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Article de revue

Les écologies du XIXe siècle : un diorama (Spitzberg, 1841)

Pages 5 à 18

Notes

  • [1]
    Jean-Baptiste Eyriès, Histoire des naufrages, par Deperthes, Paris, Dufour, 1828 (1788), 3 vols., Paris, Dufour, vol. 1, p. 1-80 et p. 197-234 et p. 298 -315 ; et vol. 2, p. 250-365.
  • [2]
    Jonathan Crary, Techniques de l’observateur. Vision et modernité au xixe siècle, Paris, Dehors, 2016 (1990).
  • [3]
    Sur la biographie de Biard, voir Ana Lucia Arajau, Romantisme tropical. L’Aventure illustrée d’un peintre français au Brésil, Québec, Presses de l’Université Laval, 2008, p. 9-34.
  • [4]
    Voir Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005 ; mais aussi, sur le « tournant ontologique » en anthropologie, les travaux de Mario Blaser, Marisol de la Cadena, Arturo Escobar, Barbara Glowczewski, Tim Ingold, Eduardo Viveiros de Castro.
  • [5]
    Voyages de la Commission scientifique du Nord, en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg est aux Feröe, pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette « La Recherche », commandée par M. Fabvre, lieutenant de vaisseau ; publiés par ordre du roi sous la direction de M. Paul Gaimard, président de la Commission scientifique du Nord. Relation du Voyage, par Xavier Marmier, 2 vols., Paris, Arthus Bertrand, vol. 2, p. 350-351.
  • [6]
    Raymond Williams, Culture and Society 1780-1950, Londres, Chatto & Windus, 1959.
  • [7]
    Voyages de la Commission scientifique du Nord… Relation du Voyage, par Xavier Marmier, ouvr. cité, vol. 2, p. 356-357.
  • [8]
    Sur les formes sociales diverses de l’encyclopédisme après la Révolution, voir Julien Vincent, « “La Grande Famille réunie”. Le champ encyclopédique en France dans la première moitié du xixe siècle » dans Vincent Bourdeau, Jean-Luc Chappey, Julien Vincent (dir.), Les Encyclopédismes en France à l’ère des révolutions (1789-1850), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2020, p. 49-74.
  • [9]
    Voyages de la Commission scientifique du Nord… Aurores boréales, par V. Lottin, A. Bravais, C.B. Lilliehöök et P.A. Siljeström, Paris, Arthus Bertrand, notamment p. 549-550.
  • [10]
    Stéphane Van Damme, Seconde nature. Rematérialiser les sciences de Bacon à Tocqueville, Dijon, Les Presses du réel, 2020.
  • [11]
    Lorraine Daston et Peter Galison, Objectivité, Dijon, Les Presses du réel, 2012 (2007).
  • [12]
    John Tresch, The Romantic Machine. Utopian Science and Technology after Napoleon, Chicago, The University of Chicago Press, 2012.
  • [13]
    Michel Delon, L’Idée d’énergie au tournant des Lumières (1770-1820), Paris, PUF, 1988 ; Jessica Riskin, Sensibility and Enlightenment Science : The Sentimental Empiricists of the French Enlightenment, Chicago, University of Chicago Press, 2002 ; Bertrand Guest, Révolutions dans le cosmos. Essais de libération géographique : Humboldt, Thoreau, Reclus, Paris, Classiques Garnier, 2017.
  • [14]
    Carolyn Merchant, The Death of Nature. Women, Ecology and the Scientific Revolution, New York, HarperOne, 1990 (1980), p. 100.
  • [15]
    William Reddy, La Traversée des sentiments. Un cadre pour l’histoire des émotions, Dijon, Les Presses du réel, 2019 (2001).
  • [16]
    Alexander von Humboldt, Cosmos. Essai d’une description physique du monde, Paris, Gide et Baudry, 1855 (1845), vol. 1, p. 1-48.
  • [17]
    Carl Gustav Carus, Nine Letters on Landscape Painting, Los Angeles, Getty Publications, 2002 (1831), p. 90.
  • [18]
    Eugène Robert, Histoire et description naturelle de la commune de Meudon, Paris, Paulin, 1843, p. iii.
  • [19]
    Jacques Rancière, Le Temps du paysage. Aux origines de la révolution esthétique, Paris, La fabrique, 2019, p. 125.
  • [20]
    Xavier Marmier, Études sur Goethe, Paris, Levrault, 1835, p. 393.
  • [21]
    Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, L’Événement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, 2013.
  • [22]
    Voyages de la Commission… Relation du voyage, par Xavier Marmier, ouvr. cité, vol. 1, p. 260 ; Annik Foucrier et Jean Heffer, « La productivité de la pêche à la baleine française, 1817-1868 », Histoire & mesure, 2012, vol. 27, n° 2, p. 49-77.
  • [23]
    James A. Secord, Controversy in Victorian Geology : The Cambrian-Silurian Dispute, Princeton, Princeton University Press, 1986 ; Rudwick, Jack Morrell, John Phillips and the Business of Victorian Science, Aldershot, Ashgate, 2005 ; Fredrik Jonsson, « The coal question before Jevons », Historical Journal, vol. 62, n° 2, 2019, p. 107-126.
  • [24]
    Andreas Malm, Fossil Capital. The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, Londres, Verso, 2016.
  • [25]
    Donna Haraway, Staying with the Trouble, ouvr. cité.
  • [26]
    François Arago, « Sur les puits forés », Annuaire du Bureau des longitudes, Paris, Bachelier, 1834, p. 181-258.
  • [27]
    Élie de Beaumont, « Instructions géologiques » dans Voyages de la Commission scientifique du Nord… Géologie, minéralogie et métallurgie, par Eugène Robert, Paris, Arthus Bertrand, p. 7-45.
  • [28]
    Léonie d’Aunet, Voyage d’une femme au Spitzberg, Paris, Hachette, 1854, p. 206-210.
  • [29]
    Martin J.S. Rudwick, Worlds Before Adam. The Reconsruction of Geohistory in the Age of Reform, Chicago, University of Chicago Press, 2008.
  • [30]
    Michael Löwy et Robert Sayre, Révolte et mélancolie. Le romantisme à contre-courant de la modernité, Paris, Payot, 1992.
  • [31]
    Jonathan Bate, Romantic Ecology. Wordsworth and the Environmental Tradition, Londres, Routledge, 1991.
  • [32]
    Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au Musée royal le 15 mars 1841, Paris, Vinchon, 1841, p. 27-28.
  • [33]
    Gérard Monnier, L’Art et ses institutions en France de la Révolution à nos jours, Paris, Gallimard, 1995, p. 133 et suiv.
  • [34]
    Daniel Claustre, « Voyager, aimer, écrire : la vie d’une femme au xixe siècle (Léonie d’Aunet, 1820-1879) », L’Ull Critic, n° 11-12, 2007, p. 93-126.
  • [35]
    Carolyn Merchant, The Death of Nature, ouvr. cité.
  • [36]
    S. Henry Berthoud, « Le Singe de Biard », Musée des familles, vol. 6, 1839, p. 279.
  • [37]
    Léonie d’Aunet, Voyage…, ouvr. cité, p. 170-185.
  • [38]
    Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, trad. Laura Lafargue, Paris, Champ libre, 1983 (1848), p. 31.
  • [39]
    Malcolm Ferdinand, Une écologie décolonisée. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris, Seuil, 2019.
  • [40]
    Jean-Luc Chappey, La Société des Observateurs de l’Homme (1799-1804). Des anthropologues au temps de Bonaparte, Paris, Société des études robespierristes, 2002.
  • [41]
    Mémoires de la Société ethnologique, vol. 1, Paris, Librairie orientale, 1841, p. xl.
  • [42]
    Jean Savant, La Vie sentimentale de Victor Hugo. Léonie d’Aunet, — Madame Biard avant le scandale, Paris, fascicule 2, p. 22 ; Atelier de M. Biard. Tableaux, études d’après nature, objets étrangers, etc., 1865, p. 13.
  • [43]
    William F. Edwards, « Esquisse de l’état actuel de l’anthropologie ou de l’histoire naturelle de l’homme », Mémoires de la Société ethnologique, vol. 1, n° 1, 1841, p. 128.
  • [44]
    Xavier Marmier, Souvenirs de voyages et traditions populaires, Paris, Masgana, 1841, p. 345.
  • [45]
    Aurélia Michel, Un monde en nègre et blanc. Enquête historique sur l’ordre racial, Paris, Seuil, 2019.
  • [46]
    Ana Lucia Araujo, Romantisme tropical, ouvr. cité, notamment p. 31-32.
  • [47]
    Pierre Wat, « La tragédie du paysage. Mort et résurgences de la peinture d’histoire », Romantisme, 2015, n° 169, p. 5-18.

1Le tableau de François-Auguste Biard qui figure en couverture de ce numéro [fig. 1], présenté au Salon de 1841, représente la baie Magdalena, au nord du Spitzberg, à proximité du pôle Nord. Le peintre faisait partie de l’expédition scientifique menée sur ordre du ministère de la Marine à bord de la corvette La Recherche, entre 1838 et 1840, sous la direction de Paul Gaimard. La composition, d’un mètre soixante de large, montre un étrange spectacle. Sur la moitié supérieure, comme un épais rideau qui se lève, les traits de lumière d’une aurore boréale s’étirent vers le ciel, ponctués par le profil escarpé d’un massif montagneux. Sur la moitié inférieure, tournant le dos aux restes d’un navire englouti par les eaux glacées, des naufragés attendent la mort, quelques cadavres sont déjà couverts de neige, tandis que des traces de pas s’éloignent du groupe.

Figure 1

François-Auguste Biard, Magdalena Bay. Vue prise de la presqu’île des Tombeaux, au nord du Spitzberg. Effet d’aurore boréale (Louvre).

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François-Auguste Biard, Magdalena Bay. Vue prise de la presqu’île des Tombeaux, au nord du Spitzberg. Effet d’aurore boréale (Louvre).

© RMN

2Biard n’a jamais assisté à une aurore polaire au Spitzberg lorsqu’il s’y rendit à l’été 1839. C’est à Bossekop et à Jupvig, à l’extrémité septentrionale de la Norvège, que l’équipage de la corvette La Recherche en a observé pendant l’hiver précédent. Quant aux personnages au premier plan, autant dire que ce sont des fantômes. Aucun naufrage n’a eu lieu lors de l’expédition de 1839, même si de telles scènes sont à la mode, et si des drames passés bien réels hantent ce territoire [1]. La scène a été composée afin que le regard, en passant du premier au second plan puis en sens inverse, oscille entre l’effroi et l’émerveillement, la peur et l’admiration. Elle évoque en ce sens les intentions d’un « diorama ». Ce terme, introduit en français en 1822 (de dia : à travers, et orama : la vue), désigne un spectacle d’optique dans lequel l’attention du spectateur circule entre quelques objets artificiellement disposés à plus ou moins grande distance devant un paysage peint. En même temps qu’il construit l’objet du regard, il façonne la subjectivité de l’observateur [2].

3On associe traditionnellement le romantisme à l’exaltation de la nature qui deviendrait, à partir de la fin du xviiie siècle, la source d’un nouveau sentiment du moi. Ce numéro propose de modifier cette conception traditionnelle, ou plutôt de l’élargir. Au cours du xixe siècle, l’idée d’environnement oscille entre plusieurs définitions rivales que saisit un lexique peu stabilisé. Qu’on y voie un ensemble de ressources ou un paysage, un « milieu » ou un « climat », un organisme vivant ou un produit de l’intervention humaine, elle est le point d’appui d’une diversité de rationalités et d’imaginaires, de dispositifs matériels et de sensibilités, de pratiques sociales et de discours. En quoi les diverses façons de penser, d’imaginer ou de s’approprier l’environnement ont-elles produit autant de conceptions du sujet, de techniques de subjectivation ? C’est à partir de cette question que nous voudrions aborder la diversité des écologies du xixe siècle. Il conviendra pour cela d’adopter une définition large de l’« écologie » pour en faire l’ensemble des savoirs et des discours concernant les rapports entre les sociétés humaines et leur cadre de vie (et non pas seulement la science qui naît dans les années 1860 avec Ernst Haeckel).

4Afin d’introduire à la lecture de ce numéro, nous proposons ici, plutôt qu’un panorama complet, une sorte de diorama. Le tableau de Biard nous servant de décor [3], nous y abordons trois notions : d’abord l’ontologie des modernes, ensuite l’anthropocène, enfin le romantisme.

Nature et culture

5Le premier objet conceptuel de ce diorama concerne le dualisme entre nature et culture que les anthropologues de la nature appellent aussi « l’ontologie des modernes [4] ». Voici par exemple comment le philologue de l’expédition de La Recherche, Xavier Marmier, en charge de la Relation du voyage de la corvette, décrit son expérience de la baie Magdalena en août 1839 :

6

J’étais seul alors au milieu de la solitude immense ; nul bruit ne frappait mon oreille, nulle voix ne venait m’interrompre dans mon rêve. Les rumeurs de la cité, les passions du monde, étaient bien loin. […] Non, je ne saurais exprimer […] tout ce que l’âme, ainsi livrée à elle-même et planant dans l’espace, conçoit en un instant d’idées ardentes et d’impressions ineffaçables. Si dans ce moment j’ai désiré tenir entre mes mains la lyre du poète, ce n’était qu’un vœu fugitif. J’ai courbé le front sous le sentiment de mon impuissance, et ma bouche n’a murmuré que l’humble invocation du chrétien [5].

7L’exaltation du paysage n’est ici possible qu’à condition d’avoir redéfini la « nature » en opposition à un sentiment du moi par lequel l’observateur se sent rattaché à une « culture » qu’il identifie à la poésie et à la religion. Raymond Williams a documenté la façon dont le mot anglais culture, durant les dernières décennies du xviiie siècle et pendant la première moitié du xixe siècle, cesse de désigner seulement un processus, pour renvoyer dorénavant à une chose en soi, dotée d’une existence autonome [6]. Cette évolution participe selon lui d’une riposte face au matérialisme de la bourgeoisie capitaliste, aussi repérable dans la façon dont les mots industry, democracy ou class sont utilisés à partir de cette époque. On décèle une évolution du même type avec le terme « nature ». Celui-ci désignait jusqu’alors tout l’univers, ou l’ensemble de ce qui advient ; mais il renvoie de plus en plus à une portion distincte de la réalité, indissociable de la faune et de la flore et indépendante de l’action humaine. Tout l’opposé, en somme, du terme « culture ».

8Dans les sciences, l’idée que la nature constituerait une réalité extérieure à « faire parler » au moyen d’artefacts (récits d’expérimentations, images scientifiques ou mesures quantifiées) remonte au moins au xviie siècle. En sa qualité de chroniqueur officiel de l’expédition de La Recherche, Marmier en fournit lui-même une description minutieuse :

9

Dès le lendemain de notre arrivée, toutes nos embarcations sillonnaient la baie […]. Le maître charpentier dressait sur le bord de la presqu’île l’observatoire destiné à faire des expériences de magnétisme ; un peu plus loin, le voilier posait deux tentes : l’une pour nous servir d’abri contre le mauvais temps, l’autre pour protéger les instruments. Le météorologue installait de tous côtés ses baromètres et ses thermomètres ; le géologue s’armait de son marteau de chasseur, de son fusil […] [7].

10L’équipage de La Recherche est une communauté encyclopédique, formée sur ordre du ministère de la Marine, qui associe étroitement l’objectivité des sciences à la subjectivité des arts [8]. Il suffit pour s’en rendre compte de comparer les effets de draperie du tableau de Biard à ceux des dessins scientifiques du peintre-naturaliste officiel embarqué pour ce voyage, Louis Belavet [fig. 2]. Ceux-ci complètent les opérations de mesure et les calculs effectués par le physicien Auguste Bravais et le géographe Victor Lottin. Dans le volume qu’ils consacrent aux aurores boréales, ils n’apportent guère plus d’explications physiques ou magnétiques que leurs prédécesseurs Edmund Halley ou Dortous de Mairan [9]. Mais leur description de 500 pages, fondée sur 151 jours d’observation et de nombreux calculs, objective le phénomène en abordant successivement le « segment obscur » qui borde l’horizon, les arcs, les rayons, les lueurs, les couleurs et les effets d’optique divers.

Figure 2

Louis Belavet, « Apparence de l’aurore boréale dans le Nord-Est » (à Bossekop, le 16 janvier 1839, à 10 h 05 du soir) dans Voyages de la Commission scientifique du Nord…, Atlas de physique et géologique, ouvr. cité.

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Louis Belavet, « Apparence de l’aurore boréale dans le Nord-Est » (à Bossekop, le 16 janvier 1839, à 10 h 05 du soir) dans Voyages de la Commission scientifique du Nord…, Atlas de physique et géologique, ouvr. cité.

11L’élaboration d’une « seconde nature », objectivée par les sciences, ne conduit pas nécessairement à occulter la « première nature », vécue, sensible et subjective [10]. D’abord la capacité à produire des faits objectifs à propos des réalités naturelles suppose une subjectivité spécifique, une discipline impliquant tout un apprentissage sensible et corporel [11]. Dans l’épreuve du voyage, décrite dans ce numéro par Agathe Frochot, les savants mobilisent non seulement leurs cinq sens, mais testent aussi leur endurance, leur puissance physique et leur désir de science lorsqu’ils sont confrontés aux intempéries qui rendent difficile l’accomplissement des gestes de mesure.

12Ensuite, la science « romantique » n’est pas la philosophie mécaniste de Bacon, Descartes ou Newton, qui faisaient de la nature une étendue inerte, extérieure à la conscience. Au début du xixe siècle, elle prend la forme de nouvelles théories et d’instruments, de l’œuf d’Ampère à la machine à vapeur en passant par le daguerréotype, qui remettent en cause les dualismes entre la matière et l’esprit, la raison et l’émotion, ou l’organisme et la machine [12]. Depuis 1770, les théories vitalistes et panthéistes ont aussi pris une importance croissante [13]. Elles envisagent l’existence d’une énergie universelle, en lien avec le déploiement des forces actives du moi, renouant avec des idées qui avaient été marginalisées à partir du xviie siècle [14]. Comme nous le soulignons dans ce numéro, la Révolution française voit un renouveau de l’idée selon laquelle la Terre serait un être vivant comparable à un animal.

13L’importance des émotions pour la connaissance de la nature est un thème philosophique important au début du xixe siècle [15]. Dès 1790, Kant expose sa célèbre conception du sublime en mettant l’accent sur le « libre jeu » de l’imagination et de l’entendement face au spectacle d’une nature décrite comme « finalité sans fin ». Dans sa continuité, Alexander von Humboldt affirme que l’émotion esthétique ressentie devant le paysage anticipe la connaissance scientifique des phénomènes qui s’y déroulent [16]. En 1831, le savant et le peintre Gustav Carus établit un parallèle entre le sentiment de Dieu en soi, qui naît par les arts, et le sentiment de Dieu autour de soi, qui naît par les sciences [17]. Pour l’un des géologues de La Recherche, Eugène Robert, voyager autour du monde permet de se guérir d’un mal aussi dangereux qu’inévitable, « l’indifférence en histoire naturelle [18] ».

14La révolution esthétique initiée en peinture à la fin du xviiie siècle, selon Jacques Rancière, permet de faire sentir « l’indistinction entre ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas [19] ». L’art romantique consiste à habiter le trouble d’une nature présente au cœur de la culture, et d’une culture qui devient, non pas un arrachement à la nature mais plutôt un chemin vers elle. C’est tout le contraire de ce que fait ce prince imaginé par Goethe dans le Triomphe de la sensibilité, que Marmier présente aux lecteurs français en 1835 : se déclarant amoureux fou de la nature, de ses bois, de ses eaux et de ses rochers, le prince décide, pour ne pas être incommodé par les choses qu’il n’y aime pas, de se faire faire une nature mécanique qu’il emporte constamment avec lui [20].

Anthropocène

15Élisabeth Plas évoque dans ce numéro une conscience romantique de l’anthropocène bien discernable chez Michelet. Il existe plusieurs définitions possibles de ce concept controversé [21]. Il peut d’abord désigner le règne humain sur le vivant. La scène des naufragés, au premier plan du tableau de Biard, nous rappelle l’existence d’une importante activité de chasse à la baleine dans les eaux du Spitzberg [fig. 3]. Les chasseurs-cueilleurs du xixe siècle ne sont pas seulement les « peuples primitifs ». Le capitalisme mondialisé, s’il se glorifie de dépendre des gains de productivité du capital et du travail, repose aussi de façon cruciale, aujourd’hui comme alors, sur la prédation. Dans toute la zone froide du grand nord, trappeurs et baleiniers sillonnent de grands espaces pour alimenter les villes d’Europe et d’Amérique en fourrures et en huile de baleine. En août 1839, la baleine à fanons a déjà disparu du Spitzberg. Après avoir fait la richesse des pêcheurs hollandais, anglais puis russes, elle est devenue rare, puis introuvable après 1820 [22]. Michelet, contemplant les navires baleiniers du Havre alors qu’il écrit La Mer en 1861, sera plus sensible que Biard au combat des premiers marins comme à la disparition des baleines.

Figure 3

Baleine à fanons (article « Baleine » pour l’Encyclopédie nouvelle, vol. 2, p. 377).

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Baleine à fanons (article « Baleine » pour l’Encyclopédie nouvelle, vol. 2, p. 377).

16Dans son acception aujourd’hui la plus courante, l’anthropocène désigne l’entrée dans une économie industrielle dépendante aux énergies fossiles à partir de 1780. Au milieu du xixe siècle, les géologues anglais partent à la conquête des couches souterraines les plus importantes pour la compréhension et l’exploitation des gisements de charbon [23]. Leur abondance dans le sous-sol national renforça la confiance des Britanniques dans leur destin providentiel, dont témoigne la mise en scène d’immenses blocs de charbon à l’entrée du palais de l’Exposition universelle de 1851 [fig. 4]. L’essor de la machine à vapeur accompagna une reconstruction d’ensemble de toute la société autour de cette substance érigée en symbole de grandeur et de puissance. L’émergence d’un « capitalisme fossile » ne fut pas, selon Andreas Malm, une simple réponse technique à un problème énergétique préexistant. Il fut, à l’ère du « capitalocène », un choix politique et social : c’est parce que le charbon permettait un meilleur contrôle de la main-d’œuvre qu’autour de 1825 il fut préféré à l’énergie hydraulique, pourtant moins coûteuse [24].

Figure 4

Exhibition of the Works of Industry of All Nations, the Reports by the Juries on the Subjects in the Thirty Classes into which the Exhibition was Divided, Londres, Spicer Brothers etc., vol. 1, 1851, p. 1.

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Exhibition of the Works of Industry of All Nations, the Reports by the Juries on the Subjects in the Thirty Classes into which the Exhibition was Divided, Londres, Spicer Brothers etc., vol. 1, 1851, p. 1.

17Il existe plusieurs formes d’alliance entre les sociétés humaines et les puissances de la terre : la valorisation des couches carbonifères n’en est qu’une version parmi d’autres [25]. On s’est demandé, notamment en France, si d’autres couches géologiques ne pouvaient pas apporter puissance et richesse à la nation. Depuis longtemps, le cycle de l’eau faisait partie de ces forces naturelles qu’il s’agissait de comprendre et de maîtriser. Pendant la Révolution, il est évoqué comme un objet de gouvernement à part entière. Sous la monarchie de Juillet les réflexions d’Arago ou d’Héricart de Thury sur les couches « aquifères » visent à améliorer les systèmes hydrauliques qui alimentent en eau les grandes villes, leurs maraîchers, mais aussi les exploitants agricoles de diverses régions du pays [26].

18Dans ses « Instructions » écrites pour l’expédition du Spitzberg, Élie de Beaumont dresse un plan de recherches minéralogiques [27]. Le voyage de la corvette La Recherche est l’occasion de visiter plusieurs exploitations minières. Sur le chemin du retour, sur la côte norvégienne, Biard se rendit dans un ancien village de pêcheurs transformé en mine de cuivre en 1826 par une compagnie anglaise. La montagne de Kaafiord, « aplanie, bêchée, ratissée avec soin », « perforée jusqu’au cœur » et privée de « ses grands ossements de granit », était « éventrée de toute part ». Des ingénieurs venus de Londres, des ouvriers et des mineurs, avec leur houille importée de Cornouailles, y avaient transporté « dans ce coin reculé du monde les mœurs civilisées et une partie du confort de la vieille Angleterre » [28].

19Mais le principal apport des travaux de l’équipage de La Recherche a moins concerné la géologie industrielle que la compréhension du « diluvien » [29]. Il s’agit, suite aux explorations de Cuvier et Brongniart dans le bassin parisien, de documenter un récit de l’histoire de la terre qui confirme celui du Déluge dans la Genèse. La quête paraît vaine, rétrospectivement : à la même époque, le naturaliste suisse Louis Agassiz remet en cause cette interprétation avec sa théorie de l’extension des glaciers. Mais ce n’est pas l’important : avec ou sans la Bible, la géologie permet aux Européens, en pleine expansion coloniale, de relier des espaces lointains par une histoire commune [fig. 5].

Figure 5

Eugène Robert, « Traces anciennes de la Mer », dans Voyages de la Commission scientifique… Atlas de physique et géologique, ouvr. cité.

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Eugène Robert, « Traces anciennes de la Mer », dans Voyages de la Commission scientifique… Atlas de physique et géologique, ouvr. cité.

20La notion d’anthropocène a été justement critiquée parce qu’en postulant l’agentivité de l’espèce humaine dans son ensemble, elle occulte le fait que la crise environnementale n’a été provoquée que par une petite partie de l’humanité. Nous montrons ici qu’il exista plusieurs versions de l’anthropocène, plusieurs façons pour la bourgeoisie blanche d’universaliser son expérience, comme il exista aussi plusieurs écologies romantiques.

Écologies romantiques

21Selon Michael Löwy et Robert Sayre, le romantisme est une révolte contre la modernité capitaliste, l’esprit de calcul et la dissolution des relations sociales, en même temps qu’il est une expérience de la perte, d’un exil irrémédiable qui peut conduire vers la nostalgie du passé, la recherche d’un nouveau paradis sur terre, ou sa construction dans l’avenir [30]. À leur suite on peut définir l’écologie romantique — troisième objet notionnel de ce diorama — comme une configuration associant la nostalgie d’une harmonie perdue avec le vivant, mais aussi la révolte contre l’exploitation de la nature, indissociable des dominations de classe, de genre ou de race que tendent à invisibiliser le terme « anthropocène ».

22Les formes de cette écologie romantique sont diverses et de mieux en mieux connues. Il en existe une version jacobine et républicaine chez Wordsworh [31]. Chez Southey, étudié par Charles-François Mathis, la dénonciation de l’aliénation des corps ouvriers prend une tonalité conservatrice. L’écosocialisme est aussi un romantisme : Amélie Bonney en explore ici certaines contradictions à partir de l’exemple de William Morris, socialiste et industriel. Il faut placer Biard du côté d’une écologie bourgeoise et libérale au service du pouvoir en place et peu préoccupée des nouvelles dominations de classe. Décoré de la légion d’honneur en 1838, il se fait acheter ses tableaux sur les fonds de la liste civile. C’est encore le cas lors du Salon de 1841, où il représente le roi lors de son voyage en Laponie pendant l’été 1795 [32]. Comme Biard, les autres membres de l’expédition du Spitzberg sont proches des cercles du pouvoir. Xavier Marmier, par exemple, connaissait bien Guizot et avait été précepteur des filles de Louis-Philippe.

23Le spectacle à la fois grandiose et morbide du Spitzberg s’adresse aux soutiens du régime. Il n’est pas composé pour créer le doute sur la solidité de la civilisation européenne ou sur la marche du progrès. Alors que se construit le mouvement ouvrier, à Lyon où naquit Biard, et à Paris où il réside depuis 1834 (date de la deuxième révolte des Canuts), c’est une peur en toute sécurité qui est offerte au public parisien qui se retrouve en nombre dans les dorures du Louvre [33]. Est-il si différent, en ce sens, de la scène présentée l’année suivante, où Biard montre des bourgeois qui ont le mal de mer [fig. 6] ? Il enregistre la fragilité humaine face à l’immensité des forces telluriques, mais c’est pour mieux célébrer la puissance de l’homme blanc venu élucider les mystères du Nord, auxquels peuvent s’identifier les visiteurs du Salon en ce printemps 1841.

Figure 6

François-Auguste Biard « La traversée du Havre à Honfleur », Salon de 1842 (gravure), Magasin Pittoresque, juillet 1842.

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François-Auguste Biard « La traversée du Havre à Honfleur », Salon de 1842 (gravure), Magasin Pittoresque, juillet 1842.

24Il n’est pas indifférent que ce soit la très jeune compagne de Biard, Léonie d’Aunet, qui provoqua son départ au Spitzberg, convainquant celui dont elle aura plus tard un enfant, en 1840, puis dont elle se séparera, de suivre Gaimard à bord de la corvette La Recherche. Son Voyage d’une femme au Spitzberg, publié en 1854 et réédité une dizaine de fois, offre un rare point de vue féminin sur un voyage scientifique. Léonie d’Aunet y semble accepter de bonne grâce sa position subalterne. Elle n’en tire aucune colère et adopte dans son écriture la posture humble et amusée qui convient à sa position [34]. Sa simple présence, normalement interdite pour une expédition de la marine miliaire, perturbe pourtant les habitudes de l’équipage. Depuis le xviie siècle au moins, la masculinisation des savoirs légitimes sur la nature prend aussi bien appui sur les institutions savantes que sur les églises [35]. La résistance à ces dynamiques prend au xixe siècle une figure privilégiée, dont Bertrand Guest fait le portrait dans ce numéro : la sorcière. Biard a présenté à Cambrai, en 1837, un tableau de « Sorcières modernes » qui a fait sensation [36] [fig. 7]. On y entrevoit les pratiques sataniques de six femmes occupées à immerger un chat dans un chaudron bouillant. Michelet sera plus bienveillant : en 1862 il fera de la sorcière une figure de la révolte contre l’oppression d’une société d’hommes sur la nature et sur les femmes.

Figure 7

François-Auguste Biard, « Les Sorcières », lithographie d’après le tableau « Les Sorcières modernes », Revue des peintres, 1837, pl. 146.

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François-Auguste Biard, « Les Sorcières », lithographie d’après le tableau « Les Sorcières modernes », Revue des peintres, 1837, pl. 146.

25Léonie d’Aunet a fait une description précise de la baie Magdalena. Elle en évoque le tumulte au temps du dégel, la faune, les cercueils de pêcheurs encore visibles sur la côte, mais aussi l’anxiété superstitieuse des membres de l’équipage à propos de la présence d’une femme parmi eux [37]. Comme un commentaire du tableau de Gaimard, elle imagine aussi les derniers jours de pêcheurs pris au piège de l’hiver. Dans cette expérience de pensée, elle décrit comment les naufragés se dépouillent progressivement de tout ce qui les rattachait à la civilisation, puis à l’humanité, jusqu’à perdre toute espérance. Ce n’est plus dans « les eaux glacées du calcul égoïste » de la bourgeoisie [38], mais dans les eaux bien réelles du Spitzberg, que se noient les attachements complexes et variés qui la reliaient à une société perdue à jamais : dans la solitude polaire se rejoue en miniature le même désenchantement qu’au cœur de la civilisation.

26Filant la métaphore de la navigation, Malcolm Ferdinand fait de la figure du naufragé un symbole de la condition du « plantatiocène » (et sa monoculture) tout comme du « capitalocène » (et sa machine à vapeur) où la relation de production à la nature arrache l’esclave comme l’ouvrier à ses racines [39]. S’il est un soutien du libéralisme conservateur de Guizot, Biard utilise l’image du naufragé pour montrer, non pas un pêcheur singulier, mais une figure générique de l’exil au monde, de la sortie hors de la civilisation. Ce geste est aussi celui des ethnologues depuis l’expédition Baudin [40]. Si la remontée vers les pôles est un voyage vers des contrées inhabitées et inhabitables, à la recherche de l’histoire de la terre, c’est aussi une remontée dans le temps, vers des stades moins avancés de la civilisation.

27À bord de La Recherche, le botaniste Charles Martins s’est essayé à des mesures craniométriques des éleveurs lapons, qu’il présente à la Société ethnologique de Paris en janvier 1841 [41]. Biard, qui devient bientôt membre de cette Société, rapporte une riche collection d’objets ainsi que 52 portraits de Lapons et 600 dessins [42] [fig. 8]. William Frédéric Edwards les cite comme une contribution importante à « une histoire générale des variétés de l’espèce humaine » encore à écrire [43]. Les peuples du nord sont alors connus pour leur croyance aux esprits, à la magie, à la « personnification des forces de la nature [44] ».

Figure 8

Zacharie Werner, « Crâne de Lapon » dans Voyages de la Commission scientifique du Nord… Atlas historique et pittoresque, ouvr. cité, vol. 2, Paris, Arthus Bertrand.

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Zacharie Werner, « Crâne de Lapon » dans Voyages de la Commission scientifique du Nord… Atlas historique et pittoresque, ouvr. cité, vol. 2, Paris, Arthus Bertrand.

28La fascination romantique pour les traditions mystiques et les mythes des « peuples primitifs » est bien sûr l’une des modalités romantiques du réenchantement du monde. Mais elle doit aussi se comprendre dans un contexte de réinvention d’un ordre racial mondial, fondé sur une vision hiérarchique des races sur une échelle de civilisation assignant à chacun son rôle [45]. Auteur en 1849 d’un tableau célébrant l’abolition de l’esclavage, Biard reste convaincu de la supériorité de l’homme blanc sous tous les climats [46]. À Hong Kong, comme le montre Maxime Decaudin, la colonisation accompagne la détérioration de l’image de la population chinoise qui, quoique mieux considérée que les peuples sans agriculture, est accusée de contribuer à la stérilité de l’île par sa méconnaissance des équilibres écologiques. Dans les colonies, la domination raciale s’accommode désormais avec le libéralisme et l’égalité de principe.

29La « tragédie du paysage » nordique n’est qu’un exemple parmi d’autres d’une histoire environnementale des subjectivités dont ce numéro de Romantisme indique quelques directions possibles [47]. Les sept contributions réunies dans ce dossier, sans chercher l’exhaustivité, montrent que les écologies du xixe siècle sont multiples. Siècle de l’industrialisation et de la science triomphante, le xixe siècle est aussi celui de la remise en cause des dualismes hérités entre nature et culture. Siècle de l’anthropocène, il voit une pluralité de voies par lesquelles l’homme blanc occidental tenta d’universaliser sa condition. Siècle de la mise en marchandise de la nature, il est aussi marqué par la révolte contre les valeurs bourgeoises, et par la quête nostalgique d’un monde meilleur.


Date de mise en ligne : 14/08/2020

https://doi.org/10.3917/rom.189.0005

Notes

  • [1]
    Jean-Baptiste Eyriès, Histoire des naufrages, par Deperthes, Paris, Dufour, 1828 (1788), 3 vols., Paris, Dufour, vol. 1, p. 1-80 et p. 197-234 et p. 298 -315 ; et vol. 2, p. 250-365.
  • [2]
    Jonathan Crary, Techniques de l’observateur. Vision et modernité au xixe siècle, Paris, Dehors, 2016 (1990).
  • [3]
    Sur la biographie de Biard, voir Ana Lucia Arajau, Romantisme tropical. L’Aventure illustrée d’un peintre français au Brésil, Québec, Presses de l’Université Laval, 2008, p. 9-34.
  • [4]
    Voir Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005 ; mais aussi, sur le « tournant ontologique » en anthropologie, les travaux de Mario Blaser, Marisol de la Cadena, Arturo Escobar, Barbara Glowczewski, Tim Ingold, Eduardo Viveiros de Castro.
  • [5]
    Voyages de la Commission scientifique du Nord, en Scandinavie, en Laponie, au Spitzberg est aux Feröe, pendant les années 1838, 1839 et 1840, sur la corvette « La Recherche », commandée par M. Fabvre, lieutenant de vaisseau ; publiés par ordre du roi sous la direction de M. Paul Gaimard, président de la Commission scientifique du Nord. Relation du Voyage, par Xavier Marmier, 2 vols., Paris, Arthus Bertrand, vol. 2, p. 350-351.
  • [6]
    Raymond Williams, Culture and Society 1780-1950, Londres, Chatto & Windus, 1959.
  • [7]
    Voyages de la Commission scientifique du Nord… Relation du Voyage, par Xavier Marmier, ouvr. cité, vol. 2, p. 356-357.
  • [8]
    Sur les formes sociales diverses de l’encyclopédisme après la Révolution, voir Julien Vincent, « “La Grande Famille réunie”. Le champ encyclopédique en France dans la première moitié du xixe siècle » dans Vincent Bourdeau, Jean-Luc Chappey, Julien Vincent (dir.), Les Encyclopédismes en France à l’ère des révolutions (1789-1850), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2020, p. 49-74.
  • [9]
    Voyages de la Commission scientifique du Nord… Aurores boréales, par V. Lottin, A. Bravais, C.B. Lilliehöök et P.A. Siljeström, Paris, Arthus Bertrand, notamment p. 549-550.
  • [10]
    Stéphane Van Damme, Seconde nature. Rematérialiser les sciences de Bacon à Tocqueville, Dijon, Les Presses du réel, 2020.
  • [11]
    Lorraine Daston et Peter Galison, Objectivité, Dijon, Les Presses du réel, 2012 (2007).
  • [12]
    John Tresch, The Romantic Machine. Utopian Science and Technology after Napoleon, Chicago, The University of Chicago Press, 2012.
  • [13]
    Michel Delon, L’Idée d’énergie au tournant des Lumières (1770-1820), Paris, PUF, 1988 ; Jessica Riskin, Sensibility and Enlightenment Science : The Sentimental Empiricists of the French Enlightenment, Chicago, University of Chicago Press, 2002 ; Bertrand Guest, Révolutions dans le cosmos. Essais de libération géographique : Humboldt, Thoreau, Reclus, Paris, Classiques Garnier, 2017.
  • [14]
    Carolyn Merchant, The Death of Nature. Women, Ecology and the Scientific Revolution, New York, HarperOne, 1990 (1980), p. 100.
  • [15]
    William Reddy, La Traversée des sentiments. Un cadre pour l’histoire des émotions, Dijon, Les Presses du réel, 2019 (2001).
  • [16]
    Alexander von Humboldt, Cosmos. Essai d’une description physique du monde, Paris, Gide et Baudry, 1855 (1845), vol. 1, p. 1-48.
  • [17]
    Carl Gustav Carus, Nine Letters on Landscape Painting, Los Angeles, Getty Publications, 2002 (1831), p. 90.
  • [18]
    Eugène Robert, Histoire et description naturelle de la commune de Meudon, Paris, Paulin, 1843, p. iii.
  • [19]
    Jacques Rancière, Le Temps du paysage. Aux origines de la révolution esthétique, Paris, La fabrique, 2019, p. 125.
  • [20]
    Xavier Marmier, Études sur Goethe, Paris, Levrault, 1835, p. 393.
  • [21]
    Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, L’Événement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Paris, Seuil, 2013.
  • [22]
    Voyages de la Commission… Relation du voyage, par Xavier Marmier, ouvr. cité, vol. 1, p. 260 ; Annik Foucrier et Jean Heffer, « La productivité de la pêche à la baleine française, 1817-1868 », Histoire & mesure, 2012, vol. 27, n° 2, p. 49-77.
  • [23]
    James A. Secord, Controversy in Victorian Geology : The Cambrian-Silurian Dispute, Princeton, Princeton University Press, 1986 ; Rudwick, Jack Morrell, John Phillips and the Business of Victorian Science, Aldershot, Ashgate, 2005 ; Fredrik Jonsson, « The coal question before Jevons », Historical Journal, vol. 62, n° 2, 2019, p. 107-126.
  • [24]
    Andreas Malm, Fossil Capital. The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, Londres, Verso, 2016.
  • [25]
    Donna Haraway, Staying with the Trouble, ouvr. cité.
  • [26]
    François Arago, « Sur les puits forés », Annuaire du Bureau des longitudes, Paris, Bachelier, 1834, p. 181-258.
  • [27]
    Élie de Beaumont, « Instructions géologiques » dans Voyages de la Commission scientifique du Nord… Géologie, minéralogie et métallurgie, par Eugène Robert, Paris, Arthus Bertrand, p. 7-45.
  • [28]
    Léonie d’Aunet, Voyage d’une femme au Spitzberg, Paris, Hachette, 1854, p. 206-210.
  • [29]
    Martin J.S. Rudwick, Worlds Before Adam. The Reconsruction of Geohistory in the Age of Reform, Chicago, University of Chicago Press, 2008.
  • [30]
    Michael Löwy et Robert Sayre, Révolte et mélancolie. Le romantisme à contre-courant de la modernité, Paris, Payot, 1992.
  • [31]
    Jonathan Bate, Romantic Ecology. Wordsworth and the Environmental Tradition, Londres, Routledge, 1991.
  • [32]
    Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au Musée royal le 15 mars 1841, Paris, Vinchon, 1841, p. 27-28.
  • [33]
    Gérard Monnier, L’Art et ses institutions en France de la Révolution à nos jours, Paris, Gallimard, 1995, p. 133 et suiv.
  • [34]
    Daniel Claustre, « Voyager, aimer, écrire : la vie d’une femme au xixe siècle (Léonie d’Aunet, 1820-1879) », L’Ull Critic, n° 11-12, 2007, p. 93-126.
  • [35]
    Carolyn Merchant, The Death of Nature, ouvr. cité.
  • [36]
    S. Henry Berthoud, « Le Singe de Biard », Musée des familles, vol. 6, 1839, p. 279.
  • [37]
    Léonie d’Aunet, Voyage…, ouvr. cité, p. 170-185.
  • [38]
    Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, trad. Laura Lafargue, Paris, Champ libre, 1983 (1848), p. 31.
  • [39]
    Malcolm Ferdinand, Une écologie décolonisée. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris, Seuil, 2019.
  • [40]
    Jean-Luc Chappey, La Société des Observateurs de l’Homme (1799-1804). Des anthropologues au temps de Bonaparte, Paris, Société des études robespierristes, 2002.
  • [41]
    Mémoires de la Société ethnologique, vol. 1, Paris, Librairie orientale, 1841, p. xl.
  • [42]
    Jean Savant, La Vie sentimentale de Victor Hugo. Léonie d’Aunet, — Madame Biard avant le scandale, Paris, fascicule 2, p. 22 ; Atelier de M. Biard. Tableaux, études d’après nature, objets étrangers, etc., 1865, p. 13.
  • [43]
    William F. Edwards, « Esquisse de l’état actuel de l’anthropologie ou de l’histoire naturelle de l’homme », Mémoires de la Société ethnologique, vol. 1, n° 1, 1841, p. 128.
  • [44]
    Xavier Marmier, Souvenirs de voyages et traditions populaires, Paris, Masgana, 1841, p. 345.
  • [45]
    Aurélia Michel, Un monde en nègre et blanc. Enquête historique sur l’ordre racial, Paris, Seuil, 2019.
  • [46]
    Ana Lucia Araujo, Romantisme tropical, ouvr. cité, notamment p. 31-32.
  • [47]
    Pierre Wat, « La tragédie du paysage. Mort et résurgences de la peinture d’histoire », Romantisme, 2015, n° 169, p. 5-18.

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