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Article de revue

Vivre à crédit dans une ville sans banque (Paris, XIVe – XVe siècle)

Pages 567 à 596

Notes

  • [1]
    Dossier « Réseaux de crédit en Europe, XVIe – XVIIIe siècles », Annales. Histoire, Sciences sociales, t. 49, 1994, p. 1335 – 1442 ; Des personnes aux institutions. Réseaux et culture du crédit du XVIe au XXe siècle en Europe, éd. L. FONTAINE, G. POSTEL-VINAY, J.L. ROSENTHAL, P. SERVAIS, Louvain-la-Neuve, 1997 ; Endettement paysan et crédit rural dans l’Europe médiévale et moderne. Actes des XVIIes journées internationales d’histoire de l’abbaye de Flaran (septembre 1995), éd. M. BERTHE, Toulouse, 1998 ; C. MULDREW, The Economy of Obligation. The Culture of Credit and Social Relations in Early Modern England, Londres, 1998 ; Crédit et société : les sources, les techniques et les hommes (XIVe – XVIe s.), éd. J.M. CAUCHIES, Publication du Centre européen d’Études bourguignonnes (XIVe – XVIe s.), t. 39, 1999, paru également sous le titre Credito e società : le fonti, le tecniche e gli uomini secc. XIV – XVI, Asti, 2003 ; J. SHATZMILLER, Shylock revu et corrigé. Les juifs, les chrétiens et le prêt d’argent dans la société médiévale, Paris, 2000 ; Credit and Debt in Medieval England c. 1180 – c. 1350, éd. P.R. SCHOFIELD, N.J. MAYHEW, Oxford, 2002 ; L’argent des campagnes. Échanges, monnaie, crédit dans la France rurale d’Ancien Régime, éd. P. MINARD, D. WORONOFF, Paris, 2003 ; M.C. FINN, The Character of Credit. Personal Debt in English Culture, 1740 – 1914, Cambridge, 2004 ; La dette et le juge. Juridiction gracieuse et juridiction contentieuse du XIIIe au XVe siècle (France, Italie, Espagne, Angleterre, Empire), éd. J. CLAUSTRE, Paris, 2006 ; Soziale Praxis des Kredits 16. – 20. Jahrhundert, éd. J. SCHLUMBOHM, Hanovre, 2007 ; L. FONTAINE, L’économie morale. Pauvreté, crédit et confiance dans l’Europe préindustrielle, Paris, 2008 ; Histoire du crédit (XVIIIe – XXe siècle), Annales. Histoire, Sciences sociales, t. 67, 2012, p. 979-1082.
  • [2]
    R. DE ROOVER, Money, Banking and Credit in Medieval Bruges. Italian Merchant-Bankers. Lombards and Money-Changers. A Study in the Origins of Banking, Cambridge, 1948 ; ID., L’évolution de la lettre de change (XIV – XVIIIe siècles), Paris, 1953 ; Local and International Credit in the Middle Ages and the 16th Century. 9th Congress of the International Economic History Association (Berne 1986), éd. H. DUBOIS, Berne, 1986.
  • [3]
    F. Menant propose une typologie en trois types de crédit correspondant à trois modes différents d’information des acteurs (F. MENANT, Pour une histoire de l’information sur le crédit rural au Moyen Âge. Esquisse de problématique et études de cas en Italie du Nord aux XIIe – XIVe siècles, Information et société en Occident à la fin du Moyen Âge. Actes du colloque international tenu à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université d’Ottawa (9 – 11 mai 2002), éd. C. BOUDREAU, K. FIANU, C. GAUVARD, M. HÉBERT, Paris, 2004, p. 135 – 149).
  • [4]
    Ainsi É. Perroy voyait-il un lien entre diffusion de l’endettement et dépression tardomédiévale (É. PERROY, À l’origine d’une économie contractée : les crises du XIVe siècle, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, t. 4, 1949, p. 167 – 182).
  • [5]
    M. MOLLAT, P. WOLFF, Ongles bleus, Jacques et Ciompi. Les révolutions populaires en Europe aux XIVe – XVe s., Paris, 1970, rééd. 1993, p. 32 – 34 ; C. DE LA RONCIÈRE, Prix et salaires à Florence au XIVe siècle (1280 – 1380), Rome, 1982, p. 771 – 790, spéc. p. 772, 779, 783.
  • [6]
    J. DRENDEL, Le crédit dans les archives notariales de Basse-Provence (haute vallée de l’Arc) au début du XIVe siècle, Notaires et crédit dans l’Occident méditerranéen médiéval, éd. F. MENANT, O. REDON, Rome, 2004, p. 279 – 305.
  • [7]
    Voir les cas régionaux présentés dans La dette et le juge ; L. RENAULT, Tabellions et crédit dans les campagnes normandes au XVe siècle. Quelques hypothèses, Tabellions et tabellionages de la France médiévale et moderne, éd. M. ARNOUX, O. GUYOTJEANNIN, Paris, 2011, p. 121 – 143.
  • [8]
    D. BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval. Droit, pouvoir et société en Béarn, Toulouse, 2008, p. 200 – 201.
  • [9]
    C. GUILLERÉ, Notariat et crédit : Gérone et ses campagnes dans les années 1330 – 1340, Notaires et crédit, p. 218.
  • [10]
    ID., Le notariat catalan au XIVe siècle à travers l’exemple géronais : structures, production et clientèles, Le notaire entre métier et espace public en Europe, VIIIe – XVIIIe siècle, éd. L. FAGGION, A. MAILLOUX, L. VERDON, Aix-en-Provence, 2008, p. 77 et n. 46.
  • [11]
    L. KUCHENBUCH, Les baguettes à entailles, une comptabilité sans écriture, Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, éd. N. COQUERY, F. MENANT, F. WEBER, Paris, 2006 ; M. KENISTON MC INTOSH, Working Women in English Society 1300 – 1620, Cambridge, 2005, p. 88 – 89.
  • [12]
    Dans le livre de la filiale parisienne de la compagnie des Gallerani, daté de 1306, sur 244 prêts, on compte une vingtaine de cas de prêts sur parole et sans lettre et de rares cas d’objets engagés (G. BIGWOOD, A. GRUNZWEIG, Les livres des comptes des Gallerani, t. 1, Bruxelles, 1961, p. 123 – 209).
  • [13]
    K. FIANU, Enregistrer la dette : le témoignage des sources de la justice gracieuse à Orléans (XIIIe – XVe siècle), La dette et le juge, p. 146, 150 pour des inventaires après décès de chanoines parisiens du XVe siècle. A contrario, N. COULET, Les créances dans l’inventaire après décès de Salvet de Berre, Notaires et crédit, p. 267 : sur 150 opérations de crédit d’un juif listées en 1424, trois sont passées sous seing privé et trois sans écrit seulement.
  • [14]
    R.H. BRITNELL, B.M.S. CAMPBELL, A Commercialising Economy. England 1086 to c. 1300, Manchester – New York, 1995.
  • [15]
    L.R. POOS, A Rural Society after the Black Death : Essex 1350 – 1525, Cambridge, 1991, p. 35 ; M. KOWALESKI, Local Markets and Regional Trade in Medieval Exeter, Cambridge, 1995, p. 347 – 349 ; R.H. BRITNELL, Growth and Decline in Colchester, 1300 – 1525, Cambridge, 1986, p. 98 – 103.
  • [16]
    P. NIGHTINGALE, Monetary Contraction and mercantile Credit in later medieval England, Economic History Review, 2e sér., t. 43, 1990, p. 560 – 575 ; J. DAY, Contraction monétaire et déclin économique aux XIVe – XVe siècles, dans ID., Monnaies et marchés au Moyen Âge, Paris, 1994, p. 101 ; N. SUSSMAN, The late medieval Bullion Famine Reconsidered, The Journal of Economic History, t. 58, 1998, p. 126 – 154. Sur la géographie et la chronologie de cette contraction monétaire, voir M. BOURIN, S. CAROCCI, F. MENANT, L. TO FIGUERAS, Les campagnes de la Méditerranée occidentale autour de 1300 : tensions destructrices, tensions novatrices, Annales. Histoire, Sciences sociales, t. 66, 2011, p. 686 – 687, 691.
  • [17]
    Sur le cas de Dijon, voir T. DUTOUR, Crédit et rapports sociaux dans une société urbaine à la fin du Moyen Âge. L’exemple de Dijon au XIVe siècle, Credito e societa’, p. 79.
  • [18]
    F. MENANT, L’Italie des communes (1100 – 1350), Paris, 2005, p. 299 – 304.
  • [19]
    M. BERTHE, Marché de la terre et hiérarchie paysanne dans le Lauragais toulousain vers 1270 – vers 1320, Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, p. 300.
  • [20]
    La Péninsule ibérique aurait ainsi largement échappé à la difficile « conjoncture de 1300 » (BOURIN, CAROCCI, MENANT, TO FIGUERAS, Les campagnes de la Méditerranée occidentale, p. 691).
  • [21]
    A. GIRARDOT, Le droit et la terre. Le Verdunois à la fin du Moyen Âge, Nancy, 1992, p. 288, relève des autodéditions de paysans endettés envers des églises dans la période 1280 – 1305.
  • [22]
    R. DE ROOVER, Le marché monétaire à Paris du règne de Philippe le Bel au début du XVe siècle, Comptes rendus des Séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. 112, 1968, p. 548 – 558.
  • [23]
    J. FAVIER, La société parisienne et l’activité bancaire au XVe siècle, Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île de France, t. 97, 1970, p. 28 – 30 ; ID., Une ville entre deux vocations : la place d’affaires de Paris au XVe siècle, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, t. 28, 1973, p. 1245 – 1279 qui se conclut par cette phrase : « La capitale avait asphyxié sa banque. » Dans le même sens, H. DUBOIS, Crédit et banque en France aux deux derniers siècles du Moyen Âge, Banchi publici, banchi privati e monti di pietà nell’Europa preindustriale. Administrazione, tecniche operative e ruoli economici. Atti del convegno Genova, 1 – 6 octobre 1990, Gênes, 1991, p. 777.
  • [24]
    M. ARNOUX, J. BOTTIN, Paris comme centre d’une région drapière, XIIe – XVIe siècles, Mémoires de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, t. 51, 2000, p. 49 – 52.
  • [25]
    J.Y. GRENIER, L’économie d’Ancien Régime. Un monde de l’échange et de l’incertitude, Paris, 1996, p. 91 en particulier.
  • [26]
    FAVIER, Une ville entre deux vocations, p. 1275 : « […] les procédures administratives suppléaient pour l’essentiel la fonction bancaire en matière de transfert […] la banque n’avait jamais été distincte de la marchandise ».
  • [27]
    E.S. HUNT, The Medieval Super-Companies. A Study of the Peruzzi Company of Florence, Cambridge, 1994, p. 3 – 4, 39, 65.
  • [28]
    FAVIER, Une ville entre deux vocations.
  • [29]
    M. REY, Le domaine du roi et les finances extraordinaires sous Charles VI, 1388 – 1413, Paris, 1965, p. 49 et n. 3, 64 – 65, 92 – 93.
  • [30]
    A. VIDIER, L. LE GRAND, P. DUPIEUX, Comptes du domaine de la Ville de Paris, t. 1, 1424 – 1457, Paris, 1948, p. XXX, col. 590 – 591, pour un exemple tiré du compte de 1447 – 1449 ; J. MONICAT, Comptes du domaine de la Ville de Paris, t. 2, 1457 – 1489, Paris, 1958, col. 470 – 471, pour quelques exemples tirés du compte de 1488 – 1489. Mais ces comptes n’évoquent que les finances ordinaires de la ville, à l’exclusion des finances extraordinaires. Le développement des rentes sur l’Hôtel de ville de Paris dans la gestion de la dette publique après 1522 est étudié par K. BÉGUIN, Estimer la valeur de marché des rentes d’État sous l’Ancien Régime. Une contribution aux méthodes de l’histoire sociale, Histoire et mesure, t. 26/2, 2011, p. 3 – 30. Sur le développement des rentes municipales viagères à partir du XIIIe siècle, voir J.D. TRACY, On the Dual Origins of the Long-Term Urban Debt in Medieval Europe, Urban Public Debts. Urban Government and the Market for Annuities in Western Europe (14th – 18th centuries), éd. M. BOONE, K. DAVIDS, P. JANSSENS, Turnhout, 2003, p. 13 – 23.
  • [31]
    Ce qu’a parfaitement établi FAVIER, Une ville entre deux vocations, p. 1272.
  • [32]
    REY, Le domaine du roi, p. 61, 241.
  • [33]
    FAVIER, Une ville entre deux vocations, p. 1246 – 1247, 1271.
  • [34]
    Voir notamment O. LANGHOLM, Economics in the Medieval Schools. Wealth, Exchange, Value, Money and Usury according to the Paris Theological Tradition, 1200 – 1350, Leyde – New York – Cologne, 1992 ; J. KAYE, Economy and Nature in the Fourteenth Century. Money, Market Exchange, and the Emergence of Scientific Thought, Cambridge, 1998, p. 6 – 7 ; J. LE GOFF, Le Moyen Âge et l’argent, Paris, 2010, p. 116 – 117, et surtout E. MARMURSZTEJN, L’autorité des maîtres. Scolastique, normes et société au XIIIe siècle, Paris, 2007, p. 191 – 215.
  • [35]
    B. SCHNAPPER, Les rentes au XVIe siècle. Histoire d’un instrument de crédit, Paris, 1956, qui fait des incursions dans le XVe siècle ; S. ROUX, Le quartier de l’Université à Paris du XIIIe au XVe siècle. Étude urbaine, Thèse dactylographiée, Université Paris X – Nanterre, 1989.
  • [36]
    C. BÉCHU, Une typologie des actes notariés du XVe siècle : l’exemple du minutier central des notaires de Paris, Problèmes et méthodes d’analyse historique de l’activité notariale (XVe – XIXe siècles). Colloque de Toulouse (15 – 16 septembre 1990), éd. J.L. LAFFONT, Toulouse, 1991, p. 76 – 78.
  • [37]
    PARIS, Bibliothèque nationale de France (= BnF), mss fr. 10816 (années 1390), 18419 (début du XVe siècle) ; JACQUES D’ABLEIGES, Grand coutumier de France, éd. E. LABOULAYE, R. DARESTE, Paris, 1868, qui reprend l’édition gothique du coutumier parisien. Pour le détail de la démonstration, nous nous permettons de renvoyer à J. CLAUSTRE, Dans les geôles du roi. L’emprisonnement pour dette à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, 2007, spéc. p. 84 – 89.
  • [38]
    Voir Monti di Pietà e presenza ebraica in Italia (secoli XV – XVIII), éd. D. MONTANARI, Rome, 1999.
  • [39]
    FONTAINE, L’économie morale, p. 175 – 179.
  • [40]
    J. KRYNEN, Idéal du prince et pouvoir royal en France à la fin du Moyen Âge (1380 – 1440). Étude de la littérature politique du temps, Paris, 1981, p. 193 – 194 ; V. BRANTS, Philippe de Maizières et son projet de banque populaire (1389), Revue catholique de Louvain, t. 49, 1880, p. 591 – 602 ; ID., Coup d’œil sur les débuts de la science économique dans les écoles françaises aux XIIIe et XIVe siècles, Louvain – Paris, 1881, p. 74 ; C. JOURDAIN, Mémoire sur les commencements de l’économie politique dans les écoles du Moyen Âge, Paris, 1874, p. 1 – 51, spéc. p. 38 – 39.
  • [41]
    GUILLAUME DURAND DE SAINT-POURÇAIN, In Petri Lombardi Sententias Theologicas Commentariorum libri IIII, Venise, 1571, lib. III, distinct. XXXVII, quaest. II (utrum tradere mutuum sub usure sit licitum. Tho. 2.2.9.78. art. I), p. 281, § 6.
  • [42]
    PHILIPPE DE MÉZIÈRES, Le Songe du vieil pelerin, éd. G.W. COOPLAND, t. 2, Cambridge, 1969, p. 284 – 292, § 246.
  • [43]
    Le Ménagier de Paris, Paris, 1846, rééd. R. LEHOUCQ, t. 1, Lille, 1992, p. 58.
  • [44]
    CHRISTINE DE PIZAN, Le livre des trois vertus, éd. C.C. WILLARD, E. HICKS, Paris, 1989, p. 205 – 207.
  • [45]
    Ibid., p. 206 : Et lui [à son mari] conseille que le moins qu’il puet face de creance, se il ne scet bien ou et a qui ; car par ce plusieurs viennent a povreté, quoy que aucunes foiz la convoitise de plus gaignier, ou de la grant offre que on leur fait, leur face faire.
  • [46]
    Inventaire et testament analysés et commentés dans A. TERROINE, L. FOSSIER, Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire, t. 3, 1330 – début du XVe siècle, Paris, 1976, p. 87 – 93, no84 ; Paris, Archives nationales de France (= ANF), S 6458, no 8, 6 – 28 décembre 1339 (inventaire après décès) : […] item quedam zona de serico ardenti cum ferratura argentea cum clavibus placis deauratis esmailliatis que dicebatur esse in pignore penes dictum defunctum, item quedam zona de visetis cum perlis et aliis lapidibus que etiam erat in pignore, item quedam corona argentea deaurata esmailiata cum perlis et due alie parve corone argentee deaurate existentes in quodam parvo coffrello ligneo et dicitur quod erant in pignore pro decem libris par. prout scriptum erat desuper dictum scrineum, item quedam alia coronoa gracilis esmailliata cum perlis et aliis lapidibus et uno gratili capello in parva cassia lignea qui dicuntur esse in pignore pro viginti libri par. ut etiam de super scriptum erat […].
  • [47]
    Au sens où l’entend G. Levi quand il évoque la segmentation des sociétés médiévales et modernes. Voir G. LEVI, Comportements, ressources, procès : avant la « révolution » de la consommation, Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, éd. J. REVEL, Paris, 1996, p. 195 : « Dans une société segmentée en corps, les conflits et les solidarités intervenaient souvent entre égaux ; ceux-ci étaient en compétition à l’intérieur d’un segment donné qui se caractérisait par l’existence de formes de consommation organisées, hiérarchisées et lourdement investies de valeurs symboliques […]. »
  • [48]
    Dans le même sens, également à partir d’inventaires après décès, mais à Crémone au XIIIe siècle (MENANT, Pour une histoire de l’information).
  • [49]
    Dans le même sens, en Angleterre au XVe siècle : KENISTON MC INTOSH, Working Women, p. 87 – 88.
  • [50]
    Registre criminel du Châtelet de Paris du 6 septembre 1389 au 18 mai 1392, éd. H. DUPLÈS-AGIER, t. 1, Paris, 1861 – 1864, p. 254 – 268.
  • [51]
    Ibid. : [Marguerite] dit que plusieurs fois elle a veu & cogneu ledit Colin & sa femme, lesquelz sont ses comperes, & de sondit mary, d’un enfant eu par la famme dudit Colin, avec lesquelz sondit mary & elle ont plusieurs fois beu & mengé ensamble.
  • [52]
    Pour le détail de l’affaire, nous nous permettons de renvoyer à J. CLAUSTRE, La dette, la haine et la force : les débuts de la prison pour dette à la fin du Moyen Âge, Revue historique, t. 644, 2007, p. 797 – 820.
  • [53]
    Pour des exemples pris dans le registre d’écrous de 1488 – 1489, voir ID., Dans les geôles du roi, p. 202 – 211.
  • [54]
    Certaines confréries organisaient le crédit en leur propre sein. Voir le cas de la confrérie Sainte-Marie-de-la-Sainte-Trinité de Hull : D.J.F. CROUCH, Piety Fraternity and Power. Religious Gilds in Late Medieval Yorkshire 1389 – 1547, York, 2000, chap. 6.
  • [55]
    Sur le cas douaisien, voir M.C. HOWELL, The Marriage Exchange. Property, Social Place, and Gender in Cities of the Low Countries, 1300 – 1550, Chicago, 1998, p. 150 – 152.
  • [56]
    Par exemple, à Bâle et Zürich : H.J. GILOMEN, Der Kleinkredit in spätmittelalterlichen Städten. Basel und Zürich im Vergleich, Städtische Wirtschaft im Mittelalter. Festschrift für Franz Irsigler zum 70. Geburtstag, éd. R. HOLBACH, M. PAULY, Cologne – Weimar – Vienne, 2011, spéc. p. 109 – 110.
  • [57]
    C. COUDERC, Les comptes d’un grand couturier parisien du XVe siècle, Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. 38, 1911, p. 118 – 192.
  • [58]
    CLAUSTRE, Dans les geôles du roi, p. 212, 224 – 227.
  • [59]
    Ce constat rejoint celui que faisait G. Fourquin qui doutait que les constitutions de rente aient été le vecteur principal du financement de la reconstruction entre le milieu du XVe siècle et les années 1520 – 1530. Voir G. FOURQUIN, Les campagnes de la région parisienne à la fin du Moyen Âge, Paris, 1964, p. 498.
  • [60]
    COUDERC, Les comptes d’un grand couturier parisien, p. 126.
  • [61]
    Partiellement identifiée dans Ibid., p. 127 – 132.
  • [62]
    Ibid., p. 137, 140 – 141, 145, nos 30 (vers 1428), 31, 43, 46, 47, 69, 81, 160.
  • [63]
    Rythme déduit d’entrées datées (Ibid., p. 140, nos 43, 46).
  • [64]
    Pas plus qu’à d’autres de ses clients, comme maître Gallas (Ibid., p. 141, 144 – 146, 177 – 178, nos 48, 65, 66, 70, 159).
  • [65]
    Ibid., p. 181, no 170.
  • [66]
    Ibid., p. 176, no 155.
  • [67]
    Ibid., p. 172 – 173, no 148.
  • [68]
    Ibid., p. 122.
  • [69]
    Ibid., p. 144, no 64.
  • [70]
    Ibid., p. 127 – 128.
  • [71]
    Voir par exemple BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval, p. 297 – 298, sur le Béarn.
  • [72]
    On prendra pour exemple dans les notes qui suivent le collège de Dormans-Beauvais qui offre une belle série de comptes : PARIS, ANF, S 6365 – 2, ff. 58v – 59v (compte de 1463 – 1464, énumération des arrérages dus au collège avec leurs causes et les poursuites engagées contre les endettés).
  • [73]
    PARIS, ANF, H3 2785*6, fol. 81r (compte de 1410 – 1411) : le collège a fait « sceller l’huis de la maison Robert Salmon rue des Escoufles pour 130 l. par. dus au collège » et fera vendre certains des gages du mauvais payeur.
  • [74]
    PARIS, ANF, H3 2785*4, ff. 80v – 81r, 94v, 103v (compte de 1395 – 1396) : le collège passe un accord au sujet d’une rente due par Nichole Larcour, curé de Saint-Sauveur, sur une maison rue de la Vannerie.
  • [75]
    PARIS, ANF, H3 2785*6, fol. 82r (Jehan Le Rouge fermier du Plessis L’Évêque est en dette à l’égard du collège) ; H3 2785*4, fol. 134v (compte de 1396 – 1397) : le nouveau fermier du collège à Brie-Comte-Robert exige un prêt de 23 l. 5 s. par. : Item baillé pour prest a Perrot Le Fevre nouveau fermier des terres de Brayeconterobert au commencement de sa ferme car autrement ne les eust il point prises a ferme […].
