Notes
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[1]
Sur Jeanne, voir B. D. BOEHM, A. QUANDT, W. D. WIXOM, The Hours of Jeanne d’Evreux. Acc. No. 54. I.2. The Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection, New York, Lucerne – New York, 2000 ; B. D. BOEHM, Le mécénat de Jeanne d’Évreux, 1300. L’art au temps de Philippe le Bel. Actes du Colloque international, Galeries nationales du Grand Palais, 24 et 25 juin 1998, éd. D. GABORIT-CHOPIN, F. AVRIL, M. C. BARDOS, Paris, 2001, p. 15 – 31 ; C. LORD, Jeanne d’Evreux as a Founder of Chapels. Patronage and Public Piety, Women and Art in Early Modern Europe. Patrons, Collectors, and Connoisseurs, éd. C. LAWRENCE, University Park, 1997, p. 21 – 36. Je tiens à remercier B. BOEHM, G. BRUNEL, O. CANTEAUT, R. C. FAMIGLIETTI, F. HILDESHEIMER, J. LIZOP, C. LORD, M. MORGAT-BONNET, C. RENO et, surtout, D. BERNÉ, pour leurs précieux conseils. Depuis notre première rencontre, j’ai tiré le plus grand profit des réflexions probantes sur Jeanne d’Évreux et son milieu de D. BERNÉ, qui m’a gracieusement permis de consulter sa thèse, Architecture et liturgie. Étude d’une interaction spatiale et mémorielle à Saint-Denis à l’époque gothique, École nationale des chartes, 2008, URL : http://theses.enc.sorbonne. fr/document 1128.html.
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[2]
J. PETIT, Charles de Valois (1270 – 1325), Paris, 1900, p. 236 – 251.
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[3]
E.A. R. BROWN, The King’s Conundrum : Endowing Queens and Loyal Servants, Ensuring Salvation, and Protecting the Patrimony in Fourteenth-Century France, Medieval Futures. Attitudes to the Future in the Middle Ages, éd. J. A. BURROW, I. P. WEI, Woodbridge, 2000, p. 148 – 152 ; ID., The Wills and Codicil of Philip the Fair. Executorial Dilemmas and the Emergence of Absolutism, Herrscher- und Fürstentestamente im westeuropäischen Mittelalter, éd. B. KASTEN, Cologne, 2008, p. 423 – 425, 428, 430.
-
[4]
P. VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, 987 – 1328, Villeneuve d’Ascq, 2000, p. 179 – 180 déclare (sans citer de source) que Jeanne est née en 1310. Le partage de terres que Louis d’Évreux dicta le 6 juin 1318 suggère que Jeanne était plus âgée que sa sœur Marguerite : PARIS, Archives nationales de France (= ANF), JJ 56, ff. 127 – 128v, no 283 (dans un vidimus de Philippe V en date du 11 juin 1318). L’acte ne mentionne que les deux sœurs (Jeanne et Marguerite) et leurs frères Philippe (l’aîné) et Charles († 1336) (fuiz puisnez). Charles et les deux filles étaient apparemment mineurs : après avoir atteint leur majorité, ils durent jurer qu’ils acceptaient les dispositions du partage. L’acte dut prendre effet quand Louis d’Évreux trépassa, à condition que les filles ne soient pas mariées, ce qui implique qu’elles devaient être dotées quand elles se marieraient. Il semble évident, donc, qu’une troisième fille Marie († 30 octobre 1335) fut exclue de l’acte à cause de son mariage en 1314 avec le duc Jean de Brabant – et qu’elle était plus âgée que les autres filles : VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 180, qui suit le Père ANSELME DE SAINTE-MARIE, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, 3e éd., t. 1, Paris, La compagnie des libraires, 1726, p. 281 ; t. 2, p. 797 (dispense de novembre 1308 pour le mariage de Marie et de Jean de Brabant). Selon VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 182, sans source, Philippe d’Évreux est né le 27 mars 1306 (peut-être ancien style, dans la mesure où Pâques tombait le 3 avril en 1306 et le 26 mars en 1307). Cependant, d’après ANSELME, Histoire généalogique, t. 1, p. 282, Philippe avait treize ans ou était dans sa treizième année quand il se maria en 1318 avec Jeanne de France, fille de Louis X et de Marguerite de Bourgogne, née le 28 janvier 1312 (Jeanne n’ayant encore que 7. ans & le comte 13).
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[5]
Pour cette date, voir la Continuation anonyme en français du Memoriale historiarum de JEAN DE SAINT-VICTOR, dans Recueil des historiens des Gaules et de la France (= R.H.G.F.), t. 21, Paris, 1855, p. 682 : En l’an mil III. C. XXIIII. li roys Karles, à qui sa fame estoit morte […] se voult pourveoir de fame, afin que le royaume ne demourast sans hoirs. Et fut traictié de pluseurs dames ; mès en la fin acordé fu par le conseil d’aucun, dont leur cause motive ne fu onques seue, que dispensacion se feist du pape afin que li roys preist à fame Jehanne, sa cousine germainne, fille jadis de Loïs, conte de Esvreus, qui avoit esté frères du père du roy. Et si fist il ; et fu le mariage fait à Aneit, de l’éveschié de Chartres, le V. jour de juliet, ainsi que BERNARD GUI, Arbor genealogie Regum Francorum, PARIS, Bibliothèque nationale de France (= BnF), ms. lat. 4975, fol. 126v ; ms. Nal. 779, fol. 181r : Post hec autem aliam duxit vxorem filiam quondam domini ludouici patruelis sui comitis ebroycensis in secundo gradu consanguinitatis, dispensatione apostolica mediante, quam desponsauit in facie ecclesie die iouis infra octabas apostolorum petri et pauli IIJO. nonas iulij anno domini. Mo. CCCo. XXIIIJo ; voir T. STASSER, The Third Marriage of King Charles IV of France and his Offspring, Medieval Prosopography, t. 14/2, 1993, p. 13 – 15. Selon É. LALOU, Le souvenir du service de la reine : l’hôtel de Jeanne de Navarre, reine de France, en juin 1294, Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Philippe Contamine, éd. J. PAVIOT, J. VERGER, Paris, 2000, p. 414, Charles et Jeanne se sont mariés le 21 juin 1324, date de la première dispense papale. S’appuyant sur ANSELME DE SAINTE-MARIE, Histoire généalogique, t. 1, p. 97, VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 172, déclare que le mariage eut lieu en 1325 (le 5 juillet) au lieu de 1324.
-
[6]
Pour la dispense du 21 juin 1324 : PARIS, ANF, J 437, nos 30, 30ter ; B. BARBICHE, Les actes pontificaux originaux des Archives nationales de Paris, t. 3, Vatican, 1982, p. 186, no 2686 ; pour la seconde dispense du 5 avril 1326 : PARIS, ANF, J 437, nos 30bis, 30quater ; BARBICHE, Les actes pontificaux, t. 3, p. 193, no 2703.
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[7]
STASSER, The Third Marriage of King Charles IV, p. 15 – 17 (la mort de cette fille, Jeanne, avant le 15 janvier 1327) ; Jeanne fut apparemment enterrée dans l’église des franciscains de Nogent-l’Artaud, à environ vingt kilomètres au sud-est de Château-Thierry : M. MENANT, Collection d’extraits des Mémoriaux, Journaux et autres pièces des archives de la Chambre des comptes, t. 6, ROUEN, Bibliothèque municipale (= ROUEN, BM, MENANT, t. 6), ms. 3403, Leber 5870, ff. 137v – 138r.
-
[8]
VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 159, 182 – 189.
-
[9]
[…] Et pource furent semons prelaz & barons et la en despondant. Lors muserent grant piece et en la fin il furent deffraudez de leur desir quant la Royne ot fille (PARIS, BnF, ms. lat. 10132, fol. 408r ; JEAN DE SAINT-VICTOR, Continuation anonyme, p. 685) ; En celle annee (1326) la Royne ot vne fille a chastiau thieri, iasoit ce que len eust conseillié au Roy que volentiers filz nessoient a chastiau thieri. Ne pourquant la Royne y ot filz dont le Roy sen parti a celle iournee de celui chastel. Et en icelui an morut la fille prumiere et einsnee de la roine & fu enterree (PARIS, BnF, ms. fr. 10132, fol. 409v ; JEAN DE SAINT-VICTOR, Continuation anonyme, p. 687). Voir STASSER, The Third Marriage of King Charles IV, p. 18 – 19.
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[10]
PARIS, ANF, J 405, no 1, copie datée du 5 décembre 1336, exécutée à Paris à la Chambre des comptes, par Pierre Tuepain de Gressio, clerc du diocèse de Sens, qui, avec Hugues Boileau, l’un des principaux conseillers de Jeanne d’Évreux, la collationna avec l’original, en présence de sire (dominus) Philippe Duysi, chevalier, et de maître Bertrand de Clauso, chanoine de Paris. Sur Hugues, voir X. DE LA SELLE, Le service des âmes à la cour. Confesseurs et aumôniers des rois de France du XIIIe au XVe siècle, Paris, 1995, p. 307 – 308, ainsi que infra, n. 63.
-
[11]
JEAN DE SAINT-VICTOR, Continuation anonyme, p. 688 ; Chronique parisienne anonyme de 1316 à 1339 précédée d’additions à la Chronique française dite de Guillaume de Nangis (1206 – 1316), éd. A. HELLOT, Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France (= M.S.H.P.I.F.), t. 11, 1884, p. 114 – 115, no 173 ; GUILLAUME DE NANGIS, Chronique latine de 1113 à 1300, avec les continuations de cette chronique de 1300 à 1368, éd. H. GÉRAUD, t. 2, Paris, 1843, p. 85 – 86. Lorsqu’il avance que cet enfant naquit à l’hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins de Paris, dont Charles de Valois fut un patron important, H. L. BORDIER apporte des preuves tirées des comptes de l’hôpital, mais il les date de 1328 – 1329, alors qu’il sont à assigner aux années 1329 – 1330 : La confrérie des Pèlerins de Saint-Jacques et ses archives, M.S.H.P.I.F., t. 1, 1874, p. 198 – 199 ; ID., La confrérie de Saint-Jacques aux Pèlerins, Ibid., t. 2, 1875, p. 395 – 396, cité par J. VIARD, Philippe de Valois, début du règne (février – juillet 1328), Bibliothèque de l’École des chartes, t. 95, 1934, p. 269. Les articles de Bordier furent réimprimés dans ID., L. BRIÈLE, Les archives hospitalières de Paris, 2e part., Confrérie de S. Jacques-aux-Pèlerins de Paris, Paris, 1877. Pour les comptes, PARIS, Archives de l’Assistance publique, Hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins, liasse 79, cote 2254, no 1348.
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[12]
PARIS, ANF, J 405, no 2, autrefois avec sceau de cire rouge sur double queue, par Monsieur le Regent. Ia. de vertus.
-
[13]
Ibid., no 3, délivré à Chartres, avec sceau de cire blanche sur double queue ; sur le repli, à gauche, Autre fois signee ainssi par Monsieur le Regent. Ia. de vertuz. Renouuelee par vous dou commandement le Roy. Feauz, et à droite, Resigillata.
-
[14]
M. L. LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi ». Parenté et politique chez les Évreux – Navarre (1298 – 1425), Thèse de doctorat, Université de Paris X – Nanterre, reprod., Lille, [2004], Annexes, p. 98 ; A. DE MONTAIGLON, Joyaux et pierreries donnés au couvent des Grands Carmes de la place Maubert à Paris par la reine Jeanne d’Évreux en 1349 et 1361, Archives de l’Art français. Recueil de Documents inédits relatifs à l’Histoire des Arts en France, t. 11 (2e sér., t. 1), 1861, p. 448 – 449 (Jehanne par la grace […] Comme par nostre testament, fait ou mois de may, en cest an present, nous, en lonneur de la beneoite vierge Marie, mere de nostre doux sauueur, pour le remede & salut de lame de nostre treschier seigneur que dieux absoille & de nous eussienz laissie & donne a leuure du moustier de nostre dame du couuent des Carmelistes de paris les joyaux ci apres escripz & deuisiez […] ; acte du 21 juin 1349).
-
[15]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 72r – 122r (les comptes de l’exécution, commencée le 28 septembre 1372 et terminée en janvier 1373), 122r – 133r (testament de Jeanne, ordonné à Crécy-en-Brie en mars 1367), 133r – 139r (codicille annexé au testament, émis à Brie-Comte-Robert en octobre 1370), 139r – 139v (codicille, non annexé, daté du même jour), 140r – 140v (commission de Charles V pour l’exécution du testament, daté du 5 juillet 1372, Bois de Vincennes). Ces copies furent faites par Jacques Menant († 1699), auditeur de la Chambre des comptes. Ses transcriptions furent copiées pour la collection des documents concernant l’histoire de France de Gaspard-Moïse-Augustin de Fontanieu (1694 – 1767) : PARIS, BnF, ms. Naf. 7614 (Portefeuilles Fontanieu 90 – 91), ff. 205r – 236v. Pour une copie de l’exécution indépendante et plus complète, voir PARIS, BnF, ms. fr. 7855, p. 341 – 415. L’édition du compte de l’exécution de J.M. C. LEBER (fondée sur les copies de Menant) contient plusieurs erreurs : Collection des meilleurs dissertations, notices et traités particuliers relatifs à l’histoire de France, t. 19, Paris, 1838 p. 120 – 169. Voir LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 296 – 297.
-
[16]
Voir PARIS, ANF, J 405, nos 4 – 11 ; VIARD, Philippe de Valois, début du règne, p. 272 – 273 (l’accord final, daté du mois d’avril 1342, pour lequel voir PARIS, ANF, J 405, no 11, un vidimus du 9 mars 1377).
-
[17]
PARIS, ANF, J 405, no 8, autrefois scellé sur double queue.
-
[18]
Acte inclus dans la dotation de Jeanne de l’abbaye de Saint-Denis du 1er août 1343, PARIS, ANF, K 42B, no 27bis, éd. E.A. R. BROWN, The Testamentary Strategies of Jeanne d’Évreux : The Endowment of Saint-Denis in 1343, Magistra Doctissima. Essays in Honor of Bonnie Wheeler, éd. D. ARMSTRONG, A. W. ASTELL, H. CHICKERING, Kalamazoo, 2013, p. 217 – 247.
-
[19]
PARIS, ANF, JJ 70, ff. 8v – 9r, no 22, daté au mois de mars 1336 (n. st.), à Marseille, et contenant un vidimus des lettres royales de février 1334 (n. st.), délivrées à Paris. En 1336, Pâques tomba le 31 mars et en 1335 le 16 avril.
-
[20]
Ibid., fol. 8v.
-
[21]
Ibid., J 405, no 9, avec sceau de cire blanche sur double queue.
-
[22]
Ibid., no 9 ([…] Si voulons nous & auons octroie & octroions a nostre dicte dame, a sa supplication & requeste, que se elle veult ores ou autres foiz a son uiuant paier en tout ou en partie les lais & ordenance que elle a faiz & fera par testamens, darreniere voulente, ou codicilles faiz ou a faire, ou en ait ia faiz aucuns paiemens, ou ses executeurs ou hoirs en faisoient apres son decez paiemens des autres biens demourez apres le deces de nostre dicte dame auant quil [sic] eussent receu les dictes seize mile liures parisis, que neantmoins les diz executeurs & hoirs puissent leuer et faire leuer & receuoir par leur main la dicte somme).
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[23]
Ibid. ([…] que les paiemens que elle aura faiz a son uiuant des lais & ordenance de son dit testament, codicille & darraine voulente dont il apparra par lettres de tesmoignage du seel de nostre dicte dame, soient de autele & semblable valeur, comme sil estoient faiz apres son decez par ses executeurs & par ses hoirs).
-
[24]
PARIS, Bibliothèque Mazarine, ms. 870, fol. 201r. Sur ce manuscrit et ce traité, voir la notice I – 20 dans M. A. STONES, Manuscripts Illuminated in France, Gothic Manuscripts 1260 – 1320, Turnhout, à paraître ; je tiens à remercier M. A. STONES qui m’a fort gentiment communiqué cette notice avant publication, ainsi que pour ses conseils à propos de la Somme du roi, copiée avec Le mirouer de l’ame dans ce recueil ; voir aussi R.H. et M. A. ROUSE, Illiterati et uxorati. Manuscripts and their Makers. Commercial Book Producers in Medieval Paris 1200 – 1500, t. 1, Londres, 2000, p. 148 – 153. Au début de son testament du 18 mars 1396, Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI et nièce de Jeanne d’Évreux, cite le proverbe Qui petit seme, petit queut, remarque que, selon la saincte escripture, les peschiez et meffaiz peuent estre rachatez par aumosnes et charité, et remercie le Seigneur de lui avoir donné povoir et espace de faire son testament : L. DELISLE, Testament de Blanche de Navarre, reine de France, M.S.H.P.I.F., t. 64, 1885, p. 4.
