Le succès rencontré par la tribune « Il faut démocratiser l’entreprise pour dépolluer la planète » (texte diffusé largement à l’initiative de Julie Battilana, Isabelle Ferreras et Dominique Méda) a permis, et ce n’est pas un mince acquis, de repolitiser les questions du travail et de l’entreprise. Revaloriser la capacité des travailleurs à administrer collectivement leur cadre de travail s’avère, par les temps qui courent, porteur d’une appréciable charge subversive. La démocratie s’arrête encore trop souvent aux portes des entreprises, tout comme des médias, des prisons, des maisons de retraite et de l’institution scolaire.
En l’espèce, le bicamérisme économique n’équivaut pas à une reformulation du projet de cogestion à l’allemande. En effet, « le système allemand de co-détermination reste monocaméral. Il fonctionne avec une chambre unique, le Conseil de surveillance, qui réunit des représentants des travailleurs et des actionnaires à parité. Le président du Conseil est choisi par les représentants des actionnaires et possède une voix délibérative. C’est pour cette raison qu’[...] on qualifie l’équilibre de “fausse parité” [...] Les actionnaires disposent toujours de la majorité (à une voix près). Cela n’a rien à voir avec le bicamérisme économique où il faut une majorité dans la Chambre des représentants des investisseurs en travail ainsi que dans la Chambre des représentants des apporteurs en capital pour qu’une décision soit validée. Chaque Chambre dispose donc de facto d’un droit de véto sur toute décisio…