Couverture de RPPG_053

Article de revue

Présentation d'ouvrage

Pages 203 à 205

Notes

  • [1]
    C’est A. Deneux, l’un des coordinateurs, qui présente ce travail.
  • [2]
    M. Amar, E. Bardot, J. Betbèze, J. Blaize, D. Bourdin, C. Bruas Jaquess, G. Catoire, R. Elayli, F. Fanget, E. Gilliéron, Y. Le Claire, J.-M. Legrand, I. Maillard, M. Marie-Cardine, W. Martineau, M. de Mondragon, B. Pierre, J. Plissonneau, B. Rouchouse, A. Vallée, J. Van Rillaer et les coordinateurs.
English version

Alain Deneux, François-Xavier Poudat, Thierry Servillat et Jean-Luc Vénisse (coord.), Les psychothérapies : approche plurielle[1] Paris, Masson, 2009, 440 pages, Collection « Pratiques en psychothérapie »

1Cet ouvrage réunit les contributions de vingt-cinq auteurs [2], ayant pour projet de présenter sans exclusive un large panorama des psychothérapies d’aujourd’hui.

2Forts d’une longue collaboration, les coordinateurs qui ont développé leur propre champ d’intérêt et de compétence, du côté de la psychanalyse, du cognitivisme ou du courant systémique et stratégique, loin des querelles de chapelles et conflits d’école, voulaient témoigner de la possibilité de travailler ensemble, chacun dans ses références, mais avec un minimum de connaissance des références et pratiques des autres.

3Tous quatre participant à l’enseignement de professionnels du soin psychique, nous avons été interpelés tant par le désarroi des jeunes perdus face à la diversité des approches, que par les certitudes affichées des thuriféraires de tel ou tel courant, dans l’ignorance inculte de leurs voisins… Au détriment, bien sûr, des patients, orientés au hasard des rencontres et des opinions, en dépit de leur situation particulière ou de leur pathologie spécifique.

4Au sein du département de formation continue de l’université de Nantes a été ouvert en 2002, un diplôme d’université : « Théories et cliniques des psychothérapies », afin de présenter les principaux courants dans leurs diversités, leurs complémentarités, différences et points communs. L’ouvrage est directement issu de cette démarche collective. Nous espérons qu’il contribuera au nécessaire mouvement de décloisonnement, de reconnaissance et de partage, dans un esprit d’exigence et de respect mutuel.

Composition de l’ouvrage

5L’ouvrage comporte cinq grandes parties, portant chacune un sous-titre selon l’angle de sa présentation. De brefs « portraits » de personnalités marquantes scandent chaque courant :

6La première partie, « Perspectives historiques et actualité », sous-titrée « Une histoire en marche », expose trois thèmes très actuels : les origines (l’histoire), le sens (l’épistémologie) et la question du changement (la crise).

7La deuxième partie, « L’approche psychanalytique », consacre la primauté de la psychanalyse dans un sous-titre : « Des références essentielles… bien au-delà du divan », qui dit notre intention de ne pas traiter de la cure type, mais de la perspective psychanalytique dans la clinique de la relation et des psychothérapies aux dispositifs variés : thérapies individuelle, familiale, de groupe, en institution… Trois « portraits » y sont présentés : S. Freud, bien sûr, M. Klein, évidemment, et C.G. Jung, le dissident le plus fécond. Bien d’autres y auraient trouvé place, si la place n’avait précisément manqué !

8La psychanalyse est présentée dans la diversité de ses écoles, même si le point de vue lacanien n’y occupe pas l’espace que nombre de ses prosélytes pourraient souhaiter. Les auteurs sont tous des cliniciens, d’horizons variés, qui s’expriment dans leurs références habituelles, avec le souci de se faire comprendre.

9Plusieurs chapitres traitent des fondamentaux : les courants, la psychopathologie, le cadre et le processus, l’interprétation, les occurrences de l’agir dans la famille ou l’institution, l’importance des premiers entretiens. Les psychothérapies psychanalytiques des enfants et adolescents, ainsi que les thérapies familiales psychanalytiques font l’objet de chapitres indépendants, de même que les thérapies de groupe et psychodrames psychanalytiques. Cette partie se conclut sur les questions soulevées par les psychothérapies psychanalytiques brèves dont le développement témoigne des liens épistémologiques entre psychanalyse et systémique.

10La troisième partie concerne « L’approche cognitivo-comportementale » (« Injustement critiquée, ayant la preuve de son efficacité » précise le sous-titre). Ce courant a gagné de longue date sa reconnaissance internationale, mais beaucoup continuent en France à l’ignorer ou le mépriser, en toute méconnaissance.

11Trois portraits également dans cette partie : Skinner qui, le premier, montra la complexité des comportements appris, Wolpe à qui l’on doit la fameuse technique de désensibilisation systématique, et Ellis que l’on peut considérer comme l’un des fondateurs des thérapies cognitives. D’autres personnalités marquantes de ce courant sont évoquées dans le chapitre « Historique et aspects théoriques… »

12Le lecteur peu informé sera surpris de l’importance accordée à la relation thérapeutique et à la clinique (« L’analyse fonctionnelle ») – remarquons ici que cognitivisme et comportementalisme sont indissociables, le comportementalisme « pur » n’existant plus. Tout thérapeute y retrouvera l’alliance, l’empathie… qui ne sont l’apanage d’aucun courant. L’analyse fonctionnelle est à la base du processus thérapeutique.

