Couverture de ROM_173

Article de revue

Le Musée des antiquités nationales et la « fabrique de la nation »

Pages 15 à 33

Notes

  • [1]
    Ferdinand de Lacombe, « Château de Saint-Germain », L’Illustration, journal universel, 1871, t. LVIII, p. 156.
  • [2]
    Alain Schnapp, « L’archéologie en France et en Europe au temps de Napoléon III » dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie (château de Compiègne, 14-15 octobre 2000), Bulletin de la Société historique de Compiègne, XXXVII (2001), p. 15-28.
  • [3]
    Édouard Pommier, L’Art et la liberté. Doctrines et débats de la Révolution française, Paris, Gallimard, 1991.
  • [4]
    Alain Schnapp, art. cité, p. 17.
  • [5]
    Karin Lundbeck-Culot, « L’influence du Danemark dans la création du Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye », Aspects de l’archéologie française au xixsiècle. Actes du colloque international de Montbrison, Montbrison, La Diana, 2000, p. 41-54 ; Karin Lundbeck-Culot, « Frédéric VII de Danemark et l’archéologie nationale danoise » dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 267-290.
  • [6]
    Sur la personnalité de Napoléon III et le régime bonapartiste, voir Éric Anceau, Napoléon III. Un Saint-Simon à cheval [2008], Paris, Tallandier, 2e édition, 2012 ; Jean-Claude Yon, Le Second Empire. Politique, société, culture, Paris, Colin, 2004. Sur la naissance du Musée des antiquités celtiques et gallo-romaines : Laurent Olivier (dir.), Le Musée d’archéologie nationale et les Gaulois, Cahiers du Musée d’archéologie nationale, 2012 ; Hélène Chew, « La Colonne Trajane, un empereur, des moulages et des images – Une campagne photographique sous le Second Empire » dans Alexandre Simon Stefan, La Colonne Trajane, Paris, Picard, 2015, p. 245-280. Voir également Catherine Granger, L’Empereur et les arts. La liste civile de Napoléon III, Paris, École nationale des Chartes, ainsi que le chapitre « Développer l’archéologie nationale : le musée des Antiquités impériales de Napoléon III » dans Arnaud Bertinet, Les Musées de Napoléon III. Une institution pour les arts (1849-1872), Paris, Mare et Martin, 2015, p. 311-347. Le nom initial du Musée prend ici toute son importance.
  • [7]
    Voir notamment Amédée Thierry, Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de la Gaule à la domination romaine, Paris, Sautelet et Cie, 1828.
  • [8]
    Sylvain Venayre, Les Origines de la France. Quand les historiens racontaient la nation, Paris, Le Seuil, « L’univers historique », 2013.
  • [9]
    Victor Duruy, Histoire de France [1854], Paris, Hachette, 2e édition, 1858, p. VIII-IX. Cité par Sylvain Venayre, Les Origines de la France, ouvr. cité, p. 123.
  • [10]
    Sylvain Venayre, ouvr. cité, p. 122-123.
  • [11]
    Saulcy, chef d’escadron d’artillerie, ne quitte l’armée qu’à la fin de 1855. Les archives et les sources permettant de mieux connaître l’activité de la Commission de la Topographie des Gaules sont l’objet d’un programme de collectif de recherches au sein du Musée depuis 2013, soutenu par le LABEX Les passés dans le présent, réf. ANR-11-LABX-026-01.
  • [12]
    Jacqueline Carroy et Nathalie Richard (dir.), Alfred Maury, érudit et rêveur. Les sciences de l’homme au milieu du xixsiècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.
  • [13]
    Jacques-Gabriel Bulliot (1817-1902) obtient le titre de correspondant de la Commission de Topographie de la Gaule en 1865.
  • [14]
    Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec, « Aperçu des fouilles et des missions archéologiques sous le Second Empire », dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 153-174.
  • [15]
    Rapport de Mérimée sur les fouilles d’Edmond Caillette de l’Hervilliers, séance du 24 mai 1850. Médiathèque du Patrimoine, cote 80/15/7, Procès-verbaux originaux de la Commission supérieure des monuments historiques.
  • [16]
    Prosper Mérimée, « Les marbres d’Halicarnasse », Gazette des Beaux-Arts, III, 15 juillet 1859, p. 65-78. Alfred Maury a relu le travail de l’empereur en qualité de bibliothécaire des Tuileries.
  • [17]
    Héron de Villefosse, Discours à l’inauguration du buste de Prosper Mérimée à Cannes le samedi 27 avril 1907, Paris, Institut de France, 1907, p. 10 (n. 1). Dans la notice nécrologique qu’il consacre au colonel Stoffel, Salomon Reinach, alors directeur du Musée des Antiquités nationales revient sur cette découverte : « Le colonel Stoffel », Revue archéologique, 93, 1907, p. 330 (n. 4).
  • [18]
    Voir Chantal de Joly-Dulos, « La restauration du château de Saint-Germain en Laye d’après les photographies anciennes du Service photographique du Musée d’archéologie nationale » dans Napoléon III et Saint-Germain en Laye, Bulletin des amis du Vieux Saint Germain, n. 47, 2010, p. 57-71 ainsi que l’exposition organisée au MAN : L’Autre regard. Le monument, l’architecte, le photographe (18 mai-30 octobre 2013, commissaire général : H. Multon)
  • [19]
    Voir Hélène Chew, « Napoléon III et l’archéologie expérimentale » dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 211-238.
  • [20]
    Archives des Musées nationaux (désormais AMN) A 19 projets et interventions 1816-1974, 23 décembre 1863, lettre de Reffye à Nieuwerkerke (directeur des musées impériaux). Cité par Arnaud Bertinet, ouvr. cité, p. 332.
  • [21]
    AMN G2 Administration 1862-1960, 5 octobre 1864, Rapport de Verchère de Reffye à Napoléon III.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    La Commission consultative est créée le 1er avril 1865 sur décision de l’empereur. Elle est présidée par Nieuwerkerke, composée dans un premier temps d’Alexandre Bertrand, d’Adrien de Longpérier – qui s’efface pour se concentrer sur l’entrée de la collection Campana au Louvre – Penguilly-L’Haridon conservateur du musée d’artillerie, Claude Rossignol, Félix de Saulcy, Viollet-le-Duc et Verchère de Reffye. Au fil des arrivées et des départs, les parcours des nouveaux membres, notamment spécialistes de la préhistoire, nous informent sur les inflexions du projet : Alfred Maury, Édouard Lartet, Paul Broca (nous soulignons), Augustin-Alexis Damour et Jules Desnoyers intègrent successivement la Commission.
  • [24]
    AMN G2 Administration 1862-1960, 17 avril 1865, Rapport de Verchère de Reffye.
  • [25]
    AMN G1 Organisation et historique 1851-1945, 11 avril 1866, rapport définitif de la Commission consultative d’organisation du musée de Saint-Germain.
  • [26]
    En plus de l’inauguration de mai 1867, Napoléon III est régulièrement venu inspecter l’avancement des travaux du musée, le 10 septembre 1864, le 30 juin 1866 avec l’impératrice et le prince impérial, le 12 mai 1867, le 15 mai 1868, le 29 juillet 1869.
  • [27]
    Claude Rossignol, prévenu le 12 février 1862, de sa nomination par une lettre de Saulcy quitte les archives de la Côte d’Or. Les « fidèles » d’Alésia sont récompensés, traduction du lien puissant entre l’actualité des découvertes et des chantiers et la genèse de l’institution appelée à conserver les collections. EN 1856, Claude Rossignol publie Alise : étude sur une campagne de Jules César, Dijon, Lamarche et Drouelle.
  • [28]
    AMN 0 30 Dossiers individuels des personnels scientifiques et administratifs des musées 1794-… dossier 158 – Rossignol.
  • [29]
    Arnaud Bertinet, ouvr. cité, p. 337. À la fin de l’année 1879, un peu plus de 3 000 numéros d’inventaire sur les 25 400 que compte alors le musée ont été donnés par la Commission de la Topographie des Gaules en tant qu’institution ou via ses membres ou correspondants. Je remercie Élie Rafowicz de m’avoir transmis ce chiffre éloquent.
  • [30]