  • [76]
    Sur l’interprétation des arrérages seigneuriaux comme une expression essentielle de la domination seigneuriale, voir J. DEMADE, La fonction de l’endettement et de la justice dans le rapport seigneurial, ou la grâce comme contrainte (Franconie, XVe siècle), La dette et le juge, p. 69 – 119.
  • [77]
    CHRISTINE DE PIZAN, Le livre des trois vertus, p. 206 : Avec ce, doit amonnester son mary que ilz vivent si sobrement que la despence ne passe la gaingne, si que au bout de l’an ne se treuvent endebtéz.
  • [78]
    D. COURTEMANCHE, Œuvrer pour la postérité : les testaments parisiens des gens du roi au début du XVe siècle, Paris – Montréal, 1997. L’expression classique est : […] il voult et ordonna expressement et avant toutes autres choses toutes ses debtes estre paiees.
  • [79]
    Ainsi en Béarn, BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval, p. 144 – 146.
  • [80]
    FIANU, Enregistrer la dette.
  • [81]
    Une perspective rationalisante sous-tend certaines études sur la scripturalité médiévale, à commencer par J. GOODY, La raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, Paris, 1978 ; ID., Pouvoirs et savoirs de l’écrit, Paris, 2007. La notion de rationalités pratiques spécifiques comme la liste, le compte, l’inventaire, qui entraînent la possibilité de classer et de mettre en catégories, est en revanche soutenue dans Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, éd. N. COQUERY, F. MENANT, F. WEBER, Paris, 2006.
  • [82]
    Ce constat doit peut-être être rapproché de la différence de culture commerciale, bien connue, entre l’espace français et les espaces méditerranéen et flamand. Voir par exemple P. STABEL, Entre commerce international et économie locale. Le monde financier de Wouter Ameide (Bruges fin XVe – début XVIe siècle), Finances publiques et finances privées au bas Moyen Âge, éd. M. BOONE, W. PREVENIER, Louvain, 1996, p. 75 – 99.
  • [83]
    Selon les mots de P.T. HOFFMAN, G. POSTEL-VINAY, J.L. ROSENTHAL, Des marchés sans prix. Une économie politique du crédit à Paris, 1660 – 1870, Paris, 2001.
  • [84]
    C. PITON, Les Lombards en France et à Paris, Paris, 1892 ; J.R. STRAYER, Italian Bankers and Philip the Fair, dans ID., Medieval Statecraft and the Perspectives of History, Princeton, 1971, p. 239 – 247. Pour un exemple de prêteur « lombard » en Île-de-France, voir C.M. DE LA RONCIÈRE, Un changeur florentin du Trecento : Lippo di Fede del Sega, 1285 env. – 1363 env., Paris, 1973, p. 179 – 194.
  • [85]
    BIGWOOD, GRUNZWEIG, Les livres des comptes ; R. CELLA, La documentazione Gallerani-Fini nell’archivio di stati di Gent (1304 – 1309), Florence, 2009, p. 338 – 355, édite deux rouleaux de prêts des Gallerani de Paris conservés aux Archives de Gand et qui n’avaient jamais été ni inventoriés ni commentés.
  • [86]
    Gandoufle d’Arcelles s’était installé à Paris en 1288. Parmi ses débiteurs se trouvent le comte d’Artois, le comte de Flandre, le comte de Ponthieu et son fils, le comte de Dreux et le vicomte de Melun, de simples chevaliers et écuyers, des communautés urbaines comme Rouen et Pontoise, des artisans de Paris, deux compagnies placentines : A. TERROINE, Gandoufle d’Arcelles et les compagnies placentines à Paris (fin du XIIIe s.), Annales d’Histoire sociale, t. 8, 1945, p. 53 – 74 ; P. RACINE, Homme d’affaires ou « Lombard » : le cas de Gandoufle d’Arcelles, Credito e societa’, p. 25 – 35. Sur la présence des marchands italiens à Paris à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, voir M. ARNOUX, C. BOURLET, J. HAYEZ, Lettres parisiennes du Carteggio Datini. Première approche du dossier, Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, t. 117, 2005, p. 193 – 222.
  • [87]
    B. BOVE, Dominer la ville. Prévôts des marchands et échevins parisiens de 1260 à 1350, Paris, 2004, p. 96, 101.
  • [88]
    GEFFROY DE PARIS (?), Chronique métrique, éd. A. DIVERRÈS, Strasbourg, 1956, p. 150 s. : Je di, seingnors, comment qu’il aille, / Que l’entencion en fu bonne / Mes pire en est mainte personne / Qui devenu est usurier / Et en sera ça en arrier / Trop plus assez qu’estre ne seut / Dont toute povre gent se deut / Car Juïff furent deboneres / Trop plus en fesant telz afferes, / Que ne sont ore crestien. / Pleige demandent et lien ; / gages demandent, et tant escorchent / Que les gens plument et escorchent. Voir C. BALASSE, 1306. L’expulsion des juifs du royaume de France, Bruxelles, 2008.
  • [89]
    PARIS, Archives de la Préfecture de Police, Livre Blanc, fol. 43r.
  • [90]
    Ce Lombard, victime du larrecin, est un prêteur évoqué en termes positifs dans le papier d’Aleaume Cachemarée : […] c’estoit un lombart et homme d’armes, et qui faisoit assez de biens à ceulx de la ville et du pays, et qu’il leur prestoit de l’argent quant ilz en avoient mestier (Registre criminel du Châtelet, t. 1, p. 17).
  • [91]
    Ibid., t. 1, p. 18.
  • [92]
    Ibid., t. 1, p. 33.
  • [93]
    On ne saurait toutefois conclure à une « substitution » au crédit juif après 1394, les attestations antérieures de prêt sur gage effectué par des chrétiens sont trop nombreuses (voir le cas déjà cité de Gérard de Montaigu). Sur cette idée de substitution à Zurich après l’expulsion de 1423, voir H.J. GILOMEN, Die Substitution jüdischer Kredite im Spätmittelalter. Das Beispiel Zürich, Christliches und jüdisches Europa im Mittelalter, éd. L. CLEMENS, S. HIRBODIAN, Trèves, 2011, p. 207 – 233.
  • [94]
    FONTAINE, L’économie morale, p. 105, 132 – 133.
  • [95]
    A. COLLING, Banques et banquiers de Babylone à Wall Street, Paris, 1962, p. 42.
  • [96]
    L. BAUDIN, Le crédit, Paris, 1934.
  • [97]
    En voici quelques-uns : PARIS, ANF, Y 5230, fol. 8v, 12 juin 1430 (Simon Vivien, sergent du roi en Beauvaisis, a emprunté 6 l. t. à Regnault Nepveu mercier, pour payer des dépenses d’hôtel et a donné en seureté […] le bas d’unes cuirasses et un hauberjon de fer) ; Y 5230, fol. 5r, 3 juin 1430 (une femme prénommée Marguerite a emprunté 11 fr. 5 s. p. en 8 saluts d’or à Jehan Chapelle sur un vêtement de drap […] de la façon d’Almaigne […] avecques ses manches […] de drap nuefves froncees sur le poingnet) ; Y 5230, fol. 10v, 17 juin 1430 (Marguerite de Chaumont).
  • [98]
    Voir J. CLAUSTRE, Objets gagés, objets saisis, objets vendus par la justice à Paris (XIVe – XVe s.), Objets sous contraintes. Circulation des richesses et valeur des choses au Moyen Âge, éd. L. FELLER, A. RODRIGUEZ, Paris, 2013, p. 385 – 402.
  • [99]
    K. REYERSON, The Art of the Deal. Intermediaries of Trade in Medieval Montpellier, Leyde – Boston – Cologne, 2002, chap. 5, en particulier, p. 143 – 144, 147 – 153 sur les notaires « prime candidates for informal dissemination of business information […] collecting the commenetary of merchants, transporters, travelers, messengers of various sorts […] », au sujet du notaire Guillelmus Nogareti, représentant des frères Cabanis. Reyerson souligne aussi le rôle des hôteliers, aubergistes, taverniers.
  • [100]
    C’est la thèse défendue pour le XVIIIe siècle par HOFFMAN, POSTEL-VINAY, ROSENTHAL, Des marchés sans prix.
  • [101]
    Les registres civils du Châtelet médiéval comportent quelques mentions de ces cris publics, par exemple PARIS, ANF, Y 5232, fol. 323v, lundi 30 décembre 1454 : Soit crié et publié de par le roy nostre sire et de par monsseigneur le prevost de Paris par les carrefours et autres lieux acoustumez a faire cris en ceste ville de Paris ce qui apres ensuit […] est trouvé et congneu estre dissipent de biens en son usages et de tres petit gouvernement […]. L’en deffend de par le roy nostre sire et de par monseigneur le prevost de Paris […] que avecques ledit maistre Denis Piedefer qui encores est en tuicion et curacion ilz ne facent doresenavant aucuns contractz vendicions marchiez ou autres traictiez ne ne lui facent aucuns prestz […] sans appeler ses parents […]. Publié par les carrefours acoustumez a faire criz corz et a son de trompe par moy Gervais Le Fevre sergent a verge etc.
  • [102]
    Sans doute à la suite de l’ordonnance royale de 1355, qui défendait tous les transports et cessions de créances aux personnes plus puissantes ou privilegiees et aux officiers. Voir O. MARTIN, Histoire de la coutume de la prévôté et vicomté de Paris, Paris, 1922 – 1930, p. 539. Cette ordonnance prétendait réglementer les mouvements de créances entre personnes privées, en excluant de ceux-ci les détenteurs de privilèges juridiques, comme les clercs et les écoliers, et tous les détenteurs d’une puissance sociale.
  • [103]
    Ibid., p. 537 – 539.
  • [104]
    C’était toujours le cas en 1488 puisque le 4 novembre, le clerc de la geôle enregistre clairement que Jehan Tordin porteur des letttres de Denis Adam qui n’avait pas eu de transport de sa part ne pouvait faire arrêter son débiteur Michault Geuffroy.
  • [105]
    Elle ne requérait pas le consentement de l’endetté au début du XVIe siècle, d’après le formulaire notarial parisien de 1528. Les actes de transport d’une debte pour une fois et de transport d’ung loyer ne mentionnent pas la présence des débiteurs originels, dont seuls les noms sont indiqués (Le prothocolle des notaires tabellions greffiers et sergens, Paris, 1528, ff. 57r, 58v – 59r).
  • [106]
    Pour un exemple de partage de l’information du crédit aux dépens de l’emprunteur, voir D. KUSMAN, Asymétrie de l’information et crédit médiéval : les déboires financiers du comte Renaud Ier de Gueldre avec le banquier astésan Tadeo Cavazzone à la fin du XIIIe siècle, Jaarboek voor Middeleeuwse Geschiedenis, t. 12, 2009, p. 76 – 113.
  • [107]
    Par une enquête sur l’activité des notaires du Châtelet que nous avons entreprise. Voir déjà pour les années encadrant 1300, J. CLAUSTRE, C. BOURLET, Le marché de l’acte à Paris à la fin du Moyen Âge. Juridictions gracieuses, notaires et clientèles, Tabellions et tabellionages, p. 51 – 84.
  • [108]
    Sur Montpellier, voir K. REYERSON, Business, Banking and Finance in Medieval Montpellier, Toronto, 1985, p. 64.
  • [109]
    Telle qu’elle est écrite en particulier par G. TODESCHINI, La richezza degli Ebrei. Merci e denaro nella riflessione ebreica e nella definizione cristiana dell’usura alla fine del Medioevo, Spolète, 1989 ; ID. Il prezzo della salvezza. Lessici medievali del pensiero economico, Rome, 1994 ; ID., I mercanti e il tempio : la società cristiana e il circolo virtuoso della ricchezza fra Medioevo ed età moderna, Bologne, 2002 ; ID., Visibilmente crudeli. Malviventi, persone sospette e gente qualunque dal Medioevo all’età moderna, Bologne, 2007 ; ID., Richesse franciscaine. De la pauvreté volontaire à la société de marché, Paris, 2008. Voir également S. PIRON, Le devoir de gratitude. Émergence et vogue de la notion d’antidora au XIIIe siecle, Credito e usura fra teologia, diritto e amministrazione. Linguaggi a confrotto (sec. XII – XVI), éd. D. QUAGLIONI, G. TODESCHINI, G.M. VARANINI, Rome, 2005, p. 73 – 101 ; ID., Perfection évangélique et moralité civile : Pierre de Jean Olivi et l’éthique franciscaine, Ideologia del credito fra Tre e Quattrocento dall’Astesano ad Angelo da Chivasso, éd. B. MOLINA, G. SCARCIA, Asti, 2001, p. 103 – 143 ; V. TONEATTO, La richesse des Franciscains. Autour du débat sur les rapports entre économie et religion au Moyen Âge, Médiévales, t. 60, 2011, p. 187 – 202.
  • [110]
    B. SCHNAPPER, La répression de l’usure et l’évolution économique (XIIIe – XVIe siècles), Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, t. 38, 1970, p. 47 – 75, repris dans ID., Voies nouvelles en histoire du droit. La justice, la famille, la répression pénale (XVIe – XXe siècles), Paris, 1991, p. 24 – 25.
  • [111]
    Sur la relativité de la notion de « taux usuraire », voir C. WYFFELS, L’usure en Flandre au XIIIe siècle, Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. 69, 1991, p. 853 – 871.
  • [112]
    Affaire déjà citée : Registre criminel du Châtelet¸t. 1, p. 254 – 268.
  • [113]
    JEAN BRUYANT, Le Chemin de pauvreté et de richesse, 1342, dans Le Ménagier de Paris, t. 2, p. 4 – 42.
  • [114]
    PIERRE GRINGORE, Le Chasteau de labour, 1re éd., Paris, 1499. Voir C. OULMONT, Pierre Gringore. La poésie morale, politique et dramatique à la veille de la Renaissance, Strasbourg – Paris, 1969, p. 87 n. 1.
  • [115]
    JEAN BRUYANT, Le Chemin de pauvreté, p. 25 : Ceux qui te doivent fay contraindre, de les menagier ne te dois faindre, et les mener a povreté sans avoir d’eulx nulle pitié : ne te chault s’ils perdent chevance, mais que tu aies leur substance ; sois tousjours prest de prendre, mais garde-toi bien de riens rendre. La version de Pierre Gringore dans le Chasteau de labour diffère légèrement : Ne paye riens suys plet ou proces / Ne preste riens fors a usure / […] Pren leur substance et nourriture / […] mais garde toy bien de riens rendre / […] jures se tu dois qu’on te doit […], PIERRE GRINGORE, Le Chasteau de labour, Rouen, 1500, ff. 20v, 21r – v.
  • [116]
    CHRISTINE DE PIZAN, La Cité des Dames, trad. E. HICKS, T. MOREAU, Paris, 1986, p. 234 – 235, § 67.
  • [117]
    Sur la signification politique de ces privilèges, voir J. CLAUSTRE, Le répit et le pardon des dettes dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge, Figures politiques du pardon. De l’Antiquité à la Renaissance, éd. É. SCHEID-TISSINIER, T. RENTET, Paris, 2011, p. 99 – 115.
  • [118]
    Pour une analyse plus détaillée de sa jurisprudence entre 1395 et 1455, voir ID., « Donner le temps » : le répit royal à la fin du Moyen Âge, Le Don et le contre-don. Usages et ambiguïtés d’un paradigme anthropologique aux époques médiévale et moderne, éd. L. FAGGION, L. VERDON, Aix-en-Provence, 2011, p. 39 – 57.
  • [119]
    Mt 18, 23 – 35. Voici quelques exemples : PARIS, BnF, mss fr. 178, fol. 41r ; fr. 187, fol. 29r ; MARSEILLE, Bibliothèque Municipale (= BM), ms. 89 (Ars moriendi, 3e tiers du XVe siècle), fol. 40v ; LYON, BM, ms. 245, fol. 159v.
  • [120]
    Le Ménagier de Paris, t. 2, p. 56.
  • [121]
    GUILLAUME DE TIGNONVILLE, Ditz Moraulx, éd. R. EDER, Tignonvillana inedita, Romanische Forschungen, t. 33, 1915, p. 914.
  • [122]
    COUDERC, Les comptes d’un grand couturier parisien, p. 181, no 170 : Item, lui ay presté, à la taverne au IIII fils Hemon.
  • [123]
    C’est ce que firent par exemple, le 11 décembre 1488, Estienne de Vosue et Estienne Du Ban qui rencontrèrent Guillaume Benault à la Taverne de la corne de cerf devant le palais royal, ou illec ilz ont diné ensemble pour traictier et paciffier du contenu en ung brevet que ledit Guillaume a sur ung nommé Jehan Guerin, montant la somme de IX l. t., donct ne restoit que IIII l. t. a quoy ledit Estienne de Vosue a traictié chevy et compossé audit Guillaume pour et ou nom dudit obligé (PARIS, ANF, Y 5266, fol. 176v).
  • [124]
    TODESCHINI, Visibilmente crudeli.
  • [125]
    CLAUSTRE, Dans les geôles du roi.
  • [126]
    V. BEAULANDE, Le malheur d’être exclu ? Excommunication, réconciliation et société à la fin du Moyen Âge, Paris, 2006.
  • [127]
    En Provence : R. LAVOIE, Endettement et pauvreté en Provence d’après les listes de la justice comtale, XIVe – XVe siècles, Provence historique, t. 23, 1973, p. 201 – 216 ; en Catalogne : GUILLERÉ, Le notariat catalan ; en Béarn : BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval.
  • [128]
    J.L. GAULIN, F. MENANT, Crédit rural et endettement paysan dans l’Italie communale, Endettement paysan, p. 35 – 67 ; J.L. GAULIN, Les registres de bannis pour dettes à Bologne au XIIIe siècle : une nouvelle source pour l’histoire de l’endettement, Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, t. 109, 1997, p. 479 – 499.
  • [129]
    T. FENSTER, D.L. SMAIL, Introduction, et C. WICKHAM, Fama and the Law in Twelfth-Century Tuscany, Fama. The Politics of Talk and Reputation in Medieval Europe, éd. T. FENSTER, D.L. SMAIL, Ithaca – Londres, 2003, p. 9, 19 – 20.
  • [130]
    TODESCHINI, Richesse franciscaine, p. 292.
  • [131]
    Voir J. CLAUSTRE, La honte de l’endetté (Paris, XVe siècle), Shame Between Punishment and Penance. The Social Usages of Shame in the Middle Ages and Early Modern Times, éd. B. SÈRE, J. WETTLAUFER, Florence, 2013, p. 229 – 246.
  • [132]
    Des lettres de respits de dettes de cinq ans, ou à trois ans, ou à un an, peux et dois sçavoir que au Prince est et appartient à faire ceste grace pour trois raisons. L’une si est pour cause de guerre du propre Prince, pour cause de tempeste d’orage, et pour cause de larcin ou de desrobement (JEAN BOUTEILLER, Somme Rural ou le Grand Coustumier de practique civil et canon, éd. L. CHARONDAS LE CARON, Paris, 1603, p. 806).
  • [133]
    Voir les formulaires, PARIS, BnF, mss fr. 5024, 14370, 14371, 5909, 5727.
  • [134]
    KRYNEN, Idéal du prince et pouvoir royal, p. 185 s.
  • [135]
    PARIS, ANF, X1A 8320, fol. 40v, 17 février 1489 ; fol. 63v, 27 mars 1489 ; cas commentés dans CLAUSTRE, Dans les geôles du roi, p. 358 – 359.
  • [136]
    Jean Bouteiller évoque à la fin du XIVe siècle des cas de cession réalisée à seule fin d’éviter les charges publiques (JEAN BOUTEILLER, Somme Rural, p. 800).
  • [137]
    Le 21 mai 1455, Symon des Places, ancien officier royal débiteur du roi, obtint de Charles VII, « l’abolition de l’infamie » consécutive à une cession de biens (N. VALOIS, Le Conseil du roi aux XIVe, XVe, XVIe siècles, Paris, 1888, p. 282).
  • [138]
    Un formulaire manuscrit de la chancellerie royale a conservé la formule d’une lettre royale de reabilitacion pour ung homme qui a fait cession de biens, PARIS, BnF, ms. fr. 5909, ff. 24v – 25r. La formule fut intégrée à un formulaire imprimé du règne de François Ier : Le grant stille et prothocolle de la Chancellerie de France […], Paris, [1515], fol. 115r.
  • [139]
    Une peine publique infamante y est réservée aux banqueroutiers, aux débiteurs faillis suspectés de fraude : au son de la trompe, le débiteur est conduit à un carrefour, son derrière dénudé frappe à trois reprises une pierre, puis les officiers qui l’accompagnent clament le fait (P. TISSET, Placentin et l’enseignement du droit à Montpellier. Droit romain et coutume dans l’ancien pays de Septimanie, Recueil de Mémoires et Travaux publiés par la Société d’Histoire du Droit et des Institutions des anciens Pays de Droit écrit, t. 2, 1951, p. 84 – 85 ; R. AUBENAS, Cours d’histoire du droit privé. Anciens pays de droit écrit, t. 7, Créanciers et débiteurs. Sûretés et voies d’exécution au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime d’après les actes de la pratique, Aix-en-Provence, 1961, p. 115 – 121 ; M. LACAVE, Recherches sur la cessio bonorum dans le droit méridional à la fin du Moyen Âge, Mélanges Roger Aubenas, Recueil de Mémoires et Travaux publiés par la Société d’Histoire du Droit et des Institutions des anciens Pays de Droit écrit, t. 9, 1974, p. 443 – 460 ; ID., Esquisse d’une typologie sociale des systèmes juridiques méridionaux, XIV – XVIe siècles, Confluence des droits savants et des pratiques juridiques. Actes du colloque de Montpellier (1977), Milan, 1979, p. 71 – 90 ; J. HILAIRE, Du crieur public à l’ordinateur : histoire des publicités légales, dans ID., Le droit, les affaires et l’histoire, Paris, 1995, p. 277, n. 1).
  • [140]
    CLAUSTRE, La honte de l’endetté ; ID., Le serment de l’insolvable (Paris, XIVe et XVe siècles), Oralité et lien social au Moyen Âge (Occident, Byzance, Islam) : parole donnée, foi jurée, serment, éd. M.F. AUZÉPY, G. SAINT-GUILLAIN, Paris, 2008, p. 353 – 364 ; C. DUPOUY, Le droit des faillites en France avant le Code du Commerce, Paris, 1960, p. 14 ; P. ZAMBRANA MORAL, Histoire de six articles du Code civil français (les droits du débiteur, honneur et contrainte par corps), Revue historique de Droit français et étranger, t. 82, 2004, p. 595 – 596 ; V. DEMARS-SION, Contribution à l’histoire de la faillite : étude sur la cession de biens à la fin de l’Ancien Régime, Ibid., t. 75, 1997, p. 58 ; HILAIRE, Du crieur public à l’ordinateur, p. 280.

