On a coutume d’associer l’essor des idées et des pratiques démocratiques à une entrée en crise de la notion d’autorité. En effet, l’asymétrie et la hiérarchie, caractéristiques de la relation d’autorité, semblent incompatibles avec le principe d’égalité. Pourtant, on constate la persistance des mécanismes d’autorité au cœur de notre modernité démocratique. L’affaiblissement de l’autorité traditionnelle laisse place à de nouvelles formes d’autorité qui la rendent méconnaissable. Elle est résorbée dans l’adaptation au réel : on pense aux formes d’autorité dans le travail qui appellent l’adaptation, à l’autorité des politiques qui exigent l’adaptation aux conditions économiques. En même temps, l’affaiblissement des types traditionnels de l’autorité semble susciter la nostalgie et favoriser le désir d’une re-personnalisation des rapports de pouvoir.
Face à ce constat, la question est de savoir comment opérer une critique de l’autorité. Si l’autorité persiste insidieusement comme autorité de la réalité ou « des faits », peut-elle faire l’objet d’une critique et au nom de quel idéal normatif ? Faut-il dénoncer le caractère impersonnel de l’autorité en en appelant à un chef, à une personne ? Et comment comprendre la résurgence de l’autorité personnelle en démocratie ainsi que sa coexistence avec des processus impersonnels ? À travers ces formes paradoxales, l’autorité déjoue la critique. En partant d’Arendt, on cherchera des éléments de réponses à ces questions chez Weber et dans la théorie critique de l’École de Francfort…
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