    Albine-Hortense Cornu, née Lacroix, est la fille d’une dame de compagnie de la mère du jeune Louis-Napoléon, qui n’est que d’un an son aîné, et dont elle est la filleule. Elle tient un salon où s’expriment des idées républicaines, à l’opposé de la princesse Mathilde. Mariée à l’un des élèves d’Ingres, Sébastien Cornu, elle se retire un temps, avant de chercher à influencer Napoléon III en matière culturelle – notamment sur le sujet de la collection Campana – et de combattre l’action de Nieuwerkerke. Nous renvoyons à Marcel Emerit, Madame Cornu et Napoléon III d’après les lettres de l’Empereur conservées à la Bibliothèque nationale et d’autres documents inédits, Thèse complémentaire pour le doctorat ès-Lettres présentée à la Faculté des lettres de l’Université de Paris, Les Presses Modernes, 1937. À compléter par Bonnie Effros, « Elle pensait comme un homme et sentait comme une femme. Hortense Lacroix Cornu (1809-1875) and the Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain en Laye », Journal of the History of Collections, vol. 24, n. 1, 2012, p. 25-43.
  • [31]
    Dans sa notice biographique consacrée au colonel Stoffel, publiée dans La Revue archéologique en 1907, Salomon Reinach, alors directeur du Musée des Antiquités nationales, indique que « Napoléon III a légué à Stoffel les précieux documents qu’il avait réunis dans la continuation et l’achèvement de l’histoire de César », sans que ces dossiers apparaissent dans l’inventaire après décès du colonel (1907), ni chez ses descendants. En revanche, le fonds Espérandieu de la bibliothèque J. Doucet à Paris conserve des planches originales de la publication de Stoffel. Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec, « L’archéologue au service de l’empereur » dans Prosper Mérimée au temps de Napoléon III, ouvr. cité, p. 69-97.
  • [32]
    Maria Antonietta Tomei, « Gli scavi di Pietro Rosa per Napoleone III (1861-1870), Gli orti farnesiani sul Palatino, Rome, École française de Rome et Sopraintendenza archéologica di Roma, Roma, 1990 (Roma antica, 2), p. 61-107 ; du même auteur, Scavi francesi sul Palatino. Le indagini di Pietro Rosa, Rome, École française de Rome, 1999.
  • [33]
    Jean Maurain, La Politique ecclésiastique du Second Empire de 1852 à 1869, Paris, F. Alcan, 1930 ; Gilles Pécout, Naissance de l’Italie contemporaine, 1777-1922, Paris, A. Colin, 2004 (rééd.) ; Yves Bruley, La Diplomatie du Sphinx. Napoléon III et sa politique internationale, Paris, CLD Éditions, 2015 ; Hilaire Multon, « La diplomatie française dans le Royaume de Piémont-Sardaigne face au tournant de l’Unité (1859-1864) » dans Marc Ortolani et Bruno Berthier (éd.), Consentements des populations, plébiscites et changements de souveraineté à l’occasion du 150e anniversaire de l’annexion de la Savoie et de Nice à la France, Nice, Serre éditeur-PRIDAES, 2013, p. 237-252.
  • [34]
    Claude Nicolet, La Fabrique d’une nation. La France entre Rome et les Germains, Paris, Perrin, 2003, p. 160-207. À compléter par Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales, Paris, Le Seuil, 1999.
  • [35]
    Nous renvoyons aux travaux d’Arnaud Hurel et de Yann Potin sur les enjeux épistémologiques et historiographiques de la naissance d’une « science de la préhistoire », notamment Arnaud Hurel, La France préhistorienne, de la Révolution à 1941, Paris, CNRS Éditions, 2007 ; Noël Coye, Arnaud Hurel (dir.), « Les origines de la préhistoire : une histoire actuelle », Les Nouvelles de l’archéologie, n° 129 (2012), p. 3-41. Et en relation avec les fonds d’archives conservées au MAN : Yann Potin, « Pré-histoires parallèles. Henri Delporte, Édouard Piette et les grottes de Brassempouy », Arts et cultures de la préhistoire, Paris, Éditions du CTHS, 2007, p. 185-196 (en collaboration avec François Bon, Dominique Henry-Gambier et al.) ; Yann Potin, « Archives Breuil. Du classement à l’écriture de soi », dans Frédérique Chappey (éd.), Sur les chemins de la préhistoire, l’abbé Breuil, du Périgord à l’Afrique du Sud, Catalogue de l’exposition du Musée d’Art et d’histoire Louis Senlecq-L’Isle-Adam, Paris, Somogy, 2006, p. 67-73. Voir également Françoise Bercé, « Arcisse de Caumont et les sociétés savantes » dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, t. II, La Nation, Paris, Gallimard, 1986, p. 532-567.
  • [36]
    Sylvain Venayre, ouvr. cité, p. 142-143.
  • [37]
    Gabriel de Mortillet, Le Préhistorique. Antiquité de l’homme, Paris, Reinwald, 1882.
  • [38]
    Karin Lundbeck-Culot, Frédéric VII, roi du Danemark, Napoléon III et l’archéologie. Les premiers donateurs du Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, mémoire de l’École du Louvre sous la direction de Jean-Pierre Mohen, 1994.
  • [39]
    AMN Z7 Propositions de dons et legs non acceptés ou sans suite, 15 novembre 1863, lettre de Boucher de Perthes à Nieuwkerke.
  • [40]
    AMN G1 Organisation et historique 1851-1945, 19 avril 1865, lettre de Boucher de Perthes à Nieuwerkerke. Cité par Arnaud Bertinet, ouvr. cité, p. 338.
  • [41]
    Gabriel de Mortillet, Promenades au musée de Saint-Germain, Paris, Reinwald, 1869, p. 72.
  • [42]
    AMN G1 Organisation et historique 1851-1945, 19 avril 1865, Lettre de Boucher de Perthes à Nieuwerkerke.
  • [43]
    AMN G4 Origines et échanges 1862-1900, 5 décembre 1866, lettre de M. Jakes, directeur du Geological Survey of Ireland
  • [44]
    Nathalie Richard, La Préhistoire en France dans la seconde moitié du xixsiècle (1859-1904), thèse de doctorat sous la direction de Claire Salomon Bayer, Université Lille III, 1992, p. 241. Nous renvoyons à cette recherche pour la première organisation des salles du Musée (p. 238-242) ainsi qu’à Joëlle Brière, Laurent Olivier, « Les Gaulois à Saint-Germain : archéologie d’une muséographie », dans Laurent Olivier (dir.), Le Musée d’archéologie nationale et les Gaulois du xixe au xxisiècle, Saint-Germain-en-Laye, MAN, 2012, p. 23-51.
  • [45]
    Christian Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, Arles, Actes sud, 2005 ; Michel Reddé, « Les fouilles du Second Empire autour d’Alésia à la lumière des recherches récentes » dans actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 93-115 ; Laurent Olivier, Michel Reddé, « L’Album des fouilles d’Alise redécouvert dans les archives de la Commission de la Topographie des Gaules », Antiquités nationales, 45 (2014), p. 69-80.
  • [46]
    Camille Jullian, « Les origines historiques du sol français », Revue bleue, 1er janvier 1910, p. 1.
  • [47]
    Marylène Patou-Mathis, Préhistoire de la violence et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2013.
  • [48]
    Jean Guilaine, Jean Zammit, Les Sentiers de la guerre. Visages de la violence préhistorique, Paris, 2000 ; Jean Guilaine, La Seconde naissance de l’homme. Le néolithique, Paris, Odile Jacob, 2015.
  • [49]
    Camille Jullian, ouvr. cité, p. 3.
  • [50]
    AMN A19 Projets et interventions 1816-1974, 4 avril 1861, lettre de Beaune à Nieuwerkerke.
  • [51]
    Le mot mythologie est utilisé ici au sens où l’emploie Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Le Seuil, 1986.
  • [52]
    En prolongement : Laurent Olivier, « Du musée des Antiquités nationales au musée d’Archéologie nationale », dans Jean-Paul Demoule et Christian Landes, La Fabrique de l’archéologie en France, Paris, La Découverte, 2009, p. 79-80.
  • [53]
    Je remercie Éric Anceau, maître de conférences habilité à l’université Paris IV-Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris, Laurent Olivier, conservateur en chef chargé des collections des âges du fer au Musée d’archéologie nationale, Corinne Jouys Barbelin, conservateur du patrimoine, responsable du Service des ressources documentaires du Musée d’archéologie nationale-Domaine national de Saint-Germain-en-Laye et Élie Rafowicz, ingénieur d’études rattaché au LABEX Les passés dans le présent pour leur relecture attentive et leurs précieuses suggestions.
En hommage à Jean-Marie Mayeur qui fut mon professeur à l’Université Paris IV-Sorbonne