1 La description de ce que fut le crédit dans l’Occident tardomédiéval s’est enrichie depuis une quinzaine d’années [1], sous l’effet de son intégration dans une histoire de plus longue durée et de la prise en considération des dimensions sociales de ce qui apparaissait d’abord essentiellement comme un outil financier [2]. Le crédit, dont la documentation notariale, judiciaire, fiscale, montre la diffusion principalement à partir du XIIIe siècle, occupe dans la société tardomédiévale une place qui excède de beaucoup ce que l’on pouvait croire antérieurement. L’intensité de la réflexion médiévale sur l’usure et le développement des institutions visant à la régulation de l’endettement, longtemps interprétés comme des freins à une modernisation financière, sont aujourd’hui considérés comme autant de révélateurs de cette importance revêtue par le crédit dans l’économie et la société tardomédiévales.

2 Le crédit était alors une pratique commune à tous les niveaux de l’économie et de la société : crédit des banquiers aux marchands, aux princes et aux villes, crédit régional au commerce, à l’artisanat, à l’agriculture, crédit local lié au cycle de vie ou crédit quotidien à la consommation. À côté des formes les plus anciennement décrites, celles du prêt professionnel ou quasi professionnel, prêt sur gage, prêt juif, prêt lombard, prêt des compagnies bancaires italiennes, le crédit revêtait des formes d’une très grande diversité, tissant parfois des liens de réciprocité, resserrant la trame de réseaux quasi domestiques, suivant les relations familiales ou professionnelles, les formes traditionnelles de la dépendance sociale ou les solidarités internes aux communautés [3]. Phénomène économique diffus, mais massif, le crédit ancra un type de relation sociale et un ensemble de pratiques largement partagés sur une longue durée. Alors que l’absence d’un système bancaire avait fait croire à l’atrophie des relations financières médiévales au-delà de quelques pôles urbains bien circonscrits (Toscane, Flandres, villes de foires), on considère désormais au contraire qu’elle est congruente avec le multilatéralisme des relations de crédit, l’universalité de situations de microcrédits et leur coexistence avec des relations qui, dans bien des cas, n’étaient pas strictement financières : seigneurie, salariat, patronage, charité, amitié, mariage etc.

3 Le crédit privé s’est généralisé à partir du XIIIe siècle au plus tard et pour plusieurs siècles, se diffusant le long de circuits dont l’organisation est analysée par les historiens tantôt comme un réseau, tantôt comme un marché. Une relation de crédit aussi diffuse supposait le partage de notions et de pratiques permettant de la penser et de l’utiliser efficacement, la mise en place de valeurs et de mécanismes institutionnels permettant de la réguler : un savoir-faire de la dette et une politique du crédit virent le jour. Ni spécifiquement citadine, ni confinée aux aires les plus actives du grand commerce, la relation de crédit est ainsi devenue une expérience commune que chacun devait apprendre à mener.

1. La diffusion du crédit et ses interprétations : intégration et différenciation

4 L’histoire du crédit au Moyen Âge croise celle de la conjoncture générale de cette même période et les problèmes d’interprétation qui lui sont liés. La diffusion du crédit dans tous les niveaux de la société a en effet été mise en rapport avec la dépression traversée par une grande partie de l’Europe aux deux derniers siècles du Moyen Âge [4]. L’endettement a aussi été analysé comme un signe d’appauvrissement et comme une cause de tension qui se trouvait à la racine des conflits sociaux et des révoltes populaires qui agitèrent l’Europe occidentale aux XIVe et XVe siècles [5]. En réalité, dès que et partout où la documentation se densifie, elle met à jour la diffusion du crédit, soit selon les régions, entre la deuxième moitié du XIIe siècle – cas d’une partie de l’Italie – et le XVe siècle. La mesure de cette diffusion est difficile à donner à partir d’une documentation toujours fragmentaire et qui exclut, de toute façon, le crédit resté verbal. Il est rare que l’on dispose, même pour un espace restreint, d’une approche diachronique de cette diffusion. En revanche, l’ubiquité du recours au crédit notarié est nette. Ainsi par exemple, en dépit d’une documentation discontinue, J. Drendel a-t-il pu montrer que chacun des 380 ménages de la localité provençale de Trets eut recours au moins une fois au crédit notarié entre 1297 et 1348 [6]. En fait, la place du crédit dans les registres de notaires ou de tabellions est telle qu’il faut sans doute admettre que ces institutions notariales, mises au point au cours des XIIe et XIIIe siècles, étaient utilisées d’abord, quoique pas exclusivement, pour authentiquer les transactions de crédit privé [7]. Dans une région extérieure aux grands courants commerciaux comme le Béarn, dès la première moitié du XIVe siècle, près d’un tiers des actes notariés est constitué des seules reconnaissances de dettes [8]. À Gérone, la proportion d’actes de crédit dans les actes notariés était, à la même époque, plus élevée encore, de l’ordre de 50 %, incluant les prêts d’argent et les ventes à crédit, parmi lesquelles les ventes de drap étaient particulièrement nombreuses [9]. Il faut dire que Gérone illustre à merveille le phénomène de surconsommation notariale qui caractérise une partie de l’Europe méditerranéenne au XIVe siècle : pour telle paroisse de 70 feux, C. Guilleré a pu identifier 44 personnes différentes passant, en six mois seulement, devant un même notaire [10]. Or ces actes notariés ne constituaient qu’une partie des transactions de crédit : elles étaient conclues aussi par des écrits non notariés, cédules, « papiers journaux » de marchands, baguettes à entailles [11], par de simples engagements verbaux ou moyennant des gages [12], que des inventaires après décès [13], des livres de raison ou des comptes marchands, chichement conservés en-dehors de l’Italie, nous révèlent partout nombreux et pratiqués par tous. Le caractère diffus du crédit est ainsi vérifié aussi bien dans une phase d’essor (XIIe – XIIIe siècles) que dans une phase de contraction (XIVe – XVe siècles), dans des zones brutalement frappées ou au contraire relativement épargnées par le choc démographique. De tels constats invitent à prendre en considération la complexité du phénomène de crédit en lui-même, pour en livrer la description et la compréhension les plus justes.

5 En effet, les lignes d’explication de ce phénomène peuvent sembler assez tranchées, entre des études qui mettent en valeur le rôle différenciateur du crédit, voire son effet destructeur sur la cohésion des communautés d’une part, et, d’autre part, des études qui soulignent au contraire son rôle intégrateur. D’un côté, le recours au crédit est interprété comme un signe d’insertion dans un système économique caractérisé par une forte monétarisation et une forte intégration commerciale, résultat d’un processus accéléré depuis le XIIe siècle [14] : dans la phase d’essor, le développement économique des communautés paysannes, des bourgs et des villes fut parallèle à la participation des habitants au commerce local et à leur engagement dans des liens de crédit ; dans la phase de contraction démographique, la disponibilité croissante du crédit résulta de la hausse des profits et des rémunérations [15]. De surcroît, le rapport entre crédit et numéraire serait non pas un rapport de complémentarité, mais de supplémentarité : il n’est pas sûr que le crédit ait été une compensation mécanique à la pénurie de numéraire qu’aurait connue une partie de l’Europe au bas Moyen Âge [16]. Le crédit était donc un comportement intégrateur à un système commercial actif.

6 Un deuxième ensemble d’études fait plutôt du crédit un facteur de différenciation et de hiérarchisation [17]. Le cas le plus frappant est le cas italien. Les conclusions de F. Menant pour la Lombardie ont pu être généralisées à l’Italie des années 1250 – 1350 [18]. Au XIIIe siècle, la ponction fiscale croissante, dans le cadre communal des États-cités, a alourdi l’endettement privé. Puis la « conjoncture de 1300 » a intensifié cet endettement, qui a débouché sur des transferts de terres très massifs aux citadins. À chacune des crises frumentaires qui marquent les décennies qui encadrent 1300, un cycle cherté-endettement-saisie/vente de la terre se met en place en Toscane. M. Berthe a décrit un phénomène similaire d’animation du marché de la terre et de creusement des écarts de fortune à la faveur des crises frumentaires en Lauragais [19]. Dans certaines régions anglaises, c’est avec la Grande Famine de 1315 – 1317 que l’on a pu noter l’accumulation des arriérés de redevances seigneuriales, la hausse de l’endettement de nécessité, la multiplication des mises en gage de parcelles, des ventes et des saisies au profit de citadins ou de paysans enrichis. L’acuité de ces effets du crédit en temps de crise frumentaire ne semble pas générale en Occident [20], elle dépend sans doute notamment des conditions politiques locales du prélèvement fiscal. Mais au-delà de la diversité des situations locales, il semblerait que l’on doive prendre acte du fait que le crédit était dans les communautés médiévales une relation essentiellement ambivalente, à la fois intégratrice et créatrice de différenciation, voire en certains cas de dépendance [21], et que c’est comme telle qu’elle était mobilisée par les uns et les autres. Cette tension qui était au cœur de la relation de crédit se perçoit avec plus de netteté à travers une étude de cas, le cas parisien, qui tente d’allier une saisie macro-sociale du phénomène dans sa diversité et une focalisation sur les discours et les pratiques des acteurs.

