Notes
-
[1]
Selon les termes de Gustave Vapereau (« Roman. 1. Développement moderne du roman, et multiplicité de ses formes », L’Année littéraire et dramatique, première année [1858], Paris, Hachette, 1859, p. 46-59).
-
[2]
Voir l’incipit d’un article panoramique de Cuvillier-Fleury, qui a l’avantage de considérer l’histoire du roman au cours du premier demi-siècle : « Je voudrais essayer de donner une idée du roman français, tel qu’il existe à l’heure où nous sommes, et de le saisir en quelque sorte dans une de ces métamorphoses éphémères et infinies que le genre a subies chez nous depuis cinquante ans », « Le roman français en 1851 », Journal des Débats, 21 septembre 1851, repris dans Études historiques et littéraires, Paris, Michel Lévy, 1854, t. II, p. 259.
-
[3]
Si l’on se fie au témoignage d’Émile Souvestre, la question semble prématurée : « Si nous écrivions une poétique sur le roman, il nous resterait beaucoup à dire sur sa forme et sur sa composition ; mais la question d’art est encore trop obscure pour être absorbée [sic]. Le roman, tel que nous le comprenons, est si nouveau parmi nous, qu’il n’a jusqu’à présent ni langage propre ni attitude prise », « Du roman », Revue de Paris, octobre 1836, t. XXXIII, p. 126. Selon un autre commentateur, la poétique du roman serait à refaire : « Les genres se sont bien multipliés dans le roman, et Marmontel revenant au monde en pourrait faire une poétique à part qui s’étendrait d’Héliodore à M. Hugo, de La Princesse de Clèves à Ivanhoê », « Revue littéraire. l — Romans et poésies », Revue des Deux Mondes, 1er juin 1839, p. 721.
-
[4]
Marie-Joseph Chénier, Tableau historique de la littérature française depuis 1789, 2e éd., Paris, Maradan, 1817, p. 252.
-
[5]
Louis-Simon Auger, « Léonie de Monfreuse, par Mme S... G... », Journal de l’Empire, 26 avril 1813, repris dans Mélanges philosophiques et littéraires, Paris, Ladvocat, 1828, t. II, p. 359.
-
[6]
« Il n’y a point d’aventures dans Atala. C’est une sorte de poème, moitié descriptif, moitié dramatique », Atala ou les amours de deux sauvages, Paris, Migneret, 1801, p. XII.
-
[7]
« — Et vous avez fait un mauvais roman. — Ce n’est point un roman », Charles Nodier, Les Proscrits, Paris, Lepetit et Gérard, 1802, p. VIII. Le même dispositif avait déjà été utilisé par Rousseau dans la Seconde Préface de La Nouvelle Héloïse : « Ce Roman n’est point un Roman. »
-
[8]
« Ces lettres ne sont pas un roman », « Observations préliminaires » en tête d’Oberman de Senancour, Paris, 1804, p. III.
-
[9]
« Ceci n’est point un Roman » est le titre du Chapitre I de ce roman anonyme (Paris et Versailles, 1804, p. I).
-
[10]
George Sand, lettre à Aurélien de Sèze, 19 octobre 1825, Correspondance, Georges Lubin (éd.), Paris, Garnier, t. I, 1964, p. 202.
-
[11]
Honoré de Balzac, lettre à sa sœur Laure, vers le 15 août 1821, Correspondance, Roger Pierrot (éd.), Paris, Garnier, t. I, 1960, p. 112.
-
[12]
C., « Les Aventures d’Eugène de Senneville et de Guillaume Delorme, écrites par Eugène en 1787, publiées par L. B. Picard, membre de l’Institut », Esprit des journaux, décembre 1813, Bruxelles, t. XII, p. 146.
-
[13]
Ibid., p. 147.
-
[14]
Carole Baxton, « Du rôle que le roman joue dans la société moderne. I. Notre-Dame de Paris, de M. Victor Hugo », Revue française et étrangère, t. I, p. 11.
-
[15]
Frédéric Soulié, « Du roman », La Presse, 9 janvier 1837.
-
[16]
Petrus Borel, « Le Balcon de l’Opéra, par Joseph d’Ortigue », L’Artiste, 19 mai 1833, t. V, p. 200.
-
[17]
« Oh ! qu’ont-ils fait de cette belle et sainte poésie ? dans ce siècle prosaïque où l’on marche le front vers la terre sans regarder le ciel, où le mot positif retentit partout [...] ; de toutes les choses célestes, il ne restait plus que la poésie [...] Alors cette masse d’hommes que l’on appelle le public, qui commande et se fait obéir, se mit à crier tout à coup avec sa voix retentissante : « Je veux des romans [...] Faites-moi des romans », Anaïs Ségalas, « Max, par M. Legouvé », La France littéraire, mars 1833, p. 227. Autre lamentation dans le même journal : « Plus de poésie ! Plus d’histoire ! Plus de théâtre ! On ne fait plus que du roman ! On ne vend plus que du roman ! La girouette est au roman, et moi qui vous parle, pauvre poète [...]. », « Indiana, Valentine, par M. George Sand », La France littéraire, novembre 1832, t. IV, p. 454.
-
[18]
Armand de Pontmartin, « Le roman en 1855 », Revue contemporaine, juin 1855, t. XX, p. 243.
-
[19]
Ibid.
