Notes
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Je remercie Frédéric Docquier, Victor Ginsburgh et Vanessa Lutgen pour leurs commentaires pertinents. Cette recherche est soutenue par le Fonds National de la Recherche, Luxembourg, et cofinancée par les Actions Marie Curie de la Commission européenne (FP7-COFUND).
Contact : joel.machado@uni.lu. -
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CREA, Université du Luxembourg.
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[1]
Ces résultats portent sur les estimations utilisant une élasticité de substitution égale à 1 entre le travail et le capital.
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[2]
En considérant le travail comme facteur homogène, l’émigration serait de 53 % de la population des régions en développement pour des gains d’efficacité de 67 %. Moses et Letnes (2005) simulent également les effets d’une libéralisation en émettant l’hypothèse que les travailleurs sont 33 ou 20 % moins productifs s’ils proviennent des régions en développement. Ces corrections engendrent des gains d’efficacité nettement réduits et inférieurs à 10 %.
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[3]
Données pour 2008 ; voir Eurostat, 2011.
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[4]
Données pour 2008 ; voir Bureau of Economic Analysis, 2015.
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[5]
Le questionnaire comporte également une question identique qui se réfère à la migration temporaire. Pour estimer les stocks de migrants, Docquier et al. (2015) se basent sur les migrants permanents. Dans un exercice de robustesse, Delogu et al. (2016) incluent les immigrants temporaires sous différentes hypothèses.
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[6]
Ceci est corroboré par Delogu et al. (2016), qui trouvent que la semi-élasticité du PIB mondial à la fraction des migrants internationaux est de 1,2 à court terme, ce qui correspond à la valeur trouvée par Iregui (2005).
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[7]
La baisse du revenu par « natif » aux États-Unis s’explique par le fait qu’une faible proportion des Américains indique vouloir émigrer. Ceux qui migrent le font donc vers des pays au salaire plus faible. Ceci peut être expliqué par une hétérogénéité des travailleurs qui n’est pas prise en compte dans ce type de modèle (des individus qui gagneraient moins que la moyenne de leur niveau d’études aux États-Unis). Par ailleurs, des arguments non financiers pourraient également motiver une émigration entraînant une perte de revenu, ce que le modèle de Delogu et al. (2016) prend en compte dans le terme résiduel des coûts migratoires.
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[8]
Ce qui équivaut à une semi-élasticité proche de 1,2.
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[9]
La semi-élasticité du PIB mondial à la fraction des migrants internationaux reste stable et proche de 1,2 à court terme, ce qui démontre à nouveau que leurs résultats ne dépendent pas du choix de modélisation de la technologie migratoire mais plutôt du volume du choc.
1 – Introduction
1Les discussions et négociations sur le « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) » entre l’Europe et les États-Unis abordent de nombreux aspects, allant de la définition de normes de sécurité alimentaire et de production à la résolution de différends entre partenaires commerciaux. Les questions liées à l’immigration ne sont cependant pas discutées dans le cadre de ces négociations. Les barrières à la mobilité des travailleurs sont néanmoins bien plus contraignantes que les dernières barrières commerciales (Clemens, 2011).
2Les premières études sur l’impact économique du TTIP estiment qu’il pourrait engendrer des gains de 1 % et 8 % du PIB aux États-Unis et en Europe (Egger et al., 2015 ; Aichele et al., 2014 ; Felbermayer et al., 2015). Les gains d’une intégration financière complète sont également restreints et se limiteraient selon Gourinchas et Jeanne (2006) à 1,3 % en moyenne pour les pays hors OCDE. En revanche, une libéralisation de la migration pourrait selon les travaux résumés par Clemens (2011) engendrer des gains de plusieurs centaines de milliards de dollars, soit entre 50 % et 150 % du PIB mondial. Ces gains seraient facilement réalisables en autorisant tous les travailleurs à émigrer des pays à faible productivité vers des pays à forte productivité.
