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Article de revue

Le plaisir en groupe

Pages 149 à 162

Notes

  • [*]
    Dr Luc Michel, iup, Tunnel 1, 1005 Lausanne, Suisse.
  • [1]
    Conférence donnée dans le cadre de IIIe European Conference of Psychoanalytic Group Psychotherapy (efpp), Lisbonne, 7-10 octobre 2004.
  • [2]
    A. Damasio, conférence, 43e congrès de l’International Psychoanalytical Association, New Orleans, mars 2004.
  • [3]
    M. Schneider, « Le plaisir et l’effroi », Tribune psychanalytique, n° 4, 2002, p. 13-30.
  • [4]
    L. Michel, « Le plaisir énuméré », Revue belge de psychanalyse, n° 44, printemps 2004, p. 47-59.
  • [5]
    S. Freud, dans L’inquiétante étrangeté, Paris, Galimard, 1985, p. 87-88.
  • [6]
    Je dois à Sara Ferro de m’avoir fait me souvenir dans « l’après-coup » que Freud fait référence au Banquet dans « Au-delà du plaisir », lorsqu’il parle de sa conception de la sexualité.
  • [7]
    T. Ménissier, Éros philosophe, une interprétation philosophique du Banquet de Platon, Paris, Kimé, 1996 ; M. Lhoste-Navarre, Premières leçons sur Le Banquet de Platon, Paris, puf, 1997 ; M.-C. Galpérine, Lecture du Banquet de Platon, Lagrasse, Verdier, 1996.
  • [8]
    Euripide, Les Bacchantes, théâtre complet, Pléiades, Paris, Gallimard, 1962.
  • [9]
    D. Anzieu, Le groupe et l’inconscient, Paris, Dunod, 1975.
  • [10]
    D.W. Winnicott, Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975.
  • [11]
    W.R. Bion, Recherches sur les petits groupes, Paris, puf, 1965, p. 77.
  • [12]
    O. Avron, La pensée scénique, Toulouse, 1996.
  • [13]
    S. Freud, Métapsychologie, Œuvres complètes, vol. XIII, puf, 1988, p. 173.
  • [14]
    I. Hermann, L’instinct filial, Paris, Denoël, 1972.
  • [15]
    J. Bowlby, Attachement et perte, Paris, puf, 1984.

1 Je pratique comme psychanalyste et analyste de groupe depuis plus de vingt ans. Beaucoup de personnes, qui sont devenues par la suite, l’espace d’une courte période ou pour longtemps, mes patients, m’ont consulté à un moment de leur vie où elles souffraient d’une série de symptômes. Ce n’est pas le lieu d’entrer dans une description fouillée des types de troubles qu’elles présentaient, que ceux-ci soient répertoriés dans des classifications plus ou moins standardisées, comme le dsm IV ou l’icd 10, ou non. Ce que je relève et qui m’intéresse aujourd’hui est que bon nombre présentaient, de manière plus ou moins importante, une diminution de leur capacité à éprouver du plaisir. Cette absence ou diminution du plaisir est certes une des caractéristiques cardinales de ce qu’on appelle des états dépressifs. Mais l’absence de plaisir dépasse largement ce cadre nosologique. Songeons par exemple aux patients présentant ce que nous regroupons sous le terme de phobie sociale, un déplaisir qui va jusqu’à la panique à la perspective d’être avec d’autres dans certaines situations. Au contraire, d’autres personnalités dépendantes ne peuvent se vivre seules et ont une sorte d’addiction à être ensemble. Des personnalités plus schizoïdes me relatent leur difficulté et non-envie à se rapprocher des autres, ceux-ci étant alors très vite ressentis comme intrusifs, ôtant toute possibilité d’éprouver du plaisir.

2 Nous pouvons, bien entendu, entendre une multitude de significations sous le vocable plaisir. Comme le plaisir est un état émotionnel fondamental, les définitions, comme les descriptions, sont diverses et touchent à des niveaux différents. Pensons, par exemple, aux neuro-sciences, dans lesquelles le plaisir est décrit comme une émotion basique qui colore les sentiments. Son articulation avec la douleur ou le déplaisir fait partie de la régulation biologique de l’individu [2].

3 On le voit, le sujet est vaste, et je vais me cantonner à évoquer, quelques aspects du « plaisir d’être ensemble » en pointant surtout les aspects de son articulation avec la sexualité.

4 À ce stade, ma question est somme toute assez basique et triviale : mais pourquoi donc j’éprouve du plaisir en groupe ? Pourquoi certaines personnes n’en éprouvent pas ? Ou, dit d’une autre manière, c’est quoi le plaisir en groupe ? Poser ce type de question déjà comme individu a quelque chose d’abyssal. J’aimerais m’y arrêter en me référant à mon bagage théorique de psychanalyste et d’analyste de groupe. Une première constatation : dès que j’ai une idée d’un sujet de conférence, je me précipite vers les traités de la discipline et consulte l’index dans l’espoir, d’une part d’y trouver une rubrique et de constater que l’on a déjà tout dit sur le sujet et, d’autre part, de ne rien trouver, en me disant que c’est l’occasion d’y travailler. Eh bien, peut-être que ceux qui écrivent les traités de psychothérapies de groupes sont plutôt des calvinistes coincés, mais je n’ai rien trouvé sous le terme « plaisir ». Il n’y a pas de balises théorisées dans notre domaine au niveau du plaisir en groupe, qui est pourtant le ciment nécessaire à la cohésion et à l’alliance groupale. J’ajoute qu’une recherche sur le web m’a amené à bon nombre de sites pornographiques. Si ceux-ci me donnent à voir des situations de plaisir sexuel en groupe, ils ne m’apprennent que peu sur l’aspect théorique ou, disons, plus sublimé.

5 L’absence de référence dans notre domaine constitue déjà en soi un fait intéressant. Nous avons tendance, de par notre approche, à privilégier le pathologique et le dysfonctionnel en laissant de côté des aspects fondamentaux, sorte de fond silencieux dont on n’a pas à parler.

6 La question théorique est d’ailleurs importante puisque le plaisir est une notion et un ressenti individuel, partagé ou non. Une « matrix »groupale n’éprouve pas de plaisir en soi, tout au plus permet-elle, par les conditions dans lesquelles elle met les individus qui la composent, l’accès au plaisir.

7 La théorie psychanalytique me permet d’avancer un peu plus. Le plaisir est en effet quelque chose qui est conceptualisé d’un point de vue métapsychologique. Je partirai donc dans un premier temps de cette base de l’individuel au groupal, en étant bien entendu conscient de l’artificiel de la démarche, en particulier de la nécessité de la concevoir dans une circularité. J’illustrerai dans un deuxième temps « le plaisir en groupe » à l’aide de deux exemples, l’un tiré de l’Antiquité et l’autre de ma pratique.

Quelques repères psychanalytiques

8 Le plaisir est au centre de la métapsychologie en tant que « principe de plaisir ». Dans les écrits antérieurs à 1920 et à l’apparition dans la théorie de la compulsion de répétition, le plaisir est associé avant tout à la décharge. C’est un plaisir sexuel à l’état brut, qui consomme l’objet et qui exige satisfaction. C’est un modèle conçu sur un mode quantitatif où le but premier est l’apaisement des tensions. On se rappelle par ailleurs que Freud conclut à la nature différente du plaisir procuré par les zones érogènes et de celui lié à l’évacuation des matières sexuelles. Ainsi le plaisir préliminaire est étroitement lié à la peau, autrement dit à une image de contenant, d’enveloppe. C’est un point important, car le plaisir de bien des façons renvoie aux limites et aux effacements relatifs et momentanés de celles-ci.

9 Par l’introduction de la sublimation, les voies de satisfaction vont trouver des cheminements plus variés et offrir une satisfaction sans passer par la décharge pulsionnelle proprement dite. Le tournant de Au-delà du principe de plaisir, en introduisant la compulsion de répétition, dégage le plaisir de cette simple équation décharge-plaisir. L’excitation en elle-même peut être source de plaisir et l’abaissement de la tension n’est plus au centre.

10 Pour être bref et un peu caricatural, relevons que Freud a privilégié une vision plutôt masculine du plaisir décharge. Depuis lors, d’autres auteurs, tant des femmes que des hommes, ont évoqué un plaisir de nature plus féminine. Ainsi, par exemple, Monique Schneider qui, à la relecture et au développement des jalons freudiens, décrit bien le renversement où le plaisir peut aussi venir de l’objet, autrement dit partir de l’autre [3]. Cette passivité – séduction – est source d’un plaisir autre que celui d’un modèle de la décharge. Comme cette auteure le remarque, Freud a d’une certaine manière résisté à le reconnaître chez l’homme. Mais lorsque Freud s’engage dans la description du plaisir esthétique, celle-ci n’est pas très éloignée de celle que les Trois essais attribuent à la femme. L’homme est alors le créateur de l’œuvre, le versant féminin étant du côté de l’auditeur, la réception.

Plaisir en groupe

11 L’articulation entre l’aspect pulsionnel et sa satisfaction décharge se complexifie par la nécessité de la vie groupale. La pression sociale nous fait différer la décharge dans la majorité des situations. C’est le prix à payer de l’évolution sociale. La sexualité et sa satisfaction sont encadrées par le socius qui les régit par tout un système de règles, d’interdits qui varient suivant les cultures [4]. Si tel n’est pas le cas, la vie sociale est impossible, voire la vie tout court si le principe de plaisir ne se soumet pas à un plaisir de réalité. Ce n’est dès lors que dans certaines circonstances que la régression groupale va favoriser une désinhibition totale qui annihile alors l’autre en tant qu’individu et amène la réapparition du besoin de satisfaction d’un plaisir décharge en groupe. Cette régression est souvent d’ailleurs favorisée par l’absorption de diverses drogues, qui concourent à l’effacement des barrières surmoïques. Apparaît un risque de déliaison sociale où la satisfaction immédiate annule le lien à l’autre. Pensons à l’exemple du viol collectif, paradigme d’un plaisir décharge qui passe par l’annihilation de celui qui représente l’altérité, qu’il soit de l’autre sexe ou d’une autre communauté. C’est là aussi, il faut l’admettre, le versant décharge masculin, que Freud va d’ailleurs décrire dans Totem et tabou ou dans Psychologie des masses et analyse du moi. Notons une caractéristique qui subsiste presque toujours lorsque nous parlons de plaisir en groupe : il y a systématiquement un étranger, un au dehors qui sert de réceptacle aux éléments mauvais pour permettre la communion du bon, source de plaisir. En ce sens, il y a chaque fois, à des degrés variables, une forme de clivage.