1 L’histoire de la fondation du Musée de Saint-Germain en Laye est inséparable de la passion personnelle de Napoléon III pour l’archéologie et de son engagement, y compris financier, en faveur des fouilles et des recherches conduites dans une discipline alors en pleine transformation, tant dans ses méthodes que dans ses questionnements. Citant Philibert Beaune, Ferdinand de Lacombe n’hésite pas à affirmer que « pour fonder le musée de Saint-Germain […] il n’a pas fallu rassembler une collection, il a fallu créer une science […] pour atteindre ce but suprême, le perfectionnement de la civilisation [1] ».

2 Ainsi que l’a montré Alain Schnapp, le paradoxe dans la naissance de l’archéologie tient dans « cette tension entre identité, incarnée dans les archéologies nationales, et universalité, symbolisée par la fondation de la préhistoire  [2] », ou ce que l’on désigne alors comme « les temps antédiluviens ».

3 Certes, la fondation du British Museum remonte à un acte du Parlement britannique de 1753 et l’on doit l’ouverture et la transformation du palais du Louvre en Musée à l’action résolue de Vivant Denon en 1793. Toutefois, on en peut nier que la mise en place des grands musées européens et de leur section archéologique correspond à l’avènement de nouveaux cadres politiques nationaux. L’art et les collections muséales font ainsi partie intégrante de ces identités nationales naissantes, le développement des musées archéologiques nationaux en étant le précipité naturel [3]. Au début du xixsiècle, alors que la vieille discipline antiquaire craque de tous côtés, la mise en place d’États-nations et le développement d’une centralité des gouvernements conduisent à la mise en œuvre d’une législation sur les antiquités et d’un cadre juridique pour la conservation des objets [4].

4 Le Musée des monuments français, réceptacle du patrimoine ayant échappé au vandalisme révolutionnaire, est une réalisation à cet égard significative, en tant qu’institution assurant la pérennité de monuments historiques menacés. Le premier musée d’Antiquités nationales créé par C.J. Thomsen à Copenhague en 1807 fut également pionnier et explique les liens étroits de Frédérik VII de Danemark et Napoléon III lors de la constitution des collections du musée de Saint-Germain [5]. Faut-il rappeler que dans le livre d’inventaire du MAN les 347 premiers numéros sont occupés par la collection danoise, Frédéric VII se trouvant être le premier donateur du Musée ? Cet exemple danois servit lors de la création du musée romain-germanique de Mayence en 1852. Le succès du Musée de Mayence tout autant que le projet politique qu’il porte pour la nation conduisent Napoléon III à fonder le Musée des antiquités celtiques et gallo-romaines le 8 mars 1862 [6] [fig. 1].

Figure 1

Vue de la cour intérieure du château en travaux. Photographie de Charles Marville. Négatif sur verre Photo ©Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

figure im1

Vue de la cour intérieure du château en travaux. Photographie de Charles Marville. Négatif sur verre Photo ©Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

Un musée influencé par le courant dit « romaniste »

5 Cette création ne vient pas comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle s’inscrit dans le questionnement à l’œuvre depuis la chute de l’Empire napoléonien et les travaux d’Augustin et Amédée Thierry, sous la Restauration, sur la question des origines nationales [7], ces spéculations devenant alors l’affaire des spécialistes de la Gaule préromaine. Or ceux-ci n’étaient pas d’accord sur la réalité recouverte par le mot Gaulois. S’agissait-il des habitants de l’ancien sol de la France ? S’agissait-il d’une patrie soudée par une langue et une culture, à l’image de la définition donnée par Renan dans son célèbre cours en Sorbonne faisant suite à la défaite de Sedan et à la perte de l’Alsace-Moselle (1871) ? S’agissait-il enfin d’une « race » – mot alors usité dans les débats politiques et intellectuels des débuts de la IIIe République, y compris chez les républicains à la manière de Ferry – et qu’entendait-on par là ?

6 Avant même la création du Musée sous le règne de Napoléon III, la question des origines romaines de la France s’était posée [8]. Dans les années 1840 – et sous différents régimes politiques – les vues historiques d’un Littré viennent précisément renforcer l’idée selon laquelle la France tirait ses origines de la romanitas. Pour le régime bonapartiste, cette conception de l’histoire légitimait l’ici et maintenant : comme dans les temps anciens si chers aux érudits, l’Empire succédait à la République. Dans son Histoire de France, plusieurs fois rééditée sous l’Empire, voilà comment s’exprime Victor Duruy, futur ministre de l’Instruction publique : « À l’origine, sur ce sol gaulois dont Strabon admirait l’heureuse structure, au point d’y trouver la preuve d’une divine providence, on ne voit qu’un mélange confus de populations étrangères les unes aux autres […] où pourtant le vieux fonds celtique domine. Rome organise une première fois ce chaos. À ces peuples batailleurs qui ont troublé tout l’ancien monde par leur humeur vagabonde et guerrière, elle apporte l’ordre et la civilisation ; elle couvre le pays de routes, de monuments et d’écoles. Elle leur donne ses lois et son régime municipal ; elle leur léguera ses traditions administratives. La Gaule est alors la plus prospère, la plus romaine, et par conséquent la première des provinces de l’Empire [9]. » [fig. 2]

Figure 2

Salle XIII, soldat romain par Frédéric Bartholdi. Photographie de Félix Martin-Sabon, réalisée avant 1896. Photo ©Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

figure im2

Salle XIII, soldat romain par Frédéric Bartholdi. Photographie de Félix Martin-Sabon, réalisée avant 1896. Photo ©Médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

7 Napoléon III encouragea alors les fouilles et études en archéologie nationale afin de prouver tout ce que la France devait à son passé romain [10]. Par une circulaire datée du 27 novembre 1857, l’empereur fixa le cadre de la future Commission de la Topographie des Gaules visant à rassembler toute la documentation disponible sur les vestiges de l’ancienne Gaule, dont Félix de Saulcy fut le premier président [11]. Le décret en date du 17 juillet 1858 créa la Commission qui compta parmi ses membres d’éminentes personnalités, dont l’archéologue Alexandre Bertrand, « père de l’archéologie gauloise », appelé à diriger, quelques années plus tard, le musée de Saint-Germain. L’arrêté annonce l’établissement d’une « Carte des Gaules aux premiers siècles de l’ère chrétienne » alors que dès avril 1858, comme en témoigne Le Moniteur, l’empereur évoque d’autres cartes.

