Notes
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[1]
La présidence est toujours occupée par un élu du conseil municipal.
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[2]
À Barcelone, les huit dimensions du projet VADA ont été les suivantes : participation sociale et publique ; mobilité et transport ; accessibilité et espace public ; logement ; services de santé et services sociaux ; entraide ; respect et inclusion et, enfin, communication et information.
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[3]
Notons la diffusion, à ces occasions, du court métrage intitulé « Bon tracte en tot moment » (Bientraitance à tout moment) réalisé par des cinéastes âgés pour vulgariser le Document ouvert des droits et libertés des personnes âgées en situation de dépendance.
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[4]
Les Communautés autonomes sont, en Espagne, des divisions territoriales administratives qui ont une certaine autonomie législative et exécutive, et qui ont leur propre gouvernement avec leurs propres représentants. Il s’agit dans notre cas de la Catalogne.
-
[5]
En France, cela se réfère à la « démocratie sanitaire » portée par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
-
[6]
Il faut souligner l’apparition progressive d’initiatives qui stimulent l’application du modèle d’« attention centrée sur la personne ». Parmi celles-ci, on peut nommer celle du gouvernement du Pays basque et les projets de la Fundación Pilares pour l’autonomie personnelle.
-
[7]
Le concept d’empowerment est employé depuis des décennies aux États-Unis et depuis peu en France ; il sous-tend un rôle actif des populations dans les processus d’action publique au niveau local (d’après Dane, 2007).
1 L’expérience de la ville de Barcelone en matière de participation citoyenne des personnes âgées s’appuie notamment sur une prise en compte de l’avis des personnes ayant une autonomie fonctionnelle limitée, que nous nommerons également dans cet article « personnes ayant un besoin de soins continus », ceci afin de nous éloigner de l’approche individuelle introduite par la notion d’autonomie, au profit d’une approche plus englobante, relative à la notion de soins. Or, pour bien comprendre cette particularité, il importe de se donner une perspective longitudinale. En effet, la récente prise en compte de ces publics particuliers ne peut s’expliquer que par une lente évolution des politiques publiques impliquées dans la participation citoyenne des plus âgés, mais aussi de ses acteurs. Nous verrons que l’intérêt politique pour la place des aînés dans la cité s’est concrétisé durant la fin des années 1980, avec notamment la création du Conseil des personnes âgées (Consell assessor de la gent gran [CAGG], selon l’appellation catalane).
2 Le parcours réalisé par le CAGG et la municipalité de Barcelone fait écho aux travaux de Walker (2002), qui soulignent l’importance du niveau local pour favoriser l’implication des personnes âgées dans la politique publique et rassembler les conditions favorables à l’innovation dans les processus participatifs. Il confirme également le potentiel des pratiques locales, qui s’appuient sur les relations de proximité pour consolider la figure du retraité citoyen (Argoud, 2006).
3 Ainsi, la participation citoyenne des personnes âgées ayant une autonomie fonctionnelle limitée invite à s’interroger sur leur place en tant que citoyens. En prenant comme point de départ l’évolution des expériences de participation à Barcelone, que nous décrivons à partir des résultats de la recherche menée dans la capitale catalane en 2015 dans le cadre du Programme d’études international sur le vieillissement (PEIV) 2013-2016, nous analysons le rôle de la construction des subjectivités ou du soi des personnes âgées ayant besoin de soins continus dans leur participation (ou manque de participation) citoyenne. En effet, certains changements politiques, sociaux, technologiques et économiques dans la société contemporaine ont favorisé l’apparition d’une conception de la citoyenneté qui se veut plus hétérogène et qui, depuis les dernières décennies du XXe siècle, revendique les droits des citoyens dans leur diversité, notamment le droit de faire entendre leurs voix. Ainsi, la reconnaissance de la différence prend de l’importance dans la lutte politique (Fraser, 1997). Dans ce cadre, on peut faire l’hypothèse que l’homogénéisation et la simplification des subjectivités vont entraîner un manque de reconnaissance de la valeur de la différence, et donc de l’agency (c’est-à-dire la capacité d’agir des personnes) [Argoud, 2012 ; Pérez Salanova, 2016].
4 Ces appels à la reconnaissance de la diversité et de son expression s’inscrivent dans le contexte contemporain de l’allongement de la durée de vie, avec un accroissement au quotidien des situations de grande fragilité, de maladie et de demandes de soins. Ce contexte aurait donc dû mettre en lumière l’hétérogénéité des parcours de vieillissement. Pourtant, à Barcelone comme dans d’autres villes, ces contrastes n’ont pendant longtemps été accompagnés d’aucune démarche particulière permettant la prise en compte des personnes âgées dites « dépendantes » en tant que citoyens à part entière. Au sein du CAGG, ce n’est que très tardivement, comme nous allons le voir, que les personnes ayant un besoin de soins continus seront véritablement prises en compte, c’est-à-dire qu’elles seront convoquées pour parler en leur nom propre et non via l’intermédiaire d’experts et de professionnels de la santé.
5 Compte tenu de l’importance des processus identitaires et de subjectivation dans l’exercice de la citoyenneté, nous nous intéressons à la manière dont le « soi » des personnes en perte d’autonomie se construit, et aux facteurs réducteurs de cette construction, restreignant leur participation. Ainsi, à partir d’une grille d’analyse goffmanienne, nous pointons les effets homogénéisateurs du cadre symbolique, défini d’une part, par certaines politiques publiques à destination de ces catégories de publics, d’autre part, par certaines pratiques de participation citoyenne qui, peu critiques de ces effets, adoptent cette logique homogénéisatrice. Dans cet article, nous présentons l’évolution des expériences de participation à Barcelone, qui s’éloignent de cette logique de simplification de la subjectivité, et donc un processus qui pourrait favoriser la participation des personnes âgées ayant des besoins de soins continus.
6 L’analyse portant sur la construction du soi des individus vieillissants sera au centre de notre démonstration. Nous verrons comment les cadres de l’action publique contribuent à cette construction, et comment Barcelone a souhaité s’éloigner des logiques simplificatrices que ces cadres introduisent. Nous abordons aussi la manière dont le changement dans la conception de la participation peut entraîner des dynamiques qui permettent de construire un cadre plus inclusif favorable à une pluralité de profils d’aînés. En ce sens, la récente inclusion des personnes âgées ayant besoin de soins continus peut être perçue comme un élément déclencheur susceptible de favoriser l’entrée d’autres catégories de publics âgés, rendues invisibles par les cadres traditionnels des politiques publiques ou les dispositifs de participation citoyenne ; c’est le cas très souvent pour les personnes âgées issues de l’immigration. À Barcelone, la possibilité d’un tel changement a été saisie par les acteurs impliqués à l’occasion de la démarche Villes amies des aînés (VADA) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Nous verrons alors comment cette proposition internationale a été mobilisée à Barcelone pour arriver, notamment, à une meilleure prise en compte des publics avec un besoin de soins continus.
