Couverture de RPPG_066

Article de revue

L’environnement chez Charlotte Salomon... : double impact traumatique et résilient à la base du processus créateur

Pages 39 à 52

Notes

  • [1]
    Sylvie Bourdet-Loubère, psychologue, chu Purpan, hôpital Paule de Viguier ; maître de conférences, université Toulouse 2 Jean Jaurès, Laboratoire lcpi ; bourdet@univ-tlse2.fr
    Gérard Pirlot, professeur de psychopathologie psychanalytique, université Toulouse 2 Jean Jaurès, Laboratoire lcpi ; psychanalyste membre de la spp, ancien psychiatre des hôpitaux.
    . C. Salomon, Vie ? ou Théâtre ?, catalogue de l’exposition, Paris, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Pestel, 2006.
  • [2]
    La nuit du 9 novembre 1938, nommée Kristalnacht fut une nuit de violence et de destruction exercées à l’encontre des juifs suite à l’assassinat d’un diplomate allemand à Paris, pour lequel un juif fut accusé.
  • [3]
    C. Salomon, Vie ? ou Théâtre ?, Catalogue de l’exposition, Paris, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Pestel, 2006.
  • [4]
    La traduction française de l’œuvre est : Vie ? ou Théâtre ?
  • [5]
    « C’est mon destin que de ne pas être reconnue maintenant, mais je suis presque certaine de ne pas être oubliée dans l’avenir. Un jour/les gens nous regarderons/à tous les deux. »
  • [6]
    D. Anzieu, Créer-Détruire, Paris, Dunod, 1996, p. 28.
  • [7]
    Ibid., p. 40.
  • [8]
    Ibid., p. 36.
  • [9]
    M. Manciaux et coll., « La résilience : état des lieux », dans M. Manciaux et coll., La résilience : résister et se construire, Genève, Cahiers Médicaux Sociaux, 2001, p. 17.

Éléments de vie de Charlotte Salomon (1917-1943)

1 « Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe. » Ainsi débute le roman controversé de D. Foenkinos (2014), basé sur la vie de Charlotte Salomon.

2 Dès sa prime enfance, la mère de Charlotte l’amenait en effet avec elle au cimetière où était enterrée sa propre sœur, prénommée Charlotte, décédée à l’âge de 18 ans après s’être précipitée depuis un pont dans une eau glaciale. À partir de là, et donc bien avant la naissance de Charlotte Salomon, sa mère, qui était très liée à sa sœur, semble développer en réaction une mélancolie morbide, dont les absences et l’indisponibilité psychiques ne sont pas sans évoquer le concept de « mère morte » de Green (1983). Ce suicide dans la branche maternelle n’est cependant ni le premier ni le dernier puisque pas moins de six suicides peuvent être répertoriés dans la lignée maternelle avant même ceux de la tante puis de la mère de Charlotte et finalement celui de la grand-mère elle-même, ce qui interroge également sur la transmission familiale de la dépression mélancolique et du raptus suicidaire.

3 La mère de Charlotte se suicide donc par précipitation en 1926 (Charlotte a alors 9 ans) non sans avoir raconté à sa fille adorée qu’elle allait se transformer en « ange du ciel [1] » et que, de là-haut, elle lui écrirait. Le père de Charlotte, avec la complicité des grands-parents maternels, décide de cacher la nature de ce décès à sa fille et lui fait croire que sa mère a été emportée par la grippe, ce qui alimente le secret familial autour de la mort par suicide. Charlotte passera des semaines et des mois à attendre un courrier du ciel, comme sa mère le lui avait promis, avant de comprendre que l’on ne revient pas de la mort et de se résigner à la perte inéluctable de sa mère, ce qui nous apparaît constituer un premier trauma pour Charlotte.

4 Elle apprendra finalement la vérité sur le décès de celle-ci en 1939, lorsque sa grand-mère, après une première tentative de suicide, finira par mourir précipitée par la fenêtre sous les yeux de sa petite-fille, missionnée par le grand-père pour « empêcher sa grand-mère de se suicider ». Suite à ce geste fatal, le grand-père choqué et désespéré avouera de façon abrupte et sans ménagement la longue lignée de suicides dans la famille de sa femme et enjoindra même Charlotte à se suicider elle-même au plus vite : « Vas-y, tue toi une bonne fois pour toutes, que l’on en finisse avec ces fadaises ! » Cet épisode, de par la violence qu’il recèle, semble jouer le rôle d’événement traumatique secondaire et vient présentifier pour Charlotte un destin tout tracé.

