Notes
-
[*]
Denis Mellier, psychologue clinicien, psychothérapeute, membre de la sfppg, professeur de psychologie clinique et psychopathologie (Besançon), université de Franche-Comté, laboratoire de psychologie EA 3188 ; 30, rue Mégevand, 25000 Besançon ; dmellier@free.fr
-
[**]
Rose-Angélique Belot, psychologue clinicienne, maître de conférences, université de Franche-Comté, laboratoire de psychologie EA 3180 ; 30, rue Mégevand, 25000 Besançon ; rose-angelique.belot@univ-fcomte.fr
-
[1]
Partie rédigée par Denis Mellier.
-
[2]
Je remercie chaleureusement Nathalie Klotz de m’autoriser à utiliser son matériel d’observation.
-
[3]
F. Molénat (2002), dont les travaux ont profondément marqué la réflexion sur les réseaux en périnatalité, note ainsi pour les soignants que « le malaise dans la communication s’est avéré un excellent signal d’alarme […]. Il correspond à un décalage entre ce que vit la mère (réveil d’émotions liées au passé) et ce que ressent l’équipe médicale au vu de la situation présente » (p. 100). Le malaise de l’équipe peut renvoyer au réveil d’une situation traumatique chez la parturiente. « L’étude prospective et l’habitude prise désormais d’anticiper les étapes psychodynamiques nous ont permis de vérifier que ce malaise, s’il n’est pas mis à plat et travaillé, a de fortes chances de se retrouver dans la relation avec l’enfant, amené en consultation pour des symptômes » (p. 112). Il y a un risque que le bébé soit envahi de projections et de confusions qui tiennent peu compte de sa propre réalité psychique. Ce malaise bien sûr accompagne ainsi les différents soignants au contact de la mère et de son bébé.
-
[4]
Partie rédigée par Rose-Angélique Belot. Cet exemple est issu d’un travail de recherche sur l’expression somatique précoce des bébés (Debray, Belot, 2008), pour l’analyse plus détaillée de cette situation, voir Belot (2008).
1La périnatalité est une période à risque car elle se caractérise par les enjeux de la transmission de la vie. Or, comme dans toute culture, il y a une certaine violence dans les forces de perpétuation de la vie et toute mise au monde s’accompagne d’un risque de mort. L’appareil psychique, dans ses différentes déclinaisons individuelles, groupales ou familiales, est profondément mis à l’épreuve par cette violence des anxiétés et souffrances propre à la transmission. Les temps de la conception, de la grossesse et de la naissance, ceux des premiers jours, semaines ou mois du bébé se déroulent au risque de violences envers le bébé et/ou envers les personnes qui le portent.
2Au-delà des comportements manifestes, parfois meurtriers, ce qui fait violence à la psyché peut prendre différentes formes comme l’abrasion des frontières et espaces psychiques entre les individus ou l’instauration d’une emprise duelle sur le bébé. Des anxiétés diffuses planent autour du berceau. Ainsi, la psychopathologie se décline aussi bien du côté du bébé, que de ses parents ou des équipes de professionnels. Ceci se trouve accentué par les enjeux sociétaux (montée de l’individualisme, effacement des rites et des générations, maîtrise de la conception et marchandisation de la « valeur bébé »).
3Cette violence psychique est souvent difficile à repérer et à contenir. Nous la mettrons en relief en présentant deux situations : l’une générale pour illustrer la force de la déstabilisation identitaire que produit la venue au monde d’un bébé, l’autre, plus psychopathologique, pour illustrer comment une violence insidieuse est faite au bébé lorsque cette violence est insuffisamment contenue. Chaque fois, on pourra percevoir comment les espaces psychiques entre mère et bébé, entre famille, bébé et parents, ou entre professionnels et parents se trouvent mis à mal.
Étrangetés autour de la naissance
4Les enjeux de la transmission se radicalisent après la naissance [1]. Celle-ci a été ainsi pendant longtemps associée à la mort potentielle ainsi qu’au choix entre la mère et son bébé.
5Cette alternative de la violence fondamentale au sens de Bergeret, « ou moi », « ou lui », témoigne de l’ampleur des problèmes identitaires présents.
6Le post-partum immédiat est un moment de grand chamboulement, chacun est d’abord « tout retourné » dans cette expérience excessive (Aubert-Godart, 1998 ; Darchis, 2002 ; Rochette, 2005). Il y a un « trop » de la naissance : un sensoriel déroutant qui n’a pas de précurseur, une violence pulsionnelle potentielle, l’étrangeté d’une rencontre. Entre « trop » ou « pas assez », les éprouvés sont mêlés, emmêlés, dans ce qui ressemble plus à un magma émotionnel qu’à de véritables sentiments. La périnatalité met chacun « sans dessus dessous », le groupe interne est brassé avec le surgissement des imagos de l’enfance et les traces mnésiques laissées par le vécu de bébé. Le groupe familial autour du bébé se trouve comme « dessoudé » avec une remise en question fantasmatique de la place de chacun.
