Le travail de couple en thérapie familiale psychanalytique
1Recevoir ensemble un couple et leurs enfants demande une clarté méthodologique qu’il n’est pas toujours aisé de maintenir, surtout quand les espaces et les liens sont indifférenciés, empiétés ou intervertis, ce qui est, bien entendu, le plus fréquent pour les familles souffrantes.
2Sont reçues dans le dispositif de thérapie familiale psychanalytique des familles en difficulté dans leurs liens et dans leur communication intergénérationnelle et intra-groupale. Pour de multiples facteurs, ces familles ont été amenées à un fonctionnement où les angoisses d’effondrement, souvent déjà vécues dans le passé historique de la famille, sont en permanence redoutées, et mobilisent donc des défenses rigides de survie, en particulier l’indifférenciation. L’objectif de la tfa (Thérapie familiale analytique) est de reconstruire suffisamment de sécurité de base dans la répétition des séances où les angoisses et les débordements sont contenus.
Le dispositif
3Les familles sont accueillies dans un cadre spécifique, séances d’une heure tous les quinze jours, avec deux ou trois thérapeutes. La consigne est que tout peut être dit ici, mais que l’on n’est jamais obligé de tout dire, consigne particulièrement importante puisqu’elle instaure la potentialité d’espaces séparés et différenciés.
4En thérapie familiale psychanalytique, on écoute l’associativité familiale dans tous ses niveaux d’expression, verbaux et non verbaux : la chaîne associative familiale est spécifique et traduit dans la forme comme dans le fond la manière d’être et de communiquer ensemble.
5Par ailleurs, la présence réelle des membres de la famille en séance vient nourrir ou entraver cette associativité, qui doit prendre en charge la proximité corporelle et ses effets dans la communication. Elle donne accès à des modalités d’être ensemble en deçà des relations objectales, dans le registre de la sociabilité syncrétique décrite par J. Bleger (1966). Ce qui s’actualise en séance n’est pas uniquement de l’ordre de la subjectivation et susceptible d’être remémoré : ces vécus doivent être traités dans le temps même de la rencontre. Nous sommes dans le niveau du coéprouvé, même si d’autres niveaux, plus élaborés, peuvent aussi fonctionner dans le même temps.
6Soulevons ici la question de « qui doit être présent » pour que la séance ait lieu : nous indiquons qu’il est souhaitable que tout le monde participe, mais que nous accueillerons ceux qui se présentent. De ce fait, certaines séances se déroulent avec une partie de la famille, parfois simplement le couple.
7Lorsque cela se produit, notre écoute reste groupale, c’est-à-dire que les absents sont évoqués dans ce qu’ils pourraient penser ou dire, et l’expérience montre que, même si seul le couple est présent, sa sollicitation en séance en tant que couple parental instaure une limite claire entre l’intimité à deux, en particulier la sexualité, et le positionnement de parents. Il est extrêmement rare qu’il faille rappeler que nous sommes toujours en thérapie familiale et non en thérapie de couple. Ce peut d’ailleurs être l’occasion d’évoquer la possibilité d’un espace de soin spécifique, évidemment différent de la tfa, et ceci surtout si les séances où seul le couple est présent semblent se répéter.
La place du couple parental en séance
8La technique d’intervention et d’interprétation contribue également à (re)construire progressivement des espaces différenciés : en travaillant toujours préférentiellement sur les espaces, les topiques de liens et les contenants, et très peu sur les contenus, nous aidons la famille à éprouver les empiétements et les indifférenciations, dans leurs dimensions défensives mais aussi pathogènes. Le cadre assurant une progressive sécurisation, ces modalités défensives par recours au fusionnel deviennent moins vitales, et les écarts apparaissent. Dans la vie quotidienne familiale, cela se traduit très souvent par de meilleures différenciations des espaces des uns et des autres, avec des portes qui se ferment, des lieux intimes mieux protégés et respectés. Il devient aussi possible de s’écouter les uns les autres dans les différences de pensées et d’éprouvés.
9Si nous amenons chacun à évoquer ce qui se vit dans l’actuel en séance, nous sollicitons aussi les associations avec des situations passées. Les parents sont les plus concernés par ces liens de pensée, dans l’objectif de les amener à faire des allers et retours entre leurs vécus actuels en tant que parents, et leurs souvenirs en tant qu’enfants. Cette invitation à des positionnements identificatoires différents permet un progressif redéploiement générationnel, temporel et symboligène.
Les liens de couple à l’épreuve de la parentalité
10Une cellule familiale s’origine, en principe, dans la rencontre entre deux personnes, qui, éprouvant une attirance mutuelle, décident de vivre ensemble. Ce choix originel s’appuie sur plusieurs aspects et plusieurs niveaux : en effet, en deçà des éléments de choix œdipiens et de la séduction sexuelle, la construction du lien de couple engage certes la partie individuée de chacun, mais aussi la partie « non-moi », au sens de J. Bleger (1966).