3À l’heure où la politique européenne négocie une nouvelle réduction des barrières commerciales mais signe en parallèle des traités visant à limiter l’immigration (notamment avec la Turquie), il semble opportun de questionner cette double stratégie. En particulier, au vu des gains conséquents d’une libéralisation de la migration soulignés par une partie de la littérature économique, il est important d’en comprendre les arguments et mécanismes. L’objectif de cet article est d’en donner un aperçu. La section 2 présente la littérature revue par Clemens (2011) qui estime des gains énormes associés à une libéralisation complète de la migration. La section 3 présente une littérature plus récente, qui prend en compte des modèles de choix de destination plus sophistiqués et introduit la possibilité de différences dans les préférences des individus. La section 4 évoque brièvement la libéralisation partielle et sélective de la migration. La section 5 discute les mécanismes additionnels qui pourraient également affecter les effets potentiels d’une politique de libéralisation. Enfin, la section 6 conclut et discute quelques obstacles à la mise en place de la libre circulation.
2 – La libre circulation : une manne économique à plusieurs centaines de milliards de dollars
4La littérature économique ayant pour objet l’étude de la libre mobilité des travailleurs a été récemment ravivée. Clemens (2011) résume les travaux sur ce sujet et conclut que les barrières à la mobilité impliquent des pertes de plusieurs centaines de milliards de dollars, soit entre 50 % et 150 % du PIB mondial. Ces gains seraient facilement réalisables en autorisant tous les travailleurs à émigrer des pays à faible productivité vers des pays à forte productivité.
5Comme le relève Clemens, les résultats quantitatifs dépendent fortement des hypothèses sur lesquelles reposent les modèles. En particulier, la modélisation de l’impact des immigrants sur les non-migrants ainsi que le volume de migration engendré par la libre mobilité sont déterminants pour le résultat quantitatif de l’exercice. Plusieurs approches ont été utilisées dans la littérature. La plupart des articles reposent sur des modèles statiques en équilibre partiel (Hamilton et Whalley, 1984 ; Moses et Letnes, 2004) ou en équilibre général calculable (Iregui, 2005 ; Walmsley et Winters 2005). Dans ces modèles, les travailleurs sont homogènes et leur productivité ne varie qu’en fonction du pays de résidence. Certains articles proposent néanmoins des scénarios alternatifs avec des travailleurs qui ne sont pas parfaitement substituables entre eux.
6Le modèle à sept régions avec capital immobile et travail développé par Hamilton et Whalley (1984) trouve des gains d’efficacité de 147,3 %.1 Moses et Letnes (2004) actualisent ces résultats en utilisant des données de 1998 et un modèle à 3 régions. Ils trouvent que plus de 3 milliards d’individus émigreraient vers la région la plus développée en l’absence de restrictions (sur une population de 5,1 milliards en 1998, soit plus de 60 % de la population globale) engendrant des gains d’efficacité globaux équivalents à 96,5 % du PIB [1]. Iregui (2005) développe un modèle à huit régions incorporant commerce, capital physique immobile et travailleurs hétérogènes (deux niveaux d’éducation). Le scénario, qui autorise les deux types de travailleurs à migrer, engendre un mouvement de 53 % de la population des régions en développement et des gains d’efficacité globaux de l’ordre de 50 %. [2] Dans Kennan (2013), le libre-échange commercial implique une égalisation des prix des facteurs (et des salaires réels) au niveau mondial. Les gains d’une libéralisation complète dépasseraient 100 % du PIB par tête pour les individus originaires des pays en développement tandis que le salaire réel ne baisserait que légèrement dans les pays développés.
7Klein et Ventura (2007, 2009) utilisent en revanche un modèle dynastique dynamique à deux régions prenant en compte l’accumulation de capital ainsi qu’un facteur fixe de production (la terre). En partant d’un monde où 20 % de la population vit dans la région à productivité élevée, l’allocation efficace (du facteur travail et capital) implique des gains d’efficacité entre 45 % et 122 % selon l’intensité de l’avantage productif par rapport à la région pauvre. La quasi-totalité de la population mondiale se concentrerait dans la région à forte productivité. En simulant une libéralisation avec stocks de capitaux fixes, les gains se situeraient entre 2 % et 39 %.
8Ces différents articles sont basés sur des modèles statiques très réducteurs ou des modèles d’équilibre général peu transparents. Les hypothèses d’égalisation des productivités marginales au niveau international ainsi que les estimations assez arbitraires des coûts migratoires (quand il y en a) impliquent des stocks énormes d’immigrants dans un monde sans barrière à la mobilité. Dans les scénarios les plus extrêmes, certaines parties du monde se videraient presque entièrement de leurs populations.
