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Article de revue

Désaveu et pactes inconscients dans la clinique en placement familial

Pages 117 à 129

Notes

  • [1]
    S. Freud, « L’inquiétante étrangeté » (1919), dans L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, 1985, p. 246.
  • [2]
    O. Manonni, Clefs pour l’imaginaire, Paris, Le Seuil, 1969, p. 18.
  • [3]
    R. Kaës, Les alliances inconscientes, Paris, Dunod, 2009, p. 152.
  • [4]
    M. Berger, C. Rigaud, « La parentalité impossible et le concept d’idéologie du lien familial », dans Devenir adoptable, être adopté, actes du colloque des 13 et 14 novembre 2003 à Paris, p. 63.
  • [5]
    Ibid., p. 125.
  • [6]
    P. Aulagnier, La violence de l’interprétation, Paris, Puf, 1975, p. 183.
  • [7]
    Ibid., p. 188.
  • [8]
    R. Kaës, Les alliances inconscientes, op. cit., p. 121. Et l’auteur de poursuivre : « Dans les séquences cliniques que je viens de présenter se trouvent réunis la plupart des mécanismes de défense qui composent un pacte dénégation: le refoulement conjoint de représentations insupportables et les dénégations successives qu’elles suscitent, le déni de la réalité perçue, la confusion qui s’ensuit et les ruses pour sortir de l’impasse du déni » (p. 122). On peut aisément retrouver cette dialectique dans la dynamique d’adoption silencieuse, faisant de cette construction psychique familiale une déclinaison possible des pactes dénégatifs.
  • [9]
    L’inconscient, faut-il encore le préciser, est ici prévalent.

1Pour tout clinicien, un tant soit peu formé à la psychanalyse, la question de l’étranger convoque invariablement celle du familier. Non pour l’évidente opposition sur laquelle l’éventuel argumentaire pourrait s’appuyer, contribuant ainsi, en un débat contradictoire, à la dynamique d’une réflexion en continu, mais bien pour la correspondance qu’il est toujours utile de rappeler lorsque le primat de l’inconscient reste au centre de l’observation. La notion d’Unheimlich précise cette relation en l’adossant à l’œuvre du refoulement : « […] ce Unheimlich n’est en réalité rien de nouveau ou d’étranger, mais quelque chose qui est pour la vie psychique familier de tout temps, et qui ne lui est devenu étranger que par le processus de refoulement [1] ». Ainsi l’action du refoulement ne serait-elle jamais aussi perceptible qu’à travers l’expression d’un familier devenu méconnaissable à force de travestissements successifs, dans la présence insistante d’un étranger en attente d’être reconnu. On assiste alors au retour d’un familier oublié dont la charge d’angoisse, l’inquiétude qu’il suscite, marquent tout particulièrement l’évidence de son appartenance : ce que chaque sujet vit comme étranger le touche au plus profond, le renvoie à une partie de lui qu’il pensait depuis longtemps dépassée ou dont il ne pouvait même imaginer le côtoiement. L’enfant placé peut-il représenter l’incarnation de cet étranger en soi, faisant retour avec force et révélant l’intensité d’une poussée des motions refoulées ? On peut parfois le penser en observant les effets de l’ambivalence au décours d’un accueil en institution. Certes, ce phénomène n’est pas l’apanage de la situation de placement. Il peut même être considéré comme l’une des expressions multiples de l’adresse et de la réception d’éléments psychiques, pour partie conscients, pour l’autre, inconscients, qui fondent l’évidence du registre de l’intersubjectivité quand l’enfant paraît. Néanmoins, cette dynamique psychique entre sujets, si elle est indispensable, révèle un risque d’achoppement aux conséquences plus ou moins délétères lorsque c’est le désaveu qui se substitue à l’œuvre du refoulement. C’est un fait certain : chaque famille s’en débrouille alors comme elle le peut. Mais cette réalité gagne une tout autre dimension lorsqu’elle atteint au plus profond la mission de protection de l’enfance qui légitime l’intervention d’une institution auprès d’une famille. Que ce phénomène s’observe dans de nombreuses configurations familiales ne saurait justifier l’absence de réactions ou une certaine nonchalance à son égard : son apparition doit faire l’objet d’un travail d’élaboration puisque cette exigence de transformation est à l’origine de l’intervention institutionnelle.