5 Mais revenons à l’enfance. Après le décès de sa mère, Charlotte reste seule avec son père, Albert Salomon, brillant chirurgien qui semble s’être défensivement surinvesti professionnellement suite au décès de sa femme, ce qui fera dire à sa fille que son père « ne s’intéresse pas à elle ». Elle grandit donc sous la supervision de différentes gouvernantes embauchées par son père pour s’occuper d’elle. L’une d’entre elles, surnommée Hase, paraît avoir joué un rôle particulier dans l’enfance de Charlotte. A-t-elle incarné pour Charlotte une première « bonne rencontre » avec un tuteur de résilience ? L’enfant investit Hase immédiatement, développant une relation de dépendance et d’identification proche de la fusion. Cependant, le tempérament de Charlotte se révèle, elle veut Hase « pour elle seule » et se réjouit de comprendre que celle-ci « n’est pas jolie et ne plaît pas aux hommes ». Lorsque Charlotte a 13 ans, Hase est moins présente à la maison, le père estimant que sa fille peut désormais se passer de gouvernante. Charlotte semble à cette période revivre l’abandon de l’objet maternel, elle s’isole, s’enfonce dans le silence de cette maison vide et triste et a du mal à se faire des amies au collège. Lorsque son père rencontre Paula Lindberg et en tombe amoureux, l’arrivée de celle-ci dans la demeure familiale transforme la vie de la jeune fille. Celle-ci semble tout d’abord trouver là un substitut maternel, avidement recherché depuis le décès de sa mère. Charlotte, en attente d’amour et d’affection depuis la disparition de sa mère, paraît fascinée par cette femme réputée et brillante, cherche à attirer son attention et à s’en faire aimer à tout prix. La relation entre les deux femmes sera cependant complexe et conflictuelle du fait de l’avidité relationnelle et affective de la jeune fille et du caractère fantasque de la belle-mère.

6 À l’âge de 16 ans, Charlotte, brillante élève au lycée mais dont la jeunesse se consume dans le silence et l’isolement, cesse brutalement de lire et de rêver et se prend de passion pour le dessin suite à un voyage en Italie effectué en 1933 avec les grands-parents maternels au cours duquel elle découvre les œuvres majeures et semble particulièrement fascinée par la chapelle Sixtine. Cette rencontre avec l’Art résonne comme une évidence : « Devant certains tableaux, son cœur bat comme pour un amour » (Silber, 2007). À son retour, Charlotte n’aura de cesse d’intégrer une école des Beaux-arts à Berlin (malgré les difficultés de l’époque et les traitements réservés aux Juifs) qu’elle fréquentera de 1935 à 1937. Son talent la classe première à un concours mais l’Histoire l’amène à devoir renoncer à ce prix, du fait de l’antisémitisme ambiant, ce qui crée une forte déception et accroît le sentiment d’injustice chez la jeune fille. Cependant, Charlotte paraît d’ores et déjà consciente de sa propre valeur mais aussi de sa fragilité et de sa détresse affective.

7 La rencontre avec Alfred Wolfsohn, professeur de musique de sa belle-mère, fournira l’étayage résilient qui la soutiendra tout au long de sa courte vie et participera à l’indéfectible volonté de Charlotte de se battre contre son destin et de faire « œuvre ». Dans Vie ? ou Théâtre ?, elle fait dire à cet homme, qui fut son seul et véritable amour : « Je vous crois destinée à réaliser quelque chose qui dépasse la moyenne », phrase à laquelle Charlotte semble s’être accrochée. D’abord rencontré dans la maison familiale, où Paula est condamnée à répéter puisque interdite de récital, plusieurs rencontres se succéderont, plus ou moins en cachette, dans la maison des Salomon où à l’extérieur, sur des bancs ou dans des cafés. Ils partageront de nombreuses discussions à propos de l’art, de la musique et de la philosophie. Alfred Wolfsohn apparaît comme un guide spirituel à la jeune fille en recherche de repères et d’étayage. Il l’encourage à peindre, l’exhorte à ne jamais abandonner et lui prédit un avenir extraordinaire. Mais il semble également avoir joué le rôle plus intime de « révélateur » de sa féminité et d’initiateur à la sensualité, en lui faisant découvrir les visages de la passion (sentiments amoureux, cristallisation, dépendance, sexualité, jalousie…). Cette relation cessera abruptement peu après la Nuit de Cristal [2], lorsque le père de Charlotte, récemment relâché du camp de Sachsenhausen grâce aux relations de sa femme, décide, pour la protéger, de l’envoyer rejoindre ses grands-parents maternels dans le sud de la France, à Villefranche-sur-Mer, où ils sont hébergés par Ottilie Moore, une riche veuve américaine. La dernière rencontre avec Alfred Wolfsohn aura lieu sur le quai de la gare où les proches de Charlotte sont venus l’accompagner.