12 Être ensemble, faire en sorte d’avoir du plaisir ensemble, c’est aussi passer d’une position passive « d’être au monde » et de le subir à une tentative d’y reprendre une position créative. Ce mouvement procure un plaisir de redécouverte et d’appropriation qui n’est pas sans rappeler le mouvement de l’enfant qui s’approprie le monde et le recrée. C’est ce qui sans doute nous fait dire, à la fin d’une bonne soirée où l’on a veillé tard et pris beaucoup de plaisir à discuter : « On a refait le monde. » C’est en s’exprimant ainsi se donner un rôle actif, quelque peu mégalomaniaque, qui nous voit participer à la création du monde et de cette façon le connaître. De cette position active, de maîtrise, naît le plaisir, du moins dans son pôle actif.

13 Tout autre est la position passive, de perception, où l’individu s’imprègne de ce qui vient de l’extérieur, de ce qui l’entoure. Cette position passive est celle qui nous permet, par exemple, d’écouter une musique dans un concert. Nous sommes un parmi un ensemble d’autres auditeurs. Cette position passive-féminine s’accompagne d’un relâché de la pensée. Celle-ci vagabonde, au gré de la musique, mais laisse de côté l’aspect intellectuel et cognitif. On peut y voir des rapports avec la position féminine. Freud décrit d’ailleurs cet « interdit de penser » qu’il associe à la femme dans le contexte de l’époque viennoise du début du xixe siècle. Ce type de plaisir est celui de faire partie d’un ensemble. Pour cela, il s’accompagne généralement d’une diminution temporaire et limitée des perceptions de ses propres délimitations pour avoir accès à une palette réceptive et affective où le cogito n’est que peu présent. Ce n’est pas étonnant que Freud s’en soit dit d’ailleurs incapable : « […] Pour la musique, je suis presque inapte à la jouissance. Une disposition rationaliste, ou peut-être analytique, regimbe alors en moi, refusant que je puisse être pris sans en même temps savoir pourquoi je le suis et ce qui me prend ainsi [5]. »

14 Ainsi le plaisir que l’on éprouve ensemble est fortement entaché d’une sexualité sublimée, qu’elle soit d’un versant plus masculin ou plus féminin selon le couple passivité-activité.

15 C’est à ce stade de mes réflexions que je me suis souvenu du Banquet de Platon. Je l’avais lu comme il se doit à l’école, même si je n’étais pas helléniste. Il y a des textes qui traversent les siècles sans qu’à leur première lecture on sache bien pourquoi. C’était un peu mon impression pour ce texte. Lorsque j’ai eu l’occasion de le relire, il m’a parlé d’une autre manière. J’ai compris qu’il contenait et traitait du sujet qui m’occupe, à savoir de ce qu’est le fondement au plaisir à être ensemble. Ce texte allie et réunit à la fois un discours sur l’amour, le plaisir sexuel, sa sublimation intellectuelle au sein d’un groupe [6].

Le banquet de Platon

16 Il n’est bien entendu pas question que je développe l’aspect philosophique, historique ou même rhétorique de cet écrit. De nombreux auteurs, à travers les siècles, l’ont fait [7]. C’est avant tout à travers une lecture d’analyste de groupe que j’aimerais commenter Le banquet. Je propose de lire ce texte comme le script d’une réunion d’individus qui viennent discuter de leurs idées. Nous avons, au premier plan, un discours bien construit de philosophes qui retracent des idées de l’époque. Derrière celui-ci affleurent des fantasmes tant individuels que groupals. Le discours conscient révèle, autrement dit, un discours inconscient, latent qu’il faut tenter de suivre, comme nous le faisons lors d’une séance de groupe analytique. Le cadre de ce groupe est bien entendu différent de celui d’une séance de groupe. Les règles qui le régissent sont autres. À comparer, il aurait plus d’analogie avec une séance de psychodrame.

17 Détaillons un peu plus la scène. Platon présente et décrit une réception chez un homme aisé, au cours de laquelle les convives se sont promis de parler de l’amour et tout particulièrement de discourir sur Éros. Ce type de réunion était à l’époque très populaire dans la Grèce antique. En grec, le terme est en fait « symposium », qui signifie réunion de buveurs. La réunion se déroule en principe en plusieurs temps. Elle débute par un repas, où les boissons sont prises en commun, accompagné de divertissements. Les places sont ordonnées en demi-cercle ou en cercle. Au centre est placée la jarre, remplie du breuvage célébrant Dionysos. Le président de ces réunions peut être le maître de maison, mais pas forcément. Dans Le banquet, c’est Eryximaque qui tient le rôle de modérateur.