7 Nous commencerons par poser les bases de la méthode que nous avons suivie, au cœur d’un projet de recherche international (PEIV, 2013-2016). Nous attirerons particulièrement l’attention sur le contexte sociohistorique qui a précédé le développement de la participation citoyenne des plus âgés à Barcelone. Ce n’est qu’au travers du lent passage par différentes étapes (création du CAGG, fonctionnement de ce conseil au sein de la ville, puis développement de grandes conventions pluriannuelles et interaction avec la démarche VADA) que nous pourrons comprendre l’évolution des mentalités, amenant à mieux voir et écouter ces personnes rarement prises en compte.
8 Partant de ce matériau empirique, la discussion portera plus particulièrement sur l’influence des cadres politiques sur la construction d’une identité et d’une subjectivité réductrices pour les personnes âgées, qui se heurte peu à peu à une volonté de reconnaissance de la pluralité des expériences du vieillir.
9 Nous évoquerons enfin les facteurs incitatifs aux démarches de participation citoyenne des aînés ayant des besoins de soins continus, avant de terminer notre réflexion par une focalisation sur l’influence, à Barcelone, de la démarche VADA de l’OMS.
Méthodologie
10 Cet article s’appuie sur les principaux résultats d’une recherche menée à Barcelone en 2015, dans le cadre du PEIV (Viriot Durandal, Moulaert, Scheider et al., 2016), qui avait pour objet la participation citoyenne des aînés dans plusieurs villes d’Europe et d’Amérique du Nord. Ces résultats ont notamment mis en avant le rôle moteur du CAGG ainsi que des quatre éditions des conventions Les Voix des personnes âgées, que ce conseil co-organise avec la ville de Barcelone.
11 Afin de rendre compte des différentes étapes de l’institutionnalisation de la parole des aînés à Barcelone (via le CAGG, les conventions et le programme VADA), nous avons opté pour deux méthodes principales. D’une part, nous avons rassemblé une importante littérature grise issue de plusieurs sources documentaires, publiées notamment par le CAGG et la mairie de Barcelone. D’autre part, nous avons mené 14 entretiens semi-directifs auprès d’acteurs impliqués tout au long de ces démarches. Les interviews se sont déroulées en suivant une grille d’entretien commune à tous les territoires étudiés dans le PEIV, fournie par les responsables du programme, et adaptée par les chercheuses catalanes afin de mieux correspondre aux réalités du cas de Barcelone. Le détail des personnes interviewées figure dans le tableau 1, p. 66.
12 L’analyse des données qualitatives a suivi plusieurs étapes : 1) la retranscription intégrale des entretiens (en catalan ou en espagnol), 2) leur lecture approfondie par les autrices de l’article, 3) le choix par les autrices d’une organisation des réponses par thématiques, 4) une première présentation de cette analyse aux coordinateurs du PEIV, 5) la finalisation de l’analyse en tenant compte des remarques émises par ces derniers. Les échanges entre l’équipe de Barcelone et les responsables du PEIV ont principalement porté sur, d’une part, l’harmonisation de la méthode d’analyse pour l’ensemble des terrains étudiés, d’autre part, la recherche d’une prise en compte des particularismes de Barcelone, notamment à travers l’originalité des démarches d’intégration des personnes en situation de perte d’autonomie fonctionnelle.
13 Cette recherche a mis en lumière une série d’étapes dans l’évolution de la participation des aînés à la vie citoyenne barcelonaise depuis les années 1980. Elle montre que la ville a œuvré pour rendre visibles les personnes âgées en les considérant comme des citoyens à part entière : la politique de la ville s’est appuyée sur une logique de proximité, avec des modes d’échanges centrés sur le quotidien, la reconnaissance des personnes âgées en tant que citoyens actifs, la volonté de marquer l’agenda politique afin qu’il intègre le troisième et le quatrième âge, et celle d’élargir et de diversifier les publics.
E1 | Cheffe du département de la Participation de la municipalité de Barcelone, 56 ans |
E2 | Secrétaire du CAGG (personnel de la municipalité de Barcelone), 55 ans |
E3 | Chercheur à l’Institut du gouvernement et politiques publiques (IGOP) en politiques publiques de la culture et des personnes âgées, 35 ans |
E4 | Membre du CAGG, long parcours en matière de vieillissement et de participation, 83 ans |
E5 | Directeur des services de stratégie et de l’innovation du service Qualité de vie, Égalité et Sports de la mairie de Barcelone, 57 ans |
E6 | Représentante des personnes âgées à la mairie de Barcelone, 70 ans |
E7 | Responsable d’établissements de personnes âgées à la mairie de Barcelone, 40 ans |
E8 | Membre du groupe de travail des personnes âgées du Conseil des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenres (LGBT) de Barcelone, 65 ans |
E9 | Directrice de la fondation Santa Susanna, à 35 km de Barcelone, expérience dans le travail communautaire et l’assistance aux personnes âgées, 53 ans |
E10 | Chef du département des Personnes âgées de la mairie de Barcelone, 49 ans |
E11 | Adjointe au responsable d’une association de services sociaux et sanitaires avec un long parcours dans le domaine du vieillissement, 53 ans |
E12 | Éducateur dans une des maisons de retraite accueillant des personnes âgées avec des besoins de soins continus et ayant participé à la 4e Convention, 45 ans |
E13 | Technicienne de services communautaires dans un des 10 arrondissements de Barcelone, 54 ans |
E14 | Professeur de psychologie sociale à l’université autonome de Barcelone, travaille sur la participation citoyenne et la technologie, participant à la 4e Convention, 50-55 ans |
14 Ces évolutions, opposées aux cadres simplificateurs des politiques publiques avec lesquels la participation dialoguait auparavant, impliquent également des modifications en matière de reconnaissance et d’image de soi des personnes âgées ayant besoin de soins continus.
