Ces mots prononcés à plusieurs reprises par le chef de l’État au soir du 16 mars 2020, veille du confinement en France, ont donné, pour qui n’en avait pas encore pris conscience, une dimension anxiogène certaine à l’épidémie du Covid-19 qui s’étendait de manière inquiétante. Cette situation, rarement vécue sereinement pour qui que ce soit, l’est encore bien moins pour les personnes fragilisées telles les patients traités pour un cancer. Ces patients sont pris entre les feux de multiples sources d’inquiétude : entre la peur de contracter le virus en se déplaçant au centre de soins et la peur liée à des protocoles de prise en charge modifiés, entre l’incertitude quant à l’évolution du cancer et l’obligation imposée par le confinement de renforcer plus encore leur isolement. Ces sources de stress – elles-mêmes néfastes au système immunitaire – ont été démultipliées. Cette pandémie peut ainsi être vécue par les patients comme une double peine et à plus d’un titre.
Ces patients, particulièrement fragiles du fait de comorbidités liées à l’âge, de l’immunodépression liée au cancer et aux traitements médicaux, sont plus exposés aux risques d’infection par le SARS-CoV-2, mais surtout ils sont à risque de développer des formes sévères et des complications majeures [1, 2]. En cas de diagnostic confirmé d’une infection à ce nouveau coronavirus, le risque de développer une évolution sévère est majoré d’un facteur 3,5 [3]. D’après une autre étude récente, l’évolution infectieuse serait sévère pour la moitié des gens, notamment en cas de traitement oncologique récent [4]…