18 Ainsi le cadre est posé. La boisson, qui ne doit en aucun cas amener à la soûlerie, est une manière de chauffer l’atmosphère, sorte de régression organisée pourrions-nous dire.

19 Dans ce banquet, chacun tour à tour exprime son point de vue sur les mystères d’Éros. Ainsi, si le thème est philosophique, les images évoquées peuvent être entendues comme des fantasmes individuels qui résonnent ou non au niveau groupal. Je ne vais pas en faire l’élaboration détaillée mais m’arrêter à quelques-uns. Prenons, par exemple, le célèbre discours d’Aristophane qui relate un mythe bien connu : trois espèces constituaient l’humanité primitive, le mâle, la femelle et l’androgyne, mélange des deux premières. On y voit bien entendu l’idée d’une complétude. Celle-ci ne convient pas à Zeus, qui divise les homme primitifs en deux. Dès lors, affaiblis, incomplets, ils sont à la recherche de leur moitié. C’est la naissance d’une sexualité désormais intersubjective et liée à cette incomplétude, qu’il s’agit sans cesse de combler. Cela nous renvoie à une lecture liée à la sexualité qui n’est pas sans rappeler les théories autour de la complétude narcissique comme nécessité idéale à atteindre.

20 À propos de narcissisme, remarquons que, comme fréquemment dans une séance de groupe, l’un des convives arrive en retard. Ce n’est nul autre que Socrate. Absent au début du repas, il s’y fait désirer. Sans doute doit-il se réjouir de participer à cette assemblée car il s’est bien vêtu, ce qui est contraire à son habitude selon les chroniqueurs. Nous pourrions ainsi le dépeindre comme la personnalité à traits narcissiques de ce groupe, qui cherche à être remarquable et à se distinguer de l’ensemble. Socrate se décrit d’ailleurs en-dessus de cet Éros charnel qu’il laisse aux autres et qu’il méprise. Son intérêt est aux activités de l’âme et va aux choses divines plus proches d’un Éros éthéré.

21 Comme dans toute séance de groupe, il y a des moments différents et des interventions qui infléchissent le discours groupal. À ce sujet, un point charnière du déroulement du banquet sont les propos de Diotime rapportés par Socrate. Ce n’est pas un hasard si est introduite pour la première fois dans cette assemblée d’hommes, la parole attribuée à une femme. Cette prophétesse Diotime reçoit et traduit les révélations divines. Par elle est introduit le discours qu’Éros peut être à la fois un intermédiaire entre le beau et le laid mais aussi entre le bon et le mauvais. Éros est une harmonie d’opposés. Autrement dit, nous passons d’une position du « tout ou rien » à un discours plus ambivalent. L’objet qui acquiert cette position ambivalente est, pour nous autres psychanalystes, plus mature. Eryximaque, qui distribue la parole, mène bien son groupe.

22 Mais il n’est pas analyste de groupe ou psychanalyste. Ainsi, je me plais à imaginer être à sa place et intervenir à un moment donné pour ajouter une dimension à cette lecture des discours individuels de chacun des participants en suggérant une lecture du discours latent groupal. L’interprétation que j’aurais envie de donner à ces augustes participants est que tous leurs discours sont aussi là pour dire leur plaisir à être maintenant et ici ensemble. Ils expriment à l’aide de leur logos ce qui en fait les pousse à se réunir. Ce plaisir de discourir qu’ils manifestent est une satisfaction substitutive ou plutôt sublimée d’un plaisir décharge. C’est toute la différence entre un tel banquet et une orgie. À ce propos, leurs discours recèlent des propos éminemment érotiques. De plus, dans cette assemblée avant tout masculine, l’aspect homophile est omniprésent, enraciné dans la tradition grecque. Si ces participants visiblement ont du plaisir, c’est aussi que leur Éros est un Éros dompté et lié qui se traduit comme un amour et comme un élan vers l’autre, qui engage dans la vie en groupe. C’est un logos libidinalisé inducteur de lien intersubjectif.

23 Mais cette position bien tempérée, avec un Éros du côté d’une pulsion de liaison, n’est pas la seule. Il est en effet aussi fait mention dans le banquet, à plusieurs reprises, de son lien à l’hubris. C’est ce qui définit l’aspect de la violence, de la démesure, de l’insolence dans la pensée grecque. Si cet hubris est lié à Éros dans une démesure constructive, cela devient une force créatrice. Mais, si cet hubris se trouve délié, Éros rejoindrait alors Dionysos et sa folie, reprenant en cela la thématique de Dionysos et des Ménates que l’on trouve dans les Bacchantes d’Euripide [8]. Le plaisir groupal, si cette tendance l’emporte, tourne alors à l’orgie. Cette déliaison, qui n’est pas sans analogie avec la désintrication pulsionnelle « pulsion de vie-pulsion de mort », laisse l’agir prendre la place du verbe dans des conduites ébrieuses ou sexuelles. On s’éloigne alors d’un discours civilisé où le logos est porteur de la charge libidinale. Il ne faut pas idéaliser nos ancêtres, et il y a gros à parier que beaucoup de banquets ont tourné à l’orgie et au désordre. Les seules traces qu’ils ont pu laisser sont celles de sang, de sperme ou de vin. Tout autre est le banquet que nous relate Platon où, tout au long, les forces de liaison dominent. Dès lors, ce banquet reste inscrit comme un acte social éminemment civilisé. Il laisse une trace sous forme d’un écrit admirable, fruit de la sublimation pulsionnelle de ses participants. On peut prendre la mesure du plaisir qu’ils y ont trouvé. C’est d’ailleurs ce que nous content Eryx et Aristophane lorsqu’ils évoquent l’histoire où une nature ancienne nous confère notre statut d’être humain. Lorsque nous nous trouvons et vivons en harmonie avec cette nature, nous sommes en accord avec l’univers, en lien avec les dieux, le règne animal et végétal. Se dégage une harmonie générale qui permet de bien vivre. On voit là un discours qui dresse l’apologie de l’harmonie, l’ensemble, la liaison (p. 97). Au prix, certainement, de laisser la misère du monde de côté, comme trouble-fête.

24 Le terme « harmonie » convient bien à ce type de plaisir que nous pouvons ressentir à être ensemble. En termes groupal, cet état peut correspondre à ce que D. Anzieu a nommé l’illusion groupale [9]. C’est un moment euphorique où les membres se sentent bien ensemble, ayant gommé leurs différences et vivant ainsi un moment de complétude. C’est une sorte de triomphe maniaque qui soude le groupe dans ses débuts en expulsant le mauvais de façon projective à l’extérieur. Il renvoie à un état régressif d’illusion de complétude.

Du Banquet à la fondue

25 Quittons Le banquet, tout en remarquant qu’il s’agit aussi du partage d’un repas dont le centre est occupé par le feu dyonisiaque. Cela me fait penser à un mets traditionnel en Suisse qu’est la fondue au fromage. Au centre de la table se trouve un caquelon à fondue dans lequel chacun va tremper son pain. On tisse ainsi des liens avec du fromage qui fait des fils. Chacun se nourrit à la même source et y prend plaisir. Nous avons coutume de dire, lorsqu’il fait mauvais temps dehors, qu’il pleut ou neige, que « c’est un vrai temps à fondue ». Par là, nous attendons que ce type de repas, avec en son centre ce feu, nous restaure et réconforte au moment où les éléments naturels sont si peu hospitaliers. Nous mettons en scène un clivage qui rejoint celui de l’illusion groupale : le froid, le mauvais dehors, et la chaleur et le bon à l’intérieur. Les publicitaires ne s’y sont d’ailleurs pas trompés en créant le slogan « la fondue crée la bonne humeur ! », autrement dit elle est génératrice de plaisir en recréant artificiellement cette chaleur d’un ventre maternel. Toutefois, cette comparaison avec un fantasme utérin n’est que partielle, car l’aspect repas totémique est bien entendu présent dans l’image d’un tel repas.

26 Je ne sais pas si les fils ont pris du plaisir à partager les restes du père dans le repas totémique que décrit Freud. Ce que nous savons est que la mise à l’extérieur du mauvais, en ne gardant que le bon a échoué et que la culpabilité est vite apparue, ce qui les a fait se disperser… le plaisir est éphémère.

Une séance de groupe

27 Je m’en voudrais de traiter ce sujet sans évoquer du matériel clinique. Esquisser à l’aide d’un exemple, les entrelacs possibles des expressions du plaisir dans un groupe.