13Les chapitres suivants développent les applications à quelques pathologies : trouble panique et phobies, dépression, addictions, difficultés sexuelles. Chaque auteur précise à l’occasion des points théoriques, et présente les techniques les mieux adaptées aux situations, y compris celles qui font appel à des « outils » issus d’un autre champ. Ces thérapies se prêtent particulièrement bien à un découpage symptomatique axé sur les « comportements-problèmes » ; ce qui les différencie radicalement des autres courants et rend ininterprétable l’évaluation comparative des résultats thérapeutiques des différentes approches.

14La quatrième partie, « L’approche systémique et stratégique », propose « Un nouveau regard sur la question du changement ». L’émergence de ce courant en France est récente, en évolution constante, certains aspects sont encore peu référencés.

15L’introduction, sous forme d’un abécédaire, en signe l’originalité. Ses développements nombreux nous ont contraints à une présentation différente, en quatre sous-parties : l’hypnose, le modèle de Palo Alto, l’approche solutionniste et les « autres approches… » Les premières débutent par les « portraits » de Milton Érickson, G. Bateson et S. de Shazer, figures emblématiques s’il en est.

16L’hypnose est présentée ici dans sa version éricksonienne (« l’hypnose sans hypnose »), que les auteurs se gardent bien d’instrumentaliser : elle ne saurait être « la » thérapie à elle seule et doit toujours être replacée dans un contexte thérapeutique global.

17Le modèle et l’école de Palo Alto, berceau des théories de la communication et de la systémique, sont trop souvent réduits aux premières thérapies familiales ; il s’agit en réalité d’une façon nouvelle – stratégique – de penser les interactions et rapports humains, en toutes situations thérapeutiques, même duelles. Les approches familiales et de couple font l’objet d’un chapitre spécifique qui intègre les apports des courants expérientiel, intergénérationnel, contextuel, constructiviste…

18Associée au nom de S. de Shazer, l’approche solutionniste, encore très méconnue, est introduite par deux cas cliniques. Cette thérapie essentiellement empirique, que l’on réduirait aisément à quelques formules simples comme la « question miracle » ou la pratique du « compliment », requiert en réalité une discipline d’esprit longue à acquérir.

19Les « Autres approches… » traitent la Thérapie provocatrice, le Courant narratif et l’Emdr (Eyes Movement Desensitization and Reprocessing).

20Dans la cinquième et dernière partie (« Pour ne pas en rester là ! »), nous avons choisi de nous limiter à la Gestalt-thérapie et au Courant intégratif et éclectique.

21La Gestalt-thérapie ne pouvait se satisfaire d’un paragraphe au sein d’un autre courant ; issue du mouvement psychanalytique en raison des appartenances initiales de son fondateur, elle ne peut ni s’y réduire, ni se fondre dans la seule perspective phénoménologique où on la cantonne volontiers.
Fallait-il introduire le Courant intégratif et éclectique à la fin de notre ouvrage ou dès la première partie ? Les deux options se défendent. L’argumentaire se présente en effet comme une mise en perspective de l’ensemble des psychothérapies. Parmi les cinq types différenciant les psychothérapies, l’éclectisme est le niveau IV qui tente l’intégration des apports des différents modèles pour s’adapter aux nécessités du patient.
En conclusion nous discutons des thérapies conjointes et cothérapies autour d’un cas clinique, et questionnons la problématique des indications, du changement et l’idée de guérison.

Pour quels lecteurs ?

22Ce sommaire montre qu’il ne s’agit ni d’un catalogue, ni d’un livre de vulgarisation, ni d’un traité de psychothérapie. Il existe en effet des écoles, associations, sociétés… qui assurent les formations. L’Université joue – et jouera sans doute encore davantage dans les années à venir – un rôle dans ce domaine, sans qu’elle puisse dispenser les postulants d’une formation personnelle, impliquante, quelles que soient les options choisies. Un diplôme de médecin, de psychiatre ou de psychologue ne saurait donner aucune assurance de compétence psychothérapique…

23Loin de nous l’idée de prôner l’indifférenciation des formations et des courants, ou de recommander l’éclectisme à tous. Chacun s’engage selon sa personnalité, ses rencontres, ses choix de vie. On ne peut être apte et compétant en tout. Le psychothérapeute doit être conscient de ses limites et avoir un minimum de connaissance des possibilités des autres pour en offrir l’opportunité à ses patients.

24Puissent les étudiants, les professeurs et les professionnels, trouver dans cet ouvrage des réponses ouvertes, sans sectarisme, et un encouragement à « aller plus loin » en se référant aux indications bibliographiques.

Notes

  • [1]
    C’est A. Deneux, l’un des coordinateurs, qui présente ce travail.
  • [2]
    M. Amar, E. Bardot, J. Betbèze, J. Blaize, D. Bourdin, C. Bruas Jaquess, G. Catoire, R. Elayli, F. Fanget, E. Gilliéron, Y. Le Claire, J.-M. Legrand, I. Maillard, M. Marie-Cardine, W. Martineau, M. de Mondragon, B. Pierre, J. Plissonneau, B. Rouchouse, A. Vallée, J. Van Rillaer et les coordinateurs.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.84

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions