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Article de revue

Le De Remediis utriusque Fortunae de Pétrarque dans la traduction de Jean Daudin : entre commentaire et imitation de l’original

Pages 629 à 644

Notes

  • [1]
    Pour la date de cette traduction du De Remediis, voir L. Delisle, Les anciennes traductions du traité de Pétrarque sur les Remèdes de l’une et de l’autre fortune, Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et autres bibliothèques, t. 24, 1891, p. 273–304, notamment p. 277. La liste des manuscrits de la traduction connus à ce jour est citée dans N. Mann, La fortune de Pétrarque en France : recherches sur le De remediis, Studi francesi, t. 13, 1969, p. 1–15, en particulier p. 11, qui apporte plusieurs corrections à celle de L. Delisle : Paris, Bibliothèque nationale de France (= BnF), Bibliothèque de l’Arsenal (= Ars.), mss 2671, 2860 ; Paris, BnF, ms. fr. 593 (ce dernier contient la seconde partie de la traduction ; le prologue du traducteur y est absent), 1117 ; Aix-en Provence, Bibliothèque Méjanes, ms. Réserve 52 ; Dresde, Sächsische Landesbibliothek, ms. Oc 54 (première partie de la traduction) ; Vienne, Österreichischer Nationalbibliothek, ms. Vindobonensis Palatinus 2559. À part les manuscrits, la traduction de Daudin est rééditée deux fois : Messire François Petracque (sic), Des Remedes de l’une et de l’autre fortune prospere et adverse, Paris, Galliot du Pré, 1524 ; Messire François Petrarcque, Des Remedes de l’une et de l’autre fortune, prospere et adverse, Paris, Pierre Cousin, 1534 ; le prologue du traducteur y est absent. Nous avons comparé des extraits de la traduction (le prologue du traducteur, les préfaces de Pétrarque à ses deux parties, ainsi que les chapitres 1–3 et le dernier de chaque partie) des mss Paris, BnF, Ars. 2671, 2680 et Paris, BnF, ms. fr. 1117 et de l’édition de Galliot du Pré. La comparaison montre que le texte de la traduction édité par Galliot du Pré, d’une part, contient des lacunes (de longs passages sont omis, en particulier, dans la préface de Pétrarque à la première partie), d’autre part, est enrichi de gloses qui sont absentes des manuscrits (nous y reviendrons) ; le lexique de la traduction est rénové. Paris, BnF, ms. fr. 1117 contient quelquefois des leçons plus correctes et plus proches de l’original que d’autres manuscrits qui nous sont connus, bien qu’il ne soit pas tout à fait exempt d’erreurs. La table qui illustre notre comparaison est publiée en annexe de l’article. Dans cet article nous citons le texte latin du De Remediis d’après Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, éd. C. Carraud, t. 1, Grenoble, 2002, la traduction de Daudin d’après Paris, BnF, ms. fr. 1117. Le présent article a été réalisé dans le cadre du projet « Église, littérature et langage au Moyen Âge (quelques directions de recherche) », avec le soutien de la Fondation du Développement de l’Université Saint-Tikhon/The research is made within the framework of the project « Church, Literature and Language in the Middle Ages (several main aspects) » supported by PSTGU Development Foundation.
  • [2]
    Dans cet article nous analysons principalement les passages du prologue qui attestent que Daudin connaît l’œuvre de Pétrarque, ainsi que de certains de ses commentateurs. Pour l’analyse complète des sources du prologue (y compris de la liste d’auteurs qu’il contient) voir notre livre Du sens à la forme. La Traduction en France au xive siècle. Vers une typologie, Moscou, 2011, p. 266–289 (en russe), ainsi que notre article Charles V dans le miroir des deux traductions de Jean Daudin, Traduire au xive siècle. Évrart de Conty et la vie intellectuelle à la cour de Charles V, éd. J. Ducos, M. Goyens, Paris, 2015, p. 245–265. Pour cette traduction de Daudin voir, de plus, notre article La traduction en France au xivexve siècles et la doctrine des styles, Centaurus. Studia classica et mediaevalia, t. 7, 2010, p. 198–201.
  • [3]
    Ad Nicolaum Azarolum, magnum Regni Sicilie senescalcum, institutio regia. Plusieurs manières d’écrire le nom du sénéchal sont possibles : Acciaiuoli, Acciaioli, Azorolus.
  • [4]
    Nous suivons le commentaire à la traduction italienne de l’épître de Pétrarque (Francesco Petrarca, Lettere, éd. G. Fracassetti, t. 3, Florence, 1865, p. 117–120).
  • [5]
    Pour le commentaire de Marco Barbato da Sulmona voir N.F. Faraglia, Barbato di Sulmona e gli uomini della corte di Roberto d’Angiò, Id., I miei studi storici delle cose abruzzesi, Lanciano, 1893, p. 101–160, surtout p. 138–157. Le début du commentaire, consacré essentiellement au contexte historique dans lequel l’épître est écrite, est publié en annexe de l’article (p. 154–157). Le texte intégral du commentaire est conservé dans Paris, BnF, ms. lat. 14845, ff. 219r–253v. Sur ce manuscrit, voir É. Pellegrin, Manuscrits de Pétrarque dans les bibliothèques de France, Italia medioevale e umanistica, t. 4, 1961, p. 341–431, en particulier p. 410–412. Deux manuscrits de l’épître non accompagnée du commentaire sont également conservés à Paris, BnF, le troisième, disparu, se terminait par le même distique que le commentaire de Marco Barbato dans Paris, BnF, ms. lat. 14845 (Pellegrin, Manuscrits de Pétrarque, p. 431). Voir la caractéristique générale du contenu de l’épître, par Marco Barbato : poeta […] scribit […] viro magnifico domino Nicolao de Aczarolis de Florentia, magno regni Siciliae seneschalco, tanquam unico regis Siciliae Ludovici consultori et doctori precipuo, super saluberrimo ipsius regis et regni regimine (Faraglia, Barbato di Sulmona, p. 155). Plus loin dans le commentaire il s’agit de plusieurs événements du conflit sicilien, ainsi que de ses participants ; suit le commentaire détaillé du texte de l’épître, s’arrêtant à chaque phrase, voire à des syntagmes et des mots.
  • [6]
    Deux manuscrits de l’épître précisent pourtant l’origine du sénéchal : Spectabili viro domino Nicolao de Acciaiolis militi florentino ; Subsequens epystola aurea est eiusdem domini Francisci Petrarche ore prolata, missa per eum Nicolao de Azagliolis de Florentia senescalco (Francesco Petrarca, Le Familiari, éd. V. Rossi, t. 3, Florence, 1968, p. 5–6 n. 65).
  • [7]
    G. Ouy, Pétrarque et les premiers humanistes français, Petrarca, Verona e l’Europa. Atti del Convegno internazionale di studi, Verona 19–23 settembre 1991, éd. G. Billanovitch, G. Frasso, Padoue, 1997, p. 415–434, en particulier p. 418. La bibliothèque est ravagée en 1418 lorsque Jean sans Peur s’empare de Paris ; le catalogue de la bibliothèque n’est pas conservé. Dans notre livre cité plus haut (Evdokimova, Du sens à la forme, p. 279–289) nous analysons la liste d’auteurs qui fait partie du prologue à la traduction du De Remediis et nous avançons une hypothèse selon laquelle le traducteur puisait ses informations dans les manuscrits annotés du De Remediis et des Familiares proches de ceux qui sont connus actuellement (Paris, BnF, ms. lat. 6501 A [De Remediis], 8569 [Familiares]). Les annotations contenues dans ces manuscrits indiquent souvent les sources des ouvrages de Pétrarque. Pour la publication des annotations et leur analyse voir S. Candrina, Studio ed edizione delle postille al Petrarca di un ignoto annotatore del secolo xv. I manoscritti Parigi, Biblioteca nazionale, lat. 8569, 6501 e 6502, Thèse de doctorat, Université catholique de Louvain, 2003.
  • [8]
    Il s’agit de l’écrit du Pseudo-Sénèque, De remediis fortuitorum (Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 14).
  • [9]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 4v.
  • [10]
    Ibid., fol. 3v.
  • [11]
    Pour le glossaire ajouté à la traduction de Tite-Live, par Pierre Bersuire, voir en particulier F. Duval, Le glossaire de la traduction, instrument privilégié de la transmission du savoir : les Decades de Tite-Live par Pierre Bersuire, La transmission des savoirs au Moyen Âge et à la Renaissance, éd. A. Perifano, t. 1, Besançon, 2005, p. 43–64. Pour la pratique de la traduction dans la seconde moitié du xive–début du xve siècle, voir notamment plusieurs articles publiés dans La traduction vers le moyen français. Actes du colloque de l’AIEMF, éd. C. Galderisi, C. Pignatelli, Turnhout, 2007 : M.N. Tesnière, Un manuscrit exceptionnel des Décades de Tite-Live traduites par Pierre Bersuire, p. 149–164 ; S. Marzano, La traduction du De casibus virorum illustrium de Boccace par Laurent de Premierfait (1400) : entre le latin et le français, p. 283–295 ; A. Valentini, Entre traduction et commentaire érudit : Simon de Hesdin, « translateur » de Valère Maxime, p. 353–365 ; G. di Stefano, La langue des traducteurs : langue ou métalangue ?, p. 369–377. Voir également A. Vitale Brovarone, Notes sur la traduction de Valère Maxime par Simon de Hesdin, Pour acquerir honneur et pris. Mélanges de moyen français offerts à Giuseppe di Stefano, éd. M. Colombo Timelli, C. Galderisi, Montréal, 2004, p. 183–191. Pour le lien entre la traduction et le commentaire au xive siècle consulter, de plus, C. Boucher, La mise en scène de la vulgarisation. Les traductions d’autorités en langue vulgaire aux xiiie et xive siècles, Thèse de doctorat, Paris, École pratique des hautes études, 2005. Pour l’évolution des fonctions du latin et du français au xive siècle, notamment par rapport à la traduction des livres d’autorités, voir aussi S. Lusignan, Le latin était la langue maternelle des Romains : la fortune d’un argument à la fin du Moyen Âge, Préludes à la Renaissance. Aspects de la vie intellectuelle en France au xve siècle, éd. C. Bozzolo, E. Ornato, Paris, 1992, p. 265–282.
  • [12]
    L. Evdokimova, La traduction en vers et la traduction en prose à la fin du xiiie et au début du xive siècles : quelques lectures de la Consolation de Boèce, Le Moyen Âge, t. 109, 2003, p. 237–260.
  • [13]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 1r.
  • [14]
    Ibid., fol. 3r.
  • [15]
    Pour l’analyse des sources qui permet de faire cette conclusion voir Evdokimova, Du sens à la forme, p. 243–246.
  • [16]
    Saint Jérôme, Chronique. Continuation de la Chronique d’Eusèbe, éd. R. Helm, trad. B. Jeanjean, B. Lançon, Rennes, 2004, p. 56–58.
  • [17]
    S. Lusignan, Parler vulgairement : les intellectuels et la langue française aux xiiie et xive siècle, 2e éd., Paris–Montréal, 1987, p. 40–43, 51–53, 141–148 ; C. Buridant, Jean de Meun et Jean de Vignay, traducteurs de l’Epitoma rei militaris de Végèce. Contribution à l’histoire de la traduction au Moyen Âge, Études de langue et de littérature françaises offertes à André Lanly, Nancy, 1980, p. 51–69, en particulier p. 56.
  • [18]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 3r–v.
  • [19]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 560.
  • [20]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 211v.
  • [21]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1146.
  • [22]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 382r.
  • [23]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1141–1142.
  • [24]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380r.
  • [25]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 20.
  • [26]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 17v.
  • [27]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 12.
  • [28]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 13v.
  • [29]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 562.
  • [30]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 213r.
  • [31]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 10.
  • [32]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 12r.
  • [33]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 38.
  • [34]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 203r.
  • [35]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1146.
  • [36]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 281v.
  • [37]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1142.
  • [38]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380v.
  • [39]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 536.
  • [40]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 200v.
  • [41]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1142.
  • [42]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380v.
  • [43]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 534.
  • [44]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 201r.
  • [45]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 12.
  • [46]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 13v.
  • [47]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 13.
  • [48]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 14r.
  • [49]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 10.
  • [50]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 11v.
  • [51]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 8.
  • [52]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 11v.
  • [53]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 30.
  • [54]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 22v.
  • [55]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 536.
  • [56]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 201v.
  • [57]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 30.
  • [58]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 22v.
  • [59]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 13.
  • [60]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 14r.
  • [61]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 13.
  • [62]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 14v.
  • [63]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 24.
  • [64]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 20r.
  • [65]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse.
  • [66]
    Voir n. 1.
  • [67]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [68]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 81r.
  • [69]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 532.
  • [70]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 82r.
  • [71]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 562.
  • [72]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 87r.
  • [73]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [74]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 81r.
  • [75]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1140.
  • [76]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380r.
  • [77]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [78]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 199r.
  • [79]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 554.
  • [80]
    Ibid., p. 28.
  • [81]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380r.
  • [82]
    Ibid.
  • [83]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 532.
  • [84]
    Ibid., p. 28.
  • [85]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 200r.
  • [86]
    Ibid., fol. 21r–v.
  • [87]
    Ibid., fol. 4v.
  • [88]
    Ibid., fol. 381r.
  • [89]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1144.
  • [90]
    Ibid., fol. 380v.
  • [91]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1144.
  • [92]
    Ibid., fol. 380v.
  • [93]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1142. Le Trésor de la langue française date le substantif Scite de 1422, Mede de 1574, epitome de 1374. Les substantifs Massiliens et epithomature ne figurent pas dans les dictionnaires.
  • [94]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [95]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 199r.
  • [96]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 16.
  • [97]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 19v.
  • [98]
    Pour l’histoire du texte de la seconde traduction prosimétrique du De Consolatione voir G.M. Cropp, Introduction, Livre de Boece de Consolation, éd. Id., Genève, 2006, p. 9–74, surtout p. 11–22.

1La version française du De Remediis de Pétrarque – le livre Des Remedes de l’une et l’autre fortune – offert par Jean Daudin à Charles V en 1378 tient une place à part parmi les traductions de la seconde moitié du xive siècle effectuées pour ce monarque [1]. En effet, à la différence de plusieurs des traductions de l’époque, on y distingue l’intention du traducteur d’imiter le style de l’original, alors que les commentaires et les gloses, très nombreux chez d’autres traducteurs, y sont beaucoup moins importants. L’originalité de cette traduction est due, semble-t-il, au fait que Daudin connaît dans une certaine mesure l’ensemble de l’œuvre de Pétrarque, ainsi que quelques commentaires de ses ouvrages.

2En témoigne le prologue de la traduction [2]. Daudin y fait référence, en particulier, à l’épître de Pétrarque à Niccolò Acciaiuoli sur l’instruction des princes (Familiares, xii, 2) [3] :

3

Et pour ce escript jadis l’acteur de ce livre a maistre Nicolas de Fleurence, adoncques grant senechal du roy aisné de Cecile, en une epistre qu’il luy envoya, en laquelle il luy enseignoit par quelle maniere il debvoit introduire Loys, nepveux du roy Robert, eslevé des lors en la haultesse de royaulme.
(fol. 2v)

4Niccolò Acciaiuoli (1301–1366) fut Grand Sénéchal du royaume de Naples [4]. Dans les conflits qui déchirent le royaume, après la mort du roi Robert le Sage (1277–1343), Acciaiuoli soutient Louis de Tarente (1320–1362), neveu du roi décédé ; il dirige dès sa plus tendre enfance l’éducation de ce prince. La guerre de Louis de Tarente et de Louis Ier, roi de Hongrie, pour le royaume de Naples se termine en juin 1351 ; au mois de mai 1352 le pape Clément VI donne son consentement au couronnement de Louis de Tarente. L’épître de Pétrarque est écrite le 20 février 1352, après la fin de la guerre, mais avant le couronnement de Louis de Tarente.

5À en juger par la phrase de Daudin citée plus haut, il est informé – dans une certaine mesure – des circonstances dramatiques dans lesquelles l’épître a été écrite. Il se peut qu’il les ait apprises du commentaire sur l’épître de Pétrarque composé par son ami et correspondant, Marco Barbato da Sulmona (?–1463). Un manuscrit de ce commentaire daté du xve siècle est conservé à la Bibliothèque nationale de France, à Paris ; il est d’origine française, mais dépend manifestement d’un manuscrit italien plus ancien [5]. Daudin mentionne les noms des principaux participants du conflit sicilien en précisant notamment que le jeune prétendant au trône de Sicile s’appelle Louis et qu’Acciaiuoli est Florentin par son origine. Ces détails sont absents de l’épître ; le traducteur a pu les avoir trouvés dans le commentaire de Marco Barbato da Sulmona [6].

6Il n’y a pas de doute que Daudin a lu l’épître. Plus bas, dans le même prologue, il résume un de ses passages et donne ensuite une paraphrase très proche du texte de Pétrarque.

Pétrarque, Ad Nicolaum Azarolum, magnum Regni Sicilie senescalcum, institutio regiaDaudin, Prologue à la traduction
Ostende illi quibus gradibus in hunc fortune verticem sit evectus, quibus artibus consistendum sit, neque tam deinceps enitendum ut ascendat altius quam ut ascensu se se approbet non indignum et hereditarium sceptrum non magis sanguini debitum quam virtuti.Gardes, dist il, que le roy Loys, que tu as a enseigner, ne se cuide acquerre le tiltre de excellent serenité aventureusement ou par fortune, ains le querra.
[…] Ad hec non temere neque fortuito serenissimi titulum sibi impositum arbitretur, sed ut in animum eius, Deo proximum et humanis passionibus altiorem, nulla meroris nebula, nullus flatus letitie gestientis, nulla pavoris glacies, nullus libidinum terrenarum fumus possit ascendere. Iram in principe turpissimam non ignoret.Par ce que en son courage, prouchain a Dieu et surmontant terriennes passions, ne puisse monter ne entrer aucun vent d’orgueil ou de ambicion, aucune froidure de paour ou d’esbahissement, aucune vapeur de leesce desordonnee ou convoitise ou aucune fumee d’envie, d’ire ou de perturbacion (ff. 2v–3r).

7Plus loin Daudin mentionne le Chant bucolique de Pétrarque ; il n’est donc pas impossible qu’outre le De Remediis et l’épître à Niccolò Acciaiuoli (ou les Familiares dont elle fait partie), il ait lu le Bucolicum carmen. G. Ouy signale qu’en 1380 la bibliothèque du Collège de Navarre possédait un manuscrit du Bucolicum carmen ; selon lui, il est probable que d’autres œuvres de Pétrarque y aient été disponibles à la fin du xive siècle [7]. Daudin pouvait vraisemblablement y consulter tous les ouvrages mentionnés de Pétrarque, ainsi que le commentaire de Marco Barbato da Sulmona.

8De plus, il découle du prologue que Daudin est un admirateur de Pétrarque. Dans le prologue à la première partie du De Remediis, Pétrarque s’engage à ne rien ajouter à un écrit de Sénèque et à ne rien en retrancher : Is libellus passim in manibus est vulgi, cui ego nihil addere, nichil detrahere meditor, quod et magno ingenio conflatum opus nostram dedignamur limam[8]. Daudin l’imite en promettant : ne me laisse point adjouster ou diminuer aucune chose a mon povoir ou corps de ce livre[9].

9Cette promesse l’oblige à se refuser à joindre un commentaire à sa traduction – commentaire qui est hautement nécessaire au lecteur : le livre de Pétrarque abonde en mentions d’écrivains anciens et de leurs œuvres, d’événements historiques, de phénomènes naturels, de citations et paraphrases de plusieurs poètes et historiens. Après avoir reconnu que le livre de Pétrarque contient plusieurs […] histoires mentionnées en passant, le traducteur ne promet pas de les expliquer, mais cite une longue liste d’auteurs et de textes qu’il conseille au monarque d’étudier (le Chant Bucolique de Pétrarque y est cité à côté d’autres ouvrages) :

10

Mais a vostre haulte sapience plaise savoir que, comme en ce present livre soient touchees plusieurs et diverses histoires longues et de grant occupacion, en tant qu’elles contendroient plus sans comparaison si elles estoient desclairees plainement que ne fait tout le texte de ce livre, je me sursie de les y mettre et desclairer, et en fais renvoy aux historiographes et aux chroniques [suit la liste des auteurs] [10].

11Daudin se rend compte que son refus de joindre des ajouts à sa traduction est en contradiction avec la nécessité de donner des explications aux lecteurs, et cela d’autant plus qu’à part des histoires diverses, elle contient beaucoup de mots au sens obscur. Comme d’autres traducteurs travaillant sur la commande de Charles V, il joint à sa traduction un glossaire ; les mots qui y sont expliqués sont marqués dans le texte par un point rouge. Ceux qui ne connaissent pas les mots absents du glossaire, ajoute-t-il plus bas, peuvent consulter le glossaire que Pierre Bersuire joint à sa traduction de Tite-Live ; cette référence montre que la traduction de Bersuire est largement connue dans le milieu des lecteurs éclairés auxquels la version française du De Remediis est destinée. Ainsi, Daudin suit l’exemple de ces prédécesseurs ; il s’en distingue pourtant par une réflexion plus approfondie des raisons pour lesquelles le glossaire doit être séparée de la traduction [11]. Le manuscrit d’auteur contenant le glossaire et les mots au sens obscur marqués par un point rouge n’a pas été retrouvé.

12Il découle des passages cités du prologue que pour Daudin les traits formels de l’original font partie intégrante de lui. Son refus de s’immiscer dans l’œuvre d’un illustre auteur est intimement lié à son désir de reproduire sa forme dans la traduction, l’un présuppose l’autre. Nous avons déjà eu l’occasion d’attirer l’attention sur les traducteurs de la première moitié du xive siècle qui font des tentatives analogues : l’un d’eux qui donne pour la première fois la forme de prosimètre à sa version française du De Consolatione affirme l’avoir fait pour mieux imiter Boèce [12].

13Il est clair que pour Daudin imiter la forme de l’original devient une tâche plus importante que pour ses devanciers. Dans son prologue il signale à plusieurs reprises la perfection de l’original et loue surtout le style de Pétrarque : pour lui le De Remediis est un livre […] tres doulz et souef en aornement d’eloquence[13]. Plus bas il explique pour quelles raisons sa traduction est de moindre qualité que l’original, en commençant par la thèse la plus générale selon laquelle l’imitateur n’atteint jamais la perfection qui caractérise l’objet de l’imitation. Il se met en retrait en priant Charles V de retrouver à travers la traduction, qui n’est pas irréprochable, les grands mérites de l’original. Daudin compare le style de Pétrarque à celui des anciens, en assurant que les lecteurs modernes dans la plupart des cas ne peuvent apprécier ni l’un, ni l’autre :

14

Car, ainsi comme nous lisons de Demostenes et de Tulles, tres eloquens, de Homerus et de Virgille, tres solennelz poetes, que, quant on lit aucun d’eulx et on ne les ot parler, une grande partie d’eulx ly est defaillant, en telle maniere puis je dire mesmement en ceste partie comme de maistre Françoys Petrarch, laquel comme il ait esté pareil aux dessus nommez ou greigneur d’eulx en l’un ou en l’autre stille, nientmoins, quant il parole par aultruy langage que par le sien, il s’en fault moult que telle eloquence ne soit pareille a la sienne[14].

15L’une des sources du passage cité est la fameuse préface de saint Jérôme à sa traduction de la Chronique d’Eusèbe de Césarée (la même préface est citée dans le prologue de l’Épître consolatoire, traduction qui, à notre avis, appartient sans aucun doute à Jean Daudin) [15]. Saint Jérôme écrit que les Romains sont incapables de comprendre à quel point la Bible est belle puisqu’ils n’ont pas entendu comment ses paroles sonnent dans l’original et ensuite évoque le nom d’Homère :

16

Denique quid Psalterio canorius ? Quod in morem nostri Flacci, et Graeci Pindari, nunc iambo currit, nunc alcaico personat, nunc Sapphico tumet, nunc senipede ingreditur. Quid Deuteronomii et Isaiae Cantico pulchrius ? Quid Salomone gravius ? Quid perfectius Job ? Quae omnia [h]exametris et pentametris versibus, ut Josephus et Origenes scribunt, apud suos composita decurrunt. Haec cum Graeca legimus, aliud quiddam sonant ; cum Latine, penitus non haerent. Quod si cui non videtur linguae gratiam interpretatione mutari, Homerum ad verbum exponat Latinum, – plus aliquid dicam – eundem in sua lingua prosae verbis interpretetur, videbit ordinem ridiculum et poetam eloquentissimum vix loquentem[16].

17Daudin cite encore une autre raison de son incapacité à écrire d’une manière aussi élégante que Pétrarque en évoquant la question de la ressemblance et de la divergence des langues de l’original et de la traduction. Cette question, comme l’on sait, est discutée par plusieurs traducteurs dès la fin du xiie et du début du xiiie siècle (ainsi, par Jean d’Antioche ou Jean de Meun), puis durant tout le xive siècle, surtout dans son dernier tiers. On sait, de plus, que la thèse de la disparité du français et du latin oriente la réflexion des défenseurs de la traduction ad sensum ; par contre, les partisans de la traduction littérale penchent vers la non-distinction du français et du latin – idée derrière laquelle transparaissent quelquefois les théories médiévales selon lesquelles les trois langues anciennes (le latin, le grec et l’hébreu) remontent plus ou moins directement à la langue sacrée de Dieu et de l’homme [17].

18La position de Daudin est originale dans cette question : il signale la similitude, ainsi que la diversité du français et du latin, croyant que leur divergence ne lui permettra pas d’être au même niveau que l’auteur qu’il traduit :

19

[…] combien que en moult de choses le langage françois ne soit pas grandement differant du latin, nientmoins y a il tres grant foison de motz latins qui a peine pevent estre ditz ou ne pevent estre ditz en françois qu’ilz ne perdent l’eloquence et aornement du latin[18].

20En soulignant que le français est proche du latin, Daudin, comme d’autres défenseurs de cette thèse, penche vers la traduction littérale. En effet, comme nous allons le voir, sa traduction n’est pas libre des calques. Pourtant, leur usage acquiert, semble-t-il, un sens nouveau – celui de la recherche des équivalents esthétiques. Daudin réfléchit sur son incapacité à écrire d’une manière aussi éloquente que Pétrarque, et l’intensité de ses réflexions trahit son désir de rendre dans sa propre langue les particularités de style de son original.

21En accord avec les déclarations du prologue, Daudin se refuse le plus souvent à tout commentaire : chez lui on ne trouve pas d’exposé développé des histoires auxquelles Pétrarque fait allusion, ni d’explication de leur sens allégorique. Il conserve dans sa traduction plusieurs noms propres ou titres d’ouvrages tels quels, sans y joindre un seul mot. Non que la composante explicative soit entièrement absente de sa traduction, comme cela apparaîtra plus loin, elle est pourtant très réduite. À cet égard l’ouvrage de Daudin s’oppose à ceux de ses prédécesseurs et de ses contemporains.

22Le lecteur de la traduction de Daudin avait une tâche difficile devant lui : selon toute évidence, il devait recourir à la liste d’auteurs pour trouver les renseignements sur Spurina, jeune homme qui voulait s’enlaidir (Valère Maxime, 4, 5, 1) ; sur Milon de Crotone ; sur Dicéarque, élève d’Aristote; sur Phocion, orateur athénien, contemporain de Démosthène ; sur le corps de Pompée rejeté par les vagues ou la tête de Marcus Crassus mort ornée d’or. À la suite de Pétrarque, Daudin se remémore tous ces personnages en passant, pour ainsi dire : il cite souvent le nom propre sans plus, et il ne donne à son lecteur aucune information.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
Nam et Milonis senuerunt vires, et Herculis senuissent. Non sic Socratis, non Solonis, non Nestoris, non Catonis[19].Car les forces de Millon sont envieillies, et si eussent esté celles de Hercules, se il eust vesqu. Ainsi n’est il pas des vertus de Socrates, de Solon, ne de Nestor, ne de Cathon[20].
[…] habes quod tibi Phocion vir magnus invideat[21].[…] tu as en toy dont tel vaillant homme Phocion ait envie[22].
Et Magnus Pompeius tantus vir insepultus iacuit, immo nec iacuit, sed iactatus est fluctibus obrutusque. Neque adeo te delirum reor ut opinione tua factus ille felicior sit sepulcro ; sicut nec collega eius Marcus Crassus infelicior, quod qui eum sepeliri iuberet nemo affuit. In reliquis enim pene pares exitu fuere, nisi quod Crassi caput, ut ditissimum avarissimumque omnium decebat, auro gravius fuit servatum[23].Pompee le grant mesmes qui fu si hault homme, geut non enseveli ; ne geut pas, mays fust degecté et rué par les flotz. Ne je ne cuide point que tu soyes si hors du sens que selon ton oppinion il devenist plus eureulx par avoir sepulcre, aussi comme son compaignon. Aussi Marcus Crassus ne feut point pleus maleureulx pour ce, se n’ot aucun qui commandast qu’il feust enseveli. Car quant aulx aultres choses ilz furent auncquez pareilz en leur fin, fors que tant que le chief de Crassus feut plus chargé d’or, selon ce qu’il doit et appartenoit a si tres riche et si tres advers de tous, si comme il estoit[24].

23Pourtant, plus d’une fois en contradiction avec les déclarations du prologue, mais en accord avec la pratique médiévale, Daudin introduit dans sa traduction des mots, des syntagmes, des subordonnées absents de l’original. Par cela même il trahit son dessein primitif de ne rien ajouter de son propre gré au livre illustre de Pétrarque. Certains de ses ajouts sont de véritables gloses intégrées au texte de la traduction en toute conformité avec la pratique médiévale. C’est ainsi qu’il signale quelquefois la source d’où Pétrarque extrait une phrase.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
[…] fidentissime ab adverso Maroneum illud exclamans[25] (Suit la citation de l’Énéide, vi, v. 103–105).[…] en faisant une clamation du dit de Virgille ou vi livre des Eneides ou Eneas parle a Sebille et luy dit ainsi[26].
[…] quem secutus Seneca ad Lucillium scribens […] [27].Lequel Senecque ensuyt en une de ses epistres que il escrip a Lucille et dist […] [28].

