalistes ; public : gouvernement, entreprises publiques, services publics et banques ; autres : professions libérales et indépendantes.
Les pensions complémentaires comprennent les fonds communs de placement des fonctionnaires.
Source : Helios (29 décembre 2018), Eurostat, Aging Reports 2013, 2018.
Tableau 2

Individus par nombre de droits (données administratives, 2013 et 2018)

20132018
DroitsIndividus%Individus%
11 364 33451,21 202 99947,1
2924 62434,7910 47935,6
3310 35811,6355 15013,9
452 5662,064 9022,5
512 1280,515 0960,6
> 52 6730,16 4230,3
Total2 666 6831002 555 049100
Individus par nombre de droits (données administratives, 2013 et 2018)

Individus par nombre de droits (données administratives, 2013 et 2018)

Source : rapports mensuels Helios (décembre 2013 et 2018).
Tableau 3

Taux de couverture(%) par le système de pensions, par âge et sexe (Grèce)

GrèceCouverture par le système de retraite, Share vague 6 (2015)
Personnes âgées de 65 ans et plusPar âgePar caisse d’assurance sociale
Ensemble des pensionsHommesFemmesÉcartEnsemble des pensionsHommesFemmesÉcar t
65-7978,358,7- 19,7Secteur privé [*]84,866,8- 18,0
80 et plus92,281,4- 10,8Secteur public85,966,7- 19,2
Total des 65 et plus82,566,7- 15,8Indépendants77,969,7- 8,2
Sans pension de survie
65-7978,342,3- 36,1Secteur privé [*]84,840,2- 44,6
80 et plus92,251,3- 40,9Secteur public85,947,4- 38,6
Total des 65 et plus82,545,5- 37,0Indépendants77,960,0- 17,9
Taux de couverture(%) par le système de pensions, par âge et sexe (Grèce)

Taux de couverture(%) par le système de pensions, par âge et sexe (Grèce)

Source : Share vague 6, version publiée : 7.0.0.

39La figure 1 représente les données Hélios pour la répartition des pensions de survie et de vieillesse en décembre 2018. Les survivants sont regroupés autour des valeurs faibles : on observe une forte concentration autour de la pension minimum du secteur privé (395 €) et de la pension de base des agriculteurs (360 €). Il y a lieu de noter que la raison habituellement invoquée pour expliquer les valeurs inférieures des pensions de survie – à savoir que des cohortes plus anciennes avaient des revenus inférieurs – est bien moins pertinente en Grèce où les revenus d’emploi avant la crise étaient encore supérieurs de 30 % aux valeurs actuelles.

Figure 1

Pensions de vieillesse et pensions de survie, décembre 2018

Pensions de vieillesse et pensions de survie, décembre 2018
20 %
18% IKA min : 395 €
16 % Pensiondevieillesse Pensiondesurvie
14% Pension de base des
Fréquence en %
12% agriculteurs : 360 €
10 %
8 %
6 %
4 %
2 %
0 %
75 150 250 350 450 550 650 750 850 950 1050 1150 1250 1350 1450 1550 1650 1750 1850 1950 >1950
En euros par mois

Pensions de vieillesse et pensions de survie, décembre 2018

Source : rapport mensuel Helios (12/2018) ; comprend les pensions complémentaires.

40Share collecte et additionne toutes les pensions perçues par un même individu. Le tableau 4 montre que les pensions des femmes, une fois pris en compte le secteur d’emploi, sont uniformément inférieures à celles des hommes. Les pensions de droit direct des femmes ont tendance à être plus élevées que les pensions de survie, bien que cet écart ne concerne que le secteur public. Ce rapport est fonction de l’âge ; pour les individus de plus de 80 ans, les pensions de survie sont plus élevées que les pensions de droit direct ; les retraites grecques semblent être rattrapées par la modernisation.

41L’importance des pensions de survie comme soutien aux bas revenus est illustrée dans le tableau 5 par le risque de pauvreté (calculé comme représentant moins de 60 % du revenu équivalent médian à partir des données d’une enquête interne). Sans pension de survie, la pauvreté doublerait aux âges les plus avancés et concernerait principalement les personnes au foyer.

42L’écart d’âge entre conjoints est un indicateur qui a fait l’objet d’une grande attention de la part des législateurs, sans doute parce qu’il peut s’agir d’un signe d’abus. L’existence de droits généreux pour les veuves pourrait à la fois expliquer et favoriser une plus grande différence d’âge. Cependant, les différentes parties du système de retraite grec n’étant pas toutes aussi généreuses, un grand écart d’âge selon le système de pension pourrait être le signe d’une influence déterminante des droits des veuves sur le comportement matrimonial. La figure 2 utilise des données Share dans lesquelles les femmes mariées sont ajoutées aux veuves pour comparer la situation en Europe. La Grèce se distingue clairement dans tous les groupes d’âge, la différence médiane étant de 5 dans la tranche d’âge des 65-79 ans. Le processus de remariage explique probablement pourquoi les écarts diminuent à un âge plus avancé dans tous les pays : la Grèce se démarque à nouveau en Europe (elle est dépassée dans le groupe des 80 ans et plus par Israël). Le tableau 6 examine de plus près la répartition des écarts d’âge entre conjoints et les distinctions par prestataire de pension. Lorsque toutes les femmes sont regroupées (en ajoutant les veuves aux couples), on observe peu de différence par prestataire. Cependant, lorsqu’on considère les veuves séparément, le secteur public se distingue par un écart d’âge médian plus élevé mais aussi par une répartition plus asymétrique. Cette différence sectorielle implique que l’écart d’âge n’est pas dû à une dichotomie entre tradition et modernité mais qu'il est lié au prestataire de pension. Le fait que (certaines) veuves de fonctionnaires présentent un écart d’âge beaucoup plus important avec leur conjoint décédé que dans le secteur privé ou le secteur rural (vraisemblablement plus traditionnel) pourrait être dû soit à un mariage tardif, soit à une moindre propension à se remarier après le deuil, deux situations dans lesquelles la pension de survie a un effet.

Tableau 4

Revenu annuel de pension selon le genre et écart dans les pensions en Grèce

Écart entre les sexes dans le revenu de pension, Share, vague 6 (2015), Grèce
Par âge (65 ans et plus)Par caisse d’assurance sociale
Ensemble des pensionsHommesFemmesÉcart (%)Ensemble des pensionsHommesFemmesÉcart (%)
65-79 ans10 6517 56029,0Secteur privé [*]9 8387 33125,5
80 ans et plus8 4726 32925,3Secteur public12 7419 32626,8
Total des 65 ans et plus9 9237 02929,2Indépendants8 4145 72432,0
Femmes de 65 ans et plusPensions de surviePensions de droit directRatioFemmes de 65 ans et plusPensions de surviePensions de droit directRatio
65-796 8007 56589,9Secteur privé [*]6 6577 26191,7
80 ans et plus6 4745 862110,4Secteur public7 07510 01470,7
Total des 65 ans et plus6 6366 89396,3Indépendants5 9385 553106,9
Revenu annuel de pension selon le genre et écart dans les pensions en Grèce

Revenu annuel de pension selon le genre et écart dans les pensions en Grèce

Source : Share vague 6, version publiée : 7.0.0.
Tableau 5

Risque de pauvreté avant et après les pensions de survie, par âge et emploi

Taux de pauvreté(%) avant et après les pensions de survie, Grèce, Share, vague 6 (2015)
Par âgeRevenu totalHors pensions de surviePar statut d’activitéRevenu totalHors pensions de survie
50-6432,533,9En emploi34,734,9
65-7918,025,1Retraité15,917,4
80 ans et plus20,536,6Au foyer / autre31,749,0
Total des 50 ans et plus25,231,2---
Risque de pauvreté avant et après les pensions de survie, par âge et emploi

Risque de pauvreté avant et après les pensions de survie, par âge et emploi

Source : Share, vague 6, Version publiée : 7.0.0.
Figure 2

Écart d’âge médian entre les femmes et les hommes, pour les femmes mariées ou veuves de 50 ans et plus

Écart d’âge médian entre les femmes et les hommes, pour les femmes mariées ou veuves de 50 ans et plus

Écart d’âge médian entre les femmes et les hommes, pour les femmes mariées ou veuves de 50 ans et plus

Source : Share, vague 6, version publiée : 7.0.
Tableau 6

Différence d’âge (femmes-hommes en années) par statut marital (Grèce)

Différence d’âge (femmes-hommes) en années dans la vague 6 – Share (2015)
Prestataire d’assurance socialeFemmes mariées dans la vague 6 (2015)Veuves dans la vague 6 (2015)
Médiane10 %25 %75 %Médiane10 %25 %75 %
Secteur privé*- 4- 10- 7- 1- 4- 12- 8- 2
Secteur public- 4- 10- 7- 2- 6- 14- 10- 3
Indépendants- 4- 11- 7- 1- 6- 11- 9- 2
Total- 4- 10- 7- 1- 5- 12- 9- 2
Différence d’âge (femmes-hommes en années) par statut marital (Grèce)

Différence d’âge (femmes-hommes en années) par statut marital (Grèce)

* Comprend les agriculteurs.
Source : Share, vague 6, version publiée : 7.0.0.

43Dans quelle mesure les pensions de survie comblent-elles les lacunes dans la carrière des femmes ? Le tableau 7 utilise des informations rétrospectives de l’enquête Share (Börsch-Supan, 2019b) : une femme sur quatre de plus de 65 ans n’a jamais travaillé, et 7 % ont travaillé moins que le minimum nécessaire pour ouvrir un droit à pension. Ces chiffres sont très différents si l’on considère les seules veuves, ce qui implique que pour la majorité d’entre elles, la pension de leur mari est leur seul droit à pension – confirmant ainsi le fait que les droits des survivants découragent l’emploi. Même ainsi, les femmes ayant des droits à pension propres constituent le groupe principal et ce, même à un âge plus avancé, ce qui est un signe de modernité.

44À la suite de cette observation des données, certains points importants ressortent. Les pensions de survie jouent toujours un rôle important en Grèce en apportant aux femmes âgées une part essentielle de leurs revenus. Malgré cela, leur couverture par les données administratives présente de grandes zones d’ombre. L’analyse des données de l’enquête révèle des différences de comportement considérables selon le type de prestataire, traduisant l’existence d’interactions entre les choix tels que le mariage et le remariage, la retraite anticipée et la générosité des systèmes auxquels les individus sont confrontés.

Tableau 7

Répartition par carrière professionnelle jusqu’à 65 ans (femmes de 65 ans et plus – Grèce)

Répartition par carrière professionnelle (femmes de 65 ans et plus)
Ensemble des retraitéesJamais travaillé1 à 14 ans> 14 ansTotal
65-79 ans34,29,256,5100
80 ans et plus45,34,350,3100
Total des 65 ans et plus39,27,053,8100
Secteur privé [*]41,59,049,5100
Secteur public29,09,261,8100
Indépendantes34,23,362,5100
Veuves uniquement
Secteur privé [*]72,012,415,6100
Secteur public69,414,715,9100
Indépendantes64,21,834,0100
Répartition par carrière professionnelle jusqu’à 65 ans (femmes de 65 ans et plus – Grèce)

Répartition par carrière professionnelle jusqu’à 65 ans (femmes de 65 ans et plus – Grèce)

Source : Share vague 6, Version publiée : 7.0.0.