7Cette période est caractérisée par une porosité provisoire des frontières psychiques tant du point de vue de chaque sujet (l’intrapsychique) qu’entre les protagonistes – parents, fratrie et bébé –, dans l’intersubjectivité. M. Bydlowski (1999) parle d’une sorte de « transparence psychique » de la mère durant la grossesse et pour un temps encore après la grossesse, avec un accès inédit aux motions inconscientes et aux parts les plus enfouies de son psychisme. C. Athanassiou (1992) développe le constat, à partir de la clinique du post-partum immédiat rapporté par des « observateurs attentifs » de bébés dans leur famille, d’une « crise d’identité précoce » que traverse la mère – et sans doute le père.
8La naissance d’un bébé met à l’épreuve le pare-excitation du sujet et celui de la psyché familiale, entraînant un traumatisme ou « une traumatose familiale » avec la nécessité d’un « travail de la nativité » (Carel, 2007). La souffrance psychique familiale (Granjon, 2005) peut être qualifiée de primitive, car, non mentalisée, elle passe par des souffrances tourbillonnantes, papillonnantes (Rochette, Mellier, 2004). Il s’agit d’anxiétés primitives (Mellier, 2005) qui sont souvent sans expéditeur clairement identifié et sans adresse, qui ne font pas signal au moi, à la différence de l’angoisse-signal (Freud, 1926) et qui se diffusent dans l’environnement. Ces anxiétés diffuses ou éléments bruts devront être « contenus » au sens de Bion (1962). Ils mettent à l’épreuve les capacités de contenance et de transformation de la psyché individuelle et groupale, les propres enveloppes du groupe familial.
9La « part des ancêtres » (Eiguer, Loncan, 2008) est à la fois un soutien pour les parents et une source de souffrance dans la transmission de la vie. Dans ce temps du post-partum immédiat, il est ici extrêmement difficile d’avoir une représentation des ancêtres et de ce qui manque à se transmettre, mais, comme l’indiquent de nombreuses attitudes coutumières en Afrique (ne pas trop rapidement parler à l’enfant ou le nommer pour ne pas « réveiller » des ancêtres qui pourraient alors se fâcher), les ancêtres sont bien omniprésents dans ce temps d’identification du nouveau-né. Les rites présents autour de cette période ont une fonction de contention de ces angoisses archaïques (Cuynet, 1999 ; Grange-Ségéral, Aubertel, 2003 ; Rochette, 2002)
10Deux exemples peuvent illustrer ce problème. Ils sont issus d’un travail d’observation d’un bébé dans sa famille selon Esther Bick (Bick, 1964 ; Delion, 2008). La méthodologie propre à cette formation psychanalytique permet la réalisation d’un travail psychique de la propre fonction contenante de l’observateur au « berceau du bébé ». L’observateur va régulièrement au domicile de la famille (chaque semaine pendant deux ans) dans l’objectif d’apprendre à penser au contact du bébé. Il doit travailler sa propre fonction contenante pour faire face aux enjeux de la transmission psychique dont il est témoin. Il doit dans chaque cas conquérir une capacité de rêverie face aux tensions ou anxiétés primitives présentes autour du berceau. Dans le cadre de ce travail, nous ne citerons que de très brefs extraits.
11Voici un extrait d’une première séance citée par R. Prat (1998). Le bébé, Steren, a 9 jours, et sa mère, après l’avoir réveillé, s’est installée pour l’allaiter.
« Elle commence à me parler des divers animaux de la maison. Cela commence comme une conversation banale, mais dont les thèmes vont s’avérer de plus en plus inquiétants : le chien a été abandonné et recueilli par eux, la chatte était enceinte en même temps que Mme L., et “elles se comprenaient bien toutes les deux”, mais on n’a pas pu garder les bébés chats, car “cela aurait fait trop de bébés dans la maison” ; enfin, le perroquet, animal familier qui aime la compagnie et évolue dans la pièce, est lui aussi un animal recueilli après avoir été maltraité par son premier maître. L’atmosphère devient étrange et inquiétante lorsque Mme L. me raconte comment, la fille aînée étant bébé, il se perchait sur sa chaise haute et lui mordillait l’oreille. Elle me précise qu’un perroquet peut casser une noix avec son bec. Pour couronner le tout, ce perroquet n’aime pas les femmes, et Mme L., qu’il l’avait un jour coincée dans la salle de bain n’a dû son salut qu’au fait de sauter dans la baignoire ! »
L’observatrice est, pendant ce temps, attentive a bébé qui semble glisser des bras de sa mère : « Tout d’un coup, Steren a une crispation de tout le corps, comme un rassemblement autour du sein, projetant violemment la tête et le haut du corps contre le sein, l’entourant de son bras gauche, et plaquant ses jambes resserrées contre lui. »
L’observatrice est amenée à vivre un mouvement de chute en quasi simultanéité avec un léger glissement du bébé des bras de sa mère. On peut saisir ici l’impact émotionnel sur l’observatrice autant en lien avec le bébé qu’avec le discours de la mère. Les temps d’élaboration après-coup sont ainsi essentiels pour contenir ces situations.