8 En septembre 1939, la grand-mère se suicide donc sous les yeux de Charlotte et celle-ci apprend de la bouche de son grand-père la tragique destinée des femmes de sa famille, dont sa mère. Quelques mois plus tard, Charlotte et son grand-père sont déportés dans le camp de Gurs, dans les Pyrénées, où les conditions sont terribles. Ils n’y resteront finalement qu’un mois, du fait de l’âge du grand-père et de sa santé fragile.

9 Ces divers événements, tant familiaux qu’historiques, ont profondément affecté Charlotte et semblent avoir pris valoir de traumas emboîtés, fragilisant Charlotte sur le plan psychique. Sidérée par le destin morbide qui s’offre à elle de toute part, elle consulte le Dr Moridis, un ami de la famille, qui jouera à son tour le rôle de tuteur de résilience. Il lui conseille en effet de continuer à peindre si elle ne veut pas sombrer à son tour dans la folie. La voix du docteur s’ajoute alors à celle de son bien-aimé Alfred Wolfsohn et elle se met à peindre ce qui deviendra son œuvre majeure.

L’œuvre de Charlotte Salomon

10 Les productions artistiques de Charlotte Salomon illustrent le besoin de créer pour survivre à sa propre histoire familiale : « Créer pour ne pas devenir folle [3] », dit-elle, mais aussi à l’Histoire qui la dépasse et qui pourrait bien disparaître avec les victimes de la Seconde Guerre mondiale. Pour conjurer cette fatalité, elle décide, dans l’urgence, de créer « quelque chose de vraiment fou et singulier » (Pedretti, 2006) et se met fiévreusement à l’ouvrage. Son œuvre artistique, réalisée entre 1940 et 1942 consiste en plus de 1300 gouaches, parsemées de textes retranscrits dans les peintures, d’indications de chansons, de musiques, faisant de « Leben ? oder Theater [4] ? » une œuvre prolifique et novatrice.

11 Les gouaches sont réalisées à partir des trois seules couleurs primaires : rouge, bleu et jaune, sur des petits formats. Ces centaines de tableaux montrent sa famille et ses amis, mettent en scène son enfance et sa jeunesse mais aussi les événements qu’elle a traversés. Cette œuvre complexe est divisée en trois parties. Le Prélude montre des scènes admirablement détaillées de l’enfance de Charlotte à Berlin. Dans la Partie principale, dédiée à Alfred Wolfsohn, dont elle reporte des phrases entières qu’il a prononcées lors de leurs échanges. Elle fait aussi ici référence aux idées de son mentor au sujet de l’art et de l’âme. L’Épilogue est quant à lui consacré à la représentation de sa vie de réfugiée sur la Côte d’Azur mais aussi et surtout à sa proclamation, à travers ses peintures, de son amour pour la vie, pour la beauté des paysages et pour Alfred Wolfsohn, dont elle n’a plus aucune nouvelle depuis plus de cinq ans mais qui continue à vivre en elle, comme le montre l’inscription suivante portée sur l’une des dernières gouaches de l’œuvre : « It is my destiny to be denied in the present but almost certainly not to be forgotten in the future. One day/ people will be looking/at the two of us [5]. »