Participation des aînés à Barcelone : les grandes étapes
15 Dans cette section, nous décrirons les grandes étapes de la participation des personnes âgées à la vie citoyenne de Barcelone et son évolution vers l’inclusion de la diversité, notamment par l’intégration des personnes âgées ayant besoin de soins continus. Nous prendrons comme point de départ la création du CAGG puis nous détaillerons son positionnement en matière de processus participatifs, à travers l’exemple des congrès et des conventions Les Voix des personnes âgées ; enfin, nous verrons comment une initiative telle que Barcelone Ville amie des aînés peut entraîner une accélération de ces processus.
Création du Conseil des personnes âgées de Barcelone
16 Le CAGG est créé, parmi d’autres conseils sectoriels (bien-être social, femmes, jeunes, etc.), à la fin des années 1980, au cours des premières années de démocratie, suite à l’approbation en 1986 d’un règlement local qui obligeait à décentraliser des compétences aux arrondissements et à stimuler les mécanismes participatifs, et qui a été un modèle pour d’autres villes de l’État espagnol (Bonet, 2012). C’est précisément en 1989 que se constitue le CAGG, en réponse aux conclusions tirées lors du 1er Congrès des personnes âgées, organisé par un groupe moteur composé de membres âgés issus de différentes organisations de la ville ; dès les années 1980, ce groupe était devenu le principal interlocuteur de la municipalité en matière de politique liée à l’âge, et avait souligné l’importance de reconnaître une instance officielle sur ces questions.
17 Ainsi, la composition du premier CAGG était particulièrement hétérogène, puisqu’il rassemblait des organisations et des membres aux influences variées : mouvements de lutte antifranquiste, anciens syndicalistes, groupes de défense de la culture et de la langue catalane et groupes issus de courants progressistes de l’Église s’étant positionnés contre la dictature. Cette pluralité de positionnements et de regards idéologiques doit cependant être nuancée : ce premier CAGG pêchait par une sous-représentation de femmes aux postes à responsabilité, et une surreprésentation des hommes blancs, hétérosexuels et en bonne santé.
18 Depuis, la participation des femmes a augmenté, atteignant près de 50 %, avec des postes de la première importance tels que celui de la vice-présidence [1]. L’équilibre dans la représentativité des membres du CAGG repose également sur la diversité territoriale, phénomène qui fait écho, dans notre cas, à une certaine diversité sociale. Ainsi, font partie du CAGG deux membres de chacun des 10 conseils de personnes âgées d’arrondissement. Cette volonté de mieux représenter la diversité des aînés se poursuit aujourd’hui, notamment en prenant en compte les voix des personnes âgées ayant besoin de soins continus.
19 Après ce 1er Congrès, le CAGG a organisé, avec le soutien technique et financier de la municipalité de Barcelone, deux grands types de rendez-vous participatifs : les Congrès des personnes âgées et les Conventions Les Voix des personnes âgées, qui rassemblent divers acteurs souhaitant promouvoir l’échange et influencer les décisions en matière d’action politique locale.
20 Dans l’histoire du CAGG, il y a eu trois Congrès des personnes âgées (1989, 1993, 1999) et quatre Conventions Les Voix des personnes âgées (2003, 2007, 2011, 2015). Nous nous attacherons à décrire l’évolution de ces deux formats, de manière à présenter les progrès induits en termes de conception des rencontres, de dynamiques et de méthodes participatives en faveur de l’inclusion et de l’influence politique.
Les Congrès des personnes âgées (1989-1999)
21 Les Congrès des personnes âgées sont des rassemblements organisés sur deux journées, s’appuyant sur des logiques assez traditionnelles, par exemple le vote, des interventions dans des espaces de type auditorium et des interactions organisées de façon formelle. Cependant, entre le 1er et le 3e Congrès, on observe une importante évolution de ces logiques.
22 En effet, le 2e Congrès (1993) a été précédé par un processus participatif inédit : durant une année, des pistes d’action ont été expérimentées pour renouveler le modèle participatif, de façon à ce qu’il favorise la confrontation des points de vue, qu’il mette en lumière les apports d’une diversité de personnes âgées, et qu’il permette de dégager les sujets à aborder en priorité. Dès lors, une nouvelle conception des temps de participation apparaît : les sessions sont raccourcies ; articulées autour de plusieurs rencontres, elles s’appuient sur une logique de proximité territoriale.
23 Au 3e Congrès, qui sera le dernier de ce format, le CAGG a réengagé ce même processus participatif, en y introduisant de nouveaux thèmes, davantage en lien avec les expériences subjectives des personnes âgées et leur quotidien, ceci dans l’intention de porter les expériences individuelles au premier plan et de faire apparaître ainsi l’hétérogénéité des participants. Ce dernier Congrès va entraîner également une consolidation des conseils de chacun des 10 arrondissements qui, plus ou moins actifs, stimulent des débats et des groupes de travail ouverts aux associations du territoire et transmettent au CAGG les besoins identifiés.
24 Le 3e Congrès clôture cette série d’événements en poursuivant cette volonté de renouveler ses propres logiques participatives, et cette forme de rassemblement sera ensuite abandonnée au profit des Conventions, conçues comme des espaces de participation incarnant davantage cette volonté.
Les Conventions Les Voix des personnes âgées (2003-2015)
25 Si les 2e et 3e Congrès contribuent à certaines évolutions en matière de participation des personnes âgées, en introduisant notamment une logique d’intégration et de prise en compte de la diversité des expériences du vieillissement, ces évolutions ne définissent pas l’essence même des Congrès. Les Conventions Les Voix des personnes âgées, quant à elles, marquent un tournant majeur en faisant de l’hétérogénéité des expériences du vieillissement et de la recherche d’influence politique la colonne vertébrale des processus participatifs. Les Conventions Les Voix des personnes âgées introduisent donc une rupture avec les modes de participation des aînés alors en vigueur à Barcelone, mais également dans l’Espagne tout entière. Leur titre indique d’emblée une volonté d’ouverture à la diversité des publics âgés. Elles sont alors développées de façon à accomplir un triple objectif : élargir et diversifier les publics participants, dynamiser les modalités de participation et étendre l’influence des citoyens âgés dans les décisions de la municipalité en matière de vieillissement.
26 Ainsi, chaque Convention est conçue comme un temps fort qui clôture le mandat du CAGG et donne à voir le travail que le conseil a effectué au cours des quatre années de son fonctionnement. Comme l’affirmait un interviewé, « Une Convention commence le jour après la fin de celle qui précède » (E2). Par rapport aux Congrès, le processus participatif passe donc d’une à quatre années.
27 Les journées de Convention proprement dites ont la même durée que les Congrès, c’est-à-dire deux jours, avec des formats traditionnels comme une table ronde, une conférence ou encore les actes d’ouverture et de clôture, mais aussi des espaces de travail simultanés, moins nombreux et dynamiques. Ce modèle de participation favorise ainsi l’expression informelle du vécu et des attentes des participants, et donc les échanges d’expériences et de réflexions sur des sujets qui affectent leur quotidien, ainsi que sur les solutions développées face aux différentes situations rencontrées.
28 Aussi, contrairement aux Congrès, ces journées s’adressent à un public divers : les personnes âgées sont le public le plus largement représenté (environ 80 %, selon les données de la dernière Convention) ; les 20 % restants sont surtout des professionnels qui travaillent avec les personnes âgées, tels que des techniciens de la municipalité, des élus locaux, des membres d’associations ou de collèges professionnels, ou encore des experts du domaine du vieillissement. Parmi les personnes âgées, toutes ne font pas partie du CAGG ou d’autres instances de participation. En outre, et comme nous le verrons, les Conventions s’attachent à intégrer une plus grande diversité de publics, notamment des personnes âgées jusqu’alors en retrait des dispositifs de participation (par exemple les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles ou transgenres [LGBT] âgées, ou les personnes en perte d’autonomie fonctionnelle).
29 Au-delà des opportunités qu’elles offrent en termes de dynamique participative, de diversité de leurs membres ou de facilitation de la prise de parole, les Conventions visent une meilleure influence sur les organes décisionnels de la municipalité. Différents éléments agissent en ce sens, notamment la présence d’élus politiques lors des temps forts des Conventions, et la décision d’adosser ces événements aux périodes de renouvellement des élections municipales. Cette concordance permet aux personnes âgées de rédiger des conclusions visant à évaluer les actions de l’équipe municipale sortante, mais également à encadrer le programme du CAGG à venir et à porter une influence sur l’agenda de l’équipe municipale entrante. Détenir ou aspirer à une plus grande influence politique contribue à une meilleure reconnaissance des personnes âgées, en les plaçant dans un rôle de sujets actifs et citoyens. Si la valorisation de l’image de soi est importante pour toutes les catégories de publics, elle l’est d’autant plus pour celles qui ont été confrontées à des limitations dans leur autonomie et leur capacité à agir et à prendre des décisions.
La 1re Convention
30 La 1re Convention (2003) clôt et rend visibles les actions et projets développés pour faire suite aux conclusions tirées lors du 3e Congrès (1999). Plusieurs démarches ont ainsi été valorisées, notamment la mise en œuvre d’une recherche participative visant à analyser différents modèles de participation existants et à proposer des pratiques nouvelles. Cette recherche a notamment permis d’élaborer le format des Conventions. À cela s’ajoute un projet qui visait à instaurer un programme municipal de renouvellement et de dynamisation des clubs du 3e âge, ainsi que deux démarches spécifiques en direction des personnes âgées ayant un besoin de soins continus. Nous nous attacherons ici à les développer plus précisément.
31 La première de ces démarches consiste en un programme instauré par le CAGG et la municipalité de Barcelone, visant à valoriser les apports des usagers des services de soins à domicile aux processus participatifs. Deux groupes de discussion coordonnés par une experte en vieillissement ont été formés, qui ont donné la parole à des aînés usagers de services, des soignants (professionnels et familiaux) et des gestionnaires de services. Ceux-ci ont alors évoqué leurs attentes quant à la qualité des services dispensés et ont identifié des critères d’évaluation de ces services.
32 La seconde démarche a permis la rédaction d’un document ouvert relatif aux droits et libertés des personnes âgées en situation de dépendance. Ce texte, rédigé par l’un des membres du CAGG, s’appuie sur d’autres expériences européennes. Il a été soumis au débat entre des experts académiques, des professionnels de l’administration publique, des professionnels des organismes de services aux personnes âgées, des membres du CAGG, ainsi que les commissions de personnes âgées des arrondissements et des personnes âgées elles-mêmes en perte d’autonomie fonctionnelle. Les principaux objectifs du processus d’élaboration de ce document ont été la stimulation d’une culture de droits des usagers, la promotion de l’autonomie et de la participation des personnes âgées concernées par ces questions, ainsi que la reconnaissance de leur capacité décisionnelle.
33 Ces deux dernières expériences marquent donc la volonté du CAGG de favoriser l’intégration des personnes âgées ayant un besoin de soins continus dans les processus décisionnels. Même si elles renvoient toujours les personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle à la figure d’usagers de services, elles introduisent cependant une approche des personnes âgées en tant que sujets à part entière, fondée sur la reconnaissance de leurs apports et de leur capacité d’agir, ainsi que sur le respect et la mise en application de leurs droits.
La 2e Convention
34 La 2e Convention (2007) clôture et valorise les actions mises en œuvre au cours de la période qui la précède, avec une logique de continuité. Citons en exemple le projet de vulgarisation du « Document ouvert de droits et libertés des personnes âgées en situation de dépendance ».
35 Les réflexions relatives aux personnes âgées ayant besoin de soins continus se sont concentrées sur l’une des deux journées, contribuant ainsi à porter ce thème sur le devant de la scène. Cette journée a débuté par une table ronde faisant intervenir des chercheurs et des gestionnaires autour des perspectives apportées par la loi n° 39/2006 du 14 décembre relative à la promotion de l’autonomie personnelle et l’attention aux personnes en situation de dépendance. Ensuite, les participants à la Convention se sont répartis en quatre groupes, selon les thèmes suivants : « Pratique des droits des personnes âgées dépendantes », « Être âgé et proche aidant », « Être actif en aidant les autres » et « Santé et prévention ». Cette répartition thématique répond non seulement à un souhait de réduire la taille des groupes de façon à favoriser les échanges et la proximité, mais aussi à la volonté d’offrir une diversité de perspectives favorisant une compréhension transversale des attentes des personnes ayant un besoin de soins continus.