13Des « éléments bruts » ou « bizarreries » sont ainsi présents autour du bébé, ils disent les enjeux de vie, de mort, la part d’animalité dans l’humain, la réactualisation d’un passé sous silence. Le travail de la nativité passe ainsi par un travail de liaison de ce qui risque de faire effraction dans la reconnaissance et l’identification du bébé comme issu d’une filiation singulière.
14Dans une autre famille [2], la mère est saisie par l’étrangeté de son bébé (trois semaines), l’observatrice devra faire un énorme travail sur elle-même pour recevoir psychiquement ces situations, les contenir.
15Tout se passe comme si la mère avait de la peine à réaliser la naissance de ce bébé ; par exemple : « La maman scrute régulièrement le visage de Laurent, l’air tour à tour perplexe, surpris ou attendri » ; à d’autres moment elle déclare « son grand amour » pour lui.
16Son accouchement a été très difficile, elle en garde des images horribles : « Elle s’est sentie torturée par les soignants, qui lui faisaient des piqûres, la laissaient seule de longues heures, voulaient la transfuser, lui injectaient des grosses seringues de liquide noir (du fer)… », « la nuit qui a précédé son accouchement, elle a entendu plein de femmes qui hurlaient et criaient, cela l’a terrorisée. » Quand la mère parle, lors de ces deux moments, l’observatrice note que le bébé lève brusquement les mains en l’air.
17Puis la mère est prise par une série d’interrogations sur la transmission et ses capacités : « Sa maman me parle alors du fait que le bébé est roux, elle ne comprend pas, son mari, lui, était blond et ensuite seulement roux. Puis elle revient sur les maux de ventre du bébé, en mentionnant qu’elle et son mari ne supportent pas le lait. Que chez son mari, c’est de famille puisque le père et le grand-père ne supportaient pas le lait mais les filles, oui. Chez elle, elle est la seule à avoir ce problème, elle ne comprend pas, se sent à part. »
18Sur la fin de l’observation, la mère parle toujours des griffures de son bébé avec une tonalité « étrange » et une sorte d’étonnement : « Elle revient à Laurent qui se griffe le visage quand il tête au sein mais pas au biberon. Suit un silence… » Pendant plusieurs semaines, ces griffures persisteront et concrétiseront des peurs de la mère.
19Ces « éléments bruts » passent souvent inaperçus dans l’entourage du bébé, mais on voit comment, dans ces deux situations, l’observateur attentif a été sous leur impact. Les professionnels devront être très attentifs à ces manifestations et au soutien dont les mères, les parents, peuvent avoir besoin, souvent sans leur adresser une demande de soin. Ce qui « fait signal » passera génralement par leurs propres ressentis [3]. Ces « éléments bruts » témoignent de tout le travail psychique individuel et groupal qui se réalise autour du bébé, ils font le lit parfois de processus plus pathologioques comme l’indique l’exemple suivant.
Une violence faite au bébé
20Nous présenterons ici la situation d’un bébé souffrant d’une anorexie d’opposition du premier trimestre rencontrée à l’hôpital alors qu’il était hospitalisé pour la seconde fois [4].
21Nous verrons comment les projections maternelles massives sur le corps de l’enfant prédominent notamment lors de la période spécifique du post-partum. Nous observerons également comment des angoisses prégénitales archaïques chez la mère peuvent provoquer de la violence dans les interactions et quels sont leurs effets sur le corps de l’enfant.
Le cas d’un bébé anorexique
22Blanche (2 mois, 7 jours) est hospitalisée depuis quatre jours pour non-prise de poids, refus alimentaire et vomissements, symptômes présents, quasi depuis la naissance. Alors que toutes les données sur le plan somatique sont satisfaisantes lorsque Blanche naît, son poids à 2 mois 11 jours est inquiétant, à peine 3 kilos, inférieur à celui de sa naissance. Blanche sera, par la suite, hospitalisée deux fois pour le même motif, une première fois pour une durée de 8 jours, à l’âge de 3 mois 10 jours et une seconde à l’âge de 4 mois 20 jours.
23M. et Mme D., les parents de Blanche, ont deux autres filles âgées de 7 ans et 4 ans. La naissance s’est déroulée normalement à 39 semaines d’aménorrhée. À la maternité, aucun fait n’est à signaler : Blanche buvait bien au biberon, la prise de poids était tout à fait correcte.