28 Cette séance débute par un silence. On entend à l’étage au-dessus des enfants courir et crier, ainsi que la mélodie de chants d’enfants. Les participants échangent quelques sourires. La chanson s’arrête et Daphnée dit : « Je dois ou je ne dois pas ? » C’est le titre, dit-elle, de la chanson qui vient de se terminer. Daphnée nous dit qu’elle a aussi préparé hier l’anniversaire de sa fille. C’était une journée riche en émotions. Elle a commencé à faire des guirlandes en papier pour décorer, tout en s’occupant de la lessive. L’après-midi, elle a reçu douze enfants. Elle leur a préparé à manger et les a emmenés à une exposition en ville. En s’exprimant, elle a les larmes aux yeux. Pourquoi dois-je tant faire, toujours faire plaisir ? D’ailleurs, ma fille n’a même pas remarqué les guirlandes, ce qui lui a fait surtout plaisir, c’était d’avoir ses copines. Daphnée poursuit : « Tout cela remonte à très loin, j’ai toujours eu besoin de faire beaucoup pour les autres dans l’attente de signes et du retour que j’étais ainsi aimée. » Le groupe parle autour du thème qui tourne autour de : à qui fait-on plaisir ? se fait-on à soi-même plaisir ? a-t-on soi-même du plaisir ? Je relie cette thématique avec les propos de Paul à la séance précédente, qui évoquait sa mère peu donnante, de laquelle il ne pouvait jamais savoir s’il lui faisait plaisir ou pas. Très vite, les participants évoquent ces enfants à qui on veut faire plaisir. Ils sont pour la plupart parents de jeunes enfants et commencent à relater les préparations d’anniversaires, le gâteau que l’on fait le soir précédant le grand jour jusqu’à 2 heures du matin, plutôt que d’en acheter un, au risque d’une crise de nerfs car il est raté. Quelle corvée ! Chacun renchérit sur toute la fatigue que cela entraîne. Comme René le rappelle, c’est tout de même aussi pour se faire plaisir que l’on fait ça et dans l’attente que l’enfant soit content. On relève qu’il est présomptueux de vouloir toujours connaître ce qui ferait plaisir à l’autre. Jean dit que pour choisir un cadeau, il se dit que ce qui lui fait plaisir doit aussi faire plaisir à l’autre. Tout le monde trouve ça très bien. Je me demande si c’est ainsi que procède l’enfant lorsqu’il fait un cadeau en offrant quelque chose qui lui plaît, alors que l’adulte ou le parent devrait se mettre aussi à la place de l’enfant. Les membres du groupe se disent que ces deux positions sont incompatibles. René ajoute que cela lui rappelle l’image du baromètre de son enfance. Une petite maison où sort tantôt un personnage tantôt l’autre, suivant qu’il fait beau ou mauvais. Les membres du groupe vivent ainsi à ce moment ces deux désirs, celui de l’enfant et celui de l’adulte, comme ne pouvant se rejoindre. Je fais remarquer que dans le type de baromètre dont se rappelle René, il s’agissait généralement d’un homme et d’une femme, qui ne peuvent ainsi se rejoindre. Comme c’est la fin de la séance, je me demande si le « je dois-je dois pas » du début de séance est en rapport avec ce qui se passe en nous entre un versant émotionnel et plein d’un plaisir spontané que l’on rattache à l’enfance, représenté par l’étage d’en dessus, et un côté fait de maîtrise de l’adulte qu’on semble mettre en avant dans cette séance.

29 J’aimerais commenter quelques aspects de cette vignette clinique. La répartition spatiale est intéressante : en haut, les bruits de jeu d’une fête d’enfants avec ses cris. On les imagine avec l’excitation motrice que révèlent les bruits de course. C’est un plaisir de type décharge. On peut le trouver dans les séances de groupe que nous relatent mes collègues qui animent des groupes d’enfants. Les adultes, à l’étage d’en dessous, sont mis dans un rôle de spectateurs, ou plutôt auditeurs : l’atmosphère est feutrée, contenue, seul s’échappent quelques sourires, signes d’un plaisir retenu. Consciemment, les membres de ce groupe s’identifient immédiatement aux parents dont le but est de faire plaisir. Pourtant, l’association de René ramène à l’enfance, où la situation était inverse : c’était plutôt l’enfant qui épiait les bruits que faisaient les parents dans leur chambre. Si l’image de la maison baromètre, où tantôt l’une des figurines est dedans et tantôt l’inverse, est la représentation des parents, ceux-ci sont toujours séparés. Contrairement au plaisir bruyant de l’étage des enfants, c’est un plaisir discret, maîtrisé, qui s’exprime à l’étage du groupe d’adultes. Il est fait de timides sourires, signes de connivence. Si on a plaisir, c’est un plaisir plutôt lié au discours, comme peut l’être, par exemple, ce moment privilégié où le groupe est ensemble et adhère dans un mouvement de résonance à un vécu ou à une interprétation.

30 On remarque en outre la dialectique entre le plaisir narcissique et le plaisir inscrit dans une relation d’objet plus mature. D’un côté, un plaisir en miroir : on ne peut offrir et avoir le plaisir d’offrir quelque chose à l’autre que si c’est la même chose pour nous. L’autre est alors en miroir, en symétrie avec un statut d’objet partiel. De l’autre côté, un plaisir d’offrir à l’autre en ayant une représentation de celui-ci comme distincte. C’est un stade d’altérité plus mature.

31 La séance suivante débute par un silence. Paul repense à certains éléments de la semaine précédente. Pour lui, ce temps de silence est nécessaire pour se calmer de la tourmente de son travail dans laquelle il est pris à l’extérieur et qui le fait arriver en toute hâte au groupe. Il repense à l’image du baromètre. Il ne peut pas être à l’extérieur et garder en même temps le contact avec son intérieur. Il a l’impression de se perdre. Je ne peux être l’adulte efficace et responsable à l’extérieur et en contact avec mes émotions intérieures. Pourquoi se sent-on indispensable à son travail au point d’avoir tellement de peine à quitter le bureau ? Je le relie au départ prochain d’un membre du groupe. René dit que pour lui il n’y a pas de problème parce que le groupe est assez grand. Par contre, si on arrivait à un groupe de quatre, alors là, cela ressemblerait à la famille quand quelqu’un part et que l’on ressent la séparation. Puisqu’il prend l’analogie de la famille, quelqu’un lui demande de désigner les parents et les enfants. Les rôles sont vite distribués dans la rigolade, les fous rires. Tout le monde est soudain très excité. On s’excuse auprès de l’analyste à qui on n’a pas donné un rôle. J’interviens pour dire que l’on semble être aujourd’hui plus comme les enfants du dessus de la dernière fois qui jouent à papa-maman. Mais que c’est un peu compliqué en ma présence. Que faire de moi ? Il est en effet rare que les enfants jouent à papa-maman en présence de l’adulte.