2Dans le cadre du travail clinique en placement familial, cette dialectique entre refoulement et désaveu peut prendre forme au sein d’une configuration familiale et institutionnelle spécifique nommée « adoption silencieuse ». Par ce terme, il s’agit d’insister sur l’établissement d’une situation d’adoption, malgré le statut de l’enfant placé et le cadre provisoire de son accueil. Le projet, s’il est défini d’entrée par un retour de l’enfant dans sa famille d’origine lorsque les conditions le permettront, connaît une substitution s’installant à bas bruit : à la place du projet initial apparaît un tout autre projet, agissant en sous-main et formé d’attentes et de mouvements devant rester suffisamment « autres » pour que chaque sujet ne puisse en reconnaître l’appartenance propre. L’enfant placé devient l’enfant de la famille d’accueil, bien que cette réalité puisse à tout moment se briser sur l’évidence rappelée à chaque nouvelle audience dans le cabinet du juge pour enfant. Une certaine réalité psychique est déniée, une forme de clivage se met en place, ce qui contribue à renforcer l’effet de violence provoqué par toute tentative visant à en éclairer les enjeux. Souvent, c’est à l’adolescence de l’enfant placé que la construction se défait et que l’illusion se dissipe. C’est alors sur le mode de la crise que la tentative de gérer l’action de l’étranger en soi, telle qu’elle s’est instituée dans le cadre d’une transaction entre sujets, rencontre l’échec. La réaction des différents acteurs est d’autant plus forte qu’elle s’exerce avec un effet retard. Il n’est plus possible d’ignorer l’impact d’une illusion prolongée et qui fut consacrée par le sujet lui-même. Le risque de rejet dans la relation est alors non négligeable, chacun étant rendu responsable de la résiliation d’un contrat signé de longue date.

3Ainsi les notions de désaveu, de contrat narcissique, d’alliances et de pactes inconscients s’imposent-elles comme des éléments indispensables lorsque l’on souhaite appréhender les enjeux d’une telle construction relationnelle. En effet, l’analyse des conditions ayant entraîné l’adoption dite silencieuse est d’autant plus décisive pour le devenir de l’accueil de l’enfant placé qu’il peut, dans le cas contraire, se solder par une rupture de lien. Dès lors, je préciserai, dans un premier temps, les conditions qui président à l’apparition d’une adoption silencieuse, avant de procéder à l’étude des alliances psychiques susceptibles de cristalliser cette modalité relationnelle dans le cadre d’un placement qualifié, dès le début, de provisoire. Je terminerai cette étude en exposant quelques pistes destinées à promouvoir la réinscription des premiers signes annonciateurs d’une adoption silencieuse dans le circuit de pensées dont toute institution doit se prévaloir. Le fil rouge de ce travail sera assuré par une référence clinique constante, glanée durant plus de quinze années passées dans ce type de structures médico-sociales. Une clinique qui nous permettra de mesurer les déclinaisons possibles de l’adoption dite silencieuse.

En quoi peut-on parler d’adoption silencieuse ?

4Tout d’abord, précisons un point d’importance : l’expression « adoption silencieuse » est contemporaine des premières recherches psychanalytiques sur la clinique en placement familial. C’est M. David (1989) qui proposera cette dénomination dans le but de souligner le mécanisme d’adoption tel qu’il se développe dans la situation d’un enfant placé, non adoptable au sens juridique du terme, mais affilié de manière quasi exclusive à sa famille d’accueil. Ce n’est pas tant l’opération d’adoption qui est silencieuse – elle est finalement exposée aux yeux et aux oreilles de tous, pour peu que l’on se donne la peine de la voir et de l’entendre – que les tenants psychiques à l’origine de ce « choix » partagé. Des motions répudiées mais continuant d’être agissantes à l’insu de chaque sujet, au point de précipiter ce phénomène avec une intensité toute particulière. Chaque protagoniste engagé dans ce scénario devient une scène pour l’autre, sur laquelle se projettent des souhaits et des attentes inconscients dont l’espoir de réalisation participe du registre de l’illusion. Ce qu’il faut taire, et ne peut être entendu malgré les efforts pour en élaborer les effets et les enjeux, l’autre le révèle : il en est à la fois le porte-parole et le réceptacle, déclinaisons de la fonction phorique dévolu à cet autre du sujet. Ce compromis psychique, où chaque partie attend de l’autre qu’il porte à sa place ce qu’il ne peut plus se reconnaître, relève d’une alternative visant à surseoir la dynamique refoulante. Il faut ici convoquer le mécanisme du désaveu et la puissance avec laquelle il se déploie pour prolonger des motions psychiques pourtant répudiées par la part consciente de l’appareil psychique. Mécanisme de défense puissant et qui se définit à travers l’expression « Je sais bien, mais quand même… » consacrée par O. Mannoni (1967). L’enjeu dans le désaveu consiste, rappelons-le, à maintenir dans le circuit de la relation avec l’autre des croyances aujourd’hui abandonnées mais qui ont eu leur importance jadis pour le sujet, et que l’autre est désormais mis en demeure de porter à son tour et de maintenir vivantes. L’enfant est le partenaire tout désigné pour assurer la perpétuation de ces constructions psychiques que l’adulte ne peut plus désormais revendiquer : « […] l’enfant, comme figure extérieure et présente, peut jouer un rôle non négligeable pour se charger, avec répudiation, de nos croyances […] [2] ». Jeu psychique à deux ou plus, où l’illusion et le leurre font part égale dans l’échange et l’instauration d’un pacte dénégatif : « […] ce double jeu de l’illusion et du leurre, où chacun trouve son compte à ne pas être désillusionné. Que chacun accrédite l’objet de la croyance de l’autre est l’un des mobiles du pacte dénégatif [3] ».