La 3e Convention
36 Les échanges et la structuration de la 3e Convention (2011) sont quant à eux étroitement liés à l’inscription – motivée par le CAGG – de la ville de Barcelone dans le Réseau mondial des VADA. Suite à son entrée dans la démarche VADA, la ville adopte les préconisations de l’OMS en les adaptant à ses spécificités locales et engage un diagnostic participatif, dirigé par une chercheuse de l’université autonome de Barcelone, en étroite collaboration avec le groupe de travail du CAGG. Cette démarche s’appuie sur trois temps de consultation destinés à évaluer l’adaptation de la ville aux aînés et à analyser les huit dimensions du projet VADA [2]. Dans cette visée, la municipalité se base sur les critères préconisés par le Protocole de Vancouver, et en développe de nouveaux. Ainsi, Barcelone décide d’élargir les sujets d’investigation et ajoute des entretiens et des groupes de discussion avec des personnes âgées appartenant à des catégories sociales généralement peu représentées dans les processus consultatifs. Il s’agit notamment de personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle, de personnes âgées LGBT, de personnes âgées du peuple gitan et de personnes âgées issues de l’immigration. La démarche VADA est intervenue comme un levier pour l’intégration de ces différentes catégories de publics âgés dans les démarches participatives. En ce qui concerne les personnes âgées ayant besoin de soins continus, VADA a permis leur reconnaissance en tant que citoyens et non plus seulement en tant que bénéficiaires de soins et de services, et a amélioré la portée de leur participation.
37 Les résultats issus de ces consultations ont fait l’objet de la 3e Convention. Ce temps fort s’est articulé autour de huit espaces de travail calqués sur les huit thèmes de réflexion proposés par l’OMS (mobilité, espace public, culture et loisir, logement, etc.). Chacune des huit sessions a été divisée en deux séances de travail : la première portait sur la présentation des résultats des expériences des années précédentes. La seconde développait un débat visant à concrétiser les propositions ayant émergé tout au long de la démarche.
La 4e Convention
38 Finalement, la 4e Convention (février 2015) va apporter deux nouveautés importantes : d’abord, la mise en œuvre de nouveaux formats participatifs intitulés Conférences préparatoires, puis l’intégration de catégories de publics âgés jusqu’alors peu impliquées dans les processus participatifs. Il s’agit notamment de personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle ou encore de personnes LGBT âgées.
39 Les Conférences préparatoires (au total, 16 séances réalisées entre octobre et novembre 2014) ont été organisées de façon à stimuler les échanges et les discussions au sein de groupes relativement réduits (environ 50 participants). Elles ont rassemblé une quarantaine de personnes âgées provenant de différents espaces de participation, ainsi que des experts académiques et professionnels invités par le CAGG (10 personnes) ; elles ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives sur les sujets de préoccupation des journées de la Convention. Il faut noter que, malgré leur dénomination, ces Conférences préparatoires s’éloignent des formats traditionnels des conférences, au profit d’une implication des personnes âgées en tant qu’acteurs capables de générer des savoirs.
40 Le contenu des Conférences préparatoires et celui des journées de la Convention vont coïncider avec les axes d’un plan municipal encadré par le paradigme de vieillissement actif, qui reconnaît et inclut de nombreux apports de la démarche VADA, sans toutefois accorder une priorité à la transversalité dans l’action municipale.
41 Les deux journées de la 4e Convention ont laissé place à quatre espaces restreints dans lesquels les personnes âgées ont débattu sur les sujets traités lors des Conférences préparatoires.
Les Voix des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle
42 La 4e Convention introduit deux dimensions nouvelles concernant les personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle. D’une part, la réflexion concernant ces catégories de publics est abordée au cours de différentes séances, d’autre part, ces publics spécifiques élaborent et présentent eux-mêmes leurs réflexions et propositions.
43 La question des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle est abordée de manière transversale dans les quatre axes autour desquels s’articule la Convention, et tout particulièrement au cours des temps d’échanges dédiés à la bientraitance, au bien-être et à la santé [3].
44 La participation des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle est directement liée au nouveau processus de travail et de participation déjà mentionné, à savoir les Conférences préparatoires, qui ont été conçues pour favoriser l’ouverture à de nouveaux thèmes et perspectives de discussion collective. En effet, au cours de l’une de ces Conférences, la question régulièrement soulevée par le CAGG au sujet de l’implication des personnes âgées ayant besoin de soins continus a de nouveau émergé dans les discussions avec les experts et les techniciens. De ce défi est alors née la volonté de favoriser l’intégration de ces publics spécifiques dans la prochaine Convention.
45 Dans cette visée, un nouvel espace a été élaboré ex novo sur le format d’un atelier. La Municipalité et le CAGG ont invité un groupe de huit personnes en perte d’autonomie fonctionnelle. Certaines d’entre elles avaient été particulièrement actives dans leurs quartiers ou au sein du CAGG et s’étaient progressivement retirées en raison de leurs limitations ; d’autres n’avaient jamais eu d’expérience participative auparavant. Ce groupe s’est réuni dans une maison de retraite de la ville et a été animé par un professionnel au cours de quatre séances matinales. Ces rencontres ont permis de fixer les thèmes à aborder à l’occasion de la Convention.
Étapes de participation des aînés à Barcelone
Participation des aînés | Date | Représentants | Processus participatifs |
CAGG et 1er Congrès des personnes âgées | 1985-1989 | Mouvements de lutte antifranquiste, anciens syndicalistes, groupes de défense de la culture et de la langue catalane, secteurs progressistes de l’Église | Décentralisation et stimulation de mécanismes participatifs au niveau local (suite règlement 1986) |
2e Congrès des personnes âgées | 1993 | Plus de femmes Plus de diversité sociale | Un an de concertation en amont pour le choix des propositions Séances raccourcies, plus de rencontres, logique de proximité territoriale |
3e Congrès des personnes âgées | 1999 | + 2 membres de chacun des 10 conseils de personnes âgées d’arrondissement | Nouveaux thèmes, meilleure prise en compte des individualités et de la mixité |
1re Convention Les Voix des personnes âgées | 2003 | + Personnes en perte d’autonomie fonctionnelle |
Élaboration d’un nouveau
format de journées Programme de dynamisation des clubs de 3e âge Démarches en direction des personnes ayant un besoin de soins continus : création de groupes de discussion et rédaction d’un document relatif aux droits et libertés des personnes âgées en situation de dépendance |
2e Convention | 2007 | + Personnes en perte d’autonomie fonctionnelle |
Table ronde, discussion autour
de la loi du 14/12/2006 relative
à la promotion de l’autonomie
des personnes en situation de
dépendance Constitution de 4 groupes de travail |
3e Convention | 2011 |
+ Personnes en perte
d’autonomie fonctionnelle + Personnes âgées LGBT + Personnes âgées issues de l’immigration + Personnes âgées du peuple gitan | Découlent de l’inscription de la ville à la démarche VADA : 8 espaces de travail pour les 8 thèmes proposés par l’OMS |
4e Convention | 2015 | + Personnes en perte d’autonomie fonctionnelle |
16 conférences préparatoires
en amont Mise en place d’un atelier avec 8 participants en perte d’autonomie |
Étapes de participation des aînés à Barcelone
CAGG : Conseil des personnes âgées de Barcelone ; LGBT : personnes lesbiennes, gay, bisexuelles ou transgenres ; OMS : Organisation mondiale de la santé ; VADA : Villes amies des aînés.47 Pour favoriser leur participation à la Convention, la Municipalité a organisé un dispositif de transport et d’accompagnement durant ces Journées. Un groupe de 25 personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle a pu ainsi participer à ce temps fort. Elles ont pu intégrer les espaces de travail, et les participants à l’atelier ont présenté leurs conclusions à l’occasion d’une séance intitulée « Participation et activité des personnes âgées dans la ville ». Comme nous l’avons indiqué, cette Convention représente la première occasion offerte aux publics âgés en perte d’autonomie fonctionnelle d’exprimer directement leurs points de vue. Ceux-ci ont vécu cette expérience de façon particulièrement positive, la plupart ayant témoigné d’une vive émotion durant la participation à cet espace de travail. La pérennisation de l’implication des personnes en perte d’autonomie fonctionnelle au sein du CAGG a été l’une des conclusions majeures de la 4e Convention.