32 Georges, qui va quitter le groupe prochainement, se demande s’il le quitte aussi car il ne peut pas être calife à la place du calife. André, qui a été désigné comme le papa, se dit que c’est drôle qu’on l’ait choisi lui, alors qu’il évoque souvent sa difficulté avec l’image masculine. Se sentir papa face aux enfants ça va, mais pas homme face à une femme.

33 Mon but n’est pas de commenter tous les niveaux d’interprétations possibles d’une telle séquence, comme l’aspect maniforme masquant certainement la tristesse d’un prochain départ. J’aimerais surtout insister sur ce mouvement qui consiste en la possibilité pour les membres du groupe, dans cette deuxième séance, de rejoindre plus directement un vécu émotionnel en s’identifiant cette fois aux enfants. Ils peuvent alors, grâce à l’espace ludique et au plaisir que celui-ci procure, laisser affleurer plus directement une problématique œdipienne avec ses plaisirs et dangers. Ils se sont, en d’autres termes, réapproprié quelque chose de leurs représentations infantiles.

L’homme, cet animal social

34 Le mouvement décrit dans notre vignette clinique est important et nous devons être attentifs, comme analystes de groupe, à le favoriser. En effet, chez bon nombre de nos patients ce passage à l’âge dit mature se fait au prix d’une maîtrise augmentée des pulsions sexuelles où prédominent des mécanismes de répression plutôt que de sublimation. Le prix dans l’économie psychique est alors exorbitant, puisqu’il va de pair avec la perte du plaisir de jouer. L’enjeu d’une thérapie de groupe est de pouvoir restaurer cet espace transitionnel du jeu dont Winnicott [10] a si bien parlé. Cela se passe souvent par la possibilité, grâce à la régression groupale, de renouer contact avec un monde pulsionnel infantile qu’il s’agit de réactualiser dans le groupe.

35 Aborder la question du « plaisir en groupe », comme je l’ai fait sous l’angle de la sexualité infantile, est bien entendu un point de vue parcellaire sur le sujet. Le sentiment de plaisir en groupe est un ciment de la vie groupale. À cet égard, il précède ou s’instaure de façon concomitante à l’individuation et participe au processus de socialisation. Ce tropisme positif, qui nous amène à privilégier la compagnie de nos semblables plutôt que l’ermitage solitaire en montagne, fait référence à un plaisir ou besoin grégaire primitif. Il renvoie certainement à des mécanismes d’identification basiques. Rentrent en jeu des mécanismes groupaux tels que le mirroring, ou le plaisir de l’autre devient un miroir de son propre plaisir et ainsi le conforte et l’amplifie. Ce plaisir partagé est à voir comme un accordage mutuel où chacun vibre d’une même manière créant une valence positive, pour employer la terminologie de Bion. Celle-ci indique « la disposition de l’individu à entrer en combinaison avec le reste du groupe pour établir les hypothèses de base et pour y conformer son comportement [11] ». Plus récemment, Avron a parlé de pulsion d’interliaison rythmique pour évoquer cette force et insister sur son côté dynamique [12]. Autrement dit, pour que ce phénomène de résonance fonctionne, il est nécessaire que tous les participants soient dans le même registre affectif et s’accordent. Sinon, l’individu qui ne partage pas cet état affectif risque de gâcher l’harmonie du groupe. On le nomme d’ailleurs généralement le « trouble-fête ». Il introduit une dissonance en cassant le mouvement groupal de clivage en jeu à ce moment, dont le but consiste à mettre à l’extérieur les éléments négatifs afin de créer une ambiance de plaisir partagé et homogène la moins ambivalente possible. Nous connaissons bien une des réponses groupales à l’intervention du « trouble-fête » ou « rabat-joie » : elle consiste à transformer le « trouble-fête » en « bouc émissaire ». Celui-ci est alors à expulser pour éviter le travail douloureux d’une prise de conscience propre à une position plus ambivalente.

36 À évoquer ainsi cette dynamique, l’analogie avec l’objet maternel primaire est évidente. Nostalgie du ventre utérin, d’une relation d’amour primaire non ambivalente.

