Notes
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[1]
Lorsque j’utiliserai ce terme, il faut le comprendre au sens de la tendance antisociale de D. W. Winnicott.
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[2]
La nouvelle association licenciera le directeur en découvrant les fautes qu’il a commises. Ce directeur n’était pas un « mauvais homme », mais il s’était véritablement usé psychiquement à faire fonctionner ce foyer très difficile sans s’appuyer sur le lien collectif à l’équipe. Il présentait des traits du père originaire tel le « Urvater » de Totem et tabou à la fois héroïque, protecteur et suicidaire.
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[3]
L’investissement du dispositif par l’équipe est une condition sine qua non pour que le rêve ne se manifeste pas uniquement sous forme de cauchemar ou de réveil dans l’angoisse comme, plus récemment, j’en ai fait l’expérience dans une institution.
1Cet essai s’appuie sur une longue expérience institutionnelle, comme psychologue clinicien-psychanalyste dans différentes institutions pendant une vingtaine d’années, puis comme « superviseur » dans des institutions de soins et des institutions éducatives. L’idée centrale de cet article porte sur l’hypothèse qu’au-delà des fonctions thérapeutiques individuelles et collectives, les dispositifs psychanalytiques groupaux, et même « individuels », dans les institutions de soins, remplissent différentes fonctions psychiques dans l’appareillage psychique collectif de l’équipe et des patients. L’institution, de ce fait, en tant qu’appareillage psychique collectif, demeure un instrument de soin totalement irremplaçable pour des patients présentant des organisations psychiques archaïques.
2Je m’appuie sur une expérience qui s’est déroulée entre 1975 et 1993 et a fourni le champ clinique qui est à l’origine des concepts que je développe maintenant. Je vais les rappeler afin de faciliter la lecture de l’expérience qui sera relatée.
Le transfert topique
3Le transfert topique fonctionne par diffraction des actualisations pulsionnelles dans la scénalité psychique. Les retours d’au moins un (souvent plus) des figurants, objets, etc. appartenant à la scénalité psychique du sujet bouclent le parcours transférentiel. Le transfert topique est le prototype des transferts sur le(s) lien(s). Les motions, désirs, et leur cortège d’affects retournent sous forme transformée, inversée... vers le sujet. La transformation beta/alpha chez W.R. Bion (1963) relève sans doute de ce processus. Il se différencie du transfert dynamique, prévalent dans la cure qui fonctionne essentiellement sur le mode déplacement et condensation. Il faut comprendre qu’il s’agit de prévalence mais que l’un ne fonctionne jamais sans que l’autre opère discrètement mais efficacement. L’une et l’autre formes de transfert conditionnent la fonction transformationnelle du processus psychanalytique.
La scénalité psychique
4La scénalité psychique est l’arrière-fond silencieux, actuel et actif qui lie l’enfant et les familiers de l’enfant, les proches, avec leur communauté d’appartenance et l’organisation sociale. Du point de vue de « l’infans », la scénalité est cet ensemble de liens psychiques qui lui préexistent, ensemble de liens d’où émergent les objets auxquels il s’adresse pour sa survie, son développement et sa satisfaction. Les parents, les familiers appartiennent à ce déjà-là et, lorsqu’ils sont à même de répondre aux appels de l’infans, ils sont les objets, les messagers et les porte-paroles inconscients de cet environnement transgénérationnel, communautaire et socioculturel déjà là.
5La scénalité psychique structure principalement les fantasmes originaires et plus généralement ce que René Kaës (1993) a nommé les groupes internes : fantasmes originaires, complexes familiaux, les imagos, les identifications, les relations d’objet, l’image du corps propre. Elle constitue l’arrière-fond silencieux actuel et actif des groupes internes. La scénalité permet de pacifier la pulsion de mort à travers notamment l’imago de l’intrus et par la multiplicité des destins pulsionnels qu’elle offre au sujet. Elle est la condition d’établissement du transfert sur le lien, en particulier du transfert topique, qui permet au sujet de constituer et lier ses propres objets internes en continuité des objets émergents, sous forme d’agglutinats pulsionnels, dans la scénalité psychique environnante (figures parentales, personnes familières, objets matériels...).
L’obscénalité
6L’obscénalité est le revers de la scénalité. Lorsque la scénalité psychique ne permet pas la constitution d’un arrière-fond silencieux, discret mais actuellement présent, qui permet aux objets d’émerger dans le lien avec un sujet, surtout un sujet infans, il se produit un retournement de la scène psychique qui devient active et est constituée par le sujet comme un objet. La vacuité induite par les vécus de carence, les vécus agonistiques, la désertification psychique liée à des états d’intrusion, permet, conduit et induit ce retournement par le sujet sur un fond de défaillance des liens psychiques préexistants. L’impossibilité d’un sujet à transférer ses vécus sur le lien psychique conduit le sujet à recourir en particulier à la répétition de scènes constamment identiques (beaucoup de comportements antisociaux graves, y compris les serials killers, se vengent ainsi des objets qu’ils font émerger dans l’obscénalité).
La fonction onirique de l’espace-temps du psychodrame dans une institution
7Le psychodrame psychanalytique de groupe que je conduisais avec une cothérapeute externe à l’institution s’est révélé un dispositif précieux non seulement par sa fonction thérapeutique mais aussi par sa fonction psychique dans l’institution. L’analyse que je propose s’appuie sur une constatation étrange et surprenante que l’équipe éducative du foyer de semi-liberté et moi-même avons faite : la thématique et les jeux des séances de psychodrame psychanalytique semblaient toujours anticiper de quelques mois les évolutions qui se produisaient au niveau institutionnel. Lorsque bien des années après ces constatations, mon travail de thèse, débuté en 1983, m’a conduit à reprendre l’ensemble de ces séances, j’ai compris pourquoi ce phénomène ne s’était quasiment jamais démenti.
Les origines de la mise en place du dispositif
8L’idée à partir de laquelle j’avais proposé la mise en place d’un psychodrame psychanalytique s’appuyait sur le fait que la symbolisation de la mise en scène de l’acte par le procédé du jeu théâtral et sa reprise après dans la parole fournissait à la fois des modes de présentation (Darstellung), de représentation (Vorstellung), d’auto-présentation (Selbstdarstellung) et d’auto-représentation (Selbstvorstellung) aux destins de l’agir, dans une communauté d’adolescentes gravement antisociales [1]. L’intérêt était que le psychodrame inscrivait les destins de l’agir sur une scène commune et partagée.
Le dispositif
9Les séances se déroulent le soir après le dîner, au moment où les jeunes sont rentrées après leur journée de travail, d’études ou de recherche d’emploi. Nous sommes deux psychodramatistes de formation psychanalytique. Il se déroule eu égard aux conditions d’accueil de ce foyer sur des cycles de six semaines : cinq séances « fermées » ouvertes uniquement à celles qui ont déjà participé au psychodrame, une séance « ouverte » à toutes celles qui veulent essayer ce dispositif. Une fois qu’elles ont participé à une séance ouverte, les jeunes peuvent participer au psychodrame aussi longtemps qu’elles le souhaitent, interrompre ou revenir à leur guise.
10Les consignes sont celles du psychodrame psychanalytique de groupe :
11– une règle de libre association, à partir des premières idées qui vous viennent, vous inventez une histoire (avec un début, un déroulement, une fin) ;
12– une règle de dramatisation, vous répartissez les rôles pour que l’on puisse la jouer en faisant semblant comme au théâtre. Vous jouerez ensuite cette histoire. (Vous pouvez à tout moment choisir d’intervenir spontanément dans le jeu) ;
13– tout le monde n’est pas tenu de jouer au cours d’une séance, mais tout le monde doit participer régulièrement au jeu théâtral au cours d’un cycle ;
14– à la fin du jeu, nous en reparlerons ensemble pour échanger autour de ce que ceci représente pour nous ici et maintenant ;
15– lorsque vous parlez, vous échangez avec l’ensemble des participants.
16Ces consignes s’inscrivent dans un dispositif précis :
17– une règle d’abstinence : pendant le temps du groupe, les personnes s’engagent à n’avoir d’autres relations que celles qui sont nécessaires au bon fonctionnement du groupe. Les participantes s’engagent à prêter attention les unes aux autres en évitant, pendant le jeu, tout contact violent ou séducteur ;
18– une règle de discrétion : les participantes s’engagent à rester discrètes, par rapport aux personnes qui ne sont pas présentes sur ce qui se déroule pendant le psychodrame, au sujet des autres personnes et du vécu collectif du groupe ;
19– une règle de restitution : si les participantes reparlent entre les séances de psychodrame de vécus qui concernent le psychodrame, elles s’engagent à nous les rapporter.
La séance de psychodrame
20Cette séance se déroule, avec en toile de fond une menace qui pèse sur le foyer. À la suite d’un conflit grave entre le directeur et l’association, la procédure de fermeture de l’institution est engagée. Officiellement, nous ne sommes pas encore informés, même si l’intensité du conflit nous le fait craindre. Ce soir-là, une dizaine d’adolescentes sont présentes (10 sur 24). Contrairement aux habitudes, elles ne se précipitent pas pour trouver une histoire. Elles ne parviennent pas à trouver le moindre thème et, très rapidement, nous sommes plutôt en présence d’une ambiance morose qui tend peu à peu vers un vécu mélancolique. Elles n’inventent pas d’histoire, mais elles décident qu’elles meublent, qu’elles occupent l’espace. Une d’elles dit : « Oui, nous sommes de vieux meubles. » Les autres associent : « On est dans le grenier ou même à la cave. Nous sommes des meubles cassés, avec des pieds cassés, des portes qui ne ferment plus et qui ont des charnières rouillées, cassées, des fauteuils crevés. » L’une d’elles dit : « On va jouer ça. » Aussitôt, sans élaboration de l’histoire, elles le jouent effectivement et adoptent des poses, sur les fauteuils de la salle de psychodrame, où elles sont toutes tordues, défaites, prenant parfois des positions quasiment obscènes exposant leurs brisures. Cette situation dure un temps important et plus long que le temps habituel de jeu d’une histoire. Cette histoire semble s’éterniser jusqu’au moment où l’une d’entre elles se lève brutalement et déclare : « Je suis un brocanteur, et j’emmène tout ça, ça vaut rien mais je trouverai bien un idiot à qui le vendre. »
21Nous retravaillons avec elles cette improvisation. Elles vont pouvoir dire les angoisses liées à une situation, dont, sans être informées, elles ressentent déjà la pesanteur. Elles lient ces angoisses avec les abandons à répétition, que toutes ont vécus dans leur enfance. Elles posent leur vécu comme objet commun partagé. Ce vécu donne figuration à la menace qui pèse sur l’institution, mais aussi sur le groupe de psychodrame comme objet commun (cf. Pontalis, 1963). Leur objet commun partagé, détérioré, représente d’une certaine façon un « non-objet » (ces non-objets induisent la configuration de l’obscénalité). À travers cette non-histoire, elles présentent la scénalité originaire qui est la leur, scénalité théâtre de ruptures, de menaces constantes et de déprivations. Leurs attitudes obscènes, indices de l’obscénalité dans le cas présent, montrent la collusion traumatique entre un passé où les agonies psychiques, les déprivations ont menacé jusqu’à leur autoconservation, avec leur vécu subjectif actuel d’abandon, mais aussi par les poses obscènes la collusion à une sexualité où l’intrusion interdit l’accès à la fonction symbolique de la castration et s’organise davantage autour d’agglutinats pulsionnels passionnels marqués par l’ambiguïté.
22On peut observer comment le travail du psychodrame remplit un équivalent de fonction onirique pour les pensionnaires. Si le premier temps de jeu renvoie indiscutablement à leur histoire tragique et à l’image détestable qu’elles ont d’elles-mêmes, la conclusion est à mettre en lien direct avec la menace qui nous fait intrusion, à savoir, celle de voir l’institution bradée au nom des conflits entre les instances de tutelle, la direction et l’association gestionnaire. De ce point de vue, elles anticipent ce qui risque de se produire. Ce n’est pas l’institution qui sera bradée mais c’est une plus petite association (image du brocanteur) qui reprendra la gestion du foyer [2]. La mise en scène humoristique de la tromperie à la fin de la séance montre le début du travail qui s’effectuera ensuite sur l’actualisation des affects bruts mis en scène par leurs positions obscènes.
Les fonctions psychiques du psychodrame psychanalytique dans l’institution
23La séance agit comme une loupe sur le vécu collectif de l’institution. Ceci est vrai des grands événements et des grandes menaces, mais aussi pour les petits événements qui peuvent troubler la quiétude de la vie collective dans le foyer. Lorsqu’il en était ainsi, il était fréquent que les adolescentes enfreignent en partie la règle de discrétion et qu’elles en reparlent entre elles et aux éducateurs.
24Nous aurions pu l’interpréter comme un dysfonctionnement mais ce qui m’a intéressé était plutôt le fonctionnement.