12 La première image de la série représente le suicide de sa tante en 1913, dont elle porte le prénom, et la dernière la représente elle-même face à la mer, le titre de son ouvrage écrit sur son dos. Il s’agit là d’un travail artistique intime et personnel, la transcription d’une vie intérieure, le chemin de la subjectivation allant de la fillette à la jeune femme, mais aussi un témoignage historique sur cette période noire de la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi une course effrénée contre le temps car Charlotte sait l’imminence de sa mort. Ce travail affronte la relation entre la vie et l’œuvre, la fiction. En dix-huit mois, Charlotte crée sans relâche et prouve une volonté de vivre inouïe. Elle a compris que l’art est sa survie. Pourtant, elle ne sait pas encore qu’elle sera déportée à Auschwitz en 1943 et assassinée au lendemain de son arrivée. Elle ne le sait pas, mais ses mains le pressentent qui, fébrilement, remplissent la page de scènes familiales, de détails de la vie quotidienne, qui racontent et racontent encore, dessin après dessin, la rencontre des parents, les jours de l’enfance, le suicide de la mère, la passion pour la belle-mère dont le public applaudit la voix d’alto dans les cantates de Bach, l’initiation à la vie culturelle berlinoise et sa passion pour Alfred Wolfsohn… Les gouaches se détachent de cet arbre de vie comme les feuilles sous le mauvais vent d’automne ; c’est alors la prise du pouvoir par Hitler, l’émigration des grands-parents vers le sud de la France, le voyage à Rome où Charlotte découvre la Sixtine de Michel-Ange. Viennent ensuite la déclaration de guerre, le suicide de sa grand-mère qui se précipite sous ses yeux, la révélation par le grand-père de cette malédiction qui semble frapper la lignée maternelle, l’internement au camp de Gurs, le retour à Nice et enfin l’exposé des raisons de cette œuvre : « Afin de recréer des profondeurs de son être son propre univers », écrit-elle. Et au cœur de ce journal intime rattrapé par l’imaginaire : l’émouvante apparition d’Alfred Wolfsohn, alias Amadeus Daberlohn dans l’œuvre, qu’elle représentera, au moment de la quitter, lui disant comme pour la mettre à l’abri du désespoir : « Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi. » En septembre 1943, l’étau allemand se resserre. Charlotte Salomon confie son œuvre à son ami médecin : « Prenez-en soin, c’est toute ma vie. »

13 Le style varie considérablement au fil des tableaux. Les premières peintures sont extrêmement colorées et montrent une extraordinaire mémoire des lieux de son enfance. Puis la peinture devient de plus en plus abstraite, alors que les thèmes évoqués évoluent depuis des souvenirs matériels jusqu’à des impressions de sens plus complexes. On peut par exemple percevoir une nette différence entre les peintures représentant les suicides de sa tante puis de sa mère (imaginés) et celui de sa grand-mère (vécu), évoquant le contraste entre la sensation de perte d’une enfant versus la sidération traumatique d’une adulte blessée. Les premières, délicatement peintes, sont belles et sereines malgré le thème alors que la dernière transpire la douleur.

14 La musique, la peinture, les mots, une multitude de personnages, des musiciens, des cantatrices, la nature, de la lumière, du sombre, beaucoup de fenêtres, beaucoup de suicides cachés ou vécus (de la tante, de la mère, puis de la grand-mère ne supportant plus les deux suicides précédents (ses deux filles). Charlotte peint tout : la nature, les appartements, les voyages, les discussions, les théories, les naissances, les mariages, les suicides révélés ou non, l’opéra, elle se met en scène elle-même sous un autre nom. Il ne s’agit pas ici d’une simple convocation narcissique ni d’une narration linéaire. C’est bien « toute sa vie », et en contrepoint toute une époque, que Charlotte Salomon cherche à figurer. L’œuvre en elle-même renvoie au tragique, au mélancolique, au cauchemardesque, mais aussi à la délicatesse, au rêve et à la poésie. Beaucoup de fenêtres entrent dans la composition des peintures (parmi elles celle par laquelle s’est jetée sa mère, alors qu’on lui avait dit petite qu’elle était morte de la grippe). Sur de nombreuses gouaches, les corps ondulent, se tordent, se disloquent, s’allongent et semblent comme s’enchaîner les uns aux autres comme autant de maillons du destin. Les mots aussi prennent corps, peints comme des signes, figurant des traces historiques ou des prophéties. L’Histoire est en effet représentée (une gouache par exemple représente la prise du pouvoir par les nazis en 1933, dans d’autres apparaissent l’étoile juive, les croix gammées, les affiches antijuives…), mais l’œuvre dépasse largement cette histoire-là pour dérouler l’espace transitionnel intime et singulier, entre vie réelle et imaginée, l’histoire de la subjectivité de l’artiste.

15 La majeure partie de son œuvre traite du destin morbide des figures du féminin : celle de sa mère, dont elle a dû complètement ré-imaginer la vie, celle de sa tante, ce double morbide fantasmatique dont elle porte le prénom, celle de sa grand-mère qu’elle a tenté de soigner et de maintenir en vie malgré elle et celle des femmes de son époque, confrontées à la cruauté de la guerre et du régime nazi. Elle juxtapose des souvenirs de sa propre enfance avec le fardeau de sa mère, avec la douleur de sa grand-mère qui a perdu ses deux filles, et avec son appréhension du monde. Dans ses peintures, Charlotte cherche à sauver sa grand-mère par l’art et la beauté, elle se représente dans certaines gouaches lui vantant l’amour du soleil et des fleurs, afin de cultiver en elle l’envie de vivre ; mais elle échoue et assiste, impuissante, à sa précipitation.

16 Ainsi, l’œuvre de Charlotte Salomon apparaît-elle comme une œuvre de survie, un processus créateur nécessaire, permis par l’organisation singulière de la subjectivité de l’artiste mais aussi par une absolue nécessité, qui trouve son origine dans le double creuset de l’histoire familiale et affective de Charlotte et dans les remous de l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Comme l’évoque Meyer (2011), peindre et laisser trace est une obligation vitale pour Charlotte Salomon, obligation de reprendre son histoire du début jusqu’au point où elle devait mourir pour se soumettre au destin familial fatal. Vie ? ou Théâtre ? constitue une mise en forme esthétique d’une vie de traumas et d’effroi où la folie et la mort se lisent en filigrane de son histoire.

17 La création artistique ne se réduit pas ni à une mise en acte ni à un rêve hallucinatoire. Selon Anzieu, « elle met en œuvre – en les mettant dans une œuvre – les mouvements pulsionnels, les émois, les sensations inélaborées [6] ». Le processus de création chez Charlotte semble sous-tendu par une nécessité vitale. L’œuvre a été commencée après la révélation brutale du destin des femmes de la famille, au moment où Charlotte, envahie par la détresse et l’angoisse, sous le choc traumatique de cette double révélation – suicide de sa mère et destinée transgénérationnelle –, s’est vue placée face au choix de mettre fin à ses jours ou d’entreprendre quelque chose d’éminemment singulier, à valeur subjective : « Mon Dieu, surtout ne me laisse pas devenir folle » dit-elle dans une toile qui la représente.

18 Pour Charlotte, le suicide semble constituer une double menace : non seulement l’héritage familial maternel, mais aussi, de façon latente, l’état d’esprit d’une communauté en exil pour laquelle il s’agit soit de se donner la mort, soit d’assister au massacre de son peuple. Son œuvre résonne donc à la fois comme le bilan revisité de sa vie mais aussi une véritable (re)naissance qu’elle se donne à elle-même, en déliant les liens pathogènes qui unissent les femmes de sa lignée. Comme l’évoque Anzieu, « L’œuvre est l’affirmation narcissique de la liberté psychique des humains face à l’inéluctable nécessité extérieure. Tout créateur l’est parce qu’à un moment donné de son existence une liberté cruciale a été reçue ou conquise par lui […] qui a contribué à libérer ses possibilités créatrices. Tout créateur également le devient par un besoin d’acte en quelque sorte gratuit et pour inscrire dans une œuvre le rêve ou la volonté d’échapper aux limites de sa vie individuelle, voire de la condition humaine [7]. »

19 Lorsqu’elle se met à entreprendre cet ouvrage, elle a 23 ans. La figure de résilience vers laquelle elle se tourne intérieurement pour résister et poursuivre est Alfred Wolfsohn, le professeur de musique de Paula, son premier amour, celui qui l’a encouragée, soutenue et imprégnée de sa pensée : « Amour, connais-toi d’abord, afin d’aimer ton prochain » ; « Il faut d’abord être entré en soi – dans sa propre enfance – pour pouvoir sortir de soi », lui a-t-il dit un jour. L’œuvre de Charlotte Salomon est une boucle qui se referme sur elle-même, une œuvre qui s’achève là où il a été décidé de la commencer. La dernière gouache montre Charlotte devant la mer et qui peint un tableau vide (la mer), ayant peint sur son dos Vie ou théâtre ? On revient au début.

20 C’est une œuvre de survie mais aussi de vie en soi puisque, même si celle-ci fut très brève pour Charlotte, c’est à partir du moment où elle a considéré son œuvre comme étant en sécurité, que la vie a réellement commencé pour elle. « Donner la vie à une œuvre rassure, pendant le temps éphémère de l’inspiration, sur sa propre toute-puissance, sur sa fécondité, sur son éternité : acte de foi narcissique, immense et mouvant [8]. »

Enjeux de l’environnement sur le processus créateur de Charlotte Salomon

21 L’œuvre de Charlotte Salomon peut sans doute aujourd’hui être comprise comme un geste de remémoration, de résilience artistique, de survie prémonitoire, dans laquelle l’environnement joue à la fois en tant que facteur de transmission traumatique et en tant que tuteur de résilience, soutien de la symbolisation.

22 La création de l’œuvre semble s’être instituée comme tiers pare-excitant dans la réalité psychique de Charlotte. Un tiers symbolique constitué de souvenirs, de fantasmes, d’images, de couleurs, de textes et de musiques qui dit l’immensité de l’attente d’amour et qui pourtant est un appel destiné à ne pas être entendu. Comment cette œuvre immense a-t-elle été créée, en si peu de temps, et avec si peu de moyens, dans l’urgence et la fièvre de la guerre et de l’horreur ? Quelle est la part de l’environnement dans cette réalisation ?

23 L’hypothèse que nous proposons ici est que le processus créateur de Charlotte Salomon est façonné par le transgénérationnel, qui est constitué par les traces traumatiques appartenant à l’histoire de sa famille, dont le deuil n’a jamais pu être fait. Ces traces traumatiques inscrites dans le lien familial passent d’une génération à l’autre sous forme de cryptes qui ont pour destin de pas être ouvertes car elles constituent les racines identitaires mêmes du groupe familial (Durastante et coll., 2014). La crypte, qui contient les événements traumatiques et les affects afférents (Abraham, Torok, 1972) diffuse d’une génération à l’autre un noyau mélancolique. La métaphore de « l’identité figure du destin » (Falguière, 2014) avec ce qu’elle représente de déterminisme, propose une délimitation à ce type de problématique identitaire familiale basée sur des ancrages et des dérives identitaires. Le processus créateur, à la condition de s’appuyer sur des figures résilientes, a pu permettre à Charlotte de rompre le déterminisme familial par la subjectivation et la symbolisation des événements traumatiques révélés par le grand-père. C’est comme si, à l’avènement traumatique, l’artiste soutenue et encouragée par la réminiscence de ses tuteurs de résilience, avait été saisie et emportée dans un univers où tout est à créer (inventer) et reste cependant en totale adéquation avec la réalité. Charlotte apparaît comme saisie, emportée, projetée dans un espace transitionnel où sa propre vie lui est révélée en tant qu’objet trouvé/créé (cf. Winnicott).

Du côté des traumas

24 Rappelons que pour la psychanalyse, « le traumatisme est un événement de la vie du sujet qui se définit par son intensité, l’incapacité où se trouve le sujet d’y répondre adéquatement, le bouleversement et les effets durables qu’il provoque dans l’organisation psychique » (Laplanche, Pontalis, 1967).

25 Cette définition, tout en mettant en évidence la double origine, interne et externe, du traumatisme, montre que celui-ci est avant tout psychique, puisque ce n’est pas l’événement en lui-même qui est traumatique, mais plutôt l’incapacité du sujet exposé à y faire face. Freud, à partir de 1920, estime que le traumatisme résulte d’un surcroît d’excitations. Selon lui, il y a donc traumatisme lorsque le signal d’angoisse ne permet plus au moi de se protéger, lorsque l’énergie est mobilisée pour s’adapter et répondre au choc dépassant la capacité de métabolisation du sujet. Pour Ferenczi (1934), l’effraction psychique peut alors produire des états de sidération, de paralysie de la pensée et d’agonie psychique. Comme le précise Guiter (2004), ce n’est que lorsque le traumatisme originaire est réveillé par le traumatisme secondaire que se produit le refoulement à la fois répression (Unterdrükung) et mise à l’écart (Abweisung) par et de l’inconscient. L’histoire de Charlotte Salomon, contée dans son œuvre, nous permet bien de repérer le trauma initial du décès de la mère (dont la nature suicidaire est maintenue secrète) puis dans l’après-coup le double trauma du suicide de la grand-mère sous ses yeux accompagné de la révélation de la longue lignée de suicides, dont sa propre mère. Rappelons avec Decherf (2004) le fait que, « dans le traumatisme, les éléments de la réalité sont collabés avec les éléments psychiques ; il n’y a plus d’espace entre eux. Notamment, il n’est pas possible de “jouer” psychiquement avec la réalité pour lui donner un caractère transitionnel, pour la faire évoluer ». Pour résister à la désorganisation traumatique, il est nécessaire que le sujet puisse introduire des éléments de décollage tels que le jeu et la pensée, des processus de figuration, représentation et symbolisation qui vont réintroduire une transitionnalité, c’est-à-dire une capacité de jeu entre les éléments de la réalité et les éléments psychiques. Golse (2003) souligne par ailleurs la nécessité de prendre en compte la dimension réelle et imaginaire du trauma pour comprendre la transmission du traumatisme. Dans le cas de Charlotte Salomon, les effets des traumatismes subis par des membres de la famille (ici de la branche maternelle) semblent se transmettre sur plusieurs générations. Faimberg (1993) s’est particulièrement intéressée à ces phénomènes de télescopage des générations et de transmission aliénante où les identifications sont solidaires d’une histoire qui appartient à autrui (ici à la grand-mère de Charlotte). Pour Anaut (2007), les secrets de famille occupent une place prépondérante dans les phénomènes de transmissions familiales. Dans la famille de Charlotte, le secret porte sur les nombreux suicides qui émaillent la branche maternelle, à partir du décès du jeune frère de la grand-mère. Dans une perspective psychanalytique, on considère que les perturbations de la relation de transmission familiale, du fait du secret, peuvent entraver les liens familiaux entre les générations (transmissions intergénérationnelles), voire en traversant les générations (transmissions transgénérationnelles). D’après le modèle théorique d’Abraham et Torok (1987), un traumatisme ancien, un deuil non élaboré comme dans l’histoire familiale de Charlotte, devenu secret de famille, pourrait agir comme un fantôme susceptible de perturber les membres de la famille sur plusieurs générations. Pour ces auteurs, le fantôme (ici en lien aux représentations du jeune frère de la grand-mère, premier suicidé d’une longue lignée, marqué par la honte, la culpabilité, le secret et le deuil impossible) est « une formation de l’inconscient qui a pour particularité de n’avoir jamais été consciente et de résulter du passage de l’inconscient d’un parent à l’inconscient d’un enfant ». La révélation du secret, de façon abrupte, par le grand-père, semble avoir été vécue comme une violence traumatique par Charlotte mais c’est également cette levée du secret et de là, l’accès au trauma qui a permis le travail d’élaboration psychique. Comme le rappelle Schauder (2012), le traumatisme peut être considéré comme facteur explicatif de la création, de par sa fonction défensive et réparatrice de l’effraction subie.