37 Mais ce plaisir partagé dans le lien aux autres est plus que la simple analogie du lien primitif utérin où l’objet primaire maternel serait déplacé sur le groupe. Cela renvoie certainement à un bagage phylogénique qui fait a priori de l’homme un animal social. Raisonner en termes de plaisir relié à une pulsion libidinale est donc parcellaire. Cela ne rend pas compte des besoins de liaisons entre individus. Ainsi, une pulsion de socialisation peut être évoquée, ce que Freud d’ailleurs a fait mais sans y revenir [13]. Ces « instincts archaïques de l’homme », pour reprendre une expression de I. Hermann [14], nous renvoient à la théorie de la genèse de la relation d’objet, qui se réfère à un lien social primaire expliquant la prédisposition au groupement. C’est en partant de cette base que l’expérience des liens successifs de l’histoire infantile propre à chacun va colorer cette appétence au groupe en les renforçant ou les inhibant. Conceptualiser en termes de relations d’objets ce mouvement vers le groupe nous amène cependant à une constatation : la notion du plaisir est, à ma connaissance, absente dans la théorie de l’attachement, en tout cas chez Bowlby [15]. C’est davantage le déplaisir, l’évitement du manque qui seraient le moteur du lien à l’objet. Or, il me semble aussi constructif d’avoir une lecture où l’effet de la présence de l’objet est importante. Le lien intersubjectif constamment renouvelé, cimenté par le plaisir joue le rôle de renforcement identitaire. Celui-ci se nourrit par l’effet de présence des objets tiers dans un jeu d’identifications sans cesse renouvelées. Ainsi l’objet groupe, comme source primaire de plaisir, est moteur d’une satisfaction libidinale. Nous ne devons en effet pas perdre de vue l’articulation entre une lecture en termes de relations d’objets et une autre en termes de pulsions.

En guise de conclusion

38 J’ai choisi d’évoquer en le reliant à des exemples un aspect du plaisir en groupe, en insistant sur son articulation avec les pulsions sexuelles, tout en étant bien entendu conscient qu’il en existe d’autres. Nous pouvons sans cesse remarquer le compromis nécessaire entre le principe de réalité et celui du plaisir que nous impose toute socialisation, spécialement au moment où l’individu accède à un stade de maturité sexuelle. À cette époque de l’adolescence se rejoue en effet un moment charnière dont nous voyons les traces chez les patients qui nous consultent. Ils nous présentent une palette de symptômes qui, pris comme tentative de communication d’un discours inconscient, nous montrent généralement un rapport difficile au plaisir. Je n’ai jamais, en effet, été consulté par un patient se plaignant de trop de plaisir ! C’est bien plus à un rapport à un plaisir absent, interdit, réprimé que nous avons affaire. Le déplaisir semble à cet égard un moteur de recherche plus puissant que le plaisir… dans notre domaine tout au moins !

39 À cette souffrance, nous allons répondre, en fonction de notre formation et de nos compétences, de différentes manières. Nous pourrons, en tant que psychiatre, dans certaines circonstances, proposer une médication dans le but d’améliorer par l’action pharmacologique cette capacité mystérieuse qu’a l’individu à éprouver du désir et plaisir. D’un point de vue psychothérapique, nous mettrons en place un cadre spécifique qui nous permettra, nous l’espérons, d’induire un processus psychothérapique. Le changement produit devrait amener le patient à modifier son équilibre psychique vers un mieux-être. C’est l’occasion de montrer que le passage par le groupe, si on le voit comme puissant agent de plaisir, peut jouer un rôle central, en restaurant notamment une dimension ludique enracinée dans l’infantile.

Notes

  • [*]
    Dr Luc Michel, iup, Tunnel 1, 1005 Lausanne, Suisse.
  • [1]
    Conférence donnée dans le cadre de IIIe European Conference of Psychoanalytic Group Psychotherapy (efpp), Lisbonne, 7-10 octobre 2004.
  • [2]
    A. Damasio, conférence, 43e congrès de l’International Psychoanalytical Association, New Orleans, mars 2004.
  • [3]
    M. Schneider, « Le plaisir et l’effroi », Tribune psychanalytique, n° 4, 2002, p. 13-30.
  • [4]
    L. Michel, « Le plaisir énuméré », Revue belge de psychanalyse, n° 44, printemps 2004, p. 47-59.
  • [5]
    S. Freud, dans L’inquiétante étrangeté, Paris, Galimard, 1985, p. 87-88.
  • [6]
    Je dois à Sara Ferro de m’avoir fait me souvenir dans « l’après-coup » que Freud fait référence au Banquet dans « Au-delà du plaisir », lorsqu’il parle de sa conception de la sexualité.
  • [7]
    T. Ménissier, Éros philosophe, une interprétation philosophique du Banquet de Platon, Paris, Kimé, 1996 ; M. Lhoste-Navarre, Premières leçons sur Le Banquet de Platon, Paris, puf, 1997 ; M.-C. Galpérine, Lecture du Banquet de Platon, Lagrasse, Verdier, 1996.
  • [8]
    Euripide, Les Bacchantes, théâtre complet, Pléiades, Paris, Gallimard, 1962.
  • [9]
    D. Anzieu, Le groupe et l’inconscient, Paris, Dunod, 1975.
  • [10]
    D.W. Winnicott, Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975.
  • [11]
    W.R. Bion, Recherches sur les petits groupes, Paris, puf, 1965, p. 77.
  • [12]
    O. Avron, La pensée scénique, Toulouse, 1996.
  • [13]
    S. Freud, Métapsychologie, Œuvres complètes, vol. XIII, puf, 1988, p. 173.
  • [14]
    I. Hermann, L’instinct filial, Paris, Denoël, 1972.
  • [15]
    J. Bowlby, Attachement et perte, Paris, puf, 1984.
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