11Dès l’origine, le lien de couple abrite les éléments archaïques de la personnalité, ceux qui relèvent de la sociabilité syncrétique et des aspirations fusionnelles. Chaque partenaire est engagé dans sa propre chaîne générationnelle, porteur des héritages du passé, à charge des contrats narcissiques le concernant mais aussi garant, en tant que membre du lien familial, des non-dits, des secrets, des loyautés et des hontes transgénérationnelles.
12Entre autres aspects, la quête du lien de couple est une recherche d’affiliation, (que R. Kaës [1985] signale comme une tentative de réparation des blessures de la filiation) et de retrouvailles avec un lien originel. En fonctionnant à deux, le couple cherche à maintenir à l’abri du lien, suffisamment muets, les souffrances et les ratés de l’histoire transgénérationnelle de chacun : il tisse une enveloppe protectrice qui peut le mettre relativement hors de portée des intrusions extérieures. L’arrivée d’un enfant modifie la topique des contenants, décale les positions, et rouvre des contenants de négatif, selon l’expression d’E. Granjon (1991) : de ce fait, accéder à la parentalité constitue toujours une crise pour le couple, parfois un véritable traumatisme, comme le rappelle A. Carel (1990), et mobilise donc des systèmes défensifs à différents niveaux, individuel, « couplal » et familial.
13Devenir parent réveille la question du générationnel, active la régression et le retour dans des zones d’indifférencié, et confronte aux angoisses et éprouvés archaïques de l’enfant en chacun des parents. Le parent est placé devant la nécessité d’accueillir le psychisme immature de ce nouveau-né, qu’il faut investir et reconnaître comme son enfant. Et même si l’enfant ne pose pas particulièrement de problème, le voyage à ses côtés est un retour en arrière, un anachronisme parfois douloureux ou angoissant. Le lien de couple est nécessairement interrogé, voire ébranlé car le tiers qu’est l’enfant percute chaque parent par son altérité si familière : la forme que prend la parentalité est inévitablement colorée – ou « infectée » – par ce qui préexistait dans l’alliance.
14Les difficultés de parentalité que rencontrent donc certains parents sont en liens très directs avec ce que l’intrusion des enfants déstabilise de leurs alliances inconscientes de couple, et la scène familiale vient rejouer, répéter ou commémorer des effondrements ou des souffrances antérieurs que chaque partenaire avait provisoirement mis à l’abri dans son lien à l’autre.
15À travers trois exemples de suivis de famille en thérapie, mon propos sera d’illustrer ces hypothèses, en mettant en évidence une ou des dominantes des liens du couple parental qui se retrouvent dans leurs difficultés d’exercice de leur parentalité.
L’emprise et l’empiétement
16Cette première vignette va éclairer le travail en thérapie familiale avec une famille dont les parents sont en échec face à certains comportements de leur fille : le ressenti face à ces comportements en séance, l’analyse de leurs effets contre-transférentiels, et le soutien apporté aux parents dans leurs mouvements associatifs avec leur propre histoire dans le temps même de la séance, ont permis un décollement des espaces physiques et psychiques, parallèlement à un début de différenciation symbolique des liens. Le fonctionnement du couple s’en est trouvé assoupli.
17La famille se compose de deux parents et d’une fillette d’une dizaine d’années. Ils consultent depuis déjà plusieurs années dans différentes structures, pour des problèmes relationnels avec leur fille, problèmes qui se manifestent par des colères et altercations incessantes entre mère et fille, par le fait que leur fille Anaïs se mêle de tout, et par des difficultés de sommeil répétitives, faisant expérimenter régulièrement des nuits complètement blanches. Mme, épuisée, finit par dormir avec sa fille dans le lit conjugal que M. a déserté pour se réfugier au salon.
18D’emblée, la problématique mère-fille envahit le champ, mais les difficultés conjugales sont également au premier plan, dans le registre d’une parentalité décrite réciproquement comme inadéquate : Mme reproche à M. de la laisser se débrouiller la nuit, mais, lorsqu’il intervient, c’est pour se mettre dans une colère violente qui fait peur à tout le monde, ne résout rien, et, pour finir, M. quitte le champ de bataille sous les disqualifications de Mme. Dans les séances, M. reste très silencieux pendant les premiers mois du travail, et l’espace est effectivement occupé par les querelles mère-fille, violences verbales et hurlements, agrippements et rejets, censures de la parole en même temps que sommations d’explications : des démonstrations exhibées pour les spectateurs que nous sommes et qui évoquent irrésistiblement des scènes de ménage.
Histoire des parents
19Madame a une histoire très lourde d’immigration, d’abandon, de parents désunis et violents entre eux, en contact discontinu avec une mère dépressive et manipulatrice, et, enfin, d’inceste avéré de la part d’un beau-frère, inceste que Mme n’a dénoncé que relativement récemment.
