Couverture de RPVE_432

Article de revue

Introduction

Pages 5 à 6

English version

1 Les crises boursières, qu’elles soient causées par des scandales d’envergure (Enron, Worldcom, Parmalat, … ) ou par le marasme consécutif au « dégonflement » brusque (1987) ou au contraire interminable et d’autant plus douloureux (les premières années de ce siècle) d’une « bulle spéculative », ne manquent pas de raviver la controverse sur la délicate problématique de l’« efficience » des marchés financiers. Quelle que soit d’ailleurs la vigueur des prises de position, il existe entre tous ceux qui se sont penchés sur le problème un consensus fort pour déclarer qu’il est en tout cas « tout sauf simple ».

2 Nous aurions pu choisir de présenter une dizaine de contributions courtes qui auraient décrit chacune une facette de la problématique étudiée. Il nous a semblé que, pour donner une idée claire du thème de l’« efficience », cette façon de procéder aurait été à la fois dangereuse et contre-productive. Dangereuse, parce qu’elle aurait condamné les auteurs à des discours à l’emporte-pièce qui les auraient mis lourdement mal à l’aise. Contre-productive, parce qu’elle aurait exigé du lecteur une démarche au moins aussi exténuante que celle d’un caméléon fourvoyé sur une couverture écossaise …

3 Nous avons donc demandé à quatre universitaires, dont un duo, de produire trois contributions qui seraient chacune représentative d’un des trois courants de pensée majeurs que l’on peut aujourd’hui discerner dans le flux extrêmement nourri de la littérature académique produite sur la question.

4 Il s’agit, en premier lieu, du courant qui, dans cette littérature, a pour pivot une conception rigoureuse de l’hypothèse d’« anticipationsrationnelles » et a permis, dans le troisième quart du siècle dernier, le prodigieux travail de modélisation, couronné par plusieurs prix Nobel, dont la pierre angulaire est le fameux « modèle d’évaluation des actifs financiers » (Capital Asset Pricing Model), et qu’on appelle aujourd’hui communément la micro-économie financière moderne.

5 Le deuxième courant, dénommé « finance comportementale » (behavioral finance), s’il reste ancré dans une conception de la rationalité du comportement économique identique à celle du précédent, s’est efforcé, non sans succès, d’apporter des explications plausibles aux « anomalies » systématiques qu’avaient fait apparaître les innombrables tentatives de validation du modèle d’évaluation.

6 Le troisième courant de pensée, minoritaire mais vigoureux, est celui des économistes « hétérodoxes » qui, dans la foulée de Keynes et du célèbre chapitre 12 de sa « Théorie générale », procèdent à une mise en cause radicale du concept néo-classique de la rationalité et de la vision dominante de ce qu’on peut appeler la « fonction sociétale » des marchés financiers.

7 Il ne pouvait toutefois être question de laisser « hors champ » le rôle des pouvoirs publics dans la structuration des « systèmes de transaction financière » qui, loin d’être assimilables à des faits de nature, sont au contraire ce que Castoriadis appelait des constructions social-historiques. Il nous a donc paru indispensable de solliciter une quatrième contribution qui fasse non seulement l’inventaire des réalisations récentes et des projets de l’Union européenne en la matière, mais aussi le point sur les conceptions de la « régulation » qui sous-tendent ces initiatives.

8 Dans une cinquième contribution, enfin, le coordonnateur de ce dossier s’est permis de tenter une synthèse, polémique plus encore que critique, des contributions précitées, autant pour saisir l’occasion d’exprimer un point de vue personnel qu’on percevra aisément que pour contribuer à susciter un débat dont nous espérons qu’il se poursuivra au travers de réactions émanant aussi bien de praticiens de la finance que des milieux académiques.

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