-
[20]
« Quoi qu’il en soit, l’histoire littéraire des sociétés modernes nous prouve que la popularité du roman a toujours été croissant jusqu’à notre temps, où nous le croyons destiné à acquérir une importance et une utilité toutes nouvelles », Émile Souvestre, « Du roman » [Préface de Riche et Pauvre], Revue de Paris, octobre 1836, p. 121.
-
[21]
« En même temps, l’influence du roman devenait plus expansive, plus populaire : la moyenne des lecteurs s’accroissait, et ces lecteurs nouveaux n’étant pas encore capables de s’élever jusqu’aux études sérieuses se rabattaient sur ces livres trop faciles à comprendre », Armand de Pontmartin, « Le roman en 1855 », Revue contemporaine, juin 1855, t. XX, p. 242.
-
[22]
Ulysse Tencé et Charles-Louis Lesur, Annuaire historique universel pour 1832, Paris, Thoisnier-Desplaces, 1834, p. 333.
-
[23]
Old Nick (E.-D. Forgues), « La fièvre du roman », Le National, 26 novembre 1844.
-
[24]
Edmond Werdet, De la librairie française, Paris, Dentu, 1860, p. 119.
-
[25]
« Sathaniel, par M. Frédéric Soulié », La Presse, 13 décembre 1836.
-
[26]
Alexandre Buchner, « Considérations sur le roman moderne », Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, Cherbourg, 1871, p. 317.
-
[27]
« Chez tous les peuples qui possèdent une littérature le roman occupe aujourd’hui le premier rang ; on pourrait dire : tient le record de la production », Revue politique et littéraire : revue bleue, 1896, t. VI, p. 447.
-
[28]
Voire même « espèce de monstre », selon le même (« Littérature. – Romans. Origine des romans », Mélanges philosophiques et littéraires, Paris, Ladvocat, 1828, t. II, p. 355).
-
[29]
Baudelaire, « Théophile Gautier », L’Artiste, 13 mars 1859, Œuvres complètes, Claude Pichois (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. II, 1976, p. 119.
-
[30]
« Il est vrai que le roman fut jadis compté pour bien peu de chose dans cette république des lettres, que de beaux et nobles esprits se formèrent, au dix-septième siècle, sur un modèle tant soit peu aristocratique [...] qu’était-ce auprès d’eux que ce timide intrus, que cet enfant nouveau sans parents avoués, qui, tout en vivant de fiction, ne savait s’exprimer qu’en prose [...] ? », Louise Ozenne, Mélanges critiques et littéraires, Paris, Firmin Didot, 1843, p. 153. Même remarque de la part d’Alexandre Buchner : « À sa naissance, le roman nous fait donc l’effet d’un parvenu, enrichi des dépouilles de ses ancêtres », art. cité, p. 322.
-
[31]
Et il ajoute : « C’est en ce moment le genre d’ouvrage le plus en vogue et le plus populaire », « Revue littéraire. Angelica Kaufmann », Revue des Deux Mondes, 1er mai 1838, p. 409.
-
[32]
Hippolyte Fortoul, « Un spectacle dans un fauteuil, de M. Alfred de Musset », Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1834, 3e série, t. III, p. 605.
-
[33]
« Toute la littérature semble maintenant se résumer dans le roman [...] Les doléances et les malédictions, les sarcasmes et les indignations de la critique n’ont eu pour résultat, après tout, que de constater la souveraineté de ce genre de littérature, regardé naguère comme frivole et léger, et tout à fait secondaire. Cette souveraineté des romanciers n’a point paru à tous une souveraineté légitime », Eugène Maron, « Critique littéraire. Revue des derniers romans-feuilletons », La Revue indépendante, 10 août 1846, 2e série, t. IV, p. 326.
-
[34]
Voir Armand de Pontmartin, « Les Fétiches littéraires : M. de Balzac », Le Correspondant, novembre et décembre 1856, t. XXXIX, p. 310-329, et p. 521-548.
-
[35]
« Sous l’empire de l’enivrement littéraire, les romanciers comme les philosophes ont rêvé les palmes de l’apostolat. Certes, c’est là une prétention singulière de la part de ces esprits qui ont abusé de tout, même du talent, et qui ont fait du commerce des lettres l’industrie la plus vulgaire », Louis Reybaud, « La société et le socialisme. La statistique, la philosophie, le roman », Revue des Deux Mondes, 1er mars 1843, nouv. série, t. I, p. 804.
-
[36]
Adolphe Caillé, de Poitiers, ouvr. cité, p. 77.
-
[37]
Voir notre épigraphe.
-
[38]
« Dans ses envahissemens qui sont des conquêtes, le roman moderne couvre chaque jour quelques parties du territoire autrefois acquis à la souveraineté de genres divers. [...]. L’avenir ratifiera-t-il ces usurpations souvent heureuses ? », Léon Gozlan, « Critique littéraire. Marianna, par M. Jules Sandeau », Revue de Paris, mars 1839, t. III, p. 271.
-
[39]
Saint-René Taillandier, « Ecrivains contemporains de l’Allemagne : Mme la comtesse Hahn-Hahn », Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1845, t. XI, p. 850.
-
[40]
Émile Souvestre, « Du roman », Revue de Paris, octobre 1836, t. XXXIV, p. 126.
-
[41]
Hippolyte Babou, « Critique littéraire. Le roman historique », Revue de Paris, janvier 1844, 4e série, t. XXV, p. 121.