Du côté de la résilience

26 « La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères [9]. »

27 Dans l’optique psychanalytique, la résilience s’effectue selon deux axes : un axe intrapsychique, qui concerne les ressources propres à chaque individu et un axe relationnel, qui concerne les liens que le sujet met en place avec son environnement.

28 Ainsi, tout comme il existe chez certains individus des facteurs de vulnérabilité au traumatisme (caractéristiques sociodémographiques, troubles psychiques préexistants, traits de personnalité, antécédents familiaux, expériences de l’enfance, etc.), il existe un certain potentiel de résilience chez d’autres. Le fonctionnement de la résilience se décompose en deux temps : le premier est le temps du traumatisme en soi : l’enfant résiste à la désorganisation psychique en mettant en place des mécanismes de défense qui vont lui permettre de s’adapter à la réalité frustrante (ici la disparition de la mère). Le second est le temps de l’intégration du choc et de la réparation. Intégrer ne voulant ici pas signifier « effacer » mais « faire avec ». Après l’effraction du traumatisme, il y a un rétablissement progressif des liens, puis une reconstruction à partir de l’adversité. Cela passe par la nécessité de donner un sens à sa blessure. Ainsi, si le secret de famille, portant ici sur la nature suicidaire de nombreux décès de la branche maternelle de Charlotte (dont sa mère) peut avoir un effet traumatogène (y compris comme ici dans le transgénérationnel puisque le premier suicide touche la grand-mère de Charlotte et les parents et la fratrie de celle-ci), on peut cependant constater avec Anaut (2007) que des processus de résilience peuvent venir soutenir l’élaboration du trauma, notamment par la transformation des manques en potentiels de créativité.

29 Selon l’approche psychanalytique, dans laquelle nous nous inscrivons, des auteurs comme Anzieu (1096), Le Poulichet (1996) et Mijolla-Mellor (2005) précisent comment l’artiste cherche, en s’appuyant sur ses capacités sublimatoires, à dépasser le traumatique à travers son œuvre. D’après Ledoux (1992), Green (1993) et Séchaud (2005), des pulsions de destruction interviennent également dans la naissance, le maintien et l’arrêt de l’activité artistique. Celle-ci, à l’instar du symptôme, constitue alors une « solution » à un conflit intrapsychique, portant notamment sur une perte et mobilise la capacité du sujet à élaborer son deuil à l’aide de l’expression des affects et de la symbolisation. L’évolution de ce processus tend vers la résilience quand le sujet a retrouvé sa capacité d’espérer. Il peut alors à nouveau s’inscrire dans un projet de vie et des choix personnels. Cependant, au-delà de la mise en jeux de mécanismes psychodynamiques (capacités de transformation, d’intériorisation, d’élaboration et procédés défensifs), la résilience est aussi et surtout un concept fondamentalement intersubjectif et son actualisation ne se fait pas sans « bonne rencontre ». En effet, les capacités adaptatives et les capacités à penser ne peuvent être mises en jeu qu’à partir de liens significatifs avec un environnement dans lesquels l’individu va pouvoir rencontrer ce que B. Cyrulnik (2003) nomme les « tuteurs de résilience », c’est-à-dire des personnes qui, rencontrées lors du chemin de vie, vont guider la personne et la soutenir. C’est donc la qualité des liens avec une ou plusieurs personne(s) de l’environnement qui rend possible la reprise élaborative de la vie et de la pensée (Delage, 2004). Dans le cas de Charlotte, plusieurs bonnes rencontres, sources de résilience, semblent avoir pu s’actualiser dans son environnement : Hase d’abord, puis certainement la découverte significative de l’art et l’accrochage au dessin et à la peinture, bien entendu la relation avec Alfred Wolfsohn, à la fois guide étayage narcissique, guide spirituel et objet d’amour et puis enfin O. Moore et le Dr Moridis qui, chacun de sa place, auront participé à soutenir, valoriser et protéger l’œuvre créatrice de Charlotte Salomon.

Conclusion

30 L’histoire et l’œuvre de Charlotte nous renseignent tout d’abord sur l’existence d’un traumatisme ancien autour du noyau mélancolique familial qui s’actualise à chaque génération par des raptus suicidaires maintenus sous le sceau du secret mais dont Charlotte semble malgré tout porter l’héritage inconscient.

31 Suite à la révélation traumatique du grand-père, Charlotte, soutenue par ses bons objets internes (mère, Hase, et surtout Alfred Wolfsohn) et externes (Ottilie Moore, le Dr Moritis) peut s’auto-représenter quelque chose de sa problématique, de ses interrogations restées jusqu’alors sans réponse, et ouvrir la voie à une symbolisation de ces contenus psychiques. Par la mise en sens via la peinture des traces traumatiques irreprésentables jusqu’alors, Charlotte a pu engager un travail psychique de symbolisation et s’approprier ce qui constitue le sens de son identité et de sa vie, pouvant s’écarter peu à peu de la petite fille abandonnée au profit de la jeune femme qui sommeillait en elle depuis la rencontre avec Alfred Wolfsohn. Nous constatons la prégnance du transgénérationnel à travers ces représentations picturales où plusieurs générations se mêlent, les morts côtoyant les vivants, les présents se mêlant aux absents et donnant à voir une généalogie discontinue, une histoire familiale et affective marquée par des zones aveugles. Le transgénérationnel semble ici avoir façonné l’identité subjective et familiale de Charlotte, et son œuvre de survie s’attache à dépeindre cet appareil psychique familial, sorte d’espace inconscient commun à tous ses membres, dans lequel chacun y puiserait les racines de sa manière singulière d’être au monde.

Bibliographie

Bibliographie

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  •  

Mots-clés éditeurs : Traumatisme, symbolisation, résilience, transgénérationnel, création artistique

Mise en ligne 17/05/2016

https://doi.org/10.3917/rppg.066.0039

Notes

  • [1]
    Sylvie Bourdet-Loubère, psychologue, chu Purpan, hôpital Paule de Viguier ; maître de conférences, université Toulouse 2 Jean Jaurès, Laboratoire lcpi ; bourdet@univ-tlse2.fr
    Gérard Pirlot, professeur de psychopathologie psychanalytique, université Toulouse 2 Jean Jaurès, Laboratoire lcpi ; psychanalyste membre de la spp, ancien psychiatre des hôpitaux.
    . C. Salomon, Vie ? ou Théâtre ?, catalogue de l’exposition, Paris, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Pestel, 2006.
  • [2]
    La nuit du 9 novembre 1938, nommée Kristalnacht fut une nuit de violence et de destruction exercées à l’encontre des juifs suite à l’assassinat d’un diplomate allemand à Paris, pour lequel un juif fut accusé.
  • [3]
    C. Salomon, Vie ? ou Théâtre ?, Catalogue de l’exposition, Paris, Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, Pestel, 2006.
  • [4]
    La traduction française de l’œuvre est : Vie ? ou Théâtre ?
  • [5]
    « C’est mon destin que de ne pas être reconnue maintenant, mais je suis presque certaine de ne pas être oubliée dans l’avenir. Un jour/les gens nous regarderons/à tous les deux. »
  • [6]
    D. Anzieu, Créer-Détruire, Paris, Dunod, 1996, p. 28.
  • [7]
    Ibid., p. 40.
  • [8]
    Ibid., p. 36.
  • [9]
    M. Manciaux et coll., « La résilience : état des lieux », dans M. Manciaux et coll., La résilience : résister et se construire, Genève, Cahiers Médicaux Sociaux, 2001, p. 17.
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