Résumé
Nous envisageons la responsabilité sociale de l’entreprise non comme un jeu de pouvoirs ni comme une visée éthique mais comme un processus de construction de sens engageant l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise. Pour étayer cette conception nous mobilisons plusieurs aspects de la sociologie d’Anthony Giddens en particulier sa théorie de la structuration, son analyse de la modernité et de ses conséquences sur la construction des identités personnelles et collectives. Le concept de conscience discursive apparaît alors comme central pour articuler les dimensions cognitives, linguistiques et conatives qui permettent de définir les caractéristiques propres de la responsabilité sociale d’une entreprise. Dans la perspective interactionniste d’A. Giddens, considérer la RSE comme un processus d’élaboration de sens, rend nécessaire de préciser comment se définit l’identité du manager qui doit répondre de ses décisions face à la société civile. Nous recourons alors au concept d’identité narrative du manager responsable pour analyser et comprendre ce que produisent les processus de structuration à l’œuvre face aux risques propres à la modernité radicale. Après avoir évalué ses limites, nous montrons comment les récits permettent d’instaurer de nouvelles conventions dont une des principales forces est de permettre l’instauration des sphères de confiance nécessaires à l’action organisée des entreprises au sein de nouveaux espaces publics dialogiques.
Mots-clés
- RSE
- élaboration de sens
- modernité réflexive
- risques
- conscience discursive
- identité narrative
Summary
We consider CSR as a sense making process and use Anthony Giddens main sociological concepts to argument this point of view. We build upon his structuration theory and his analysis of the consequences of modernity to focus our attention on the reflexive project of the self, whereby self-identity is constituted by ordering self-narratives. Responsible managers’ recursively vest their confidence in abstracts systems that help them to be aware of manufactured risks linked to business activities. They adopt professional lifestyles as slices of their activities within which fairly consistent and responsible social practices are followed and retrospectively told in the form of stories. Storytelling analysis seems to offer promising perspectives to understand how managers link their actions in a meaningful way during their interactions with stakeholders. We suggest that the concept of the narrative identity of the manager can be used to articulate the cognitive, linguistic and conative dimension that characterises CSR as a reflexive process. It can be fruitfully used to understand how economic, social and environmental issues can be linked together when looking at firms as networks of safety conventions regularly put into public discussion in the political arena.
Keywords
- CSR
- sensemaking
- reflexive modernity
- discursive consciousness
- risks
- narrative identity
Mots-clés éditeurs : conscience discursive, identité narrative, risques, élaboration de sens, RSE, modernité réflexive
Date de mise en ligne : 01/01/2010
https://doi.org/10.3917/ror.041.0031