-
[42]
« Album. Sous les tilleuls, par M. Alphonse Karr », Revue de Paris, août 1832, t. XLI, p. 128.
-
[43]
Léon Gozlan, « Critique littéraire ». Marianna, par M. Jules Sandeau, Revue de Paris, mars 1839, t. III, p. 271.
-
[44]
« Quelle étendue, quelle immense variété, quelle souplesse que celle d’un genre où trouvent également leur place, René, Lélia, et les contes de M. Paul de Kock ! Poésie, morale, histoire, philosophie, politique même, tout est entré dans son cadre élastique. Essentiellement niveleur, il a rabaissé jusqu’à lui les plus fières divinités », Carole Baxton, « Du rôle que le roman joue dans la société moderne. I. Notre-Dame de Paris, de M. Victor Hugo », Revue française et étrangère, 1837, t. I, p. 14.
-
[45]
« Critique littéraire ». Marianna, par M. Jules Sandeau, Revue de Paris, mars 1839, t. III, p. 271.
-
[46]
Philarète Chasles, « Feuilleton du Journal des Débats. Gabrielle, par Mme Ancelot », Journal des Débats, 15 février 1839, p. 1.
-
[47]
Léon Peisse, « Mosaïque, par M. Prosper Mérimée », Le Temps, 10 septembre 1833.
-
[48]
« Aujourd’hui le roman s’est emparé de toute la place, il a absorbé tous les genres. Son cadre si souple embrasse l’universalité des connaissances. Il est la poésie et il est la science. Ce n’est plus seulement un amusement, une récréation ; c’est tout ce qu’on veut, un poème, un traité de pathologie, un traité d’anatomie, une arme politique, un essai de morale », « Les Romanciers contemporains », Le Messager de l’Europe, septembre 1878.
-
[49]
« Le roman est la forme générale de la littérature : tous les autres genres, comme la poésie dramatique, comme les poèmes, ne sont que des formes particulières du grand œuvre littéraire romantique. [...] en effet, le roman comprend une sorte d’universalité littéraire. Toute littérature raconte, et fait mouvoir des personnages : toute littérature peint et décrit pour les yeux de l’âme », Cyprien Desmarais, Le Roman : études artistiques et littéraires, Paris, Société reproductive des bons livres, 1837, p. 150.
-
[50]
S., « Madame Sophie Gay, Un mariage sous l’Empire », Le Temps, 4 août 1832.
Place au géant littéraire de la Grande-Bretagne et de l’Europe, au roman. [...] Qu’est-ce que le roman ? une forme, pas même une forme ; un prétexte, un mot, une excuse. Il a tout absorbé ; les plus basses intelligences s’emparent de lui ; les plus hautes descendent jusqu’à lui. À une certaine époque, toutes les idées se rédigeaient en drame, parce que le drame est action, et que l’Europe agissait, brandissant l’épée, arborant la croix, chantant des sérénades. Aujourd’hui que l’action est affaiblie, et que le rêve domine, vous voyez s’étendre le sceptre du roman, qui est le rêve.
1 Le roman est un genre que le XIXe siècle a renouvelé en profondeur, investi de nouveaux pouvoirs, voire sacralisé (Mona Ozouf) – ce qui accentuera encore plus la « crise du roman » de la fin du siècle (Michel Raimond), voire sa « débâcle » (Jean de Palacio) – très provisoire... Le phénomène est d’autant plus remarquable qu’il s’agit, au départ, d’un non-genre, situé hors du cadastre des poétiques. Genre lawless (Gide), ad libitum (Sand), « bâtard » (Baudelaire), mais aussi genre « omnivore », affecté d’incessantes métastases, se subdivisant en multiples sous-genres, remarquable par la « multiplicité de ses formes [1] », présent dans toutes les bibliothèques, tel est le roman au XIXe siècle. Ce numéro de Romantisme se propose de suivre les premières étapes du processus de légitimation mais aussi de « socialisation » dont ce genre s’est trouvé l’objet au siècle de Stendhal, de Balzac, de Flaubert et de Zola. Il s’agira ainsi de traiter le roman comme un genre, caractéristique d’un nouvel espace littéraire, mais aussi comme un phénomène, social, culturel, qui dépasse l’enceinte de la littérature, et qui, par ses succès de diffusion, sa « surface sociale » surdimensionnée, gagne une influence sans précédent.
2 Tel est en substance le projet autour duquel ont été réunies les études ici proposées, avec pour intention de sortir des monographies sur les grands romanciers du siècle pour considérer le « Phénomène roman » dans son ensemble. Impossible certes, dans le cadre d’un seul numéro, de couvrir tout le XIXe siècle, et de prendre en considération l’ensemble des entrées qu’envisageait ce projet. Mais ces questions ont bien été toutes traitées ou du moins recroisées par les études ici réunies :
- La dimension éditoriale du roman, et plus largement, la question de la production, mais aussi la question de la diffusion, le roman passant du média cabinet de lecture au média revue, puis au média presse quotidienne avec le « feuilleton-roman », puis aux formes d’édition populaire à bon marché (voir ici même les contributions de Brigitte Louichon, de Caroline Raulet et de Marie-Ève Thérenty).
- Les changements en termes d’image, de légitimité du roman, mais aussi du personnage du romancier (Caroline Raulet) et du personnage de la lectrice de roman (Marie Baudry). Soit donc des problèmes de « représentation », mais aussi de « catégorisation »
- Le discours critique, journalistique, puis la prise en considération dès le XIXe siècle – décalée dans le temps – de l’histoire du phénomène roman (Brunetière, Zola, Maupassant, mais déjà, bien avant, Philarète Chasles, Hippolyte Babou, Cuvillier-Fleury, etc.), prise en considération qui accompagne – et accentue – la montée en puissance du genre (José-Luis Diaz).
- La mutation des frontières génériques au XIXe siècle qui invite à situer le roman au carrefour de phénomènes d’intergénéricité et de critique de la notion de genre, en tenant compte du fait que les romanciers du temps sont rarement des romanciers purs, et se font aussi en particulier critiques – le roman ayant lui-même de surcroît tendance à devenir critique (Zola). Mais surtout la mutation des sous-genres romanesques en pointe, avec d’abord avantage au roman sentimental (Brigitte Louichon), puis au roman historique à la Walter Scott (Caroline Raulet), au roman noir et au « genre frénétique » (Émilie Pézard), à la mode cosmopolite déclenchée par Les Mystères de Paris d’Eugène Sue (Marie-Ève Therenty), contemporaine de la montée en puissance du roman de mœurs et du « roman social » (Marie Baudry, José-Luis Diaz).
4 Les études mentionnées ici souhaitent composer à elles toutes une histoire des « révolutions du roman » au cours du premier XIXe siècle. Révolutions que la critique contemporaine ne manque pas de commenter, elle aussi, de manière souvent experte. Ce qui invite à tenir compte de ses panoramas, avant de laisser place à nos études, dont le texte, l’ordre de parution et les résumés en fin de volume suffisent à se faire une idée précise et à comprendre leur articulation avec le projet d’ensemble.
5 Genre en effervescence, genre en métamorphose [2], genre montant : c’est tout cela ensemble que la critique a en vue lorsqu’elle considère les mutations du roman. Le processus qu’elle observe est bien celui d’une ascension, d’une consécration, d’une prise d’influence. C’est dire que plus que des problèmes de « poétique du roman », prématurés [3], elle se pose des questions de sociologie, concernant la montée en puissance de ce genre outsider, plus nette encore après 1830. Promotion d’autant plus remarquable que, pendant les deux premières décennies du siècle, le genre est loin d’avoir connu une telle aubaine.
CECI N’EST POINT UN ROMAN
6 Malgré Diderot, Laclos et Mme de Staël, qui ont déjà rompu bien des lances en sa faveur, on le soupçonne des pires maux : frivolité, facilité, vulgarité, féminité. « Après la critique vulgaire, rien n’est plus facile qu’un roman médiocre », enseigne encore en 1816 Marie-Jospeh Chénier. Aussi « les hommes du monde, qui ne sont pas en même temps des hommes de lettres, des femmes aimables, qui ont négligé l’étude de l’orthographe pour donner plus de temps à la composition, font et traduisent des romans [4]. » Sentiment partagé par Auger en 1813 : « Je suis d’avis qu’elles fassent leurs romans et leurs chiffons : le temps viendra peut-être bientôt où l’homme qui fera un roman, sera aussi ridicule que ceux qu’on voit aujourd’hui faire des robes et des bonnets [5]. »
7 Résultat d’une telle suspicion : certains romanciers, et non des moindres, ont tendance à dénier le statut romanesque de leurs écrits. « Ceci n’est point un roman », disent ou font entendre les auteurs d’Atala (1801 [6]), des Proscrits (1802 [7]), d’Oberman (1804 [8]), d’Édouard de Berville (1804 [9]). Dans les années vingt, les futurs grands romanciers entrent à contrecœur dans la carrière. George Sand jure à Aurélien de Séze : « Je n’aime guère les romans et j’en connais fort peu [10]. » Et lorsqu’il doit renoncer à ses ambitions dramatiques, le jeune Balzac jette ce cri : « J’ai l’espoir de devenir riche à coups de romans. Quelle chute [11] !... »
8 Longtemps ensuite la critique le répète, même lorsqu’un commencement de reconnaissance se fait jour : le roman reste lesté d’un handicap. Et rares ceux qui le trouvent injuste. Dès 1813 pourtant, un critique s’insurge : « Jusques à quand le roman sera-t-il considéré comme un genre frivole ? L’abus dont il est susceptible a pu égarer l’opinion, et le faire classer parmi les productions inférieures de l’esprit humain. Mais quoi [12] ? » Et d’attribuer la « défaveur » du genre au fait « qu’on n’a pas assez distingué les grandes et belles productions de l’énorme amas d’extravagances et d’inepties qui déshonorent ce titre », mais aussi à son inexistence dans le cadastre des poétiques : « Aucun rhéteur n’a jusqu’à ce jour essayé de faire une poétique du roman. Il nous semble pourtant qu’il ne serait pas indigne de cet honneur. C’est pour l’avoir trop abandonné à son indépendance, pour l’avoir affranchi du joug de toutes les règles, qu’il a trop souvent mérité le mépris dont on l’a couvert [13]. » Argument qui ne vaudra plus bientôt, lorsque, sans prévenir, le roman aura bouleversé de fond en comble l’architecture des genres.
9 Une telle défaveur persiste aux lendemains de 1830, quand déjà pourtant on s’accorde à saluer son ascension. « Le roman occupe aujourd’hui une place importante et élevée dans notre littérature ; quelques esprits rebelles s’obstinent encore pourtant à nier les hautes destinées qu’il a atteintes et celles qui lui sont réservées dans l’avenir [14]. » La même année, Frédéric Soulié confirme la situation paradoxale du genre : « Il se passe en ce moment en France quelque chose d’assez remarquable, littérairement parlant s’entend [...]. La critique est demeurée vis-à-vis du roman dans des termes de dédain, sinon de mépris, tel qu’il est permis de supposer que le roman est une production abandonnée aux vulgaires esprits [...]. D’un autre côté, nous n’avons aucune gloire littéraire récente qui n’ait pour base le roman [15]. »
10 Après 1830, les résistances persistent. Les esprits poétiques pestent, comme Pétrus Borel, contre les « romans qui nous traversent jusqu’à l’os [16] » et ont chassé la « sainte poésie [17] ». Les réactionnaires se méfient du laxisme moral du roman, ou, tels Armand de Pontmartin, n’admettent son triomphe qu’en en marquant les limites : « Comment se fait-il donc qu’en dépit de toutes ces conditions favorables, le roman reste frappé, en France, d’une sorte de discrédit et d’infériorité morale ? [...] Pourquoi tant de succès et si peu d’estime ? Si peu d’autorité avec tant d’influence [18] ? »
11 Ainsi, la promotion du roman ne serait affaire que de succès, de mode, d’effet médiatique, non de légitimation, encore moins de sacre.
12 De fait, si l’on considère l’ensemble des manières contemporaines d’écrire l’histoire du genre, force est de constater qu’elles sont diverses, à la mesure de la soudaine effervescence du genre.
MANIÈRES D’ÉCRIRE LA MONTÉE EN PUISSANCE DU ROMAN
13 On note la « vogue » du roman, tout en insistant sur le côté vulgaire et les aléas d’un tel mode d’élection. Pontmartin lui-même le reconnaît, le roman est « le genre favori de notre siècle [19] ». Sa « popularité » est admise [20], y compris par ses détracteurs [21]. « Il pullule, il foisonne, il grouille », remarque avec une « trivialité énergique » de circonstance l’Annuaire historique universel pour 1832 [22]. Et de dénombrer les espèces de ce genre prolifique : « Romans de mœurs, romans historiques, romans psychologiques, physiologiques, pathologiques ; contes et nouvelles drolatiques, fantastiques, etc. »
14 D’autres métaphores accourent sous la plume des critiques. C’est une « fièvre de romans » que diagnostique Old Nick en 1842 [23]. Restant dans le registre médical mais changeant de symptôme, c’est une « rage de romans » qu’observe le libraire Werdet [24] en 1860. Et on ne manque pas de mettre à contribution le concept à tout faire de « révolution ». Ainsi d’Alphonse Rastoul en 1836 : « À notre époque de fièvres et fermentations, de luttes et de combats, était réservée la révolution qui a complété le genre du roman [...] [25]. »
15 Si ce n’est que tardivement qu’on en viendra à faire du XIXe siècle l’« ère du roman [26] », voire à dire en langage sportif que le roman « tient le record de la production [27] », c’est d’emblée qu’insiste la métaphore militaire de la « conquête », qu’à la réflexion nous avons prise ici pour bannière. « Genre bâtard » selon Auger [28], tout comme selon Baudelaire, ce qui explique son handicap de départ mais aussi sa rage de conquête : « Comme beaucoup d’autres bâtards, c’est un enfant gâté de la fortune à qui tout réussit [29]. » « Timide intrus » puis « heureux parvenu », selon Louise Ozenne [30], « il a conquis [...] une belle place dans la littérature », constate Auguste Barbier en 1838 [31]. Rappelant qu’il est une « dégénération de l’épopée », l’auteur des Ïambes souligne la « puissance du roman », « son influence prodigieuse sur les masses ». Et Fortoul de conclure : « Le roman a conquis, depuis la révolution dernière, une célébrité devant laquelle les réputations nouvelles et présomptueuses se sont effacées. La réalité entière semble désormais être tombée en la possession de ce tout-puissant génie [32]. » Où le roman n’est plus seulement le genre vainqueur, mais bien plus encore : la lunette unique qui impose sa médiation triomphante à la réalité elle-même...
16 Puisque son déficit de légitimité continue de planer, on ne parle pas encore de « sacre du roman », comme le fait ici même très justement Mona Ozouf, dans un bel article introductif qui considère quant à lui l’ensemble du siècle. Royale ou religieuse, la métaphore du « sacre » va mieux au poète qu’au romancier. On évoque la « souveraineté des romanciers » (versant royal), mais elle ne semble pas à tous légitime [33].Quant à leur prurit d’apothéose, les réfractaires au genre s’en moquent. Que Balzac, mort, soit devenu un « fétiche littéraire [34] », cela les fait rire. Ils dénoncent les « palmes de l’apostolat » auxquelles prétendent ces ci-devant « faiseurs » sceptiques, Sue le premier [35]. À défaut de sacre, il est vrai qu’on parle de « mission du roman » : mais seulement dans les parages du romantisme humanitaire, ceux de Souvestre, de Fortoul, et de ceux qui espèrent le voir devenir « avec le journal, le prêtre de la société [36] ». Mais, déjà en 1839, Philarète Chasles évoque le « sceptre » de ce « géant littéraire [37] ».
CONQUÊTES DU ROMAN
17 C’est là une des expressions qui s’imposent. Conquêtes non d’un roi légitime, mais d’un parvenu napoléonien, et qui ont l’allure d’une « usurpation [38] » : « Il règne, souvent avec l’arrogance d’un parvenu. N’a-t-il pas voulu tout envahir [39] ? » Ainsi l’ascension du roman, genre volontiers personnifié, ressemble à ces ascensions d’individualités « problématiques » dont le roman d’apprentissage tisse alors ses intrigues. « C’est un jeune homme de belle espérance, mais qui fait son entrée dans le monde avec quelque gaucherie », remarque Souvestre en 1836 [40]. Pour Babou, c’est un « aventurier de génie » qui « a conquis toutes ses positions par son seul mérite. Sûr de lui-même et courant à l’avenir tête levée, il a enfoncé les portes qu’on ne voulait pas lui ouvrir, et s’est introduit fièrement dans les salons de l’aristocratie littéraire, fermés jusqu’alors à son ambition [41] ». Aussi est-il naturel qu’en retour ses complices en ambition le prennent pour monture à leurs débuts : « Il y a quelques années encore, le jeune homme qui sortait du lycée se hâtait de faire une tragédie [...] Aujourd’hui que la tragédie est morte, [...] c’est par un roman que tout lycéen commence, et nous avons même vu que c’est par un roman que maint savant finit [42]. »
18 Immanquablement, la promotion du roman est ainsi décrite en termes de victoires territoriales sur les autres genres. Grâce à « ses envahissements qui sont des conquêtes le roman moderne couvre chaque jour quelques parties du territoire autrefois acquis à la souveraineté de genres divers [43] ». Sur les autres genres, plus cadastrés, il l’emporte grâce à son « cadre élastique [44] ». Reste à savoir si de la confusion des genres qu’il provoque sortira « une forme absolue, dominante, universelle, dernier terme des littératures parfaites [45] ». « Dans toute l’Europe, en Angleterre, en Allemagne, en France, le roman est le maître ; il a tué l’épopée, absorbé la philosophie, détrôné le pamphlet », confirme Philarète Chasles en 1839 [46]. « Tous les genres se sont à peu près fondus dans ce genre universel », conclut-on dès 1832 [47]. Lorsque le sacre du roman sera bien plus avancé, Zola, en 1875, ne dira pas autre chose [48]. Confirmé par Cyprien Desmarais [49], un critique du Temps en fait plus encore qu’un omnigenre, une littérature à soi tout seul : « Le roman n’est pas un genre de littérature, c’est une littérature tout entière, une littérature à part dans les temps modernes, qui a ses épopées, ses histoires, ses drames, ses comédies, son lyrisme, ses apologues, ses élégies, ses apologues, ses élégies, ses idylles, ses satires, sa philosophie, son merveilleux et son grotesque. Le roman n’a point de règles, point de limites, point de conditions d’art qui lui soient propres. Sa nature multiple et capricieuse affecte toutes les formes, toutes les couleurs, tous les tons, tous les styles [50]. »
19 Beau sujet de dissertation, n’est-ce pas ? Mais maintenant, à nous de jouer.
Notes
-
[1]
Selon les termes de Gustave Vapereau (« Roman. 1. Développement moderne du roman, et multiplicité de ses formes », L’Année littéraire et dramatique, première année [1858], Paris, Hachette, 1859, p. 46-59).
-
[2]
Voir l’incipit d’un article panoramique de Cuvillier-Fleury, qui a l’avantage de considérer l’histoire du roman au cours du premier demi-siècle : « Je voudrais essayer de donner une idée du roman français, tel qu’il existe à l’heure où nous sommes, et de le saisir en quelque sorte dans une de ces métamorphoses éphémères et infinies que le genre a subies chez nous depuis cinquante ans », « Le roman français en 1851 », Journal des Débats, 21 septembre 1851, repris dans Études historiques et littéraires, Paris, Michel Lévy, 1854, t. II, p. 259.
-
[3]
Si l’on se fie au témoignage d’Émile Souvestre, la question semble prématurée : « Si nous écrivions une poétique sur le roman, il nous resterait beaucoup à dire sur sa forme et sur sa composition ; mais la question d’art est encore trop obscure pour être absorbée [sic]. Le roman, tel que nous le comprenons, est si nouveau parmi nous, qu’il n’a jusqu’à présent ni langage propre ni attitude prise », « Du roman », Revue de Paris, octobre 1836, t. XXXIII, p. 126. Selon un autre commentateur, la poétique du roman serait à refaire : « Les genres se sont bien multipliés dans le roman, et Marmontel revenant au monde en pourrait faire une poétique à part qui s’étendrait d’Héliodore à M. Hugo, de La Princesse de Clèves à Ivanhoê », « Revue littéraire. l — Romans et poésies », Revue des Deux Mondes, 1er juin 1839, p. 721.
-
[4]
Marie-Joseph Chénier, Tableau historique de la littérature française depuis 1789, 2e éd., Paris, Maradan, 1817, p. 252.
-
[5]
Louis-Simon Auger, « Léonie de Monfreuse, par Mme S... G... », Journal de l’Empire, 26 avril 1813, repris dans Mélanges philosophiques et littéraires, Paris, Ladvocat, 1828, t. II, p. 359.
-
[6]
« Il n’y a point d’aventures dans Atala. C’est une sorte de poème, moitié descriptif, moitié dramatique », Atala ou les amours de deux sauvages, Paris, Migneret, 1801, p. XII.
-
[7]
« — Et vous avez fait un mauvais roman. — Ce n’est point un roman », Charles Nodier, Les Proscrits, Paris, Lepetit et Gérard, 1802, p. VIII. Le même dispositif avait déjà été utilisé par Rousseau dans la Seconde Préface de La Nouvelle Héloïse : « Ce Roman n’est point un Roman. »
-
[8]
« Ces lettres ne sont pas un roman », « Observations préliminaires » en tête d’Oberman de Senancour, Paris, 1804, p. III.
-
[9]
« Ceci n’est point un Roman » est le titre du Chapitre I de ce roman anonyme (Paris et Versailles, 1804, p. I).
-
[10]
George Sand, lettre à Aurélien de Sèze, 19 octobre 1825, Correspondance, Georges Lubin (éd.), Paris, Garnier, t. I, 1964, p. 202.
-
[11]
Honoré de Balzac, lettre à sa sœur Laure, vers le 15 août 1821, Correspondance, Roger Pierrot (éd.), Paris, Garnier, t. I, 1960, p. 112.
-
[12]
C., « Les Aventures d’Eugène de Senneville et de Guillaume Delorme, écrites par Eugène en 1787, publiées par L. B. Picard, membre de l’Institut », Esprit des journaux, décembre 1813, Bruxelles, t. XII, p. 146.
-
[13]
Ibid., p. 147.
-
[14]
Carole Baxton, « Du rôle que le roman joue dans la société moderne. I. Notre-Dame de Paris, de M. Victor Hugo », Revue française et étrangère, t. I, p. 11.
-
[15]
Frédéric Soulié, « Du roman », La Presse, 9 janvier 1837.
-
[16]
Petrus Borel, « Le Balcon de l’Opéra, par Joseph d’Ortigue », L’Artiste, 19 mai 1833, t. V, p. 200.
-
[17]
« Oh ! qu’ont-ils fait de cette belle et sainte poésie ? dans ce siècle prosaïque où l’on marche le front vers la terre sans regarder le ciel, où le mot positif retentit partout [...] ; de toutes les choses célestes, il ne restait plus que la poésie [...] Alors cette masse d’hommes que l’on appelle le public, qui commande et se fait obéir, se mit à crier tout à coup avec sa voix retentissante : « Je veux des romans [...] Faites-moi des romans », Anaïs Ségalas, « Max, par M. Legouvé », La France littéraire, mars 1833, p. 227. Autre lamentation dans le même journal : « Plus de poésie ! Plus d’histoire ! Plus de théâtre ! On ne fait plus que du roman ! On ne vend plus que du roman ! La girouette est au roman, et moi qui vous parle, pauvre poète [...]. », « Indiana, Valentine, par M. George Sand », La France littéraire, novembre 1832, t. IV, p. 454.
-
[18]
Armand de Pontmartin, « Le roman en 1855 », Revue contemporaine, juin 1855, t. XX, p. 243.
-
[19]
Ibid.
-
[20]
« Quoi qu’il en soit, l’histoire littéraire des sociétés modernes nous prouve que la popularité du roman a toujours été croissant jusqu’à notre temps, où nous le croyons destiné à acquérir une importance et une utilité toutes nouvelles », Émile Souvestre, « Du roman » [Préface de Riche et Pauvre], Revue de Paris, octobre 1836, p. 121.
-
[21]
« En même temps, l’influence du roman devenait plus expansive, plus populaire : la moyenne des lecteurs s’accroissait, et ces lecteurs nouveaux n’étant pas encore capables de s’élever jusqu’aux études sérieuses se rabattaient sur ces livres trop faciles à comprendre », Armand de Pontmartin, « Le roman en 1855 », Revue contemporaine, juin 1855, t. XX, p. 242.
-
[22]
Ulysse Tencé et Charles-Louis Lesur, Annuaire historique universel pour 1832, Paris, Thoisnier-Desplaces, 1834, p. 333.
-
[23]
Old Nick (E.-D. Forgues), « La fièvre du roman », Le National, 26 novembre 1844.
-
[24]
Edmond Werdet, De la librairie française, Paris, Dentu, 1860, p. 119.
-
[25]
« Sathaniel, par M. Frédéric Soulié », La Presse, 13 décembre 1836.
-
[26]
Alexandre Buchner, « Considérations sur le roman moderne », Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, Cherbourg, 1871, p. 317.
-
[27]
« Chez tous les peuples qui possèdent une littérature le roman occupe aujourd’hui le premier rang ; on pourrait dire : tient le record de la production », Revue politique et littéraire : revue bleue, 1896, t. VI, p. 447.
-
[28]
Voire même « espèce de monstre », selon le même (« Littérature. – Romans. Origine des romans », Mélanges philosophiques et littéraires, Paris, Ladvocat, 1828, t. II, p. 355).
-
[29]
Baudelaire, « Théophile Gautier », L’Artiste, 13 mars 1859, Œuvres complètes, Claude Pichois (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. II, 1976, p. 119.
-
[30]
« Il est vrai que le roman fut jadis compté pour bien peu de chose dans cette république des lettres, que de beaux et nobles esprits se formèrent, au dix-septième siècle, sur un modèle tant soit peu aristocratique [...] qu’était-ce auprès d’eux que ce timide intrus, que cet enfant nouveau sans parents avoués, qui, tout en vivant de fiction, ne savait s’exprimer qu’en prose [...] ? », Louise Ozenne, Mélanges critiques et littéraires, Paris, Firmin Didot, 1843, p. 153. Même remarque de la part d’Alexandre Buchner : « À sa naissance, le roman nous fait donc l’effet d’un parvenu, enrichi des dépouilles de ses ancêtres », art. cité, p. 322.