20M. est issu d’une famille de commerçants acharnés au travail, couple parental apparemment uni, mais dont la mère avait une forte personnalité, régissant tout, et particulièrement tout ce qui concernait M., ne lui laissant aucune place pour faire des choix ou exprimer quelque chose en son nom propre. Cette grand-mère maternelle d’Anaïs est décédée il y a quelques années, et M. n’a toujours pas réussi à en faire le deuil, sans doute parce qu’il n’a pas encore pu approcher sa colère contre elle, colère qui nourrit sans doute la violence de ses explosions actuelles lorsqu’il se sent dans une position « d’animal blessé », vidé narcissiquement par les disqualifications de sa femme, comme père autant que comme époux.
Indifférenciation des espaces et des liens
21Le couple semble avoir très peu de temps intimes, et Mme laisse discrètement sous-entendre une quasi absence de relations sexuelles.
22Le travail de thérapie en séance a d’abord porté sur la question des espaces, car ce qui semblait le plus souffrant était cette indifférenciation des liens, des investissements et des enjeux, mettant Anaïs en position de centre et de contrôle de toutes les relations et des communications. Ces rituels de couchers, qui amènent répétitivement des scènes violentes, concentrent le temps de la séparation, du lâcher prise, de l’abandon et la confrontation impossible à un espace réservé au lien de couple : impossible pour Anaïs, mais impossible aussi pour sa mère, qui somme son mari d’intervenir, tout en disqualifiant ses interventions. M. est dans une position paradoxée, où aucune place de sujet ne lui est accessible, parce qu’il est convoqué pour une intervention de père, mais par une épouse qui se met dans une exigence de mère à l’égard d’un petit garçon coléreux, dangereux et incapable.
23Mme occupe aussi plusieurs places en même temps, mère d’Anaïs, rivale d’Anaïs, identifiée à Anaïs dans sa souffrance d’enfant confrontée à des adultes ni contenants, ni cohérents, ni stables, mais exhibitionnistes, et excitants. En séance, elle associe à ses vécus d’enfant chez sa sœur (lorsque sa mère s’en « débarrassait » parce qu’elle était trop fatiguée et dépressive), témoin terrifié des scènes de ménage ultra violentes, la nuit, dans lesquelles sa sœur frappait son mari, celui-là même qui abusait d’elle à d’autres moments… Dans ce contexte, Mme, elle aussi, était mise à toutes les places, désubjectivée et envahie, enfant, rivale, consolatrice, objet rejeté.
L’emprise dans ce lien de couple
24Rappelons les idées d’Alain Ferrant (2001, 2011) sur la question de l’emprise. Si l’emprise est un fonctionnement normal de modalité de rencontre avec le monde extérieur, l’enfant ayant besoin d’expérimenter sa capacité de maîtrise de ce monde et de vivre une « suffisante » réussite de son investissement pulsionnel, l’échec répété de cette maîtrise amène la constitution d’une forme d’emprise pathologique, de type tyrannique. Cet échec peut, évidemment, être dû à plusieurs facteurs, et, dans le cas de la mère d’Anaïs, la défaillance de l’environnement maternel et, plus généralement parental et familial, semble l’avoir poussée dans cette modalité de lien. M. semble également avoir vécu une forme d’impuissance sous l’emprise de sa mère. Le parallèle à ce vécu d’emprise est un éprouvé de dépendance à l’égard d’un objet tout-puissant mais non bienveillant, qui fait vivre le risque permanent d’effondrement et de lâchage, quand aucun étayage parental n’est accessible.
25On peut faire l’hypothèse que ce lien de couple s’est scellé dans un pacte dénégatif (Kaës 1989) où chacun des partenaires cherche et redoute en même temps la rencontre/retrouvailles avec une situation archaïque d’impuissance, l’autre du lien étant convoqué dans cette forme paradoxale où il est à la fois le responsable de la reviviscence de l’éprouvé catastrophique, et le sauveur exigé : ce qui évoque les situations d’agonies primitives décrites par D.W. Winnicott (1974) où le traumatisme passé est à la fois redouté et attendu dans l’espoir d’être enfin dépassé.
26Enfermés dans leur cercle vicieux, aussi anachronique que traumatique, ces parents ne peuvent exercer une fonction contenante et détoxicante pour Anaïs, condamnée au rôle d’activatrice de situations de réactualisation, dont, elle aussi, est agent et victime.
Le vécu contre-transférentiel et le travail en postséance
27Contre-transférentiellement, cette famille nous a placés dans une très difficile position voyeuriste potentiellement excitante et à fort risque de passage à l’acte dans des interventions dans la réalité, par des conseils ou des interprétations à visée défensive pour les cothérapeutes, sollicités de façon violente dans leurs propres éprouvés archaïques. Le travail sur ces éprouvés archaïques en postséance nous a permis de les élaborer dans l’étayage du lien intertransférentiel, et de les dégager de leur charge anxiogène pour les transformer en images, souvenirs et rêveries au sens de W.R. Bion (1964). Ce travail a aidé les thérapeutes à retrouver une fonction contenante « parentale » et à la mettre à disposition de la famille, des parents en particulier : le contact avec cette « parentalité » transférentielle a offert des pôles identificatoires structurants pour les parents d’Anaïs, et les a aidés à différencier leur lien d’alliance de leur lien de parentalité à leur fille.
Le processus thérapeutique
28La conséquence en sera une première étape évolutive où les parents trouvent une parade aux envahissements d’Anaïs par la menace « de fermer leur porte » si elle ne va pas se recoucher. Évidemment, cette idée était déjà venue, mais pour la première fois, ils arrivent à le faire, ce qui a pour conséquence un apaisement quasi immédiat d’Anaïs qui lâche prise, va éventuellement pleurer dans sa chambre, mais en renonçant à une présence dans l’espace de couple de ses parents. On peut, bien sûr, faire un lien avec ce qui se passe à la fin de chaque séance où la porte de la salle de thérapie est fermée derrière la famille après son départ : reste donc l’espace des « parents-thérapeutes », source de fantasmatisations, d’interrogations et d’envie, mais pas d’angoisse. Si, en début de travail, Mme avait plusieurs fois cherché à parler à un thérapeute en dehors du temps de la séance, cette « attaque » du cadre a rapidement cessé.
29Parallèlement, les parents mettent progressivement des barrières, symboliques celles-ci, entre les questions dont on peut débattre avec Anaïs et celles « qui ne la regardent pas ». Ce nouveau positionnement s’appuie sur le travail d’étayage en séance, où Anaïs peut expérimenter qu’elle n’est pas lâchée lorsqu’elle n’est plus au centre des échanges, et même que ce temps de « solitude en présence du couple » lui ouvre la voie à des pensées personnelles, des scénarii fantasmatiques, dont elle peut choisir de parler ou non : la règle selon laquelle l’espace de tfa permet de tout évoquer, mais que chacun peut décider pour lui-même ce qu’il partage et ce qu’il garde pour lui, constitue une aide à l’expérimentation in situ de l’autorisation à avoir un espace psychique autonome, et un « droit au secret » selon le terme de P. Aulagnier (1974).
30Ils nous font également part de changements autour d’eux. Mme, très collée à sa mère qui l’exaspère autant qu’elle lui est indispensable, peut commencer à espacer un peu les rencontres, elle peut lui dire « non » si elle n’a ni le temps, ni l’envie de la voir. Mme peut aussi commencer à revisiter son histoire, notamment ce qui s’est passé pour son père.
31De son côté, M., qui s’était fâché avec sa sœur au moment du décès de leur mère, parce qu’il considérait que cette sœur n’avait pas été assez aidante pour leur mère malade, peut admettre ce qui a pu être difficile pour cette sœur, dans un mouvement d’empathie qui commence à nuancer l’imago maternelle, longtemps intouchable. Par ailleurs, M. peut aussi commencer un rapprochement avec son père.
32Ces deux parents approchent leur père, dans un mouvement très touchant et concomitant, progressivement dégagés de l’emprise d’une imago maternelle archaïque : il n’est pas étonnant du coup que les aspects tyranniques de leur lien de couple s’atténuent, ouvrant la possibilité à l’interétayage, à la complémentarité, à la différenciation et à l’empathie. La conséquence en est évidemment sensible dans l’exercice d’une parentalité plus adéquate et sécurisante pour Anaïs.
Le désaccordage psyché-soma dans un lien d’adoption
33Cet autre exemple clinique illustrera les difficultés d’un couple adoptif à devenir des parents qui ne soient pas seulement des pourvoyeurs d’un savoir intellectuel et d’une éducation mais qui, malgré leurs propres manques en tant qu’enfants, peuvent accéder à une véritable fonction de transmission réconciliant le corps et les affects, dans un travail psychique intégrant les fantasmes, les liens et l’histoire.
34La famille se compose des deux parents et de Samuel et de Théo, enfants adoptés, arrivés en France il y a un an.
35La consultation avait été demandée autour des questions de scolarisation, mais la souffrance patente de ces parents nous a amenés à proposer une thérapie familiale pour aider cette famille à tisser quelque chose à partir de ces destinées tragiques, à trouver de progressifs accordages à partir d’investissements tellement dissemblables et dissymétriques, et de mettre un peu plus au clair les mouvements à l’origine de cet assemblage.
Le lien de couple
36M. et Mme qui vivent ensemble depuis dix ans avaient depuis longtemps le projet d’avoir des enfants, mais leur problème d’infertilité les a conduits au parcours pma, puis à l’adoption.