2. Les crédits de Paris

7 Il peut sembler à première vue périlleux de choisir Paris comme terrain d’étude de la relation médiévale de crédit car Paris n’a guère eu la faveur des historiens de la finance médiévale. Ainsi le retard et la passivité des bourgeois de cette ville en matière financière ont-ils été plusieurs fois soulignés : considérée comme une place bancaire secondaire et dépendante de Bruges au XIVe siècle puis décadente au XVe siècle [22], Paris aurait pâti de « techniques commerciales et bancaires rudimentaires », de « pratiques comptables peu développées », attribuables au rôle nocif joué à Paris par la fonction administrative qui aurait « tué » la place bancaire parisienne, ainsi qu’au manque de souplesse de la coutume en matière d’obligations [23]. Si la profondeur de la crise du début du XVe siècle ne saurait être niée, il faut sans doute en circonscrire nettement les limites. Certains secteurs économiques parisiens, que l’on disait sinistrés passé le beau XIIIe siècle, ont en fait retrouvé un vif éclat avec la reconstruction du derniers tiers du XVe siècle, comme M. Arnoux et J.L. Bottin l’ont montré pour la draperie [24]. L’idée d’un déclin lié à la nocivité de l’attraction des offices royaux et princiers sur la bourgeoisie parisienne est également contestable, car aux siècles suivants, le mélange des genres, entre l’activité financière privée et le « service de l’État », favorisait, plutôt qu’il ne freinait, le développement du crédit à travers l’existence d’un appareil fisco-financier [25]. Un tel diagnostic de déclin revient en fait à constater l’absence à Paris d’une activité bancaire autonome tant de l’activité commerciale que de l’administration fisco-financière [26]. Mais les super-compagnies toscanes de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle, en général considérées comme les parangons de la modernité financière, faisaient d’abord et surtout du commerce à grande échelle de grains, de laine, de draps, leurs activités financières telles que les prêts consentis aux monarques étant pour elles un moyen d’obtenir la faveur princière et de créer une environnement favorable à leur activité commerciale [27]. L’absence d’autonomie de l’activité bancaire dans le Paris tardomédiéval est donc moins le signe du déclin de Paris, que de sa normalité dans son environnement économique. Il faut aussi s’interroger sur l’idée selon laquelle certaines règles juridiques parisiennes, notamment l’usage de l’instrument authentique scellé, auraient « freiné l’innovation » nécessaire à l’épanouissement d’une intense activité de crédit [28]. Ces instruments notariés et scellés étaient cessibles et jouissaient d’une sécurité recherchée des créanciers. Au surplus, le crédit trouve à s’épanouir dans des environnements juridiques très divers. Enfin, concentrer l’attention sur la place d’affaires et le crédit international aboutit à négliger le crédit régional comme le crédit local dont on sait qu’ils sont parfois articulés au crédit international. Cette disqualification du terrain parisien dans l’historiographie de la finance médiévale n’est plus tenable : il importe de connaître les façons de faire crédit et de vivre à crédit dans la plus grande ville de l’Occident chrétien, dans un espace de consommation large et diversifié, dans un espace de production artisanale et industrielle au cœur d’une grande région agricole, dans une vaste place de commerce et une capitale. Tous les niveaux de crédit (local, régional, international) et tous les types de crédit (à la consommation, à la production, au commerce) s’y rencontraient. Paris alimentait son arrière-pays rural en crédit, notamment par le biais des rentes constituées par les établissements ecclésiastiques et les bourgeois parisiens. Le crédit parisien était en outre affecté par la forte présence publique. L’émission de rentes publiques y était pratiquée, en particulier sur le Trésor [29] et sur l’Hôtel de ville [30], tandis que le roi recourait régulièrement aux emprunts forcés sur les bourgeois de Paris et sur les officiers de la capitale [31]. La recette de la prévôté de Paris était la première contributrice aux aides royales à la fin du XIVe siècle [32]. La présence à Paris du Trésor royal, d’hôtels royaux et princiers et d’institutions religieuses en faisait un lieu de concentration de l’argent, qui devint certes moins important entre 1418 et 1498 quand d’autres villes, Bourges, Poitiers puis surtout Tours à partir de 1444, furent choisies comme capitale par le roi [33]. C’est aussi à l’Université de Paris que fut largement élaborée la nouvelle pensée de l’argent et de la monnaie au cours du XIIIe siècle et du XIVe siècle [34].

8 La disqualification ancienne du terrain parisien par l’historiographie de la finance est sans doute due en partie à la structure de la documentation locale qui souffre de l’absence d’archives notariales avant le dernier quart du XVe siècle. Cette lacune explique que le crédit-rente soit la mieux connue des techniques du crédit à Paris [35]. Mais d’autres sources, certaines fragmentaires, d’autres quantitativement très significatives, peuvent être mobilisées. Quelques listes de prêts isolées pour tel ou tel créancier éclairent certaines pratiques du crédit parisien à court et moyen terme. Mais ce sont surtout les archives judiciaires, celles du Châtelet et du Parlement au premier chef, qui permettent une approche, oblique, du phénomène. Complétées par les premières « minutes » notariales parisiennes, par la documentation juridique, par quelques éléments tirés des chartriers et comptabilités des établissements religieux parisiens et par quelques représentants de la littérature morale qui s’écrivait à Paris, elles autorisent quelques conclusions sur les pratiques du crédit dans le Paris tardomédiéval. D’abord sur leur diffusion : les minutes de l’étude XIX indiquent que, à Paris comme ailleurs, c’est à peu près le tiers de l’activité notariale qui était mobilisée par le crédit [36]. La lecture de coutumiers et de styles parisiens de la fin du XIVe siècle et du XVe siècle montre que le sceau du Châtelet, la catégorie d’obligation, la procédure d’exécution des obligations, ont de plus en plus retenu l’attention des praticiens du Châtelet, signalant une intense réflexion sur le traitement juridique du crédit depuis le stade du contrat (l’obligation notariée et revêtue du sceau) jusqu’au stade de la poursuite pour dette (l’emprisonnement pour dette) et de l’interruption de celle-ci (répit, cession de biens) [37]. L’ensemble de cette documentation typologiquement très diverse est surtout riche d’informations sur la relation de crédit, les manières de la nouer, de la conduire et de la dénouer.

3. Savoir faire crédit

9 Faire crédit était un devoir moral et à Paris, comme ailleurs en Europe, on songeait alors à organiser des institutions publiques de crédit ouvertes aux plus démunis : il s’agissait d’intervenir, au nom de la charité, sur un segment de marché qui était peu profitable et de ce fait exploité uniquement par des usuriers prêtant à des taux élevés [38]. Un crédit public, non gratuit, mais charitable, est envisagé, sans toutefois voir le jour : le mont-de-piété parisien ne fut créé que plusieurs siècles après [39]. Mais des projets de banques publiques qui auraient prêté à faible intérêt en lieu et place des particuliers sont élaborés [40]. Guillaume Durand de Saint-Pourçain, un dominicain qui deviendrait évêque de Meaux en 1326, proposa une telle solution dans ses Commentaires sur les Sentences de Pierre Lombard : chaque cité devrait se doter d’un magistrat chargé de faire des avances aux nécessiteux au nom de l’autorité publique [41]. Dans les années 1380, c’est le conseiller de Charles V et de Charles VI, Philippe de Mézières, qui, dans son Songe du vieil pèlerin, suggéra que le roi installe dans chaque ville du royaume et alimente sur les deniers royaux des banques qui prêteraient de l’argent aux plus démunis. Au bout d’un an, les emprunteurs seraient invités à rembourser leur dette et à verser à titre d’aumône un dixième de la somme empruntée qui viendrait abonder les fonds de cette institution de bienfaisance [42]. On voit qu’on conçut au XIVe siècle des projets d’établissements bancaires publics, par lesquels la puissance publique aurait pris en charge le prêt à intérêt, sans encourir le péché d’usure qui menaçait les âmes des prêteurs particuliers, ce que les monts-de-piété réaliseraient au siècle suivant en Italie. Ils illustrent le développement d’une morale créancière qui ne s’est pas limitée à l’Italie.

10 Le sujet de « bon gouvernement » devait conformer ses pratiques domestiques à un certain nombre de règles et s’entendait formuler des conseils de gestion que des ouvrages en langue vulgaire diffusaient, comme le Ménagier de Paris daté de 1393 environ ou La Cité des Dames que Christine de Pisan rédigea en 1405. Une morale créancière commune s’y dessine. Quand l’auteur du Ménagier de Paris, un bourgeois parisien, rappelle à sa jeune épouse les sept vertus qu’elle doit cultiver en lieu et place des sept péchés capitaux, il écrit ainsi qu’à l’avarice elle doit préférer la miséricorde qui a sept branches : la première est donner à boire et à mengier aux povres ; la seconde est de vestir les nus ; la tierce est de prester aux povres quant ils en ont besoing et leur pardonner la debte ; la quarte visiter les malades ; la quinte, hébergier les povres ; la sixiesme, visiter ceux qui sont en chartre de maladie ; et la septiesme ensevelir les mors[43]. Les créanciers étaient invités à prêter aux pauvres et à « pardonner » leurs dettes. Les solidarités citadines avaient ainsi leurs exigences, qu’une certaine prudence devait toutefois tempérer. Les recommandations de « gouvernement » que Christine de Pisan adresse aux épouses d’artisans – les femmes des mestiers – les invitent à tenir auprès de leur époux le rôle de conseiller de gestion [44]. C’est à elles de signifier à leur époux que le monde du crédit est dangereux et qu’il ne faut y entrer qu’armés du souci de la sécurité et de la prudence de la sobriété, en modérant sa « convoitise ». Le bon « ménagier » doit ainsi limiter les créances. Celui qui est tenté de faire crédit doit savoir où il va, c’est-à-dire savoir à qui faire crédit avec une certaine sécurité [45]. Faire crédit est donc normal pour tout ménage qui a quelque trésorerie, même s’il faut, d’après Christine de Pisan, le faire prudemment.

11 Gérard de Montaigu, avocat au Parlement en 1325 et avocat du roi en 1331, chanoine de Chartres, de Châlons, puis de Paris et de Reims, prête sur gages à une clientèle variée, en partie princière, composée de parents, d’amis ou de seigneurs du diocèse de Châlons. À son décès, survenu en 1339, vêtements, accessoires de la parure et pièces d’orfèvrerie laissés en gage s’entassent dans sa maison parisienne, d’après l’inventaire alors réalisé [46]. Ce dernier révèle que la mère de Gaston Phebus, Aliénor de Comminges, comtesse de Foix, avait déposé chez lui des draperies, des fourrures, des vêtements, de la literie, un missel, un drageoir d’argent, un porte-verre en argent doré et sa litière avec son harnachement. Gérard de Montaigu était riche : laissant de côté les objets ainsi amassés et ne prenant en compte que le numéraire inventorié, on parvient à un montant plus de 7 000 l. par. en monnaies diverses. Ses possessions foncières sont situées tant dans le Laonnois qu’autour de Paris, où il a acquis également plusieurs maisons, dont celle qu’il a léguée au collège de Laon. Voici un prêteur sur gages qui correspond bien peu au modèle du Shylock ! Cette collection d’objets laissés en gages marque à la fois les libéralités qu’il a concédées à des proches qui ne purent le rembourser et la thésaurisation à laquelle il s’est livré. Le type de crédit qu’il pratique, grâce aux revenus procurés par ses plaidoiries, ses prébendes et ses revenus fonciers, vient soit doubler des liens familiaux, soit renforcer des liens avec des acteurs d’un même segment social [47], partageant un même style de consommation que lui [48].

12 À un autre niveau de l’honorabilité sociale dans la ville, le crédit semble revêtir la même valeur intégratrice entre pairs [49]. Marguerite de Bruges et son mari Pierre Le Mareschal, marchand de chevaux, ont emprunté de l’argent à Colin Le Rotisseur et à son épouse. La confession de Marguerite, entendue en 1390 par le prévôt de Paris après l’assassinat de Colin, montre dans quelles circonstances a pu se nouer cette relation de dette [50] : ces deux couples étaient « compères » puisque Marguerite était la marraine d’un enfant de l’épouse de Colin et ils partageaient régulièrement repas et boissons [51]. Entre ces ménages, la relation de crédit venait épaissir de simples rapports de voisinage dans le quartier du Bourg l’Abbé et le partage d’une paternité symbolique, en un partage de difficultés financières. Cas exceptionnel comme l’est le document qui nous l’a transmis [52] ? Mais le reste de la documentation judiciaire fait bien état de la fréquence de ce type de liens de crédit horizontaux noués entre pairs. C’est bien en justice qu’ils aboutissent parfois, notamment à la geôle du Châtelet de Paris en 1488 – 1489 [53] : on relève ainsi un prêt d’un boulanger à un mesureur de grains, un prêt d’un tabletier à un autre tabletier, un prêt d’un relieur de livres à un orfèvre… Ces délais de paiement ne relèvent sans doute pas tous de la solidarité, mais noués entre des personnes du même métier ou appelées à travailler ensemble, ils renforcent les liens confraternels [54] et professionnels. Non remboursés, ils creusent les petites différences qui se logent à l’intérieur des communautés professionnelles.

13 Chaque ménage entre de façon normale dans des relations de dette, la première occasion d’endettement pouvant surgir tôt dans le cycle de vie d’un ménage avec la constitution des dots et douaires des épouses [55]. Mais, à Paris comme ailleurs [56], à suivre l’enseignement des documents judiciaires, le crédit est d’abord et en masse un crédit direct à la consommation : commerçants, artisans et fournisseurs font crédit à leurs clients. Dans le deuxième quart du XVe siècle, le couturier Colin Gourdin de Lormoye, actif sur la rive gauche aux alentours de l’église Saint-Severin, faisait constamment crédit à ses clients. Il notait sur quelques feuilles de papier les acomptes versés et les sommes restant à payer par ses clients, pour les houppelandes, pourpoints, robes, chausses qu’il façonnait : peu de clients le payaient comptant [57]. Les ventes de vin, de grains, de lard, de vêtements, de bétail représentent pratiquement les trois cinquièmes des dettes ayant conduit des endettés en prison au Châtelet entre juin 1488 et janvier 1489 : aboutissent à la geôle ceux qui ont accumulé des dettes équivalant à 25 à 30 jours de salaire d’un manœuvre [58]. On n’y compte pas moins de 26 mentions d’achats à crédit de chevaux, notamment par des laboureurs, qui relèvent d’un crédit à l’investissement. Dans cette période de « restauration » des campagnes parisiennes, un crédit urbain, qui passait par des ventes à crédit directes du marchand au laboureur, a sans doute permis de financer les investissements agricoles nécessaires [59]. La distribution du crédit recoupe donc très largement la distribution marchande des biens de consommation courante. Faire crédit à Paris, c’est d’abord savoir attendre le paiement de ce qu’on a vendu. Comme certains effectuent des règlements en nature [60], comme le prêt sur gage est largement diffusé, pour une grande partie de la population parisienne, le crédit s’anime en se greffant sur la circulation des objets et des biens consommés quotidiennement.

14 Dans la clientèle de Colin de Lormoye [61], on trouve des aristocrates laïques (des écuyers, un prévôt des marchands), des évêques et recteurs de l’université, des maîtres des facultés. Mais une chambrière lui commande aussi une robe, son maître se portant caution pour elle. Quant à ce dernier, Thibaut Lebeuf, écuyer, il loue à Colin une chambre et il lui fait surtout faire de multiples travaux de confection pour vêtir sa sœur, ses filles, le fils de sa femme et lui-même [62]. Leur relation permanente de crédit semble avoir duré plusieurs années, au moins trois ans, vraisemblablement beaucoup plus, mais le caractère fragmentaire des papiers de Colin et le fait que les entrées y sont rarement datées empêchent de préciser cette durée. Elle est ponctuée de « mémoires » des « besognes » faites par Colin, des dettes de Thibaut, des versements qu’il lui fait, partiellement en numéraire et majoritairement en blé et en orge. Des « comptes faits » une ou deux fois l’an [63] et signés « Lebeuf » arrêtent provisoirement le solde dû et tiennent lieu de « cédules » de reconnaissances de dettes. Colin ne semble pas avoir prêté de l’argent à Thibaut en sus des délais de paiement qu’il lui concède pour ses besognes [64]. Mais, quoique faisant constamment crédit à ses clients, il ne manque manifestement pas de liquidités, puisqu’il prête de l’argent à plusieurs autres personnes. Il n’hésite pas non seulement à concéder de multiples délais de paiement à Jean Savin qui recourt de manière habituelle à ses talents de couturier, mais aussi à avancer de l’argent pour lui au drapier, sans doute afin de réaliser quelque besogne de couture et à lui prêter directement quelque somme [65]. Monseigneur de Saint-Arragoude lui commande plusieurs ouvrages pour 28 s. p. et lui emprunte en plus 4 s. p., que Colin fait enregistrer à l’officialité [66]. À un des écoliers qui sont en compte avec lui, Berthelemy Driell, auquel il a fait une houpelande, il prête de quoi offrir du vin à ses compagnons [67]. Il prête également à des personnes qui ne semblent pas faire partie de ses clients. Il le fait, à plusieurs reprises entre 1423 et 1439, au propriétaire de sa maison, Colin Garot [68]. La relation de crédit s’inaugurait donc dans une certaine familiarité, en se greffant sur d’autres types de liens économiques : liens de l’artisan à son client, du locataire à son propriétaire. Mais on constate aussi qu’un prêtre qui ne figure pas au nombre des clients connus par ses comptes lui emprunte trois francs [69]. Colin, cet artisan manifestement actif, avait-il dans le quartier des écoles où il était installé (dans la paroisse Saint-Severin) [70] la notoriété du prêteur occasionnel, comme l’avait le notaire ou le prêtre dans les communautés d’habitants où le lien de crédit se nouait d’abord à l’intérieur de celles-ci [71] ?

15 L’entrée dans la relation de crédit se faisait ainsi par un simple glissement depuis un rapport marchand. Une même entrée dans la relation de crédit par glissement s’effectuait pour les églises depuis le rapport seigneurial : les comptes des seigneuries ecclésiastiques parisiennes montrent qu’elles concédaient des délais de paiement à nombre de leurs censitaires [72], locataires [73], débirentiers [74], fermiers [75]. Ces entrées en crédit plaçaient les uns et les autres en situation de coopération. Elles requéraient de tous une gestion attentive, afin que cette relation ainsi nouée en plus d’une autre ne devienne délétère pour l’une ou l’autre partie [76].

