Lors du premier confinement, nous avons éprouvé la multiplicité des moi et la variabilité du ressenti du temps. La pandémie Covid-19 s’est prolongée et parmi les modifications, et les adaptations devenues nécessaires, notre rapport à l’espace et aux libres déplacements a changé.
La pandémie a entraîné d’une part de la distanciation avec une réduction des rapports socio-familiaux et même parfois un isolement brutal et un repli (je vis dans ma chambre d’étudiant qui fait 10 m2où je suis tous mes cours, je n’en peux plus, je fais maintenant des migraines tous les jours) et d’autre part la limitation plus ou moins sévère, selon les périodes, des déplacements. Nous avons connu les sorties limitées dans l’espace : 1 km du domicile, 20 km, moins de 100 km. Nous avons pris conscience des liens entre temps et espace (espace-temps) lorsque l’horaire de nos journées était contraint ; les visites à l’étranger, en Ephad ou pour un court séjour hospitalier nécessitaient un test de dépistage, 72 h à l’avance ; l’isolement à l’arrivée d’un voyage ou comme cas contact étaient la règle. Les couvre-feux ont généralisé le mode de vie boulot-dodo-métro ou auto ou vélo ou in situ pour les télétravailleurs. La création du concept d’achats essentiels a conduit, par périodes, à fermer les lieux susceptibles de brasser les foules, se déplaçant d’un point à un autre. Chacun est donc davantage resté chez soi, s’est senti plus ou moins privé de sorties et puni, a vécu plus ou moins sévèrement l’isolement, la solitude, la distanciation des proches, le fait d’avoir une activité non essentielle…