8 Napoléon III s’intéresse directement aux travaux de ce « cercle » composé de hauts fonctionnaires de l’Empire comme Alfred Maury [12], Prosper Mérimée et Viollet-le-Duc, de familiers de la cour impériale comme le numismate Félix de Saulcy, d’officiers comme Creuly ou le colonel Blondel, directeur du dépôt de la Guerre [fig. 3].

Figure 3

Portrait de Napoléon III. Buste en marbre, réalisé par Jean-Auguste Barre en 1858. Dépôt du musée du Louvre, D. 930.1.1 Photo ©MAN/Valorie Gô.

figure im3

Portrait de Napoléon III. Buste en marbre, réalisé par Jean-Auguste Barre en 1858. Dépôt du musée du Louvre, D. 930.1.1 Photo ©MAN/Valorie Gô.

9 Dans la galaxie savante formée par la Commission de la Topographie des Gaules, on doit compter avec les universitaires à l’image d’Alexandre Bertrand – ancien membre de l’École française d’Athènes, alors professeur de rhétorique au lycée de Rennes – Léon Renier, mais aussi avec les amateurs locaux qui informent les membres de la Commission à partir de notes et de relevés de terrain à l’image d’un Bulliot au mont Beuvray [13]. Ce mélange subtil de milieux, d’expériences et de niveaux de compétences contribue à sortir les « antiquaires » de leur isolat traditionnel et de construire un premier réseau professionnel de l’archéologie nationale entre 1857 et 1879 – date de transformation de la Commission – ouvert par ailleurs à d’autres horizons à la faveur des nombreuses missions archéologiques lancées sous le Second Empire [14].

10 La présence de Mérimée, inspecteur et membre de la Commission supérieure des monuments historiques, nommé sénateur à vie par Napoléon III en 1853, dans la Commission de la Topographie des Gaules est à cet égard révélatrice. Mérimée s’est intéressé aux fouilles sur le site de Champlieu, à la lisière sud de la forêt de Compiègne, dès 1850 [15]. À travers son exemple, on voit combien le « conseiller archéologique » de l’empereur, bientôt collaborateur de l’Histoire de Jules César, sait sélectionner les questions archéologiques qui le mettront en évidence, à l’image de sa publication remarquée sur les marbres d’Halicarnasse en 1859 [16].

11 Le fondateur de l’inventaire des monuments historiques est également associé au chantier d’Alésia lancé par l’empereur et il s’y rend en juin 1861, alors qu’il réside à Fontainebleau. Le 19 juin, Napoléon III prend donc le train avec cinq personnes, dont Maury – appelé pour la circonstance de Paris –, Félix de Saulcy et Mérimée. Cette visite a pour but de conforter grâce aux nouvelles fouilles, alors que le débat fait déjà rage, l’identification du site décrit par César dans la Guerre des Gaules. En septembre 1862, un objet exceptionnel est découvert dans les fouilles d’Alise : une pièce d’argenterie. Le colonel Stoffel, responsable des fouilles, porte l’objet, encore recouvert de terre, à Napoléon III qui prend alors les bains à Biarritz, en compagnie notamment de Mérimée. Héron de Villefosse rapporte cet événement : « Avec d’infinies précautions, le souverain et son familier nettoyèrent eux-mêmes le canthare d’Alise ; leur joie fut grande de pouvoir admirer ensemble la délicate ornementation d’une pièce d’orfèvrerie peu commune et de trouver sous le pied les fines inscriptions tracées à la pointe qui révélaient le nom de son premier possesseur [17]. » [fig. 4]

Figure 4

Canthare. Argent doré, ier siècle avant-ier siècle après J.-C., inv. 7564. Fouilles d’Alise-Sainte-Reine (Côte d’or) Photo ©MAN/Loïc Hamon.

figure im4

Canthare. Argent doré, ier siècle avant-ier siècle après J.-C., inv. 7564. Fouilles d’Alise-Sainte-Reine (Côte d’or) Photo ©MAN/Loïc Hamon.

12 En quête des origines de la France, Mérimée et l’empereur voient leur chemin se croiser et leur commun intérêt converger vers les salles du musée installé au château de Saint-Germain, alors en cours de restauration sous la conduite d’Eugène Millet [18].

Genèse d’une collection

13 Ce climat d’effervescence accompagne et d’une certaine façon conditionne la création du Musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines, le 8 mars 1862. Verchère de Reffye, homme de confiance de Napoléon III [19], est envoyé au musée romain-germanique de Mayence au printemps 1863 pour y réaliser un grand nombre de moulages. Il met en place le projet d’un atelier destiné au musée en décembre 1863, qui doit permettre le moulage d’objets découverts à travers tout le territoire et dont Abel Maître assume la responsabilité [20]. En octobre 1864, cet homme de confiance présente à Napoléon III un rapport qui donne au musée sa première identité, ce dernier étant appelé à présenter au visiteur les différentes phases par lesquelles « est passée la civilisation de notre Patrie des premiers humains jusqu’aux migrations barbares [21] ». Et d’ajouter à l’appui d’une présentation chronologique des collections et avec la ferme volonté de ne pas en faire un musée d’art : « Mais que le musée de Saint-Germain devienne un musée historique (nous soulignons), qu’organisé au point de vue des savants, il soit pour eux irréprochable dans son ensemble comme dans ses détails, alors, sa réputation attirera cette foule de personnes qui désirent s’instruire, mais auxquelles il faut un enseignement facile, le public suivra [22]. »

14 Secrétaire de la commission d’organisation du Musée [23], Verchère de Reffye rend un premier avant-projet en avril 1865 [24], le projet définitif étant remis à l’empereur le 11 avril 1866 [25] [fig. 5].

Figure 5

Portrait de Jean-Baptiste Verchère de Reffye. Photographie d’Émile Robert. Photo ©RMN-Grand Palais (musée d’Archéologie nationale)/Tony Querrec.

figure im5

Portrait de Jean-Baptiste Verchère de Reffye. Photographie d’Émile Robert. Photo ©RMN-Grand Palais (musée d’Archéologie nationale)/Tony Querrec.

15 Le temps presse car ce dernier souhaite que le musée soit prêt pour l’exposition universelle qui se tient en 1867 [26]. Au mois d’août 1866, Claude Rossignol, le premier directeur [27], reçoit son congé « sur volonté de l’empereur » [28]. Alexandre Bertrand, qui assure l’intérim, est nommé conservateur du musée de Saint-Germain le 10 mai 1867, soit quelques jours avant l’inauguration officielle. Le projet permet aux visiteurs de se pencher sur l’histoire nationale, dans une vision nettement positiviste visant à montrer « quel a été aux diverses époques du développement de l’humanité, l’état successif de l’industrie et des arts, sans cesse modifié par le progrès du temps, et par l’influence des migrations des peuples ou des relations commerciales ». Lors de l’inauguration, plus de 2300 pièces sont présentées chronologiquement avec sous-classements par sites et par séries dans sept salles, qui passent à quinze en 1869. Sur les 12 000 pièces des collections du Musée – dont 4 200 données par l’empereur – 8 300 sont déjà présentées à cette date. En 1870, ce sont 16 000 objets, dont 5 000 donnés par Napoléon III, qui composent les collections [29] [fig. 6 et 7].