24Rentrée à la maison, Blanche perd rapidement du poids. Elle avalait goulûment trente grammes de son biberon et s’arrêtait. La mère consacrait alors deux heures pour lui faire absorber la totalité du biberon (cent vingt grammes). Madame me fait part en outre chez son bébé de difficultés relatives à l’émission des selles, de la pratique de massage abdominal et de son recours au thermomètre en vue de faciliter leur émission.
25Madame me confie qu’elle dispose à la maison de quarante-cinq tétines différentes, qu’elle a le biberon à la main 24 h sur 24, qu’il était hors de question de jeter dans l’évier le lait non bu ; dès que la tétine était introduite dans la bouche de Blanche, celle-ci hurlait.
26À de nombreuses reprises et sans succès, Mme D. a recours à de nouvelles stratégies ; changement de postures, « enfant et biberons » confiés au père, aux filles aînées, à la voisine.
27Elle me fait part des difficultés d’endormissement de Blanche. Parfois, ça n’est que dans les bras de sa sœur, 7 ans, qu’elle parvient à s’assoupir.
28À cette période, le pédiatre consulté ne décèle aucun caractère de gravité. Mais l’aggravation du refus de Blanche à s’alimenter conduit à une première hospitalisation en pédiatrie dans une ville proche de son domicile. Blanche est rendue à sa maman, aucune cause n’étant trouvée ; ce bébé s’alimente par ailleurs correctement à l’hôpital, ce que la mère confirme. Dès le retour à domicile, les difficultés d’alimentation réapparaissent.
29La perte de poids s’accentuant, une seconde hospitalisation, cette fois au chu, a lieu ; un système d’alimentation par sonde est rapidement mis en place chez ce bébé très amaigri.
30C’est à ce moment-là que je rencontre Blanche et sa maman. Celle-ci m’explique que Blanche, à domicile, boit son biberon au début avec entrain et même avec avidité, mais le refuse ensuite rapidement.
31Pendant tout le temps de cette première rencontre, cette maman ne cessera de parler à sa fille. De façon très affectueuse, chaleureuse, elle lui propose maintes interprétations. Blanche regarde sa mère avec attention et vigilance, ne la quitte pas des yeux, mais ne boit pas. Pour ma part, l’excès de paroles, de sollicitations et d’excitation maternelles m’a tout de suite interpellée. La relation de la mère au bébé est imprégnée d’excès et fonctionne « à haute dose », tandis que l’on observe parfois chez Blanche un comportement atone. Celle-ci oscille en permanence entre deux états, très attentive aux stimulations (voix, bruits, lumière) ou apathique avec un regard perdu.
32En ma présence, Mme D. laissera en permanence le biberon dans la bouche de sa fille, bien que celle-ci demeure passive et refuse d’actionner sa bouche et sa langue. Parfois, Blanche, qui en a assez d’avoir la tétine dans la bouche, se manifeste par des cris et des pleurs. La mère insiste alors avec douceur et redouble d’encouragements. Elle stimule énormément Blanche, essaie de lui venir en aide, multiplie ses efforts pour tenter de la comprendre (la berce, lui caresse la bouche avec la tétine, lui parle beaucoup) mais ne prend, en aucun cas, en compte l’attitude de refus de l’enfant.
33Évoquant son histoire, elle m’explique qu’elle a perdu sa mère alors qu’elle était âgée de 6 mois, décédée d’un cancer du sein. C’est une nourrice qui l’a élevée jusqu’à l’âge de 1 an puis elle fût placée chez son père et sa grand-mère paternelle, et élevée ensuite par sa grand-mère maternelle. Les décès de ses grands-mères furent très douloureux pour elle, réactualisant la première perte, celle de sa maman.
34Mère de deux autres filles, madame m’explique à quel point leur présence pour elle est importante et fait d’elle-même le lien entre son besoin de se rapprocher d’elles et ses propres angoisses d’abandon, enfant. Elle signale des difficultés de sommeil très importantes chez l’aînée – elle confiera que sa crainte de la perdre l’amenait à se pencher au-dessus de son lit régulièrement et qu’ainsi les problèmes de sommeil se sont arrêtés le jour où elle a pu calmer ses appréhensions. S’agissant de la seconde, elle a présenté comme Blanche un refus de s’alimenter mais partiel, parvenant à se nourrir suffisamment même si les apports étaient très réduits.
35À l’échelle d’évaluation du comportement néonatal de Brazelton (nbas, Brazelton, 2001), une maturité très importante est mise en évidence concernant tous les items d’orientations auditives et visuelles et globalement un état d’hypervigilance. Blanche suit parfaitement des yeux la trajectoire de l’objet, ses capacités de concentration sont immédiates et intenses. La stimulation provoque toujours chez Blanche une vigilance et une attention très fortes sans manifestation d’aversion, même lorsque la stimulation est intense. Je note alors que le comportement ressemble étonnamment à l’état affectif de la mère, toujours en éveil, sans agressivité exprimée. Est-ce là le signe d’une contagion émotionnelle de la mère au bébé ? Certainement, mais la vigilance de ce bébé, son attention forte et l’ensemble de ses performances élevées correspondent aussi à une réponse face à l’intensité de la stimulation maternelle. Je n’observe aucune réaction défensive lors de la manipulation, mais une activité motrice de base toujours importante chez Blanche : bras et jambes en mouvement continuel, la tonicité générale très élevée.
36Après l’hospitalisation qui dura quatorze jours et une prise de poids correcte, Blanche rentre à la maison avec un système d’alimentation par sonde spécifiquement conçu pour le domicile, Mme D. me confiant, au préalable, ses inquiétudes de devoir se débrouiller seule.
37Je rencontre de nouveau Mme D. de manière inopinée, quelques mois plus tard, venue consulter dans ce même hôpital. Elle me confie que tout va bien. Blanche est alors âgée de 5 mois 14 jours. Depuis le passage à l’alimentation solide (réalisé de façon précoce pour tenter un autre type d’alimentation), Blanche accepte de manger. Je pense alors que l’alimentation à la petite cuillère a sans doute permis à Blanche d’exercer un contrôle sur les aliments qu’elle accepte alors absorber.
38Selon son souhait initial, six mois plus tard, j’appelle Mme D. pour lui demander de participer à l’étude longitudinale. La situation pour sa fille s’est à nouveau détériorée. Mme D. m’informe que Blanche, alors âgée de 7 mois, vient d’être hospitalisée durant trois semaines dans une clinique où elle a subi une intervention visant la modification de l’angle de Hiss, déformé par une béance acquise au niveau de l’estomac. Le chirurgien de cette clinique privée a accepté l’opération qui, selon madame, avait été refusée au chu. De façon abrupte, elle me signale que Blanche a été « ouverte du nombril jusqu’au niveau du sternum », puis « qu’on a lui recousu une partie de l’estomac ! » Elle ajoute que sa fille a toujours le sourire et que « sur le plan du comportement, elle va très bien ! »
39Le comportement de Mme D. semble ne pas varier. Il est similaire à celui que je lui connais : elle me paraît sourire au téléphone et m’a relaté tous ces événements avec légèreté et bonne humeur.
40La connaissance de cette opération, le récit de Mme D. et son attitude me sont apparus véritablement inquiétants. En effet, selon les premiers médecins du chu consultés par la mère, la morphologie de l’estomac et la configuration de l’angle de Hiss ne nécessitaient aucune chirurgie réparatrice. Le recours à un chirurgien en clinique privée a permis que sa demande d’intervention chirurgicale soit acceptée. Cet avis nécessite toutefois réserve et prudence car je n’ai, comme informations médicales, que celles transmises par la mère mais, en tout état de cause, l’on peut raisonnablement mettre en doute la nature des modifications morphologiques de l’estomac qui se seraient produites entre les deux consultations de spécialistes.
41Par ailleurs, la brutalité avec laquelle Mme D. évoque l’opération, son absence d’affects et le manque de conscience relatif à la gravité de l’intervention, les consultations à répétition et son acharnement à « médicaliser » Blanche et « lui trouver un problème médical » ressortent de façon majeure.
42Lorsque je rappelle Mme D., comme prévu, pour convenir d’une date de rencontre – car elle a souhaité participer au suivi longitudinal –, son mari m’annonce qu’elle vient de partir seule avec leurs trois enfants, en vacances, alors que cela n’était pas prévu.
43Malgré le départ de la famille du fait d’une demande de mutation, j’ai tout de même pu adresser un courrier à Mme D. qui n’a pas répondu.
Discussion
44Au sein de cette dyade mère-bébé, relevons tout d’abord que la surcharge d’excitations est patente, tant dans le registre de l’alimentation avec l’intrusion manifeste que dans la plupart des modalités d’échanges et d’interactions. Cette maman ne peut accepter et convenir que sa fille ne prenne entièrement son biberon. Cette attitude paraît en lien avec sa crainte que sa fille ne dépérisse, l’angoisse relative à la mort s’était déjà exprimée avec force par le passé, en direction de ses deux premiers enfants, lorsqu’ils étaient bébés.
45Concernant les modalités de relation mère-bébé, nous relevons la sollicitude excessive de la mère auprès de sa fille et, globalement, un comportement de sur-stimulation qui peut prendre ici valeur de contrepoids face au deuil et aux craintes de mort, lutte contre la répétition si l’on pense à la perte de sa mère alors que Mme D. était bébé. La sur-stimulation viendrait ici combler des angoisses de perte, voire d’anéantissement.