5Cette importance du désaveu, c’est-à-dire d’une perpétuation de croyances devenues caduques, ne s’inscrit pas uniquement dans le couple formé par l’enfant et son assistante familiale. Pour pouvoir s’installer sur une longue période – ce dont l’adoption silencieuse se prévaut –, il lui faut le relais assuré par, sinon l’ensemble, au moins un grand nombre des intervenants gravitant autour de la situation. L’institution, par les incorporats idéologiques qu’elle abrite, est susceptible d’y contribuer largement. L’expression du désaveu est alors tout particulièrement déterminante : « Je sais bien que cet enfant est placé et que son projet de retour dans sa famille d’origine est prononcé, mais son inscription durable dans cette famille que nous lui avons trouvée nous apparaît comme bien plus concevable. » Une telle analyse peut dès lors se prévaloir des propos tenus par M. Berger et C. Rigaud lors d’un colloque sur l’adoption : « Toute idéologie cherche à éliminer la souffrance liée à la complexité d’une situation, au prix du maintien d’une illusion, au prix de l’omnipotence de l’idée au détriment de la réalité. Les faits n’ont donc pas d’importance, ou sont interprétés et déformés en fonction de cette croyance, qui est intouchable [4]. » On parle souvent de la notion de réparation lorsque l’on évoque les raisons profondes du choix professionnel des travailleurs sociaux et des psychistes. Cette origine n’ayant pas toujours fait l’objet d’un travail analytique, il n’est pas surprenant que de telles motions inconscientes fassent retour à travers l’objet même de leur mission. Sans exclure le fait que le travail d’analyse peut également connaître certaines limites et que le clinicien lui-même n’est pas toujours à l’abri de la résurgence d’un matériel laissé dans l’ombre…

6La rencontre avec l’enfant placé participe donc d’une collusion, parfois même d’une coalescence entre psychismes, dont l’objectif est d’assurer un colmatage face à des effets traumatiques d’importance variable mais dont le point commun est de n’avoir pu être suffisamment subjectivés. Elle relève en partie de la pathologie du double. Comment expliquer autrement l’intensité d’un lien que rien, de prime abord, ne saurait logiquement expliquer ? L’enfant placé, corps étranger pour la famille d’accueil, fait l’objet d’un investissement massif et immédiat. Lorsque l’on interroge l’assistante familiale sur l’origine de ce mouvement, elle peut faire appel à une rhétorique qui suggère bien plus le discours amoureux que l’énoncé d’une rencontre entre deux sujets suffisamment différenciés : « La première fois que l’on s’est vu, on s’est tout de suite reconnu. C’est comme si il y avait eu un flash entre nous. » La rencontre se construit sur une relation d’évidence (Cornalba, 2005). Elle donne corps à une attente partagée qui, bien qu’elle ne corresponde pas exactement aux mêmes enjeux, n’en reste pas moins au centre de la relation. Une relation qui se définit principalement par le principe du hors-tiers, la fonction de tiercéité étant perçue, à juste titre, comme ce qui pourrait empêcher l’illusion de se perpétuer. Toute figure susceptible de s’offrir comme porteuse d’un possible dégagement à l’égard de ce scénario fantasmatique devient la cible d’une destitution, même si par ailleurs elle fait l’objet d’un discours manifeste qui la sollicite et la valorise. Malgré une demande authentique, tout est fait pour que l’action de ce tiers soit empêchée et neutralisée.

7Pour que cette situation fasse le lit de ce qui aboutira au bout du compte à une adoption silencieuse, l’élection entre deux personnes ne suffit pas. Il faut également la conjonction d’autres paramètres, tout aussi indispensables. Pour que l’adoption silencieuse soit effective, il faut en effet la convergence de quatre conditions essentielles. D’une part, je l’ai dit, un investissement à parts égales entre l’enfant placé et son assistante familiale. Il devra être relayé par l’ensemble de la famille d’accueil, mais c’est bien dans cette rencontre particulière que se joueront d’emblée les enjeux de l’adoption à venir. On retrouve ici cette relation d’évidence qui, au bout du compte, reste irréductible à toute tentative de trouver un discours susceptible de définir l’intensité et la force de la rencontre. Quelque chose s’est imposé hors mots, et ce contexte dévoile pour tout psychisme l’influence de l’inconscient.