4. Savoir vivre à crédit

16 Entrer en dette et gérer l’encours de ses dettes étaient une expérience commune à tous, même si Christine de Pisan recommandait aux femmes d’admonester leurs époux pour qu’ils évitent de contracter des dettes en équilibrant gains et dépenses sur l’année [77]. Mais la documentation est encore plus fragmentaire sur la gestion de ses dettes par un ménage que sur la gestion de ses créances : si l’on dispose de quelques listes de créances, on manque de listes de dettes tenues par des ménages. Le papier laissé par Colin de Lormoye est en fait une succession d’aide-mémoires sur des sommes qu’il a déboursées par lui ou qui lui sont dues. Loin d’être uniforme et linéaire, il est très composite dans sa structure. Ainsi n’est-il pas de sa seule plume : dans une première partie du papier, Colin de Lormoye laisse régulièrement ses partenaires de transaction écrire eux-mêmes et signer un certain nombre d’actes, comme son propriétaire qui écrit des quittances pour les loyers qui lui sont payés ; comme certains de ses clients aussi qui signent parfois des reconnaissances de dettes sur son papier. Dans les premiers feuillets du papier, un partage, jamais strictement suivi, apparaît : le recto semble dédié aux quittances de ses partenaires et le verso aux mémoires de ses travaux où s’intercalent les versements effectués et les reconnaisances de dettes. À partir du feuillet 18v toutefois, il est seul à écrire, plus aucun seing ne figure et le papier consiste désormais essentiellement en des « mémoires de besogne ». Le caractère unilatéral du papier marchand se renforce donc au fil des ans.

17 Les successions devraient être une fenêtre possible pour une perception du phénomène d’endettement à l’échelle du ménage. En effet, les testaments expriment l’idée que les biens dont a disposé le testateur lui ont été donnés ou prêtés par Dieu : l’économie domestique est censée être aussi une économie chrétienne. En conséquence, ils comportent souvent l’affirmation du testateur de sa volonté de réparer les torts commis et de régler les dettes contractées pro remedio animae : le salut de l’âme commandait le règlement des dettes du défunt par les exécuteurs testamentaires. Cette clause était systématique à Paris [78], mais contrairement à d’autres régions, elle ne s’y accompagnait pas d’une liste des dettes à payer [79]. À l’inverse, des inventaires après décès, certes chichement conservés à Paris, livrent des listes bien nourries de créances. K. Fianu a étudié ceux de chanoines parisiens du XVe siècle [80]. Jean d’Oche, maître ès-arts, boursier du collège Saint-Nicolas du Louvre, décédé le 8 septembre 1418 laisse à son décès douze créances allant de 16 s. à 34 écus, pour un total de 113 l. 18 s. par. La majorité sont des prêts d’argent. Si l’inventaire indique que certains des montants dus sont accompagnés d’une rare cédule ou d’un brevet, il précise parfois l’absence de toute documentation : Item messire Michiel de Ursines devoit sens cedule une somme de deniers dont ledit deffunt ne savoit pas bien le certain nombre, maiz toutesvoyes il l’avoit estimé, sicomme lesdiz executeurs disoient, à la somme de vint escus ou environ, combien que ledit deffunt n’eust point compte à lui pour ce. Jean d’Oche avait ainsi prêté de l’argent sans paraître véritablement préoccupé par sa récupération. Étienne de Montdidier, fils d’un marchand bourgeois d’Orléans, était chanoine et conseiller au Parlement, président de la chambre des enquêtes (1440). Il laissa quant à lui 117 actes de créance, qui témoignent des affaires qu’il avait conclues, toujours par écrit, avec des membres de sa famille, des nobles, des collègues, aux côtés d’artisans et de marchands parisiens. Par exemple, Étienne le Gastelier qui figure parmi les exécuteurs testamentaires du défunt lui a emprunté 26 écus d’or en 1461. Étienne prêtait également à d’autres et complétait ses gages de parlementaire et ses revenus canoniaux d’investissements dans la terre. Ainsi, il a passé sept actes avec deux hommes, Pierre et Jean Chennel, entre décembre 1463 et mars 1468, qui étaient les fermiers d’un domaine qu’il possédait dans l’Essonne : certains actes enregistrent des arriérés dans le versement du fermage, d’autres sont des prêts de numéraire (plus de 15 l. p.) et de grain, certains sont passés devant notaires, d’autres non. Avec Pierre Chennel, Montdidier établit une obligation scellée et un brevet signé, en 1464 et 1466. Il conserve en outre un brevet plus ancien (1463), témoignant d’un endettement de Pierre Chennel envers un sergent royal du Châtelet de Paris. Si les actes les plus anciens concernent des montants relativement élevés, le dernier, en date de juin 1466 porte sur une dette de 32 s. par. Avec le fils, Jean Chennel, Montdidier fait rédiger en deux ans quatre actes : deux brevets signés par des notaires et deux cédules en papier dont l’une s’élève à plus de 18 l. par. On observe ainsi le glissement d’actes assez étroitement sécurisés à des actes non exécutoires, moins aisément exécutables par la justice et qui d’ailleurs n’ont pas été exécutés : les dettes sont courantes en 1468. Faut-il y voir l’évolution d’une relation et l’instauration d’une confiance qui, au gré des générations, s’est renforcée ? La distance entre le fils et son créancier se serait alors réduite, permettant au dernier de prêter sans la sécurité que pouvait représenter le sceau ou la signature d’une autorité publique. Étienne de Montdidier était un robin qui investissait dans la terre et qui pratiquait le prêt de manière étendue à des pairs ou à des dépendants pour favoriser l’exploitation de ses domaines, qui veillait à sa gestion, en particulier par la tenue d’archives, parfaitement tenues au moment de son décès.

18 Autrement dit, il semble rare qu’un ménage endetté tienne par écrit lui-même la gestion de ses dettes, pourtant vraisemblablement contractées auprès de multiples personnes : d’après le registre d’écrous du Châtelet de 1488 – 1489, 15 % des prisonniers pour dette étaient écroués pour plusieurs créances et à la demande de plusieurs créanciers, signe qu’ils accumulaient les dettes auprès de multiples fournisseurs et prêteurs. L’écrit domestique comptable semble ainsi s’être développé pour la gestion de créances, pas de dettes : l’idée d’une technique de gestion essentiellement rationalisante et neutre n’est donc pas soutenable [81], c’est plutôt une technique de gestion de l’emprise sur d’autres personnes, qu’elle soit ou non déployée volontairement [82]. Comment dès lors procédait un ménage qui se trouvait plutôt en position de défaut de paiement ?

19 Revenons pour commencer à l’entrée dans la relation de crédit et au moment de trouver un prêt. Nous avons déjà vu que cette entrée se produit très souvent par simple glissement. Mais cela ne saurait recouvrir toutes les situations et il faut donc écarter désormais le cas, vraisemblablement très majoritaire, de l’obtention d’un délai de paiement et parfois d’un prêt auprès d’un fournisseur, d’un propriétaire, d’un seigneur. Les historiens se sont récemment posé cette question en termes de marché et de partage de l’information : si un ménage a épuisé les ressources locales de l’offre de trésorerie, auprès de qui est-il en mesure de se tourner pour emprunter ? Paris est-il une simple « collection de coalitions [83] » de crédit, c’est-à-dire de réseaux personnels d’entraide et de patronage, ou bien s’y organise-t-il une forme de marché du crédit dans laquelle entrent en relation des offreurs et demandeurs de crédit qui ne se connaissent pas ?

20 Paris, comme beaucoup de villes d’Occident, avait ses maisons de prêt, quasi professionnelles. On connaît l’activité, très encadrée, des Lombards de l’Île-de-France à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle [84], ceux qui prêtaient de petites sommes à une myriade de petits emprunteurs de la campagne francilienne, comme la filiale parisienne de la compagnie des Gallerani [85] ou ceux qui prêtaient plutôt aux corps de métiers et aux princes, comme Gandoufle d’Arcelles [86]. B. Bove a aussi rappelé les activités similaires des bourgeois de Paris autochtones à la même période [87]. À l’été 1306, les juifs sont expulsés du royaume. Les vers par lesquels le chroniqueur parisien Geoffroy de Paris déplore l’effet de cette expulsion sur le crédit sont célèbres [88]. Les juifs sont rappelés en 1315 par une ordonnance qui annule l’expulsion pour douze ans, les soumet à un tribut annuel et les autorise à récupérer le tiers de leurs créances encore en souffrance – les deux autres tiers revenant au roi. Des communautés, sans doute numériquement réduites, s’établissent alors en Île-de-France et il est probable que certains membres aient pratiqué le crédit. Qu’elle ait été assumée par des Lombards, des juifs ou des Parisiens, l’activité de prêt sur gage était surveillée par les hommes du prévôt royal de Paris, dans le cadre de la répression du vol et du recel. Prêteurs sur gage et vendeurs d’objets de deuxième main – fripiers, regrattiers et vendeurs de vieux fer cités par une ordonnance prévôtale de 1371 [89] – étaient soupçonnés de receler et de revendre les objets volés, puis laissés en gage chez eux. Le registre criminel du Châtelet de Paris des années 1389 – 1392 comporte les confessions de plusieurs voleurs ayant emprunté sur gage auprès de prêteurs juifs, de fripiers ou de changeurs. Ainsi le 24 septembre 1389, Guillaume de Bruc, écuyer, avoue-t-il, le larrecin qu’il a commis chez un Lombard [90] ; il a ensuite emprunté sur gage avec les choses volées auprès d’un « fripier » tenant boutique rue Saint-Germain l’Auxerrois [91]. Condamné à être traîné et décapité, il avoue au moment de mourir une litanie de vols d’objets, notamment des joyaux, qu’il a mis en gage auprès de juifs [92]. L’expulsion des juifs décidée par Charles VI en 1394 met un coup d’arrêt définitif au crédit juif, qui ne dut jamais atteindre ce qu’il avait pu être à la fin du XIIIe siècle.

21 Mais le prêt sur gage n’était pas confiné à ces groupes qui étaient considérés comme étrangers à la communauté citadine. Il était largement pratiqué, comme le montrent les archives judiciaires du Châtelet postérieures à 1394 [93]. Si l’histoire financière laisse une place étroite à cet « instrument des économies pauvres [94] », qu’elle a considéré comme caractéristique d’économies archaïques et préfinancières, de prêteurs étrangers aux communautés [95], des catégories populaires et des agents économiques « prodigues » et imprévoyants [96], les exemples pourraient être multipliés qui montrent que chacun, riche ou pauvre, homme ou femme, avait recours au prêt sur gage [97] et se défaisait provisoirement avec facilité d’objets de quelque prix pour obtenir des liquidités [98].

22 Au-delà des prêteurs sur gage et des maisons quasi professionnelles, peu nombreuses et sans doute en nombre décroissant, qui existaient, quels recours se présentaient pour ceux qui avaient besoin d’emprunter ? Le registre d’écrous du Châtelet de 1488 – 1489 qui comporte de nombreux écrous pour dette est la seule source parisienne qui livre un ensemble de dettes, d’endettés et de créanciers tout à la fois. Ces endettés trainés à la geôle par les sergents de la prévôté royale étaient à 38,5 % des laboureurs, à 32 % des artisans, à 22 % des boutiquiers, redevables de sommes proches de 5 l. p., soit l’équivalent de quelques semaines de rémunération d’un maçon. La géographie du crédit que le registre d’écrous permet de dessiner indique que les endettés étaient à 61 % des Parisiens, que 30 % venaient de la prévôté et vicomté de Paris et 4 % venaient de l’extérieur de la vicomté. Les endettés résidant hors de la ville se concentraient dans un rayon de huit kilomètres autour de Paris. En revanche, les créanciers étaient à 95 % des Parisiens. Ainsi les emprunteurs venaient-ils chercher l’argent à Paris, où se concentraient les prêteurs et émetteurs de crédit. Qui les mettait en relation s’ils n’étaient pas tous déjà engagés dans des relations antérieures ?

23 On serait tenté de songer aux notaires [99] royaux du Châtelet de Paris [100], puisque le crédit ouvrant droit à la contrainte par corps passait uniquement par acte notarié et scellé : le créancier souhaitant envoyer un endetté en prison devait détenir une « lettre obligatoire » signée de deux notaires du Châtelet et revêtue du sceau de la prévôté de Paris. Ces notaires avaient-ils donc une maîtrise spécifique de l’information sur la solvabilité des uns et les disponibilités financières des autres ? Il existait un cri public mettant en garde contre les mauvais payeurs [101] dissipent et de tres petit gouvernement, l’information n’était donc pas en principe réservée. En revanche, les faillites, appelées cessions de biens, étaient encore assez étroitement publicisées. Les notaires devaient être régulièrement présents au Châtelet pour faire sceller leurs actes, pour rédiger certains actes judiciaires, quand bien même leurs études se sont dispersées en ville au cours du XVe siècle. Or c’est au Châtelet que les faillis faisaient cession et abandon de biens, à l’audience et à la geôle. Un autre indice, ténu, du rôle d’intermédiaire que les notaires du Châtelet ont pu jouer tient à celui qu’ils jouaient dans la circulation des créances, par les « transports » d’obligations. La cession d’une créance se faisait depuis la deuxième moitié du XIVe siècle [102] par la confection d’un « transport [103] », notarié et scellé au Châtelet. Sans un tel transport, un acte de crédit au départ exécutoire, comme une lettre obligatoire, s’il était cédé simplement à un tiers, n’était pas exécutoire par ce tiers directement [104]. La confection du transport notarié et scellé majorait le coût de l’acte, mais elle apportait au nouveau créancier les mêmes garanties qu’au créancier originel [105]. Son usage accrut l’emprise des notaires sur la mobilité des créances, puisque la cession d’une créance sûre devait faire l’objet d’un nouvel acte et non d’une simple clause. Il renforce l’hypothèse que les notaires étaient les agents les mieux informés de l’offre de crédit et qu’ils ont pu jouer le rôle de courtiers [106]. Il ne s’agit toutefois que d’indices de mécanismes de marché dans le crédit parisien, qui demandent encore à être précisés [107].

24 Vivre à crédit n’impose pas seulement de trouver une personne susceptible de fournir quelques liquidités. Toujours d’après le registre d’écrous, un débiteur sur cinq avait un ou plusieurs coobligés, soit un parent, en général le conjoint, soit une personne déclarant la même activité. Ces prisonniers déclarant des coobligés étaient dans deux cas sur trois des laboureurs. Cet aspect signale que la relation de crédit est régulièrement plus qu’une relation bilatérale : le crédit mobilisait des solidarités dans des pratiques d’association dans l’emprunt, de cautionnement appelé « pleigerie » à Paris [108]. Gérer ses dettes, c’est donc aussi mobiliser indirectement des alliés, des parents, des amis qui acceptent de partager la responsabilité d’une dette en cas de défaut.

5. Savoir mener une relation de crédit : du bon usage de l’usure et de l’amour

25 Une fois inaugurée, la relation de crédit doit être menée en évitant différents écueils. Le premier est celui de l’usure, qui a été sans doute le premier angle sous lequel l’histoire a abordé la dimension financière de l’économie médiévale. Les bizarreries de la répression de l’usure au Moyen Âge ont sollicité la réflexion et produit une historiographie très abondante dont nous ne retiendrons ici que les derniers développements. L’histoire récente de l’usure [109] s’attache au développement d’une réflexion très élaborée sur la nécessaire place du crédit dans la société chrétienne à l’intérieur d’une condamnation générale d’un crime perçu comme le « crime social par excellence ». L’acmé de la lutte canonique contre l’usure, relancée à partir du milieu du XIIe siècle, peut être située en 1312, quand le canon Ex gravi du concile de Vienne appela à abroger les statuts et coutumes qui toléraient l’usure. Les législations princières assumèrent à leur tour une codification de l’usure. En France, une ordonnance royale de juillet 1311 définissait ainsi comme usure grave un intérêt annuel supérieur à 20 % et en 1312, une autre ordonnance dépénalisait l’usure légère. B. Schnapper a toutefois montré que dans le royaume de France, la législation royale s’interrompit pendant près d’un siècle, entre 1374 et 1463 [110], signe selon lui d’un apaisement dans la lutte contre l’usure, avant une nouvelle flambée au XVIe siècle [111]. Le décalage entre un discours moraliste à visée générale qui condamnait l’usure et la portée des mesures canoniques puis civiles d’une part, entre la constance du discours anti-usuraire et une répression qui semble surtout avoir connu des flambées de violence dirigées contre des communautés particulières, juifs et Lombards principalement, d’autre part, imposa pendant longtemps aux historiens l’idée d’un double langage des élites médiévales à l’égard du prêt à intérêt. Les travaux récents montrent qu’il faut y voir surtout l’effet d’une véritable entreprise de conceptualisation de la contractualité économique et la définition d’une éthique du crédit.