-
[31]
Et il ajoute : « C’est en ce moment le genre d’ouvrage le plus en vogue et le plus populaire », « Revue littéraire. Angelica Kaufmann », Revue des Deux Mondes, 1er mai 1838, p. 409.
-
[32]
Hippolyte Fortoul, « Un spectacle dans un fauteuil, de M. Alfred de Musset », Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1834, 3e série, t. III, p. 605.
-
[33]
« Toute la littérature semble maintenant se résumer dans le roman [...] Les doléances et les malédictions, les sarcasmes et les indignations de la critique n’ont eu pour résultat, après tout, que de constater la souveraineté de ce genre de littérature, regardé naguère comme frivole et léger, et tout à fait secondaire. Cette souveraineté des romanciers n’a point paru à tous une souveraineté légitime », Eugène Maron, « Critique littéraire. Revue des derniers romans-feuilletons », La Revue indépendante, 10 août 1846, 2e série, t. IV, p. 326.
-
[34]
Voir Armand de Pontmartin, « Les Fétiches littéraires : M. de Balzac », Le Correspondant, novembre et décembre 1856, t. XXXIX, p. 310-329, et p. 521-548.
-
[35]
« Sous l’empire de l’enivrement littéraire, les romanciers comme les philosophes ont rêvé les palmes de l’apostolat. Certes, c’est là une prétention singulière de la part de ces esprits qui ont abusé de tout, même du talent, et qui ont fait du commerce des lettres l’industrie la plus vulgaire », Louis Reybaud, « La société et le socialisme. La statistique, la philosophie, le roman », Revue des Deux Mondes, 1er mars 1843, nouv. série, t. I, p. 804.
-
[36]
Adolphe Caillé, de Poitiers, ouvr. cité, p. 77.
-
[37]
Voir notre épigraphe.
-
[38]
« Dans ses envahissemens qui sont des conquêtes, le roman moderne couvre chaque jour quelques parties du territoire autrefois acquis à la souveraineté de genres divers. [...]. L’avenir ratifiera-t-il ces usurpations souvent heureuses ? », Léon Gozlan, « Critique littéraire. Marianna, par M. Jules Sandeau », Revue de Paris, mars 1839, t. III, p. 271.
-
[39]
Saint-René Taillandier, « Ecrivains contemporains de l’Allemagne : Mme la comtesse Hahn-Hahn », Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1845, t. XI, p. 850.
-
[40]
Émile Souvestre, « Du roman », Revue de Paris, octobre 1836, t. XXXIV, p. 126.
-
[41]
Hippolyte Babou, « Critique littéraire. Le roman historique », Revue de Paris, janvier 1844, 4e série, t. XXV, p. 121.
-
[42]
« Album. Sous les tilleuls, par M. Alphonse Karr », Revue de Paris, août 1832, t. XLI, p. 128.
-
[43]
Léon Gozlan, « Critique littéraire ». Marianna, par M. Jules Sandeau, Revue de Paris, mars 1839, t. III, p. 271.
-
[44]
« Quelle étendue, quelle immense variété, quelle souplesse que celle d’un genre où trouvent également leur place, René, Lélia, et les contes de M. Paul de Kock ! Poésie, morale, histoire, philosophie, politique même, tout est entré dans son cadre élastique. Essentiellement niveleur, il a rabaissé jusqu’à lui les plus fières divinités », Carole Baxton, « Du rôle que le roman joue dans la société moderne. I. Notre-Dame de Paris, de M. Victor Hugo », Revue française et étrangère, 1837, t. I, p. 14.
-
[45]
« Critique littéraire ». Marianna, par M. Jules Sandeau, Revue de Paris, mars 1839, t. III, p. 271.
-
[46]
Philarète Chasles, « Feuilleton du Journal des Débats. Gabrielle, par Mme Ancelot », Journal des Débats, 15 février 1839, p. 1.
-
[47]
Léon Peisse, « Mosaïque, par M. Prosper Mérimée », Le Temps, 10 septembre 1833.
-
[48]
« Aujourd’hui le roman s’est emparé de toute la place, il a absorbé tous les genres. Son cadre si souple embrasse l’universalité des connaissances. Il est la poésie et il est la science. Ce n’est plus seulement un amusement, une récréation ; c’est tout ce qu’on veut, un poème, un traité de pathologie, un traité d’anatomie, une arme politique, un essai de morale », « Les Romanciers contemporains », Le Messager de l’Europe, septembre 1878.
-
[49]
« Le roman est la forme générale de la littérature : tous les autres genres, comme la poésie dramatique, comme les poèmes, ne sont que des formes particulières du grand œuvre littéraire romantique. [...] en effet, le roman comprend une sorte d’universalité littéraire. Toute littérature raconte, et fait mouvoir des personnages : toute littérature peint et décrit pour les yeux de l’âme », Cyprien Desmarais, Le Roman : études artistiques et littéraires, Paris, Société reproductive des bons livres, 1837, p. 150.
-
[50]
S., « Madame Sophie Gay, Un mariage sous l’Empire », Le Temps, 4 août 1832.