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[25]
A. TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris sous le règne de Charles VI, Mélanges historiques. Choix de documents, t. 3, p. 241 – 704, et pour les actes testamentaires de Jean Canard, p. 383 – 411 (ici p. 401) ; voir aussi http://corpus.enc. sorbonne.fr/testaments/testament_064. Sur cette question, voir B. SCHNERB, Le testament de Jean Canard, évêque d’Arras (26 février 1405), Évêques et cardinaux princiers et curiaux (XIVe – début XVIe siècle). Des acteurs du pouvoir, éd. M. MAILLARD-LUYPAERT, A. MARCHANDISSE, B. SCHNERB, sous presse. Canard († le 7 octobre 1407), promu évêque d’Arras en 1392, fut l’exécuteur testamentaire de, entre autres, Charles V, Blanche de Navarre (voir la note précédente), Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et Charles VI. Voir, pour Charles V, PARIS, ANF, J 404B, no 37 (son testament d’octobre 1374), ainsi que Mandements et actes divers de Charles V (1364 – 1380) recueillis dans les collections de la Bibliothèque nationale, publiés ou analysés, éd. L. DELISLE, Paris, 1874, p. 949 – 950, no 1956 (mandement daté du 16 septembre 1380) ; pour Blanche de Navarre, ID., Testament de Blanche, p. 4 – 28, surtout p. 26 – 27 (son testament du 18 mars 1396) ; pour le duc de Bourgogne, TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 383 – 384, et, pour Charles VI, PARIS, ANF, J 404B, no 40 (son testament de janvier 1393), éd. G. BESSÉ, Recueil de diverses pièces servant à l’histoire du roy Charles VI : avec un discours qui sert d’instruction & d’inuentaire des matières qu’il continent, dont il n’est pas fait mention dans l’histoire, Paris, A. de Sommaville, 1660, p. 343 – 360 (particulièrement p. 357).
-
[26]
Voir E.A. R. BROWN, La mort, les testaments et les fondations de Jeanne de Navarre, reine de France (1273 – 1305), Une histoire pour un royaume (XIIe – XVe siècle). Actes du colloque Corpus Regni en hommage à Colette Beaune, éd. A. H. ALLIROT, M. GAUDE-FERRAGU, G. LECUPPRE, E. LEQUAIN, L. SCORDIA, J. VÉRONÈSE, M. LEROY, Paris, 2010, p. 124 – 141, 508 – 510 ; BROWN, The Wills and Codicil, p. 418.
-
[27]
Voir ID., Royal Salvation and Needs of State in Early-Fourteenth-Century France, The Monarchy of Capetian France and Royal Ceremonial, éd. ID., Aldershot, 1991, no IV ; cet article révise et élabore les conclusions présentées dans ID., Royal Salvation and Needs of State in Late Capetian France, Order and Innovation in the Medieval West. Essays in Honor of Joseph R. Strayer, éd. W. C. JORDAN, B. MCNAB, T. F. RUIZ, Princeton, 1976, p. 365 – 383, 541 – 561. Voir aussi les remarques pertinentes de E. P. BOUTARIC, La France sous Philippe le Bel. Étude sur les institutions politiques et administratives du Moyen Âge, Paris, 1861, p. 426.
-
[28]
J. VIARD, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois (1328 – 1350), extraits des registres de la chancellerie de France, t. 1, Paris, 1899, p. 35 – 38, no XXXII (36) ; voir BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 1, p. 136 – 139, URL : http://theses.enc.sorbonne.fr/ document 1128.html, p. 8) ; ID., L’action mémorielle des princesses capétiennes à Saint-Denis au XIVe siècle, Histoire de l’art, t. 63, 2008, p. 1 – 10.
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[29]
PARIS, ANF, J 403, no 10. Pierre demanda à Philippe III de consentir à être l’un de ses exécuteurs, mais le sollicita s’il ne le voulut pas, que a noz executeurs soit boens aidierres, et boens defendierres de nostre execucion mettre afin, et que a ce grant besoingn [sic] du salu de nostre ame, nous soit loiaus freres. et loiaus amis. Dans une autre clause, Pierre enjoignit ses exécuteurs à supplier le roi et d’autres personnes que eus nous weillent estre loiaus amis a cestui grant besoing, en ajoutant Et nous meimes les en prions et requerons par les paroles que Iob [Jb, 19, 21] dist, Miseremini mei saltem vos amici mei, quia manus domini tetigit me. Le testament de Pierre fut édité par CHARLES DU FRESNE, sieur DU CANGE, Histoire de Saint Lovys IX. du nom roy de France, 1re part., Paris, S. Mabre-Cramoisy, 1668, p. 181 – 186. Sur Pierre, voir X. HÉLARY, La mort de Pierre, comte d’Alençon (1283), fils de saint Louis, dans la mémoire capétienne, Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 94, 2008, p. 5 – 22 (surtout p. 16 – 17).
-
[30]
Les œuvres de piété d’Aliénor, dernière comtesse de Vermandois et dame de Valois, fournissent un parallèle distant mais pas tout à fait analogue : L. DUVAL-ARNOULD, Les aumônes d’Aliénor, dernière comtesse de Vermandois et dame de Valois († 1213), Revue Mabillon, t. 60, 1984, p. 395 – 463. La charte de 1194 dans laquelle Aliénor distribua la somme de 100 l. p. que Philippe Auguste lui alloua dans leur accord de 1192, est décrite par un de ses éditeurs comme un testament, bien que, en réalité, elle fût plutôt une « charte aumônière », comme l’appelle Ibid., p. 405 (particulièrement n. 34), 432, 438 ; voir aussi Ibid., p. 406 – 407 n. 37 (la désignation comme testament d’un autre acte de Jeanne concernant une de ses dotations) ; à ce propos, voir L. DOUËT-D’ARCQ, Recherches historiques et critiques sur les anciens comtes de Beaumont-sur-Oise, Amiens, 1855, p. 105. En revanche, la permission accordée à Aliénor par Philippe Auguste ressemble fort aux privilèges concédés par Philippe VI à Philippe d’Évreux en février 1334 et à Jeanne d’Évreux le 15 février 1339 (voir supra, n. 19). Noter aussi le privilège semblable du 3 mars 1390 donnée par Charles VI à Blanche de France, fille de Jeanne d’Évreux, qui lui permit de disposer de 500 l. p. de rentes, amorties : PARIS, ANF, JJ 138, fol. 103r – v, no 85 ; JJ 142, ff. 93r – 96r, nos 154 – 159 (le no 157 manque ; cinq lettres de Charles VI confirmant des donations de Blanche, délivrées en mars 1392 à Paris).
-
[31]
B. DELMAIRE, La comtesse Mahaut d’Artois et ses trois testaments (1307, 1318, 1329), Histoire et Archéologie du Pas-de-Calais, Bulletin de la Commission départementale d’Histoire et d’Archéologie du Pas-de-Calais, t. 23, 2005, p. 3 – 43, les trois testaments sont édités aux p. 14 – 23 (Arras, 19 août 1307), 23 – 32 (Paris, 15 août 1318), 33 – 39 (Paris, 24 mars 1329). Je tiens à remercier B. DELMAIRE pour ses conseils, ainsi qu’A. PROVOST, pour son aide. Voir aussi J. P. REDOUTEY, Les trois testaments de Mahaut d’Artois, Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens Pays bourguignons, comtois et romands, t. 39, 1982, p. 161 – 178.
-
[32]
Mahaut fut convaincue de l’importance primordiale de l’exécution testamentaire pour hâter le salut des morts. Elle fit des donations pour exécuter les dernières volontés de son père, Robert II d’Artois, voir DELMAIRE, La comtesse Mahaut d’Artois, p. 13 (voir aussi p. 4 n. 10 pour la disparition du testament de Robert). En plus, dans son troisième testament, elle déclara que, à cause des honores et bona que son feu mari, Othon de Bourgogne, lui avait accordés, elle a assumé volontairement la responsabilité [onus] d’accomplir ses dispositions testamentaires en employant ses propres ressources. Tout en croyant qu’elle l’avait fait, elle ordonna que si aliqua inveniri possint non adimpleta aut etiam non soluta, de meo proprio adimpleantur et solvantur (Ibid., p. 37, no 14).
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[33]
Noter, par exemple, les clauses concernant la fondation et l’achèvement de la maison de Poissy dans les deuxième et troisième testaments de Philippe le Bel et dans son codicille du 28 novembre 1314 : PARIS, ANF, J 403, no 13 (testament de mars 1297), nos 17 – 17ter (testament du 17 mai 1311), 18 (codicille) ; BROWN, Royal Salvation, p. 11, 14, 16 – 18 (voir supra, n. 27). Noter aussi, dans le testament de Charles IV d’octobre 1324, la disposition concernant l’exécution des testaments de son père Philippe le Bel et de ses frères Louis X et Philippe V : PARIS, ANF, J 404A, no 29 (AE II 333).
-
[34]
DELMAIRE, La comtesse Mahaut d’Artois, p. 6, 13, 15 ; 19, no 8 (voir aussi p. 24, 27, no 8) ; 15, 20, no 10 (voir aussi p. 24, 28, no 10) ; 24, 28, no 12. Quant à la chapelle de chanoines qu’elle voulut établir à Dole, Mahaut spécifia dans son deuxième testament que si, au moment de sa mort, la chapelle n’avait pas été établie et les chanoines installés, la rente de 100 l. qu’elle y allouait devrait être employée pour doter un chanoine dans son château de Châteaurenard : Ibid., p. 17, 22, no 20 ; p. 29, no 24.
-
[35]
Ibid., p. 34, 37, no 15. Remarquer la disposition similaire concernant les clarisses de Locus bonus sancti Ludovici près de Saint-Omer : Ibid., p. 34, 37, no 16 ; voir aussi p. 26, 31, no 34.
-
[36]
Ibid., p. 6, 13.
-
[37]
Ibid., p. 13 – 14, 26, nos 32 – 33.
-
[38]
Dans mon article Testamentary Strategies (voir supra, n. 18), j’ai examiné la signification de la date du 28 avril 1339 qui apparaît dans l’inscription attachée à la base du reliquaire de la Vierge donnée par Jeanne d’Évreux à l’abbaye, une donation formalisée par les deux actes du 1er août 1343. On ne peut pas savoir si l’abbaye reçut la statue en 1339 ou si Jeanne l’a seulement promise à l’abbaye en cette année. Dans les deux cas, Jeanne et Guy de Châtres étaient certainement en communication l’un avec l’autre au printemps 1339.
-
[39]
PARIS, ANF, J 404A, no 29 (AE II 333) ; voir aussi supra, n. 28.
-
[40]
BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 1, p. 136 – 139, 142 – 147 ; BROWN, Testamentary Strategies ; ID., The Prospect of Salvation at Twelfth-Century Saint-Denis : Saint Denis, Saint Carpus, Benign Jesus, and Abbot Suger, à paraître ; C. J. MEWS, Re-structuring the Golden Legend in the Early Fourteenth Century : The Sanctilogium of Guy of Châtres, Abbot of Saint-Denis, Revue bénédictine, t. 120, 2010, p. 129 – 144. Je remercie C. MEWS pour sa gentillesse en me permettant de lire son article et pour des discussions fructueuses à propos de Guy de Châtres.
-
[41]
BROWN, Testamentary Strategies.
-
[42]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, fol. 123r. Dans cet acte, son testament de mars 1367, Jeanne décrit Guy comme lors desmis au moment de la séance, qui eut lieu à Brie-Comte-Robert, selon toute probabilité ; Jeanne y fut présente avec son frère Philippe d’Évreux, roi de Navarre, et sa fille Blanche, duchesse d’Orléans, ainsi que plusieurs de [ses] gens & Conseillers.
-
[43]
E.A. R. BROWN, Saint-Denis, la basilique, Paris, 2001, p. 410 – 411, 420 – 421.
-
[44]
A. DUTILLEUX, J. DEPOIN, Cartulaire de l’abbaye de Maubuisson (Notre-Dame-la-Royale), t. 1, Pontoise, 1890, p. 24, 78 – 80, no 80 (octobre 1340), p. 81 – 82, nos 81 – 83 (actes supplémentaires d’octobre 1340, du 2 février 1341 et du 27 février 1345) ; voir aussi ID., L’abbaye de Maubuisson (Notre-Dame-la-Royale). Histoire et cartulaire publiés d’après des documents entièrement inédits, t. 1, Pontoise, 1882, p. 24 – 25 ; LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 301 – 303, et annexes, p. 83.
-
[45]
E. MICHEL, La reine Jeanne d’Evreux à Brie-Comte-Robert (1326 – 1370), Bulletin et Compte-rendu de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Brie-Comte-Robert, Mormant, Tournan et la Vallée de l’Yères, t. 1, 1898 – 1901, p. 9 – 15, 22 – 25 (spécialement, p. 13 – 15). Michel présente un résumé et plusieurs citations de l’acte ; comme source, il cite (Ibid., p. 14, n. 1bis) « une lettre approbative » du duc d’Orléans émise à Paris le 6 avril 1396, dont « un habitant de Brie » possède l’original, et dont il existe des copies aux archives de la famille d’Orléans ainsi qu’aux « Archives départementales », la copie consultée pour son étude.
-
[46]
Jeanne, la première fille de Jeanne de France et de Philippe d’Évreux, par ailleurs nièce de Jeanne d’Évreux, fut religieuse à Longchamp jusqu’à sa mort, le 3 juillet 1387 : VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 183 – 184 ; PARIS, ANF, K 43, no 1 (la renonciation de ses droits au royaume de Navarre en faveur de sa sœur Marie, le 23 avril 1338).
-
[47]
Ibid., K 43B, no 21bis. Voir l’annexe 1.
-
[48]
Ibid., L 845, no 41. Voir l’annexe 2. Berné édite cet acte dans sa thèse (BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 2, p. 504 – 505).
-
[49]
Le 17 décembre 1350 Gilles Rigaud fut nommé cardinal-prêtre au titre de Saint-Praxède et quitta ensuite Saint-Denis. Mort en 1351, il fut enterré à Saint-Denis. Voir Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa […], éd. D. DE SAINTE-MARTHE e.a., t. 7, Paris, 1744, col. 399 – 400 ; M. FELIBIEN, Histoire de l’Abbaye Royale de Saint-Denys en France […], Paris, Frédéric Léonard, 1706, p. 274 – 275.
-
[50]
Pour les deux chartes pour Saint-Denis, voir BROWN, Testamentary Strategies ; BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 1, p. 148 – 150 ; t. 2, p. 81 – 86 ; LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 299 – 301 ; J. DOUBLET, Histoire de l’Abbaye de S. Denys en France […], Paris, M. Soly, 1625, p. 968 – 975, ainsi que p. 336 – 337, 1298 – 1299.
-
[51]
Voir supra n. 38, concernant le fait que l’abbaye prit peut-être possession du reliquaire en 1339.
-
[52]
En établissant des messes à Saint-Denis en novembre 1391, Blanche de France, fille de Jeanne et duchesse d’Orléans, demanda que ses progeniteurs, son mari, elle-même, et les amis qu’elle recommandait soient acompagniés en les messes, prières, aumônes, et bienfaits accomplis dans l’église ; elle en reçut la promesse : PARIS, ANF, S 2311, no 4 ; éd. BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 2, p. 98 – 102. Il manque une telle disposition dans les chartes de dotation de Jeanne d’Évreux en faveur de Maubuisson : voir supra n. 44.
-
[53]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, fol. 122v.
-
[54]
LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 304 – 307, 311 – 313, annexes, p. 98 – 101 ; MONTAIGLON, Joyaux et pierreries, p. 449 – 453 ; A. L. MILLIN, Antiquités Nationales, ou Recueil de Monumens […], t. 4, Paris, M. Drouhin, 1792, art. XLVI (Carmes de la Place Maubert. Département et District de Paris, Section du Panthéon François), p. 12 – 13.
-
[55]
PARIS, ANF, K 47, no 48bis, délivré à Compiègne, scellé en cire verte sur lacs de soie rouge et verte ([…] du quel ottroy [de Charles IV] elle ne prinst nulles lettres, nous voulanz le dit don fait a nostre dicte dame dud. hostel estre valable & demourer en sa vertu iceluj loons, greons et approuuons, et par la teneur de ces presentes de grace especial et de certaine science ratiffions & confermons. Et en ampliant nostre dicte grace li auons ottroye et ottroyons que elle puisse le dit hostel posseder et tenir perpetuelment & a touz iours, et que elle en puisse faire sa plaine voulente, soit par donner, vendre, aumosner, transporter et conuertir en piteulz vsages ou autrement ordener, selonc ce que mieulz luj plaira, sanz ce que elle ou ceulz qui delle auront cause puissent estre contrainz a le mettre hors de leurs mains ne pour ce paier aucune finance, la quelle finance nous quittons & remettons des maintenant par la teneur de ces presentes).
-
[56]
Ibid., no 48ter.
-
[57]
Ibid., J 405, no 12, délivré à Paris, scellé de cire blanche sur double queue.
-
[58]
Ibid., no 13, émis à Brie-Comte-Robert, scellé de cire blanche sur double queue.
-
[59]
Ibid., no 14, délivré à Paris, scellé de cire rouge sur simple queue (Sauoir faisons que les parties de nostre testament fait de la volente et assentement de nostre treschier seigneur & espoux le Roy Charle, que dieux absoille, montent en somme toute vint mil. liures tournois ou enuiron).
-
[60]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 127v – 128r (Item nous voulons et ordonnons vne tombe estre faicte, laquelle sera mise & assize sur nos entrailles au lieu ou elles seront enterrees, telle comme bon semblera a nos executeurs sans faire aucun oustrage, et voulons que largent en soit paye comptant par nos executeurs se nous ne la faisions [sic] faire en nostre viuant, car les autres tombes pour nostre cors et nostre cuer sont faictes et ia mises ez lieux ou il doiuent estre mis et ce qui sera a parfaier [sic] nous voulons que il soit parfait par nos executeurs).
-
[61]
PARIS, BnF, ms. lat. 10525, fol. Av (Cest psaultier fu saint loys. Et le donna la royne Iehenne deureux au roy Charles filz du roy Iehan, lan de nostre seigneur mil troys cens soissante et nuef. Et le roy Charles present filz du dit roy Charles le donna a Madame Marie de France sa fille religieuse a Poyssi, le iour saint Michel lan mil. IIIJC, une notice écrite entre 1400 et la mort de Charles VI en 1422). Voir H. STAHL, Picturing Kingship. History and Painting in the Psalter of Saint Louis, University Park PA, 2008, p. 5, 6, 242. Pace le commentaire de Stahl, il n’y a pas de grattage à la fin de la notice ; je remercie C. DENOEL d’avoir confirmé mes observations. Le livre peut bien avoir été offert le 29 septembre 1400 à Marie de France (1393 – 1438) ; Ibid., p. 5, 242. Le 8 septembre 1397, Marie fut reçue à Poissy à l’âge de 4 ans ; presque onze ans plus tard, elle y professa et prit le voile le 10 juin 1408, dimanche de la Trinité. Voir ANSELME, Histoire généalogique, t. 1, p. 114 – 115 ; P. VAN KERREBROUCK, C. BRUN, C. DE MÉRINDOL, Les Valois, Villeneuve d’Ascq, 1990, p. 116, et pour son entrée à Poissy, MICHEL PINTOIN (LE RELIGIEUX DE SAINT-DENIS), Chronique, contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422, éd. L. F. BELLAGUET, t. 2, Paris, 1840 ; t. 4, 1842, p. 554 – 557.
-
[62]
Pour ces codicilles, voir supra n. 15.
-
[63]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, fol. 130r – v. Pour Hugues, voir supra n. 10.
-
[64]
Ibid., fol. 138r.
-
[65]
Ibid., fol. 133r (Et semblablement en prions nous a noz tres chers fil et fille le Duc et la Duchesse d’Orleans [sic] que en lamour que il ont et doiuent auoir a nous, ils soient aidans, conseillans, & confortans a nozd. [sic] executeurs ou faict de nostredicte execucion toutefois que besoin leur sera et il en seront par eux requis).
-
[66]
Dans son testament du 21 mai 1392, Blanche de France, duchesse d’Orléans et fille de Jeanne d’Évreux, demanda le soutien du roi et des ducs de Berry et de Bourgogne, qu’elle appelle ses frères ; quelques mois plus tard, dans son codicille du 30 janvier 1393, elle ajoute les deux ducs au corps de ses exécuteurs : G. VIGNAT, Note sur une des chapelles absidales de la basilique de Sainte-Croix d’Orléans, Mémoires de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, t. 9, 1865, p. 138 – 139, 143.
-
[67]
Voir TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 243 (Cum de jure et consuetudine notorie antiquitus observata cognitio testamentorum quorumcumque in regno nostro decedencium ad nos solum et insolidum pertineat, quociens primo ad nos recursus super hoc habeatur : PARIS, ANF, X1a 15, fol. 24v, le préambule d’un mandement adressé à cinq conseillers du Parlement de Paris). Pour une déclaration similaire dans un mandement royal du 2 janvier 1356, voir E.A. R. BROWN, The Parlement de Paris and the Welfare of the Dead, Le Parlement en sa cour. Études en l’honneur du Professeur Jean Hilaire, éd. O. DESCAMPS, F. HILDESHEIMER, M. MORGAT-BONNET, Paris, 2012, p. 47 – 73 (spécialement, p. 52 – 53, 72 – 73).
-
[68]
Ibid., ainsi que le site Internet Testaments de l’École nationale des chartes sous la direction de M. CHAIGNE, où un journal testamentaire et les testaments conservés dans PARIS, ANF, X1A 9807, sont en train d’être édités (http://corpus.enc.sorbonne. fr/testaments) ; TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris ; M. NORTIER, Recueils perdus de testaments enregistrés au Parlement de Paris, Bibliothèque de l’École des chartes, t. 113, 1955, p. 185 – 193. Dans son testament du 18 mars 1396, Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI et nièce de Jeanne d’Évreux, déclara que le roi, ainsi que les ducs de Berry, de Bourgogne, et d’Orléans (qu’elle appelle tous ses filz) avaient promis à nostre personne moult favorablement et amiablement d’être protecteurs et defendeurs de l’exécution de son testament. Voir DELISLE, Testament de Blanche, p. 26 – 27, no 85, p. 42, no 397, une clause semblable dans son codicille du 20 mars 1396. Dans son troisième codicille, daté du 10 septembre 1398, moins d’un mois avant sa mort, le 5 octobre 1398, tout en demandant à ses filz de protéger et de défendre son exécution, elle annonça que pour greigneur seurté elle soumettait son testament au Parlement de Paris, en remplacement des deux personnes du Parlement et des deux autres, de la Chambre des comptes, qu’elle avait demandé au roi de désigner pour oir le compte de [son] exécution : Ibid., p. 52, no 524, p. 54 – 55, no 532. Le premier exécuteur que Louis d’Orléans nomma dans son testament du 19 octobre 1403 (le second au moins qu’il dicta) fut le roi, son frère, qu’il supplia de prendre au cueur [son] testament et le fait de [son] execution. Cependant, en même temps, il soumit le testament a la jurisdiction du roi, du Parlement et du Châtelet de Paris, ce qui explique la présence du testament dans l’un des registres des testaments du Parlement de Paris (PARIS, ANF, X1a 9807, ff. 233r – 242r) : TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 257, no 49 ; pour ce testament, voir (entre autres éditions, qui contiennent toutes des erreurs), F. M. GRAVES, Quelques pièces relatives à la vie de Louis I, duc d’Orléans, et de Valentine Visconti, sa femme, Paris, 1913, p. 196 – 220, no 127 ; pour un testament antérieur, voir E. JARRY, La vie politique de Louis de France, duc d’Orléans, 1372 – 1407, Paris, 1889, p. 229 – 230. Voir aussi le testament d’Isabeau de Bavière du 2 septembre 1431 : É. G. PEIGNOT, Choix de testaments anciens et modernes, remarquables par leur importance, leur singularité, ou leur bizarrerie, avec des détails historiques et des notes, t. 1, Paris – Dijon, 1829, p. 76 – 98 (spécialement, p. 90).
-
[69]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 132v – 133r.
-
[70]
Ibid., ff. 140r – 141r (mandement de Charles V à quatre de ses conseillers concernant l’exécution et l’audition des comptes, daté du 5 juillet 1372, au Bois de Vincennes ; voir Collection des meilleurs dissertations, t. 19, p. 121, avec la date X jour de juillet). Le testament de Charles V d’octobre 1374 contient des dispositions minutieuses pour garantir la garde de ses meubles jusqu’à la majorité de son fils aîné : PARIS, ANF, J 404B, no 37.
-
[71]
Ibid., fol. 100v ; selon le compte de l’exécution, long temps auant [son] trespassement Charles V prit en sa sauue & especial garde tous les biens meubles de Jeanne (Ibid., fol. 72v).
-
[72]
Au moins deux des quatre commissaires envoyés par le roi pour protéger les biens de Jeanne d’Évreux immédiatement après sa mort furent des officiers du Parlement de Paris. Voir BROWN, Parlement de Paris, p. 51 (surtout n. 13). Les officiers royaux et les exécuteurs commencèrent l’exécution formelle de son testament le 28 septembre 1372 et semblent avoir terminé leur travail à la fin de janvier 1373 (ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 72r – 74r, 140r – 140v ; Collection des meilleurs dissertations, t. 19, p. 120 – 121).
-
[73]
PARIS, ANF, J 404B, no 37. Voir aussi la fondation des messes dans la chapelle Saint-Hippolyte de l’abbaye de Saint-Denis par Blanche de Navarre en juin 1372 : […] eue consideration a ce qui n’est chose plus certaine que la mort ne moins certaine que l’eure d’icelle, desirans ce faire et acomplir en nostre bonne santé et vie et briefment senz aucune demeure […]. Voir G. BRUNEL, Images du pouvoir royal. Les chartes décorées des Archives nationales XIIIe – XVe siècle, Paris, 2005, p. 192 – 199 (spécialement, p. 192) ; BERNÉ, L’action mémorielle, p. 5 – 6 ; LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », annexes, p. 93 – 101.
-
[74]
PARIS, ANF, J 404B, no 40. Noter aussi que, en mars 1396, après avoir été gravement malade, Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI et nièce de Jeanne d’Évreux, fit payer à quelques-uns de ses serviteurs les sommes qu’elle leur avait léguées et que dans son codicille du 10 septembre 1398, elle leur accorda des legs supplémentaires. Voir DELISLE, Testament de Blanche, p. 44 – 50, nos 412 – 491. Des détails du testament de Blanche du 26 mars 1396 sont remarquablement similaires aux dispositions testamentaires de Jeanne d’Évreux. Voir Ibid., p. 24 – 25, nos 179, 183.
-
[75]
ROUEN, BM, MENANT, t. 8, ff. 126r – 129v ; t. 11, fol. 90v. Voir aussi PARIS, ANF, J 461, no 61 (acte du 13 juillet 1414 concernant la dotation des célestins de Saint-Antoine à Amiens).
-
[76]
Pour ses testaments, voir supra, n. 68 ; ainsi que PARIS, BnF, ms. Picardie 294 (collection de Dom Grenier), no 1 (acte du 22 juin 1406 concernant l’accomplissement d’un legs aux célestins de la Sainte-Trinité de Villeneuve-lez-Soissons que Louis leur fit dans son testament du 19 octobre 1403, et qu’il exécuta lui-même dans un acte d’avril 1404, exemplifié dans ses lettres du 22 juin 1406).
-
[77]
PEIGNOT, Choix de testaments, t. 1, p. 85 – 88 (testament du 2 septembre 1431) ; pour un acte d’Isabeau du 15 septembre 1431 concernant l’accomplissement de son legs à Saint-Denis : DOUBLET, Histoire, p. 1079 – 1080 ; BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 2, p. 479 – 480 (PARIS, ANF, K 63, nos 16 – 16bis).
-
[78]
Voir aussi les testaments de Jean Canard, évêque d’Arras, et de Jean Creté, maître des comptes de Charles VI, tous les deux exécuteurs testamentaires de Charles VI : TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 383 – 411, no 16 (J. Canard, 26 février 1405, 7 janvier 1406, 5 avril et 5 septembre 1407), p. 431 – 442, no 20 (J. Creté, 21 février 1407). Sur Jean Canard, voir supra, n. 25.
-
[a]
Suer Marie] écrit au-dessus d’un grattage.
-
[b]
Sic.
-
[c]
dce’] ms.
-
[d]
Suivi par le Jour que son anniuersaire sera fait, rayé.
-
[e]
z a] écrit au-dessus d’un grattage.
-
[f]
Sic. Dans K 43, no 21, chapilele, rayé et suivi par chapitele.
-
[g]
Sic. Dans K 43, no 21, lendemain.
-
[h]
Sic.
-
[i]
Suivi par et suz lobligation des biens de nostre dite eglise, rayé.
-
[a]
Chantre] écrit au-dessus d’un grattage.
-
[b]
Dans cet acte, le mot chapitle est toujours suivi par une marque d’abréviation.
-
[c]
Après l’eglise, un grattage barré, environ 3 mm de long.
-
[d]
a’tre] écrit au-dessus d’un grattage.
-
[e]
Ch] corrigé.
-
[f]
Après verit, une tache et un trou, environ 10 mm de large.
-
[g]
Suivi par un trou, environ 12 mm de large.
-
[h]
Sic.
-
[i]
prochain’] ms.
-
[79]
Le 8 septembre.
1 Jeanne d’Évreux († 1371) fut une testatrice extraordinaire [1]. Elle rédigea bon nombre d’actes testamentaires : entre trois et cinq testaments et deux codicilles. De ce point de vue, elle ne fut cependant pas unique. Son oncle Charles de Valois (1270 – 1325), par exemple, rivalisa avec elle en dictant six partages de terres et quatre testaments [2]. Si Jeanne d’Évreux se distingua de Charles de Valois et de ses autres parents, c’est bien plutôt par les stratégies testamentaires qu’elle adopta. Certes, Charles de Valois inventa les siennes [3], mais les stratégies déployées par Jeanne furent bien plus astucieuses, voire audacieuses. Poussée par son désir de voir réalisées ses dernières volontés, elle lança une campagne novatrice d’exécution par anticipation de ses actes testamentaires. Autorisée par le roi à le faire, elle distribua ses legs et ses dons avec panache et avec un certain sens du mélodrame. Comme nous le verrons, ses stratégies inspirèrent d’autres personnes, y compris le roi Charles V (1338 – 1380) et, de manière plus spectaculaire encore, son fils Charles VI (1368 – 1422). Grâce à Jeanne, l’exécution testamentaire par anticipation connut une certaine vogue, non seulement parmi les membres du lignage royal, mais aussi parmi les conseillers qui les servirent.
2 Princesse d’ascendance irréprochable, Jeanne était la fille de Louis d’Évreux (1276 – 1319), le demi-frère de Philippe le Bel, et de Marguerite d’Artois (1285 – 1311), elle-même fille de Philippe d’Artois et de Blanche de Bretagne, et par conséquent petite-fille de Robert II et nièce de Mahaut d’Artois. La date de sa naissance n’est pas connue [4], mais elle était sûrement plus jeune que sa sœur Marie († 1335), mariée en 1314, moins âgée que son frère Philippe (1306 – 1343), mais plus que sa sœur Marguerite († 1350). Elle était toujours mineure le 6 juin 1318. Le 5 juillet 1324, Jeanne devint la troisième épouse de son cousin Charles IV le Bel [5] (1294 – 1328), deux semaines après la concession d’une dispense par le pape Jean XXII le 21 juin. Une seconde dispense, datée du 5 avril 1326, précéda et fut peut-être considérée comme essentielle à son couronnement à la Sainte-Chapelle, le 11 mai, dimanche de la Pentecôte [6]. Leur union fut de courte durée, car Charles mourut le 1er février 1328. Ils eurent deux filles, dont une (née en juillet 1325) eut une existence brève [7] ; l’autre, Marie († 1341), naquit à la fin d’octobre 1326. Quand Charles mourut, Jeanne était enceinte, et c’est la naissance d’une fille, Blanche († 1393), le 1er avril 1328, qui ouvrit la voie du trône à Philippe VI de Valois.
3 Après la mort de son mari, Jeanne vécut 43 ans dans le veuvage jusqu’à sa propre mort, le 4 mars 1371, à Brie-Comte-Robert, son château préféré. Elle fut une dame très puissante, dotée d’une fortune considérable. Elle s’occupa de temps en temps d’affaires politiques, en grande partie familiales : la paix entre la France et son neveu Charles le Mauvais (1332 – 1387), roi de Navarre, le fils de son frère Philippe d’Évreux et de sa femme Jeanne de France, fille de Louis X ; le remariage en 1349 de Philippe VI (1293 – 1350) avec sa nièce Blanche de Navarre (1330 – 1398), sœur de Charles le Mauvais [8]. Mais elle s’intéressa surtout à ses affaires privées et patrimoniales : les droits et les biens de ses deux filles ; ses propres terres ; ses stocks de reliquaires, de livres et de joyaux. En vieillissant, elle fut de plus en plus préoccupée par le salut de son âme et de celle de son défunt époux. Elle se soucia d’œuvres de bienfaisance, de fondations pieuses, de donations, de legs – bref, de toute mesure susceptible d’assurer son accès, et celui de son mari, au paradis.
4 Au début, avant la mort de Charles IV, l’attitude de Jeanne à l’égard des affaires testamentaires semble avoir été assez conventionnelle. Elle dicta son premier testament connu en octobre 1326, cinq mois après sa consécration comme reine, au moment où elle attendait la naissance de son deuxième enfant, né à la fin du mois à Château-Thierry. Ce fut une fille, Marie, bien que li fusensien & li astronomien [eussent] deuiné que elle aroit filz et bien que, en 1325, on [eusse] conseillié au Roy que volentiers filz nessoient a Chastiau Thieri [9]. L’acte que Jeanne prépara n’existe plus, mais d’autres documents attestent que, le 18 octobre, à Château-Thierry, Charles IV lut son testament mot a mot avant de le confirmer, en ordonnant que le dessus dit testament soit paiez enterinement & a plain sur les reuenues & emolumens de la recepte de la Conté de Champaingne [10]. Quant au deuxième testament de Jeanne, elle l’a peut-être fait établir deux années plus tard, encore une fois en attendant la naissance d’un enfant, probablement au Bois de Vincennes [11]. Le 28 mars 1328, quatre jours avant la naissance de l’enfant – sa fille Blanche –, le régent Philippe de Valois, qui se trouvait alors à l’abbaye cistercienne de Bonport, confirma l’approbation conférée par Charles IV en 1326 [12]. De plus, en faisant allusion au désir de Jeanne de modifier son testament selonc sa deuocion, et à la demande qu’elle fit pour sa conscience apaiser, Philippe accorda à Jeanne la permission de renouueller [son testament], & dicelui substraire & oster ou adiouster, selonc ce que elle verra en sa conscience que il sera a faire, au salut de s’ame iusques a la somme [de] seze mile liures parisis tant seulement. Cette restriction doit être signalée : Jeanne ne put disposer que de 16 000 l. p., soit, selon Philippe de Valois, la somme totale approximative des legs de son premier testament.
5 On ne sait si Jeanne profita de cette autorisation pour préparer un nouveau testament. Une année plus tard, le 3 octobre 1329, Philippe de Valois, devenu depuis peu le roi Philippe VI, renouvela la permission accordée en 1328. Cette fois-ci, il ajouta une restriction supplémentaire : il ordonna que, si Jeanne souhaitait léguer une somme supérieure à 16 000 livres, le surplus devait être pris seur les autres biens appartenanz a la dicte execucion, & non pas sus la dicte recepte [13]. Jeanne rédigea-t-elle un nouveau testament ? L’on n’en a en tout cas aucune preuve. En effet, bien que l’on sache qu’elle testa non seulement en octobre 1326 mais aussi en mai 1349 [14], il n’existe actuellement qu’une copie partielle du dernier de ses testaments, dicté en mars 1367, ainsi que des deux codicilles qu’elle approuva en octobre 1370 [15]. Cette copie, qui contient manifestement des erreurs, fut réalisée au XVIIe siècle d’après les originaux, tirés des archives de la Chambre des comptes. En dépit de la disparition de ses testaments antérieurs, on dispose de maintes indications et preuves de l’activité testamentaire de Jeanne et de ses tentatives pour garantir l’accomplissement de ses vœux, surtout à partir de 1338.
6 Dès 1328, Jeanne passa plus d’une décennie à régler les droits de ses filles au royaume de Navarre et au comté de Champagne [16]. Cependant elle n’oublia pas ses autres desseins. Un acte de Philippe VI du 1er août 1338 révèle qu’elle réfléchissait sérieusement à son testament et à son exécution. À sa requête, le roi définit plus clairement qu’auparavant les sources précises des 16 000 l. p. qui devaient être allouées à ses exécuteurs : au lieu du comté de Champagne en général, il désigna les terres que Jeanne tenait en douaire en Normandie, en Champagne et en Brie [17].
7 Ensuite, Jeanne envisagea des stratégies supplémentaires pour distribuer ses bienfaits et régler ses affaires testamentaires. Évidemment à sa demande, le 15 février 1339, Philippe VI l’autorisa à distribuer et deviser en […] piteables vsages 500 l. p. de rente annuelle et perpétuelle – une propriété valant donc au moins 5 000 l. p. (6 250 l. t.). En outre, il promit d’amortir ses dons [18]. En demandant ce privilège au roi, Jeanne fut peut-être inspirée par la grâce qu’il avait accordée en février 1334 à son frère Philippe de Navarre et d’Évreux [19] : le droit de transporter franchement & quittement, comme bonne li sambleroit […] [trois cenz liures de rente a parisis] a son proffit ou au proffit de son testament, ordenance ou derreniere volente […] comme choses amortie [20]. Le roi autorisa Philippe de Navarre à y pourvoir au bénéfice des personnes religieuses ou séculières ou en ordener en autre maniere quelconques que bonne li sambleroit, mais un acte postérieur révèle que le roi de Navarre employa le privilège pour le profit de son âme. En effet, au mois de mars 1336 Philippe VI confirma le transfert que Philippe de Navarre avait fait des deux tiers de ces 300 l. p. de rente au couvent des chartreux situé près de Paris, pour soutenir les cinq freres chapellains qu’il y avait établis. Ce privilège a peut-être incité Jeanne d’Évreux à demander une grâce semblable pour soutenir ses propres bonnes œuvres.
8 Mais les intentions de Jeanne furent plus ambitieuses que celles de son frère. L’envergure de ses plans novateurs est révélée par l’autorisation royale qu’elle reçut le 7 août 1339 [21]. Dans cet acte, Philippe VI remarqua que testamenz, codiciles, et darraines voulentez [sont] communement miz a execution apres le decez des personnes qui faiz les ont. Il approuva pourtant les supplication et requeste que Jeanne lui avait présentées. Qu’elle emploie ses propres biens pour financer avant sa mort les legs énumérés dans ses actes testamentaires, ou que, après sa mort, ses exécuteurs puisent dans ses possessions à cette fin, les 16 000 l. p. promises pour l’exécution de son testament devaient être délivrées à ses exécuteurs, sans diminution [22]. De plus, le roi accorda aux paiements des legs faits par Jeanne et confirmés par ses lettres scellées, la même valeur que devaient avoir ceux de ses exécuteurs et de ses héritiers [23]. Jeanne décida donc d’exécuter elle-même ses dernières volontés, tout en protégeant la somme importante que le roi lui avait accordée.
9 Comme S. Freud nous l’enseigne, chaque décision humaine est surdéterminée. Ainsi, le choix de Jeanne de mettre en œuvre une exécution anticipée de son testament répond sans doute à une conjonction de motifs divers et multiples. À l’âge d’environ 30 ans, elle pensa sans doute plus qu’auparavant aux fins dernières et à l’opportunité d’effectuer elle-même les œuvres qui lui permettraient de gagner son salut et celui de son défunt mari. Le Mirouer de l’ame, ouvrage bien connu à la cour royale, avertit que, au moment de la mort, les œuvres accomplies par le mourant parleront ensemble & diront « Vous nous avez fetes ; nous sommes uoz hueures ; nous ne uous leront ia, aincois seront & irons aueques vous au iugement [24] ». En réfléchissant sur un tel texte, Jeanne aurait pu expérimenter les mêmes sentiments que ceux qui incitèrent Jean Canard († 1407), évêque d’Arras, à déclarer dans son testament du 26 février 1405 que au plaisir de Dieu il aura plus grant merite de donner du sien en sa vie ou il sera bien emploié que de soy attendre a autres quelzconques [25].
10 En outre, sage et habile comme elle l’était, Jeanne connaissait le pouvoir exercé par les vifs sur les morts, et l’impossibilité de contrôler du cercueil les biens – soit meubles, soit immeubles – dont on disposait avant de mourir. Elle doit avoir appris que le testament de Jeanne de Navarre (1273 – 1305) resta en bonne partie inexécuté en dépit des promesses solennelles faites par Philippe le Bel et leur fils Louis le Hutin de veiller à l’accomplissement de ses dernières volontés [26]. Semblablement, elle ne pouvait ignorer la modification importante du testament de Philippe le Bel lui-même opérée par son successeur Louis X et par ses exécuteurs, très tôt après la mort du roi [27]. Sa propre expérience suffisait à l’en convaincre. La fondation testamentaire de chapellenies à Notre-Dame de Paris et à Saint-Denis par son propre mari Charles IV fut contrariée par le refus du chapitre de Notre-Dame et de Guy de Châtres, abbé de Saint-Denis (r. 1326 – 1343, † 1350), d’accepter la collation royale ordonnée par le feu roi et, en conséquence, Philippe VI transféra ces chapellenies à la Sainte-Chapelle en janvier 1329 [28]. Comme le remarqua Pierre d’Alençon (1251 – 1283) dans son testament de juillet 1282, en appelant son frère Philippe III à soutenir son exécution, l’en dit en prouerbe, que mort n’a ami [29].
11 En admettant que Jeanne ait pu avoir connaissance des stratégies testamentaires de sa grand-tante Mahaut d’Artois (1268 – 1329), ces tactiques auraient bien pu l’amener à concevoir son projet d’exécution testamentaire par anticipation [30]. Bien sûr, dans aucun de ses trois testaments [31] Mahaut n’ordonne explicitement la réalisation immédiate de ses dispositions [32]. Néanmoins, plusieurs clauses de ces documents révèlent que, comme beaucoup de ses parents [33], Mahaut avait l’intention de faire ce qu’elle pouvait pour établir elle-même les fondations qu’elle institua. En établissant une chapellenie à Hesdin, par exemple, elle réserva sa collation non seulement à ses héritiers, mais aussi à elle-même ; ses dispositions concernant les hôpitaux qu’elle fonda à Saint-Jean-en-l’Estrée et à Hesdin furent similaires [34]. De même, dans son troisième testament, elle exprima son intention d’achever elle-même la dotation du couvent dominicain de la Tieuloye, qu’elle avait fondé à Arras [35]. En effet, Mahaut semble avoir accompli la plupart de ses projets [36]. En plus, comme B. Delmaire l’a démontré, Mahaut distribua elle-même plusieurs legs en argent aux héritiers de ses serviteurs et de ses fidèles qui moururent à son service – et à cause de leur fidélité à sa cause [37].
12 Le projet de Jeanne se caractérisa par une grandeur d’échelle et une grandiloquence absentes des gestes de Mahaut, surtout après que le roi l’eût sanctionné. Jeanne aurait pu faire des dons sans recourir au roi, mais elle voulut profiter, premièrement, de la grâce d’amortissement que Philippe VI lui accorda, et en second lieu, de la garantie que les 16 000 l. p. concédées pour ses legs ne seraient pas compromises par ses desseins. En outre, Jeanne semble avoir recherché la publicité et l’aura de solennité, voire de gravité, que l’accord formel du roi conféra à son entreprise.
13 Si, juste au moment où Jeanne présenta ses demandes au roi, elle était en train de négocier sérieusement avec Guy de Châtres, abbé de Saint-Denis, c’est tout sauf un hasard. Jeanne dut entamer ses pourparlers avec l’abbé bien avant la fin d’avril 1339 [38], dans le but de garantir l’apparat qui sied à la mémoire d’un roi. De fait, Charles IV, bien qu’enterré à l’abbaye, était privé du niveau de commémoration auquel il était en droit de prétendre. Comme nous l’avons vu, après la mort de Charles IV au commencement de 1328, Guy de Châtres refusa d’accepter la rente de 50 l. p. que le roi avait léguée à l’abbaye pour y établir une chapelerie dédiée à saint Denis. Par conséquent l’abbaye ne reçut du roi que 200 l. p. pour acheter rente, pour faire [s]on anniuersaire [39]. L’abbaye n’aurait donc disposé que de 10 l. p. chaque année pour payer les frais de l’office commémoratif. Désireuse de corriger cette situation honteuse et d’obtenir pour feu son mari les honneurs qu’elle pensait lui être dus, Jeanne entra en discussion avec Guy de Châtres. Les négociations traînèrent, sans doute à cause de la réticence de l’abbé. Réformateur-liturgiste conservateur, Guy résista à la prolifération des offices et se consacra à la simplification des services et à la purification des observances à Saint-Denis. Idéaliste né, il résigna son office en 1343 pour vouer le reste de sa vie à la réforme de la liturgie et à l’achèvement de son Sanctilogium, un grand recueil de legenda basé sur les ouvrages de Jacques de Voragine et de Vincent de Beauvais, que Guy créa spécifiquement pour Saint-Denis [40]. En traitant avec cet homme pieux, rigoureux et intransigeant, Jeanne dut s’armer de patience. Petit à petit, semble-t-il, elle réussit à entrer dans ses bonnes grâces en lui promettant, en avril 1339, un splendide reliquaire de la Vierge et, en août 1340, une statue grandeur nature de la Vierge, ainsi que la réfection d’une chapelle dédiée à la Vierge et à saint Jean l’Évangéliste, et la fondation d’une messe à l’autel correspondant [41] – mais sans jamais régler la célébration de l’anniversaire de Charles IV. Pendant ses négociations avec Guy en 1339, Jeanne discuta sans doute avec lui de son programme innovant d’exécution anticipée, approuvé par le roi le 7 août 1339. Jeanne avait pu estimer qu’un tel projet impressionnerait et plairait à l’homme pieux et dévot qu’était Guy. En tout cas, il est clair que, tôt ou tard, Jeanne persuada Guy de soutenir ses desseins, car il fut le seul ecclésiastique d’importance qui assista à la première audition des comptes de son exécution anticipée, le 28 février 1343, peu après sa démission de l’abbatiat de Saint-Denis [42].
14 Dans les années qui suivirent l’octroi du privilège royal du 7 août 1339, Jeanne fit de nombreux dons, charitables et autres. Ses distributions commencèrent avant et continuèrent après la mort le 6 octobre 1341 de sa fille Marie (âgée de 15 ou 16 ans) et son enterrement à Saint-Denis [43]. Il est difficile de dire combien de ses donations furent faites en exécution anticipée de son testament. La forme de ses dotations de Maubuisson en 1340 et 1341 fut, par exemple, tout à fait traditionnelle ; Jeanne n’y mentionna pas son testament [44]. Mais d’autres actes font explicitement référence à ses dernières volontés. Pensons en premier lieu à sa dotation de l’église Saint-Étienne de Brie-Comte-Robert en juillet 1341 [45]. Dans cet acte, Jeanne annonça que pour sa deuotion à saint Étienne elle avait ordonné par son testament la fondation des services anniversaires […] chascun moys perpetuellemens (sic) pour le salut de l’âme de Charles IV, d’elle-même et de leurs compagnons. Mais, continue-t-elle, desirant nostre dicte ordonnance entretenir et accomplir en nostre viuant, auons pour la dicte cause donné et aumosné donnons et aumosnons par donation entre vifz les biens qu’elle énumère. Ses instructions concernant les services qu’elle y établit sont précises et minutieuses.
15 Avant la fin de mai 1342, Jeanne fit une donation similaire à l’abbaye de Longchamp [46]. Dans un acte daté du 31 mai 1342, l’abbesse et le couvent déclarèrent que, ayant ordonné dans son testament a fonder son anniuersaire perpetuelment en nostre eglise, et pour son desir & deuocion accomplir a son viuant, Jeanne leur envoya 200 l. t. pour rente acheter […] afin que dicelle rente pitance(de 10 l. t.) soit faite chascun an au couuent. Elle leur avait aussi expédié, comme don supplémentaire, 10 l. t. pour faire a present vn seruice, dont pitance sera faite au couuent [47]. Jeanne leur promit en outre de faire amortir les 10 l. t. de rente après leur acquisition soubz le roy. En établissant cette célébration Jeanne pensa surtout à elle-même et à ses amis : la messe annuelle serait chantée pour elle & pour toutes les personnes que elle entent. Mais elle demanda aussi que, à chaque messe, sera faite propre oroison de mors pour lame de nostre treschier seigneur […] le Roy Charles que dieux absoille, iadiz son seigneur & espouz. Après sa propre mort, les messes devaient être célébrées conoinctement pour elle & pour le Roy Charle son seigneur que dieux absoile. En outre, le couvent déclara que, dès lors, Jeanne, son défunt mari, leurs enfants & ceulx que elle entent seraient acompaigniés en tous les services et tous les bienfaits qui seraient faits en leur église tout aussi comme vne de noz propres suers. Pour terminer, l’abbesse et le couvent s’engagèrent à faire enregistrer toutes ces dispositions dans le matrologe de l’abbaye.
16 En février 1343, Jeanne accorda à l’église Saint-Paul tout près de l’église abbatiale de Saint-Denis une rente de 50 s. t. par an pour subsidier une messe annuelle a note, de Nostre Dame, sollempnelment au grant autel, avec oroison de mors […] pour lame de nostre treschier seigneur et epous le Roy Charles que diex absoille. Après la mort de la reine, la messe devait être chantée chaque année pour nous et pour nostre dit seigneur conioinctement, a tel iour comme nous trespasserons se il est iour que len doie et puisse faire le seruice de mors ou, sinon, juste avant ou après. En acceptant ce don, le doyen et le chapitre louèrent la deuocion et bon propos de nostre dite dame qui de ce que laissié nous auoit par son dit testament a voulu que nous soions prenans & possesseurs presentement a son viuant [48]. Comme les religieuses de Longchamp, le chantre et le chapitre de Saint-Paul promirent que, dès lors, Jeanne et ceuls que elle entent seraient acompagniés en tous les biens que fais seront pour nous et noz successeurs en nostre dite eglise, et que les dispositions de la dotation seraient enregistrées en leur matrologe. La similarité des formules de ces actes démontre que Jeanne savait précisément ce qu’elle voulait recevoir en échange de ses dons, et qu’elle et ses conseillers avaient développé des stratégies de négociations précises, convaincantes et efficaces.
17 Le 1er août 1343, c’est l’abbaye de Saint-Denis qui profita de la générosité de la reine. Comme nous l’avons vu, en dépit des pourparlers fréquents et prolongés entre Jeanne d’Évreux et Guy de Châtres, ils ne réussirent jamais à conclure un accord final. La démission de Guy à la fin de 1342 ou au commencement de 1343 changea tout. Gilles Rigaud, qui succéda à Guy, était un homme bien différent de son prédécesseur [49]. Homme du monde ambitieux et pragmatique, Gilles comprit l’utilité et la sagesse du compromis. Ses tractations avec Jeanne aboutirent le 1er août 1343 à la dotation spectaculaire de l’abbaye, formalisée en deux chartes scellées par Gilles, l’abbaye même et Jeanne. Discret et plein de tact, Gilles ne s’attribua pas l’honneur d’avoir négocié l’accord. Au contraire, les actes suggèrent qu’hormis l’enregistrement tout a été arrangé pendant l’abbatiat de Guy de Châtres. Mais au moins six mois étaient passés depuis la démission de Guy et la responsabilité, aussi bien que le mérite, des dispositions et de la forme finale des chartes doivent être attribués à Gilles [50].
18 Dans l’un des deux documents, Jeanne affirma avoir octroyé à Saint-Denis certaines rentes lesquelles nous auions pieca ordene par nostre testament estre achetees pour [l’église de Saint-Denis]. Bien qu’elle ne l’ait pas déclaré explicitement, elle décida d’accorder immédiatement les rentes, amorties, à l’abbaye, ce qu’elle fit dans cet acte. Elle lui octroya non seulement les rentes, qui se montèrent à 156 l. t. par an, mais aussi, en supplément, une couronne et trois reliquaires spectaculaires. L’abbaye recevrait deux de ces objets précieux après sa mort : le reliquaire dit Sainte-Chapelle, qui contenait des morceaux des reliques principales de la Sainte-Chapelle du palais de la Cité, et une petite statue en or de saint Jean l’Évangéliste tenant l’une de ses dents. Mais Jeanne céda immédiatement à l’abbaye le magnifique reliquaire de la Vierge à l’Enfant que l’on voit aujourd’hui au Louvre et qu’elle avait promis à l’abbaye en 1339 [51], ainsi qu’une de ses couronnes, qu’elle voulut que l’on pende en leglise auec les autres aus festes sollempnels et qu’elle demanda de mettre en nostre chief après sa mort aus lieus et eglises ou nostre corps sera portez et jusqu’à son enterrement à Saint-Denis.
19 En échange de ces objets rarissimes et de cette dotation généreuse, Jeanne reçut pléthore de faveurs et de privilèges. Tout d’abord, l’anniversaire de la mort de Charles IV, décédé un 1er février, allait être dorénavant célébré solennellement le deuxième ou le troisième jour avant la Chandeleur, le 2 février. De plus, chaque mois les moines offriraient une prière commémorative spéciale pour Charles lors du service en l’honneur de Dagobert et des autres roys fondeurs de [l’église]. En outre, le nom de Charles serait inscrit immédiatement ou messel empres la canon, et le nom de Jeanne y serait inséré après son décès. De plus, tous les frères-prêtres de Saint-Denis chanteraient deux messes chaque année, l’une du Saint-Esprit pour Jeanne et l’autre de Requiem pour Charles, et après la mort de Jeanne, toutes les deux de mors pour les ames de elle et de son dit seigneur conioinctement, et de ceuls que elle entent – ce qui serait enregistré dans les matrologes et registres de tous les lieus ou les dites messes seront et doiuent estre celebrees. Par ailleurs, à l’abbaye même, une messe annuelle du Saint-Esprit serait chantée pour Jeanne, pendant sa vie, aux environs de la fête de saint Marc, et après son décès l’office des morts le jour de son anniversaire ou au iour plus prochain apres que il se pourra faire. Enfin, dans la chapelle de la Vierge et de saint Jean l’Évangéliste qu’elle fit rénover, deux messes seraient chantées tous les jours pour son défunt époux, pour elle, pour leurs enfants et pour leurs amis. Judicieusement, Jeanne n’institua pas de nouveaux chapelains pour célébrer ces messes, mais les confia plutôt aux moines de l’abbaye, qui recevraient donc des revenus supplémentaires pour leur travail. La charte qui contient les dispositions à propos des services à l’abbaye est beaucoup plus complexe et plus détaillée que ses actes en faveur de Longchamp et de Saint-Paul, mais comme ces derniers, elle se conclut avec l’assurance que Jeanne, le roi Charles et ceuls que elle y entent a acompaignier seront acompaignés en tous les services et bienfaits faits en nostre dite eglise et par toute nostre religion [52]. Mais l’abbé et les moines promirent aussi de faire autant pour [Jeanne] apres son deces comme nous faisons pour vn des propres freres de Saint-Denis. La patience, les efforts et la libéralité de Jeanne furent donc, à la fin, bien récompensés.
20 Il semble fort probable que, avant de mourir, Jeanne ait fait d’autres donations similaires, bien que moins somptueuses. Dans son dernier testament, de mars 1367, elle affirma avoir fait autres fois certains testamens & codiciles, et d’iceux a nostre viuant fait faire certains payemenz & satisfactions, tant en deniers comme en rentes, que nous auons donnees et assizes a certaines eglises, religions & autres lieux piteables, & aussy a nos seruiteurs en remuneracion & guerredon de leur (sic) seruices que fait nous auoient [53]. Les comptes de ces déboursements furent rendus systématiquement et régulièrement, la première fois, le 28 février 1343, une séance à laquelle furent présents Philippe d’Évreux, roi de Navarre et frère de Jeanne, Blanche, fille de Jeanne et duchesse d’Orléans, et, il convient de le remarquer, Guy de Châtres, ancien abbé de Saint-Denis, juste après sa démission. Les séances postérieures, moins formelles, eurent lieu le 12 février 1344, au mois de mai 1349, et enfin le 26 août 1354.
21 Comme on l’a vu, en mai 1349, Jeanne prépara un testament. Cet acte nous est connu grâce aux joyaux qu’elle légua aux carmes de Paris pour subventionner la construction de leur église. Mais le 21 juin 1349, déclarant qu’elle désirait l’auancement des choses dessus dites, elle offrit les joyaux à la maison immédiatement, avec, en plus, 1 500 florins d’or à l’écu [54]. Au moins en partie à cause de ce don, l’église fut terminée rapidement. Le 16 mars 1354, Jeanne, la bienfaitrice par excellence, fut présente à la dédicace avec trois autres reines, ses tres cheres et tres amees nieces : Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI, Jeanne de Boulogne et d’Auvergne (1326 – 1360), femme de Jean II (1319 – 1364), et Jeanne de France (1343 – 1373), fille de Bonne de Luxembourg (1315 – 1349) et de Jean II, épouse de Charles le Mauvais, et par là même belle-sœur de Blanche de Navarre. Soulignant son rôle de patronne à nulle autre pareille, Jeanne d’Évreux présenta aux carmes un reliquaire en argent de la Vierge à l’Enfant contenant du lait de la Vierge et des cheveux du Christ, et apparemment similaire au reliquaire qu’elle avait donné à Saint-Denis.
22 Les années suivantes furent difficiles pour Jeanne et pour toute la France à cause des guerres et de la crise économique. La cessation, après 1354, des séances d’audition de ses comptes d’exécution anticipée suggère que Jeanne fut obligée de suspendre, sinon d’arrêter, ce projet. Elle y restait pourtant toujours attachée. Quand, en mai 1358, le dauphin Charles, alors régent, lui confirma sa possession de l’hôtel de Navarre (que Charles IV lui avait donné), il lui accorda (avec amortissement) la permission de la conuertir en piteulz vsages [55]. Après son accession au trône, Charles V confirma à nouveau cet acte en février 1365 [56]. Mais Jeanne garda l’hôtel sa vie durant, peut-être à cause des problèmes financiers auxquels elle eut à faire face. En raison de ces difficultés et de son désir de continuer son exécution testamentaire anticipée, en 1366, elle demanda à Charles V le versement immédiat de 15 000 francs d’or au lieu des 16 000 l. p. promises pour l’exécution de son testament. Le roi accéda à sa requête le 23 septembre 1366 [57] et Jeanne ratifia sa réponse favorable le 5 octobre suivant [58]. Après quoi, le 19 décembre 1366, elle attesta formellement que la somme totale de ses legs se montait, comme auparavant, à environ 20 000 l. t. ou 16 000 l. p. [59].
23 Jeanne continua à distribuer des dons et à prendre des mesures en vue de sa mort. C’est elle qui fit réaliser les tombeaux destinés à son corps (à Saint-Denis) et à son cœur (aux cordeliers de Paris) ; seul restait à commanditer le tombeau de ses entrailles pour Maubuisson [60]. Elle disposa aussi de ses biens les plus importants. Entre Pâques 1369 (le 1er avril) et la même fête en 1370 (le 13 avril), elle fit don au roi Charles V du précieux psautier de Saint Louis [61]. Quant aux œuvres pitoyables, on n’en connaît rien, et elle peut avoir abandonné l’exécution anticipée de son testament sur ce point.
24 En mars 1367, Jeanne dicta un nouveau testament. Tout en rappelant ce qu’elle avait fait dans le passé, l’acte contient plusieurs provisions concernant surtout des établissements ecclésiastiques que ses exécuteurs eurent à effectuer, ainsi que des instructions précises à propos de ses funérailles, qu’elle voulut très simples. Trois ans plus tard, en octobre 1370 elle prépara deux codicilles détaillés, énumérant une quantité d’objets (livres, lits, vêtements, reliques, reliquaires) qu’elle légua à des individus et à des églises [62].
25 Dans le testament de 1367, Jeanne nomma cinq exécuteurs, l’abbé de Saint-Denis, Guy de Monceau (1363 – 1398), et trois autres ecclésiastiques, ainsi que son fidèle conseiller, Hugues Boileau [63]. Dans son premier codicille de 1370, elle y ajouta son confesseur, son aumônier et deux de ses clercs [64]. À juste titre Jeanne douta de leur capacité à accomplir tout ce qui restait à faire. Elle se tourna, bien sûr, vers sa fille Blanche et son gendre Philippe, duc et duchesse d’Orléans, pour demander leur soutien [65]. Mais, comme plusieurs de ses contemporains, elle compta surtout sur le roi, Charles V, son principal espoir [66].
26 Dans un mandement du 11 février 1353, Jean II avait déclaré que au roi seul appartient la connaissance des testaments faits par toutes personnes venant à décéder dans l’étendue du royaume, dès qu’elles avaient catégoriquement manifesté leur volonté de s’en remettre au souverain [67]. Compte tenu de ce principe, qui fut accueilli bien favorablement, le Parlement de Paris se trouva chargé de surveiller l’exécution de quantité de testaments [68]. Jeanne d’Évreux, reine de France et cousine de Charles V, fut particulièrement bien placée pour solliciter le soutien du roi, et obtenir son intervention personnelle et directe. Dans son testament, elle implora son aide en des termes émouvants :
Et supplions tant humblement & si de cuer comme plus poons a nostre tres chier seigneur et cousin le Roy, que en lamour que il a tousiours eu a nous de sa tres grande grace & courtoisie il veille nous, nostre ame et le fait de nostre dite execucion auoir pour especiallement recommandez, et que se apres nostre trespassement empeschemens estoit mis par ses gens & officiers ou par autres quelconques personnes ou aucuns de nosdicts biens ordenez pour laccomplissement de nostredite execucion, il li plaise de sa grace a le faire oster et cesser du tout en tout, par quoy nosdits Executeurs en puissent ioir et vser paisiblement pour parfaire et accomplir nostredite ordonnance [69].
28 Elle demanda son intervention non seulement par écrit mais aussi directement auprès de lui. Selon le roi, Jeanne lui avait tres specialement recommandé de bouche et par plusieurs fois son désir qu’il fasse mettre en nostre main tous ses biens meubles & ioyaux en quelque lieu quils fussent pour les transmettre à ses exécuteurs après sa mort [70]. Ce que le roi fit, à tel point que les exécuteurs durent acheter les draps qui enveloppèrent le corps de la défunte reine pour ce que tous les biens de madicte dame estoient lors scellez par commande du Roy [71]. C’est donc l’intervention du roi – à qui Jeanne légua plusieurs objets très précieux – qui, à la fin, assura l’exécution des dispositions testamentaires qui restaient à accomplir après son décès [72].
29 La question demeure posée : pourquoi Jeanne lança-t-elle sa campagne d’exécution anticipée et pourquoi la poursuivit-elle pendant des décennies ? Elle aurait pu faire des donations aux églises et aux individus sans les lier à ses dernières volontés. Mais, surtout, après avoir reçu l’approbation du roi, ses dotations testamentaires revêtirent une aura de solennité dont les simples dons furent dépourvus. À cause de la solennité de tels actes, Jeanne s’assura sa vie durant des privilèges spirituels qu’elle n’aurait jamais reçus autrement, et elle réussit à gagner pour feu Charles IV la commémoration qu’il méritait – et qui lui manquait. Ses motivations pieuses mises à part, son entreprise lui fournit l’occasion d’impressionner ses parents et ses conseillers spirituels, et d’attirer l’attention, ainsi que l’admiration, des rois successifs qui l’aidèrent à l’accomplir. Du point de vue pratique, sa tactique lui permit de jouir du respect de ses contemporains pour sa générosité, sans l’obliger en tout cas à céder la possession immédiate des objets dont elle voulait conserver l’usufruit. Enfin, grâce à ses stratégies, elle put dédier aux œuvres pieuses beaucoup plus d’argent que les 16 000 l. p. que Philippe VI lui avait allouées.
30 Les gestes testamentaires de Jeanne d’Évreux exercèrent une influence limitée mais profonde sur les personnes qui connurent son projet d’exécution anticipée et qui en parlèrent. Charles V, qui avait fait l’objet de nombreuses sollicitations de Jeanne et qui, à la fin, veilla à l’accomplissement de ses dernières volontés, ouvrit la voie. Dans le testament qu’il fit rédiger en octobre 1374, trois ans et demi après la mort de Jeanne, plusieurs clauses impliquèrent, sinon spécifièrent, que les legs ou les dotations seraient accomplis avant son décès. De plus, en démontrant son intérêt pour les œuvres de piété, Charles y énuméra quantité de donations qu’il avait déjà faites [73]. Les actes testamentaires de son fils et successeur Charles VI furent plus dramatiques et dépassèrent en ampleur ceux de son père et de Jeanne elle-même. Ayant ordonné explicitement dans son testament de janvier 1393 l’accomplissement de plusieurs clauses avant sa mort [74], il institua bientôt l’exécution formelle de son testament, ainsi que des dispositions inaccomplies du testament de son père [75]. Son frère Louis d’Orléans [76] (1372 – 1407) et sa femme Isabeau de Bavière [77] (ca 1370 – 1435), ainsi que quelques-uns de ses conseillers les plus importants, jadis au service de son père Charles V, pratiquèrent, eux aussi, l’exécution anticipée [78]. Mais ceci est une autre histoire que nous aborderons un autre jour, tout en laissant à Jeanne d’Évreux le mérite d’avoir conçu les stratégies formelles d’exécution par anticipation qui établirent des nouvelles normes de piété à la cour de France.
Annexes
1 Dotation par Jeanne d’Évreux de services à Longchamp.
31 31 mai 1342
A. ORIGINAL, sur parchemin, de 320 mm de large x 315 mm de long (déplié), autrefois avec un repli de 50 mm, préparé pour double scellage sur lacs, conservé à PARIS, Archives nationales de France (= ANF), K 43B, no 21bis. Au recto de l’acte, en haut à gauche, des notations du XVIIe siècle : dernier mai 1342 fondation d’un service pour charles 4 dit le bel et jeanne d’Évreux sa femme. moyennant 200 l. tournois ; dernier may 1342 ; au verso, par une main contemporaine de l’acte : Cest le transcript del obligation faite a Ma dame la roine de france & de nauarre. I. deureus / de labbeesse (sic) & du conuent de lonc champ.
B1. COPIE sur papier, de la fin du XIVe siècle, conservée à PARIS, ANF, K 43, no 21.
B2. COPIE sur papier, XVIIIe siècle, conservée à PARIS, ANF, K 43, no 21ter.
ANALYSE : J. TARDIF, Monuments historiques. Cartons des rois, Paris, 1866, p. 382, no 1262.
33 A touz ceulz qui ces presentes lettres verront & orront suer Marie [a] de Lyons, humble Abbesse de Lonc champ, et tout le couuent de ce meismes lieu, Salut en nostre seigneur.
34 Comme tres haute & tres excellent [b] dame, Madame la Royne Iehanne d’Eureux, Royne de France & de Nauarre, iadiz espouse de treshaut & trespuissant prince de noble memoire le Roy Charle que dieux absoille, eust ordené par son testament a fonder son anniuersaire perpeuelment en nostre dite [c] eglise, et pour son desir & deuocion acomplir a son viuant, nous ait presentement enuoié deux cenz liures tournois comptans pour rente acheter, et auec ce nous a fait bailler dix liures tournois a vne fois pour faire a present vn seruice, dont pitance sera faite au couuent, les quelles sommes nous auons receues par la main Monsieur Nicole de Willy, son clerc, et en quittons nostre dite dame, ses executeurs, le dit Monsieur Nicole & touz autres a qui quittance en puet appartenir, et nous a nostre dite dame fait bailler les dites deux cens liures tournois pour acheter rente soubz le Roy au plus tost & plus briement que trouuer la pourrons, a fin que d’icelle rente pitance soit faite chascun an au couuent [d], et nouz a [e] nostre dite dame acordé de faire admortir dix liures a tournois de rente quant acquises les aurons soubz le Roy, soit des dites deux cenz liures ou d’autres deniers. Sachent tuit que nous, considerans la bonne volente de nostre dite dame & la deuocion que elle a a nostre dite eglise & a nous, les quelles choses nous doiuent raisonnablement mouoir a estre enclines d’acomplir ses bons propoz & sains desirs, en la regraciant & remerciant des biens & graces que elle nous a fait si charitablement & liberaument, li auons ottroyé & ottroions de certeine science & par deliberacion que nous auons eu seur ce en nostre chapitle [f], a chanter & faire celebrer chascun an tant comme elle viura vne messe a note, vne annee du Saint Esperit & l’autree annee de Nostre Dame pour elle & pour toutes les persones que elle entent, c’est assauoir, en I iour du mois de iuing que mieux pourra estre fait & qui moins sera chargiez d’autre seruice, et en chascune des dites messes sera faite propre oroison de mors pour l’ame de nostre treschier seigneur le Roy Charle que dieux absoille, iadiz son seigneur & espouz. Et commencerons a faire le seruice pour nostre dite dame en vn iour de ce prochein mois de iuing. Et continuerons chascun an elle viuant en vn iour du mois dessus dit. Et apres son deces ferons & serons tenues de faire touiours perpetuement vne fois chascun an, a tel iour comme elle trespassera, se il est iour que l’en doie & puisse faire le seruice de mors, ou au iour plus prochein auant ou apres que faire se pourra, l’anniuersaire conioinctement pour elle & pour le Roy Charle son seigneur que dieux absoille. C’est assauoir vigiles de mors a note, et londemain [g] la messe a note en couuent solennement. Et auec ce auons des maintenant nostre dite dame, son dit seigneur, leurs enfans & ceulz que elle entent a touz iours acompaigniee [h] & acompaignons, en toutes les messes, matines, heures, vigiles, prieres, oroisons, penitances & touz autres bienfais qui par nouz & noz successeurs seront faiz en nostre dite eglise, tout aussi comme vne de noz propres suers. Et a greigneur fermete l’auons ainsi des maintenant fait registrer en nostre matrologe. Promettans loyaument & en verite de Dieu [i] les choses dessus dites bien & deuement enteriner & acomplir. Et semblablement promettons les dites deux cens liures conuertir en l’achat de la dite rente, au plus tot que trouuer la pouuons soubz le Roy, pour en faire pitance au couuent chascun an aus iours que les diz seruices seront faiz comme dit est. Et pour ce que ce soit ferme chose & estable a touz iours, nouz abbesse & couuent dessus diz auons mis noz seaulz en ces presentes lettres.
35 Donné le darrenier iour de may. L’an de grace mil troiz cenz quarante & deux.
2 Dotation par Jeanne d’Évreux de services à l’église Saint-Paul de Saint-Denis
36 Février 1343
A. ORIGINAL, sur parchemin, 367 mm. (de large) x 270 mm. (de long) ; repli de 67 mm, scellé par Jeanne d’Évreux (à gauche) et par l’église (à droite), en cire verte sur lacs de ruban vert tissé (de soie à gauche, de coton à droite), conservé à PARIS, ANF, L 845, no 41. Au verso, la cote + h au-dessus de VJC. XV, et de courtes descriptions de l’acte (des XVe et XVIe siècles) : Littera fundacionis […] Regine francie & nauarre ; fondation de la Royne Iehanne Royne de france et de Nauarre pour son Obit a prendre L s sur la bourse du poison (sic) a paris.
38 Iehanne par la grace de Dieu Royne de France et de Nauarre et nous Chantre [a] et Chapitle [b] de l’eglise [c] Saint Pol de Saint Denis en France. A tous ceuls qui ces presentes lettres verront Salut.
39 Comme pieca nous Royne dessus dite eussions ordené par nostre testament a fonder nostre anniuersaire en la dite eglise de la somme de cincquante souls tournois de rente, et nous aions acquis par tiltre d’achat de Nicole des Essars, fame iadiz Martin des Essars, douze liures dix souls tournois de rente que elle prenoit chascun an heritablement sus la boiste aus poissons des Hales de Paris au terme de l’ascencion. Sachent tuit que nous aians deuocion & desir de nostre dite ordenance enteriner & acomplir a nostre viuant, auons donné, donnons et octroions par donation faite entre vifz aus diz Chantre [d] et Chapitle et a leurs successeurs en la dite eglise cincquante soulz tournois de la dite rente, que acquise auons comme dit est de la dite Nicole, les quels cincquante souls, nous voulons, ordenons et acordons que il aient et prengnent d’ores en auant paisiblement sus la dite boiste, sanz difficulte aucune, ou autre mandement attendre de nous. Et leur requerons que tant comme nous viurons, il vueillent chanter pour nous chascun an vne messe a note de Nostre Dame sollempnelment au grant autel et faire propre oroison de mors ala dite messe pour lame de nostre treschier seigneur et epous le Roy Charles que diex absoille. Et apres nostre decez qu’il vueillent faire a touz iours perpetuelment vne fois chascun an a tel iour comme nous trespasserons se il est iour que len doie et puisse faire le seruice de mors, ou au iour plus prochain auant ou apres que faire se pourra bonnement, l’anniuersaire pour nous et pour nostre dit seigneur conioinctement. C’est assauoir vegiles a note, et landemain comandacions et la messe a dyacre et a souzdyacre sollempnelment, aus quelz seruices qui fais seront comme dit est, tant a nostre viuant comme apres nostre deces. Nous voulons et ordenons que les diz L souls tournois de rente soient distribuez a ceuls qui seront aus diz seruices.
40 Et nous Chantre [e] et Chapitle dessus diz, considerans en ce le prouffit et vtilit[e de la dite] [f] eglise [g] [et de nous] et de noz successeurs en ycelle, et aussi la deuocion et bon propos de nostre dite dame, qui de ce que laissie nous auoit par son dit testament a voulu que nous soions prenans & possesseurs presentement a son viuant, eu sur ce auis et deliberacion en nostre Chapitre [h], le dit don a nous fait par elle acceptons, et en la remerciant de la dite grace, de certaine science et par deliberacion sur ce eue en nostre dit Chapitle, li auons octroié et octroions a chanter pour elle chascun an tant comme elle viura, la dite messe a note de Nostre Dame sollempnelment, et faire en ycelle propre oroison de mors pour lame de son dit seigneur, le quel seruice nous ferons chascun an la sepmaine apres les octaues de la Natiuite Nostre Dame a vn des iours d’ycelles octaues qui ne soit chargiez ne occupez d’autres seruices par especial. Et ferons le premier seruice la sepmaine des octaues de la feste de la Natiuite Nostre Dame [79] prouchainement [i] venant. Et apres son deces ferons chascun an perpetuelment l’anniuersaire pour elle et pour son dit seigneur conioinctement, tout en la fourme & maniere que dit est dessus. Et auecques ce acompaignons desmaintenant nostre dite dame et ceuls que elle entent, en tous les biens que fais seront pour nous et noz successeurs en nostre dite eglise, et l’auons aussi fait a perpetuel memoire registrer en nostre matrologe. Proumettans loyaument en bonne foy et sus l’obligacion du temporel de nostre dite eglise les choses dessus dites et chascune d’ycelles enteriner et acomplir, tout en la fourme & maniere que dit est. Et pour ce que ce soit ferme chose et estable a tous iours, Nous Royne, Chantre et Chapitle dessus diz auons mis noz seauls a ces presentes lettres, qui ont este doubles.
41 Donné l’an de grace mil trois cenz quarante & deux, ou mois de feurier.
Notes
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[1]
Sur Jeanne, voir B. D. BOEHM, A. QUANDT, W. D. WIXOM, The Hours of Jeanne d’Evreux. Acc. No. 54. I.2. The Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection, New York, Lucerne – New York, 2000 ; B. D. BOEHM, Le mécénat de Jeanne d’Évreux, 1300. L’art au temps de Philippe le Bel. Actes du Colloque international, Galeries nationales du Grand Palais, 24 et 25 juin 1998, éd. D. GABORIT-CHOPIN, F. AVRIL, M. C. BARDOS, Paris, 2001, p. 15 – 31 ; C. LORD, Jeanne d’Evreux as a Founder of Chapels. Patronage and Public Piety, Women and Art in Early Modern Europe. Patrons, Collectors, and Connoisseurs, éd. C. LAWRENCE, University Park, 1997, p. 21 – 36. Je tiens à remercier B. BOEHM, G. BRUNEL, O. CANTEAUT, R. C. FAMIGLIETTI, F. HILDESHEIMER, J. LIZOP, C. LORD, M. MORGAT-BONNET, C. RENO et, surtout, D. BERNÉ, pour leurs précieux conseils. Depuis notre première rencontre, j’ai tiré le plus grand profit des réflexions probantes sur Jeanne d’Évreux et son milieu de D. BERNÉ, qui m’a gracieusement permis de consulter sa thèse, Architecture et liturgie. Étude d’une interaction spatiale et mémorielle à Saint-Denis à l’époque gothique, École nationale des chartes, 2008, URL : http://theses.enc.sorbonne. fr/document 1128.html.
-
[2]
J. PETIT, Charles de Valois (1270 – 1325), Paris, 1900, p. 236 – 251.
-
[3]
E.A. R. BROWN, The King’s Conundrum : Endowing Queens and Loyal Servants, Ensuring Salvation, and Protecting the Patrimony in Fourteenth-Century France, Medieval Futures. Attitudes to the Future in the Middle Ages, éd. J. A. BURROW, I. P. WEI, Woodbridge, 2000, p. 148 – 152 ; ID., The Wills and Codicil of Philip the Fair. Executorial Dilemmas and the Emergence of Absolutism, Herrscher- und Fürstentestamente im westeuropäischen Mittelalter, éd. B. KASTEN, Cologne, 2008, p. 423 – 425, 428, 430.
-
[4]
P. VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, 987 – 1328, Villeneuve d’Ascq, 2000, p. 179 – 180 déclare (sans citer de source) que Jeanne est née en 1310. Le partage de terres que Louis d’Évreux dicta le 6 juin 1318 suggère que Jeanne était plus âgée que sa sœur Marguerite : PARIS, Archives nationales de France (= ANF), JJ 56, ff. 127 – 128v, no 283 (dans un vidimus de Philippe V en date du 11 juin 1318). L’acte ne mentionne que les deux sœurs (Jeanne et Marguerite) et leurs frères Philippe (l’aîné) et Charles († 1336) (fuiz puisnez). Charles et les deux filles étaient apparemment mineurs : après avoir atteint leur majorité, ils durent jurer qu’ils acceptaient les dispositions du partage. L’acte dut prendre effet quand Louis d’Évreux trépassa, à condition que les filles ne soient pas mariées, ce qui implique qu’elles devaient être dotées quand elles se marieraient. Il semble évident, donc, qu’une troisième fille Marie († 30 octobre 1335) fut exclue de l’acte à cause de son mariage en 1314 avec le duc Jean de Brabant – et qu’elle était plus âgée que les autres filles : VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 180, qui suit le Père ANSELME DE SAINTE-MARIE, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, 3e éd., t. 1, Paris, La compagnie des libraires, 1726, p. 281 ; t. 2, p. 797 (dispense de novembre 1308 pour le mariage de Marie et de Jean de Brabant). Selon VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 182, sans source, Philippe d’Évreux est né le 27 mars 1306 (peut-être ancien style, dans la mesure où Pâques tombait le 3 avril en 1306 et le 26 mars en 1307). Cependant, d’après ANSELME, Histoire généalogique, t. 1, p. 282, Philippe avait treize ans ou était dans sa treizième année quand il se maria en 1318 avec Jeanne de France, fille de Louis X et de Marguerite de Bourgogne, née le 28 janvier 1312 (Jeanne n’ayant encore que 7. ans & le comte 13).
-
[5]
Pour cette date, voir la Continuation anonyme en français du Memoriale historiarum de JEAN DE SAINT-VICTOR, dans Recueil des historiens des Gaules et de la France (= R.H.G.F.), t. 21, Paris, 1855, p. 682 : En l’an mil III. C. XXIIII. li roys Karles, à qui sa fame estoit morte […] se voult pourveoir de fame, afin que le royaume ne demourast sans hoirs. Et fut traictié de pluseurs dames ; mès en la fin acordé fu par le conseil d’aucun, dont leur cause motive ne fu onques seue, que dispensacion se feist du pape afin que li roys preist à fame Jehanne, sa cousine germainne, fille jadis de Loïs, conte de Esvreus, qui avoit esté frères du père du roy. Et si fist il ; et fu le mariage fait à Aneit, de l’éveschié de Chartres, le V. jour de juliet, ainsi que BERNARD GUI, Arbor genealogie Regum Francorum, PARIS, Bibliothèque nationale de France (= BnF), ms. lat. 4975, fol. 126v ; ms. Nal. 779, fol. 181r : Post hec autem aliam duxit vxorem filiam quondam domini ludouici patruelis sui comitis ebroycensis in secundo gradu consanguinitatis, dispensatione apostolica mediante, quam desponsauit in facie ecclesie die iouis infra octabas apostolorum petri et pauli IIJO. nonas iulij anno domini. Mo. CCCo. XXIIIJo ; voir T. STASSER, The Third Marriage of King Charles IV of France and his Offspring, Medieval Prosopography, t. 14/2, 1993, p. 13 – 15. Selon É. LALOU, Le souvenir du service de la reine : l’hôtel de Jeanne de Navarre, reine de France, en juin 1294, Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge. Mélanges en l’honneur de Philippe Contamine, éd. J. PAVIOT, J. VERGER, Paris, 2000, p. 414, Charles et Jeanne se sont mariés le 21 juin 1324, date de la première dispense papale. S’appuyant sur ANSELME DE SAINTE-MARIE, Histoire généalogique, t. 1, p. 97, VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 172, déclare que le mariage eut lieu en 1325 (le 5 juillet) au lieu de 1324.
-
[6]
Pour la dispense du 21 juin 1324 : PARIS, ANF, J 437, nos 30, 30ter ; B. BARBICHE, Les actes pontificaux originaux des Archives nationales de Paris, t. 3, Vatican, 1982, p. 186, no 2686 ; pour la seconde dispense du 5 avril 1326 : PARIS, ANF, J 437, nos 30bis, 30quater ; BARBICHE, Les actes pontificaux, t. 3, p. 193, no 2703.
-
[7]
STASSER, The Third Marriage of King Charles IV, p. 15 – 17 (la mort de cette fille, Jeanne, avant le 15 janvier 1327) ; Jeanne fut apparemment enterrée dans l’église des franciscains de Nogent-l’Artaud, à environ vingt kilomètres au sud-est de Château-Thierry : M. MENANT, Collection d’extraits des Mémoriaux, Journaux et autres pièces des archives de la Chambre des comptes, t. 6, ROUEN, Bibliothèque municipale (= ROUEN, BM, MENANT, t. 6), ms. 3403, Leber 5870, ff. 137v – 138r.
-
[8]
VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 159, 182 – 189.
-
[9]
[…] Et pource furent semons prelaz & barons et la en despondant. Lors muserent grant piece et en la fin il furent deffraudez de leur desir quant la Royne ot fille (PARIS, BnF, ms. lat. 10132, fol. 408r ; JEAN DE SAINT-VICTOR, Continuation anonyme, p. 685) ; En celle annee (1326) la Royne ot vne fille a chastiau thieri, iasoit ce que len eust conseillié au Roy que volentiers filz nessoient a chastiau thieri. Ne pourquant la Royne y ot filz dont le Roy sen parti a celle iournee de celui chastel. Et en icelui an morut la fille prumiere et einsnee de la roine & fu enterree (PARIS, BnF, ms. fr. 10132, fol. 409v ; JEAN DE SAINT-VICTOR, Continuation anonyme, p. 687). Voir STASSER, The Third Marriage of King Charles IV, p. 18 – 19.
-
[10]
PARIS, ANF, J 405, no 1, copie datée du 5 décembre 1336, exécutée à Paris à la Chambre des comptes, par Pierre Tuepain de Gressio, clerc du diocèse de Sens, qui, avec Hugues Boileau, l’un des principaux conseillers de Jeanne d’Évreux, la collationna avec l’original, en présence de sire (dominus) Philippe Duysi, chevalier, et de maître Bertrand de Clauso, chanoine de Paris. Sur Hugues, voir X. DE LA SELLE, Le service des âmes à la cour. Confesseurs et aumôniers des rois de France du XIIIe au XVe siècle, Paris, 1995, p. 307 – 308, ainsi que infra, n. 63.
-
[11]
JEAN DE SAINT-VICTOR, Continuation anonyme, p. 688 ; Chronique parisienne anonyme de 1316 à 1339 précédée d’additions à la Chronique française dite de Guillaume de Nangis (1206 – 1316), éd. A. HELLOT, Mémoires de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France (= M.S.H.P.I.F.), t. 11, 1884, p. 114 – 115, no 173 ; GUILLAUME DE NANGIS, Chronique latine de 1113 à 1300, avec les continuations de cette chronique de 1300 à 1368, éd. H. GÉRAUD, t. 2, Paris, 1843, p. 85 – 86. Lorsqu’il avance que cet enfant naquit à l’hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins de Paris, dont Charles de Valois fut un patron important, H. L. BORDIER apporte des preuves tirées des comptes de l’hôpital, mais il les date de 1328 – 1329, alors qu’il sont à assigner aux années 1329 – 1330 : La confrérie des Pèlerins de Saint-Jacques et ses archives, M.S.H.P.I.F., t. 1, 1874, p. 198 – 199 ; ID., La confrérie de Saint-Jacques aux Pèlerins, Ibid., t. 2, 1875, p. 395 – 396, cité par J. VIARD, Philippe de Valois, début du règne (février – juillet 1328), Bibliothèque de l’École des chartes, t. 95, 1934, p. 269. Les articles de Bordier furent réimprimés dans ID., L. BRIÈLE, Les archives hospitalières de Paris, 2e part., Confrérie de S. Jacques-aux-Pèlerins de Paris, Paris, 1877. Pour les comptes, PARIS, Archives de l’Assistance publique, Hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins, liasse 79, cote 2254, no 1348.
-
[12]
PARIS, ANF, J 405, no 2, autrefois avec sceau de cire rouge sur double queue, par Monsieur le Regent. Ia. de vertus.
-
[13]
Ibid., no 3, délivré à Chartres, avec sceau de cire blanche sur double queue ; sur le repli, à gauche, Autre fois signee ainssi par Monsieur le Regent. Ia. de vertuz. Renouuelee par vous dou commandement le Roy. Feauz, et à droite, Resigillata.
-
[14]
M. L. LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi ». Parenté et politique chez les Évreux – Navarre (1298 – 1425), Thèse de doctorat, Université de Paris X – Nanterre, reprod., Lille, [2004], Annexes, p. 98 ; A. DE MONTAIGLON, Joyaux et pierreries donnés au couvent des Grands Carmes de la place Maubert à Paris par la reine Jeanne d’Évreux en 1349 et 1361, Archives de l’Art français. Recueil de Documents inédits relatifs à l’Histoire des Arts en France, t. 11 (2e sér., t. 1), 1861, p. 448 – 449 (Jehanne par la grace […] Comme par nostre testament, fait ou mois de may, en cest an present, nous, en lonneur de la beneoite vierge Marie, mere de nostre doux sauueur, pour le remede & salut de lame de nostre treschier seigneur que dieux absoille & de nous eussienz laissie & donne a leuure du moustier de nostre dame du couuent des Carmelistes de paris les joyaux ci apres escripz & deuisiez […] ; acte du 21 juin 1349).
-
[15]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 72r – 122r (les comptes de l’exécution, commencée le 28 septembre 1372 et terminée en janvier 1373), 122r – 133r (testament de Jeanne, ordonné à Crécy-en-Brie en mars 1367), 133r – 139r (codicille annexé au testament, émis à Brie-Comte-Robert en octobre 1370), 139r – 139v (codicille, non annexé, daté du même jour), 140r – 140v (commission de Charles V pour l’exécution du testament, daté du 5 juillet 1372, Bois de Vincennes). Ces copies furent faites par Jacques Menant († 1699), auditeur de la Chambre des comptes. Ses transcriptions furent copiées pour la collection des documents concernant l’histoire de France de Gaspard-Moïse-Augustin de Fontanieu (1694 – 1767) : PARIS, BnF, ms. Naf. 7614 (Portefeuilles Fontanieu 90 – 91), ff. 205r – 236v. Pour une copie de l’exécution indépendante et plus complète, voir PARIS, BnF, ms. fr. 7855, p. 341 – 415. L’édition du compte de l’exécution de J.M. C. LEBER (fondée sur les copies de Menant) contient plusieurs erreurs : Collection des meilleurs dissertations, notices et traités particuliers relatifs à l’histoire de France, t. 19, Paris, 1838 p. 120 – 169. Voir LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 296 – 297.
-
[16]
Voir PARIS, ANF, J 405, nos 4 – 11 ; VIARD, Philippe de Valois, début du règne, p. 272 – 273 (l’accord final, daté du mois d’avril 1342, pour lequel voir PARIS, ANF, J 405, no 11, un vidimus du 9 mars 1377).
-
[17]
PARIS, ANF, J 405, no 8, autrefois scellé sur double queue.
-
[18]
Acte inclus dans la dotation de Jeanne de l’abbaye de Saint-Denis du 1er août 1343, PARIS, ANF, K 42B, no 27bis, éd. E.A. R. BROWN, The Testamentary Strategies of Jeanne d’Évreux : The Endowment of Saint-Denis in 1343, Magistra Doctissima. Essays in Honor of Bonnie Wheeler, éd. D. ARMSTRONG, A. W. ASTELL, H. CHICKERING, Kalamazoo, 2013, p. 217 – 247.
-
[19]
PARIS, ANF, JJ 70, ff. 8v – 9r, no 22, daté au mois de mars 1336 (n. st.), à Marseille, et contenant un vidimus des lettres royales de février 1334 (n. st.), délivrées à Paris. En 1336, Pâques tomba le 31 mars et en 1335 le 16 avril.
-
[20]
Ibid., fol. 8v.
-
[21]
Ibid., J 405, no 9, avec sceau de cire blanche sur double queue.
-
[22]
Ibid., no 9 ([…] Si voulons nous & auons octroie & octroions a nostre dicte dame, a sa supplication & requeste, que se elle veult ores ou autres foiz a son uiuant paier en tout ou en partie les lais & ordenance que elle a faiz & fera par testamens, darreniere voulente, ou codicilles faiz ou a faire, ou en ait ia faiz aucuns paiemens, ou ses executeurs ou hoirs en faisoient apres son decez paiemens des autres biens demourez apres le deces de nostre dicte dame auant quil [sic] eussent receu les dictes seize mile liures parisis, que neantmoins les diz executeurs & hoirs puissent leuer et faire leuer & receuoir par leur main la dicte somme).
-
[23]
Ibid. ([…] que les paiemens que elle aura faiz a son uiuant des lais & ordenance de son dit testament, codicille & darraine voulente dont il apparra par lettres de tesmoignage du seel de nostre dicte dame, soient de autele & semblable valeur, comme sil estoient faiz apres son decez par ses executeurs & par ses hoirs).
-
[24]
PARIS, Bibliothèque Mazarine, ms. 870, fol. 201r. Sur ce manuscrit et ce traité, voir la notice I – 20 dans M. A. STONES, Manuscripts Illuminated in France, Gothic Manuscripts 1260 – 1320, Turnhout, à paraître ; je tiens à remercier M. A. STONES qui m’a fort gentiment communiqué cette notice avant publication, ainsi que pour ses conseils à propos de la Somme du roi, copiée avec Le mirouer de l’ame dans ce recueil ; voir aussi R.H. et M. A. ROUSE, Illiterati et uxorati. Manuscripts and their Makers. Commercial Book Producers in Medieval Paris 1200 – 1500, t. 1, Londres, 2000, p. 148 – 153. Au début de son testament du 18 mars 1396, Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI et nièce de Jeanne d’Évreux, cite le proverbe Qui petit seme, petit queut, remarque que, selon la saincte escripture, les peschiez et meffaiz peuent estre rachatez par aumosnes et charité, et remercie le Seigneur de lui avoir donné povoir et espace de faire son testament : L. DELISLE, Testament de Blanche de Navarre, reine de France, M.S.H.P.I.F., t. 64, 1885, p. 4.
-
[25]
A. TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris sous le règne de Charles VI, Mélanges historiques. Choix de documents, t. 3, p. 241 – 704, et pour les actes testamentaires de Jean Canard, p. 383 – 411 (ici p. 401) ; voir aussi http://corpus.enc. sorbonne.fr/testaments/testament_064. Sur cette question, voir B. SCHNERB, Le testament de Jean Canard, évêque d’Arras (26 février 1405), Évêques et cardinaux princiers et curiaux (XIVe – début XVIe siècle). Des acteurs du pouvoir, éd. M. MAILLARD-LUYPAERT, A. MARCHANDISSE, B. SCHNERB, sous presse. Canard († le 7 octobre 1407), promu évêque d’Arras en 1392, fut l’exécuteur testamentaire de, entre autres, Charles V, Blanche de Navarre (voir la note précédente), Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et Charles VI. Voir, pour Charles V, PARIS, ANF, J 404B, no 37 (son testament d’octobre 1374), ainsi que Mandements et actes divers de Charles V (1364 – 1380) recueillis dans les collections de la Bibliothèque nationale, publiés ou analysés, éd. L. DELISLE, Paris, 1874, p. 949 – 950, no 1956 (mandement daté du 16 septembre 1380) ; pour Blanche de Navarre, ID., Testament de Blanche, p. 4 – 28, surtout p. 26 – 27 (son testament du 18 mars 1396) ; pour le duc de Bourgogne, TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 383 – 384, et, pour Charles VI, PARIS, ANF, J 404B, no 40 (son testament de janvier 1393), éd. G. BESSÉ, Recueil de diverses pièces servant à l’histoire du roy Charles VI : avec un discours qui sert d’instruction & d’inuentaire des matières qu’il continent, dont il n’est pas fait mention dans l’histoire, Paris, A. de Sommaville, 1660, p. 343 – 360 (particulièrement p. 357).
-
[26]
Voir E.A. R. BROWN, La mort, les testaments et les fondations de Jeanne de Navarre, reine de France (1273 – 1305), Une histoire pour un royaume (XIIe – XVe siècle). Actes du colloque Corpus Regni en hommage à Colette Beaune, éd. A. H. ALLIROT, M. GAUDE-FERRAGU, G. LECUPPRE, E. LEQUAIN, L. SCORDIA, J. VÉRONÈSE, M. LEROY, Paris, 2010, p. 124 – 141, 508 – 510 ; BROWN, The Wills and Codicil, p. 418.
-
[27]
Voir ID., Royal Salvation and Needs of State in Early-Fourteenth-Century France, The Monarchy of Capetian France and Royal Ceremonial, éd. ID., Aldershot, 1991, no IV ; cet article révise et élabore les conclusions présentées dans ID., Royal Salvation and Needs of State in Late Capetian France, Order and Innovation in the Medieval West. Essays in Honor of Joseph R. Strayer, éd. W. C. JORDAN, B. MCNAB, T. F. RUIZ, Princeton, 1976, p. 365 – 383, 541 – 561. Voir aussi les remarques pertinentes de E. P. BOUTARIC, La France sous Philippe le Bel. Étude sur les institutions politiques et administratives du Moyen Âge, Paris, 1861, p. 426.
-
[28]
J. VIARD, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois (1328 – 1350), extraits des registres de la chancellerie de France, t. 1, Paris, 1899, p. 35 – 38, no XXXII (36) ; voir BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 1, p. 136 – 139, URL : http://theses.enc.sorbonne.fr/ document 1128.html, p. 8) ; ID., L’action mémorielle des princesses capétiennes à Saint-Denis au XIVe siècle, Histoire de l’art, t. 63, 2008, p. 1 – 10.
-
[29]
PARIS, ANF, J 403, no 10. Pierre demanda à Philippe III de consentir à être l’un de ses exécuteurs, mais le sollicita s’il ne le voulut pas, que a noz executeurs soit boens aidierres, et boens defendierres de nostre execucion mettre afin, et que a ce grant besoingn [sic] du salu de nostre ame, nous soit loiaus freres. et loiaus amis. Dans une autre clause, Pierre enjoignit ses exécuteurs à supplier le roi et d’autres personnes que eus nous weillent estre loiaus amis a cestui grant besoing, en ajoutant Et nous meimes les en prions et requerons par les paroles que Iob [Jb, 19, 21] dist, Miseremini mei saltem vos amici mei, quia manus domini tetigit me. Le testament de Pierre fut édité par CHARLES DU FRESNE, sieur DU CANGE, Histoire de Saint Lovys IX. du nom roy de France, 1re part., Paris, S. Mabre-Cramoisy, 1668, p. 181 – 186. Sur Pierre, voir X. HÉLARY, La mort de Pierre, comte d’Alençon (1283), fils de saint Louis, dans la mémoire capétienne, Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 94, 2008, p. 5 – 22 (surtout p. 16 – 17).
-
[30]
Les œuvres de piété d’Aliénor, dernière comtesse de Vermandois et dame de Valois, fournissent un parallèle distant mais pas tout à fait analogue : L. DUVAL-ARNOULD, Les aumônes d’Aliénor, dernière comtesse de Vermandois et dame de Valois († 1213), Revue Mabillon, t. 60, 1984, p. 395 – 463. La charte de 1194 dans laquelle Aliénor distribua la somme de 100 l. p. que Philippe Auguste lui alloua dans leur accord de 1192, est décrite par un de ses éditeurs comme un testament, bien que, en réalité, elle fût plutôt une « charte aumônière », comme l’appelle Ibid., p. 405 (particulièrement n. 34), 432, 438 ; voir aussi Ibid., p. 406 – 407 n. 37 (la désignation comme testament d’un autre acte de Jeanne concernant une de ses dotations) ; à ce propos, voir L. DOUËT-D’ARCQ, Recherches historiques et critiques sur les anciens comtes de Beaumont-sur-Oise, Amiens, 1855, p. 105. En revanche, la permission accordée à Aliénor par Philippe Auguste ressemble fort aux privilèges concédés par Philippe VI à Philippe d’Évreux en février 1334 et à Jeanne d’Évreux le 15 février 1339 (voir supra, n. 19). Noter aussi le privilège semblable du 3 mars 1390 donnée par Charles VI à Blanche de France, fille de Jeanne d’Évreux, qui lui permit de disposer de 500 l. p. de rentes, amorties : PARIS, ANF, JJ 138, fol. 103r – v, no 85 ; JJ 142, ff. 93r – 96r, nos 154 – 159 (le no 157 manque ; cinq lettres de Charles VI confirmant des donations de Blanche, délivrées en mars 1392 à Paris).
-
[31]
B. DELMAIRE, La comtesse Mahaut d’Artois et ses trois testaments (1307, 1318, 1329), Histoire et Archéologie du Pas-de-Calais, Bulletin de la Commission départementale d’Histoire et d’Archéologie du Pas-de-Calais, t. 23, 2005, p. 3 – 43, les trois testaments sont édités aux p. 14 – 23 (Arras, 19 août 1307), 23 – 32 (Paris, 15 août 1318), 33 – 39 (Paris, 24 mars 1329). Je tiens à remercier B. DELMAIRE pour ses conseils, ainsi qu’A. PROVOST, pour son aide. Voir aussi J. P. REDOUTEY, Les trois testaments de Mahaut d’Artois, Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens Pays bourguignons, comtois et romands, t. 39, 1982, p. 161 – 178.
-
[32]
Mahaut fut convaincue de l’importance primordiale de l’exécution testamentaire pour hâter le salut des morts. Elle fit des donations pour exécuter les dernières volontés de son père, Robert II d’Artois, voir DELMAIRE, La comtesse Mahaut d’Artois, p. 13 (voir aussi p. 4 n. 10 pour la disparition du testament de Robert). En plus, dans son troisième testament, elle déclara que, à cause des honores et bona que son feu mari, Othon de Bourgogne, lui avait accordés, elle a assumé volontairement la responsabilité [onus] d’accomplir ses dispositions testamentaires en employant ses propres ressources. Tout en croyant qu’elle l’avait fait, elle ordonna que si aliqua inveniri possint non adimpleta aut etiam non soluta, de meo proprio adimpleantur et solvantur (Ibid., p. 37, no 14).
-
[33]
Noter, par exemple, les clauses concernant la fondation et l’achèvement de la maison de Poissy dans les deuxième et troisième testaments de Philippe le Bel et dans son codicille du 28 novembre 1314 : PARIS, ANF, J 403, no 13 (testament de mars 1297), nos 17 – 17ter (testament du 17 mai 1311), 18 (codicille) ; BROWN, Royal Salvation, p. 11, 14, 16 – 18 (voir supra, n. 27). Noter aussi, dans le testament de Charles IV d’octobre 1324, la disposition concernant l’exécution des testaments de son père Philippe le Bel et de ses frères Louis X et Philippe V : PARIS, ANF, J 404A, no 29 (AE II 333).
-
[34]
DELMAIRE, La comtesse Mahaut d’Artois, p. 6, 13, 15 ; 19, no 8 (voir aussi p. 24, 27, no 8) ; 15, 20, no 10 (voir aussi p. 24, 28, no 10) ; 24, 28, no 12. Quant à la chapelle de chanoines qu’elle voulut établir à Dole, Mahaut spécifia dans son deuxième testament que si, au moment de sa mort, la chapelle n’avait pas été établie et les chanoines installés, la rente de 100 l. qu’elle y allouait devrait être employée pour doter un chanoine dans son château de Châteaurenard : Ibid., p. 17, 22, no 20 ; p. 29, no 24.
-
[35]
Ibid., p. 34, 37, no 15. Remarquer la disposition similaire concernant les clarisses de Locus bonus sancti Ludovici près de Saint-Omer : Ibid., p. 34, 37, no 16 ; voir aussi p. 26, 31, no 34.
-
[36]
Ibid., p. 6, 13.
-
[37]
Ibid., p. 13 – 14, 26, nos 32 – 33.
-
[38]
Dans mon article Testamentary Strategies (voir supra, n. 18), j’ai examiné la signification de la date du 28 avril 1339 qui apparaît dans l’inscription attachée à la base du reliquaire de la Vierge donnée par Jeanne d’Évreux à l’abbaye, une donation formalisée par les deux actes du 1er août 1343. On ne peut pas savoir si l’abbaye reçut la statue en 1339 ou si Jeanne l’a seulement promise à l’abbaye en cette année. Dans les deux cas, Jeanne et Guy de Châtres étaient certainement en communication l’un avec l’autre au printemps 1339.
-
[39]
PARIS, ANF, J 404A, no 29 (AE II 333) ; voir aussi supra, n. 28.
-
[40]
BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 1, p. 136 – 139, 142 – 147 ; BROWN, Testamentary Strategies ; ID., The Prospect of Salvation at Twelfth-Century Saint-Denis : Saint Denis, Saint Carpus, Benign Jesus, and Abbot Suger, à paraître ; C. J. MEWS, Re-structuring the Golden Legend in the Early Fourteenth Century : The Sanctilogium of Guy of Châtres, Abbot of Saint-Denis, Revue bénédictine, t. 120, 2010, p. 129 – 144. Je remercie C. MEWS pour sa gentillesse en me permettant de lire son article et pour des discussions fructueuses à propos de Guy de Châtres.
-
[41]
BROWN, Testamentary Strategies.
-
[42]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, fol. 123r. Dans cet acte, son testament de mars 1367, Jeanne décrit Guy comme lors desmis au moment de la séance, qui eut lieu à Brie-Comte-Robert, selon toute probabilité ; Jeanne y fut présente avec son frère Philippe d’Évreux, roi de Navarre, et sa fille Blanche, duchesse d’Orléans, ainsi que plusieurs de [ses] gens & Conseillers.
-
[43]
E.A. R. BROWN, Saint-Denis, la basilique, Paris, 2001, p. 410 – 411, 420 – 421.
-
[44]
A. DUTILLEUX, J. DEPOIN, Cartulaire de l’abbaye de Maubuisson (Notre-Dame-la-Royale), t. 1, Pontoise, 1890, p. 24, 78 – 80, no 80 (octobre 1340), p. 81 – 82, nos 81 – 83 (actes supplémentaires d’octobre 1340, du 2 février 1341 et du 27 février 1345) ; voir aussi ID., L’abbaye de Maubuisson (Notre-Dame-la-Royale). Histoire et cartulaire publiés d’après des documents entièrement inédits, t. 1, Pontoise, 1882, p. 24 – 25 ; LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 301 – 303, et annexes, p. 83.
-
[45]
E. MICHEL, La reine Jeanne d’Evreux à Brie-Comte-Robert (1326 – 1370), Bulletin et Compte-rendu de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Brie-Comte-Robert, Mormant, Tournan et la Vallée de l’Yères, t. 1, 1898 – 1901, p. 9 – 15, 22 – 25 (spécialement, p. 13 – 15). Michel présente un résumé et plusieurs citations de l’acte ; comme source, il cite (Ibid., p. 14, n. 1bis) « une lettre approbative » du duc d’Orléans émise à Paris le 6 avril 1396, dont « un habitant de Brie » possède l’original, et dont il existe des copies aux archives de la famille d’Orléans ainsi qu’aux « Archives départementales », la copie consultée pour son étude.
-
[46]
Jeanne, la première fille de Jeanne de France et de Philippe d’Évreux, par ailleurs nièce de Jeanne d’Évreux, fut religieuse à Longchamp jusqu’à sa mort, le 3 juillet 1387 : VAN KERREBROUCK, Les Capétiens, p. 183 – 184 ; PARIS, ANF, K 43, no 1 (la renonciation de ses droits au royaume de Navarre en faveur de sa sœur Marie, le 23 avril 1338).
-
[47]
Ibid., K 43B, no 21bis. Voir l’annexe 1.
-
[48]
Ibid., L 845, no 41. Voir l’annexe 2. Berné édite cet acte dans sa thèse (BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 2, p. 504 – 505).
-
[49]
Le 17 décembre 1350 Gilles Rigaud fut nommé cardinal-prêtre au titre de Saint-Praxède et quitta ensuite Saint-Denis. Mort en 1351, il fut enterré à Saint-Denis. Voir Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa […], éd. D. DE SAINTE-MARTHE e.a., t. 7, Paris, 1744, col. 399 – 400 ; M. FELIBIEN, Histoire de l’Abbaye Royale de Saint-Denys en France […], Paris, Frédéric Léonard, 1706, p. 274 – 275.
-
[50]
Pour les deux chartes pour Saint-Denis, voir BROWN, Testamentary Strategies ; BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 1, p. 148 – 150 ; t. 2, p. 81 – 86 ; LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 299 – 301 ; J. DOUBLET, Histoire de l’Abbaye de S. Denys en France […], Paris, M. Soly, 1625, p. 968 – 975, ainsi que p. 336 – 337, 1298 – 1299.
-
[51]
Voir supra n. 38, concernant le fait que l’abbaye prit peut-être possession du reliquaire en 1339.
-
[52]
En établissant des messes à Saint-Denis en novembre 1391, Blanche de France, fille de Jeanne et duchesse d’Orléans, demanda que ses progeniteurs, son mari, elle-même, et les amis qu’elle recommandait soient acompagniés en les messes, prières, aumônes, et bienfaits accomplis dans l’église ; elle en reçut la promesse : PARIS, ANF, S 2311, no 4 ; éd. BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 2, p. 98 – 102. Il manque une telle disposition dans les chartes de dotation de Jeanne d’Évreux en faveur de Maubuisson : voir supra n. 44.
-
[53]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, fol. 122v.
-
[54]
LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », p. 304 – 307, 311 – 313, annexes, p. 98 – 101 ; MONTAIGLON, Joyaux et pierreries, p. 449 – 453 ; A. L. MILLIN, Antiquités Nationales, ou Recueil de Monumens […], t. 4, Paris, M. Drouhin, 1792, art. XLVI (Carmes de la Place Maubert. Département et District de Paris, Section du Panthéon François), p. 12 – 13.
-
[55]
PARIS, ANF, K 47, no 48bis, délivré à Compiègne, scellé en cire verte sur lacs de soie rouge et verte ([…] du quel ottroy [de Charles IV] elle ne prinst nulles lettres, nous voulanz le dit don fait a nostre dicte dame dud. hostel estre valable & demourer en sa vertu iceluj loons, greons et approuuons, et par la teneur de ces presentes de grace especial et de certaine science ratiffions & confermons. Et en ampliant nostre dicte grace li auons ottroye et ottroyons que elle puisse le dit hostel posseder et tenir perpetuelment & a touz iours, et que elle en puisse faire sa plaine voulente, soit par donner, vendre, aumosner, transporter et conuertir en piteulz vsages ou autrement ordener, selonc ce que mieulz luj plaira, sanz ce que elle ou ceulz qui delle auront cause puissent estre contrainz a le mettre hors de leurs mains ne pour ce paier aucune finance, la quelle finance nous quittons & remettons des maintenant par la teneur de ces presentes).
-
[56]
Ibid., no 48ter.
-
[57]
Ibid., J 405, no 12, délivré à Paris, scellé de cire blanche sur double queue.
-
[58]
Ibid., no 13, émis à Brie-Comte-Robert, scellé de cire blanche sur double queue.
-
[59]
Ibid., no 14, délivré à Paris, scellé de cire rouge sur simple queue (Sauoir faisons que les parties de nostre testament fait de la volente et assentement de nostre treschier seigneur & espoux le Roy Charle, que dieux absoille, montent en somme toute vint mil. liures tournois ou enuiron).
-
[60]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 127v – 128r (Item nous voulons et ordonnons vne tombe estre faicte, laquelle sera mise & assize sur nos entrailles au lieu ou elles seront enterrees, telle comme bon semblera a nos executeurs sans faire aucun oustrage, et voulons que largent en soit paye comptant par nos executeurs se nous ne la faisions [sic] faire en nostre viuant, car les autres tombes pour nostre cors et nostre cuer sont faictes et ia mises ez lieux ou il doiuent estre mis et ce qui sera a parfaier [sic] nous voulons que il soit parfait par nos executeurs).
-
[61]
PARIS, BnF, ms. lat. 10525, fol. Av (Cest psaultier fu saint loys. Et le donna la royne Iehenne deureux au roy Charles filz du roy Iehan, lan de nostre seigneur mil troys cens soissante et nuef. Et le roy Charles present filz du dit roy Charles le donna a Madame Marie de France sa fille religieuse a Poyssi, le iour saint Michel lan mil. IIIJC, une notice écrite entre 1400 et la mort de Charles VI en 1422). Voir H. STAHL, Picturing Kingship. History and Painting in the Psalter of Saint Louis, University Park PA, 2008, p. 5, 6, 242. Pace le commentaire de Stahl, il n’y a pas de grattage à la fin de la notice ; je remercie C. DENOEL d’avoir confirmé mes observations. Le livre peut bien avoir été offert le 29 septembre 1400 à Marie de France (1393 – 1438) ; Ibid., p. 5, 242. Le 8 septembre 1397, Marie fut reçue à Poissy à l’âge de 4 ans ; presque onze ans plus tard, elle y professa et prit le voile le 10 juin 1408, dimanche de la Trinité. Voir ANSELME, Histoire généalogique, t. 1, p. 114 – 115 ; P. VAN KERREBROUCK, C. BRUN, C. DE MÉRINDOL, Les Valois, Villeneuve d’Ascq, 1990, p. 116, et pour son entrée à Poissy, MICHEL PINTOIN (LE RELIGIEUX DE SAINT-DENIS), Chronique, contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422, éd. L. F. BELLAGUET, t. 2, Paris, 1840 ; t. 4, 1842, p. 554 – 557.
-
[62]
Pour ces codicilles, voir supra n. 15.
-
[63]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, fol. 130r – v. Pour Hugues, voir supra n. 10.
-
[64]
Ibid., fol. 138r.
-
[65]
Ibid., fol. 133r (Et semblablement en prions nous a noz tres chers fil et fille le Duc et la Duchesse d’Orleans [sic] que en lamour que il ont et doiuent auoir a nous, ils soient aidans, conseillans, & confortans a nozd. [sic] executeurs ou faict de nostredicte execucion toutefois que besoin leur sera et il en seront par eux requis).
-
[66]
Dans son testament du 21 mai 1392, Blanche de France, duchesse d’Orléans et fille de Jeanne d’Évreux, demanda le soutien du roi et des ducs de Berry et de Bourgogne, qu’elle appelle ses frères ; quelques mois plus tard, dans son codicille du 30 janvier 1393, elle ajoute les deux ducs au corps de ses exécuteurs : G. VIGNAT, Note sur une des chapelles absidales de la basilique de Sainte-Croix d’Orléans, Mémoires de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, t. 9, 1865, p. 138 – 139, 143.
-
[67]
Voir TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 243 (Cum de jure et consuetudine notorie antiquitus observata cognitio testamentorum quorumcumque in regno nostro decedencium ad nos solum et insolidum pertineat, quociens primo ad nos recursus super hoc habeatur : PARIS, ANF, X1a 15, fol. 24v, le préambule d’un mandement adressé à cinq conseillers du Parlement de Paris). Pour une déclaration similaire dans un mandement royal du 2 janvier 1356, voir E.A. R. BROWN, The Parlement de Paris and the Welfare of the Dead, Le Parlement en sa cour. Études en l’honneur du Professeur Jean Hilaire, éd. O. DESCAMPS, F. HILDESHEIMER, M. MORGAT-BONNET, Paris, 2012, p. 47 – 73 (spécialement, p. 52 – 53, 72 – 73).
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[68]
Ibid., ainsi que le site Internet Testaments de l’École nationale des chartes sous la direction de M. CHAIGNE, où un journal testamentaire et les testaments conservés dans PARIS, ANF, X1A 9807, sont en train d’être édités (http://corpus.enc.sorbonne. fr/testaments) ; TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris ; M. NORTIER, Recueils perdus de testaments enregistrés au Parlement de Paris, Bibliothèque de l’École des chartes, t. 113, 1955, p. 185 – 193. Dans son testament du 18 mars 1396, Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI et nièce de Jeanne d’Évreux, déclara que le roi, ainsi que les ducs de Berry, de Bourgogne, et d’Orléans (qu’elle appelle tous ses filz) avaient promis à nostre personne moult favorablement et amiablement d’être protecteurs et defendeurs de l’exécution de son testament. Voir DELISLE, Testament de Blanche, p. 26 – 27, no 85, p. 42, no 397, une clause semblable dans son codicille du 20 mars 1396. Dans son troisième codicille, daté du 10 septembre 1398, moins d’un mois avant sa mort, le 5 octobre 1398, tout en demandant à ses filz de protéger et de défendre son exécution, elle annonça que pour greigneur seurté elle soumettait son testament au Parlement de Paris, en remplacement des deux personnes du Parlement et des deux autres, de la Chambre des comptes, qu’elle avait demandé au roi de désigner pour oir le compte de [son] exécution : Ibid., p. 52, no 524, p. 54 – 55, no 532. Le premier exécuteur que Louis d’Orléans nomma dans son testament du 19 octobre 1403 (le second au moins qu’il dicta) fut le roi, son frère, qu’il supplia de prendre au cueur [son] testament et le fait de [son] execution. Cependant, en même temps, il soumit le testament a la jurisdiction du roi, du Parlement et du Châtelet de Paris, ce qui explique la présence du testament dans l’un des registres des testaments du Parlement de Paris (PARIS, ANF, X1a 9807, ff. 233r – 242r) : TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 257, no 49 ; pour ce testament, voir (entre autres éditions, qui contiennent toutes des erreurs), F. M. GRAVES, Quelques pièces relatives à la vie de Louis I, duc d’Orléans, et de Valentine Visconti, sa femme, Paris, 1913, p. 196 – 220, no 127 ; pour un testament antérieur, voir E. JARRY, La vie politique de Louis de France, duc d’Orléans, 1372 – 1407, Paris, 1889, p. 229 – 230. Voir aussi le testament d’Isabeau de Bavière du 2 septembre 1431 : É. G. PEIGNOT, Choix de testaments anciens et modernes, remarquables par leur importance, leur singularité, ou leur bizarrerie, avec des détails historiques et des notes, t. 1, Paris – Dijon, 1829, p. 76 – 98 (spécialement, p. 90).
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[69]
ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 132v – 133r.
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[70]
Ibid., ff. 140r – 141r (mandement de Charles V à quatre de ses conseillers concernant l’exécution et l’audition des comptes, daté du 5 juillet 1372, au Bois de Vincennes ; voir Collection des meilleurs dissertations, t. 19, p. 121, avec la date X jour de juillet). Le testament de Charles V d’octobre 1374 contient des dispositions minutieuses pour garantir la garde de ses meubles jusqu’à la majorité de son fils aîné : PARIS, ANF, J 404B, no 37.
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[71]
Ibid., fol. 100v ; selon le compte de l’exécution, long temps auant [son] trespassement Charles V prit en sa sauue & especial garde tous les biens meubles de Jeanne (Ibid., fol. 72v).
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[72]
Au moins deux des quatre commissaires envoyés par le roi pour protéger les biens de Jeanne d’Évreux immédiatement après sa mort furent des officiers du Parlement de Paris. Voir BROWN, Parlement de Paris, p. 51 (surtout n. 13). Les officiers royaux et les exécuteurs commencèrent l’exécution formelle de son testament le 28 septembre 1372 et semblent avoir terminé leur travail à la fin de janvier 1373 (ROUEN, BM, MENANT, t. 6, ff. 72r – 74r, 140r – 140v ; Collection des meilleurs dissertations, t. 19, p. 120 – 121).
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[73]
PARIS, ANF, J 404B, no 37. Voir aussi la fondation des messes dans la chapelle Saint-Hippolyte de l’abbaye de Saint-Denis par Blanche de Navarre en juin 1372 : […] eue consideration a ce qui n’est chose plus certaine que la mort ne moins certaine que l’eure d’icelle, desirans ce faire et acomplir en nostre bonne santé et vie et briefment senz aucune demeure […]. Voir G. BRUNEL, Images du pouvoir royal. Les chartes décorées des Archives nationales XIIIe – XVe siècle, Paris, 2005, p. 192 – 199 (spécialement, p. 192) ; BERNÉ, L’action mémorielle, p. 5 – 6 ; LEMONNIER-SURGET, Les « ennemis du roi », annexes, p. 93 – 101.
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[74]
PARIS, ANF, J 404B, no 40. Noter aussi que, en mars 1396, après avoir été gravement malade, Blanche de Navarre, veuve de Philippe VI et nièce de Jeanne d’Évreux, fit payer à quelques-uns de ses serviteurs les sommes qu’elle leur avait léguées et que dans son codicille du 10 septembre 1398, elle leur accorda des legs supplémentaires. Voir DELISLE, Testament de Blanche, p. 44 – 50, nos 412 – 491. Des détails du testament de Blanche du 26 mars 1396 sont remarquablement similaires aux dispositions testamentaires de Jeanne d’Évreux. Voir Ibid., p. 24 – 25, nos 179, 183.
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[75]
ROUEN, BM, MENANT, t. 8, ff. 126r – 129v ; t. 11, fol. 90v. Voir aussi PARIS, ANF, J 461, no 61 (acte du 13 juillet 1414 concernant la dotation des célestins de Saint-Antoine à Amiens).
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[76]
Pour ses testaments, voir supra, n. 68 ; ainsi que PARIS, BnF, ms. Picardie 294 (collection de Dom Grenier), no 1 (acte du 22 juin 1406 concernant l’accomplissement d’un legs aux célestins de la Sainte-Trinité de Villeneuve-lez-Soissons que Louis leur fit dans son testament du 19 octobre 1403, et qu’il exécuta lui-même dans un acte d’avril 1404, exemplifié dans ses lettres du 22 juin 1406).
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[77]
PEIGNOT, Choix de testaments, t. 1, p. 85 – 88 (testament du 2 septembre 1431) ; pour un acte d’Isabeau du 15 septembre 1431 concernant l’accomplissement de son legs à Saint-Denis : DOUBLET, Histoire, p. 1079 – 1080 ; BERNÉ, Architecture et liturgie, t. 2, p. 479 – 480 (PARIS, ANF, K 63, nos 16 – 16bis).
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[78]
Voir aussi les testaments de Jean Canard, évêque d’Arras, et de Jean Creté, maître des comptes de Charles VI, tous les deux exécuteurs testamentaires de Charles VI : TUETEY, Testaments enregistrés au Parlement de Paris, p. 383 – 411, no 16 (J. Canard, 26 février 1405, 7 janvier 1406, 5 avril et 5 septembre 1407), p. 431 – 442, no 20 (J. Creté, 21 février 1407). Sur Jean Canard, voir supra, n. 25.
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[a]
Suer Marie] écrit au-dessus d’un grattage.
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[b]
Sic.
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[c]
dce’] ms.
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[d]
Suivi par le Jour que son anniuersaire sera fait, rayé.
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[e]
z a] écrit au-dessus d’un grattage.
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[f]
Sic. Dans K 43, no 21, chapilele, rayé et suivi par chapitele.
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[g]
Sic. Dans K 43, no 21, lendemain.
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[h]
Sic.
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[i]
Suivi par et suz lobligation des biens de nostre dite eglise, rayé.
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[a]
Chantre] écrit au-dessus d’un grattage.
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[b]
Dans cet acte, le mot chapitle est toujours suivi par une marque d’abréviation.
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[c]
Après l’eglise, un grattage barré, environ 3 mm de long.
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[d]
a’tre] écrit au-dessus d’un grattage.
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[e]
Ch] corrigé.
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[f]
Après verit, une tache et un trou, environ 10 mm de large.
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[g]
Suivi par un trou, environ 12 mm de large.
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[h]
Sic.
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[i]
prochain’] ms.
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[79]
Le 8 septembre.