Le plan de sauvetage : rétroactivité et repli

45La réforme des retraites figurait en tête du plan de sauvetage (Tinios, 2020). Elle était censée à la fois modifier les caractéristiques structurelles considérées comme responsables du déséquilibre budgétaire et contenir les coûts budgétaires à court terme. La Troïka a engagé les meilleures pratiques européennes, en s’appuyant sur la compréhension tirée de la Méthode ouverte de coordination (noc), puis du Semestre européen [30], même si le transfert de politique n’a pas été rendu explicite (Tinios, 2012b ; Tsoukala, 2019). La réforme avait donc trois objectifs parallèles difficiles : a) un changement de comportement pour l’avenir – afin d’éviter que la crise ne se reproduise ; b) un recalibrage des droits existants – le PIB était inférieur d’un quart à celui de 2008 ; c) une modernisation des structures – 30 000 filles non mariées percevaient toujours des pensions.

46La réforme des retraites s’est déroulée en deux phases (FMI, 2017 ; Panageas & Tinios, 2017 ; Tinios, 2020) : lors des deux premiers plans de sauvetage (2010-2014), les changements structurels affectant les nouveaux droits ont été compensés par l’acquisition de nouveaux droits pour les futurs retraités. Du fait des dépassements des dépenses, en partie causés par les départs en retraite anticipée des femmes autour de 50 ans [31], les pensions ont dû subir une douzaine de coupes généralisées. Dans la deuxième phase, après 2015, lors du troisième plan de sauvetage, les acteurs externes ont adopté une approche plus normative. Les coupes budgétaires ont laissé place à l’application rétroactive d’autres règles, mais un nouveau filet de sécurité sociale (FMI, 2017) a également été instauré. Depuis la fin du plan de sauvetage en août 2018, une série de changements a été mise en place pour annuler ou atténuer les modifications qui ont été instaurées à l’époque du sauvetage.

47Il convient de rappeler que les réformes précédentes étaient encore en vigueur, y compris pour les filles non mariées qui percevaient une pension de survie à vie. Après une première tentative de suppression en 2010, d’autres changements sont intervenus les années suivantes, dans un contexte de tension entre la Troïka et le gouvernement grec. Une limite d’âge de 50 ans a été imposée, tandis qu’en 2012, des critères stricts de ressources ont restreint les droits aux seuls individus disposant d’un revenu total inférieur à 720 €, toutes sources confondues. Cela a suscité de vives protestations, au motif que le projet de vie des individus concernés se trouvait brutalement perturbé [32]. Cependant, cette mesure n’a été que timidement mise en œuvre. Ainsi, une enseignante d’université qui percevait la pension de son père depuis 1987 n’a découvert que neuf ans plus tard, lorsqu’elle a tenté de se porter candidate au parlement, que cela était illégal depuis 2010 [33].

48Quelles ont été les répercussions de cette frénésie législative sur les pensions de survie ? Le tableau A1 en annexe détaille les modifications de paramètres à l’aide de quatre points de référence :

49

  • la situation en 2010 ; les différences entre les paramètres des survivants étaient faibles par rapport à celles qui concernaient les droits aux pensions de vieillesse ;
  • la première loi du plan de sauvetage 3385/2010 ; elle a établi un nouveau système de retraite pour tous les employés à partir de 2011 [34], les personnes déjà retraitées étant pour la plupart protégées ;
  • la loi 4387/16 qui prévoit une approche rétroactive dans laquelle le système de 2010 est appliqué à tous les retraités, afin de compenser les coupes jugées inconstitutionnelles ; – enfin, la loi 4661/19 annule certains paramètres des lois précédentes.

50L’approche législative de la personnalisation peut être considérée comme un signe de l’orientation changeante des politiques de retraite. Ces dernières sont passées d’un extrême à l’autre, et inversement. Avant la crise, la position qui prévalait consistait à abandonner certaines formes de personnalisation. La situation a commencé à changer en 2010, avec l’adoption d’un nouveau système très dissuasif en matière de droits dérivés, mais uniquement pour les nouveaux bénéficiaires de pensions de survie. La loi de 2016 a mis en place des mesures dissuasives à tous les niveaux, permettant de récupérer toute une série de droits dérivés. La loi adoptée au lendemain du plan de sauvetage a marqué un recul partiel, en particulier pour les survivants déjà bénéficiaires, moins pour les nouveaux survivants.

51Se concentrer uniquement sur les paramètres des survivants, c’est ignorer la transformation profonde de l’ensemble des pensions induite par les coupes budgétaires. Plus d’une douzaine de coupes d’urgence ont été imposées en prenant comme seul critère le montant de la pension (dans tous les cas sauf un). Les coupes se sont multipliées et ont entraîné une baisse de plus de la moitié des pensions. Les petites retraites ont souffert quant à elles de la suppression des primes de vacances (représentant une baisse de 14,2 %). Le caractère progressif des coupes a atténué les écarts entre les genres en matière de retraite et réduit de moitié le risque de pauvreté pour les plus de 65 ans (Matsaganis & Leventi, 2014 ; Lyberaki, 2018).

52Caractéristique unique, les nouvelles règles ont été appliquées de façon rétroactive (loi 4387/16, FMI, 2017). Il s’agissait de compenser les coupes jugées inconstitutionnelles en 2015 [35]. Le volume total des pensions devait être recalculé sur la base des nouvelles règles et ce, avant janvier 2018. Par ailleurs, tout excédent par rapport aux pensions en cours devait être compensé par les augmentations futures puis progressivement supprimé. En 2017, une loi a décrété que l’excédent devrait être supprimé en janvier 2019, sous réserve que la baisse ne dépasse pas 18 % [36]. Enfin, pour compenser les fortes baisses de revenus, la protection des pensions les plus modestes se ferait sous la forme d’une nouvelle garantie de revenu minimum, dite « revenu social » (OCDE, 2015 ; FMI, 2017).