26 Ces efforts de la doctrine théologique et ces limitations inscrites dans la législation civile rencontraient les exigences des solidarités citadines : une fois le prêt concédé, il fallait au créancier savoir patienter. Marguerite de Bruges l’affirmait au cours de ses aveux devant le prévôt de Paris, le recours à la via justiciae et à la contrainte publique contre un endetté oublieux de ses obligations n’avait rien d’anodin : éveillant la haine de l’endetté humilié, il conduisait tout droit au geste violent, en l’occurrence à l’assassinat [112]. Un tel comportement réactivait le stéréotype moral du créancier impitoyable. Ce stéréotype était exploité par un genre littéraire bien représenté à Paris, avec le poème attribué à un notaire du Châtelet, Jacques Bruyant, et intitulé la Voie de povreté ou de richesse[113], transcrit in extenso par l’auteur du Ménagier de Paris un demi-siècle plus tard, avant d’être plagié par Pierre Gringore en 1499 dans son Chasteau de Labour[114]. Quand Barat, c’est-à-dire la Ruse, vient tourmenter le jeune marié pour lui indiquer la voie de paresse qui mène à la richesse, il lui conseille de tenir une conduite implacable à l’égard de ses débiteurs, en recourant contre eux à la contrainte, au risque de les mener a povreté[115]. Cette contrainte de justice suscitait la compassion quand elle s’exerçait à l’égard de débiteurs de bonne foi. Christine de Pisan raconta dans un autre ouvrage, le Livre de la Cité des Dames, comment Marguerite, veuve de Bureau de La Rivière, chambellan de Charles V, donna en gage un diadème en or, afin de faire libérer du Châtelet un chevalier qui y était détenu pour une dette de 500 fr., contractée lors de tournois [116]. Payer la dette d’un prisonnier pour dette était une application possible de l’œuvre de merci qui commandait l’aumône aux prisonniers. Le créancier était donc appelé à utiliser avec modération la voie de justice et à patienter dans l’attente d’un remboursement. La chancellerie royale a d’ailleurs mis au point, en faveur des débiteurs, des privilèges par lesquels le roi pouvait concéder des délais de paiement de un à cinq ans [117]. Ces privilèges, appelés « lettres de répit », devaient être entérinés par les tribunaux pour être opposés aux créanciers. Les créanciers étaient alors libres de les contester lors des procès à fin d’entérinement ouverts par leurs débiteurs et le juge royal était d’ailleurs loin d’entériner aisément les répits. Le Châtelet de Paris déboutait d’ailleurs la majorité des impétrants de leur répit [118]. Mais dans ces cas, le débiteur obtenait le plus souvent de son créancier un aterminement, le répit apparaissant donc comme un puissant moyen de pression pour obtenir des délais de la part du créancier. Le roi exhortait ainsi les créanciers à la patience, qui était érigée en vertu créancière cardinale. Amitié, charité et patience faisaient partie des recommandations de la morale commune de la dette et elles y voisinaient non sans risque avec les recommandations de saine gestion rappelées par une Christine de Pisan. Le stéréotype du créancier impitoyable est un indicateur de la stabilité de ce discours constamment revalidé devant les tribunaux, mais aussi dans la prédication et dans la littérature morale. Le créancier impitoyable est surtout le personnage d’un exemplum tiré d’une parabole christique qui a été régulièrement illustrée en France aux XIVe et XVe siècles [119].

27 Si le créancier devait conduire la gestion de ses créances à distance de l’écueil de l’usure, l’endetté devait conformer son comportement à d’autres modèles. L’auteur du Ménagier rappelle ainsi que la charité des « bons créanciers », c’est-à-dire les bonnes dispositions des créanciers patients, devait être entretenue par « l’amour » du débiteur, manifesté par sa bonne volonté et des remboursements réguliers : et vos bons creanciers faictes paier voulentiers et souvent de ce que vous leur devrez et les tenez en amour afin qu’ils ne vous changent, car l’en n’en recueuvre mie bien tousjours de bien paisibles[120]. Ces recommandations tactiques sous la plume de l’auteur du Ménagier prennent un tour impératif chez Guillaume de Tignonville, futur prévôt de Paris des années 1401 à 1408. Il comptait au nombre des œuvres de miséricorde et de libéralité, non le prêt aux nécessiteux, mais la « satisfaction des créanciers ». Il énumérait ainsi, dans les Ditz Moraulx qu’il écrivit entre 1392 et 1401 : Reconfortez les angoisseux et les tristes, rachetez les prisonniers, curez les malades, revestez les nuds, repaissez ceulx qui ont fain, donnez a boire à ceulx qui ont soif, hebergiez les pelerins, faictes satisfaction a vos creanciers[121]. Les injonctions morales s’adressaient donc aussi à l’endetté sommé de prouver sa bonne foi à ses prêteurs. Il devait se tenir à distance des stéréotypes négatifs de l’escroc et du prodigue insouciant.

28 Cette « satisfaction des créanciers » passait par certaines étapes. Où par exemple négocier et renégocier les conditions de remboursement ou d’échelonnement de la dette ? La taverne apparaît comme le meileur lieu pour mener de telles discussions, soit directement [122], soit par l’intermédiaire d’amis [123]. C’est là que l’on fait le compte de ce qui est dû, de ce qui a été prêté et versé, c’est là qu’on transige et « compose » sur un nouveau montant et une nouvelle échéance.

29 C’est cet ensemble de considérations morales et de règles pratiques non écrites sur les manières adéquates de conduire une relation de crédit qui participait, aux côtés de quelques institutions juridiques formelles, à la régulation d’une économie du crédit très diffuse, multilatérale et fortement personnalisée.

6. Politique du crédit

30 Il faut aller plus loin : la conduite des relations de crédit était alors un élément important de la définition de l’identité civique de chacun. Si le pauvre à qui l’on refusait tout crédit était de plus en plus souvent identifié en Italie comme un non citoyen exclu de la communauté civique [124], dans le royaume de France, la ligne de partage opposait les « ménagiers » « de bon gouvernement » à ceux de « petit » ou de « mauvais gouvernement », c’est-à-dire les bons et les mauvais gestionnaires des deniers domestiques, à l’égard desquels la justice publique devait mettre en place des procédures différentes. Ainsi se diffusent entre XIIIe et XVe siècles l’emprisonnement [125] et l’excommunication pour dette [126] à Paris comme dans une partie du royaume de France, tandis qu’ailleurs se répandaient l’ostagium[127] et le bannissement [128]. Les puissances publiques ont ainsi développé et mis à la disposition des créanciers, à partir du XIIIe siècle, un arsenal impressionnant de procédures et de mesures de contrainte contre les endettés, qui faisait des autorités publiques le garant ultime du crédit privé. Ces procédures de contrainte étaient autant d’épreuves de la sortie de la communauté chrétienne et politique, de l’identité civique, qui participaient à une prise en charge politique de la relation de crédit. L’honneur, la fama[129], la renommée des gens de bien passaient par la prise en considération de la gestion de leurs biens et, en particulier, de leurs comportements de crédit. Ainsi se traça, l’identité entre marché et civitas politique et chrétienne [130], ainsi s’affirmèrent la périphérisation civique et l’infamie des pauvres endettés [131].

31 Le roi de France, on l’a vu, pouvait faire preuve de miséricorde et concéder sa grâce à des endettés. Mais il ne devait pas venir ainsi en aide à tous les pauvres, il devait réserver ses répits aux endettés victimes de cas de force majeure, comme les guerres, les catastrophes naturelles et les vols [132]. Dans les formulaires de chancellerie, c’est-à-dire les recueils de modèles de lettres royales à l’usage des notaires et secrétaires de chancellerie, les destructions engendrées par les guerres et les ruines causées par les aléas climatiques justifiaient principalement le répit. Les notae adressées aux secrétaires et notaires de chancellerie, qui assortissaient nombre de formulaires au XVe siècle, restreignent encore la bonté royale. Les dettes issues des pertes de jeu étaient ainsi généralement exclues. Les destructions antérieures à une dizaine d’années, qui auraient pu entraîner la réduction des biens du débiteur, étaient exclues également, peut-être parce que la mémoire précise des destructions se perdait alors. Étaient surtout exclues les pertes dues au « mauvais gouvernement » du débiteur [133]. Le débiteur méritant la grâce royale était donc un homme « de bon gouvernement », un bon ménagier victime d’infortunes qui le dépassaient et dont le roi, garant de la prospérité du pays, était ainsi rendu comptable [134]. Si l’on ajoute que le répit a initialement été mis au point à la fin du XIIe siècle comme une faveur collective concédée aux croisés, puis aux victimes de l’usure juive, on comprendra que cette intervention royale contribuait aussi à la définition d’un ordre économique chrétien idéal.

32 L’emprisonnement pour dette, pratiqué au Châtelet royal de Paris aux XIVe et XVe siècles, que l’on pourrait voir comme un mécanisme favorisant un marché du crédit, sécurisant des créances passées en dépit d’une information lacunaire ou d’un doute sur la solvabilité de l’emprunteur jetait aussi l’opprobre du scandale sur celui qui était amené entre des sergents à la geôle du Châtelet de Paris [135]. L’endetté insolvable acculé à la faillite, appelée cession de biens, était réputé infâme et ne pouvait plus prétendre à un certain nombre de charges publiques [136]. Cette infamie ne pouvait être abolie [137] et l’infâme réhabilité a sa bonne fame et renommee et en tous ses biens meubles et heritages[138] que par le roi. Ce déshonneur de l’endetté est une construction sociale datable des XIVe et XVe siècles pour le cœur du royaume. Elle est antérieure dans certaines villes d’Italie, de Provence et de Languedoc [139]. À Paris, elle se renforcerait au XVIe siècle quand la cession de biens prendrait la forme d’un rituel public, accompli en pleine ville, au pied de la croix du pilori des Halles et en présence du bourreau [140].

33 Vivre à crédit dans une ville sans banque était non seulement possible, mais universel. Cela requérait une discipline du comportement de la part de tous, une gestion comptable de la part de ceux qui disposaient de quelque trésorerie, une conduite souple d’un ensemble de relations personnelles et d’affects, la mobilisation éventuelle des rares prêteurs professionnels et d’informateurs. Cette discipline, guidée par les théologiens et les moralistes, était favorisée par des régulations institutionnelles, qui prenaient en charge la relation de crédit comme une relation fondamentale de la communauté politique citadine, de manière particulièrement lourde à Paris, où furent associés excommunication, emprisonnement et, parfois, infamie contre les endettés les plus rétifs à cette discipline.