8L’institution que représente le placement familial devra, troisième condition, valider plus ou moins inconsciemment la possibilité de cette construction familiale. Enfin, les parents d’origine rendront ce scénario envisageable par leur disparition de la situation ou leur refus – suscité, il faut bien le reconnaître, dans certaines situations par les institutions présentes – d’une place et d’un rôle symbolique fort, contrepoids souvent suffisant pour empêcher l’instauration de cette adoption. Celle-ci, je le répète, a besoin de temps et d’une certaine complaisance pour se développer. Les parents d’origine, par leur absence, laissent ainsi le champ libre à cette nouvelle configuration familiale. Que l’on ne s’y méprenne pas : il ne s’agit pas ici de porter un jugement définitif et sans nuance sur ce genre d’opération. Cette situation, au-delà de l’effet transgressif qu’elle révèle assurément, peut s’avérer malgré tout un moindre mal, en particulier dans ces cas où les parents disparaissent régulièrement, sur des périodes relativement longues – tout au moins si l’on se réfère à la temporalité de l’enfant –, pour réapparaître comme si de rien n’était, plongeant leur enfant dans des abîmes d’incompréhension. Cette manière d’inscrire une parentalité pathogène dans le cours du développement psychique de l’enfant provoque des fragilités narcissique et symbolique massives, qu’il est possible certes de soigner mais non sans peine. L’adoption silencieuse peut ainsi apparaître comme un moindre coût face à l’inconstance parentale et leur incapacité d’aider leur enfant à symboliser les raisons de leur absence. La famille d’accueil assume une place symbolique substitutive dont l’enfant a besoin pour grandir. On voit, par là même, la complexité de la dynamique que cette étude tente de cerner.

9

L’exemple clinique suivant est en mesure d’illustrer les enjeux et les effets de ce phénomène : madame M a accueilli Fabien alors qu’il n’avait que neuf jours. Les parents, présents et très investis dans l’accueil de leur enfant, ont présenté très tôt des désordres psychiques ayant nécessité la présence de professionnels lors de visites médiatisées. Ces problèmes psychiques, différents chez le père et la mère – celle-ci était atteinte d’une débilité légère, tandis que le père présentait un fonctionnement délirant –, s’accompagnaient d’une inadéquation majeure dans les réponses faites à l’enfant. Après un temps pendant lequel une tentative d’aide à la parentalité s’est mise en place, l’équipe fut progressivement confrontée aux limites de ce travail, les parents posant une série d’ultimatums en totale inadéquation avec les besoins et les rythmes de Fabien. L’acceptation d’une inscription plus profonde de Fabien auprès de son assistante familiale s’inscrivit dans une sorte d’accord tacite. Le temps avançait, les problèmes psychiques des parents rendaient toute évolution inenvisageable, et Fabien trouvait dans sa famille d’accueil les conditions adéquates pour son développement. Après une succession de visites très tendues, les parents ont disparu, considérant – en partie, à raison – qu’on leur enlevait leur enfant. Le père déclara ne plus jamais revenir en menaçant « de faire avec sa femme des milliers d’enfants qui envahiraient le placement familial ».
Dès le début, Fabien présenta une hypertonicité musculaire, s’accompagnant de troubles alimentaires et de l’endormissement massifs. L’assistante familiale dut faire preuve d’une adaptation exceptionnelle pour sortir cet enfant d’une évolution psychopathologie grave. Tout au long de son enfance, l’assistante familiale s’est battue bec et ongles pour offrir à Fabien les conditions d’accueil à l’école et d’enseignement les plus favorables, et ceci compte tenu des problèmes de comportement dont cet enfant pouvait faire preuve. Bien qu’épaulée par l’institution dans chacune de ses démarches, l’assistante maternelle se plaignait de façon constante de l’insuffisance d’une présence du référent. Il fut souligné l’ambivalence manifeste de madame M lorsqu’un tiers intervenait dans la situation. Bien que désirée, cette présence se trouvait comme annulée par des conduites qui dévalorisaient les aides potentielles offertes à l’assistante familiale. Cet investissement inconditionnel fut mis à mal lorsque la ré-orientation scolaire de Fabien fut évoquée : lors d’une synthèse houleuse, en présence des différentes institutions présentes dans la situation de Fabien, l’assistante famille avoua, avec une évidence qui ne supportait aucun désaccord, avoir été à l’initiative de recherches neurologiques sur Fabien (demande et réalisation d’un scanner) sans en avoir référé au centre de placement familial. La décision lui revenait, comme pour tout parent avec son propre enfant.

10Il est important de souligner la part active de l’enfant dans cette évolution du placement : l’adoption silencieuse peut apparaître pour l’enfant placé comme une solution possible pour réduire l’effet de désubjectivation que la décision de placement a provoqué. Être acteur de son placement passe par cette illusion de choisir et d’appartenir de fait à la famille d’accueil, scénario d’autant plus actif qu’il peut rencontrer l’influence du roman familial chez l’enfant (Cornalba, 2016). Ainsi l’âge auquel l’enfant est accueilli possède-t-il une importance déterminante dans l’apparition de l’adoption silencieuse et la forme qu’elle prendra. Il est d’ailleurs possible d’établir une certaine typologie de l’adoption dite silencieuse, selon que l’enfant est arrivé nourrisson dans sa famille d’accueil ou un peu plus grand. Néanmoins, et dans tous les cas, l’instauration de ce modèle adoptif au sein de la famille d’accueil correspond à une recherche de sens, à une demande symbolique forte que la décision de placement – pour des raisons de protection qu’il ne s’agit pas de contester, dans la plupart des cas – est venue redistribuer. La décision du juge – symbolique forte – s’est substituée à la parole familiale d’origine, pouvant rendre indécise, plus ou moins imprécise, tout au moins fantasmatiquement, les questions de l’appartenance et de l’inscription.

Contrat narcissique et pactes inconscients en famille d’accueil

11Il convient de souligner, d’entrée, la double polarité qu’alliances et pactes portent en tant que tels, à la fois organisateurs, structurants dans le lien, et par essence aliénants puisqu’ils se fondent sur l’interdépendance à l’autre. L’approche psychopathologique appréhendera la dimension pathogène ou symboligène de telles alliances à partir de critères économiques et dynamiques que ces constructions sont en mesure de révéler en cours d’analyse. Si leur présence n’est pas preuve d’un dysfonctionnement, les mouvements et mécanismes de défense qu’elles génèrent sont susceptibles, pour leur part, de provoquer des effets aux conséquences très différentes. Au bout du compte, c’est bien l’apport ou l’absence symbolique qu’elles provoquent qui précisera leur tonalité spécifique. L’alliance et le pacte sont qualifiables à partir du processus de subjectivation assuré ou empêché. Le fonctionnement psychique groupal témoigne de cette alternative : « Les alliances aliénantes achoppent sur la fonction refoulante des sujets qui s’y lient. Elles sont fondées sur le déni ou le désaveu, le rejet ou la forclusion. Ces alliances sont aliénantes parce qu’elles rendent les sujets qui s’y lient radicalement étrangers à eux-mêmes [5]. »

12

Madame T accueille deux frères, migrants venus de Syrie avec leur père, aujourd’hui incarcéré pour des faits de violence aggravés. Les enfants, mais plus particulièrement l’aîné, se sont très vite installés dans leur famille d’accueil, avec la demande explicite de lui appartenir. Cette attente forte ne s’exprime pas par des mots, plutôt par des actes qui, au quotidien, relèvent de l’emprise. L’aîné des deux frères est omniprésent, quêtant insatiablement l’approbation de son assistante familiale, se l’accaparant de manière exclusive. Cette situation pourrait susciter un mouvement de recul tout à fait compréhensible chez l’assistante familiale. Pourtant, loin de provoquer un tel effet, madame T arbore un grand sourire lorsqu’elle énonce les multiples sollicitations, intrusives pour certaines, dont elle fait l’objet. Chaque intervenant, en position tierce, constate cet écart entre la narration des faits, transgressifs et répétitifs, et le ton badin, les sourires et les clins d’œil qui l’accompagnent. L’assistante familiale ne conteste pas l’analyse faite de la situation et les difficultés rencontrées dans l’accompagnement de la fratrie. Pour autant, cette analyse ne produit pas le même effet et l’évidence, chez l’assistante familiale, d’un changement dans les conditions d’accueil.
La situation connaît une brusque accélération lorsqu’un élément signifiant est porté à la connaissance de l’équipe : la situation actuelle de placement fait écho avec un épisode de vie, à dimension hautement traumatique, chez l’assistante familiale. Cet effet de résonance, bien que transmis au pôle référentiel qui assure l’accompagnement de l’enfant et de sa famille d’accueil, ne parvient pas à intégrer le circuit d’élaboration assuré habituellement par l’équipe : l’assistante familiale refuse que ces éléments, pourtant signifiants au regard de ce que l’aîné de la fratrie met en jeu, soient transmis à la fratrie, craignant que cette révélation faite aux enfants ne la soumette un peu plus à leur contrôle. Ce qui devenait possible, inscrit dans une économie libidinale de la famille d’accueil – tous les membres de la famille avaient bien repéré la correspondance que l’on pouvait établir entre cette situation de placement et l’épisode de vie incriminé –, apparaît bientôt insupportable et précipite une volonté de mise à distance assez violente. Le charme est rompu, les yeux se dessillent, et l’urgence d’une séparation provoquée devient la seule réponse possible. Une solution de transition est trouvée, avec un maintien des liens mais en statuant sur le nécessaire éloignement.
L’histoire pourrait s’arrêter là, chronique d’une adoption silencieuse annoncée, laissant chacun avec ce goût d’inachevé propre à ces situations où quelque chose a largement échappé. Ce serait faire abstraction du fait que l’institution avait eu vent de cet élément de vie – évoqué au cours du recrutement de l’assistante familiale, laissé en dépôt et hors d’un premier travail élaboratif –, choisissant justement cette famille pour réaliser l’accueil de cette fratrie. La configuration de l’histoire familiale de l’assistante familiale ne pouvait qu’entrer en résonance avec l’actualité des enfants. Pourtant, c’est bien ce lieu qui avait été trouvé et confirmé malgré les difficultés. Comment dès lors expliquer une telle dynamique dans une institution qui, par ailleurs, fonctionnait plutôt bien, formée aux enjeux inconscients et aux effets de répétition qui s’y déploient ordinairement ? On est bien obligé de considérer que ce pacte dénégatif était tout autant l’œuvre de la famille accueillante que du centre de placement familial. Quelles pouvaient en être les raisons ? Pour l’heure, j’avancerai simplement l’idée que le modèle adoptif en placement familial reste aujourd’hui prévalent et qu’il s’inscrit comme effet de carence dans la réflexion d’une responsabilité parentale partagée.