Figure 6

Portrait d’Alexandre Bertrand. Photo ©MAN.

figure im6

Portrait d’Alexandre Bertrand. Photo ©MAN.

Figure 7

Salle VI, vitrine des casques gaulois. Négatif sur verre. Photo ©MAN.

figure im7

Salle VI, vitrine des casques gaulois. Négatif sur verre. Photo ©MAN.

16 Cette ambition est également liée à la passion de l’empereur pour la figure de Jules César et à la préparation de son Histoire de Jules César. À partir de mars-avril 1860, Napoléon III lance une série d’entreprises visant à documenter cette période de l’histoire romaine, à travers des missions, des fouilles, des expérimentations à grande échelle, des correspondances avec des savants étrangers. Hortense Cornu, sa filleule, lui sert alors d’intermédiaire pour entrer en relation avec l’Europe des archéologues et des philologues [30]. Les inventaires des dossiers de l’empereur retrouvés aux Tuileries, qui ont été remis au liquidateur de la Liste civile le 3 juillet 1873 et par la suite donnés au colonel Stoffel, en témoignent [31].

17 Les fouilles sur le sol français prennent alors une importance considérable. Dans cette série commencée à partir de 1861, on se doit de citer celles entreprises à Alésia (1861-1865), à Gergovie (1861-1862), au Puy d’Issolud (1865), sans oublier celles du site de Vendeuil-Caply (Oise) en 1863 réalisées par un détachement de soldats [fig. 8].

Figure 8

Salle XIII. Maquettes des travaux de César devant Alésia, établie par le général Verchère de Reffye pour Napoléon.

figure im8

Salle XIII. Maquettes des travaux de César devant Alésia, établie par le général Verchère de Reffye pour Napoléon.

18 Et ce sont les militaires dont Napoléon III a su s’entourer qui dirigent ces chantiers de fouilles. Avec la parution des deux volumes de l’Histoire de Jules César, en 1865 et 1866, la part prise par les travaux de l’empereur dans les recherches archéologiques diminue, notamment pour des raisons politiques. Il n’en continue pas moins de suivre et de financer les fouilles de la forêt de Compiègne et celle des jardins Farnese, sur le Palatin – dont il faut rappeler qu’ils ont été acquis par l’empereur le 26 juillet 1861 – sous la direction de Pietro Rosa [32]. À la lumière des archives conservées au Musée d’archéologie nationale, une enquête exhaustive permettrait de dresser un inventaire complet et impressionnant des fouilles financées par l’empereur durant cette décennie faste pour l’archéologie nationale.

19 Au cours de cette période, le débat public semble s’apaiser autour d’un consensus romain alors que la « question de Rome » et de la souveraineté des États pontificaux divise en profondeur le « parti de l’ordre », principal soutien du Prince-président en décembre 1848, désormais scindé entre défenseurs du pape Pie IX – les catholiques intransigeants alors souvent désignés comme « ultramontains » – et les soutiens du processus d’unification en cours autour du royaume de Piémont-Sardaigne et de Cavour [33]. Il convient toutefois de relever qu’un homme tel Littré, attaché à la virtus romaine et à la res publica, ne célèbre pas, dans l’histoire romaine, les mêmes épisodes que l’empereur des Français. Cette mémoire de Rome est alors inséparable, comme l’a montré Claude Nicolet, de l’émergence d’un « césarisme » adossé au discours du régime impérial et au projet politique porté par l’ancien prisonnier du fort de Ham et l’ancien carbonaro devenu un homme puissant dans le concert des nations [34].

Une France antédiluvienne : naissance de la Préhistoire

20 La question du sol et celle de « frontières naturelles » progressent pendant un demi-siècle et se trouvent confortées par les réflexions des historiens et des publicistes après la perte de l’Alsace-Moselle. Dans la seconde moitié du xixsiècle, ces conceptions reçoivent un renfort conséquent avec la toute nouvelle science préhistorique. Les fouilles engagées par Jacques Boucher de Perthes dans la région d’Abbeville conduisent à expliciter la plus haute antiquité de l’homme [35]. Dans les années 1860, ces résultats conduisent à une reconnaissance dans le monde savant et à une reconnaissance institutionnelle de la Préhistoire. En 1867, lors de l’ouverture des huit premières salles du Musée de Saint-Germain, deux salles étaient consacrées à la préhistoire [fig. 9].

Figure 9

Salle I. Négatif sur verre. Photo ©MAN.

figure im9

Salle I. Négatif sur verre. Photo ©MAN.

21 Trois ans auparavant, en 1864, la première revue de préhistoire, Matériaux pour l’histoire positive et philosophique de l’homme, était lancée par un homme qui allait jouer un rôle de premier plan dans la genèse de la science préhistorique en France : Gabriel de Mortillet (1821-1898) [36]. Chargé du cours d’anthropologie préhistorique lors de la fondation de l’école d’anthropologie de Paris en 1876, il travailla activement au musée de Saint-Germain avant de devenir maire – puis député – de la ville. En 1882, c’est également cette figure de la science à l’œuvre qui publie le premier traité de préhistoire en français [37]. Au cours de ces deux décennies, les fouilles se multiplient et des sites majeurs durent découverts : Solutré en 1866, Thenay en 1867, Cro-Magnon en 1868, Campigny en 1886. L’entrée de la préhistoire dans les institutions s’accompagne bien entendu de l’entrée de collections préhistoriques dans les musées, et notamment à Saint-Germain-en-Laye, réceptacle du débat qui agit alors le monde académique autour des origines lointaines de la France.

22 Entre 1866 et 1870, Alexandre Bertrand, infatigable voyageur, visite de nombreux musées français et européens. Depuis le décès, en décembre 1867, de Philibert Beaune, attaché au musée depuis sa création, Gabriel de Mortillet sillonne l’Europe et la France des musées, des collections préhistoriques. Il faut ajouter à cette première moisson les dons qui affluent avant même l’ouverture des premières salles, notamment les séries d’objets préhistoriques et les collections de l’âge du bronze offertes par Frédéric VII de Danemark [38] mais aussi les dons d’outillages et d’objets préhistoriques de Boucher de Perthes [39] [fig. 10].

Figure 10

Lur. Bronze, âge du bronze final, inv. 84108. Don de Frédéric VII, roi du Danemark Photo ©MAN/Loïc Hamon.

figure im10

Lur. Bronze, âge du bronze final, inv. 84108. Don de Frédéric VII, roi du Danemark Photo ©MAN/Loïc Hamon.

23 Ces entrées dans les collections publiques entraînent nécessairement une évolution du projet eu égard à l’intention initiale consistant à créer un « musée celtique », selon les mots de Philibert Beaune en 1861. Boucher de Perthes précise d’ailleurs dans un courrier à Nieuwerkerke qu’il se rendra personnellement au musée pour classer et installer les collections dont il fait don : « Beau ou laid, ébauche ou chef-d’œuvre, car l’homme antédiluvien avait aussi les siens, [il] transporter [a] à Saint-Germain tout ce qu’il croir[a] utile à l’histoire de l’industrie et de l’origine de l’art [40]. » La salle I, située au premier étage – l’étage noble du château – renferme les plus « anciens vestiges de l’industrie humaine [41] ». Elle est notamment occupée par les pièces de Boucher de Perthes [42]. Pour accroître l’impact visuel de la salle, les objets de l’âge de pierre sont présentés accompagnés de la faune animale et des bois monumentaux d’un cerf d’Irlande [43]. Afin de rendre hommage à l’un de ses premiers donateurs, l’administration du musée place un buste de Boucher de Perthes dans cet espace. En reconnaissant à la préhistoire un droit de cité dans le musée des antiquités nationales, « elle [en] établit la valeur scientifique [44] ».