3 – La prise en compte des désirs migratoires et de préférences idiosyncratiques
9L’hypothèse d’une égalisation des productivités marginales implique que la décision de migrer des individus est uniquement motivée par des considérations financières. Les coûts migratoires (monétaires ou psychiques) ne sont dès lors pas pris en compte. En réalité, les individus diffèrent cependant dans leurs préférences pour leur lieu de résidence et de travail et les aménités qui y sont liées (telles que la présence de leur réseau social, l’usage d’une langue et de normes socio-culturelles communes, etc.). Malgré l’absence de restrictions à la mobilité pour les ressortissants de pays membres de la zone Schengen, de fortes disparités persistent en termes de productivité entre les régions européennes. En 2008, le PIB par tête du Luxembourg était 4 fois supérieur à celui de l’Estonie (Eurostat, 2015). De façon similaire, une convergence économique entre régions au sein même des pays n’est généralement pas observée, alors que la langue et la culture sont souvent identiques. Le PIB moyen par habitant à Hambourg en Allemagne (EUR 47.100) est ainsi 2,3 fois supérieur à celui du Brandebourg (EUR 20.500). En Italie, le PIB par habitant de la Lombardie (EUR 33.500) est le double de celui de la Campanie ou de la Calabre (EUR 16.400) [3]. La même différence peut être observée entre les États américains du Connecticut (USD 66.891) et du Mississippi (USD 32.291) [4]. Pour expliquer de telles disparités, Clemens et Pritchett (2016) soutiennent l’idée que le monde actuel n’est pas en équilibre spatial et que ces disparités entre régions pourraient disparaître à l’équilibre. Cependant, aucune convergence régionale des salaires n’est observée actuellement (Boldrin et Canova, 2001).
10Le rôle des préférences et des coûts à la migration a été souligné dans une littérature plus récente. Docquier et al. (2015) développent un modèle à choix discret statique dans lequel la décision d’émigrer est endogène et simulent une libéralisation complète des barrières migratoires. Ils estiment le coût des politiques migratoires (tel que l’accès à un visa) en se basant sur une enquête internationale qui porte sur les désirs migratoires des individus. Cette enquête menée par Gallup (Gallup, 2014 ; Esipova et al., 2011) a été réalisée dans 142 pays représentant 97 % de la population mondiale et posait la question suivante : « Si vous en aviez l’opportunité, souhaiteriez-vous quitter (de façon permanente) votre pays pour un autre pays ? » [5] En cas de réponse positive, une question additionnelle sur la destination désirée était posée. Ces informations permettent ainsi d’estimer les stocks de migrants bilatéraux pour 195 pays, soit 38 025 corridors possibles, dont un grand nombre resteraient cependant inutilisés.
11L’interprétation de la question sur les désirs migratoires fait débat. D’une part, si des contraintes de liquidité existent, les aspirations ne peuvent être réalisées et le choc migratoire sera plus faible. D’autre part, si les primo-migrants attirent d’autres migrants (par un effet de réseau), le choc sera plus élevé. Clemens et Pritchett (2016) pensent que la question est posée hors contexte et que le choc est dès lors sous-estimé. En interprétant « l’opportunité d’émigrer » comme l’absence de restriction à la mobilité, Docquier et al. (2015) estiment que, dans le cas d’une libéralisation complète, le stock de migrants additionnels avoisinerait 275 millions d’individus. En ajoutant ceux-ci aux 111,6 millions de migrants déjà présents en 2000, la part des migrants âgés de plus de 25 ans dans la population mondiale passerait de 3,5 % à 12,1 %. Parmi ceux qui expriment le désir de migrer, 27 % souhaiteraient émigrer vers les États-Unis, 26 % vers un pays européen et 16 % vers le Canada, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. D’autres destinations importantes seraient le Japon, Singapour, l’Arabie saoudite ainsi que les Émirats arabes unis. Les 200 principaux corridors bilatéraux concentreraient à eux seuls environ 70 % des stocks de migrants.
12Il est important de souligner que l’absence de restrictions administratives/politiques à la mobilité n’équivaut pas à une absence totale de coûts. En effet, même si tous les individus pouvaient obtenir un visa, nombreux sont ceux qui ne voudraient pas quitter leur pays d’origine pour des raisons financières ou émotionnelles. La contrainte budgétaire resterait sans doute contraignante pour beaucoup de candidats à la migration. La prise en compte de ces coûts « incompressibles » explique la raison pour laquelle le stock d’immigrants est nettement inférieur dans les données Gallup (et dès lors dans Docquier et al., 2015) par rapport à celui des travaux qui se basent uniquement sur l’égalisation des salaires et les effets sur la production mondiale y sont plus faibles.