53L’évolution des approches peut être observée en considérant la position adoptée concernant quatre paramètres :

54

  1. Restrictions par âge. Les trois lois prévoyaient une période d’ajustement de trois ans. En vertu de la loi L3865 / 10, les droits ont été réduits de moitié pour les bénéficiaires de moins de 65 ans – jusqu’à l’âge de 65 ans. La loi 4387/16 a supprimé tous les versements pour les moins de 52 ans [37]en les reprenant à partir de 67 ans pour une minorité de bénéficiaires. La loi 4661/19 a supprimé toutes les restrictions d’âge pour revenir à la situation d’avant 1998.
  2. Le pourcentage de la pension de vieillesse à laquelle le survivant peut prétendre. Avant la crise, ce pourcentage se situait entre 60 et 80 % (70 % étant la valeur la plus courante). La loi de 2010 a imposé une valeur générale de 70 %, mais celle-ci a été réduite à 50 % en 2016, pour revenir à 70 % en 2019.
  3. La portée de la rétroactivité de la pension de vieillesse d’origine. La loi de 2010 a apporté des modifications aux seuls droits des nouveaux survivants, et en laissant inchangée la pension de retraite s’y rattachant [38]. La loi de 2016 a réévalué tous les montants des pensions de vieillesse et de survie, mais a traité tous les survivants existants comme de nouveaux demandeurs de pension : toutes les informations sur les carrières ont été réévaluées à l’aide de nouvelles règles ; aucune protection n’a été prévue contre les baisses de revenus ; le recalibrage devait être appliqué immédiatement, sans attendre 2018. Enfin, la loi de 2019 a accordé aux personnes dont le conjoint est décédé avant mai 2016 le droit de choisir entre les anciens montants et les montants réévalués ; les montants octroyés après cette date restant inchangés.
  4. L’existence de pensions de droit direct. Avant 2010, les pensions de droit direct comme les pensions de vieillesse étaient recouvrées en totalité. Par la suite, trois changements sont intervenus, visant à limiter le montant de la pension qui pouvait être conservé. En 2019, la pension de survie a été réduite de moitié dans le cas où une autre pension était versée.

55La loi de 2016 a marqué un pas décisif vers la personnalisation. La note explicative de la loi présentée au Parlement invoquait la nécessité d’encourager les femmes à participer au marché du travail. Elle ne précisait pas comment les mesures incitatives s’appliquaient aux veuves âgées de 80 ans et plus, dont la plupart avaient subi une baisse de leurs pensions. En effet, comparées aux autres groupes, les veuves étaient les principales perdantes. Elles subissaient de nouvelles restrictions, leur accès aux droits dérivés était limité (surtout si elles percevaient leur propre pension) avec une plus forte rétroactivité.

56Des calculs non officiels des pensions de survie (comme l’exemple évoqué au début de l’article) ont montré des baisses importantes par rapport au statu quo ante, de plus de 70 % dans certains cas. Cela a été justifié par la nécessité de décourager les demandes de droits dérivés, mais également de réaliser des économies fiscales. Plutôt que de reconnaître les effets de ces mesures, la réaction officielle a été de geler la mise en œuvre des dispositions de la loi de 2016, en stoppant simplement les paiements. Lorsque la date limite de réalisation de tous les ajustements a été atteinte, en 2018, aucune « nouvelle » pension de survie n’avait encore été mise en place. Malgré cela, lorsque la baisse de toutes les autres pensions prévues par la loi en janvier 2019 a été annulée, cela n’a affecté que les pensions de vieillesse, laissant les survivants dans l'incertitude, les dispositions de 2016 restant inchangées.

57En juin 2019, le gouvernement a inversé la tendance et abandonné la personnalisation (L4611/19). Le conjoint survivant continue de percevoir la pension de survie quel que soit son âge. Le rapport explicatif s’appuie sur le passé : « en Grèce, les conjoints survivants (principalement des femmes) restent absents du marché du travail pendant le mariage, ce qui a entraîné de grandes difficultés pour trouver un emploi par la suite, en particulier à un âge relativement avancé » (Parlement, 2019, p. 14). Le montant de la pension de survie et la durée minimale du mariage ont également été ramenés à leurs valeurs d’origine, tandis que les enfants perçoivent des pensions jusqu’à l’âge de 24 ans, quel que soit leur niveau de scolarité. Enfin, les montants réévalués ne seront appliqués que pour les décès survenus après mai 2016.

58Ce changement de cap a été voté quelques semaines avant les élections de 2019. Malgré l’absence de calculs actuariels, le rapport explicatif affirmait que le système de retraite avait « prouvé sa viabilité à long terme » (Parlement, 2019, p. 15) [39]. Les modifications ont été votées par tous les partis au Parlement ; aucun argument en faveur des droits personnalisés ou concernant les problèmes de recours aux droits dérivés n’a été entendu. Il a été assuré que de nouveaux montants de pension seraient établis et commenceraient à être versés en septembre 2019, ainsi que des arriérés de pension couvrant des périodes à partir de 2016.

59Ces changements ont eu des répercussions considérables sur les finances des ménages de retraités, s’ajoutant aux coupes subies par l’ensemble des retraités. La figure 3 reprend l’exemple de l’introduction (voir encadré 1), pour illustrer quelle aurait été la situation financière de ce couple selon quatre régimes prévus par les plans de sauvetage : leur revenu aurait varié de 63 % avant le décès à un peu plus de 40 %. Exprimé en pourcentage des revenus d’avant la crise, le résultat semble bien pire : 49 à 32 %.