24 Parmi les historiens qui s’efforcent d’éclairer le mystère des origines nationales en empruntant aux préhistoriens leurs connaissances récentes, Camille Jullian est sans aucun doute le plus en vue au début du xxsiècle. Jusqu’aux années 1860, l’Histoire des Gaulois d’Amédée Thierry fait encore autorité. Mais depuis les fouilles ordonnées par Napoléon III, notamment à Gergovie et Alise-Sainte Reine, dans les années 1861-1865, les connaissances sur l’histoire de la Gaule ont été profondément renouvelées [45]. Au lendemain de la mort de Fustel de Coulanges, Camille Jullian – né à Marseille en 1859, élève de l’École Normale Supérieure à partir de 1877 avant de suivre les cours du maître en Sorbonne – multiplia les travaux sur la Gaule préromaine, ce qui l’amena à rechercher, au-delà de l’héritage romain et de l’horizon indépassable de la « Cité antique », les origines les plus profondes de la nation. De 1908 à 1926, le savant publie les huit volumes de sa monumentale Histoire de la Gaule, qui fait autorité pendant de nombreuses années. Auréolé de gloire et de titres académiques, Jullian entre à l’Académie des inscriptions et belles lettres en 1908, à l’Académie française en 1924. L’ouvrage se nourrit des leçons que le savant marseillais donne au Collège de France, régulièrement publiées dans la Revue bleue.

25 Aux yeux de l’universitaire, c’est « l’époque néolithique qui marque le vrai début de notre histoire nationale », période pendant laquelle étaient apparus « les cieux tempérés de maintenant, la terre levant ses blés, l’homme bâtissant ses villages et traçant ses routes, paisible au milieu de ses granges et de ses troupeaux, demeures et tombeaux étalés en plein air : c’est-à-dire l’homme et le sol tels qu’ils sont restés jusqu’aux heures présentes [46] ». Il flotte comme un parfum d’Arcadie dans ces temps néolithiques apaisés et sereins, bien éloignés des violences et des conflits de territoire au temps des premiers paysans du monde, dégagés notamment par les travaux récents de Marylène Patou-Mathis [47] ou de Jean Guilaine [48].

26 La dette de Jullian vis-à-vis de la science préhistorique naissante est incommensurable. On ne peut comprendre les choix épistémologiques et muséographiques qui sont faits dans les premières années du Musée des Antiquités nationales sans considérer le discours sous-jacent sur les origines et la fabrique de la nation. La naissance de la nation France était inéluctable « sur ces beaux sols qui seront, dans notre histoire, la source de tant de joies nationales et de convoitises étrangères [49] ». Avec d’autres historiens, il tirait de la préhistoire et des découvertes récentes une certitude : aux temps appelés néolithiques, les premiers hommes avaient créé ce territoire qui par la suite devait naturellement être la France.

Figure 11

Entrée du musée impérial, d’après une photographie de Charles Marville Photo ©MAN.

figure im11

Entrée du musée impérial, d’après une photographie de Charles Marville Photo ©MAN.

27 Des intentions primitives à la réalisation d’un espace muséographique, il subsiste toujours un écart que ni les concepteurs, ni les conservateurs, ni aujourd’hui les scénographes et les métiers d’art au service du patrimoine et des collections ne peuvent mesurer. On ne peut toutefois masquer le lien consubstantiel associant une « volonté de pouvoir », une « archéologie du savoir » – pour reprendre des expressions chères à Michel Foucault – et la création du Musée des antiquités celtiques et gallo-romaines de Saint-Germain-en-Laye. Cartographier l’histoire, maîtriser le territoire, « fabriquer » la nation : telles étaient également les intentions qui animaient l’empereur lorsqu’il fonda, en 1858, la Commission de la Topographie des Gaules avec lettres aux préfets, recteurs, sociétés savantes ; désignation de correspondants locaux ; va-et-vient permanent entre la fouille et sa valorisation [fig. 11].

28 Une lettre de Philibert Beaune adressée à l’empereur est révélatrice de la vision politique qui sous-tend les premiers pas de l’institution :

29

L’idée de compléter les collections du Louvre par un musée celtique est une idée française. En réunissant au centre même des études comparatives, les éléments épars qui peuvent servir de fondement à l’histoire de nos origines nationales, en mettant ses premières archives sous les yeux mêmes du peuple français, aussi impressionnable que le peuple athénien qui lisait, à l’Acropole, sa propre histoire, le peuple comprendrait que les héros de Philippe-Auguste, de saint Louis, de Louis XIV, de Bonaparte, de Napoléon, ont vraiment pour aïeux les héros de Bellovèse, de Ségovèse, de Brennus, de Vercingétorix [50].

30 Cette conception imprégnée de la mythologie du « roman national [51] » ne résume pas l’immense travail de collecte, de prospection et de mise en espace des « pères fondateurs » de l’institution qui entendent rivaliser avec les plus grands musées européens consacrés à l’archéologie, au premier rang desquels le British Museum et le musée romain-germanique de Mayence, ou celui de Wiesbaden, avec lesquels les échanges sont réguliers [52].

31 Si le musée participe à l’institutionnalisation de l’archéologie, il contribue également par sa vision pédagogique, sa volonté d’instruire à la construction du citoyen. Dans un même mouvement, il s’inscrit par les collections présentées au seuil de son histoire – et notamment les artefacts préhistoriques – dans une aspiration puissante à l’universel [53].