24De plus, comme les auteurs des gloses, le traducteur identifie le personnage dont il s’agit chez Pétrarque, en joignant un nom propre au nom commun ou inversement.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
In infirmitatibus gloriare, et virtutem perfice : duo hec unius magistri ore didicisti[29].Gloriffie toy en maladie et parfaitz vertus. Tu as apprins ces deux choses par la bouche d’ung maistre, c’est saint Paul[30].
Cerbero tricipiti hoste luctandum est[31].Ung chien appelé Cerberus qui a trois testes[32].
[…] Veneri[33].[…] a Venus, la deesse[34].
[…] a Crisippo[35].[…] par Grisippus philosophe[36].

25Dans la traduction il existe des ajouts qui ne sont pas des gloses au sens propre du mot. Daudin joint parfois au nom propre un qualifiant qui permet de le lier à une certaine catégorie.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
[…] ad Cannas[37].[…] au lieu appellé Cannes[38].
[…] inter Arimaspos[39].[…] une gent appellee Arimaspes[40].

26En règle générale, il explique des syntagmes succincts et obscurs de l’original. Lorsque ces syntagmes font partie des exemples ou des sentences cités par Pétrarque, les ajouts du traducteur en proposent un bref commentaire entièrement intégré au texte de la traduction.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
Insepultus quoque Cyrus iacuit, Persarum rex, neque id sibi, neque uter Scyticus infamie fuit[41].Cyrous aussi, roy de Perse, geut mort non ensevely, ne ce ne luy tourna point a diffame, ne ce aussi que son chief feut mys en une bouteille au pays de Stichie[42].
Est et sua lis tigribus rapte prolis, et profugi hostis ludificantis instantem atque ingenio retardantis[43].Les tigres aussi ont plait et discord, pource que le veneur quant il a ravy aucuns de leurs faons les deçoit en s’en fuyant et gectant derriere luy ung myroir quant ilz le suyvent[44].

27Ainsi, d’une part, Daudin s’adresse à un lecteur hautement éclairé – à celui qui se souvient du récit par Lucain de la perte de la flotte des Marseillais ou de la mort du Grand Pompée. D’autre part, il n’oublie pas d’ajouter que le mot qu’il cite appartient à saint Paul, il rappelle qui sont Vénus ou Chrysippe. Ces passages hétérogènes de la traduction du De Remediis reflètent, croyons-nous, le visage réel et idéalisé de son destinataire, le roi de France Charles V.

28D’autres ajouts du traducteur ne servent pas à expliquer le contenu de l’original, mais à faciliter la lecture du texte : le traducteur tient compte du fait que Pétrarque écrit dans une langue plus complexe, plus développée et dans un style plus obscur. Daudin suit la pratique de la traduction médiévale : la langue de son livre Des Remedes de l’une et l’autre fortune est plus concrète et moins métaphorique. C’est ainsi qu’il fait découvrir à son lecteur la signification des pronoms latins et des adjectifs indéfinis, en expliquant ce que l’auteur a en vue, au lieu des substantifs abstraits ou polysémiques il utilise des syntagmes ayant un sens plus concret, il joint aux notions génériques des mots qui en précisent le sens.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
Pronoms et adjectifs indéfinis
[…] hanc tamen ipsam difficiliorem arbitrantur[45].
[…] ceste partie qui est adversité est plus forte a endurer et vaincre, que n’est l’autre, c’est assavoir prosperité[46].
Mots abstraits
[…] et magnum difficultatis argumentum, raritas[47].
[…] et aussi une chose qui est argument de grant difficulté, c’est assavoir ce qu’il est si peu qui ainsi le facent[48].
Mots polysémiques
[…] pro consilio interim sit pendere[49].
[…] et aussi en lieu de conseil nous sommes entredeux en suspens et en perplexité le quel nous doyons eslire[50].
Notions génériques
[…] cum implacabili hoste[51].
[…] contre ceste anemie fortune que on ne peut apaiser[52].

29Il concrétise le sens de certains syntagmes, en introduisant dans le texte des comparaisons, des compléments indirects, des subordonnées.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
[…] recta cervix atque agiles humeri curvescunt[53].[…] ta teste eslevee et tes legieres espaules acourbiront comme a ung bossu[54].
[…] clangoribus increpitant[55].[…] comment ilz cryent et brayent comme une trompette[56].
[…] guttur leve crispabitur[57].[…] ta souesve gorge crespira par fronces[58].

30Comme d’autres traducteurs médiévaux, Daudin introduit souvent dans sa traduction des doublets synonymiques. Une grande partie des doublets témoignent du désir de Daudin de conserver dans la traduction une empreinte de la langue de l’original. Ces doublets peuvent comprendre une traduction littérale de l’équivalent latin accompagnée du mot qui l’explique ; le plus souvent le premier membre du couple synonymique remonte à son équivalent latin.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
[…] non verborum laquei nodique sophismatum[59].[…] ne les neuz ou lyens de sophismes et de fallaces[60].
[…] ferre prosperitatem[61].[…] souffrir prosperité ou aise[62].
[…] portiunculis[63].[…] menuz portions et parties[64].

31Il est curieux que dans l’édition de Galliot du Pré (1524) [65] le nombre de gloses, de doublets et d’autres ajouts qui n’ont pas d’équivalents dans l’original soit beaucoup plus considérable que dans Paris, BnF, ms. fr. 1117 dont le texte répond, semble-t-il, dans une grande mesure au dessein du traducteur. Sans aucun doute, le livre paraissait à l’éditeur trop complexe. Grâce aux ajouts nombreux qui y sont introduits, l’édition par Galliot du Pré de la traduction de Daudin s’accorde beaucoup moins au dessein du traducteur de ne pas s’écarter du texte de Pétrarque. On peut supposer parfois qu’en introduisant dans la traduction certains syntagmes ou mots, l’éditeur s’appuyait sur un des manuscrits qui les a déjà intégrés [66].

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et de l’autre fortune prospere et adverse, éd. Galliot du Pré
Heracliti[67].D’ung nommé Haraclytus[68].
Pygmeorum[69].des pygmeyens, gens petis ainsi appellez[70].
Claviger[71].Clavellier, ou portier du ciel[72].
Omnis secundum litem fieri[73].C’est assavoir toutes les choses qui oncques furent, sont toutes faictes selon plaid, debat et discord[74].

32Daudin introduit parfois dans des doublets les calques sémantiques qui n’étaient pas en usage avant lui.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
[Sepulcrum] exterius […] marmoreas spectantibus atque aureas pretendit imagines[75].[Sepulcre] par dehors […] pretent et monstre aux regardans ymages de marbre et d’or[76].
Nihil […] insedit altius […] ad memoriam[77].Riens ne s’en assist ne adjoint plus parfondement ne plus fermement en mon entendement[78].

33Ce type de doublets répond probablement à l’idée du traducteur concernant la ressemblance du français et du latin qu’il exprime dans son prologue. Il découle du prologue, rappelons-le, que plus la ressemblance de ces langues est forte, plus est fondé l’espoir du traducteur de créer une œuvre comparable à l’original. Daudin évalue, pour ainsi dire, les limites de la similitude du latin et du français et – par cela même – définit les perspectives de son propre travail. De rares calques sémantiques se rencontrent dans sa traduction en dehors des doublets ; quelquefois on trouve des calques syntaxiques.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
Nullum forme decus obtigit[79].
Habes […] nec minorem querendi odii, quam amoris aditum[80].
Calques sémantiques
Nulle beaulté ne m’atouche[81].
Tu as […] grant entree d’acquerir hayne, comme d’acquerir amour[82].
Ablatif absolu
Vulpina […] mirantibusque illis atque indignantibus effugisse[83].
Gérondif
Postremo, ut nichil exernum incidat, per sese stando durandoque consumitur[84].
Calques syntaxiques
Participe passé absolu
Regnart […] eulx esbahiz et indignez s’en enfuyt[85].
Participe présent absolu
Finablement sans ce que riens luy adviengne de dehors elle mesmes se degaste et en estant par soy et en endurant[86].

34Mentionnons enfin quelques néologismes de la traduction : le terme savant epithomature (Trogus Pompeius ou […] son epithomature Justin[87]) ; les noms des peuples anciens, des pays, des habitants des villes (Mediens[88] pour Medorum[89]; pais de Stichie [sic] [90] pour Scythicus[91] ; Massiliens[92] pour Massiliensium[93]). Ce sont probablement les mots qui ont été marqués d’un point rouge dans le manuscrit d’auteur et qui faisaient partie du glossaire qui y était joint.

35D’autres traits de la traduction, tout comme la place relativement réduite que les gloses y tiennent, témoignent du désir de Daudin d’imiter le style de Pétrarque et de reproduire en français la structure de l’original. En effet, certains fragments du livre Des Remedes de l’une et l’autre fortune sont semblables par leur rythme et leur sonorité aux fragments équivalents de l’original ; l’imitation du style de Pétrarque y est manifeste.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
Sic est enim, et sic esse propemodum universa testantur ; rapido stelle obviant firmamento ; contraria invicem elementa confligunt ; terre tremunt ; maria fluctuant ; aer quatitur ; crepant flamme; bellum immortale gerunt venti ; tempora temporibus concertant, secum singula, nobiscum omnia : ver humidum, estas arida, mollis autumnus, hiems hispida, et que vicissitudo dicitur, pugna est[94].Et vrayment il est ainsi, et ce tesmoignent a bien peu toutes choses ; les estoiles obvient au firmament ravissable ; les elemens contraires l’ung a l’autre se combattent ensemble ; les terres tremblent ; les mers font flotz ; l’aire se croulle ; les flambes croissent ; les venz demainent guerre immortelle ; les temps estrivent l’un a l’autre, ung chascun a soy, a nous tous : printemps est moite ; esté sec ; automne mol ; yver herupe et froit, et ce qui est appellé changement de temps est guerre[95].

36Dans ce passage l’analogie de style est créée, en particulier, par le soin que met Daudin à choisir les mots français qui remontent étymologiquement aux équivalents latins de l’original ; comme nous l’avons constaté, il utilise ce procédé constamment. De plus, comme dans d’autres passages de la traduction, Daudin imite la syntaxe latine, en omettant dans l’énumération des saisons le verbe copule, à l’exception pourtant du premier syntagme (estas arida, mollis autumnus, hiems hispida donne printemps est moite, esté sec, automne mol, yver herupe et froit). De cette manière il conserve le rythme de la période et de ses parties. Enfin, certains mots de la traduction évoquent par leur sonorité leurs équivalents latins (aer quatitur, crepant flamme donne l’aire se croulle, les flammes croissent) et leur choix, semble-t-il, n’est pas fortuit. En effet, l’imitation de la forme de l’original – de son rythme et de sa sonorité – répond aux idées exprimées dans le prologue : pour apprécier la perfection du langage d’Homère et de Virgile il faut pouvoir les entendre.

37Ajoutons que chez Daudin on rencontre souvent des phrases à plusieurs subordonnées : dans ces cas il imite volontairement la période latine. Le traducteur modifie la syntaxe de ses parties en suivant les lois naturelles de sa propre langue, tout en reconstituant les rapports complexes entre diverses propositions qui composent la période dans l’original.

Pétrarque, De RemediisDaudin, Des Remedes de l’une et l’autre fortune
Hanc ergo varietatem* cogitanti michi, non modo cum de hoc vellem aliquid scribere, tu occurebis dignus eo munere, quo uterque nostrum cummuniter uteretur, ut ait Cicero, sed etiam tu me solus, ut scriberem excitabas, non quidem verbo, ut qui ceptorum nichil conscius sis tantorum, sed rebus ipsis in utranque partem abundante materia[96].
varietatem / adversité : cette divergence entre le texte de Pétrarque et la traduction s’explique, comme on peut le supposer, par la leçon du manuscrit qui était à la disposition de Daudin.
Comme je considerasse doncques ceste adversité*, et en voulsisse aucune chose escripre, tu ne me venoys pas au devant tant seullement digne d’avoir tel don, dont l’ung et l’autre de nous usissions en commun (si comme dit Tulles), ainçois tout seul, ad ce que j’en escripvisse, m’esmouvoies non pas certes par parolles, aussi comme se tu sceusses bien que je voulsisse entreprendre si grant euvre, mais pour ce que je voy les choses qui de fait te sont advenues, et l’habundance de la matiere en l’une et en l’autre partie de fortune[97].

38D’autres traits formels du De Remediis sont reproduits aussi dans la traduction de Daudin, notamment l’alternance des répliques succinctes de Joye, d’Esperance, de Douleur et de Paour, semblables aux refrains, et de longs monologues de Raison. Daudin n’amplifie jamais les répliques des interlocuteurs de Raison, il suit de près le texte de l’original et utilise parfois des mots français qui remontent à leurs équivalents latins ; les monologues de Raison gardent approximativement la même longueur que dans l’original. Ainsi, la traduction française suit le modèle du dialogue du départ.

39La version française du De Remediis s’inscrit dans la même lignée de l’évolution de la traduction française que les deux traductions prosimétriques du De Consolatione de Boèce. Leurs auteurs, comme nous l’avons déjà signalé, imitent la forme de l’original, en conservant son élément structurel essentiel : l’alternance des poèmes et des passages en prose [98]. À la différence de ces versions, Daudin traduit en prose les citations des poètes de l’Antiquité contenues dans le livre de Pétrarque. Et pourtant il fait quelques pas en avant par rapport à ses prédécesseurs. Non seulement il reproduit dans la traduction la structure de l’original, mais il imite parfois avec succès le style de Pétrarque. Sa version du De Remediis se distingue de la première traduction prosimétrique de Boèce par le refus de simplifier le contenu de l’original en en omettant des passages importants ; elle se distingue de la seconde traduction prosimétrique du De Consolatione, celle-ci plus tardive, par le refus d’insérer des commentaires au texte de la traduction. Bien qu’il n’ait pas su réaliser entièrement son programme, Daudin annonce par sa version de l’ouvrage de Pétrarque les tendances qui caractériseront les traductions de l’époque de la Renaissance.


Annexe

40Les chiffres de la première colonne renvoient à Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes.

tableau im1
Pétrarque Paris, BnF, ms. fr. 1117 Paris, BnF, Ars., ms. 2671 Paris, BnF, Ars., ms. 2860 Prologue du traducteur Comme il ait esté pareil aux dessus nommez ou greigneur d’eulx en l’un ou en l’autre stille. Prologue du traducteur Comme il ait esté pareil aux dessus nommez ou greigneur d’eulx en l’un ou en l’autre stile, c’est a dire en Rethorique et en Poeterie. Prologue du traducteur Comme il aist esté pareil aux dessus nommez ou greigneur d’eulx en l’un ou en l’autre stille, c’est a dire en rethorique et en poeterie. i, chap. 1, 26 : O vanitas! Nichil est stabile. O vanité ! Rien n’est estable orendroit. Or en vanité rien n’est estable orendroit. Hors vanité, rien n’est estable orendroit. i, chap. 2, 8 : Habes hostem tuam domi. Tu as ton ennemy a ton hostel. Tu as ton ennemy en ton hostel, ta biaulté. Tu as ton ennemy a ton hostel, ta beaulté. ii, chap. 1, 10 : Forma fugax et fragile naturae donum Beaulté fuitive et fraile don de nature Beaulté finitive et frayle don de nature Beaulté finitive et fraile don de nature ii, chap. 132, 16 : […] ad Egeates insulas […] aux isles d’Egades […] aux isles de Gades […] aux isles de Gades ii, chap. 132, 24 : Nunc me fluctus habet / Versantque in litore venti (d’après Énéide, vi, v. 362). Orendroit me tient le flot de la mer, et me versent et tournent les vens a la rive. Orendroit me tient le flot de la mer, et me versent et tournent les vens a la ruine. Orendroit me tient le flot de la mer, et me versent et tournent les vens a la ruyne.

Notes

  • [1]
    Pour la date de cette traduction du De Remediis, voir L. Delisle, Les anciennes traductions du traité de Pétrarque sur les Remèdes de l’une et de l’autre fortune, Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale et autres bibliothèques, t. 24, 1891, p. 273–304, notamment p. 277. La liste des manuscrits de la traduction connus à ce jour est citée dans N. Mann, La fortune de Pétrarque en France : recherches sur le De remediis, Studi francesi, t. 13, 1969, p. 1–15, en particulier p. 11, qui apporte plusieurs corrections à celle de L. Delisle : Paris, Bibliothèque nationale de France (= BnF), Bibliothèque de l’Arsenal (= Ars.), mss 2671, 2860 ; Paris, BnF, ms. fr. 593 (ce dernier contient la seconde partie de la traduction ; le prologue du traducteur y est absent), 1117 ; Aix-en Provence, Bibliothèque Méjanes, ms. Réserve 52 ; Dresde, Sächsische Landesbibliothek, ms. Oc 54 (première partie de la traduction) ; Vienne, Österreichischer Nationalbibliothek, ms. Vindobonensis Palatinus 2559. À part les manuscrits, la traduction de Daudin est rééditée deux fois : Messire François Petracque (sic), Des Remedes de l’une et de l’autre fortune prospere et adverse, Paris, Galliot du Pré, 1524 ; Messire François Petrarcque, Des Remedes de l’une et de l’autre fortune, prospere et adverse, Paris, Pierre Cousin, 1534 ; le prologue du traducteur y est absent. Nous avons comparé des extraits de la traduction (le prologue du traducteur, les préfaces de Pétrarque à ses deux parties, ainsi que les chapitres 1–3 et le dernier de chaque partie) des mss Paris, BnF, Ars. 2671, 2680 et Paris, BnF, ms. fr. 1117 et de l’édition de Galliot du Pré. La comparaison montre que le texte de la traduction édité par Galliot du Pré, d’une part, contient des lacunes (de longs passages sont omis, en particulier, dans la préface de Pétrarque à la première partie), d’autre part, est enrichi de gloses qui sont absentes des manuscrits (nous y reviendrons) ; le lexique de la traduction est rénové. Paris, BnF, ms. fr. 1117 contient quelquefois des leçons plus correctes et plus proches de l’original que d’autres manuscrits qui nous sont connus, bien qu’il ne soit pas tout à fait exempt d’erreurs. La table qui illustre notre comparaison est publiée en annexe de l’article. Dans cet article nous citons le texte latin du De Remediis d’après Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, éd. C. Carraud, t. 1, Grenoble, 2002, la traduction de Daudin d’après Paris, BnF, ms. fr. 1117. Le présent article a été réalisé dans le cadre du projet « Église, littérature et langage au Moyen Âge (quelques directions de recherche) », avec le soutien de la Fondation du Développement de l’Université Saint-Tikhon/The research is made within the framework of the project « Church, Literature and Language in the Middle Ages (several main aspects) » supported by PSTGU Development Foundation.
  • [2]
    Dans cet article nous analysons principalement les passages du prologue qui attestent que Daudin connaît l’œuvre de Pétrarque, ainsi que de certains de ses commentateurs. Pour l’analyse complète des sources du prologue (y compris de la liste d’auteurs qu’il contient) voir notre livre Du sens à la forme. La Traduction en France au xive siècle. Vers une typologie, Moscou, 2011, p. 266–289 (en russe), ainsi que notre article Charles V dans le miroir des deux traductions de Jean Daudin, Traduire au xive siècle. Évrart de Conty et la vie intellectuelle à la cour de Charles V, éd. J. Ducos, M. Goyens, Paris, 2015, p. 245–265. Pour cette traduction de Daudin voir, de plus, notre article La traduction en France au xivexve siècles et la doctrine des styles, Centaurus. Studia classica et mediaevalia, t. 7, 2010, p. 198–201.
  • [3]
    Ad Nicolaum Azarolum, magnum Regni Sicilie senescalcum, institutio regia. Plusieurs manières d’écrire le nom du sénéchal sont possibles : Acciaiuoli, Acciaioli, Azorolus.
  • [4]
    Nous suivons le commentaire à la traduction italienne de l’épître de Pétrarque (Francesco Petrarca, Lettere, éd. G. Fracassetti, t. 3, Florence, 1865, p. 117–120).
  • [5]
    Pour le commentaire de Marco Barbato da Sulmona voir N.F. Faraglia, Barbato di Sulmona e gli uomini della corte di Roberto d’Angiò, Id., I miei studi storici delle cose abruzzesi, Lanciano, 1893, p. 101–160, surtout p. 138–157. Le début du commentaire, consacré essentiellement au contexte historique dans lequel l’épître est écrite, est publié en annexe de l’article (p. 154–157). Le texte intégral du commentaire est conservé dans Paris, BnF, ms. lat. 14845, ff. 219r–253v. Sur ce manuscrit, voir É. Pellegrin, Manuscrits de Pétrarque dans les bibliothèques de France, Italia medioevale e umanistica, t. 4, 1961, p. 341–431, en particulier p. 410–412. Deux manuscrits de l’épître non accompagnée du commentaire sont également conservés à Paris, BnF, le troisième, disparu, se terminait par le même distique que le commentaire de Marco Barbato dans Paris, BnF, ms. lat. 14845 (Pellegrin, Manuscrits de Pétrarque, p. 431). Voir la caractéristique générale du contenu de l’épître, par Marco Barbato : poeta […] scribit […] viro magnifico domino Nicolao de Aczarolis de Florentia, magno regni Siciliae seneschalco, tanquam unico regis Siciliae Ludovici consultori et doctori precipuo, super saluberrimo ipsius regis et regni regimine (Faraglia, Barbato di Sulmona, p. 155). Plus loin dans le commentaire il s’agit de plusieurs événements du conflit sicilien, ainsi que de ses participants ; suit le commentaire détaillé du texte de l’épître, s’arrêtant à chaque phrase, voire à des syntagmes et des mots.
  • [6]
    Deux manuscrits de l’épître précisent pourtant l’origine du sénéchal : Spectabili viro domino Nicolao de Acciaiolis militi florentino ; Subsequens epystola aurea est eiusdem domini Francisci Petrarche ore prolata, missa per eum Nicolao de Azagliolis de Florentia senescalco (Francesco Petrarca, Le Familiari, éd. V. Rossi, t. 3, Florence, 1968, p. 5–6 n. 65).
  • [7]
    G. Ouy, Pétrarque et les premiers humanistes français, Petrarca, Verona e l’Europa. Atti del Convegno internazionale di studi, Verona 19–23 settembre 1991, éd. G. Billanovitch, G. Frasso, Padoue, 1997, p. 415–434, en particulier p. 418. La bibliothèque est ravagée en 1418 lorsque Jean sans Peur s’empare de Paris ; le catalogue de la bibliothèque n’est pas conservé. Dans notre livre cité plus haut (Evdokimova, Du sens à la forme, p. 279–289) nous analysons la liste d’auteurs qui fait partie du prologue à la traduction du De Remediis et nous avançons une hypothèse selon laquelle le traducteur puisait ses informations dans les manuscrits annotés du De Remediis et des Familiares proches de ceux qui sont connus actuellement (Paris, BnF, ms. lat. 6501 A [De Remediis], 8569 [Familiares]). Les annotations contenues dans ces manuscrits indiquent souvent les sources des ouvrages de Pétrarque. Pour la publication des annotations et leur analyse voir S. Candrina, Studio ed edizione delle postille al Petrarca di un ignoto annotatore del secolo xv. I manoscritti Parigi, Biblioteca nazionale, lat. 8569, 6501 e 6502, Thèse de doctorat, Université catholique de Louvain, 2003.
  • [8]
    Il s’agit de l’écrit du Pseudo-Sénèque, De remediis fortuitorum (Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 14).
  • [9]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 4v.
  • [10]
    Ibid., fol. 3v.
  • [11]
    Pour le glossaire ajouté à la traduction de Tite-Live, par Pierre Bersuire, voir en particulier F. Duval, Le glossaire de la traduction, instrument privilégié de la transmission du savoir : les Decades de Tite-Live par Pierre Bersuire, La transmission des savoirs au Moyen Âge et à la Renaissance, éd. A. Perifano, t. 1, Besançon, 2005, p. 43–64. Pour la pratique de la traduction dans la seconde moitié du xive–début du xve siècle, voir notamment plusieurs articles publiés dans La traduction vers le moyen français. Actes du colloque de l’AIEMF, éd. C. Galderisi, C. Pignatelli, Turnhout, 2007 : M.N. Tesnière, Un manuscrit exceptionnel des Décades de Tite-Live traduites par Pierre Bersuire, p. 149–164 ; S. Marzano, La traduction du De casibus virorum illustrium de Boccace par Laurent de Premierfait (1400) : entre le latin et le français, p. 283–295 ; A. Valentini, Entre traduction et commentaire érudit : Simon de Hesdin, « translateur » de Valère Maxime, p. 353–365 ; G. di Stefano, La langue des traducteurs : langue ou métalangue ?, p. 369–377. Voir également A. Vitale Brovarone, Notes sur la traduction de Valère Maxime par Simon de Hesdin, Pour acquerir honneur et pris. Mélanges de moyen français offerts à Giuseppe di Stefano, éd. M. Colombo Timelli, C. Galderisi, Montréal, 2004, p. 183–191. Pour le lien entre la traduction et le commentaire au xive siècle consulter, de plus, C. Boucher, La mise en scène de la vulgarisation. Les traductions d’autorités en langue vulgaire aux xiiie et xive siècles, Thèse de doctorat, Paris, École pratique des hautes études, 2005. Pour l’évolution des fonctions du latin et du français au xive siècle, notamment par rapport à la traduction des livres d’autorités, voir aussi S. Lusignan, Le latin était la langue maternelle des Romains : la fortune d’un argument à la fin du Moyen Âge, Préludes à la Renaissance. Aspects de la vie intellectuelle en France au xve siècle, éd. C. Bozzolo, E. Ornato, Paris, 1992, p. 265–282.
  • [12]
    L. Evdokimova, La traduction en vers et la traduction en prose à la fin du xiiie et au début du xive siècles : quelques lectures de la Consolation de Boèce, Le Moyen Âge, t. 109, 2003, p. 237–260.
  • [13]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 1r.
  • [14]
    Ibid., fol. 3r.
  • [15]
    Pour l’analyse des sources qui permet de faire cette conclusion voir Evdokimova, Du sens à la forme, p. 243–246.
  • [16]
    Saint Jérôme, Chronique. Continuation de la Chronique d’Eusèbe, éd. R. Helm, trad. B. Jeanjean, B. Lançon, Rennes, 2004, p. 56–58.
  • [17]
    S. Lusignan, Parler vulgairement : les intellectuels et la langue française aux xiiie et xive siècle, 2e éd., Paris–Montréal, 1987, p. 40–43, 51–53, 141–148 ; C. Buridant, Jean de Meun et Jean de Vignay, traducteurs de l’Epitoma rei militaris de Végèce. Contribution à l’histoire de la traduction au Moyen Âge, Études de langue et de littérature françaises offertes à André Lanly, Nancy, 1980, p. 51–69, en particulier p. 56.
  • [18]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 3r–v.
  • [19]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 560.
  • [20]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 211v.
  • [21]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1146.
  • [22]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 382r.
  • [23]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1141–1142.
  • [24]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380r.
  • [25]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 20.
  • [26]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 17v.
  • [27]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 12.
  • [28]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 13v.
  • [29]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 562.
  • [30]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 213r.
  • [31]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 10.
  • [32]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 12r.
  • [33]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 38.
  • [34]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 203r.
  • [35]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1146.
  • [36]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 281v.
  • [37]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1142.
  • [38]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380v.
  • [39]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 536.
  • [40]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 200v.
  • [41]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1142.
  • [42]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380v.
  • [43]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 534.
  • [44]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 201r.
  • [45]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 12.
  • [46]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 13v.
  • [47]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 13.
  • [48]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 14r.
  • [49]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 10.
  • [50]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 11v.
  • [51]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 8.
  • [52]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 11v.
  • [53]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 30.
  • [54]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 22v.
  • [55]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 536.
  • [56]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 201v.
  • [57]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 30.
  • [58]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 22v.
  • [59]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 13.
  • [60]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 14r.
  • [61]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 13.
  • [62]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 14v.
  • [63]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 24.
  • [64]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 20r.
  • [65]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse.
  • [66]
    Voir n. 1.
  • [67]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [68]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 81r.
  • [69]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 532.
  • [70]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 82r.
  • [71]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 562.
  • [72]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 87r.
  • [73]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [74]
    Messire François Petracque (sic), Des Remèdes de l’une et l’autre fortune prospère et adverse, fol. 81r.
  • [75]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1140.
  • [76]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380r.
  • [77]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [78]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 199r.
  • [79]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 554.
  • [80]
    Ibid., p. 28.
  • [81]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 380r.
  • [82]
    Ibid.
  • [83]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 532.
  • [84]
    Ibid., p. 28.
  • [85]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 200r.
  • [86]
    Ibid., fol. 21r–v.
  • [87]
    Ibid., fol. 4v.
  • [88]
    Ibid., fol. 381r.
  • [89]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1144.
  • [90]
    Ibid., fol. 380v.
  • [91]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1144.
  • [92]
    Ibid., fol. 380v.
  • [93]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 1142. Le Trésor de la langue française date le substantif Scite de 1422, Mede de 1574, epitome de 1374. Les substantifs Massiliens et epithomature ne figurent pas dans les dictionnaires.
  • [94]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 530.
  • [95]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 199r.
  • [96]
    Pétrarque, Les remèdes aux deux fortunes, p. 16.
  • [97]
    Paris, BnF, ms. fr. 1117, fol. 19v.
  • [98]
    Pour l’histoire du texte de la seconde traduction prosimétrique du De Consolatione voir G.M. Cropp, Introduction, Livre de Boece de Consolation, éd. Id., Genève, 2006, p. 9–74, surtout p. 11–22.
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