13Selon Docquier et al. (2015), une libéralisation de la migration augmenterait le PIB par tête mondial de 11,9 % sous l’hypothèse de salaires exogènes. L’endogénisation des salaires en utilisant une fonction à élasticité de substitution constante (CES) a peu d’impact sur ce résultat (hausse du PIB par tête mondial de 11,3 %, voir tableau 1). Les effets d’une libéralisation seraient néanmoins différents selon les régions. Les régions et pays les plus développés, tels que les États-Unis et l’Union européenne des 15 (UE15) enregistreraient une baisse du PIB par tête de respectivement 5,6 % et 0,6 %. À l’inverse, les régions d’origine, telles que l’Afrique subsaharienne (SSA) ou l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient (MENA) bénéficieraient d’une hausse de 7 % et 1,1 % respectivement (voir tableau 1).
Gains d’efficacité (déviation en % par rapport au scénario de base)
Gains d’efficacité (déviation en % par rapport au scénario de base)
14Sous l’hypothèse de salaires exogènes, ces résultats s’expliquent principalement par deux facteurs. Le premier est lié à la relocalisation de travailleurs des pays moins productifs dans des pays plus productifs. Ainsi, certains individus voudraient émigrer d’un pays MENA vers un pays plus riche de la même région (tel qu’un pays du Golfe persique) ou vers un pays occidental. Le deuxième facteur concerne la distribution du niveau d’éducation des travailleurs. En effet, dans certains pays d’origine, les nouveaux émigrants tendent à être moins éduqués que la moyenne des non-migrants et en même temps que le travailleur moyen dans le pays de destination. Ceci explique pourquoi le salaire moyen augmenterait dans le premier groupe de pays et baisserait dans le deuxième. L’endogénisation des salaires ne change que faiblement les résultats quantitatifs, ce qui confirme à nouveau que le contraste entre les résultats de cet article et ceux cités dans Clemens (2011) n’est pas dû à un choix particulier de modélisation mais plutôt aux différences de stocks d’immigrants [6].
15La mesure communément utilisée dans la littérature pour quantifier le changement de bien-être des individus est le PIB par travailleur. Néanmoins, Clemens et Pritchett (2008) soutiennent que cette mesure ne reflète pas l’impact sur les individus mais plutôt sur le développement des lieux géographiques. En effet, en considérant que les salaires sont exogènes (et en l’absence d’autres externalités), aucun individu en Europe ou aux États-Unis ne perd en bien-être personnel dans Docquier et al. (2015), contrairement à ce que la baisse du PIB par travailleur pourrait laisser croire. Pour avoir une image plus claire des effets sur différents types d’individus, les auteurs analysent l’impact d’une libéralisation sur le revenu moyen de tous les individus originaires d’un pays, quel que soit le lieu où ils résident. Le tableau 1 montre le contraste entre les deux mesures. Le revenu par « natif » des MENA et SSA augmente respectivement de 29,6 % et 102,7 % (comparé à la faible hausse du PIB par tête). Ces chiffres indiquent que les principaux bénéficiaires d’une libéralisation seraient les émigrants et en particulier ceux qui partent d’un pays peu développé vers un pays plus développé [7].
16Les effets d’une libéralisation de la migration excéderaient cependant la simple relocalisation de travailleurs de pays à faible productivité vers des pays à forte productivité à court terme. Des changements d’incitations et des externalités engendreraient des effets dynamiques. En suivant l’approche de Docquier et al. (2015), Delogu et al. (2016) développent un modèle dans lequel la fécondité et l’éducation sont endogènes. L’accumulation de capital humain après une libéralisation s’opère pour trois raisons différentes. Premièrement, la possibilité d’émigrer dans un pays où l’éducation est mieux rémunérée peut inciter les jeunes adultes à investir dans l’éducation tertiaire. Deuxièmement, les émigrants vont s’installer dans des pays où l’éducation primaire est souvent plus accessible et de meilleure qualité que celle des pays d’origine. En investissant davantage dans l’éducation de chacun, les familles réduisent leur nombre d’enfants (ce qui est connu sous le concept de « quantity-quality trade-off »). Troisièmement, les mouvements de capital humain peuvent affecter la distribution des salaires ainsi que la technologie (dans le cas d’externalités). Ces mécanismes sont cumulatifs par construction et leurs effets se renforcent dans le temps.
17Delogu et al. (2016) trouvent par conséquent que les gains d’une libéralisation complète de la migration à long terme excèdent nettement ceux de court terme calculés par Docquier et al. (2015). La possibilité d’émigrer procure de nouvelles incitations à l’éducation et la proportion d’individus ayant une éducation universitaire augmente par rapport à celui du scénario de base (avec restrictions à la mobilité). Les nouveaux immigrants adoptent le comportement des natifs de leur pays hôte. La fertilité baisse et le nombre d’individus avec une éducation de base (primaire et secondaire) progresse, ce qui implique que le nombre d’étudiants dans le tertiaire augmente la période suivante. Ces effets sont dynamiques par nature et génèrent des gains d’efficacité croissants dans le temps. Quantitativement, une libéralisation de la migration entraînerait une hausse du PIB par travailleur de 13,1 % à court terme (contre 11,9 % en équilibre partiel, avec salaires fixes). À long terme, les effets dynamiques conduisent à un gain de 53,8 %, chiffre qui se rapproche des résultats de Clemens (2011) mais pour des raisons différentes.
4 – Libéralisation partielle ou sélective
18La libéralisation complète des flux migratoires est loin de figurer dans le débat politique actuel. Des formes de libéralisation moins extrêmes ont également attiré l’attention de certains chercheurs. Plusieurs articles cités dans Clemens (2011) proposent des simulations en réduisant le nombre de migrants, ce qui limite les gains d’efficacité. Winters (2001) et Walmsley et Winters (2005) ont simulé une hausse exogène des quotas pour immigrants qualifiés et peu qualifiés dans les pays développés équivalents à 3 % de la force de travail de ces pays (ou 0,5 % de population mondiale en âge de travailler). Ils estiment le gain de cette politique à 0,6 % du PIB mondial. [8]
19Delogu et al. (2016) simulent également une libéralisation partielle des restrictions. La libéralisation n’implique pas que la migration se fasse sans coûts mais que les barrières légales peuvent être diminuées entre 0 % et 100 % (ce dernier cas équivaut à une libéralisation complète). Les auteurs trouvent que les gains d’efficacité ont une relation légèrement concave avec le taux de libéralisation. Ainsi, une libéralisation de 50 % des coûts migratoires entraînerait une hausse de la proportion de migrants de 3,5 % à 8,2 % de la population mondiale. Le revenu moyen par travailleur mondial augmenterait de 7,2 % à court terme et 33,4 % à long terme [9].
20La compétition pour attirer des migrants fortement qualifiés est en hausse, comme en témoigne la création d’une « Blue Card » européenne suivant le modèle de la « Green Card » américaine (voir Boeri et al., 2012). Ce type d’autorisation de séjour vise à mettre en place une immigration sélective par laquelle on entend faciliter l’arrivée de travailleurs spécifiques, souvent hautement qualifiés. Les systèmes d’immigration basés sur des points qui existent au Canada ou en Australie sont un autre exemple. Ce type de système repose sur la sélection d’un certain nombre de caractéristiques jugées souhaitables par le pays d’accueil (telles que le niveau et la qualité de l’éducation, les années d’expérience, les connaissances linguistiques etc.). Le candidat à l’immigration obtient un certain nombre de points pour chaque caractéristique désirée et peut obtenir un permis de séjour si un certain niveau de points est atteint. Les systèmes observés actuellement reposent en particulier sur un niveau d’éducation requis élevé ou un recrutement prioritaire pour certains secteurs qui connaissent une pénurie de main-d’œuvre.
21Dans une étude récente, Docquier et Machado (2016) analysent les effets d’une libéralisation sélective et concentrée sur les individus ayant une éducation tertiaire. En utilisant le modèle dynamique développé par Delogu et al. (2016), les auteurs trouvent qu’une libéralisation sélective serait particulièrement bénéfique pour les pays d’accueil. Les États-Unis et l’Union européenne bénéficieraient ainsi d’une hausse du PIB par travailleur de l’ordre de 5 à 6 % à court terme et de 9 % à long terme. À l’inverse, les pays en développement dont émigreraient les travailleurs qualifiés perdraient en capital humain et ce, malgré les incitations additionnelles à l’éducation, qui ne suffiraient pas à compenser la forte émigration des travailleurs qualifiés et arriveraient tout au plus à mitiger quelque peu ces départs.
5 – Les mécanismes additionnels
22La littérature sur la libéralisation de l’immigration évoque également des mécanismes et hypothèses additionnelles qui font moins l’unanimité. Une question importante est le rôle du capital physique. Une partie de la littérature part de l’hypothèse que le stock de capital est fixe. Une libéralisation de la migration entraîne dans ce cas une redistribution du facteur travail vers le facteur capital, qui devient plus rare avec l’afflux de nouveaux travailleurs (ce qui est reflété dans une baisse du ratio capital/travail). Une autre partie de la littérature émet l’hypothèse que le capital est parfaitement mobile et suit les travailleurs. Cette hypothèse est vérifiée par Ortega et Peri (2009) qui trouvent qu’un choc sur le marché du travail engendre une réaction proportionnelle du capital endéans l’année. Ceci implique que le ratio capital/travail reste constant et maintient les salaires à leurs niveaux initiaux.
23Certains articles discutent le rôle des réseaux dans un scénario de libre mobilité (voir p.ex. Delogu et al., 2016 et Docquier et al., 2015). D’une part, l’importance des réseaux pour l’acquisition d’une autorisation de séjour (à travers le regroupement familial par exemple) deviendrait nulle si les barrières migratoires étaient totalement supprimées. D’autre part, la littérature souligne l’importance des réseaux pour aider les nouveaux arrivants à trouver un emploi, un logement ou encore pour faciliter l’apprentissage des normes et de la culture locales. Ce deuxième rôle ne disparaîtrait pas. Delogu et al. (2016) estiment ainsi qu’une baisse des coûts privés à l’immigration à travers l’extension des réseaux à l’étranger augmenterait le stock d’immigrants de 40 % à long terme par rapport à une libéralisation sans effets de réseaux. La hausse du PIB par tête atteindrait 67,8 % contre 53,8 % sans ces effets.
24La relation en « U inversé » entre le développement économique et l’intensité migratoire est abondamment décrite par Zelinsky (1971), Gould (1979), de Haas (2007, 2010) ou encore Hatton et Williamson (1994). Dao et al. (2016) corroborent cette relation en se basant sur les données d’aspirations migratoires individuelles ainsi que leurs taux de réalisation. Les auteurs trouvent que les contraintes budgétaires (et institutionnelles) influencent le taux de réalisation dans les pays les plus pauvres, bien qu’elles jouent un rôle plus limité au niveau global. Ce rôle des contraintes budgétaires est rarement pris en compte dans la littérature décrite dans Clemens (2011). En revanche, l’approche de Docquier et al. (2015) les incorpore implicitement dans les coûts privés à l’immigration.
25Une littérature récente met également l’accent sur les effets bénéfiques de la concentration de travailleurs à travers des effets d’agglomération (Desmet et al., 2015). Ce type d’externalités démultiplierait les effets positifs : l’attraction de nouveaux travailleurs améliorerait la productivité de l’ensemble des travailleurs, rendrait la région encore plus attractive et résulterait en une forte concentration spatiale. Les modèles de commerce international basés sur des préférences pour la variété mettent quant à eux l’accent sur les effets de taille des marchés (Aubry et al., 2016). Même les individus qui n’émigrent pas pourraient dans ce cas bénéficier d’une hausse en termes de variétés de biens produits dans le monde.
26L’importance des émigrants pour l’entrepreneuriat et l’innovation tant dans les pays d’accueil (Hunt et Gauthier-Loiselle, 2010) que dans les pays d’origine a aussi été étudiée. Le pays d’origine peut bénéficier de transferts financiers de la part de sa diaspora ou encore des connaissances acquises par les migrants revenant au pays après un épisode migratoire temporaire (voir Wahba, 2015). Une autre possibilité est l’amélioration de la frontière technologique globale qui bénéficie à l’ensemble des pays (Kuhn et MacAusland, 2009). Celle-ci serait accélérée par la concentration de travailleurs hautement qualifiés dans les pays aux technologies les plus avancées. La diversité des travailleurs pourrait également avoir un impact sur la productivité. La littérature existante trouve néanmoins des effets contradictoires. En se basant sur des données au niveau de firmes danoises, Parotta et al. (2014) mettent en évidence des effets négatifs de la diversité. En revanche, en utilisant des données par pays (Alesina et al., 2013) ou des États américains (Ottaviano et Peri, 2006), des externalités positives sont mises en avant. D’une part, la diversité peut engendrer des conflits ou un climat de méfiance (Collier, 2013). D’autre part, elle peut stimuler l’échange de connaissances diversifiées et faciliter l’accès à des réseaux différents qui permettent de créer des relations économiques entre pays. Delogu et al. (2016) prennent en compte ces externalités et trouvent que seule une élasticité de la technologie à la diversité suffisamment importante pourrait avoir un impact significatif sur les résultats d’une libéralisation de la migration.
27Le désavantage des modèles présentés jusqu’ici est qu’ils ne prennent pas facilement en compte les goulots d’étranglement possibles sur certains marchés (tels que l’immobilier ou le marché du travail) dus à la concentration temporaire de l’immigration. De plus, ces modèles se basent sur une parfaite intégration des travailleurs immigrés et de leurs qualifications. Docquier et al. (2015) discutent cette hypothèse en considérant qu’une partie des diplômes tertiaires ne sont pas reconnus dans les pays d’accueil. Ils corrigent dès lors la distribution du niveau d’éducation des nouveaux immigrants en construisant un indice de qualité relative de l’éducation basé sur les résultats de tests standardisés de Coulombe et Tremblay (2009). Dans ce scénario, le nombre d’individus avec éducation tertiaire diminue de 9,5 % mais l’impact sur les gains d’efficacité est mineur.
28Enfin, la littérature économique se concentre sur les aspects économiques de la question. Les aspects socio-politiques n’y trouvent en général pas leur place, souvent pour des raisons de tractabilité technique. Certains auteurs soulignent cependant qu’un afflux trop important de migrants pourrait impliquer l’importation de normes sociales ou culturelles différentes (Borjas, 2015) et ainsi réduire la cohésion sociale dans les sociétés d’accueil (Collier, 2013). La littérature tend cependant à montrer que les émigrants importent des normes culturelles (droits des femmes) ou politiques (valeurs démocratiques) favorables à la productivité dans leur pays d’origine (Batista et Vicente, 2011 ; Beine et al., 2013 ; Docquier et al., 2016b ; Lodigiani et Salomone, 2012 ; Spilimbergo 2009). Clemens et Pritchett (2016) estiment que les effets de congestion et d’importation de mauvaises institutions devraient être énormes afin de contrebalancer les gains potentiels d’une libéralisation. Les élasticités de la technologie à ces externalités seraient irréalistes, ce qui amène les auteurs à conclure que les gains potentiels d’une libéralisation restent immenses.
6 – Conclusion
29Les négociations sur le TTIP font abstraction de la migration et une libéralisation complète des flux migratoires est loin de figurer à l’agenda politique international. Néanmoins, l’analyse de ses effets potentiels tend à montrer que les gains seraient importants et dépasseraient largement ceux attendus d’une libéralisation plus intense du commerce telle que prévue dans le TTIP. Le mécanisme principal est intuitif et mécanique : une libéralisation entraînerait un déplacement d’une partie de la force de travail mondiale de pays peu productifs vers des pays à forte productivité. L’ampleur de ces mouvements reste néanmoins débattue. Les modèles qui se basent sur une égalisation des productivités marginales concluent que, dans les cas les plus extrêmes, une part importante de la population mondiale devrait se concentrer dans les pays occidentaux. Certains pays très pauvres pourraient même se vider de leurs populations.
30Des études plus récentes remettent en question ces conclusions en se basant sur des données de sondages. Elles concluent que les contraintes budgétaires et les préférences pour le pays d’origine restent importantes. De plus, on n’observe pas de convergence des salaires entre les différentes régions de l’Union européenne (ou des États-Unis) alors que les différences de revenus potentiels restent frappantes. Une hausse de la part de migrants de 3,5 % (observée actuellement) à 12 % (telle qu’estimée par Docquier et al., 2015) aurait cependant des effets importants sur la production mondiale. À court terme, la hausse du revenu par tête moyen serait limitée à quelques pour cent, mais des effets dynamiques pourraient graduellement les démultiplier. Delogu et al. (2016) ont mis en avant les effets sur la fécondité et l’éducation mais d’autres mécanismes, incluant une hausse des échanges commerciaux, de l’innovation ou des effets d’agglomérations pourraient également se développer.
31Les gains potentiellement énormes à réaliser avec une libéralisation de la migration indiquent que la mobilité des travailleurs reste une voie peu explorée comme moyen de développement économique global. Au vu des nombreuses crises géopolitiques observées actuellement, il est probable que la pression migratoire continuera à augmenter et il convient d’en comprendre les dynamiques et les effets. Une barrière à la mise en place de système d’immigration plus généreux pour les candidats à l’immigration reste la distribution des gains. Ceux-ci reviennent principalement aux migrants eux-mêmes tandis que les perdants seraient les travailleurs directement en concurrence avec ces nouveaux arrivants dans les pays développés. Or ce sont eux qui ont le pouvoir de décision et qui pourraient donc freiner la réalisation de ces gains d’efficacité. Des systèmes de redistribution des gains pourraient néanmoins être considérés (de la Croix et Docquier, 2016) de sorte que la libre circulation bénéficie à tout le monde.
Bibliographie
Références
- Aichele, R., Felbermayr, G., & Heiland, I. (2014). Going deep: the trade and welfare effects of TTIP, CESifo Working Paper No. 5150.
- Alesina, A., Harnoss, J., & Rapoport, H. (2013). Birthplace diversity and economic prosperity, NBER Working Papers 18699, National Bureau of Economic Research, Inc.
- Aubry, A., Burzynski, M., & Docquier, F. (2016), The welfare impact of global migration in the OECD countries, Journal of International Economics, https://ideas.repec.org/s/ctl/louvir.html 101, 1-21.
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Notes
-
[*]
Je remercie Frédéric Docquier, Victor Ginsburgh et Vanessa Lutgen pour leurs commentaires pertinents. Cette recherche est soutenue par le Fonds National de la Recherche, Luxembourg, et cofinancée par les Actions Marie Curie de la Commission européenne (FP7-COFUND).
Contact : joel.machado@uni.lu. -
[**]
CREA, Université du Luxembourg.
-
[1]
Ces résultats portent sur les estimations utilisant une élasticité de substitution égale à 1 entre le travail et le capital.
-
[2]
En considérant le travail comme facteur homogène, l’émigration serait de 53 % de la population des régions en développement pour des gains d’efficacité de 67 %. Moses et Letnes (2005) simulent également les effets d’une libéralisation en émettant l’hypothèse que les travailleurs sont 33 ou 20 % moins productifs s’ils proviennent des régions en développement. Ces corrections engendrent des gains d’efficacité nettement réduits et inférieurs à 10 %.
-
[3]
Données pour 2008 ; voir Eurostat, 2011.
-
[4]
Données pour 2008 ; voir Bureau of Economic Analysis, 2015.
-
[5]
Le questionnaire comporte également une question identique qui se réfère à la migration temporaire. Pour estimer les stocks de migrants, Docquier et al. (2015) se basent sur les migrants permanents. Dans un exercice de robustesse, Delogu et al. (2016) incluent les immigrants temporaires sous différentes hypothèses.
-
[6]
Ceci est corroboré par Delogu et al. (2016), qui trouvent que la semi-élasticité du PIB mondial à la fraction des migrants internationaux est de 1,2 à court terme, ce qui correspond à la valeur trouvée par Iregui (2005).
-
[7]
La baisse du revenu par « natif » aux États-Unis s’explique par le fait qu’une faible proportion des Américains indique vouloir émigrer. Ceux qui migrent le font donc vers des pays au salaire plus faible. Ceci peut être expliqué par une hétérogénéité des travailleurs qui n’est pas prise en compte dans ce type de modèle (des individus qui gagneraient moins que la moyenne de leur niveau d’études aux États-Unis). Par ailleurs, des arguments non financiers pourraient également motiver une émigration entraînant une perte de revenu, ce que le modèle de Delogu et al. (2016) prend en compte dans le terme résiduel des coûts migratoires.
-
[8]
Ce qui équivaut à une semi-élasticité proche de 1,2.
-
[9]
La semi-élasticité du PIB mondial à la fraction des migrants internationaux reste stable et proche de 1,2 à court terme, ce qui démontre à nouveau que leurs résultats ne dépendent pas du choix de modélisation de la technologie migratoire mais plutôt du volume du choc.