46Le poids fantasmatique et les angoisses associées sont apparemment trop lourds. L’ampleur des angoisses maternelles n’a pas permis la sédation rapide des troubles comme c’est habituellement le cas lorsque l’entourage explique combien le fait de ne pas terminer un biberon ne représente aucun caractère de gravité. Ici, les conseils et soins de l’entourage n’ont pas suffi. Des anxiétés diffuses se sont cristallisées sur la question de l’alimentation. Nous interrogeons ainsi la nature et la profondeur des angoisses de Mme D. leur intensité, leur portée, leurs conséquences d’autant plus que la première des filles a présenté, durant l’enfance, des troubles du sommeil important, et que la seconde a, elle aussi, présenté un refus de s’alimenter. Aujourd’hui, alors âgée de 9 ans, elle souffre de boulimie.
47Le seul élément visible était l’angoisse de la mère à l’idée que son enfant ne se nourrisse. Tout un pan de l’explication se dirige selon nous vers des fantasmes trop lourds du côté de la mort, la perte de la mère de Mme D. lorsqu’elle avait 6 mois, récemment celle de sa grand-mère qui l’a élevée et peut-être la présence de fantasmes de type : « Pas de place pour deux ! » puisque mère et enfant n’ont pu vivre ensemble côte à côte, sa mère décédant lorsqu’elle avait 6 mois.
48Les difficultés autour de la nourriture chez Blanche, selon toute vraisemblance, induites, présentent l’avantage pour Mme D. d’être en permanence au contact de sa fille, de s’en occuper sans relâche et limite, apaisant ainsi ses craintes fantasmatiques « que sa fille ne meure ». Son besoin constant d’être au plus près de sa fille ne viendrait-il pas également apaiser ses craintes d’abandon et ses angoisses relatives à la perte ? Par ailleurs, pour désirer toujours être au plus près des médecins, de quels rôles cette mère les investit-elle sur le plan contre-transférentiel ? D’une protection s’agissant de la perte et de la mort certainement, mais l’on peut également se demander quel est le type d’alliance inconsciente recherchée et dans quels buts ?
49À la lecture de ce récit, nous relevons également l’apparition de l’indifférenciation entre mère et l’enfant ainsi que l’enfermement relationnel. Au sein de la triade, le père ne parvient pas à réguler les excitations en excès. La relation avec son épouse est préservée, mais la prise en compte des besoins de Blanche n’est pas assurée.
50Par ailleurs, les difficultés d’élaboration psychique de madame, repérées dans les entretiens cliniques, nous donnent à penser que le travail psychique relatif au traitement des excitations est actuellement défaillant. Lorsque nous parlons des excitations, nous pensons à celles émanant du bébé, dont l’immaturité nécessite qu’elles soient traitées (Bion, 1962) mais aussi celles appartenant à la mère et plus globalement à la triade père, mère, bébé et à l’héritage familial.
51L’opposition de Blanche à s’alimenter peut donc revêtir la fonction d’une barrière fixant les limites entre l’intérieur et l’extérieur de son corps. Cette barrière aurait pour but d’établir une différence, de lutter contre l’intrusion émanant globalement du comportement maternel et de faire obstacle à l’excès de stimulations tout en maintenant le contact avec l’environnement. Ainsi, et à ce stade, le refus alimentaire peut apparaître comme un signe de santé. Toutefois, ce trouble typiquement réactionnel au départ (refuser de s’alimenter) a, semble-t-il, cédé la place à une attitude d’opposition que l’enfant intègre désormais à son comportement et peut devenir par la suite une voie de décharge privilégiée des tensions modifiant à son tour le développement et l’organisation psychique.
52La symptomatologie somatique de ce bébé, localisée sur le plan du développement (anorexie), ne gêne apparemment pas l’éclosion et le développement de toutes les autres aptitudes de l’enfant (les observations et résultats à la nbas le confirment). Mais ceci paraît inadéquat sur le plan du devenir psychique car l’accès à la position passive chez l’enfant est ardu et l’on note parallèlement une recrudescence de la vigilance et le développement intense de sa motricité.
53La rencontre avec un nouveau-né met la mère au contact d’une part inconnue d’elle-même. L’être qui, au fil du temps, se dessine sollicite particulièrement tout ce qui appartient au passé infantile de la mère. Si certains pans du vécu maternel n’ont pas pu être éprouvés et faire l’objet d’un travail de représentation, ce vécu, alors méconnu, reste clivé à divers degrés et constitue une source d’anxiétés diffuses. Nous sommes là dans le domaine de « l’anhistorique » et l’ensemble de ce que le sujet n’a pas pu éprouver, reconnaître, s’approprier et finalement refouler. Tout événement traumatique au sens de Freud induit, de fait, ce manque sur le plan des représentations, aussi comprenons-nous que celui-ci puisse comporter de « l’irreprésentable ».
54La mère doit faire face à la singularité de l’événement naissance et son cortège d’angoisses, à la condensation des thèmes mort-naissance très proches à ce moment de la vie, puis la nécessaire adaptation à de nouveaux rôles et responsabilités. Pensons également à la répétition des angoisses d’abandon et de séparation du fait de la venue d’un nouveau membre familial et la séparation, au moment de la naissance, de la mère d’avec son fœtus. Dans les classiques peurs de fin de grossesse, H. Deutsch (1949) avait déjà repéré, sous le voile manifeste des appréhensions vitales, bien réelles, liées à l’accouchement, le prototype des angoisses de séparation.