Discussion
48 Étant donné l’importance des processus identitaires et de subjectivation dans l’exercice de la citoyenneté, nous allons nous focaliser ici sur la manière dont la subjectivité des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle a été construite de façon simplifiée, et comment cela entrave leur capacité d’action et de participation citoyenne. Nous observerons comment certaines politiques ciblées sur ces catégories de publics participent de cette construction par leur caractère homogénéisateur, et soulignerons le fait qu’une participation non critique de cette caractéristique participe aussi de cette construction. En effet, elle renforce, souvent malgré elle, la simplification du soi des personnes âgées ayant besoin de soins continus.
49 Dans un premier temps, nous analyserons en quoi le cas de Barcelone présente une volonté d’éloignement de cette logique simplificatrice, ce qui peut favoriser – mais pas garantir – la participation des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle. En complément, nous analyserons les évolutions des mécanismes participatifs à Barcelone, ainsi que les dynamiques ayant instauré un cadre propice à la participation des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle. Enfin, nous porterons une attention particulière aux apports de la démarche VADA à Barcelone quant à l’inclusion de ces publics spécifiques.
Construire la subjectivité des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle par l’action publique
50 La simplification du soi des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle dans la société occidentale contemporaine se manifeste sur de nombreux fronts qui se nourrissent mutuellement. Pérez Salanova (2016) pointe notamment les suivants : 1) la place des individus dans les institutions en tant qu’usagers, clients ou consommateurs, dont on présume des capacités d’élection semblables aux autres citoyens, sans reconnaître leurs besoins spécifiques ; 2) la distorsion du concept d’autonomie, qui ne fait plus référence à la capacité de se conduire selon ses propres normes, mais davantage à ne pas dépendre d’aides et de soins apportés par autrui ; 3) les représentations sociales négatives liées à l’âge, qui véhiculent une image de la personne âgée considérée comme une charge pour la société ; 4) les représentations sociales, contradictoires aux premières, véhiculant une image d’indépendance et de liberté et plaçant les aînés dans un rôle de consommateurs dans le cadre de la silver economy ; ou encore 5) les regards réducteurs, qui soit ne perçoivent que les limitations physiques, soit les nient.
Le rôle des politiques publiques
51 Les lois et les politiques publiques, par leur caractère normatif et régulateur, jouent un rôle important dans la construction des subjectivités et des identités, de manière parfois restrictive en termes de participation citoyenne. Elles utilisent par ailleurs un langage et un cadre symbolique que l’on retrouve dans les mécanismes participatifs, ce qui renforce cette construction.
52 Il est donc essentiel d’analyser sur quelles lois et politiques s’appuient les mécanismes participatifs dédiés aux personnes âgées. Il s’agit de politiques, de programmes et de lois ciblés sur le vieillissement et régis par l’État-providence au niveau macro (soit à l’échelon étatique, soit à celui de la Communauté autonome [4]), de caractère universel, qui visent à la redistribution de la richesse et à la protection de la population, et définissent le bien-être comme l’assurance du maintien des droits sociaux pour tous (Subirats et Gomà, 2002). La régulation des pensions de retraite, qui relève de l’État, en est un exemple paradigmatique.
53 Le caractère universel attribué à ces lois et politiques conduit à une gestion globale et bureaucratique des droits, qui ne peut tenir compte de la diversité des besoins des citoyens, diversité qui prend source dans la singularité de leurs expériences quotidiennes. En ce sens, ce cadre entraîne la construction de catégories de populations homogènes, et donc de subjectivités âgées réductrices au sein desquelles la reconnaissance des particularismes est peu présente.
54 Parmi ces cadres de référence, on retrouve plus spécifiquement la question de la « dépendance », dans une conception principalement médicale et infirmière de la vieillesse, visant une régulation des dispositifs de soins. En Espagne, ces politiques ne visent donc pas l’intégration, mais au contraire participent à la construction d’une catégorie de population spécifique : les personnes âgées ayant besoin de soins continus. Cette distinction contribue ainsi à un processus d’invisibilisation et de stigmatisation de ces publics, et donc à une réduction de leurs opportunités à s’impliquer dans la ville en tant que citoyens.
55 Ces politiques tournées vers la régulation de la dépendance reposent sur des dynamiques relationnelles (soignant-soigné) souvent inégalitaires (Argoud, 2012 ; Argoud et Puijalon, 2003). Ces relations exacerbent le regard négatif porté sur l’altération des capacités d’action, de participation ou encore de décision des personnes âgées, qu’il s’agisse de celui des autres (professionnels médicaux, familles, personnes âgées fonctionnellement autonomes, etc.) ou, trop souvent, de celui des individus eux-mêmes.
56 Précisons qu’il y a actuellement en Espagne deux cadres législatifs, la loi 39/2006 du 14 décembre, relative à la promotion de l’autonomie personnelle et à l’attention aux personnes en situation de dépendance, et le décret 202/2009 du 22 décembre, relatif aux organes de participation et de coordination du système catalan de services sociaux, qui prévoient et accompagnent la participation des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle. La loi 39/2006 impose d’offrir aux patients et à leurs familles la possibilité de participer à l’élaboration du plan de soins du patient après une évaluation réalisée par un professionnel de son « degré de dépendance ». Le patient est donc en droit de décider, dans les limites des services publics disponibles, de la manière dont il souhaite être aidé ou soigné, où il souhaite habiter, etc. Le decret 202/2009 agit directement sur les établissements de services de santé et sociaux, tels que les maisons de retraite, en imposant la mise en place de dispositifs de participation des usagers ou de leurs familles [5].