25Elles attiraient à leur insu notre attention sur cette fonction psychique. Le contenu mis en scène était inspiré de leur vécu propre, mais ce qui conduisait à l’actualisation de leurs vécus personnels était un problème collectif. Le problème institutionnel constituait le cadre imaginaire qui les conduisait à la mise en scène des affects qu’elles nous exhibaient, nous sommes au plus près de la fonction du reste diurne dans le rêve. Ce problème institutionnel constitue à la fois un objet commun du groupe, mais, par l’intensité de sa présence, il empêche la constitution de l’auto-engendrement collectif de la scène psychodramatique qui permet la constitution du scénario psychodramatique, trame du jeu théâtral. Cet auto-engendrement collectif par appareillage collectif des psychés subjectives m’apparaît comme l’équivalent mutatis mutandis du travail d’auto-appareillage du psychisme subjectif sur lui-même qui permet le maintien d’une fermeture de l’appareil psychique sur lui-même, fermeture suffisante permettant le rêve et que le rêve tend à entretenir. Le reste diurne est d’une intensité telle, et constitue une telle menace sur l’autoconservation, qu’il empêche le désinvestissement psychique du cadre institutionnel et le repli sur le cadre psychodramatique. Le premier temps de malaise « mélancolique » est comme le temps d’observation des loups à travers la fenêtre, dans le rêve de l’homme aux loups, où l’immobilité signe l’intensité de la scénalité psychique et l’effroi du sujet face à cette scène qui ne peut se lier à la scénalité psychique du sujet mais qui l’intruse. Le surgissement de l’idée, ici celle de leur détérioration, ainsi que l’appel au brocanteur créent une figuration acceptable d’une solution à l’effroi, lorsqu’elles ont l’impression de reprendre l’initiative en trompant un « naïf » qui accepterait des meubles aussi détériorés. La première partie de ce psychodrame et le rêve d’angoisse de l’homme aux loups présentent la même dynamique initiale.
26Tout comme le rêve pour le sujet, le psychodrame dans l’institution est donc devenu peu à peu un espace d’auto-présentation pour les jeunes mais va devenir aussi un espace d’autoreprésentation de l’appareillage psychique institutionnel à lui-même. Ceci est tellement vrai que, dans ma thèse, j’ai proposé l’hypothèse que : le psychodrame psychanalytique de groupe dans une institution, s’il est suffisamment investi collectivement par l’équipe, est à l’institution ce que le rêve est au sujet [3].
27a) Du côté de l’équipe éducative
28Ce psychodrame traite les restes « diurnes » qui sont ici constitués des affects, des pensées, des représentations évacués pendant le travail institutionnel quotidien par des co-refoulements, des pactes dénégatifs (Kaës, 1994), (au sens de die Verneinung), et par des pactes collectifs de démentis – ou désaveux – (au sens de die Verleugnung). Au niveau de l’équipe éducative et thérapeutique, les menaces sur l’institution détériorent la représentation de l’objet psychique commun, lié à la tâche primaire de l’institution : éduquer et soigner des jeunes marquées par des vécus gravissimes de déprivation. Les affects, représentations et vécus liés à cette tâche, constituent un fond d’intimité collective partagée, qui, pour chacun des professionnels, entre en résonance avec les enjeux les plus primitifs de son inconscient (la tâche commune suscite le rapport à la création collective et, donc, inconsciemment à une forme de la scène primitive). Dans le quotidien, ce rapport d’intimité à la tâche primaire est peu travaillé, sauf parfois au cours des supervisions hebdomadaires. Par contre, les éducateurs investissent considérablement le fait de protéger l’espace hebdomadaire du psychodrame et font en sorte de nous garantir de bonnes conditions de fonctionnement. Cet investissement psychique collectif du psychodrame par l’équipe va me conduire à faire l’hypothèse de cette fonction d’autoreprésentation psychique institutionnelle, en particulier du rapport à la tâche primaire. Peu à peu, je vais pouvoir repérer dans l’institution comment, non seulement comme le proposait D. Anzieu (1975) : « On entre en groupe comme on entre en rêve », mais aussi comment la présence d’un groupe de psychodrame psychanalytique accepté, soutenu et construit, sur ma proposition, par l’ensemble de l’équipe pour cette institution (Duez, 1996), permet à l’institution de se constituer un lieu de rêve. Je pense aujourd’hui que cet espace participait du rêve institutionnel partagé.
29b) Du côté des jeunes
30On peut noter que la problématique antisociale partagée par les adolescentes est bien représentée. Le mensonge et la tromperie, joués par le brocanteur, fournissent une solution magique à cette situation, mettant bien en scène le processus par lequel elles s’inscrivent dans le passage à l’acte : la mystification d’au moins un autre. La difficulté à créer une histoire montre leur impossibilité à s’inscrire dans le jeu fantasmatique autrement que par la scène (souvent traumatique pour elles) des fantasmes originaires. On peut noter comment la mystification appartient à l’ordre de la dissimulation, et comment le mensonge du brocanteur apporte une solution à la scène.
31Nous voyons la construction d’une des solutions par la délinquance : lorsque les objets internes sont tellement détériorés, qu’on les considère sans aucune valeur, on ne tire plus de plaisir des objets, mais on jouit du dommage que l’on provoque chez l’autre en le trompant, en le volant, en l’installant dans une situation de détresse dont on pense être le maître. Nous sommes dans l’échange du dommage (Duez, 1988). Nous retrouvons aussi ce fonctionnement dans l’attaque antisociale « la bourse ou la vie ». Nous sommes dans une équi-valence du faux choix dans lequel les « antisociaux » inscrivent la victime. Si la victime cède la bourse, sa vie n’en demeure pas moins menacée, s’il essaie de préserver sa bourse en perdant la vie, il perdra aussi la bourse. Le facteur létal, comme le nomme J. Lacan (1964), en introduisant une représentation du dommage absolu, transforme le choix en rapport d’aliénation. Elle fait de l’agresseur le maître absolu du rapport à ce manque absolu ; le sujet antisocial, familier des situations de déprivation et d’agonie psychique, se pose en maître du jeu, car ses vécus agonistiques originaires l’instituent comme maître-thanatophore pour élargir la notion développée par E. Diet (1996). Derrière cela, il faut entendre cette impossibilité rencontrée par les grands antisociaux de faire émerger un objet dans la scène. Par retournement de leur vécu agonistiques, de carence de l’objet, c’est la scène elle-même qui se constitue comme objet. Ils se constituent comme maître absolu de cette scène, qu’ils répètent à l’infini en attente du retour d’au moins un qui sache les considérer comme des sujets potentiels. Nous sommes dans la configuration pathologique de la scénalité : l’obscénalité. Dans cette configuration, l’économie psychique dans le rapport à l’autre s’articule autour d’un échange du dommage (œil pour œil, dent pour dent).
32c) Le dispositif comme interface entre les pensionnaires et l’équipe
33Les affects exprimés en séance constituaient une restitution, un retournement, de ce que l’équipe, à son insu, leur faisait vivre, mais aussi une transaction inconsciente avec l’équipe. Les affects mis en scène par les adolescentes, et le travail de mise en sens qu’elles effectuaient dans le cadre du psychodrame, entraient en résonance avec les affects que ressentait l’équipe sans oser se les avouer par rapport à la blessure narcissique que représentait la mise en cause d’un outil de travail qu’ils commençaient à élaborer. En enfreignant partiellement la règle de discrétion, elles suscitaient la mise en travail au niveau de l’équipe de ce contenu d’affects lié à la menace sur la collectivité institutionnelle et que l’équipe devait constamment contre-investir pour pouvoir continuer à assumer sa tâche primaire auprès des jeunes.
34Les éducateurs ou d’autres jeunes, de façon parfois honteuse, nous reparlaient de leurs échanges sur les contenus de séance qu’ils avaient eus avec les participantes. Dans ces retours, nous pouvions pourtant trouver la ligne de partage qui nous permettait de savoir ce qui, de la règle de discrétion, devait rester intangible, et les éléments de cette communauté d’affects qui relevaient d’une mise en sens collective.
35Le cadre, comme la clôture de l’espace onirique, apparaissait alors non pas dans sa fonction de délimitation exclusive mais dans sa fonction d’interface.
36La crise profonde activait la fonction de transitionnalité du cadre (Kaës, 1994). Cette fonction transitionnelle permettait l’appropriation de vécus et d’affects qui étaient refusés, contre-investis au quotidien, tant du côté des jeunes que du côté de l’équipe.
37Si nous acceptons l’hypothèse que « le psychodrame est à l’institution ce que le rêve est au sujet », les débordements de la règle de discrétion peuvent être assimilés à un « réveil dans l’angoisse » liée à l’actualisation sur la scène du rêve institutionnel d’une menace préconsciente, mais collectivement refoulée, déniée ou forclose. La séparation entre ce qui peut être traité hors de la séance et ce qui doit rester dans la séance est intéressante. Les meubles délabrés, le déménagement par le brocanteur étaient des représentations d’événements relativement banaux de la vie quotidienne et pouvaient être travaillés sous certaines conditions avec l’équipe éducative lorsque les jeunes les mentionnaient hors séance. Par contre, les positions obscènes qui, pourtant, nous ont alertés sur la proximité du passage à l’acte et l’intensité psychique des enjeux, les vécus d’abandons personnels qui nous ont tellement inquiétés ne pouvaient pas l’être sans faillir à notre engagement de discrétion. La ligne de partage entre le discret et le partageable divisait les psychodramatistes intérieurement, montrant la mutation entre intérieur et extérieur de la vie psychique que permettent les dispositifs psychanalytiques et plus particulièrement le psychodrame. Le travail sur notre inter-transfert a souvent été essentiel pour savoir ce qui devait être travaillé parce qu’en lien avec le vécu psychique institutionnel et qui participait de l’élaboration collective de ce vécu et ce qui devait rester dans l’intimité psychique partagée du groupe de psychodrame. Les différences de points de vue avec ma collègue nous ont souvent été très utiles à l’un et à l’autre pour repérer la ligne de départage imaginaire entre intimité groupale et extériorité.
38Nous voyons donc, à l’intérieur du contenu du psychodrame, se dessiner une ligne de partage entre ce que l’on peut travailler, si ce contenu a été révélé du fait de la subversion de la règle de discrétion, et ce que nous ne pouvons pas révéler. C’est tout l’intérêt de parler d’une règle de discrétion et non pas d’une règle du secret de la séance qui, dans les groupes en institution, est rarement, intégralement, respectée. Il est toujours intéressant quand cette règle est mise en cause par un acteur ou plus d’un acteur, de comprendre à quel moment du travail psychique est liée la mise en cause de ce principe.
39Dans les faits, on s’aperçoit que les personnes parlent, soit de leur propre vécu subjectif – au nom de quoi pourrait-on leur interdire ? –, soit des situations générales qui servent plus de souvenirs de couverture que de véritables révélations. Dans les faits, conscients de protéger aussi leur intimité, les participants respectaient totalement l’esprit et la logique du principe de discrétion. Le contrat de discrétion qui en résulte n’est le plus souvent enfreint qu’à sa périphérie, là où le travail psychique groupal tangente le vécu collectif social. Dans la séance, si on l’analyse plus profondément par rapport aux révélations, on peut constater, en termes d’appareillage psychique groupal (Kaës, 1976) que le contenu subjectif des affects individuels, s’il nous a servi d’indice, n’est pas nécessaire à la compréhension de ce qu’elles pressentent au niveau du « trauma institutionnel ». Par contre, la figuration partagée (meubles cassés et délabrés, brocanteur qui emporte ces meubles et qui va les brader) permet à l’institution de travailler ce qu’elle refuse dans son quotidien. La porosité suffisante du dispositif, au-delà de sa fonction de protection de l’espace psychique du psychodrame, remplit une fonction de consistance de l’espace psychique institutionnel, tout comme le rêve nous permet parfois de traiter et travailler pendant notre sommeil ce que nous refusons d’accepter à l’état de veille.
40Dans la séance de synthèse de l’équipe qui suit cette séance, l’équipe va rapporter cette thématique que les adolescentes lui ont racontée et après un travail collectif, l’équipe va comprendre comment le danger de fermeture se construit. Quinze jours plus tard, l’équipe, en passant au-dessus du directeur, va contacter une personne qui permettra de faire le lien avec l’association et qui permettra de sauver l’institution de la fermeture. Nous retrouvons ici une dimension bien connue de la dimension du rêve prémonitoire.
La scénalité psychique institutionnelle
41Dans l’institution, on voit comment la mise en cause de la règle de discrétion a finalement pour but de s’assurer de l’existence du lien et de la possibilité de transférer sur ce lien. Les doutes sur notre discrétion suffisante, ou l’inverse, le reproche que nous ne nous disons rien et qu’elles doivent répéter sans cesse les mêmes choses doivent se comprendre comme un questionnement et une tentative de validation de la possibilité de maintenir le transfert sur les liens psychiques de l’équipe à sa tâche primaire commune et aux liens personnels de chacun avec tous et chacun. Il s’agit de s’assurer du maintien d’une scénalité suffisante pour que leurs investissements objectaux ne soient pas menacés.
42Nous voyons là que le psychodrame psychanalytique de groupe produit un effet thérapeutique qui va au-delà de sa seule dynamique. Le travail des enjeux inconscients et préconscients au sein d’un groupe intérieur à l’institution contraint l’institution à une mise en travail de ses propres enjeux psychiques. Ici, la radicalité de la menace fait effet de « loupe » sur ce fonctionnement. Le psychodrame permet que l’effroi collectif puisse se travailler, comme figuration collective et comme représentation collective, ce qui a permis à l’équipe d’entreprendre une démarche adaptée pour sortir de la crise. Ce travail, même dans des situations plus habituelles, fonctionne et donne à l’institution une permanence psychique thérapeutique et apaisante pour les adolescentes et pour l’équipe.
La scénalité du psychodrame psychanalytique
43Les propriétés figurales du psychodrame ont, dans ce cas présent, une importance. En effet, contrairement à tous les autres groupes et notamment à ce que l’on nomme les groupes à médiations, le psychodrame présente des formes figurales multiples intriquées dans un dispositif global. Successivement, les patients vont figurer leurs vécus par la mise en commun de leurs libres associations, dans la construction « romanesque » de l’histoire, dans la répartition des rôles, dans leur acceptation ou leur refus, dans le jeu théâtral, puis dans la reprise après-coup de ce jeu dans la parole. De ce point de vue, c’est le seul groupe psychanalytique à présenter une figurabilité qui couvre quasiment totalement l’extension de la figurabilité onirique.
44Chacun de ces passages d’une figuration à une autre confronte le patient à la question de la limite des supports de figuration.
45Dans un psychodrame de groupe :
- toutes les libres associations des sujets butent sur la limite que tout le monde ne peut s’exprimer en même temps au risque d’une cacophonie ;
- tout ce qui émerge sous forme imaginaire ne peut se plier à la structure d’une histoire, si fantastique et fantasque soit-elle ;
- tout ce qui émerge comme histoire ne peut se jouer ou en tout cas sans des restrictions liées au respect de l’autre ;
- la parole, à terme, viendra reprendre symboliquement et lier ces différentes figurations imaginaires à destination d’au moins un autre et plus d’un autre.
46La dimension d’auto-représentation interne des limites est omniprésente et met en scène non seulement la fonction d’exclusion d’une limite, mais aussi et surtout sa dimension transformationnelle de lien et de filtre. Ceci conduit à rééquilibrer la part de l’exclusion et celle de la liaison dans la fonction limite.
47Chacune des limites de figurabilité interne impose aux participants le travail de liaison psychique de l’hétérogène. Le lien est au cœur du travail psychique induit par le dispositif, il potentialise les formes d’actualisation transférentielle sur les liens. C’est pourquoi le psychodrame permet la prise en charge de formes de souffrances psychiques que la tendance à la discrétisation du transfert topique dans la cure rend très délicate (Duez, 2000, 2002, 2006).
La scénalité des groupes à médiations
48Les dispositifs de groupes dits à médiations avec des patients présentant des organisations archaïques ont pour but de constituer l’objet de médiation comme destinataire de ces formes de destin transférentiel. Cette forme plus économique en terme psychique se paie par contre d’une réduction considérable des possibilités de travail sur les liens transférentiels. Ceci n’est pas une critique du groupe à médiation mais une indication d’une de ses heureuses limites. Si dans tous les groupes que l’on lui propose, un patient devait travailler les enjeux transférentiels, comme cela est le cas dans le psychodrame psychanalytique de groupe, il est fort probable qu’il décompenserait. De plus, la protection qu’offre le groupe à médiation par la projection sur l’objet médiateur des excédents de charge pulsionnels, excès souvent métabolisés dans une dynamique esthétique, permet à des thérapeutes débutants de se confronter aux enjeux transférentiels de façon tolérable. À travers le filtre de l’objet médiateur, dans une figurabilité dynamique proche de la relation partielle d’objet, ils peuvent s’initier sans se trouver confrontés aux terreurs et à l’effroi que peuvent parfois susciter les actualisations transférentielles organisées sur le mode de l’obscénalité.
49L’institution dont il est question avait plusieurs groupes de ce type, qu’à cette époque nous appelions ateliers : atelier peinture, atelier photo, atelier couture, atelier « masque neutre ». Le travail collectif nous a permis de repérer comment la pacification pulsionnelle apportée par l’objet médiateur faisait de ces ateliers le lieu de confidences dans la suite ou au contraire dans la préparation d’un travail plus personnel. La dynamique du dépôt, plus projective que transférentielle, canalisée vers l’objet entraînait la déposition auprès d’un éducateur d’affects, de problèmes sous prétexte du travail lié à l’objet médiateur commun. Cet éducateur en lien psychique avec le reste de l’équipe n’était pas tenu à la discrétion ; l’adolescente qui venait se confier à lui savait que ce problème allait être, ou pouvait être, partagé entre les éducateurs. Cette situation de partage est propice à la compréhension du transfert sur le lien. Elle créait ainsi une zone intermédiaire avant de s’aventurer à traiter un problème, un événement délicat dans le cadre d’un travail transférentiel. Ces groupes avaient une fonction de pare-excitation où le sujet trouvait un objet d’urgence qui évitait l’actualisation des formes transférentielles de l’obscénalité sur la scène institutionnelle. Les ateliers, en lien avec le travail psychique collectif commun opéré chaque semaine par l’équipe, avaient pour fonction d’être des zones d’agglutination pulsionnelle suffisamment fiables pour protéger et les jeunes et l’institution de l’urgence pulsionnelle constante où vivaient ces jeunes. Ce sont de tels fonctionnements psychiques qui rendent ces institutions aussi indispensables au traitement psychique de ces patients. C’est la raison pour laquelle l’idéologie de l’institution minimaliste, qui laisse le patient seul face à sa pulsion en présence des autres, peut être absolument toxique. Cette situation répète à l’identique la configuration scénale initiale, transformant radicalement les possibilités d’historisation de la vie du sujet en destin, à terme en destin à la mort, et le conforte dans sa place de maître thanatophore.
Les fonctions psychiques des groupes dans les institutions
50Il existe de nombreuses autres fonctions psychiques, qui sont portées par les groupes dans les institutions, et je me suis délibérément limité aux fonctions les plus spectaculaires. La présence d’un authentique travail psychanalytique de groupe ne crée pas ces fonctions psychiques, qui, de toute façon, existent. Lorsque l’institution accueille en son sein un authentique travail psychanalytique de groupe et que l’institution et les analystes se donnent les moyens de conférer à ce travail une juste place, ce qui suppose un (long) travail suffisant de préliminaires, les fonctions psychiques, notamment les fonctions instancielles des groupes institutionnels (ateliers, synthèses, réunions cliniques, réunions institutionnelles), deviennent plus lisibles et parfois même analysables.
51Si ce travail n’est pas effectué, le ou les psychanalystes ne seront plus considérés comme les témoins de ce qui de l’inconscient travaille dans l’institution mais, par assimilation à leur objet primaire institutionnel, comme des représentants pulsionnels qu’il convient de refouler, dénier, isoler ou forclore. Dans les institutions trop minimalistes, comme on en a ouvert ces dernières années au nom de l’économie de moyens financiers, il m’est arrivé de constater l’impossibilité de faire un tel travail par insuffisance de permanence et de consistance des liens institutionnels qui ne peuvent donc supporter les effets de transfert sur le lien. Il a fallu parfois prendre la décision d’arrêter un travail qui se déconsidérait par l’impossibilité de travailler suffisamment avec l’équipe les destins du transfert topique. En revanche, si ce travail est fait, l’institution, par une meilleure autoreprésentation d’elle-même et des fonctions de chacun dans la tâche primaire, pourra tirer de surcroît un authentique gain narcissique et une authentique sécurité psychique dans son fonctionnement.
52L’exemple développé dans cet article nous montre comment la présence d’un psychodrame psychanalytique de groupe donne à l’institution une consistance psychique, par reprise des principales fonctions du rêve chez le sujet, métabolisations des vécus diurnes qui ne peuvent pas être liés psychiquement, mise en évidence des fonctions éducatives de gardien de l’apaisement psychique des jeunes lorsque, par exemple, les éducateurs protègent l’espace psychodramatique de l’intrusion par des pensionnaires qui n’y participent pas, mais aussi lorsqu’ils écoutent les restes des séances avec discrétion et bienveillance. Les éducateurs, en s’étayant sur cette présence du psychodrame, gagnent une représentation plus pertinente des possibilités qu’offre leur accompagnement et de ses limites. Le repérage des fonctions instancielles de chacun pendant les synthèses s’appuie fréquemment sur le travail de différenciation entre ce qui fait fonction d’espace d’intimité et ce qui appartient à la vie psychique collective. L’acceptation de ne pas pouvoir « tout savoir », de ne pas pouvoir être partout, est facilitée par l’expérience concrète de la part de renonciation qu’impose la discrétion à chacun des acteurs institutionnels. Pourtant, ce désir de toute-puissance héroïque, lié aux identifications héroïques, est fréquemment induit par ce travail avec des adolescents antisociaux. La perte narcissique induite par la renonciation se dédommageait dans une illusion groupale suffisante, liée à la conscience d’un travail suffisamment bien fait, et qui donnait une authentique consistance psychique à l’institution. La sécurité psychique des professionnels, liée à l’assurance de pouvoir se co-étayer sur le travail psychique groupal, auto-représenté in fine par la présence du psychodrame psychanalytique de groupe, et les ateliers qui s’étaient créés dans cette gravitation, garantissait de plus un temps de présence suffisamment long (fréquemment entre cinq et dix ans) pour assurer une fiabilité des liens psychiques aux adolescentes.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : fonctions psychiques institutionnelle, psychodrame psychanalytique et fonction onirique, transfert sur le lien, tendance antisociale, Psychodrame psychanalytique de groupe
Mise en ligne 03/12/2012
https://doi.org/10.3917/rppg.059.0031Notes
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[1]
Lorsque j’utiliserai ce terme, il faut le comprendre au sens de la tendance antisociale de D. W. Winnicott.
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[2]
La nouvelle association licenciera le directeur en découvrant les fautes qu’il a commises. Ce directeur n’était pas un « mauvais homme », mais il s’était véritablement usé psychiquement à faire fonctionner ce foyer très difficile sans s’appuyer sur le lien collectif à l’équipe. Il présentait des traits du père originaire tel le « Urvater » de Totem et tabou à la fois héroïque, protecteur et suicidaire.
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[3]
L’investissement du dispositif par l’équipe est une condition sine qua non pour que le rêve ne se manifeste pas uniquement sous forme de cauchemar ou de réveil dans l’angoisse comme, plus récemment, j’en ai fait l’expérience dans une institution.