Notes
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[1]
Bibliothèque orientale, ou Dictionnaire universel contenant tout ce qui fait connoître les peuples de l’Orient, Paris, 1697.
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[2]
Sur Barthélémy d’Herbelot, voir : Henry Laurens, Aux sources de l’orientalisme : la Bibliothèque Orientale de Barthélemy d’Herbelot, Publications du département d’Islamologie de l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), 6. Paris, G.P. Maisonneuve et Larose, 1978. Voir aussi : Francis Richard, « Le Dictionnaire de d’Herbelot » dans Frédéric Hitzel (dir.), Istanbul et les Langues orientales. Actes du colloque organisé par l’IFEA et l’INALCO à l’occasion du bicentenaire de l’École des Langues Orientales, Istanbul 29-31 mai 1995, Paris, 1997, p. 79-88. Enfin : Dominique Carnoy-Torabi, « Barthélemy d’Herbelot : du bon usage de l’Orient », dans P. Brunel et B. Franco (dir.), Connaissance de l’Orient, Actes du colloque tenu à l’Université Paris Sorbonne Abou Dhabi les 13- 14 janvier 2009, PUPS, à paraître.
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[3]
Qahtan est selon la tradition l’ancêtre des Arabes du Sud, tandis qu’Adnan, dont il sera question un peu plus loin, est celui des Arabes du Nord.
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[4]
« L’Ange de Yahvé lui dit [à Sara] : “Tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom d’Ismaël, car Yahvé a entendu ta détresse. Celui-là sera un onagre d’homme, sa main contre tous, la main de tous contre lui, il s’établira à la face de tous ses frères” » (Gn, XVI, 11-13).
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[5]
Nous avons conservé la graphie de d’Herbelot.
-
[6]
Grand Dictionnaire historique, ou mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, Lyon, 1674.
-
[7]
La casse était une des composantes essentielles de la médecine du XVIIe siècle ; cette plante très laxative faisait office de purgatif.
-
[8]
Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux. Édition consultée : 1771.
-
[9]
Sur les tentatives que fit Louis XIV pour nouer avec le Shah de Perse une alliance défensive contre le puissant imam de Mascate dont la marine contrôlait le commerce dans le Golfe Persique, voir Anne Kroell : « Louis XIV, la Perse et Mascate », Le Monde iranien et l’Islam, 4, 1976-1977, p. 1-78.
-
[10]
« Encens », dans Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers… Louis de Jaucourt, 1704-1779, fut l’un des principaux collaborateurs de l’Encyclopédie sur les sujets scientifiques.
-
[11]
Dictionnaire portatif de commerce, contenant la connaissance des marchandises de tous les pays…, Liège, 1770. Ce dictionnaire sans nom d’auteur est en fait l’abrégé du Dictionnaire Universel de Commerce de Savary des Bruslons, publié à Copenhague en 1765.
-
[12]
« Encens », dans Dictionnaire portatif…, op. cit.
-
[13]
« La reine de Saba avait apporté au roi Salomon une abondance d’aromates telle qu’il n’en vint plus jamais de pareille » (1 R 10).
-
[14]
Différentes sortes d’encens.
-
[15]
C’est de cette manière que l’auteur du Voyage de l’Arabie Heureuse (voir infra) exprime l’étonnement des premiers qui goûtèrent en France au café (Voyage…, p. 373).
-
[16]
Sur le commerce au Yémen, voir Michel Tuchscherer, « Des épices au café, le Yémen dans le commerce international (XVIe-XVIIe siècle) », Chroniques Yéménites, 6, 1997. URL : <http://cy.revues.org/document103.html>. Sur le café, voir dans la même revue : André Raymond, « Le café du Yémen et l’Égypte (XVIIe-XVIIIe siècles) », Chroniques Yéménites, 5, 1995. URL : <http://cy.revues.org/document59.html>.
-
[17]
La Fille à la mode, comédie, mise au théâtre par M.B.* [Nicolas Barbier], Lyon, 1708.
-
[18]
Sur la situation dans la région dans la seconde moitié du XVIIe siècle, voir Anne Kroell, « Louis XIV… », op. cit. Voir aussi : Willem Floor, « First Contacts between the Netherlands and Masqa?, or A Report on the Discovery of the Coast of ‘Oman in 1666. Translation and Introduction », ZDMG 132, 1982b, p. 289-307.
-
[19]
Jean de La Roque, Voyage de l’Arabie Heureuse par l’Océan Oriental et le détroit de la Mer Rouge. Fait par les François pour la première fois, dans les années 1708, 1709 et 1710. Paris, Cailleau, 1716. L’ouvrage est dédié à Pontchartrain, qui était alors Secrétaire d’État à la Marine.
-
[20]
Voyage…, op. cit., p. 363.
-
[21]
Avertissement, n. p.
-
[22]
Ibid.
-
[23]
Plante originaire de Socotra, utilisée comme pigment dans la préparation de vernis et d’encres. On l’utilisait entre autres pour vernir les violons, teindre le marbre et le plâtre.
-
[24]
Voyage…, op. cit., p. 31.
-
[25]
Ibid., p. 47.
-
[26]
Ibid., p. 110-117.
-
[27]
Ibid., p. 244.
-
[28]
Sur cette visite, voir André Raymond, « Le Café… », op. cit., p. 9.
-
[29]
« Café », dans Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.
-
[30]
La Science du maître d’hôtel confiseur, à l’usage des officiers, avec des observations sur la connaissance et les propriétés des fruits… suite du Maître d’hôtel cuisinier [Par Menon], Paris, 1750.
-
[31]
Ibid., p. 395-400.
-
[32]
Voyage fait par ordre du Roy Louis XIV, dans la Palestine, vers le Grans Emir, chef des Princes Arabes du désert… Paris, Cailleau, 1717. Les Mémoires du Chevalier Laurent d’Arvieux paraîtront à Paris après sa mort, en 1735, mises en forme par le Père Jean Baptiste Labat.
-
[33]
Voyage fait par ordre…, op. cit., p. 15.
-
[34]
Carsten Niebuhr, Description de l’Arabie, d’après les observations et recherches faites dans le pays même. Nouvelle éd., revue et corrigée, Amsterdam, S.J. Baalde, 1774. Carsten Niebuhr, Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, Amsterdam, S.J. Baalde, 1776.
-
[35]
Sur Niebuhr, voir Michel Pierre et Renaud Detalle, « L’Islam vu par Carsten Niebuhr, voyageur en Orient (1761-1767) », Revue de l’histoire des religions, 4/2008, [En ligne], URL : http://rhr.revues.org/document6953.html. Voir aussi : Joseph Chelhod, « Note d’ethnologie yéménite. L’Arabie du Sud vue par Carsten Niebuhr », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, n° 18, 1974, p. 19-44.
-
[36]
Voyage en Arabie…, op. cit., p. 128-129.
-
[37]
Description…, op. cit., p. 36.
-
[38]
Ibid., p. 32.
-
[39]
Bibliothèque orientale…, op. cit., s.v. « Arabe ».
-
[40]
Grand Dictionnaire historique…, op. cit.
-
[41]
Voyage fait par ordre…, op. cit., p. 24.
-
[42]
Ibid., p. 245.
-
[43]
Ibid., p. 279.
-
[44]
Ibid., p. 225 sq.
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[45]
Ibid., p. 279.
-
[46]
Description…, op. cit., p. 163-164.
-
[47]
Comte Waclaw Seweryn Rzewuski, Impressions d’Orient et d’Arabie. Édition coordonnée par Bernadette Lizet. Paris, Corti/Muséum d’Histoire Naturelle, 2002, p. 81.
1 Heureuse, comment l’Arabie ne le serait-elle pas, libre de la domination ottomane, riche de son café et protégée des invasions par ses déserts infranchissables ?
2 C’est du moins ce que laissent entendre les auteurs qui dissertent de l’Arabie au XVIIIe siècle. Terre presque inconnue, elle participe tout autant de la Terre Sainte que du jardin d’Éden : la Bible y fait maintes fois allusion, et la vie patriarcale que mènent ses habitants est, malgré la foi hérétique qui les anime, toute proche de celle de nos premiers aïeux. Bien propre à nourrir des élans romantiques, elle abrite un mode de vie que Rousseau n’eût pas renié. Dictionnaires, encyclopédies, récits de voyages, tous les textes répètent à l’envi ce qui fait le fond de l’opinion européenne : les Arabes, vrais descendants d’Ismaël, n’ont rien à voir avec les Turcs. Commerçants, agriculteurs ou pasteurs, ils vivent loin des sphères du pouvoir occidental, se satisfont de leurs déserts et produisent sans bruit le meilleur café et les plus beaux chevaux du monde…
3 Producteurs, et non prédateurs, ils voient leur isolement leur assurer sinon l’intérêt, du moins la bienveillance des Européens, qui auront à cœur, tout au long du siècle, de démontrer les vertus d’un peuple que la tradition chrétienne fait apparaître dès les premiers chapitres de la Genèse.
Les trois Arabies
4 L’Arabe, aux XVIIe et XVIIIe siècles, est bien distinct du More (ou Barbaresque), du Turc ou du Persan : il habite l’Arabie, terme générique pour la région qui, à partir de Suez, couvre une partie des possessions ottomanes le long de la Méditerranée (actuels Israël, Palestine, Syrie et Liban) et toute la Péninsule Arabique jusqu’au Tigre et à l’Euphrate : la langue courante ne confond pas encore l’Arabie avec les pays arabophones, selon l’amalgame qui apparaîtra au XIXe siècle. Une bonne carte de 1665, due au géographe de Louis XIV, Sanson d’Abbeville, montre clairement les trois Arabies : l’Arabie Pétrée, l’Arabie Déserte et l’Arabie Heureuse, dénominations dues aux historiens de l’Antiquité grecque depuis Hérodote. Toutefois, cette répartition ne recouvre rien de bien précis dans l’imagination des contemporains : l’Europe possède peu de connaissances sur ces régions, et en particulier sur l’Arabie Heureuse, qui ne sera décrite en détail qu’en 1774 par Carsten Niebuhr.
Carte des trois Arabies
Carte des trois Arabies
5 Pourtant, des définitions éclairantes se trouvent dans les dictionnaires les plus importants du XVIIIe, à commencer par l’incontournable Bibliothèque orientale [1] de Barthélemy d’Herbelot [2]. Publiée à la fin du XVIIe siècle, cette somme de connaissances sur l’Orient — l’auteur était professeur de langues orientales au Collège du Roi — consacre deux pages non à l’Arabie, mais aux Arabes. L’article suit le plan classique qui va de l’étymologie à la géographie physique, puis à l’éventuelle description des mœurs des habitants. À travers l’étymologie du nom, d’Herbelot distingue avec précision deux sortes d’Arabes : les Arabes « purs et sans mélange », premiers habitants de l’Arabie, descendants de Qahtan [3], qui furent suivis par les descendants d’Ismaël fils d’Abraham. Les premiers ont presque disparu, tandis que les seconds se sont mêlés avec les autres nations. Toutefois, ajoute d’Herbelot, les Arabes eux-mêmes ne peuvent faire remonter leur origine au-delà d’Adnan, un des descendants d’Ismaël [4]. Ce type de remarque, caractéristique de l’érudition orientaliste du XVIIe siècle, tend à inscrire le monde dans le cercle des connaissances bibliques. S’agissant de l’Arabie, la démarche est d’autant plus pertinente qu’il s’agit d’une terre dont les noms apparaissent fréquemment dans la Bible. Les considérations historiques conduisent à la géographie et à la division de l’Arabie en trois parties : « l’Arabie Heureuse, ou Iemen » [sic] « où les Hiemarites ont régné plus de deux mille ans avant l’origine du Musulmanisme » ; l’Arabie Déserte formée des provinces de Temamah et Hiemamah et du Hejiaz ; enfin l’Arabie Pétrée, le Hagr ou Hagiar [5]. Les habitants, quant à eux, se répartissent en Arabes des villes et Arabes de la campagne, ou Bédouins, qui vivent dans le désert « et surpassent beaucoup ceux des villes en bonté et subtilité d’esprit ». Nous touchons, déjà, à une évaluation positive des mœurs des nomades.
6 D’Herbelot achève son article en distinguant les Arabes de la Gentilité des Arabes musulmans.
7 L’article de la Bibliothèque orientale vient à propos pour préciser, voire corriger, ce qui est à l’époque le dictionnaire de référence, celui de Louis Moreri, publié en 1674 [6] et qui sera réédité plus d’une vingtaine de fois jusqu’en 1759. Moreri, sv Arabie, décrit les trois Arabies. L’Arabie Déserte paraît relativement inconnue, les termes d’incertitude se multipliant au long de l’article : « quelques auteurs disent que… d’autres assurent… on nous parle aussi… on assure… ». La plus longue description est celle de l’Arabie Heureuse, ou Jemen (sic : l’orthographe est encore très flottante sur les noms propres étrangers) : Moreri explique que le pays prend son nom des matières précieuses qu’il produit : baume, encens, myrrhe, casse [7], et diverses autres drogues et aromates. Il consacre ensuite une longue partie de son article aux Arabes : il fait remonter leur origine à Ismaël (en citant ses sources : Flavius Josèphe dans les Antiquités judaïques) et, parlant des mœurs des Arabes d’Asie, il les distingue clairement de celles des Arabes d’Afrique : les premiers sont « superstitieux, mélancoliques et rêveurs, sobres et se contentent de peu » ; « Ils aiment passionnément leurs chevaux dont ils font la généalogie, bien que souvent ils ignorent le nom de leur propre père ». Malgré leur « curieuse inclination à dérober », ils ne tuent pas ceux qu’ils volent, se contentant de les dépouiller. « Au reste, ils vivent en bonne intelligence parmi eux ». Les seconds, quoique braves et aimant la poésie, sont « misérables… paresseux… traîtres et voleurs ».
8 Plus tard dans le siècle, le célèbre Dictionnaire jésuite de Trévoux [8], plus porté sur la langue que sur les connaissances encyclopédiques, est très bref dans sa description. Il se contente d’une rapide situation géographique des trois Arabies. Toutefois, à l’entrée « Arabe », les remarques sont nombreuses : nous y reviendrons.
9 Ce qui attire notre attention dans ces différentes notices, c’est la relative neutralité de leurs auteurs concernant le pays qu’ils décrivent : nous sommes loin des hyperboles que le siècle réserve à l’Empire Ottoman, ou même à l’Empire perse. Loin de stigmatiser l’Arabie comme un pays musulman, et donc participant de la générale erreur des infidèles, les auteurs inscrivent l’Arabie dans une orbe non politisée (alors que l’islam, est généralement perçu à l’époque comme religion de pouvoir), mais historique et commerciale. L’éloignement, le climat torride, l’évidente sobriété des habitants n’inclinent guère aux velléités de conquête intérieure, et si tous les efforts des Portugais, puis des Hollandais et, vers la fin du siècle, de Louis XIV lui-même [9], portent sur des alliances avec le Shah de Perse, c’est qu’il faut à tout prix contrôler les côtes d’Oman pour sécuriser l’abord des ports d’Oman et du Yémen par lesquels transitent les marchandises en provenance de l’Inde et de l’Indonésie. Ces marchandises, ce sont elles qui donnent toute sa couleur à l’Arabie Heureuse.
De l’encens au café
10 Depuis l’Antiquité, le Yémen est le pays de l’encens, que l’on utilise à des fins religieuses ou sociales. Moreri le mentionne dans son article sur l’Arabie, et, plus tard, l’Encyclopédie le décrit avec exactitude sous l’entrée « encens » par la plume du Chevalier de Jaucourt [10] : l’encens n’est fourni que par l’Arabie, dont il est le principal commerce. Suit la description précise de l’encens et des différentes sortes qui sont commercialisées, alors même qu’un certain flou semble régner sur la plante qui le produit : « Les auteurs ne conviennent pas du pays natal de l’encens… Nous sommes encore moins certains de l’arbre qui fournit l’encens… ». Ce mystère est davantage souligné dans le Dictionnaire portatif de Commerce [11] qui, reprenant mot pour mot le texte de l’Encyclopédie, ajoute : « Je n’ai pu apprendre de même ni le genre ni la nature de l’arbre d’où cette résine découle, et jusqu’ici aucun étranger ne l’a connue, du moins depuis le temps que des rois d’Égypte et de la Natolie en firent transplanter quelques pieds dans leurs jardins, avec beaucoup de dépense, et pour satisfaire leur curiosité. » [12]
11 Ce mystérieux pays de l’encens, d’aucuns croient y voir l’ancien et mythique royaume de la Reine de Saba mentionné dans la Bible [13], et nombreux seront les voyageurs qui y feront allusion. Les aromates ne pouvant être que l’oliban, la myrrhe, le galipot, le barras [14] que l’on achète chez les Arabes du Yémen, il est dès lors aisé de situer également en Arabie Heureuse le pays d’Ophir, d’où vient l’or dont la reine de Saba charge ses navires. Si la chose est loin d’être prouvée, il est certain qu’à l’époque qui nous intéresse, le terme même d’Arabie Heureuse est tout chargé de ces connotations bibliques et mythiques.
12 Toutefois, et sur un terrain plus réaliste, l’encens n’est plus la source principale des revenus commerciaux du Yémen, depuis que les Européens se sont entichés du café, cette surprenante « boisson de lutins » [15] qui fait depuis toujours la richesse du Yémen, mais dont le prix décuple entre la fin du XVIIe siècle et celle du XVIIIe [16]. Le café, introduit en France par Thévenot en 1657, est « furieusement » à la mode au XVIIIe siècle, ainsi que nous le montre ce passage d’une toute petite comédie de 1708, La Fille à la mode [17]. Les personnages sont ceux de la commedia dell’arte, et à la scène 1 de l’acte II, l’héroïne Isabelle se lamente sur la perte de sa tabatière. Pour se consoler, elle demande à sa suivante, Colombine :
Isabelle : Fais-moi du café.
Colombine : Encore ! Vous en avez déjà pris quatre fois en moins d’une heure.
Isabelle : Tu as raison. Fais-moi donc du thé.
Colombine : Diantre soit de vos pestes de drogues. Je ne sais le goût que vous y trouvez.
Isabelle : Ce n’est pas pour le goût que j’y trouve. Tout le monde en prend, et je veux faire comme les autres.
14 Le café devient la grande affaire du commerce européen avec l’Arabie, qui produit depuis toujours un café qui fait les délices de l’Empire Ottoman et de ses sultans. Or, la route du café est longue, coûteuse, passant par le cap de Bonne Espérance et remontant le long des côtes d’Afrique jusque Socotora et le détroit de Bab el Mandel. Les risques de piraterie sont élevés (les vaisseaux hollandais, anglais, français et portugais s’arraisonnent mutuellement), les Hollandais et les Portugais, très présents dans la région, tiennent farouchement leurs comptoirs, et la puissante flotte de l’imam de Mascate sillonne la région, au grand dam des commerçants rançonnés [18]. Dans cette guerre de course, les Français ne sont pas les plus mal lotis, disposant de hardis Malouins pour venir à bout des concurrents. C’est précisément le récit d’un capitaine malouin qui constitue le meilleur, et quasiment le seul récit de voyage français en Arabie Heureuse pour tout le XVIIIe siècle. Précieuse source d’information sur le Yémen du début du siècle, vu à travers le prisme de l’intérêt commercial, le texte mérite d’être lu également pour son style alerte et vivant.
Le Voyage de l’Arabie Heureuse [19]
15 L’auteur, Louis de La Roque, est le fils d’un commerçant marseillais qui, à ses dires, introduisit le premier le café en France en 1644 [20]. Plumitif passionné de voyages, La Roque est également le compilateur d’une version des voyages du Chevalier d’Arvieux en Palestine. Dans Le Voyage de l’Arabie Heureuse, Le Roque a mis en forme cinq lettres écrites de 1708 à 1710 par l’auteur d’une Relation du Voyage de Moka parue dans le Nouveau Mercure « il y a 3 ou 4 ans » [21]. Ces lettres sont celles de deux capitaines malouins, de Champloret le Brun et François de la Merveille, qui partent de France pour Moka en vue d’acheter du café « en droiture » et d’ouvrir un comptoir à Moka pour le compte de la Compagnie Française des Indes Orientales. Le récit de voyage est donc entièrement relié au café, et il est suivi d’un Mémoire concernant l’arbre et le fruit du café, d’un traité de commerce et de « lettres des puissances du pays » traduites de l’arabe par Pétis de la Croix alors récemment décédé (1713).
16 La justification de la publication se fonde sur l’ignorance du public touchant le pays d’où provient le café : « À peine les côtes maritimes de l’Arabie Heureuse sur l’Océan et sur la Mer Rouge sont-elles passablement décrites ; presque tout le reste est confus et imparfait dans la géographie des Européens » [22]. S’agissant d’un récit de marin, il faut s’attendre à des localisations précises et à une carte qui figure, en effet, en début d’ouvrage.
17 Parti de Brest avec deux autres bateaux le 6 janvier 1708, le capitaine de Champloret aborde le Yemen le 28 novembre par Socotra, où il est très bien reçu. En route, il a arraisonné deux navires hollandais, dont il se défera en vue des côtes de l’Océan Indien. À Socotra, le commerce va bon train : les capitaines achètent de l’aloès, du sang dragon [23], de la civette, de l’encens qu’ils échangent avec de l’écarlate [24]. Ils quittent l’île le 10 décembre, pour Aden et Moka « au pays du café ». Aden est la plus célèbre des villes d’Arabie [25], et ils y font commerce d’encens et de gommes. A Moka, ils signent un accord avec le gouverneur de la ville, personnage « fort magnifique », qui les autorise à faire leur commerce et à séjourner en ville. Ils s’installent pour longtemps, puisqu’ils vont aussi meubler une autre maison dans les environs, attendant de compléter leur cargaison avec le café.
18 Pas de récit sans l’inévitable piment d’une histoire de séduction — en tout bien tout honneur, à vrai dire [26] : les dames ne sont pas si farouches qu’il y paraît et se laissent vite tenter par la curiosité. Néanmoins, ce n’est pas là que se situe l’intérêt, car nos voyageurs sont pressés par leurs affaires, et doivent donner tous leurs soins à l’achat du café, qui se fera finalement par l’intermédiaire des banians indiens. Les marins repartiront avec plus de deux cent mille piastres mexicaines de marchandises.
19 La description de l’Arabie qui fait l’objet de la quatrième lettre est curieuse en ce sens qu’elle décrit un pays quasiment inconnu pour les contemporains. Le Yémen apparaît comme une terre d’aventures et de richesses : pirates, encens, gommes et aromates, chaleur excessive et fruits délicieux… Les habitants eux-mêmes paraissent singulièrement dépouillés de leurs attributs de musulmans, soit que l’auteur ne s’y soit guère intéressé, soit, ce qui est plus probable, qu’il ait privilégié l’aspect extraordinaire de ce voyage dans une région mythique.
Festin du gouverneur de Moka
Festin du gouverneur de Moka
20 L’ouvrage se poursuit [27] par le récit de la seconde expédition menée par les Malouins, de 1711 à 1713. Ils prennent contact avec le roi lui-même à l’occasion d’une maladie de ce dernier et lui envoient un chirurgien à sa demande, de la même manière que leurs prédécesseurs avaient envoyé le leur au gouverneur de Moka, malade lui aussi. Le roi, qui vit à la campagne, les reçoit longtemps, plus de trois semaines, le temps de se rétablir de son abcès à l’oreille. Ils seront surpris par la simplicité toute patriarcale du palais, au point de se demander si cette simplicité n’est pas affectée, eu égard au rôle religieux du personnage. En effet, sa grandeur ne se montre que lors de la procession qui l’accompagne lorsqu’il va à la prière du vendredi. Les voyageurs seront néanmoins impressionnés par la visite que lui fait l’ambassadeur de la Porte, qui, outre la visite protocolaire, est là pour tenter de remédier à la hausse du prix du café, engendrée par la forte demande des Européens [28]. Nous revenons, derechef, vers la préoccupation essentielle de l’ouvrage.
21 Le comptoir de la Compagnie des Indes Orientales sera finalement ouvert, à la suite du voyage des Malouins, et l’Encyclopédie se fait l’écho de ce changement dans le commerce du café, en donnant par le menu le détail des trente-quatre articles qui le réglementent à partir d’octobre 1713, réservant le monopole à la Compagnie [29]. À cette époque, le café sera devenu un produit de consommation courante, comme le montre la quantité de recettes à base de café que l’on trouve dans les livres de cuisine du milieu du XVIIIe siècle. Un ouvrage de 1750 destiné aux « confiseurs » [30] ne consacre pas moins de quatre pages au café, dans des recettes aussi diverses que le café à la crème, à la reine, la glace de café, la mousse, le fromage glacé, les canelons glacés, les gaufres au café, les pastillages, conserves et sablés [31]…
Voyage fait par ordre du roy Louis XIV…
22 À la suite de son premier ouvrage, La Roque récidivera en mettant en forme les Mémoires du chevalier d’Arvieux [32], les présentant comme la suite du Voyage de l’Arabie Heureuse. En fait, il s’agit d’un voyage bien différent, puisque Laurent d’Arvieux circule dans la région bien avant les marins malouins du précédent voyage. Né à Marseille en 1635, très doué pour les langues orientales, il passe plus de douze ans dans le Levant avant de se voir confier par Louis XIV, en 1665, la mission de procéder à un important rachat de captifs à Tunis. Envoyé extraordinaire de Louis XIV à la Sublime Porte, consul d’Alger, d’Alep puis de Tripoli en 1679, il refuse l’évêché de Babylone que lui propose le pape. Ami de tous les orientalistes de l’époque, il effectue aussi des achats de manuscrits.
23 C’est donc un voyage très antérieur à celui des Malouins que La Roque met en forme. Toutefois, d’Arvieux voyage en Syrie et en Palestine : les « Arabes du désert » sont en fait ceux d’une région toute proche de l’Arabie Pétrée. Les Bédouins sont donc ceux de l’Arabie, incontestablement, et tout le livre va parler de leurs mœurs… Si nous le mentionnons ici, c’est qu’il est implicite, pour le compilateur, que ce qui se dira de l’Arabie Pétrée vaut pour l’Arabie Heureuse, au moins en ce qui concerne le caractère et les mœurs des Arabes : les voyages au Yémen sont si rares qu’il ne faut négliger aucune occasion de relater quelque chose d’approchant à leurs mœurs. On notera que c’est dans ce texte qu’apparaît le « Beng » (ou chanvre) qu’on offre à d’Arvieux dès sa première rencontre avec l’émir [33]…
Le Voyage de Carsten Niebuhr
24 Un incontournable du voyage en Arabie Heureuse est incontestablement l’ouvrage publié par l’Allemand Carsten Niebuhr : en 1761, une expédition financée par le roi de Danemark quittait Copenhague pour le Yémen en vue de répondre à des questions visant à éclairer certains passages de la Bible. Un physicien, un mathématicien-botaniste, un médecin-naturaliste, un astronome-cartographe et un dessinateur-graveur font partie de l’expédition. Des six hommes qui étaient partis, un seul revint, Carsten Niebuhr, l’astronome-cartographe. Les autres étaient morts de maladie en cours de voyage. À la mort de ses compagnons, Niebuhr reprit la plupart de leurs tâches et publia à son retour à Copenhague, en 1772, deux ouvrages en allemand où l’Islam tient une place notable. L’ouvrage sera presque immédiatement traduit en plusieurs langues, dont le français [34], et connaîtra de nombreuses rééditions.
25 L’originalité de l’approche de Niebuhr est celle d’un véritable savant [35], bien loin des petits récits que nous avons vus précédemment. Nous ne saurions donc le mettre en parallèle avec ces derniers, ni l’objectif ni les connaissances mises en œuvre n’étant comparables.
26 Toutefois, nous retiendrons, dans le cadre qui nous occupe, l’explication qu’il donne à l’ignorance où le monde se trouve touchant l’Arabie Heureuse : la faute en est au commerce. Les choses ont changé depuis le début du siècle, écrit Niebuhr, on ne se sert guère d’encens, qui vient d’ailleurs des Indes, on ne fait plus le commerce de l’aloès, et le pays ne sert plus d’entrepôt pour les marchandises des Indes et d’Égypte avant leur chargement en caravanes. Les Européens ont changé la donne : dorénavant, avec de nouvelles routes et de nouveaux bateaux, non seulement ils n’ont plus besoin des Arabes, mais ce sont eux désormais qui les fournissent [36]. Reste le café « qui dédommage avec usure de la perte du commerce de l’encens ».
27 Texte de cartographe, d’ethnographe avant la lettre, de philologue, l’ouvrage de Niebuhr est surtout d’un philosophe, marqué par l’Esprit des Lumières. Les multiples comparaisons avec les Européens, le renvoi incessant à une condition humaine universelle, le recul pris par rapport à l’islam, objet d’étude et non de rejet, la sérénité d’humeur du voyageur, qui met ses malheurs (réels, puisque ses amis sont morts) sur le compte des inévitables inconvénients du voyage, tout contribue à donner aux observations du savant allemand un relief singulier, très proche de l’esprit des encyclopédistes. C’est dans son ouvrage que l’on trouve les remarques les plus pertinentes sur la liberté des Arabes de l’Arabie Heureuse.
28 Tout comme ses prédécesseurs, Niebuhr met en relief l’indépendance des Arabes par rapport au pouvoir ottoman : l’Imam du Yémen est un prince indépendant qui n’obéit à aucune autre puissance, soit pour le spirituel, soit pour le temporel [37]. En qualité de prince temporel, il fait la paix et la guerre. « Cependant il paraît n’être point despotique » [38]. Il est vrai qu’il charge les Kadis de condamner à sa place… Cette indépendance, qui fascine les Européens, leur paraît un signe de fermeté difficilement concevable sur des territoires nominalement asservis à la Porte Ottomane. Qu’un si petit prince puisse tenir tête au sultan laisse favorablement augurer de sa force d’âme et de la valeur de son peuple. Partant, les habitants de l’Arabie Heureuse ont toutes les qualités que pourraient en attendre un philosophe… Niebuhr a beau jeu de leur opposer les voisins de la côte du Golfe Persique, tout animés des multiples bouleversements politiques de la Perse aux prises avec l’invasion afghane.
Le Bédouin est né libre…
29 De la Bibliothèque orientale aux voyages de Niebuhr, l’unanimité se fait sur les qualités humaines des Arabes, toutes dérivées d’un amour inconditionnel de la liberté. D’Herbelot juge sans hésiter : « Tous les Arabes sont ingénieux, hardis, généreux, aimant jusqu’à l’excès l’éloquence et la poésie mais ils sont aussi vindicatifs et sanguinaires » [39].
30 Cette ingéniosité se retrouve dans la langue, ainsi que le mentionne Moreri : « Tout le monde convient que la langue des Arabes est des plus belles et des plus anciennes » [40] et le Dictionnaire de Trévoux, que l’on ne peut guère soupçonner de sympathie pour les Infidèles, n’hésite pas à écrire : « Les Arabes ont de l’esprit, et sont propres aux sciences spéculatives et abstraites. Les Arabes ont introduit dans la philosophie l’extrême subtilité qu’on y remarque ». Il est vrai qu’un peu plus loin, relevant la grande richesse de la langue arabe, l’auteur de l’article ajoute : « Cette prétendue abondance de la langue est une vraie superfluité. Qu’importe d’avoir plusieurs termes pour exprimer la même idée. Cela est plus propre à fatiguer la mémoire qu’à enrichir et faciliter l’art de la parole »….
31 La simplicité des mœurs est constamment relevée, et participe de ce mode de vie biblique et patriarcal qui enchante le XVIIIe siècle : D’Arvieux, reçu par l’Emir de Tyr, s’entend dire : « Nous sommes des Bédouins, gens sans façons, habitués à une vie champêtre » [41]. Le tableau que d’Arvieux-La Roque en dresse est celui d’un peuple sobre [42], chaste et modéré [43]. La seule réserve vient de l’habitude qu’ont les Bédouins de détrousser les voyageurs. Encore n’est-ce pas si grave, puisqu’ils le font sans attenter à leur vie [44]. Le luxe des femmes en matière de bijoux pourrait peut-être figurer ce que ce peuple a de plus condamnable… mais ici aussi, la chose est mesurée : « ils sont fort retenus sur la galanterie et sur tous les vices des Orientaux. » [45] Nous relèverons la distinction opérée entre Arabes et Orientaux (sous-entendu : Turcs) : il est clair qu’elle représente une appréciation considérable pour l’époque.
32 Niebuhr enfin n’hésite pas à écrire que le gouvernement et les mœurs de ces Arabes ressemblent beaucoup à ceux des anciens Grecs : s’agissant de leurs shaykhs, ils les choisissent eux-mêmes et, s’ils n’en sont pas contents, ils en changent… [46]
33 La conclusion revient peut-être à un autre voyageur, le comte polonais Waclaw Seweryn Rzewuski, aristocrate voyageant au début du XIXe siècle dans le Najd, à la recherche de chevaux pour la remonte des grands haras d’Europe. Tout éclairé de l’esprit des Lumières, ce philosophe, homme d’action écrivant en français, résume son impression sur les Arabes dans un chapitre lyrique où nous relèverons ces mots :
Rousseau, indéfinissable à l’entendement seul mais qu’une sensibilité extrême peut comprendre, aurait apprécié la fille du Nejd puisant de l’eau, abreuvant les chameaux d’un père chéri. Ses enfants soumis et dociles, ses parents bons et justes, ses amis sincères l’eussent comme moi transporté au temps de la Genèse. Comme moi, il se serait cru de toute éternité. Les cèdres du Liban auraient paru avoir germé sous ses yeux. Et quand, en marche avec les Arabes, il aurait été témoin de ces combats si loyaux et si vaillants, il se serait imaginé avoir assisté à ces guerres de géants qu’Homère avait décrites avec tant de chaleur et de vérité. [47]
Notes
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[1]
Bibliothèque orientale, ou Dictionnaire universel contenant tout ce qui fait connoître les peuples de l’Orient, Paris, 1697.
-
[2]
Sur Barthélémy d’Herbelot, voir : Henry Laurens, Aux sources de l’orientalisme : la Bibliothèque Orientale de Barthélemy d’Herbelot, Publications du département d’Islamologie de l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), 6. Paris, G.P. Maisonneuve et Larose, 1978. Voir aussi : Francis Richard, « Le Dictionnaire de d’Herbelot » dans Frédéric Hitzel (dir.), Istanbul et les Langues orientales. Actes du colloque organisé par l’IFEA et l’INALCO à l’occasion du bicentenaire de l’École des Langues Orientales, Istanbul 29-31 mai 1995, Paris, 1997, p. 79-88. Enfin : Dominique Carnoy-Torabi, « Barthélemy d’Herbelot : du bon usage de l’Orient », dans P. Brunel et B. Franco (dir.), Connaissance de l’Orient, Actes du colloque tenu à l’Université Paris Sorbonne Abou Dhabi les 13- 14 janvier 2009, PUPS, à paraître.
-
[3]
Qahtan est selon la tradition l’ancêtre des Arabes du Sud, tandis qu’Adnan, dont il sera question un peu plus loin, est celui des Arabes du Nord.
-
[4]
« L’Ange de Yahvé lui dit [à Sara] : “Tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom d’Ismaël, car Yahvé a entendu ta détresse. Celui-là sera un onagre d’homme, sa main contre tous, la main de tous contre lui, il s’établira à la face de tous ses frères” » (Gn, XVI, 11-13).
-
[5]
Nous avons conservé la graphie de d’Herbelot.
-
[6]
Grand Dictionnaire historique, ou mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, Lyon, 1674.
-
[7]
La casse était une des composantes essentielles de la médecine du XVIIe siècle ; cette plante très laxative faisait office de purgatif.
-
[8]
Dictionnaire universel françois et latin, vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux. Édition consultée : 1771.
-
[9]
Sur les tentatives que fit Louis XIV pour nouer avec le Shah de Perse une alliance défensive contre le puissant imam de Mascate dont la marine contrôlait le commerce dans le Golfe Persique, voir Anne Kroell : « Louis XIV, la Perse et Mascate », Le Monde iranien et l’Islam, 4, 1976-1977, p. 1-78.
-
[10]
« Encens », dans Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers… Louis de Jaucourt, 1704-1779, fut l’un des principaux collaborateurs de l’Encyclopédie sur les sujets scientifiques.
-
[11]
Dictionnaire portatif de commerce, contenant la connaissance des marchandises de tous les pays…, Liège, 1770. Ce dictionnaire sans nom d’auteur est en fait l’abrégé du Dictionnaire Universel de Commerce de Savary des Bruslons, publié à Copenhague en 1765.
-
[12]
« Encens », dans Dictionnaire portatif…, op. cit.
-
[13]
« La reine de Saba avait apporté au roi Salomon une abondance d’aromates telle qu’il n’en vint plus jamais de pareille » (1 R 10).
-
[14]
Différentes sortes d’encens.
-
[15]
C’est de cette manière que l’auteur du Voyage de l’Arabie Heureuse (voir infra) exprime l’étonnement des premiers qui goûtèrent en France au café (Voyage…, p. 373).
-
[16]
Sur le commerce au Yémen, voir Michel Tuchscherer, « Des épices au café, le Yémen dans le commerce international (XVIe-XVIIe siècle) », Chroniques Yéménites, 6, 1997. URL : <http://cy.revues.org/document103.html>. Sur le café, voir dans la même revue : André Raymond, « Le café du Yémen et l’Égypte (XVIIe-XVIIIe siècles) », Chroniques Yéménites, 5, 1995. URL : <http://cy.revues.org/document59.html>.
-
[17]
La Fille à la mode, comédie, mise au théâtre par M.B.* [Nicolas Barbier], Lyon, 1708.
-
[18]
Sur la situation dans la région dans la seconde moitié du XVIIe siècle, voir Anne Kroell, « Louis XIV… », op. cit. Voir aussi : Willem Floor, « First Contacts between the Netherlands and Masqa?, or A Report on the Discovery of the Coast of ‘Oman in 1666. Translation and Introduction », ZDMG 132, 1982b, p. 289-307.
-
[19]
Jean de La Roque, Voyage de l’Arabie Heureuse par l’Océan Oriental et le détroit de la Mer Rouge. Fait par les François pour la première fois, dans les années 1708, 1709 et 1710. Paris, Cailleau, 1716. L’ouvrage est dédié à Pontchartrain, qui était alors Secrétaire d’État à la Marine.
-
[20]
Voyage…, op. cit., p. 363.
-
[21]
Avertissement, n. p.
-
[22]
Ibid.
-
[23]
Plante originaire de Socotra, utilisée comme pigment dans la préparation de vernis et d’encres. On l’utilisait entre autres pour vernir les violons, teindre le marbre et le plâtre.
-
[24]
Voyage…, op. cit., p. 31.
-
[25]
Ibid., p. 47.
-
[26]
Ibid., p. 110-117.
-
[27]
Ibid., p. 244.
-
[28]
Sur cette visite, voir André Raymond, « Le Café… », op. cit., p. 9.
-
[29]
« Café », dans Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.
-
[30]
La Science du maître d’hôtel confiseur, à l’usage des officiers, avec des observations sur la connaissance et les propriétés des fruits… suite du Maître d’hôtel cuisinier [Par Menon], Paris, 1750.
-
[31]
Ibid., p. 395-400.
-
[32]
Voyage fait par ordre du Roy Louis XIV, dans la Palestine, vers le Grans Emir, chef des Princes Arabes du désert… Paris, Cailleau, 1717. Les Mémoires du Chevalier Laurent d’Arvieux paraîtront à Paris après sa mort, en 1735, mises en forme par le Père Jean Baptiste Labat.
-
[33]
Voyage fait par ordre…, op. cit., p. 15.
-
[34]
Carsten Niebuhr, Description de l’Arabie, d’après les observations et recherches faites dans le pays même. Nouvelle éd., revue et corrigée, Amsterdam, S.J. Baalde, 1774. Carsten Niebuhr, Voyage en Arabie et en d’autres pays circonvoisins, Amsterdam, S.J. Baalde, 1776.
-
[35]
Sur Niebuhr, voir Michel Pierre et Renaud Detalle, « L’Islam vu par Carsten Niebuhr, voyageur en Orient (1761-1767) », Revue de l’histoire des religions, 4/2008, [En ligne], URL : http://rhr.revues.org/document6953.html. Voir aussi : Joseph Chelhod, « Note d’ethnologie yéménite. L’Arabie du Sud vue par Carsten Niebuhr », Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, n° 18, 1974, p. 19-44.
-
[36]
Voyage en Arabie…, op. cit., p. 128-129.
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[37]
Description…, op. cit., p. 36.
-
[38]
Ibid., p. 32.
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[39]
Bibliothèque orientale…, op. cit., s.v. « Arabe ».
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[40]
Grand Dictionnaire historique…, op. cit.
-
[41]
Voyage fait par ordre…, op. cit., p. 24.
-
[42]
Ibid., p. 245.
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[43]
Ibid., p. 279.
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[44]
Ibid., p. 225 sq.
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[45]
Ibid., p. 279.
-
[46]
Description…, op. cit., p. 163-164.
-
[47]
Comte Waclaw Seweryn Rzewuski, Impressions d’Orient et d’Arabie. Édition coordonnée par Bernadette Lizet. Paris, Corti/Muséum d’Histoire Naturelle, 2002, p. 81.