13Les alliances qui s’établissent au sein d’une famille sont l’expression d’un « discours de l’ensemble » (Aulagnier, 1975) dont les ramifications se situent bien au-delà de la scène familiale. Ainsi convient-il de les relier au discours idéologique qui prévaut dans le temps et le lieu où ces alliances s’établissent. Le contrat narcissique n’y échappe pas, validant une série de pré-requis datés et culturellement marqués qui conditionneront les termes du contrat. Parmi ceux-ci, rappelons l’énoncé suivant : « Le discours social projette sur l’infans la même anticipation que celle propre au discours parental : bien avant que le nouveau sujet ne soit là, sera réinvestie par le groupe la place qu’il sera supposé occuper, dans l’espoir qu’il transmettra identiquement le modèle socio-culturel [6]. » Nul doute que l’enfant placé, dont l’arrivée est annoncée et attendue par sa future famille d’accueil, y sera doublement confronté : du fait du projet familial sur lequel repose la décision d’une famille d’accueil de le recevoir, corps étranger, en son sein, mais aussi par l’effet de destitution, plus ou moins profondément vécu, qui accompagne la décision de placement. La famille dite « naturelle » est contestée dans son discours sur l’appréhension du monde, un discours qui devait assurer à l’enfant « un droit légitime d’héritage [7] » et une place garante d’une voix future reconnue. Sans pour autant faire disparaître l’influence de ce discours originel, la fragilisation dont il fait l’objet à travers le jugement du corps social se fait durement sentir. A contrario, la famille d’accueil, adoubée par le discours social en tant que « famille suffisamment bonne », porteuse d’une juste vision du monde – elle en fut assurée par la délivrance d’un agrément dûment estampillé par les services sociaux – devient détentrice de cette parole subjectalisante (Cahn, 2004), indispensable pour l’avènement du Je de l’enfant. Ce dernier peut donc se jeter à corps perdu dans l’adoption silencieuse afin de colmater l’impression de perte de pouvoir du discours originel et de réduire, par là même, l’angoisse concomitante éprouvée. Mais si ce rattachement à la famille d’accueil ne se fait que sous cette seule injonction, il est fort à parier qu’elle se soldera, avec l’émergence de l’adolescence, à un recours à la violence d’une intensité égale à celle qui fut ressentie sans être véritablement exprimée jadis. Pourquoi à l’adolescence ? Certainement parce que ce moment logique dans la construction d’un sujet le confronte essentiellement aux effets des premiers discours sur lui-même et à la prise en charge, par lui-même, de son rapport à l’origine. L’adolescent est détenteur d’une maturité sexuelle, et le corps pubère lui impose de considérer la part active à laquelle il peut désormais prétendre dans la perpétuation du registre de l’origine et dans la responsabilité qui lui incombe. Le sentiment de duplicité apparaît d’autant plus fort que le sujet perçoit inconsciemment qu’il fut acteur dans cette opération qui l’a abusé (Cornalba, 2006).

14En s’appuyant sur ce concept de « contrat narcissique » entre le sujet arrivant dans un monde qui lui préexiste et l’environnement qui le reçoit, R. Kaës a approfondi la notion d’alliances inconscientes. Parmi celles-ci, les pactes inconscients se constituent à partir de la désignation d’une place, attribuée au sujet et à laquelle il ne peut se dérober tant que les enjeux qui les sous-tendent ne seront pas dévoilés. « Le prix en est la méconnaissance de ce qui est pour chacun en jeu dans le lien, c’est cela même dont il ne saurait être question entre ceux que lie le pacte, dans leur intérêt mutuel […] [8] », et chacun se prête à la prolongation du registre de l’illusion afin de tenir à distance effets d’un trauma ancien et représentations douloureuses. Le pacte dénégatif s’impose en sa fonction de protection, un pacte dont chaque signataire doit être le gardien, veillant à la bonne étanchéité du dispositif ainsi partagé. L’adoption silencieuse en représente l’une des déclinaisons possibles. Il devient alors particulièrement important de donner aux familles d’accueil et aux institutions qui accompagnent l’enfant placé les moyens permettant de signifier les effets de cette dynamique dès ses premières manifestations. Je soutiens que l’adoption ne devient silencieuse que par la complicité offerte par l’institution et qu’il n’est pas possible que ses effets se dévoile tardivement sans une participation active qui se traduit in fine par le « choix [9] » d’une structure de ne voir, ni d’entendre ce qui se montrait pourtant déjà.

La fonction du répondant en placement familial : confier, métaboliser, inscrire

15Au final, un certain constat s’impose, prolongé par un nécessaire engagement : que la solution adoptive se présente au décours d’un placement qui se déroule bien n’est certes pas incongrue. Encore faut-il accompagner ce phénomène en le reliant aux mouvements psychiques individuels et institutionnels ayant présidé à son origine, mais aussi ceux qu’il entraîne à sa suite. L’adoption silencieuse relève principalement d’un inélaboré : en l’occurrence, la reconnaissance d’une fonction symbolique et symbolisante indispensable dans une situation où le discours parental originel est devenu caduc ou, tout au moins, temporairement fragilisé. L’absence d’une parole, c’est-à-dire d’un acte qui assure la validité d’une telle recherche, par l’enfant comme par sa famille d’accueil, fait le lit d’un autre matériel, inconscient, visant à justifier l’intérêt de l’opération. Certes, l’adoption silencieuse peut également apparaître, d’emblée, hors de tout lien avec cette approche spécifique autour de la fonction symbolique : la situation de placement se prêtera comme un prétexte, l’occasion rêvée à l’expression de motions inconscientes en souffrance, en attente de support. Mais très souvent, il faut du temps pour que l’adoption silencieuse prenne corps, et l’absence de répondant à cette évolution du lien ne peut que précipiter une recherche en sens à géométrie variable, et relevant d’une dimension idiosyncrasique. L’enjeu est alors de promouvoir une parole qui inscrit le phénomène dans un circuit de pensées partageable et non exclusif. Plus précisément, la dynamique de l’adoption silencieuse ouvre une réflexion nécessaire sur la question de responsabilités parentales partagées entre famille d’origine et famille d’accueil. C’est alors l’importance de travailler la question de la complémentarité des adultes de référence auprès de l’enfant qui est en jeu, en veillant à accompagner les effets du « choc culturel familial » (Cornalba, 2014) que cette situation ne saurait éviter. Il devient urgent qu’une réflexion générale, déjà entamée depuis longtemps, aboutisse à une évolution juridique de la place symbolique de la famille d’accueil auprès de l’enfant placé, tout au moins dans les situations où la présence discontinue des parents et la prolongation probable du placement sur une longue durée sont avérées. Le modèle du confiage, habituel dans certaines sociétés, pourrait faire l’objet d’une adaptation au cadre socioculturel qui est le nôtre. Il s’agirait de reconnaître la place symbolique particulière d’une famille pour un enfant, le temps qu’il vit sous son toit. Parentalité partagée et énoncée d’entrée lors de la décision de placement ou à mesure que la problématique particulière de la situation se précise. En d’autres termes, il est injustifiable de laisser un enfant sans réponse sur certaines questions, sur une durée trop longue. La réactivité est de mise, et la disparition répétée de certains parents, ponctuée parfois de retours intempestifs et non expliqués, doit être compensée par un cadre symbolique et symbolisant suffisamment stable et rassurant pour l’enfant. Or, la réponse actuelle, avec la reconnaissance du délaissement de l’enfant et son inscription presque mécanique, en tant que pupille de l’État, au statut d’enfant adoptable – adoption simple ou plénière –, manque de nuances. Elle ne peut rendre compte de la variété des situations et de la finesse de la fonction symbolique qu’il convient souvent de tricoter pour un enfant donné.