37Ils sont universitaires de haut niveau d’études, leur travail est très important pour eux. Ils sont en analyse depuis de longues années. Ils se sont connus à l’université, réunis par leurs compétences, leur amour du travail bien fait, mais aussi par ce qui semble être, pour tous les deux, une forme d’étayage vital : l’investissement de l’intellectuel.
38M. est fils unique et décrit une enfance solitaire, dans laquelle le travail et la lecture étaient des activités très investies. Son père était médecin, passionné par son travail qui lui prenait tout son temps, sa mère ne travaillait pas. Les parents de M. se sont mariés contre l’avis de leurs propres parents. M., enfant non attendu et non reconnu par les grands-parents, a dû attendre la réussite brillante de ses études pour être enfin « réintégré » dans la lignée.
39Le couple actuel est le troisième de M., il n’a pas eu d’enfants avec ses précédentes compagnes, dont il ne dit pas grand-chose.
40Mme parle d’une enfance très solitaire, dans laquelle la lecture et la quête du savoir représentaient son essentiel vital. Elle évoque le désintérêt total de sa mère pour elle et l’absence de soins quand elle était malade. Le lien à son père, même s’il paraît idéalisé, semble avoir été plus satisfaisant. Elle évoquera aussi des conflits de couple entre ses parents.
41Elle a eu un premier couple qui a tragiquement fini par le suicide de son mari, décrit comme quelqu’un de très intelligent et séduisant, mais fragile et peu adapté.
42Ces deux parents ont en commun des vécus de solitude, de non-reconnaissance, et de quête de réétayage par le savoir. Le corporel est, pour tous les deux, quelque chose de difficile, anxiogène pour M. qui fait des malaises qui le terrifient, et d’accès très compliqué pour Mme qui se défend de l’affectif, facilement débordant, voire ambigu. Elle se plaint très fréquemment de douleurs somatiques diverses.
43La question de la parentalité est complexe pour ces deux personnes qui n’ont pas eu d’enfants biologiques. Mme pourra évoquer dans un moment très émouvant à quel point les questions de la féminité et de la maternité sont douloureuses pour elle. Quant à M., si la masculinité ne semble pas être trop complexe pour lui, la position de père en revanche est difficile, et il se positionnera souvent davantage dans un registre maternel avec ses enfants (ce qui lui sera vertement reproché par Mme à de multiples reprises). La paternité est un sujet qui reste très douloureux, et M. a à cœur d’être un bon père pour ses enfants, et d’être reconnu comme tel.
44Ce qui ne l’empêchera pas d’énoncer en thérapie, en général en l’absence de Samuel, mais pas toujours, que son fils lui « pourrit la vie », qu’il voudrait s’en débarrasser, qu’il aurait envie de partir loin d’eux trois. M., en général calme et mesuré, peut entrer dans des colères terribles et quitter la maison sur un coup de tête.
45Cette idée selon laquelle les enfants peuvent épuiser les parents jusqu’à les faire mourir reviendra souvent : de façon récurrente, les deux parents diront à quel point ils sont épuisés, ils n’ont plus un instant à eux pour travailler ou faire ce qui leur plaît, les enfants sont toujours en demande et semblent incapables de s’assumer tous seuls. Apparaît également très fréquemment l’idée du manque de reconnaissance de ce qu’ils font pour leurs enfants.
L’histoire des enfants
46L’histoire des enfants est très douloureuse. Ils ont la même mère, mais pas le même père. Leur mère semble avoir eu de nombreux compagnons, nous n’en saurons pas plus. Cette mère décédera au cours de la thérapie. Les deux pères sont décédés, ils étaient apparemment alcooliques et violents. Les enfants ne semblaient pas maltraités mais livrés à eux-mêmes, dans une misère noire, « gardés » par un gros chien qu’ils aimaient beaucoup. Pas de souvenirs d’affection de leurs parents, seule une grand-mère maternelle est évoquée et la fratrie semblait le seul support : dans les séances où la tension dans le couple sera très forte, les enfants adopteront une attitude de retrait avec des jeux, des dessins ou même l’enfermement dans le silence, camouflés derrière leur blouson.
La question sexuelle
47Au cours de la thérapie, nous aurons à de multiples reprises l’occasion de constater la sorte de fascination qu’exerce l’histoire de haine et de violence dans la famille des enfants. La violence, l’absence de lois, le pulsionnel débridé de cette famille d’origine viendront tantôt « expliquer » ce qui se passe (« cela vient d’eux, de leur origine »), tantôt servir de prétexte à un déferlement de colère et de rejet vis-à-vis d’enfants impossibles, surtout Samuel. Mme pourra dire que Samuel lui fait peur, mais, en même temps, elle ne peut s’empêcher de le « chercher », elle veut qu’il lui obéisse et le poursuit jusque dans sa chambre. Mme évoque aussi que Samuel a des gestes ou des attitudes déplacés à son égard, elle doit le maintenir à distance, « il est trop grand ».
48La question sexuelle viendra souvent faire flamber les séances, Mme, par ailleurs bien élevée et mesurée dans ses propos, pourra nous déclarer tout à trac, alors que nous essayons de chercher le corporel et l’affectif sous l’opératoire, que son mari et elle ont une très bonne relation sexuelle, qu’elle n’est pas du tout coincée comme nous le pensons (c’est évidemment ce qu’elle imagine, mais il est vrai que l’aspect souvent désertique émotionnellement de ses propos nous y amène…). Ce type de déclaration, faite devant les enfants, nous semble très déplacé, il s’estompera rapidement, avec la sécurisation de l’alliance thérapeutique et la disparition d’une forme de rivalité transférentielle.
Le processus thérapeutique
49Ces parents ont à cœur de transmettre du savoir, de la culture, ce qu’ils font certes de manière très directive, mais avec beaucoup de talent : ils ont ainsi exercé une parentalité parfois plus éducative que filiale, mais l’amour parental, affectueux, le sentiment d’être liés ensemble tous les quatre, de faire bloc, sont bien maintenant présents dans un vécu de portage commun et de solidarité. Ils peuvent se séparer, les retrouvailles sont sincèrement empreintes de plaisir et d’affection, on peut se manquer les uns aux autres sans se sentir persécutés : les parents ont pu progressivement sortir d’un mouvement transférentiel de démonstration de leurs compétences, répétitivement mis en échec en séance par leurs enfants. Notre position d’accueil de leur souffrance (d’adulte, mais aussi d’enfant) et de non-jugement, nos réassurances sur le fait qu’ils forment bien une famille (ce dont ils ont si longtemps semblé douter), les a amenés à laisser tomber le paraître pour l’éprouvé, expérience qui leur a probablement cruellement manquée dans leur enfance.
50Les parents ont aussi fait un important travail autour de la reconnaissance de la différence en acceptant que leurs enfants s’orientent vers des métiers moins intellectuels qu’eux, et ce « lâcher prise » a amené un réel apaisement dans leurs relations. Ils sont maintenant étayants dans les démarches personnelles des enfants et plus complémentaires dans leurs positionnements.
La tyrannie et l’envie
51Cette autre situation montre comment des parents, en contact dans leur enfance avec un environnement primaire qui semble ne pas avoir pu prendre en compte leurs besoins primordiaux, se révèlent dans l’incapacité d’exercer une fonction parentale qui ne répète pas ce qu’ils ont vécu. Scellé dans l’enfermement sur eux-mêmes, leur lien de couple les rend prisonniers de leur propre détresse, et les empêche d’accueillir celle de leurs enfants qui ne peuvent que reproduire une relation tyrannique et manifester une envie dévorante pour ce qui leur est refusé.
52La famille T. est composée des deux parents et de quatre enfants de 15 à 7 ans. Leur demande initiale était une grande difficulté de communication et d’échange entre eux, les parents se montrant très déçus de ce qu’ils perçoivent et décrivent comme une indifférence et une avidité de leurs enfants envers eux, ce qui ne correspond pas du tout à l’image de la famille qu’ils pensent être la norme.
Des liens d’envie et de haine
53Nous rencontrons un groupe où des enfants tyranniques font bloc face à des parents invariablement décrits comme inadéquats, peu aimants, peu généreux, refusant tout et frustrant quasiment par plaisir, pour ne pas dire sadisme. Quant aux parents, ils décrivent la vie familiale comme une succession de temps de tension où les enfants les assiègent en permanence d’exigences diverses, et n’ont jamais la moindre gratitude pour ce qui est fait pour eux. On perçoit une sorte d’envie haineuse, réciproque, entre les deux générations. Pour autant, les enfants entre eux ne se font aucun cadeau, ils s’agressent et montrent une extrême jalousie, se dénoncent mutuellement, pour refaire bloc cependant dès que l’un d’entre eux est sur la sellette, non pour l’aider mais pour trouver une nouvelle justification de leur mépris commun pour leurs parents.
Le couple parental
54Dans cette famille, on peut reconnaître les mouvements d’emprise pathologique et de tyrannie que décrit A. Ferrant (2011) : confronté, enfant, à un environnement partiellement indifférent à ses besoins fondamentaux, amenant l’échec de la pulsion d’emprise « normale », le sujet finit par organiser ses échanges dans le registre de la tyrannie. On peut penser que cela a été le cas pour chacun des parents.
55Mme est issue d’une famille paysanne dans laquelle elle a « poussé » toute seule, passablement livrée à elle-même, bénéficiant du nécessaire vital, mais sans affection ni attention particulière. Elle ne se plaint pas de son enfance ni de sa famille, sauf pour exprimer des moments de honte lorsqu’elle rencontrait des « enfants des villes » en vacances à la campagne, et elle parle de la honte qu’elle éprouvait alors. Mme n’a eu de cesse que de quitter son milieu, ce qu’elle a réussi à faire grâce à des études brillantes et au prix d’efforts remarquables.
56M. semble avoir vécu une enfance très douloureuse entre deux parents très peu attentifs à ses besoins émotionnels, une mère dépressive pour laquelle il affiche son mépris et un père qu’il déteste ouvertement, décrit comme à la fois sadique dans ses attitudes et en même temps indifférent aux besoins affectifs de son fils pour lequel il ne semble avoir ni investissement, ni empathie. M. et Mme décrivent les grands-parents paternels comme ne s’occupant et ne s’intéressant qu’à eux-mêmes et aux apparences, et toujours inadéquats ou à côté de ce qu’ils devraient être ou faire. M. a montré des qualités indéniables pour le sport dans sa jeunesse, et il a aussi fait des études brillantes, jusqu’à obtenir une thèse. Pourtant, non seulement il n’en éprouve aucune fierté, mais il manifeste une certaine honte pour cette thèse qu’il qualifie de « nulle ».
57Ces deux parents présentent les mêmes sentiments de honte et des failles narcissiques abyssales. Ils se sont rencontrés et connus à l’université, ont partagé des temps d’étudiants ensemble, mais ne semblent pas capables de se souvenir de bons moments. Mme se souvient qu’elle a dû taper la thèse de M., et que c’était pénible, mais M. semble n’en montre aucune reconnaissance. Ce lien de couple est tout à fait étrange, car on n’y perçoit ni affection, ni désir, ni étayage : ils « fonctionnent », et mal, ils ont eu quatre enfants sans que jamais, au cours du travail, nous n’ayons accès à l’expression d’un vrai projet.
Une parentalité factuelle et opératoire
58Ces parents n’ont aucune solidarité ni soutien mutuel l’un pour l’autre. M. disqualifie régulièrement ce que fait sa femme, et, de son côté, Mme exprime sa colère de devoir tout gérer, de n’en être jamais remerciée et de ne jamais être soutenue quand elle est en difficulté. Pour autant, nous sommes également étonnés de ne percevoir ni affect de tristesse ou d’inquiétude chez Mme, qui déclare ne pas être touchée par les relations détestables avec ses enfants, et d’entendre les déclarations répétées de M. selon lesquelles il ne souffre absolument pas de tout cela, « qu’ils ne le méritent pas »…
59Ce couple exerce une parentalité factuelle, au quotidien, dans le « faire » et non dans l’investissement des attentes affectives des enfants. Durant le travail avec cette famille, nous serons souvent inquiets pour ces enfants qui se cassent et se perdent, et si les parents fonctionnent pour réparer, aller chercher, éventuellement avec les gendarmes, ils ne semblent ni affectés ni questionnés par ce que les enfants manifestent d’un laisser-tomber, et d’une non-permanence de l’Objet dans la tête des uns et des autres.
60Les réactions des deux parents sont identiques : les enfants sont montrés du doigt pour leur manque de respect et d’obéissance, et leurs manœuvres destinées à persécuter les parents. Cet unisson dans une réaction qui nous paraît totalement inappropriée témoigne d’un pacte fondateur dans ce couple, autour de l’idée que les enfants fonctionnent comme un groupe persécuteur, tyrannique et égoïste, sans reconnaissance de leurs parents comme des parents : cette position d’ennemis semble, au contraire, conforter ce lien de couple paranoïde et désespéré.
Un couple sans sexualité
61L’absence de vie sexuelle que l’état exécrable des relations de couple fait supposer – et est laissée entendre – par les deux parents, scelle une absence d’intimité, et les réaccordages que cette intimité pourrait restaurer ne se font pas. M. dit clairement qu’il n’a qu’une envie c’est de partir loin de cette famille, mais se garde bien de le faire. Mme a beaucoup d’activités associatives qui lui prennent du temps en plus de son travail. Mais les enfants constituent un socle incontournable et, sans doute, essentiel d’obligations maintenant une forme de lien d’asservissement des uns par les autres : ils disent tous que cette vie est infernale, mais, s’ils ont tous une multiplicité d’activités notamment sportives (sans doute pour faire baisser la tension corporelle et pulsionnelle), ils sont viscéralement attachés au domicile commun et à ce lien addictif, fait de contacts corporels mal maîtrisés, d’escarmouches verbales ou physiques répétées, d’intrusions dans les espaces des uns et des autres.
Un lien destructeur et tyrannique
62Ces deux parents ont en commun une absence fondamentale de reconnaissance de leur subjectivité, un vécu précoce de non-investissement par des parents indifférents, trop occupés, ou rejetant et cette immense solitude face à leurs éprouvés d’abandon, voire d’effondrements infantiles : le contact nécessaire avec ces éprouvés archaïques pour entrer en empathie avec les inévitables détresses de leurs enfants leur est insupportable car potentiellement mortifère et destructeur. Ils se sont accordés sur ce déni et ce clivage dans la constitution même de leur lien de couple, mais leur parentalité réelle les place répétitivement devant cette menace : les enfants deviennent des persécuteurs qui attaquent leurs défenses communes et vitales. Loin d’être des prolongements narcissiques, ils sont des ennemis dans la place, des sortes de parasites accrochés entre eux et avec leurs parents.
63Contre-transférentiellement, ils nous font vivre une impuissance, une inadéquation et un découragement dans notre travail : ils sont « de mauvais enfants », et font de nous des « mauvais parents »… En ce sens, ils reproduisent avec nous ce qu’ils ont vécu enfants, et vivent au quotidien, comme si c’était la condition même du lien. Ce travail de thérapie, pourtant déjà bien engagé, est loin d’être terminé, malgré de réelles avancées. La question de la séparation d’avec les thérapeutes, objets d’envie archaïque mais aussi impossibles à attaquer dans un processus de différenciation et d’autonomisation reste pour l’instant un point d’achoppement.
Conclusion
64C’est lorsque la construction du lien de couple repose essentiellement sur des bases à la fois archaïques, indifférenciées et traumatiques que la complémentarité et le réétayage ne peuvent fonctionner entre les deux partenaires et que la parentalité devient plus nettement difficile : loin de pouvoir s’appuyer l’un sur l’autre pour pallier les inévitables fragilités de chacun, les deux parents vont s’allier contre ce qui risque de déstabiliser leur alliance originaire, c’est-à-dire leurs enfants. L’intérêt de travailler ces pathologies en famille réside dans le fait que le dispositif de tfa permet une régression contenue, activée par la présence réelle des enfants : les thérapeutes accèdent ainsi aux liens familiaux indifférenciés et souffrants dans le champ transféro-contre-transférentiel. Les parents peuvent expérimenter, avec leurs enfants, des éprouvés qu’ils ont probablement rencontrés dans leur propre enfance, et, en même temps, en percevoir les causes et les effets, de leur place de parents. Ces jeux identificatoires, progressivement déployés dans le cadre des séances, reconstruisent des espaces différenciés et des positionnements plus symbolisés.
65Il n’est pas étonnant que, dans les exemples cliniques précédemment donnés, il soit assez difficile de mettre en évidence les différents niveaux et types de liens, ce qui revient au couple, ce qui concerne les parents : c’est précisément dans ces occurrences que le travail familial aide aussi les parents dans leurs souffrances de couple. Mais une part importante du travail de couple ne peut ni ne doit être abordée en tfa, celle de l’intimité sexuelle du couple. Intimité qui n’est pas si nettement détachée des aspects archaïques, mais que le travail préalable en famille aura contribué à assouplir et à élaborer, notamment dans les processus de séparation/individuation : la porte est alors ouverte, si nécessaire, à une thérapie de couple.
Bibliographie
Bibliographie
- Aubertel, F. 2007. « Censure, idéologie, transmission et liens familiaux », dans J.G. Lemaire et coll., L’inconscient dans la famille, Paris, Dunod.
- Aulagnier, P. 1976. « Le droit au secret : condition pour pouvoir penser », Nouvelle revue de psychanalyse, n° 14.
- Bion, W.R. 1964. « Théorie de la pensée », Revue française de psychanalyse, XXVIII, 1.
- Bleger, J. 1966 « Psychanalyse du cadre psychanalytique », dans R. Kaës, A. Missenard et coll., Crise, rupture et dépassement, Paris, Dunod, 1979.
- Carel, A. 1990. « Le traumatisme à la naissance et les dysfonctionnements précoces au sein du groupe-famille », dans Le nourrisson et sa famille, Lyon, cesura.
- Ferrant, A. 2001. Pulsion et lien d’emprise, Paris, Dunod.
- Ferrant, A. 2011. « Emprise et lien tyrannique », Connexions, n° 95, 1.
- Granjon, E. 1990. « Alliance et aliénation ou les avatars de la transmission psychique intergénérationnelle », Dialogue, n° 108.
- Kaës R. 1985. « Filiation et affiliation (quelques aspects de la réélaboration du roman familial dans les familles adoptives, les groupes et les institutions) », Gruppo n° 1.
- Kaës, R. 1989. « Le pacte dénégatif dans les ensembles transsubjectifs », dans A. Missenard et coll., Le négatif. Figures et modalités, Paris, Dunod.
- Winnicott, D.W. 1974. « La crainte de l’effondrement », Nouvelle revue de psychanalyse, n° 11.
Mots-clés éditeurs : haine, lien de couple, emprise, tyrannie, thérapie familiale psychanalytique, envie, parentalité
Date de mise en ligne : 11/05/2012.
https://doi.org/10.3917/rppg.058.0065