Figure 3

Taux de remplacement des pensions de survie selon les quatre régimes prévus par les plans de sauvetage (à partir du scénario de l’encadré 1)

Taux de remplacement des pensions de survie selon les quatre régimes prévus par les plans de sauvetage (à partir du scénario de l’encadré 1)

Taux de remplacement des pensions de survie selon les quatre régimes prévus par les plans de sauvetage (à partir du scénario de l’encadré 1)

Lecture : en 2015, le couple X avait des pensions combinées (droits propres) d’une valeur de 1 900 € et Mme X aurait reçu une pension combinée (droit propre et pensions de réversion) d’une valeur de 1 552 € en cas de décès de son mari en 2015 (voir encadré 1). Au décès de son mari en 2016, en vertu de la réforme 3385, Mme X aurait perçu une pension combinée de 80,6 % de ce montant mais, en tenant compte des différents ajustements de cette réforme depuis 2016, sa pension combinée est ramenée à 62,9 % du montant initial en 2020.
Source : calculs des auteurs ; voir le texte pour plus de détails.

60La dernière volte-face est-elle la fin de l’histoire ? Certaines considérations enjoignent à la prudence. Le changement de cap affectera tous les nouveaux cas et ce, sur le long terme. Bien que la justification selon laquelle les veuves ne peuvent pas trouver d’emploi puisse sembler convaincante dans un contexte de crise, celle-ci apparaîtra de plus en plus dépassée dans une société vieillissante. En outre, aucun calcul actuariel n’a été pris en compte ; l’évolution du coût à mesure que la longévité progresse pourra obliger à reconsidérer la situation, sans compter que le déséquilibre générationnel implicite dans le traitement différentiel des décès après 2016 peut contraindre à des changements. Enfin, les étapes administratives représentent encore une masse considérable de données et imposent une lourde charge dans un système à bout de souffle.

61Il est peu probable que ce soit le dernier acte de la réforme des retraites. L’introduction d’une part de capitalisation dans les retraites grecques, dans le cadre de la politique gouvernementale après 2019, pourrait obliger à réexaminer ce coût et d’autres coûts hérités. La déclaration sans équivoque de l’un des initiateurs des plans de sauvetage, le FMI, est d’ailleurs éloquente : « le système de retraite reste coûteux, faussé et injuste, il est en outre soumis à des risques élevés » (FMI, 2017, p. 42).

Une réforme sans réformateurs ?

62Les pensions de survie sont importantes dans le paysage des retraites grecques – à la fois quantitativement et qualitativement. Elles apportent des solutions indirectes et partielles face aux nombreuses carences en matière d’égalité entre les femmes et les hommes dans un système encore fondé sur des soutiens de famille masculins. Elles comblent indirectement les écarts entre les genres en matière de pensions et contribuent à la lutte contre la pauvreté chez les femmes âgées. Elles représentent également un contrat implicite visant à récompenser les soins de longue durée et d’autres formes de travail non rémunéré.

63En fournissant des solutions de deuxième choix, les réformes perpétuent les problèmes auxquels elles s’attaquent. La chaîne de causalité est inversée, car les individus peuvent adapter leur comportement pour profiter de dispositions généreuses. Nous avons constaté des écarts d’âge plus importants entre les conjoints dont les pensions étaient plus généreuses, ainsi qu’une tendance à éviter le remariage après le veuvage. Les pensions de survie ont servi de garantie pour encourager la retraite anticipée des femmes. Ce faisant, elles ont perpétué les écarts de revenu entre hommes et femmes en matière de retraite, liés à des carrières courtes. Le brusque report de l’âge de la retraite à 67 ans, mis en œuvre sans aucune mesure de soutien de la demande pour les travailleurs âgés, pourrait inciter de nombreuses femmes à quitter le marché du travail pour bénéficier de la garantie financière que constitue la pension de survie.

64Il ne fait aucun doute que certaines dispositions – notamment celles concernant les filles non mariées – étaient archaïques. Le fait qu’elles aient persisté au xxie siècle dans un système financièrement mis à mal illustre les lacunes de la gouvernance, et notamment une incapacité à évaluer les coûts d’opportunité en matière de politique sociale. La façon dont le système a administré les pensions de survie peut être considérée comme un exemple de mauvaise gestion de solutions de deuxième choix, qui a finalement laissé le champ libre à des solutions de troisième choix. Des femmes relativement jeunes et aisées ont touché la pension de leur père pendant des décennies, alors même qu’un tiers des femmes de plus de 65 ans, dont beaucoup avaient travaillé dans des entreprises familiales, se sont vu refuser l’accès à cette pension.

65Pourtant le manque de prise en compte des coûts actuariels n’est qu’une partie du problème et il est à déplorer que la question du genre ait également été négligée et ce, malgré un code de la famille relativement progressiste et une législation assez importante en la matière. Des progrès substantiels ont été découragés par une sorte de « formalisme légaliste » (Lyberaki, 2010), dans lequel les résultats ont été ignorés et l’existence de textes juridiques a épuisé la discussion. L’assurance sociale était essentiellement gérée indépendamment de tout discours sur le genre. L’« ignorance de la discrimination de genre » dans les statistiques a eu des conséquences lors du plan de sauvetage : la personnalisation a été traitée uniquement comme une méthode de réduction des coûts et les liens avec l’indépendance économique ont tout simplement été ignorés. Dans le même temps, dans un contexte reposant sur la négociation plutôt que sur les indicateurs, les veuves ont été des cibles faciles pour les coupes budgétaires.

66Les réformes des retraites se faisaient attendre depuis longtemps. Les changements opérés de 2010 à 2018 ont brisé toutes les promesses. Les solutions proposées étaient celles qui avaient été mises en œuvre depuis des décennies dans d’autres régions du monde. Ces changements ont été conduits par des institutions européennes et internationales qui ne pouvaient faire autrement que d’utiliser des références extérieures. Bien que les subtilités constitutionnelles les aient empêchées de défendre des propositions, si ces « institutions » avaient pu s’exprimer, elles auraient fait appel aux meilleures pratiques – c’est-à-dire remplacer des structures archaïques par des plus modernes. En lisant entre les lignes, la personnalisation des pensions de survie pourrait être considérée comme l’un des instruments visant à convaincre les femmes qu’elles seraient mieux loties si elles choisissaient un parcours indépendant – sans se contenter de définir leur vie en fonction de leur conjoint.

67Cependant, les modifications apportées aux pensions de survie par les différents plans de sauvetage – quelle que soit la pertinence de leur justification – ont été intégrées en tant que sous-alinéas d’une réforme plus vaste qui n’a elle-même pas fait l’objet d’une discussion – une réforme sans réformateurs. En conséquence, ces modifications étaient susceptibles de subir des retards administratifs et d’autres problèmes de mise en œuvre. Après le départ (ou la perte d’intérêt) des institutions européennes qui avaient silencieusement poussé à leur introduction, la pression électorale provoque déjà des retours en arrière : la personnalisation a été abandonnée au profit d’arrangements patriarcaux à l’ancienne. Cette volte-face est soi-disant justifiée par un souci de protection des veuves et des orphelins ; aucun argument contraire n’aurait pu se faire entendre dans le concert d’applaudissements.


Annexe I

Tableau A1

Paramètres clés concernant les pensions de survie en Grèce pour quatre régimes sur la période 2009-2019

Paramètres clés concernant les pensions de survie en Grèce pour quatre régimes sur la période 2009-2019 Paramètres clés concernant les pensions de survie en Grèce pour quatre régimes sur la période 2009-2019
Régimes divers 2010 Loi 3385/10 Loi 4387/16 Loi 4661/19
avant la crise 1er sauvetage 3e sauvetage Post sauvetage
Champs d’application Différences public/privé Commun Commun Commun
Statut Mariage Mariage Partenariat civil inclus Partenariat civil inclus
Durée minimum 3 ans pour les assurés
Variable : min. 6 mois, max. 3 ans 5 ans pour tous 3 ans pour tous
du mariage 5 ans pour les retraités
Rétroactivité Âge Définition des bénéficiaires
Enfants jusqu’à 18 ans (24 ans Enfants jusqu’à 18 ans (24 ans Enfants jusqu’à 18 ans (24 ans Tous les enfants jusqu’à 24 ans
Enfants sEix-éétupdoiuasnet) s divorcées sEix-éétupdoiuasnet) s divorcées sEix-éétupdoiuasnet) s divorcées 3A5ssaunrsé pour la santé jusqu’à
Parents, frères et sœurs Ex-épouses divorcées
Si une pension alimentaire a été Comme avant Comme avant
Ex-épouses
divorcées rveesrspéoenseatbslieladusudrivviovracnete (Ln3’e2s3t2p/0as4) ++ edxuarémeednesmtriacrtiadgees drees1s0ouarncses e+stledipsaqrutaelnifaiériat civil Comme avant
Filles non mariées Tentatives répétées d’abolition Suppression de toutes Abolitions répétées ;
ou divorcées ou de restriction à partir de 1990 ; les nouvelles demandes Renforcement des conditions application de règles strictes –
dans le secteur en par ticulier, pour les divorcées des parents reçues après 1983 de ressources 2012 paiement uniquement
public Iennef2fi0c1a0c) es (30 000 bénéficiaires àPecnosniodnitiodne sduerrveiesssoouurmceisse (revenu total < 720 €) esti paluucsudnea5u0treanresvenu
Nouveaux demandeurs : 55 ans et + : pas de changement
Restrictions à l’accès 1998-2005 : limite d’âge de 40 ans 52 à 55 ans : accès suspendu Aucune ; toutes les restrictions
50 % de la pension de survie
et/ou aux montants (supprimée en 2005) jusqu’à 65 ans
puis recommence à 67 ans
d’âge sont abolies
Moins de 52 ans : abandonné
Nouvelles pensions recalibrées Décès avant 2016 : droit
Soumis à des réductions générales à partir de 2016 de choisir entre les anciens
Survivants existants : pensions non Recalibrage des pensions montants et les montants
Modalités affectées. de vieillesse d’ici 2018 ;
n/a réévalués Veuves d’après
de recalibrage Nouveaux survivants : maintien des pas de plancher pour les réductions 2016 : les montants résultant
droits acquis dans le cadre Tous les survivants sont traités du décès après cette date
des régimes antérieurs à 2010 comme s’ils étaient
des nouveaux venus restant inchangés
Prestation
d’adaptation sA’uacpupnliequ ; elaimmmenétdioiante « mseunrtvivants » pUennedpaennts3ioannsde survie complète pUennedpaennts3ioannsde survie complète cUonmeppleèntesipoennddeanstu3rvaiens
Après la mort
Régimes divers 2010 Loi 3385/10 Loi 4387/16 Loi 4661/19
avant la crise 1er sauvetage 3e sauvetage Post-sauvetage
Pension de survie a50eu % li ; eruéadpuritèessli’olectmroairdiaeglea pension
en pourcentage 60 %-80 % 70 % de retraite, en fonction de la 70 % ; réduite si le mariage
Demandeurs qui ne sont pas des conjoints avantages/restrictions
du droit direct a eu lieu après la loi 4661/19
différence d’âge et de la durée du
Définition des
du conjoint décédé mariage**
Après ajustement, la pension 50 % de la pension de survie (i. e.
Restrictions 50 % de la pension de survie
si le survivant (Acuecrutanienes entre 1998 et 2005) l (ac’mesoti-nàs-déilreev3ée5 e % stdreédlauipteendseio5n0 % (c’est-à-dire 25 % de la pension d3i5re % cteoudemlaoinssurdveivlaantpee) n, sion
a sa propre pension directe de la survivante) directe de la survivante) si elle est supérieure au minimum
La pension de survie est réduite La pension de survie est réduite
Restrictions Aucune pour la pension de survie
La pension de survie est réduite de 50 % ; elle est rétablie en cas de 50 % ; elle est rétablie en cas
pour les personnes Pension directe soumise
encore en emploi à condition de ressources de 50 % ; rétablie à 65 ans dR’einsatrcictitvioitnés d’âge dA’uincaucnteivriteéstriction d’âge
25 % de la pension de survie
25 % de la pension de survie ; pendant 10 ans ; le pourcentage
Ex-épouses divorcées Comme avant 25 % de la pension de survie
divisée avec d’autres bénéficiaires augmente de 1 % pour chaque année
de mariage au-delà de 10 ans
Conjoint : 75 % de la pension
25 % de la pension de survie ; de survie ; ex-femme : 25 % ;
Épouse et ex-épouses la part des conjoints est réduite Comme avant augmentation de 1 % pour chaque Comme avant
en conséquence année au-delà de 10 ans,
déduit du montant du conjoint
20 % ; la par t des enfants
10 à 20 % ; est réduite si le total est supérieur Comme avant ; ne peut descendre
25 % ; 25 % si les deux parents
Enfants 50 % si les deux parents à 100 % ; 60 % si les deux parents sont décédés en dessous d’un minimum de
sont décédés sont décédés 360 €
Aucune pénalité en cas de travail
Ne peut pas dépasser 100 %
Cumul des demandes de la pension de vieillesse initiale Comme avant Comme avant Comme avant
Source : lois citées par le MISSOC (années diverses). ** Réduction de la pension de survie en cas de remariage – si δ = [Δ âge - durée du mariage]. L4387/16 (pension de survie = 50 % de la pension directe du conjoint décédé) ; L4611/19 (base de 70 % de la pension vieillesse) Si δ < 10 ans pas de réduction 2016 : 50 % ou 70 % de la pension directe du conjoint décédé δ = 11-19 1 % chaque année 2016 : 40 % ou 60 % δ = 21-25 2 % chaque année 2016 : 30 % ou après 2019 : 50 % δ = 26-30 3 % chaque année 2016 : 15 % ou après 2019 : 35 % δ = 31-35 4 % chaque année 2016 : 5 % ou après 2019 : 15 % δ = 36 et plus 5 % chaque année 2016 : 0 % ou après 2019 : 0 % après 39 ans

Paramètres clés concernant les pensions de survie en Grèce pour quatre régimes sur la période 2009-2019

Source : lois citées par le MISSOC (années diverses).

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : sécurité sociale, crise économique, pensions de survie, genre, Grèce

Mise en ligne 17/11/2020

https://doi.org/10.3917/rs1.083.0136

Notes

  • [1]
    Extrait de la page de titre de l’ouvrage d’Auguste Comte, Discours sur l’ensemble du positivisme, « L’esprit doit toujours être le ministre du cœur et jamais son esclave », publié en 1848. Le parallèle avec l’assurance sociale grecque est établi dans Tsoukatos, 1959, p. 113.
  • [2]
    Avant 2010, les discussions sur la nécessité d’une réforme n’avaient donné lieu qu’à des changements mineurs. Après 2010, la troïka européenne a réclamé des réformes successives sans pouvoir en justifier le bien-fondé. Tinios (2020) résume de façon colorée le fait que « des paroles sans actes » soit remplacé par « des actes sans paroles ».
  • [3]
    Le « système d’information mutuelle sur la protection sociale » a été établi en 1990 afin de promouvoir un échange continu d’informations sur la protection sociale au sein des États membres de l’Union européenne.
  • [4]
    La logique du sauvetage grec est exposée par Blanchard (2012). Voir également Lyberaki et Tinios (2015) pour une vue à plus long terme.
  • [5]
    La personnalisation des pensions est une modification des « paramètres des systèmes de retraite pour une plus grande individualisation des choix » (Pierre Cahuc, Jean-Olivier Hairault et Corinne Prost, Conseil d’analyse économique, Notes du conseil d’analyse économique, 2016/5 n° 32, p. 1-12).
  • [6]
    Concept économique : optimum de premier rang (the first-best) et de deuxième rang (the second-best).
  • [7]
    Contrairement à d’autres pays méditerranéens de l’UE, où le « recalibrage » a porté ses fruits (Ferrera, 2010).
  • [8]
    Comme ce nouveau système de pension était en fait un complément à la pension de premier niveau, il est plus exact de le définir comme une pension auxiliaire et non comme une pension complémentaire, telle que la pension professionnelle.
  • [9]
    Les âges de départ à la retraite en sont l’exemple le plus évident. Dans le secteur privé, la règle des 65 ans n’était suivie que par 15 % des demandeurs, tandis que 85 % d’entre eux bénéficiaient d’exceptions plus avantageuses (Panageas et Tinios, 2017).
  • [10]
    Ces réformes structurelles étaient généralement critiquées pour leur cadre technocratique étroit – « réformer l’économie sans la société » (Lyberaki & Tsakalotos, 2002). Voir aussi Sotiropoulos, 2012.
  • [11]
    La réforme a été jugée « extrêmement urgente » dans un rapport officiel publié en 1958. Les changements préconisés se sont finalement produits après 2010 (Tinios, 2012a).
  • [12]
    La consolidation était en grande partie superficielle, comme le regroupement des prestataires en entités faîtières, la préservation des droits et des contributions, une sorte « d’unification de l’adresse d’hébergement ».
  • [13]
    Les primes pour personnes à charge étaient payées en double : elles étaient comptabilisées dans les revenus à remplacer et donc incluses dans la pension mensuelle ; une autre prime pour les personnes à charge était versée en supplément.
  • [14]
    En 2010, la durée moyenne de carrière était d’environ 23 ans pour les hommes et les femmes. Dans un système mature, une carrière aussi courte s’explique par une fraude aux cotisations (Tinios, 2010).
  • [15]
    Ainsi, même si une femme avait travaillé pendant 15 ans avant que ses enfants aillent à l’école, elle devait recommencer à travailler après 55 ans pour être éligible à une pension.
  • [16]
    Les pensions multiples sont un problème car de nombreuses pensions sont en partie subventionnées – notamment dans le secteur public. Une pension multiple équivaut donc à une « double déduction ».
  • [17]
    L’adaptation aux directives européennes a joué un rôle clé dans ces changements (Vlachantoni, 2010).
  • [18]
    Le mariage était en effet une assurance.
  • [19]
    On trouve des dispositions similaires en Jordanie, par exemple.
  • [20]
    À l’époque, la plupart des parents touchés avaient environ 30 ans. La décision de 1983 renvoie à la constitution.
  • [21]
    L’estimation de 32 000 est reprise par la presse (par exemple, Salourou [2013] cite le ministère des Finances). Aucune donnée officielle n’étant publiée, cette supposition éclairée est probablement correcte.
  • [22]
    Ou optimum de troisième rang.
  • [23]
    Cette utilisation a été inventée après une déclaration erronée des données sur le déficit public et le PIB avant la crise grecque. Xafa (2019) relate les imbroglios judiciaires auxquels le chef d’ELSTAT doit faire face pour avoir tenté de corriger la situation.
  • [24]
    Le « budget social » produit depuis 1962 a été supprimé en 2010.
  • [25]
    Ce document utilise les données des SHARE, vagues 3 et 6 ; voir Börsch-Supan et al. (2013) pour les détails méthodologiques (DOI : SHARE.w3.700, 10.6103 / SHARE.w6.700). La collecte de données Share a été financée par la Commission européenne par le biais du 5e PC (QLK6-CT-2001-00360), 6e PC (SHARE-I3 : RII-CT-2006-062193, COMPARE : CIT5-CT-2005-028857, SHARELIFE : CIT4 -CT-2006-028812), FP7 (SHARE-PREP : GA N° 211909, SHARE-LEAP : GA N° 227822, SHARE M4 : GA N° 261982) et Horizon 2020 (SHARE-DEV3 : GA N° 676536, SERISS : GA N° 654221) et par la DG Emploi, affaires sociales et inclusion. Des financements supplémentaires ont été accordés par le ministère allemand de l’Éducation et de la Recherche, la société Max Planck pour le développement des sciences, l’institut national américain sur le vieillissement (U01_AG09740-13S2, P01_AG005842, P01_AG08291, P30_AG12815, R21_AG025169, Y1-AG-4553-01, IAG_BSR06) 11, OGHA_04-064, HHSN271201300071C) et diverses sources nationales que nous remercions vivement (voir http://www.share-project.orgwww.share-project.org _1708_1708).
  • [26]
    EU SILC suit la pratique d’Eurostat qui consiste à considérer toutes les pensions versées aux plus de 65 ans en tant que protection au titre de la fonction vieillesse. Betti et al. (2015) et Tinios (2018) comparent les sources de données.
  • [27]
    Les informations proviennent du questionnaire grec de l’enquête Share.
  • [28]
    European system of integrated social protection statistics.
  • [29]
    Les pensions complémentaires sont versées par 48 prestataires différents, récemment intégrés au sein d’une même entité faîtière. La répartition entre les pensions de vieillesse et de survie peut ne pas être entièrement cohérente. Le calcul d’une pension moyenne par type de prestataire n’est pas non plus possible.
  • [*]
    Comprend les agriculteurs.
  • [*]
    Comprend les agriculteurs.
  • [*]
    Comprend les agriculteurs.
  • [30]
    Cycle de coordination des politiques économiques et budgétaires au sein de l’UE.
  • [31]
    Cela a été rendu possible grâce à une définition plus large des « enfants mineurs ». Les femmes ayant des enfants mineurs se sont vu accordées le droit de prendre leur retraite à 50 ans. Après 2010, il a été décidé d’attribuer le statut de mineur pour tout âge impliquant d’atteindre 20 années de cotisation – ce qui a conduit à un élargissement de l’éligibilité, avec des enfants « mineurs » qui pouvaient avoir jusqu’à 30 ans. Voir Lyberaki & Georgiadis (2019).
  • [32]
    Dans un groupe Internet dédié, un père de quelque 80 ans s’est plaint : « nous avons envoyé notre fille à l’université dans les années 1970 et l’avons encouragée à ne pas travailler, afin qu’elle puisse s’occuper de nous pendant notre retraite, et qu’en compensation, elle puisse ensuite toucher ma pension. Qu’est-ce qu’elle est censée faire maintenant ? ». http://agamesthigateres.blogspot.com/
  • [33]
    Les pensions abusives étaient versées par différents services du même prestataire, incapables de communiquer entre eux (TaNea, 2019).
  • [34]
    Il est ironique de constater que le « nouveau système de retraite » n’a jamais donné lieu au versement d’une seule pension, car il est devenu caduc après les modifications de 2016.
  • [35]
    Cette nouvelle loi a elle-même été contestée, mais ses caractéristiques rétroactives ont été jugées constitutionnelles en octobre 2019 (Paparigopoulou, 2019).
  • [36]
    L’excédent supérieur à 18 % serait toujours compensé par des augmentations futures des pensions.
  • [37]
    Un âge de 55 ans est spécifié ; cependant, l’indemnité d’ajustement de 3 ans implique un âge effectif de 52 ans.
  • [38]
    Le revenu à remplacer n’était pas la prestation de retraite initiale, mais ce qui restait après les coupes.
  • [39]
    Nektarios et al. (2018) expliquent pourquoi les projections mentionnées étaient trop optimistes et pourquoi ils ont ignoré de nombreux changements de politique intervenus depuis leur publication – qui vont tous dans le sens d’une réduction de la viabilité.
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