16Ainsi, parmi tant d’autres, il ne faudrait pas oublier une donnée essentielle : l’enfant placé est un corps étranger, et cette réalité n’a pas à être évacuée dans le cadre d’un placement à caractère familial. Quel peut être dès lors le compromis ? Peut-être s’agit-il de sortir du modèle de la greffe, telle qu’elle fut longtemps portée par les structures de placement familial, pour envisager ce que j’appellerai, faute d’une expression plus appropriée, un placement « en nourrice ». À la réflexion, cette dénomination peut être génératrice de pensées nouvelles sur les enjeux du placement, à la condition bien entendu de la distinguer suffisamment de son acception passée. Je serai enclin à proposer la métaphore de l’organe mis en nourrice, tel que la clinique de la transplantation a pu l’instituer. L’enfant serait placé parce qu’il a besoin d’assimiler un certain nombre d’éléments psychiques non métabolisables. On est là dans le modèle bionien, avec le prêt d’un appareil à penser les pensées, fonction vicariante permettant de transformer les éléments bêta en éléments alpha. Un placement à la becquée, pour tout dire, par association avec ce que nécessite la situation d’un oisillon incapable de digérer une nourriture trop riche pour ses capacités d’assimilation. En contrepartie, il conviendrait d’accepter qu’il puisse rester quelque chose de non intégrable, de non totalement assimilable, dans le cadre du placement d’un enfant porteur d’une dimension étrangère irréductible. L’enfant ne pourrait être – et ne devrait être – totalement intégré. L’importance d’une fonction symbolisante effective et utilisable au plus près du quotidien de l’enfant ne saurait effacer la réalité d’une origine qui s’est joué ailleurs que dans la famille d’accueil. Car c’est bien l’oubli de cette dimension initiale, dans l’illusion partagée d’une nouvelle origine, qui au final fait voler en éclat la certitude d’appartenance. Souvent, c’est à l’occasion d’un événement symbolique, mais commun à toute histoire familiale – un héritage, par exemple – que l’on mesure la limite du projet d’adoption. L’évidence de l’appartenance de l’enfant à sa famille d’accueil se lézarde au contact d’enjeux de filiation que l’adoption silencieuse avait contribué à voiler. L’accompagnement institutionnel apparaît dès lors comme l’outil indispensable à la transformation de la dynamique inconsciente de l’adoption silencieuse en une validation des besoins symboliques de l’enfant. Mais une validation bornée par les enjeux spécifiques d’une situation, en veillant à ce qu’elle ne légitime pas d’autres enjeux, étrangers aux missions premières du placement. C’est la formation de l’ensemble des personnels œuvrant en placement familial – et les assistantes familiales au premier chef – aux dynamiques psychiques inconscientes qu’il convient aujourd’hui de renforcer. Face aux tentations technicisantes des nouvelles formations en service social, je défendrai toujours l’idée d’une logique de travail social, c’est-à-dire d’une pratique mettant au premier plan l’action de transformation de ces matériaux en attente de sens que des publics en proie à la mésinscription nous adressent sans discontinuer.

17J’ai soutenu ailleurs que, si toutes les questions de l’enfant devaient être réceptionnées au sein de la famille d’accueil, la famille d’accueil n’avait pas à assurer, ni à assumer, pour autant toutes les réponses. Certaines d’entre elles doivent être portées hors lieu strict de placement – le domicile de l’assistante familiale et de la famille d’accueil – et être relayées dans l’entre-deux que représentent le centre de placement familial, les locaux de l’ase ou le cabinet du juge des enfants. L’option encore aujourd’hui retenue dans certains départements de laisser la famille d’accueil seule face aux enjeux du placement et même aux sollicitations de la famille d’origine est une aberration. Comment dès lors accompagner une limite nécessaire au projet de placement afin que l’accueil puisse perdurer, sans empêcher l’instauration de liens durables et forts ? Accepter que quelque chose doive rester étranger, tout en reconnaissant la charge symbolique que représente tout accueil véritable, tel pourrait être la gageure inhérente au projet de placement familial.

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Mots-clés éditeurs : pactes dénégatifs, Adoption silencieuse, alliances inconscientes, placement familial

Mise en ligne 15/01/2018

https://doi.org/10.3917/rppg.069.0117

Notes

  • [1]
    S. Freud, « L’inquiétante étrangeté » (1919), dans L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, 1985, p. 246.
  • [2]
    O. Manonni, Clefs pour l’imaginaire, Paris, Le Seuil, 1969, p. 18.
  • [3]
    R. Kaës, Les alliances inconscientes, Paris, Dunod, 2009, p. 152.
  • [4]
    M. Berger, C. Rigaud, « La parentalité impossible et le concept d’idéologie du lien familial », dans Devenir adoptable, être adopté, actes du colloque des 13 et 14 novembre 2003 à Paris, p. 63.
  • [5]
    Ibid., p. 125.
  • [6]
    P. Aulagnier, La violence de l’interprétation, Paris, Puf, 1975, p. 183.
  • [7]
    Ibid., p. 188.
  • [8]
    R. Kaës, Les alliances inconscientes, op. cit., p. 121. Et l’auteur de poursuivre : « Dans les séquences cliniques que je viens de présenter se trouvent réunis la plupart des mécanismes de défense qui composent un pacte dénégation: le refoulement conjoint de représentations insupportables et les dénégations successives qu’elles suscitent, le déni de la réalité perçue, la confusion qui s’ensuit et les ruses pour sortir de l’impasse du déni » (p. 122). On peut aisément retrouver cette dialectique dans la dynamique d’adoption silencieuse, faisant de cette construction psychique familiale une déclinaison possible des pactes dénégatifs.
  • [9]
    L’inconscient, faut-il encore le préciser, est ici prévalent.
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