Notes

  • [1]
    Dossier « Réseaux de crédit en Europe, XVIe – XVIIIe siècles », Annales. Histoire, Sciences sociales, t. 49, 1994, p. 1335 – 1442 ; Des personnes aux institutions. Réseaux et culture du crédit du XVIe au XXe siècle en Europe, éd. L. FONTAINE, G. POSTEL-VINAY, J.L. ROSENTHAL, P. SERVAIS, Louvain-la-Neuve, 1997 ; Endettement paysan et crédit rural dans l’Europe médiévale et moderne. Actes des XVIIes journées internationales d’histoire de l’abbaye de Flaran (septembre 1995), éd. M. BERTHE, Toulouse, 1998 ; C. MULDREW, The Economy of Obligation. The Culture of Credit and Social Relations in Early Modern England, Londres, 1998 ; Crédit et société : les sources, les techniques et les hommes (XIVe – XVIe s.), éd. J.M. CAUCHIES, Publication du Centre européen d’Études bourguignonnes (XIVe – XVIe s.), t. 39, 1999, paru également sous le titre Credito e società : le fonti, le tecniche e gli uomini secc. XIV – XVI, Asti, 2003 ; J. SHATZMILLER, Shylock revu et corrigé. Les juifs, les chrétiens et le prêt d’argent dans la société médiévale, Paris, 2000 ; Credit and Debt in Medieval England c. 1180 – c. 1350, éd. P.R. SCHOFIELD, N.J. MAYHEW, Oxford, 2002 ; L’argent des campagnes. Échanges, monnaie, crédit dans la France rurale d’Ancien Régime, éd. P. MINARD, D. WORONOFF, Paris, 2003 ; M.C. FINN, The Character of Credit. Personal Debt in English Culture, 1740 – 1914, Cambridge, 2004 ; La dette et le juge. Juridiction gracieuse et juridiction contentieuse du XIIIe au XVe siècle (France, Italie, Espagne, Angleterre, Empire), éd. J. CLAUSTRE, Paris, 2006 ; Soziale Praxis des Kredits 16. – 20. Jahrhundert, éd. J. SCHLUMBOHM, Hanovre, 2007 ; L. FONTAINE, L’économie morale. Pauvreté, crédit et confiance dans l’Europe préindustrielle, Paris, 2008 ; Histoire du crédit (XVIIIe – XXe siècle), Annales. Histoire, Sciences sociales, t. 67, 2012, p. 979-1082.
  • [2]
    R. DE ROOVER, Money, Banking and Credit in Medieval Bruges. Italian Merchant-Bankers. Lombards and Money-Changers. A Study in the Origins of Banking, Cambridge, 1948 ; ID., L’évolution de la lettre de change (XIV – XVIIIe siècles), Paris, 1953 ; Local and International Credit in the Middle Ages and the 16th Century. 9th Congress of the International Economic History Association (Berne 1986), éd. H. DUBOIS, Berne, 1986.
  • [3]
    F. Menant propose une typologie en trois types de crédit correspondant à trois modes différents d’information des acteurs (F. MENANT, Pour une histoire de l’information sur le crédit rural au Moyen Âge. Esquisse de problématique et études de cas en Italie du Nord aux XIIe – XIVe siècles, Information et société en Occident à la fin du Moyen Âge. Actes du colloque international tenu à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université d’Ottawa (9 – 11 mai 2002), éd. C. BOUDREAU, K. FIANU, C. GAUVARD, M. HÉBERT, Paris, 2004, p. 135 – 149).
  • [4]
    Ainsi É. Perroy voyait-il un lien entre diffusion de l’endettement et dépression tardomédiévale (É. PERROY, À l’origine d’une économie contractée : les crises du XIVe siècle, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, t. 4, 1949, p. 167 – 182).
  • [5]
    M. MOLLAT, P. WOLFF, Ongles bleus, Jacques et Ciompi. Les révolutions populaires en Europe aux XIVe – XVe s., Paris, 1970, rééd. 1993, p. 32 – 34 ; C. DE LA RONCIÈRE, Prix et salaires à Florence au XIVe siècle (1280 – 1380), Rome, 1982, p. 771 – 790, spéc. p. 772, 779, 783.
  • [6]
    J. DRENDEL, Le crédit dans les archives notariales de Basse-Provence (haute vallée de l’Arc) au début du XIVe siècle, Notaires et crédit dans l’Occident méditerranéen médiéval, éd. F. MENANT, O. REDON, Rome, 2004, p. 279 – 305.
  • [7]
    Voir les cas régionaux présentés dans La dette et le juge ; L. RENAULT, Tabellions et crédit dans les campagnes normandes au XVe siècle. Quelques hypothèses, Tabellions et tabellionages de la France médiévale et moderne, éd. M. ARNOUX, O. GUYOTJEANNIN, Paris, 2011, p. 121 – 143.
  • [8]
    D. BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval. Droit, pouvoir et société en Béarn, Toulouse, 2008, p. 200 – 201.
  • [9]
    C. GUILLERÉ, Notariat et crédit : Gérone et ses campagnes dans les années 1330 – 1340, Notaires et crédit, p. 218.
  • [10]
    ID., Le notariat catalan au XIVe siècle à travers l’exemple géronais : structures, production et clientèles, Le notaire entre métier et espace public en Europe, VIIIe – XVIIIe siècle, éd. L. FAGGION, A. MAILLOUX, L. VERDON, Aix-en-Provence, 2008, p. 77 et n. 46.
  • [11]
    L. KUCHENBUCH, Les baguettes à entailles, une comptabilité sans écriture, Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, éd. N. COQUERY, F. MENANT, F. WEBER, Paris, 2006 ; M. KENISTON MC INTOSH, Working Women in English Society 1300 – 1620, Cambridge, 2005, p. 88 – 89.
  • [12]
    Dans le livre de la filiale parisienne de la compagnie des Gallerani, daté de 1306, sur 244 prêts, on compte une vingtaine de cas de prêts sur parole et sans lettre et de rares cas d’objets engagés (G. BIGWOOD, A. GRUNZWEIG, Les livres des comptes des Gallerani, t. 1, Bruxelles, 1961, p. 123 – 209).
  • [13]
    K. FIANU, Enregistrer la dette : le témoignage des sources de la justice gracieuse à Orléans (XIIIe – XVe siècle), La dette et le juge, p. 146, 150 pour des inventaires après décès de chanoines parisiens du XVe siècle. A contrario, N. COULET, Les créances dans l’inventaire après décès de Salvet de Berre, Notaires et crédit, p. 267 : sur 150 opérations de crédit d’un juif listées en 1424, trois sont passées sous seing privé et trois sans écrit seulement.
  • [14]
    R.H. BRITNELL, B.M.S. CAMPBELL, A Commercialising Economy. England 1086 to c. 1300, Manchester – New York, 1995.
  • [15]
    L.R. POOS, A Rural Society after the Black Death : Essex 1350 – 1525, Cambridge, 1991, p. 35 ; M. KOWALESKI, Local Markets and Regional Trade in Medieval Exeter, Cambridge, 1995, p. 347 – 349 ; R.H. BRITNELL, Growth and Decline in Colchester, 1300 – 1525, Cambridge, 1986, p. 98 – 103.
  • [16]
    P. NIGHTINGALE, Monetary Contraction and mercantile Credit in later medieval England, Economic History Review, 2e sér., t. 43, 1990, p. 560 – 575 ; J. DAY, Contraction monétaire et déclin économique aux XIVe – XVe siècles, dans ID., Monnaies et marchés au Moyen Âge, Paris, 1994, p. 101 ; N. SUSSMAN, The late medieval Bullion Famine Reconsidered, The Journal of Economic History, t. 58, 1998, p. 126 – 154. Sur la géographie et la chronologie de cette contraction monétaire, voir M. BOURIN, S. CAROCCI, F. MENANT, L. TO FIGUERAS, Les campagnes de la Méditerranée occidentale autour de 1300 : tensions destructrices, tensions novatrices, Annales. Histoire, Sciences sociales, t. 66, 2011, p. 686 – 687, 691.
  • [17]
    Sur le cas de Dijon, voir T. DUTOUR, Crédit et rapports sociaux dans une société urbaine à la fin du Moyen Âge. L’exemple de Dijon au XIVe siècle, Credito e societa’, p. 79.
  • [18]
    F. MENANT, L’Italie des communes (1100 – 1350), Paris, 2005, p. 299 – 304.
  • [19]
    M. BERTHE, Marché de la terre et hiérarchie paysanne dans le Lauragais toulousain vers 1270 – vers 1320, Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, p. 300.
  • [20]
    La Péninsule ibérique aurait ainsi largement échappé à la difficile « conjoncture de 1300 » (BOURIN, CAROCCI, MENANT, TO FIGUERAS, Les campagnes de la Méditerranée occidentale, p. 691).
  • [21]
    A. GIRARDOT, Le droit et la terre. Le Verdunois à la fin du Moyen Âge, Nancy, 1992, p. 288, relève des autodéditions de paysans endettés envers des églises dans la période 1280 – 1305.
  • [22]
    R. DE ROOVER, Le marché monétaire à Paris du règne de Philippe le Bel au début du XVe siècle, Comptes rendus des Séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. 112, 1968, p. 548 – 558.
  • [23]
    J. FAVIER, La société parisienne et l’activité bancaire au XVe siècle, Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île de France, t. 97, 1970, p. 28 – 30 ; ID., Une ville entre deux vocations : la place d’affaires de Paris au XVe siècle, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, t. 28, 1973, p. 1245 – 1279 qui se conclut par cette phrase : « La capitale avait asphyxié sa banque. » Dans le même sens, H. DUBOIS, Crédit et banque en France aux deux derniers siècles du Moyen Âge, Banchi publici, banchi privati e monti di pietà nell’Europa preindustriale. Administrazione, tecniche operative e ruoli economici. Atti del convegno Genova, 1 – 6 octobre 1990, Gênes, 1991, p. 777.
  • [24]
    M. ARNOUX, J. BOTTIN, Paris comme centre d’une région drapière, XIIe – XVIe siècles, Mémoires de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île-de-France, t. 51, 2000, p. 49 – 52.
  • [25]
    J.Y. GRENIER, L’économie d’Ancien Régime. Un monde de l’échange et de l’incertitude, Paris, 1996, p. 91 en particulier.
  • [26]
    FAVIER, Une ville entre deux vocations, p. 1275 : « […] les procédures administratives suppléaient pour l’essentiel la fonction bancaire en matière de transfert […] la banque n’avait jamais été distincte de la marchandise ».
  • [27]
    E.S. HUNT, The Medieval Super-Companies. A Study of the Peruzzi Company of Florence, Cambridge, 1994, p. 3 – 4, 39, 65.
  • [28]
    FAVIER, Une ville entre deux vocations.
  • [29]
    M. REY, Le domaine du roi et les finances extraordinaires sous Charles VI, 1388 – 1413, Paris, 1965, p. 49 et n. 3, 64 – 65, 92 – 93.
  • [30]
    A. VIDIER, L. LE GRAND, P. DUPIEUX, Comptes du domaine de la Ville de Paris, t. 1, 1424 – 1457, Paris, 1948, p. XXX, col. 590 – 591, pour un exemple tiré du compte de 1447 – 1449 ; J. MONICAT, Comptes du domaine de la Ville de Paris, t. 2, 1457 – 1489, Paris, 1958, col. 470 – 471, pour quelques exemples tirés du compte de 1488 – 1489. Mais ces comptes n’évoquent que les finances ordinaires de la ville, à l’exclusion des finances extraordinaires. Le développement des rentes sur l’Hôtel de ville de Paris dans la gestion de la dette publique après 1522 est étudié par K. BÉGUIN, Estimer la valeur de marché des rentes d’État sous l’Ancien Régime. Une contribution aux méthodes de l’histoire sociale, Histoire et mesure, t. 26/2, 2011, p. 3 – 30. Sur le développement des rentes municipales viagères à partir du XIIIe siècle, voir J.D. TRACY, On the Dual Origins of the Long-Term Urban Debt in Medieval Europe, Urban Public Debts. Urban Government and the Market for Annuities in Western Europe (14th – 18th centuries), éd. M. BOONE, K. DAVIDS, P. JANSSENS, Turnhout, 2003, p. 13 – 23.
  • [31]
    Ce qu’a parfaitement établi FAVIER, Une ville entre deux vocations, p. 1272.
  • [32]
    REY, Le domaine du roi, p. 61, 241.
  • [33]
    FAVIER, Une ville entre deux vocations, p. 1246 – 1247, 1271.
  • [34]
    Voir notamment O. LANGHOLM, Economics in the Medieval Schools. Wealth, Exchange, Value, Money and Usury according to the Paris Theological Tradition, 1200 – 1350, Leyde – New York – Cologne, 1992 ; J. KAYE, Economy and Nature in the Fourteenth Century. Money, Market Exchange, and the Emergence of Scientific Thought, Cambridge, 1998, p. 6 – 7 ; J. LE GOFF, Le Moyen Âge et l’argent, Paris, 2010, p. 116 – 117, et surtout E. MARMURSZTEJN, L’autorité des maîtres. Scolastique, normes et société au XIIIe siècle, Paris, 2007, p. 191 – 215.
  • [35]
    B. SCHNAPPER, Les rentes au XVIe siècle. Histoire d’un instrument de crédit, Paris, 1956, qui fait des incursions dans le XVe siècle ; S. ROUX, Le quartier de l’Université à Paris du XIIIe au XVe siècle. Étude urbaine, Thèse dactylographiée, Université Paris X – Nanterre, 1989.
  • [36]
    C. BÉCHU, Une typologie des actes notariés du XVe siècle : l’exemple du minutier central des notaires de Paris, Problèmes et méthodes d’analyse historique de l’activité notariale (XVe – XIXe siècles). Colloque de Toulouse (15 – 16 septembre 1990), éd. J.L. LAFFONT, Toulouse, 1991, p. 76 – 78.
  • [37]
    PARIS, Bibliothèque nationale de France (= BnF), mss fr. 10816 (années 1390), 18419 (début du XVe siècle) ; JACQUES D’ABLEIGES, Grand coutumier de France, éd. E. LABOULAYE, R. DARESTE, Paris, 1868, qui reprend l’édition gothique du coutumier parisien. Pour le détail de la démonstration, nous nous permettons de renvoyer à J. CLAUSTRE, Dans les geôles du roi. L’emprisonnement pour dette à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, 2007, spéc. p. 84 – 89.
  • [38]
    Voir Monti di Pietà e presenza ebraica in Italia (secoli XV – XVIII), éd. D. MONTANARI, Rome, 1999.
  • [39]
    FONTAINE, L’économie morale, p. 175 – 179.
  • [40]
    J. KRYNEN, Idéal du prince et pouvoir royal en France à la fin du Moyen Âge (1380 – 1440). Étude de la littérature politique du temps, Paris, 1981, p. 193 – 194 ; V. BRANTS, Philippe de Maizières et son projet de banque populaire (1389), Revue catholique de Louvain, t. 49, 1880, p. 591 – 602 ; ID., Coup d’œil sur les débuts de la science économique dans les écoles françaises aux XIIIe et XIVe siècles, Louvain – Paris, 1881, p. 74 ; C. JOURDAIN, Mémoire sur les commencements de l’économie politique dans les écoles du Moyen Âge, Paris, 1874, p. 1 – 51, spéc. p. 38 – 39.
  • [41]
    GUILLAUME DURAND DE SAINT-POURÇAIN, In Petri Lombardi Sententias Theologicas Commentariorum libri IIII, Venise, 1571, lib. III, distinct. XXXVII, quaest. II (utrum tradere mutuum sub usure sit licitum. Tho. 2.2.9.78. art. I), p. 281, § 6.
  • [42]
    PHILIPPE DE MÉZIÈRES, Le Songe du vieil pelerin, éd. G.W. COOPLAND, t. 2, Cambridge, 1969, p. 284 – 292, § 246.
  • [43]
    Le Ménagier de Paris, Paris, 1846, rééd. R. LEHOUCQ, t. 1, Lille, 1992, p. 58.
  • [44]
    CHRISTINE DE PIZAN, Le livre des trois vertus, éd. C.C. WILLARD, E. HICKS, Paris, 1989, p. 205 – 207.
  • [45]
    Ibid., p. 206 : Et lui [à son mari] conseille que le moins qu’il puet face de creance, se il ne scet bien ou et a qui ; car par ce plusieurs viennent a povreté, quoy que aucunes foiz la convoitise de plus gaignier, ou de la grant offre que on leur fait, leur face faire.
  • [46]
    Inventaire et testament analysés et commentés dans A. TERROINE, L. FOSSIER, Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire, t. 3, 1330 – début du XVe siècle, Paris, 1976, p. 87 – 93, no84 ; Paris, Archives nationales de France (= ANF), S 6458, no 8, 6 – 28 décembre 1339 (inventaire après décès) : […] item quedam zona de serico ardenti cum ferratura argentea cum clavibus placis deauratis esmailliatis que dicebatur esse in pignore penes dictum defunctum, item quedam zona de visetis cum perlis et aliis lapidibus que etiam erat in pignore, item quedam corona argentea deaurata esmailiata cum perlis et due alie parve corone argentee deaurate existentes in quodam parvo coffrello ligneo et dicitur quod erant in pignore pro decem libris par. prout scriptum erat desuper dictum scrineum, item quedam alia coronoa gracilis esmailliata cum perlis et aliis lapidibus et uno gratili capello in parva cassia lignea qui dicuntur esse in pignore pro viginti libri par. ut etiam de super scriptum erat […].
  • [47]
    Au sens où l’entend G. Levi quand il évoque la segmentation des sociétés médiévales et modernes. Voir G. LEVI, Comportements, ressources, procès : avant la « révolution » de la consommation, Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, éd. J. REVEL, Paris, 1996, p. 195 : « Dans une société segmentée en corps, les conflits et les solidarités intervenaient souvent entre égaux ; ceux-ci étaient en compétition à l’intérieur d’un segment donné qui se caractérisait par l’existence de formes de consommation organisées, hiérarchisées et lourdement investies de valeurs symboliques […]. »
  • [48]
    Dans le même sens, également à partir d’inventaires après décès, mais à Crémone au XIIIe siècle (MENANT, Pour une histoire de l’information).
  • [49]
    Dans le même sens, en Angleterre au XVe siècle : KENISTON MC INTOSH, Working Women, p. 87 – 88.
  • [50]
    Registre criminel du Châtelet de Paris du 6 septembre 1389 au 18 mai 1392, éd. H. DUPLÈS-AGIER, t. 1, Paris, 1861 – 1864, p. 254 – 268.
  • [51]
    Ibid. : [Marguerite] dit que plusieurs fois elle a veu & cogneu ledit Colin & sa femme, lesquelz sont ses comperes, & de sondit mary, d’un enfant eu par la famme dudit Colin, avec lesquelz sondit mary & elle ont plusieurs fois beu & mengé ensamble.
  • [52]
    Pour le détail de l’affaire, nous nous permettons de renvoyer à J. CLAUSTRE, La dette, la haine et la force : les débuts de la prison pour dette à la fin du Moyen Âge, Revue historique, t. 644, 2007, p. 797 – 820.
  • [53]
    Pour des exemples pris dans le registre d’écrous de 1488 – 1489, voir ID., Dans les geôles du roi, p. 202 – 211.
  • [54]
    Certaines confréries organisaient le crédit en leur propre sein. Voir le cas de la confrérie Sainte-Marie-de-la-Sainte-Trinité de Hull : D.J.F. CROUCH, Piety Fraternity and Power. Religious Gilds in Late Medieval Yorkshire 1389 – 1547, York, 2000, chap. 6.
  • [55]
    Sur le cas douaisien, voir M.C. HOWELL, The Marriage Exchange. Property, Social Place, and Gender in Cities of the Low Countries, 1300 – 1550, Chicago, 1998, p. 150 – 152.
  • [56]
    Par exemple, à Bâle et Zürich : H.J. GILOMEN, Der Kleinkredit in spätmittelalterlichen Städten. Basel und Zürich im Vergleich, Städtische Wirtschaft im Mittelalter. Festschrift für Franz Irsigler zum 70. Geburtstag, éd. R. HOLBACH, M. PAULY, Cologne – Weimar – Vienne, 2011, spéc. p. 109 – 110.
  • [57]
    C. COUDERC, Les comptes d’un grand couturier parisien du XVe siècle, Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, t. 38, 1911, p. 118 – 192.
  • [58]
    CLAUSTRE, Dans les geôles du roi, p. 212, 224 – 227.
  • [59]
    Ce constat rejoint celui que faisait G. Fourquin qui doutait que les constitutions de rente aient été le vecteur principal du financement de la reconstruction entre le milieu du XVe siècle et les années 1520 – 1530. Voir G. FOURQUIN, Les campagnes de la région parisienne à la fin du Moyen Âge, Paris, 1964, p. 498.
  • [60]
    COUDERC, Les comptes d’un grand couturier parisien, p. 126.
  • [61]
    Partiellement identifiée dans Ibid., p. 127 – 132.
  • [62]
    Ibid., p. 137, 140 – 141, 145, nos 30 (vers 1428), 31, 43, 46, 47, 69, 81, 160.
  • [63]
    Rythme déduit d’entrées datées (Ibid., p. 140, nos 43, 46).
  • [64]
    Pas plus qu’à d’autres de ses clients, comme maître Gallas (Ibid., p. 141, 144 – 146, 177 – 178, nos 48, 65, 66, 70, 159).
  • [65]
    Ibid., p. 181, no 170.
  • [66]
    Ibid., p. 176, no 155.
  • [67]
    Ibid., p. 172 – 173, no 148.
  • [68]
    Ibid., p. 122.
  • [69]
    Ibid., p. 144, no 64.
  • [70]
    Ibid., p. 127 – 128.
  • [71]
    Voir par exemple BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval, p. 297 – 298, sur le Béarn.
  • [72]
    On prendra pour exemple dans les notes qui suivent le collège de Dormans-Beauvais qui offre une belle série de comptes : PARIS, ANF, S 6365 – 2, ff. 58v – 59v (compte de 1463 – 1464, énumération des arrérages dus au collège avec leurs causes et les poursuites engagées contre les endettés).
  • [73]
    PARIS, ANF, H3 2785*6, fol. 81r (compte de 1410 – 1411) : le collège a fait « sceller l’huis de la maison Robert Salmon rue des Escoufles pour 130 l. par. dus au collège » et fera vendre certains des gages du mauvais payeur.
  • [74]
    PARIS, ANF, H3 2785*4, ff. 80v – 81r, 94v, 103v (compte de 1395 – 1396) : le collège passe un accord au sujet d’une rente due par Nichole Larcour, curé de Saint-Sauveur, sur une maison rue de la Vannerie.
  • [75]
    PARIS, ANF, H3 2785*6, fol. 82r (Jehan Le Rouge fermier du Plessis L’Évêque est en dette à l’égard du collège) ; H3 2785*4, fol. 134v (compte de 1396 – 1397) : le nouveau fermier du collège à Brie-Comte-Robert exige un prêt de 23 l. 5 s. par. : Item baillé pour prest a Perrot Le Fevre nouveau fermier des terres de Brayeconterobert au commencement de sa ferme car autrement ne les eust il point prises a ferme […].
  • [76]
    Sur l’interprétation des arrérages seigneuriaux comme une expression essentielle de la domination seigneuriale, voir J. DEMADE, La fonction de l’endettement et de la justice dans le rapport seigneurial, ou la grâce comme contrainte (Franconie, XVe siècle), La dette et le juge, p. 69 – 119.
  • [77]
    CHRISTINE DE PIZAN, Le livre des trois vertus, p. 206 : Avec ce, doit amonnester son mary que ilz vivent si sobrement que la despence ne passe la gaingne, si que au bout de l’an ne se treuvent endebtéz.
  • [78]
    D. COURTEMANCHE, Œuvrer pour la postérité : les testaments parisiens des gens du roi au début du XVe siècle, Paris – Montréal, 1997. L’expression classique est : […] il voult et ordonna expressement et avant toutes autres choses toutes ses debtes estre paiees.
  • [79]
    Ainsi en Béarn, BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval, p. 144 – 146.
  • [80]
    FIANU, Enregistrer la dette.
  • [81]
    Une perspective rationalisante sous-tend certaines études sur la scripturalité médiévale, à commencer par J. GOODY, La raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, Paris, 1978 ; ID., Pouvoirs et savoirs de l’écrit, Paris, 2007. La notion de rationalités pratiques spécifiques comme la liste, le compte, l’inventaire, qui entraînent la possibilité de classer et de mettre en catégories, est en revanche soutenue dans Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, éd. N. COQUERY, F. MENANT, F. WEBER, Paris, 2006.
  • [82]
    Ce constat doit peut-être être rapproché de la différence de culture commerciale, bien connue, entre l’espace français et les espaces méditerranéen et flamand. Voir par exemple P. STABEL, Entre commerce international et économie locale. Le monde financier de Wouter Ameide (Bruges fin XVe – début XVIe siècle), Finances publiques et finances privées au bas Moyen Âge, éd. M. BOONE, W. PREVENIER, Louvain, 1996, p. 75 – 99.
  • [83]
    Selon les mots de P.T. HOFFMAN, G. POSTEL-VINAY, J.L. ROSENTHAL, Des marchés sans prix. Une économie politique du crédit à Paris, 1660 – 1870, Paris, 2001.
  • [84]
    C. PITON, Les Lombards en France et à Paris, Paris, 1892 ; J.R. STRAYER, Italian Bankers and Philip the Fair, dans ID., Medieval Statecraft and the Perspectives of History, Princeton, 1971, p. 239 – 247. Pour un exemple de prêteur « lombard » en Île-de-France, voir C.M. DE LA RONCIÈRE, Un changeur florentin du Trecento : Lippo di Fede del Sega, 1285 env. – 1363 env., Paris, 1973, p. 179 – 194.
  • [85]
    BIGWOOD, GRUNZWEIG, Les livres des comptes ; R. CELLA, La documentazione Gallerani-Fini nell’archivio di stati di Gent (1304 – 1309), Florence, 2009, p. 338 – 355, édite deux rouleaux de prêts des Gallerani de Paris conservés aux Archives de Gand et qui n’avaient jamais été ni inventoriés ni commentés.
  • [86]
    Gandoufle d’Arcelles s’était installé à Paris en 1288. Parmi ses débiteurs se trouvent le comte d’Artois, le comte de Flandre, le comte de Ponthieu et son fils, le comte de Dreux et le vicomte de Melun, de simples chevaliers et écuyers, des communautés urbaines comme Rouen et Pontoise, des artisans de Paris, deux compagnies placentines : A. TERROINE, Gandoufle d’Arcelles et les compagnies placentines à Paris (fin du XIIIe s.), Annales d’Histoire sociale, t. 8, 1945, p. 53 – 74 ; P. RACINE, Homme d’affaires ou « Lombard » : le cas de Gandoufle d’Arcelles, Credito e societa’, p. 25 – 35. Sur la présence des marchands italiens à Paris à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, voir M. ARNOUX, C. BOURLET, J. HAYEZ, Lettres parisiennes du Carteggio Datini. Première approche du dossier, Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, t. 117, 2005, p. 193 – 222.
  • [87]
    B. BOVE, Dominer la ville. Prévôts des marchands et échevins parisiens de 1260 à 1350, Paris, 2004, p. 96, 101.
  • [88]
    GEFFROY DE PARIS (?), Chronique métrique, éd. A. DIVERRÈS, Strasbourg, 1956, p. 150 s. : Je di, seingnors, comment qu’il aille, / Que l’entencion en fu bonne / Mes pire en est mainte personne / Qui devenu est usurier / Et en sera ça en arrier / Trop plus assez qu’estre ne seut / Dont toute povre gent se deut / Car Juïff furent deboneres / Trop plus en fesant telz afferes, / Que ne sont ore crestien. / Pleige demandent et lien ; / gages demandent, et tant escorchent / Que les gens plument et escorchent. Voir C. BALASSE, 1306. L’expulsion des juifs du royaume de France, Bruxelles, 2008.
  • [89]
    PARIS, Archives de la Préfecture de Police, Livre Blanc, fol. 43r.
  • [90]
    Ce Lombard, victime du larrecin, est un prêteur évoqué en termes positifs dans le papier d’Aleaume Cachemarée : […] c’estoit un lombart et homme d’armes, et qui faisoit assez de biens à ceulx de la ville et du pays, et qu’il leur prestoit de l’argent quant ilz en avoient mestier (Registre criminel du Châtelet, t. 1, p. 17).
  • [91]
    Ibid., t. 1, p. 18.
  • [92]
    Ibid., t. 1, p. 33.
  • [93]
    On ne saurait toutefois conclure à une « substitution » au crédit juif après 1394, les attestations antérieures de prêt sur gage effectué par des chrétiens sont trop nombreuses (voir le cas déjà cité de Gérard de Montaigu). Sur cette idée de substitution à Zurich après l’expulsion de 1423, voir H.J. GILOMEN, Die Substitution jüdischer Kredite im Spätmittelalter. Das Beispiel Zürich, Christliches und jüdisches Europa im Mittelalter, éd. L. CLEMENS, S. HIRBODIAN, Trèves, 2011, p. 207 – 233.
  • [94]
    FONTAINE, L’économie morale, p. 105, 132 – 133.
  • [95]
    A. COLLING, Banques et banquiers de Babylone à Wall Street, Paris, 1962, p. 42.
  • [96]
    L. BAUDIN, Le crédit, Paris, 1934.
  • [97]
    En voici quelques-uns : PARIS, ANF, Y 5230, fol. 8v, 12 juin 1430 (Simon Vivien, sergent du roi en Beauvaisis, a emprunté 6 l. t. à Regnault Nepveu mercier, pour payer des dépenses d’hôtel et a donné en seureté […] le bas d’unes cuirasses et un hauberjon de fer) ; Y 5230, fol. 5r, 3 juin 1430 (une femme prénommée Marguerite a emprunté 11 fr. 5 s. p. en 8 saluts d’or à Jehan Chapelle sur un vêtement de drap […] de la façon d’Almaigne […] avecques ses manches […] de drap nuefves froncees sur le poingnet) ; Y 5230, fol. 10v, 17 juin 1430 (Marguerite de Chaumont).
  • [98]
    Voir J. CLAUSTRE, Objets gagés, objets saisis, objets vendus par la justice à Paris (XIVe – XVe s.), Objets sous contraintes. Circulation des richesses et valeur des choses au Moyen Âge, éd. L. FELLER, A. RODRIGUEZ, Paris, 2013, p. 385 – 402.
  • [99]
    K. REYERSON, The Art of the Deal. Intermediaries of Trade in Medieval Montpellier, Leyde – Boston – Cologne, 2002, chap. 5, en particulier, p. 143 – 144, 147 – 153 sur les notaires « prime candidates for informal dissemination of business information […] collecting the commenetary of merchants, transporters, travelers, messengers of various sorts […] », au sujet du notaire Guillelmus Nogareti, représentant des frères Cabanis. Reyerson souligne aussi le rôle des hôteliers, aubergistes, taverniers.
  • [100]
    C’est la thèse défendue pour le XVIIIe siècle par HOFFMAN, POSTEL-VINAY, ROSENTHAL, Des marchés sans prix.
  • [101]
    Les registres civils du Châtelet médiéval comportent quelques mentions de ces cris publics, par exemple PARIS, ANF, Y 5232, fol. 323v, lundi 30 décembre 1454 : Soit crié et publié de par le roy nostre sire et de par monsseigneur le prevost de Paris par les carrefours et autres lieux acoustumez a faire cris en ceste ville de Paris ce qui apres ensuit […] est trouvé et congneu estre dissipent de biens en son usages et de tres petit gouvernement […]. L’en deffend de par le roy nostre sire et de par monseigneur le prevost de Paris […] que avecques ledit maistre Denis Piedefer qui encores est en tuicion et curacion ilz ne facent doresenavant aucuns contractz vendicions marchiez ou autres traictiez ne ne lui facent aucuns prestz […] sans appeler ses parents […]. Publié par les carrefours acoustumez a faire criz corz et a son de trompe par moy Gervais Le Fevre sergent a verge etc.
  • [102]
    Sans doute à la suite de l’ordonnance royale de 1355, qui défendait tous les transports et cessions de créances aux personnes plus puissantes ou privilegiees et aux officiers. Voir O. MARTIN, Histoire de la coutume de la prévôté et vicomté de Paris, Paris, 1922 – 1930, p. 539. Cette ordonnance prétendait réglementer les mouvements de créances entre personnes privées, en excluant de ceux-ci les détenteurs de privilèges juridiques, comme les clercs et les écoliers, et tous les détenteurs d’une puissance sociale.
  • [103]
    Ibid., p. 537 – 539.
  • [104]
    C’était toujours le cas en 1488 puisque le 4 novembre, le clerc de la geôle enregistre clairement que Jehan Tordin porteur des letttres de Denis Adam qui n’avait pas eu de transport de sa part ne pouvait faire arrêter son débiteur Michault Geuffroy.
  • [105]
    Elle ne requérait pas le consentement de l’endetté au début du XVIe siècle, d’après le formulaire notarial parisien de 1528. Les actes de transport d’une debte pour une fois et de transport d’ung loyer ne mentionnent pas la présence des débiteurs originels, dont seuls les noms sont indiqués (Le prothocolle des notaires tabellions greffiers et sergens, Paris, 1528, ff. 57r, 58v – 59r).
  • [106]
    Pour un exemple de partage de l’information du crédit aux dépens de l’emprunteur, voir D. KUSMAN, Asymétrie de l’information et crédit médiéval : les déboires financiers du comte Renaud Ier de Gueldre avec le banquier astésan Tadeo Cavazzone à la fin du XIIIe siècle, Jaarboek voor Middeleeuwse Geschiedenis, t. 12, 2009, p. 76 – 113.
  • [107]
    Par une enquête sur l’activité des notaires du Châtelet que nous avons entreprise. Voir déjà pour les années encadrant 1300, J. CLAUSTRE, C. BOURLET, Le marché de l’acte à Paris à la fin du Moyen Âge. Juridictions gracieuses, notaires et clientèles, Tabellions et tabellionages, p. 51 – 84.
  • [108]
    Sur Montpellier, voir K. REYERSON, Business, Banking and Finance in Medieval Montpellier, Toronto, 1985, p. 64.
  • [109]
    Telle qu’elle est écrite en particulier par G. TODESCHINI, La richezza degli Ebrei. Merci e denaro nella riflessione ebreica e nella definizione cristiana dell’usura alla fine del Medioevo, Spolète, 1989 ; ID. Il prezzo della salvezza. Lessici medievali del pensiero economico, Rome, 1994 ; ID., I mercanti e il tempio : la società cristiana e il circolo virtuoso della ricchezza fra Medioevo ed età moderna, Bologne, 2002 ; ID., Visibilmente crudeli. Malviventi, persone sospette e gente qualunque dal Medioevo all’età moderna, Bologne, 2007 ; ID., Richesse franciscaine. De la pauvreté volontaire à la société de marché, Paris, 2008. Voir également S. PIRON, Le devoir de gratitude. Émergence et vogue de la notion d’antidora au XIIIe siecle, Credito e usura fra teologia, diritto e amministrazione. Linguaggi a confrotto (sec. XII – XVI), éd. D. QUAGLIONI, G. TODESCHINI, G.M. VARANINI, Rome, 2005, p. 73 – 101 ; ID., Perfection évangélique et moralité civile : Pierre de Jean Olivi et l’éthique franciscaine, Ideologia del credito fra Tre e Quattrocento dall’Astesano ad Angelo da Chivasso, éd. B. MOLINA, G. SCARCIA, Asti, 2001, p. 103 – 143 ; V. TONEATTO, La richesse des Franciscains. Autour du débat sur les rapports entre économie et religion au Moyen Âge, Médiévales, t. 60, 2011, p. 187 – 202.
  • [110]
    B. SCHNAPPER, La répression de l’usure et l’évolution économique (XIIIe – XVIe siècles), Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, t. 38, 1970, p. 47 – 75, repris dans ID., Voies nouvelles en histoire du droit. La justice, la famille, la répression pénale (XVIe – XXe siècles), Paris, 1991, p. 24 – 25.
  • [111]
    Sur la relativité de la notion de « taux usuraire », voir C. WYFFELS, L’usure en Flandre au XIIIe siècle, Revue belge de Philologie et d’Histoire, t. 69, 1991, p. 853 – 871.
  • [112]
    Affaire déjà citée : Registre criminel du Châtelet¸t. 1, p. 254 – 268.
  • [113]
    JEAN BRUYANT, Le Chemin de pauvreté et de richesse, 1342, dans Le Ménagier de Paris, t. 2, p. 4 – 42.
  • [114]
    PIERRE GRINGORE, Le Chasteau de labour, 1re éd., Paris, 1499. Voir C. OULMONT, Pierre Gringore. La poésie morale, politique et dramatique à la veille de la Renaissance, Strasbourg – Paris, 1969, p. 87 n. 1.
  • [115]
    JEAN BRUYANT, Le Chemin de pauvreté, p. 25 : Ceux qui te doivent fay contraindre, de les menagier ne te dois faindre, et les mener a povreté sans avoir d’eulx nulle pitié : ne te chault s’ils perdent chevance, mais que tu aies leur substance ; sois tousjours prest de prendre, mais garde-toi bien de riens rendre. La version de Pierre Gringore dans le Chasteau de labour diffère légèrement : Ne paye riens suys plet ou proces / Ne preste riens fors a usure / […] Pren leur substance et nourriture / […] mais garde toy bien de riens rendre / […] jures se tu dois qu’on te doit […], PIERRE GRINGORE, Le Chasteau de labour, Rouen, 1500, ff. 20v, 21r – v.
  • [116]
    CHRISTINE DE PIZAN, La Cité des Dames, trad. E. HICKS, T. MOREAU, Paris, 1986, p. 234 – 235, § 67.
  • [117]
    Sur la signification politique de ces privilèges, voir J. CLAUSTRE, Le répit et le pardon des dettes dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge, Figures politiques du pardon. De l’Antiquité à la Renaissance, éd. É. SCHEID-TISSINIER, T. RENTET, Paris, 2011, p. 99 – 115.
  • [118]
    Pour une analyse plus détaillée de sa jurisprudence entre 1395 et 1455, voir ID., « Donner le temps » : le répit royal à la fin du Moyen Âge, Le Don et le contre-don. Usages et ambiguïtés d’un paradigme anthropologique aux époques médiévale et moderne, éd. L. FAGGION, L. VERDON, Aix-en-Provence, 2011, p. 39 – 57.
  • [119]
    Mt 18, 23 – 35. Voici quelques exemples : PARIS, BnF, mss fr. 178, fol. 41r ; fr. 187, fol. 29r ; MARSEILLE, Bibliothèque Municipale (= BM), ms. 89 (Ars moriendi, 3e tiers du XVe siècle), fol. 40v ; LYON, BM, ms. 245, fol. 159v.
  • [120]
    Le Ménagier de Paris, t. 2, p. 56.
  • [121]
    GUILLAUME DE TIGNONVILLE, Ditz Moraulx, éd. R. EDER, Tignonvillana inedita, Romanische Forschungen, t. 33, 1915, p. 914.
  • [122]
    COUDERC, Les comptes d’un grand couturier parisien, p. 181, no 170 : Item, lui ay presté, à la taverne au IIII fils Hemon.
  • [123]
    C’est ce que firent par exemple, le 11 décembre 1488, Estienne de Vosue et Estienne Du Ban qui rencontrèrent Guillaume Benault à la Taverne de la corne de cerf devant le palais royal, ou illec ilz ont diné ensemble pour traictier et paciffier du contenu en ung brevet que ledit Guillaume a sur ung nommé Jehan Guerin, montant la somme de IX l. t., donct ne restoit que IIII l. t. a quoy ledit Estienne de Vosue a traictié chevy et compossé audit Guillaume pour et ou nom dudit obligé (PARIS, ANF, Y 5266, fol. 176v).
  • [124]
    TODESCHINI, Visibilmente crudeli.
  • [125]
    CLAUSTRE, Dans les geôles du roi.
  • [126]
    V. BEAULANDE, Le malheur d’être exclu ? Excommunication, réconciliation et société à la fin du Moyen Âge, Paris, 2006.
  • [127]
    En Provence : R. LAVOIE, Endettement et pauvreté en Provence d’après les listes de la justice comtale, XIVe – XVe siècles, Provence historique, t. 23, 1973, p. 201 – 216 ; en Catalogne : GUILLERÉ, Le notariat catalan ; en Béarn : BIDOT-GERMA, Un notariat médiéval.
  • [128]
    J.L. GAULIN, F. MENANT, Crédit rural et endettement paysan dans l’Italie communale, Endettement paysan, p. 35 – 67 ; J.L. GAULIN, Les registres de bannis pour dettes à Bologne au XIIIe siècle : une nouvelle source pour l’histoire de l’endettement, Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, t. 109, 1997, p. 479 – 499.
  • [129]
    T. FENSTER, D.L. SMAIL, Introduction, et C. WICKHAM, Fama and the Law in Twelfth-Century Tuscany, Fama. The Politics of Talk and Reputation in Medieval Europe, éd. T. FENSTER, D.L. SMAIL, Ithaca – Londres, 2003, p. 9, 19 – 20.
  • [130]
    TODESCHINI, Richesse franciscaine, p. 292.
  • [131]
    Voir J. CLAUSTRE, La honte de l’endetté (Paris, XVe siècle), Shame Between Punishment and Penance. The Social Usages of Shame in the Middle Ages and Early Modern Times, éd. B. SÈRE, J. WETTLAUFER, Florence, 2013, p. 229 – 246.
  • [132]
    Des lettres de respits de dettes de cinq ans, ou à trois ans, ou à un an, peux et dois sçavoir que au Prince est et appartient à faire ceste grace pour trois raisons. L’une si est pour cause de guerre du propre Prince, pour cause de tempeste d’orage, et pour cause de larcin ou de desrobement (JEAN BOUTEILLER, Somme Rural ou le Grand Coustumier de practique civil et canon, éd. L. CHARONDAS LE CARON, Paris, 1603, p. 806).
  • [133]
    Voir les formulaires, PARIS, BnF, mss fr. 5024, 14370, 14371, 5909, 5727.
  • [134]
    KRYNEN, Idéal du prince et pouvoir royal, p. 185 s.
  • [135]
    PARIS, ANF, X1A 8320, fol. 40v, 17 février 1489 ; fol. 63v, 27 mars 1489 ; cas commentés dans CLAUSTRE, Dans les geôles du roi, p. 358 – 359.
  • [136]
    Jean Bouteiller évoque à la fin du XIVe siècle des cas de cession réalisée à seule fin d’éviter les charges publiques (JEAN BOUTEILLER, Somme Rural, p. 800).
  • [137]
    Le 21 mai 1455, Symon des Places, ancien officier royal débiteur du roi, obtint de Charles VII, « l’abolition de l’infamie » consécutive à une cession de biens (N. VALOIS, Le Conseil du roi aux XIVe, XVe, XVIe siècles, Paris, 1888, p. 282).
  • [138]
    Un formulaire manuscrit de la chancellerie royale a conservé la formule d’une lettre royale de reabilitacion pour ung homme qui a fait cession de biens, PARIS, BnF, ms. fr. 5909, ff. 24v – 25r. La formule fut intégrée à un formulaire imprimé du règne de François Ier : Le grant stille et prothocolle de la Chancellerie de France […], Paris, [1515], fol. 115r.
  • [139]
    Une peine publique infamante y est réservée aux banqueroutiers, aux débiteurs faillis suspectés de fraude : au son de la trompe, le débiteur est conduit à un carrefour, son derrière dénudé frappe à trois reprises une pierre, puis les officiers qui l’accompagnent clament le fait (P. TISSET, Placentin et l’enseignement du droit à Montpellier. Droit romain et coutume dans l’ancien pays de Septimanie, Recueil de Mémoires et Travaux publiés par la Société d’Histoire du Droit et des Institutions des anciens Pays de Droit écrit, t. 2, 1951, p. 84 – 85 ; R. AUBENAS, Cours d’histoire du droit privé. Anciens pays de droit écrit, t. 7, Créanciers et débiteurs. Sûretés et voies d’exécution au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime d’après les actes de la pratique, Aix-en-Provence, 1961, p. 115 – 121 ; M. LACAVE, Recherches sur la cessio bonorum dans le droit méridional à la fin du Moyen Âge, Mélanges Roger Aubenas, Recueil de Mémoires et Travaux publiés par la Société d’Histoire du Droit et des Institutions des anciens Pays de Droit écrit, t. 9, 1974, p. 443 – 460 ; ID., Esquisse d’une typologie sociale des systèmes juridiques méridionaux, XIV – XVIe siècles, Confluence des droits savants et des pratiques juridiques. Actes du colloque de Montpellier (1977), Milan, 1979, p. 71 – 90 ; J. HILAIRE, Du crieur public à l’ordinateur : histoire des publicités légales, dans ID., Le droit, les affaires et l’histoire, Paris, 1995, p. 277, n. 1).
  • [140]
    CLAUSTRE, La honte de l’endetté ; ID., Le serment de l’insolvable (Paris, XIVe et XVe siècles), Oralité et lien social au Moyen Âge (Occident, Byzance, Islam) : parole donnée, foi jurée, serment, éd. M.F. AUZÉPY, G. SAINT-GUILLAIN, Paris, 2008, p. 353 – 364 ; C. DUPOUY, Le droit des faillites en France avant le Code du Commerce, Paris, 1960, p. 14 ; P. ZAMBRANA MORAL, Histoire de six articles du Code civil français (les droits du débiteur, honneur et contrainte par corps), Revue historique de Droit français et étranger, t. 82, 2004, p. 595 – 596 ; V. DEMARS-SION, Contribution à l’histoire de la faillite : étude sur la cession de biens à la fin de l’Ancien Régime, Ibid., t. 75, 1997, p. 58 ; HILAIRE, Du crieur public à l’ordinateur, p. 280.
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