Cette étude sur la promesse et le contrat est impressionnante à plus d’un titre puisque la critique de l’idée de la promesse comme obligation réflexive, imposée par soi-même, pour défendre une conception institutionnaliste de la promesse suit un raisonnement où la pars destruens, la « théorie de l’erreur », est presqu’aussi importante que la pars construens. Plus généralement, le livre de Bruno Gnassounou est un très bel exemple de ce à quoi la pratique de la philosophie analytique peut conduire dans le champ de la philosophie du droit. Si l’on écarte le postulat de philosophia perennis qui lui est viscéralement attachée, on suit une réflexion philosophique des plus passionnantes. On y voit se déployer un philosopher qui intègre l’exposé et la discussion de doctrines juridiques issues de traditions différentes dans le cœur de l’argumentation, faisant non seulement avancer la démonstration par un dialogue riche et nourri entre droit et philosophie, mais aussi rendant compte de ce partage si étroit, difficile et souvent illisible, entre ce qui relève du droit et de la philosophie du droit, ici commandé par l’impératif de la démonstration. Sans aucun doute, un théoricien du droit trouvera à contester tel ou tel des découpages créés par l’auteur. Sans aucun doute, aussi, un philosophe trouvera-t‑il dans les analyses proposées matière à penser. L’effort de ce dialogue constant est au service du raisonnement conduit, avec peu de respiration pédagogique, dans un effort pour répondre au mieux à la complexité de la promesse comme acte de langage, action, pratiques sociales, ayant un contenu éthique et une visée collective…