57 Toutefois, ces deux sources normatives ont eu un effet très limité sur le maintien de l’autonomie (au sens de l’implication des individus dans les processus décisionnels qui les concernent) des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle, ainsi que sur l’innovation en la matière au sein des établissements et des services sanitaires et sociaux. En conséquence, elles n’ont pas entraîné de changements significatifs dans la nature des relations établies entre les professionnels et les personnes âgées, de telle façon que l’on maintient des formes d’écoute conventionnelles très largement fondées sur des relations asymétriques entre le patient et le soignant (Argoud et Puijalon, 2003) [6].
58 En lisant Goffman (1961), on peut se rappeler que l’entrée en institution est un facteur majeur de simplification du soi : le soigné n’est plus perçu que comme « interné », là où chaque individu en prise avec le monde extérieur joue une pluralité de rôles sociaux. Bien que de nombreux changements aient été apportés dans les institutions depuis 1961, « il faut rappeler que les maisons de retraite ont un objectif explicite de soin qui ne peut être séparé des pratiques de contrôle qui affectent inévitablement les rôles et l’image de soi des résidents et donc favorisent ou défavorisent leur participation citoyenne », et que dans leur conception du soin, et même de la participation, elles oublient souvent « la dimension communautaire et politique de l’être humain et l’appartenance des personnes à un cadre plus large que celui de l’institution » (Pérez Salanova et Verdaguer, 2016).
59 En outre, la faible attractivité des dispositifs de participation mis en œuvre dans les institutions ou dans les contextes hors établissements d’hébergement contribue, à la manière d’un cercle vicieux, au renforcement des représentations réductrices portées sur les capacités d’action et de décision de ces publics.
Le rôle des pratiques de participation à Barcelone
60 L’observation des processus de participation initiés par le CAGG et la municipalité de Barcelone permet de retracer une évolution des représentations, avec un contexte initial qui ne favorisait pas la reconnaissance de la diversité des populations âgées et qui simplifiait la subjectivité des personnes âgées ayant besoin de soins continus.
61 Ainsi, la plupart des sujets traités à l’occasion des premiers Congrès se rapportaient principalement à des négociations sur les pensions de retraite, ou encore aux aspects structuraux des inégalités. Dans ces formats, la participation citoyenne s’établissait avant tout à travers le vote, ce qui laissait peu d’espace à l’expression de la diversité et de la complexité des sujets qui touchent les personnes âgées au quotidien. En outre, puisque le rapport des personnes âgées aux soins conditionnait étroitement leur présence dans les instances de participation, on constatait une forte invisibilisation de celles qui en bénéficiaient de façon continue. De ce fait, leur inclusion dans le CAGG restait très largement impensable.
62 Plus tard, le CAGG et la municipalité de Barcelone se fixeront pour objectif d’élargir la participation citoyenne, aussi bien le nombre de ses participants que leur diversité. Cette volonté marque un tournant dans les sujets abordés et les mécanismes participatifs développés, qui dès lors vont se focaliser sur l’échelon micro-local, ainsi que sur le renforcement des dynamiques participatives préexistantes dans les territoires. Ce rapprochement avec les acteurs et les politiques au niveau local va alors conduire à la sortie progressive des cadres réducteurs, qui plaçaient les personnes âgées dans une position d’usagers et de consommateurs de biens et services, et qui lissaient considérablement la diversité des parcours liés à l’avancée en âge. Cela permettra également de révéler la complexité des réalités vécues par les personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle et de les reconnaître en tant que citoyens dont les apports peuvent contribuer à l’adaptation de la ville et des instances participatives.
Facteurs inclusifs dans les dispositifs de participation des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle
63 Les évolutions des cadres participatifs à Barcelone qui viennent d’être exposées conduisent à nous interroger sur les facteurs inclusifs en matière de participation. À cet égard, il est intéressant de se pencher sur la structuration des mécanismes participatifs, et plus concrètement sur les dynamiques qui les régissent. En termes d’empowerment [7], les méthodes déployées et les interactions émergeant dans les dispositifs de participation sont des facteurs de grande importance. En effet, l’impact et le niveau de participation à ces processus ne peuvent être évalués uniquement à la lumière des résultats et des réalisations obtenus ; ils doivent également être appréciés à travers l’expérience vécue par les participants (Barnes et Bennet-Emslie, 1998).
64 Selon leurs configurations, les méthodes participatives peuvent avoir soit un impact positif sur le sentiment de sécurité et de confiance des personnes âgées, soit des répercussions négatives, entraînant une dépréciation de leurs compétences en tant que citoyens. C’est pourquoi nous avons accordé une grande importance à la présentation des dynamiques participatives développées progressivement à Barcelone.
65 En outre, les processus participatifs peuvent être plus ou moins inclusifs selon les dynamiques d’échange et d’interaction qu’ils développent. Dans ses travaux, Barnes (2005) rejoint ce postulat et présente une typologie des formes d’échanges existantes : les formes d’expression particulières comme la politesse ou la déférence ; l’expression rhétorique, plus dramatique, émotionnelle et figurative, et le récit historique et narratif. La stimulation de ces types d’échanges peut engendrer plus de diversité dans les formes de dialogue et les interactions, critères qui s’alignent avec l’orientation formulée par Argoud et Puijalon (2003) sur « la parole en interaction ». En écho à ces principes, nous comprenons que l’évolution dans les modes de participation à Barcelone commence par la mise en place de nouveaux formats de dialogue et de travail se substituant aux modèles d’échanges plus traditionnels (par exemple les Congrès). Notre analyse met également en lumière l’attention particulière qu’il faut prêter à l’inclusion de la diversité des profils et des expériences du vieillissement. C’est dans cet objectif que l’atelier développé pour impliquer les personnes âgées ayant besoin de soins continus proposait un dialogue ouvert et plus informel, favorisant la prise de parole. L’impact de ces nouveaux formats d’expression a été évalué après chaque session, en collaboration avec les personnes âgées, ce qui a favorisé les mécanismes d’inclusion et d’empowerment à leur égard. Il est intéressant d’observer que l’évaluation dépasse la notion d’empowerment au sens individuel, c’est-à-dire en termes d’affirmation de soi, et contribue à atténuer le clivage « pouvoir/dépendance » en respectant l’expertise d’usage et les stratégies quotidiennes développées par les personnes âgées (Charpentier et Soulières, 2007).
Rôle de la démarche VADA dans l’émergence de nouvelles pratiques de participation à Barcelone
66 Si l’ensemble des processus participatifs peut constituer une source d’apprentissage mutuel pour les participants et les professionnels, comme nous l’avons suggéré à différents endroits, il nous paraît important d’insister au terme de ce travail sur l’influence d’un facteur extérieur, presque inhabituel au quotidien de la participation citoyenne à Barcelone jusque dans les années 2010. Nous pensons ici à la démarche VADA, qui a véritablement servi de source d’inspiration pour opérer un tournant plus concret dans la prise en compte des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle. En soulevant l’importance de l’expertise d’usage des aînés et de leurs rapports aux territoires, VADA a permis d’identifier de nouveaux enjeux urbains. À partir de ce constat, de nouvelles pratiques de participation ont pu être développées (Pérez Salanova, 2011).
67 La réflexion portée sur ces nouvelles pratiques à Barcelone permet de formuler un triple constat. D’abord, la démarche VADA confirme l’hypothèse de D. Argoud (2006), qui présente l’échelon local comme un terreau propice aux innovations et aux évolutions des formats de participation des aînés, à travers l’instauration d’une relation de proximité entre les différents publics concernés par un projet ou une politique. Ensuite, elle permet de souligner l’importance de la perspective bottom-up, dans la mesure où les personnes âgées se trouvent dans des conditions favorables à l’expression de leurs besoins et de leurs idées (Garon, Paris, Beaulieu, Veil et Laliberté, 2014). Enfin, elle interroge la nature des relations établies entre les acteurs d’un même territoire. À cet égard, il nous semble pertinent d’introduire la notion d’interface (Moulaert, Scheider et Viriot Durandal, 2015). Celle-ci nous sert d’appui pour pointer l’apparition de nouvelles formes d’actions reposant sur l’implication et la responsabilisation d’une diversité d’acteurs dans des projets tout particulièrement rattachés au quotidien et au territoire. Dans le cas de Barcelone, ces interfaces prennent racine dans les cadres de collaboration développés antérieurement à VADA. Nous pensons notamment aux projets de recherche présentés au début de cet article, réalisés en partenariat direct avec des personnes âgées, mais également aux rapprochements entre le monde de la recherche, le CAGG et la Municipalité, nés de dynamiques participatives comme les Conférences, et qui ont contribué à poser les cadres favorables au développement de stratégies collaboratives (Garon et al., 2014).
Conclusion
68 Les initiatives développées tout au long des 20 dernières années de cheminement de la participation citoyenne des aînés à Barcelone, dont rend compte cet article, ont poursuivi une idée-force : l’élargissement de la participation des personnes âgées, aussi bien en termes de nombre que de diversité des publics impliqués. Ce principe, qui a à la fois motivé et déterminé les actions mises en œuvre, est un facteur de premier ordre pour expliquer la place actuelle des personnes âgées en perte d’autonomie fonctionnelle dans les mécanismes participatifs à Barcelone.
69 À ce constat, ajoutons trois enseignements majeurs apportés par la démarche VADA mise en œuvre au niveau local. D’abord, par son caractère inclusif et transversal, elle a redonné aux personnes âgées un rôle de citoyens, aux côtés de l’ensemble des autres catégories de publics d’un quartier, d’une rue, dans les transports et les autres services. En cela, elle devient un facteur d’intégration de personnes de différents âges (Walker, 2015). Ensuite, la centralité de la participation dans toutes les étapes de la démarche peut être pointée. En effet, elle apparaît comme essentielle à l’évolution des formats de participation et à l’innovation en matière d’expériences participatives, dépassant la phase de diagnostic, pour tendre vers la définition d’actions collaboratives (Garon et al., 2014).
70 Finalement, VADA consiste à inscrire la fragilité dans les aspects concrets du fonctionnement de la ville et dans la politique urbaine. Cette proposition, déjà évoquée par Phillipson (2011), se concrétise à Barcelone à travers l’intégration des personnes âgées ayant besoin de soins continus dans les mécanismes participatifs, notamment à l’occasion de la 4e Convention « Les Voix des personnes âgées ». Cette inscription de la fragilité dans les politiques urbaines à Barcelone laisse entrevoir des progrès quant à l’aménagement de l’espace public et à son appropriation par les personnes âgées. En effet, elle permet de s’éloigner de l’approche réductrice et négative du vieillissement au profit d’une reconnaissance des personnes âgées, de leur attachement à l’espace et à l’itinéraire des routines quotidiennes (Rouyer, 2008).
71 En nous appuyant sur le parcours barcelonais en matière de participation citoyenne des aînés, nous avons ouvert un chemin qui reste encore long. Les mots du poète Antonio Machado résonnent : « se hace camino al andar » (« Le chemin se fait en marchant »).
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : Barcelone, Vada, subjectivation, soins continus, diversité
Mise en ligne 03/04/2019
https://doi.org/10.3917/rs1.079.0061Notes
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[1]
La présidence est toujours occupée par un élu du conseil municipal.
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[2]
À Barcelone, les huit dimensions du projet VADA ont été les suivantes : participation sociale et publique ; mobilité et transport ; accessibilité et espace public ; logement ; services de santé et services sociaux ; entraide ; respect et inclusion et, enfin, communication et information.
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[3]
Notons la diffusion, à ces occasions, du court métrage intitulé « Bon tracte en tot moment » (Bientraitance à tout moment) réalisé par des cinéastes âgés pour vulgariser le Document ouvert des droits et libertés des personnes âgées en situation de dépendance.
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[4]
Les Communautés autonomes sont, en Espagne, des divisions territoriales administratives qui ont une certaine autonomie législative et exécutive, et qui ont leur propre gouvernement avec leurs propres représentants. Il s’agit dans notre cas de la Catalogne.
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[5]
En France, cela se réfère à la « démocratie sanitaire » portée par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
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[6]
Il faut souligner l’apparition progressive d’initiatives qui stimulent l’application du modèle d’« attention centrée sur la personne ». Parmi celles-ci, on peut nommer celle du gouvernement du Pays basque et les projets de la Fundación Pilares pour l’autonomie personnelle.
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[7]
Le concept d’empowerment est employé depuis des décennies aux États-Unis et depuis peu en France ; il sous-tend un rôle actif des populations dans les processus d’action publique au niveau local (d’après Dane, 2007).