Notes

  • [1]
    Ferdinand de Lacombe, « Château de Saint-Germain », L’Illustration, journal universel, 1871, t. LVIII, p. 156.
  • [2]
    Alain Schnapp, « L’archéologie en France et en Europe au temps de Napoléon III » dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie (château de Compiègne, 14-15 octobre 2000), Bulletin de la Société historique de Compiègne, XXXVII (2001), p. 15-28.
  • [3]
    Édouard Pommier, L’Art et la liberté. Doctrines et débats de la Révolution française, Paris, Gallimard, 1991.
  • [4]
    Alain Schnapp, art. cité, p. 17.
  • [5]
    Karin Lundbeck-Culot, « L’influence du Danemark dans la création du Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye », Aspects de l’archéologie française au xixsiècle. Actes du colloque international de Montbrison, Montbrison, La Diana, 2000, p. 41-54 ; Karin Lundbeck-Culot, « Frédéric VII de Danemark et l’archéologie nationale danoise » dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 267-290.
  • [6]
    Sur la personnalité de Napoléon III et le régime bonapartiste, voir Éric Anceau, Napoléon III. Un Saint-Simon à cheval [2008], Paris, Tallandier, 2e édition, 2012 ; Jean-Claude Yon, Le Second Empire. Politique, société, culture, Paris, Colin, 2004. Sur la naissance du Musée des antiquités celtiques et gallo-romaines : Laurent Olivier (dir.), Le Musée d’archéologie nationale et les Gaulois, Cahiers du Musée d’archéologie nationale, 2012 ; Hélène Chew, « La Colonne Trajane, un empereur, des moulages et des images – Une campagne photographique sous le Second Empire » dans Alexandre Simon Stefan, La Colonne Trajane, Paris, Picard, 2015, p. 245-280. Voir également Catherine Granger, L’Empereur et les arts. La liste civile de Napoléon III, Paris, École nationale des Chartes, ainsi que le chapitre « Développer l’archéologie nationale : le musée des Antiquités impériales de Napoléon III » dans Arnaud Bertinet, Les Musées de Napoléon III. Une institution pour les arts (1849-1872), Paris, Mare et Martin, 2015, p. 311-347. Le nom initial du Musée prend ici toute son importance.
  • [7]
    Voir notamment Amédée Thierry, Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’entière soumission de la Gaule à la domination romaine, Paris, Sautelet et Cie, 1828.
  • [8]
    Sylvain Venayre, Les Origines de la France. Quand les historiens racontaient la nation, Paris, Le Seuil, « L’univers historique », 2013.
  • [9]
    Victor Duruy, Histoire de France [1854], Paris, Hachette, 2e édition, 1858, p. VIII-IX. Cité par Sylvain Venayre, Les Origines de la France, ouvr. cité, p. 123.
  • [10]
    Sylvain Venayre, ouvr. cité, p. 122-123.
  • [11]
    Saulcy, chef d’escadron d’artillerie, ne quitte l’armée qu’à la fin de 1855. Les archives et les sources permettant de mieux connaître l’activité de la Commission de la Topographie des Gaules sont l’objet d’un programme de collectif de recherches au sein du Musée depuis 2013, soutenu par le LABEX Les passés dans le présent, réf. ANR-11-LABX-026-01.
  • [12]
    Jacqueline Carroy et Nathalie Richard (dir.), Alfred Maury, érudit et rêveur. Les sciences de l’homme au milieu du xixsiècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.
  • [13]
    Jacques-Gabriel Bulliot (1817-1902) obtient le titre de correspondant de la Commission de Topographie de la Gaule en 1865.
  • [14]
    Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec, « Aperçu des fouilles et des missions archéologiques sous le Second Empire », dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 153-174.
  • [15]
    Rapport de Mérimée sur les fouilles d’Edmond Caillette de l’Hervilliers, séance du 24 mai 1850. Médiathèque du Patrimoine, cote 80/15/7, Procès-verbaux originaux de la Commission supérieure des monuments historiques.
  • [16]
    Prosper Mérimée, « Les marbres d’Halicarnasse », Gazette des Beaux-Arts, III, 15 juillet 1859, p. 65-78. Alfred Maury a relu le travail de l’empereur en qualité de bibliothécaire des Tuileries.
  • [17]
    Héron de Villefosse, Discours à l’inauguration du buste de Prosper Mérimée à Cannes le samedi 27 avril 1907, Paris, Institut de France, 1907, p. 10 (n. 1). Dans la notice nécrologique qu’il consacre au colonel Stoffel, Salomon Reinach, alors directeur du Musée des Antiquités nationales revient sur cette découverte : « Le colonel Stoffel », Revue archéologique, 93, 1907, p. 330 (n. 4).
  • [18]
    Voir Chantal de Joly-Dulos, « La restauration du château de Saint-Germain en Laye d’après les photographies anciennes du Service photographique du Musée d’archéologie nationale » dans Napoléon III et Saint-Germain en Laye, Bulletin des amis du Vieux Saint Germain, n. 47, 2010, p. 57-71 ainsi que l’exposition organisée au MAN : L’Autre regard. Le monument, l’architecte, le photographe (18 mai-30 octobre 2013, commissaire général : H. Multon)
  • [19]
    Voir Hélène Chew, « Napoléon III et l’archéologie expérimentale » dans Actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 211-238.
  • [20]
    Archives des Musées nationaux (désormais AMN) A 19 projets et interventions 1816-1974, 23 décembre 1863, lettre de Reffye à Nieuwerkerke (directeur des musées impériaux). Cité par Arnaud Bertinet, ouvr. cité, p. 332.
  • [21]
    AMN G2 Administration 1862-1960, 5 octobre 1864, Rapport de Verchère de Reffye à Napoléon III.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    La Commission consultative est créée le 1er avril 1865 sur décision de l’empereur. Elle est présidée par Nieuwerkerke, composée dans un premier temps d’Alexandre Bertrand, d’Adrien de Longpérier – qui s’efface pour se concentrer sur l’entrée de la collection Campana au Louvre – Penguilly-L’Haridon conservateur du musée d’artillerie, Claude Rossignol, Félix de Saulcy, Viollet-le-Duc et Verchère de Reffye. Au fil des arrivées et des départs, les parcours des nouveaux membres, notamment spécialistes de la préhistoire, nous informent sur les inflexions du projet : Alfred Maury, Édouard Lartet, Paul Broca (nous soulignons), Augustin-Alexis Damour et Jules Desnoyers intègrent successivement la Commission.
  • [24]
    AMN G2 Administration 1862-1960, 17 avril 1865, Rapport de Verchère de Reffye.
  • [25]
    AMN G1 Organisation et historique 1851-1945, 11 avril 1866, rapport définitif de la Commission consultative d’organisation du musée de Saint-Germain.
  • [26]
    En plus de l’inauguration de mai 1867, Napoléon III est régulièrement venu inspecter l’avancement des travaux du musée, le 10 septembre 1864, le 30 juin 1866 avec l’impératrice et le prince impérial, le 12 mai 1867, le 15 mai 1868, le 29 juillet 1869.
  • [27]
    Claude Rossignol, prévenu le 12 février 1862, de sa nomination par une lettre de Saulcy quitte les archives de la Côte d’Or. Les « fidèles » d’Alésia sont récompensés, traduction du lien puissant entre l’actualité des découvertes et des chantiers et la genèse de l’institution appelée à conserver les collections. EN 1856, Claude Rossignol publie Alise : étude sur une campagne de Jules César, Dijon, Lamarche et Drouelle.
  • [28]
    AMN 0 30 Dossiers individuels des personnels scientifiques et administratifs des musées 1794-… dossier 158 – Rossignol.
  • [29]
    Arnaud Bertinet, ouvr. cité, p. 337. À la fin de l’année 1879, un peu plus de 3 000 numéros d’inventaire sur les 25 400 que compte alors le musée ont été donnés par la Commission de la Topographie des Gaules en tant qu’institution ou via ses membres ou correspondants. Je remercie Élie Rafowicz de m’avoir transmis ce chiffre éloquent.
  • [30]