55Face à l’extrême complicité relationnelle que Mme D. souhaite tisser avec sa fille Blanche et la fusion relationnelle qu’elle veut instaurer, nous pensons au nécessaire travail de deuil (Geissmann, 1990) que toute mère doit accomplir, et parfois dès la naissance, afin de limiter le flot de ses projections trop intenses et favoriser le développement du bébé et son individuation. Si celui-ci ne peut être réalisé par la mère, du fait de l’intensité de ses propres angoisses de perte, le deuil de l’unité fantasmatique mère-enfant, empêché ou contrarié, bloque les mécanismes d’individuation du nourrisson.
56Chez Mme D., les préoccupations maternelles, du fait de l’intensité des mécanismes d’identification projective, se sont centrées, au départ, uniquement sur une appréhension que son bébé ne s’alimente suffisamment. Ce n’est qu’ultérieurement que ses préoccupations se sont centrées sur le corps de Blanche interrogeant le bon fonctionnement de l’appareil digestif et l’ont amenée à demander avec force une intervention chirurgicale lourde et conséquente. Le corps de l’enfant durant cette période de symbiose peut faire les frais de projections massives liées à des deuils non élaborés et d’autres éléments appartenant à la vie infantile maternelle avec le cortège d’angoisses qui les accompagne. L’environnement, y compris le père, se trouve malheureusement emporté par l’intensité des mécanismes projectifs maternels sans accéder au recul nécessaire.
57La prise en compte des anxiétés diffuses autour de la naissance, la prise en charge précoce de situations en souffrance apparaissent évidemment essentielles pour le devenir des liens et la santé psychique de l’enfant, de sa mère, son père, sa famille. L’identité de chacun est déstabilisée autour de la naissance, vu les enjeux considérables que mobilise la transmission de la vie entre les générations. Souvent, certaines « bizarreries » peuplent ainsi de manière très insidieuse les dires des personnes dans l’entourage du bébé. Pour les parents, pour la mère parfois, ces éléments bruts se cristallisent sur un problème comme l’illustre la situation du second cas. Les « simples » préoccupations maternelles ou anxiétés sont alors alimentées de façon sous-jacente par d’intenses mécanismes projectifs, qui peuvent s’amplifier dangereusement. Aussi, l’écoute groupale des anxiétés autour de la naissance, voire dès la grossesse, apparaît prépondérante dans la prévention et la prise en compte de la violence faite au bébé et à sa famille. Cette réceptivité aux enjeux de la transmission de la vie autour du berceau suppose souvent un travail à plusieurs, en réseau, vu l’intensité et la diffusion de ces anxiétés très primitives.
Bibliographie
- Athanassiou, C. 1992. « Crise d’identité précoce », Dialogue, 118, p. 14-25.
- Aubert-Godard, A. 1998. « Entre adulte et bébé, l’étrange désordre de la naissance », dans D. Mellier, J. Rochette (sous la direction de), Le bébé, l’intime et l’étrange, Toulouse, érès, p. 13-36.
- Belot, R.-A. 2008. « Un cas d’un syndrome de Münchhausen par procuration : apport des tests projectifs, Rorschach et tat », Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, p. 1-25.
- Bick, E. 1964. « Notes on infant observation in psychoanalytic training », International Journal of Psychoanal., 45, 4, p. 558-566.
- Bick, E. 1986. « Further considerations on the function of the skin in early object-relations, findings from infant observation integrated into child and adult analysis », British Journal of Psychotherapy, vol. 2, 4, p. 292-299.
- Bion, W. R. 1962. Aux sources de l’expérience (1re éd. française, 1979), Paris, puf.
- Brazelton, T. B. ; Nugent, J. K. 2001. Échelle de Brazelton, Évaluation du comportement néonatal, 3e éd., éd. Médecine & Hygiène, Genève.
- Bydlowski, M. 1999. « La transparence psychique », Étude Freudienne, 32, p. 2-9.
- Carel, A. 2007. « Le travail de la nativité », dans A. Ciccone, D. Mellier (sous la direction de), Le temps du bébé, Paris, Dunod, p. 75-100.
- Cuynet, P. 1999. « Naissance et paroles oraculaires », Le divan familial, 4, p. 83-97.
- Darchis, E. 2002. Ce bébé qui change votre vie, t. 2, Paris, éditions Fleurus.
- Debray, R. 1987. Bébés/mère en révolte ; traitements psychanalytiques conjoints des déséquilibres psychosomatiques précoces, Paris, Le Centurion, coll. « Païdos ».
- Debray, R. ; Belot, R.-A. 2008. La psychosomatique du bébé, Paris, puf.
- Delion, P. (sous la direction de) 2008. La méthode d’observation des bébés selon E. Bick, Toulouse, érès.
- Deutsch, H. 1949. La psychologie des femmes, t. 1 et 2, 2e éd. Quadrige, Paris, puf, 2002.
- Eiguer, A. ; Loncan, A. 2007. La part des ancêtres, paris, Dunod.
- Fraiberg, S. 1999. Fantômes dans la chambre d’enfants, Paris, puf.
- Freud, S. 1923. « Pour introduire le narcissisme », dans La vie sexuelle (10e éd. 1995), Paris, puf, tr. fr. Denise Berger, Jean Laplanche & coll., p. 81-105.
- Freud, S. 1926. Inhibition, Symptôme et Angoisse, trad. fr., Paris, puf, 1965.
- Grange-Ségéral, E. ; Aubertel F. 2003. « Les rites familiaux mises en forme de l’originaire », Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 40, p. 65-77.
- Granjon, E. 2005. « L’enveloppe généalogique familale », dans G. Decherf (sous la direction de), Crises familiales : violence et reconstruction, Paris, éditions In Press, 69-86.
- Mellier, D. 2005. Les bébés en détresse, intersubjectivité et travail de lien. Une théorie de la fonction contenante, Paris, puf.
- Molénat, F. 2002. Pour une éthique de la prévention, Toulouse, érès.
- Prat, R. 1998. « De banales observations », dans D. Mellier, J. Rochette (sous la direction de), Le bébé, l’intime et l’étrange, Toulouse, érès, p. 37-50.
- Racamier, P.-C. 1978. « À propos des psychoses de la maternalité », dans Mère Mortifère, Mère Meurtrière, Mère mortifiée, Paris, esf, éd., coll. « La vie de l’enfant », 5e éd., 1990.
- Rochette, J. 2002. Rituels et mise au monde psychique, les nouvelles Présentations au Temple, Toulouse, érés.
- Rochette, J. 2005. « Le temps du post-partum immédiat, une clinique du “qui-vive” et de l’après coup », Neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent 53, p. 11-18.
- Rochette, J. ; Mellier, D. 2004. « Prévention et soin dans le post-partum immédiat : un dispositif de collaboration inter-institutionnelle entre psychiatrie périnatale et protection maternelle et infantile (pmi) », Information psychiatrique, vol. 80, 8, p. 651-658.
- Roussillon, R. 1999. Agonie, clivage et symbolisation, Paris, puf.
- Winnicott, D.W. 1969. « La préoccupation maternelle primaire », dans De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot.
Mots-clés éditeurs : anxiétés primitives, postpartum, observation du bébé, transmission familiale, relation mère-bébé
Date de mise en ligne : 10/02/2011
https://doi.org/10.3917/rppg.055.0103Notes
-
[*]
Denis Mellier, psychologue clinicien, psychothérapeute, membre de la sfppg, professeur de psychologie clinique et psychopathologie (Besançon), université de Franche-Comté, laboratoire de psychologie EA 3188 ; 30, rue Mégevand, 25000 Besançon ; dmellier@free.fr
-
[**]
Rose-Angélique Belot, psychologue clinicienne, maître de conférences, université de Franche-Comté, laboratoire de psychologie EA 3180 ; 30, rue Mégevand, 25000 Besançon ; rose-angelique.belot@univ-fcomte.fr
-
[1]
Partie rédigée par Denis Mellier.
-
[2]
Je remercie chaleureusement Nathalie Klotz de m’autoriser à utiliser son matériel d’observation.
-
[3]
F. Molénat (2002), dont les travaux ont profondément marqué la réflexion sur les réseaux en périnatalité, note ainsi pour les soignants que « le malaise dans la communication s’est avéré un excellent signal d’alarme […]. Il correspond à un décalage entre ce que vit la mère (réveil d’émotions liées au passé) et ce que ressent l’équipe médicale au vu de la situation présente » (p. 100). Le malaise de l’équipe peut renvoyer au réveil d’une situation traumatique chez la parturiente. « L’étude prospective et l’habitude prise désormais d’anticiper les étapes psychodynamiques nous ont permis de vérifier que ce malaise, s’il n’est pas mis à plat et travaillé, a de fortes chances de se retrouver dans la relation avec l’enfant, amené en consultation pour des symptômes » (p. 112). Il y a un risque que le bébé soit envahi de projections et de confusions qui tiennent peu compte de sa propre réalité psychique. Ce malaise bien sûr accompagne ainsi les différents soignants au contact de la mère et de son bébé.
-
[4]
Partie rédigée par Rose-Angélique Belot. Cet exemple est issu d’un travail de recherche sur l’expression somatique précoce des bébés (Debray, Belot, 2008), pour l’analyse plus détaillée de cette situation, voir Belot (2008).