    Albine-Hortense Cornu, née Lacroix, est la fille d’une dame de compagnie de la mère du jeune Louis-Napoléon, qui n’est que d’un an son aîné, et dont elle est la filleule. Elle tient un salon où s’expriment des idées républicaines, à l’opposé de la princesse Mathilde. Mariée à l’un des élèves d’Ingres, Sébastien Cornu, elle se retire un temps, avant de chercher à influencer Napoléon III en matière culturelle – notamment sur le sujet de la collection Campana – et de combattre l’action de Nieuwerkerke. Nous renvoyons à Marcel Emerit, Madame Cornu et Napoléon III d’après les lettres de l’Empereur conservées à la Bibliothèque nationale et d’autres documents inédits, Thèse complémentaire pour le doctorat ès-Lettres présentée à la Faculté des lettres de l’Université de Paris, Les Presses Modernes, 1937. À compléter par Bonnie Effros, « Elle pensait comme un homme et sentait comme une femme. Hortense Lacroix Cornu (1809-1875) and the Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain en Laye », Journal of the History of Collections, vol. 24, n. 1, 2012, p. 25-43.
  • [31]
    Dans sa notice biographique consacrée au colonel Stoffel, publiée dans La Revue archéologique en 1907, Salomon Reinach, alors directeur du Musée des Antiquités nationales, indique que « Napoléon III a légué à Stoffel les précieux documents qu’il avait réunis dans la continuation et l’achèvement de l’histoire de César », sans que ces dossiers apparaissent dans l’inventaire après décès du colonel (1907), ni chez ses descendants. En revanche, le fonds Espérandieu de la bibliothèque J. Doucet à Paris conserve des planches originales de la publication de Stoffel. Marie-Laure Berdeaux-Le Brazidec, « L’archéologue au service de l’empereur » dans Prosper Mérimée au temps de Napoléon III, ouvr. cité, p. 69-97.
  • [32]
    Maria Antonietta Tomei, « Gli scavi di Pietro Rosa per Napoleone III (1861-1870), Gli orti farnesiani sul Palatino, Rome, École française de Rome et Sopraintendenza archéologica di Roma, Roma, 1990 (Roma antica, 2), p. 61-107 ; du même auteur, Scavi francesi sul Palatino. Le indagini di Pietro Rosa, Rome, École française de Rome, 1999.
  • [33]
    Jean Maurain, La Politique ecclésiastique du Second Empire de 1852 à 1869, Paris, F. Alcan, 1930 ; Gilles Pécout, Naissance de l’Italie contemporaine, 1777-1922, Paris, A. Colin, 2004 (rééd.) ; Yves Bruley, La Diplomatie du Sphinx. Napoléon III et sa politique internationale, Paris, CLD Éditions, 2015 ; Hilaire Multon, « La diplomatie française dans le Royaume de Piémont-Sardaigne face au tournant de l’Unité (1859-1864) » dans Marc Ortolani et Bruno Berthier (éd.), Consentements des populations, plébiscites et changements de souveraineté à l’occasion du 150e anniversaire de l’annexion de la Savoie et de Nice à la France, Nice, Serre éditeur-PRIDAES, 2013, p. 237-252.
  • [34]
    Claude Nicolet, La Fabrique d’une nation. La France entre Rome et les Germains, Paris, Perrin, 2003, p. 160-207. À compléter par Anne-Marie Thiesse, La Création des identités nationales, Paris, Le Seuil, 1999.
  • [35]
    Nous renvoyons aux travaux d’Arnaud Hurel et de Yann Potin sur les enjeux épistémologiques et historiographiques de la naissance d’une « science de la préhistoire », notamment Arnaud Hurel, La France préhistorienne, de la Révolution à 1941, Paris, CNRS Éditions, 2007 ; Noël Coye, Arnaud Hurel (dir.), « Les origines de la préhistoire : une histoire actuelle », Les Nouvelles de l’archéologie, n° 129 (2012), p. 3-41. Et en relation avec les fonds d’archives conservées au MAN : Yann Potin, « Pré-histoires parallèles. Henri Delporte, Édouard Piette et les grottes de Brassempouy », Arts et cultures de la préhistoire, Paris, Éditions du CTHS, 2007, p. 185-196 (en collaboration avec François Bon, Dominique Henry-Gambier et al.) ; Yann Potin, « Archives Breuil. Du classement à l’écriture de soi », dans Frédérique Chappey (éd.), Sur les chemins de la préhistoire, l’abbé Breuil, du Périgord à l’Afrique du Sud, Catalogue de l’exposition du Musée d’Art et d’histoire Louis Senlecq-L’Isle-Adam, Paris, Somogy, 2006, p. 67-73. Voir également Françoise Bercé, « Arcisse de Caumont et les sociétés savantes » dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, t. II, La Nation, Paris, Gallimard, 1986, p. 532-567.
  • [36]
    Sylvain Venayre, ouvr. cité, p. 142-143.
  • [37]
    Gabriel de Mortillet, Le Préhistorique. Antiquité de l’homme, Paris, Reinwald, 1882.
  • [38]
    Karin Lundbeck-Culot, Frédéric VII, roi du Danemark, Napoléon III et l’archéologie. Les premiers donateurs du Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, mémoire de l’École du Louvre sous la direction de Jean-Pierre Mohen, 1994.
  • [39]
    AMN Z7 Propositions de dons et legs non acceptés ou sans suite, 15 novembre 1863, lettre de Boucher de Perthes à Nieuwkerke.
  • [40]
    AMN G1 Organisation et historique 1851-1945, 19 avril 1865, lettre de Boucher de Perthes à Nieuwerkerke. Cité par Arnaud Bertinet, ouvr. cité, p. 338.
  • [41]
    Gabriel de Mortillet, Promenades au musée de Saint-Germain, Paris, Reinwald, 1869, p. 72.
  • [42]
    AMN G1 Organisation et historique 1851-1945, 19 avril 1865, Lettre de Boucher de Perthes à Nieuwerkerke.
  • [43]
    AMN G4 Origines et échanges 1862-1900, 5 décembre 1866, lettre de M. Jakes, directeur du Geological Survey of Ireland
  • [44]
    Nathalie Richard, La Préhistoire en France dans la seconde moitié du xixsiècle (1859-1904), thèse de doctorat sous la direction de Claire Salomon Bayer, Université Lille III, 1992, p. 241. Nous renvoyons à cette recherche pour la première organisation des salles du Musée (p. 238-242) ainsi qu’à Joëlle Brière, Laurent Olivier, « Les Gaulois à Saint-Germain : archéologie d’une muséographie », dans Laurent Olivier (dir.), Le Musée d’archéologie nationale et les Gaulois du xixe au xxisiècle, Saint-Germain-en-Laye, MAN, 2012, p. 23-51.
  • [45]
    Christian Goudineau, Le Dossier Vercingétorix, Arles, Actes sud, 2005 ; Michel Reddé, « Les fouilles du Second Empire autour d’Alésia à la lumière des recherches récentes » dans actes du colloque Napoléon III et l’archéologie, ouvr. cité, p. 93-115 ; Laurent Olivier, Michel Reddé, « L’Album des fouilles d’Alise redécouvert dans les archives de la Commission de la Topographie des Gaules », Antiquités nationales, 45 (2014), p. 69-80.
  • [46]
    Camille Jullian, « Les origines historiques du sol français », Revue bleue, 1er janvier 1910, p. 1.
  • [47]
    Marylène Patou-Mathis, Préhistoire de la violence et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2013.
  • [48]
    Jean Guilaine, Jean Zammit, Les Sentiers de la guerre. Visages de la violence préhistorique, Paris, 2000 ; Jean Guilaine, La Seconde naissance de l’homme. Le néolithique, Paris, Odile Jacob, 2015.
  • [49]
    Camille Jullian, ouvr. cité, p. 3.
  • [50]
    AMN A19 Projets et interventions 1816-1974, 4 avril 1861, lettre de Beaune à Nieuwerkerke.
  • [51]
    Le mot mythologie est utilisé ici au sens où l’emploie Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Le Seuil, 1986.
  • [52]
    En prolongement : Laurent Olivier, « Du musée des Antiquités nationales au musée d’Archéologie nationale », dans Jean-Paul Demoule et Christian Landes, La Fabrique de l’archéologie en France, Paris, La Découverte, 2009, p. 79-80.
  • [53]
    Je remercie Éric Anceau, maître de conférences habilité à l’université Paris IV-Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris, Laurent Olivier, conservateur en chef chargé des collections des âges du fer au Musée d’archéologie nationale, Corinne Jouys Barbelin, conservateur du patrimoine, responsable du Service des ressources documentaires du Musée d’archéologie nationale-Domaine national de Saint-Germain-en-Laye et Élie Rafowicz, ingénieur d’études rattaché au LABEX Les passés dans le présent pour leur relecture attentive et leurs précieuses suggestions.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.84

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions