Couverture de RJE_124

Article de revue

Enjeux et place de la santé

Pages 665 à 667

Notes

  • [1]
    Extrait du préambule adopté par la Conférence internationale sur la santé, New York, 19-22 juin 1946 à la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé.
  • [2]
    « Nous sommes convaincus qu’il importe de se concentrer sur les facteurs sociaux et environnementaux de la santé […] » - paragraphe 138 – Texte final de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable « L’avenir que nous voulons » - Rio+20 – 20-22 juin 2012, Rio de Janeiro, Brésil
  • [3]
    Paragraphe 141 - Texte final de la conférence des Nations Unies sur le Développement Durable « L’avenir que nous voulons » - Rio+20 – 20-22 juin 2012, Rio de Janeiro, Brésil.
  • [4]
    Organisation Mondiale du Commerce – Déclaration de Doha, 14 novembre 2001 - http://www.wto.org/french/thewto_f/minist_f/min01_f/mindecl_trips_f.htm
  • [5]
    Organisation Mondiale de la Santé – 1re conférence internationale pour la promotion de la santé à Ottawa (Canada) - Charte d’Ottawa adoptée le 21 novembre 1986 - http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0003/129675/Ottawa_Charter_F.pdf
  • [6]
    Extrait du préambule adopté par la Conférence internationale sur la santé, New York, 19-22 juin 1946 à la Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé.
  • [7]
    Hippocrate, Airs, Eaux, Lieux, Préface de Bompiani Ginevra, Traduit du grec par Pierre Marechaux, Ed. Payot & Rivage, 1996.

1La santé n’a jamais véritablement été absente des conférences ou textes internationaux portant sur la protection de l’environnement et le développement durable. Dès 1987, le rapport Brundtland, Notre avenir à tous, soulignait notamment que les peuples des pays en voie de développement « ne montreront que peu d’intérêt pour la préservation de l’environnement s’ils ne bénéficient pas de meilleures conditions de vie, libérés de la pauvreté et des problèmes de santé ». La santé a donc une place dans les négociations internationales sur l’avenir de la planète, mais quelle place dans Rio+20 ?

I – La place de la santé dans Rio+20

2L’intérêt de la déclaration de Rio+20 « L’avenir que nous voulons », qui consacre 9 paragraphes à la santé des populations, est de poser la santé comme « à la fois une condition préalable, le résultat et un indicateur des trois volets du développement durable ». La santé est posée en tant que postulat de base, objectif et moyen dans le paradigme du développement durable.

3Ces trois éléments étant posés, le texte reformule la définition de la santé de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour qui la santé n’est pas uniquement une absence de maladie mais un total bien-être physique, mental et social [1]. Une tentative d’ouverture de cette définition est faite en reconnaissant l’importance que peuvent avoir les facteurs environnementaux et sociaux pour contribuer à la reconnaissance d’un meilleur état de santé [2]. Ici la santé est posée comme un postulat de base.

4Pour les chefs d’Etats et de gouvernements, le moyen pour améliorer l’état de santé et promouvoir la cohésion sociale est l’amplification d’une couverture universelle des soins de santé. La lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles, ainsi que l’accès aux soins pour toutes les catégories de population, sans discrimination, passent pour les signataires du texte final par le renforcement du système de santé et une augmentation de la dépense. La santé est ici prise pour résultat.

5Le lien pollution et santé apparaît dans une phrase où l’on constate « que la réduction de la pollution chimique et de la contamination de l’air et de l’eau a des effets positifs sur la santé » [3]. La santé est ici considérée comme un indicateur.

6Le paragraphe n° 142 de texte final de Rio+20 réaffirme la Déclaration de Doha (OMC) adoptée le 14 novembre 2001, portant sur l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et la santé publique [4]. L’intérêt de cette déclaration est de préserver la santé publique face à des droits de propriété intellectuelle qui pourraient freiner la création ou l’utilisation de médicaments pour la santé humaine.

7Mais ces 9 paragraphes (soit 3 % du texte) sont noyés dans les 283 autres, et le texte concernant « santé et population » n’aborde pas les questions de fond relatives à l’enjeu de santé et d’environnement.

II – Le manque d’ambition pour la santé dans Rio+20

8Un des grands regrets du texte de Rio+20 est l’absence globale d’ambition. Les paragraphes sur la santé n’y échappent pas, car ils reprennent en constatant ou réaffirmant des programmes ou textes internationaux, comme le programme d’action de Beijing du 15 septembre 1995 (UNESCO) et la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire de septembre 1994. A noter qu’un texte de l’UNESCO est cité, alors que la Charte d’Ottawa (OMS), adoptée le 21 novembre 1986 et portant sur la promotion de la santé, est absente du texte final de Rio+20. Cette Déclaration, issue de la première Conférence internationale de la promotion de la santé, inscrit pourtant le bénéfice d’un écosystème stable comme un préalable à la santé [5].

9Autre faiblesse de Rio+20, la non-signature de l’instrument mondial juridiquement contraignant sur le mercure. On aurait pu imaginer que comme à la première Conférence de Rio en 1992, une Convention internationale soit signée. Nous pouvons bien parler ainsi de Rio-20 pour la santé humaine et l’environnement.

10La définition de la santé reste essentiellement assise sur une vision productiviste de la santé, avec l’accroissement des services et donc du financement. Certes, le lien entre les facteurs environnementaux et sociaux commence à être posé en ce qui concerne leurs impacts sur la santé. Mais l’approche reste timide quand on sait que ces facteurs sont déterminants aujourd’hui pour la santé de l’individu et des populations. Il aurait fallu redéfinir la santé comme un bien commun qui dépend étroitement du milieu dans lequel nous vivons. En effet, la production de soins telle que conçue actuellement n’est pas soutenable. Ainsi, si nous ne changeons pas la définition de la santé telle que posée par l’OMS en 1946, nous aurons forcément une régression dans les faits en matière de santé des populations. Notre monde est fini et nous ne pouvons garantir un besoin infini de santé à l’individu.

11La seule véritable avancée proposée par le texte est la reconnaissance du lien entre l’environnement et la santé avec l’effet de la pollution, mais une seule ligne y est consacrée en fin de paragraphe qui traite du renforcement du système de santé ! Ne vaut-il pas mieux renforcer la lutte contre la pollution de l’environnement pour avoir des êtres humains en bonne santé ?

III – L’avenir que nous voulons pour notre santé

12Nous savons que les actes de l’humain causent aujourd’hui des dommages irréversibles à la planète. Pour les géologues, nous sommes d’ailleurs entrés dans une nouvelle ère géologique nommée anthropocène [6], qui succède à l’holocène. Il est donc de notre devoir d’êtres civilisés de prendre des précautions dans l’accomplissement de notre vie. Ici et maintenant, la formule d’Hippocrate primum non nocere[7] prend toute sa réalité et sa globalité. Il nous faut un environnement qui ne nuise pas à notre santé si nous voulons un réel droit à la santé.


Date de mise en ligne : 14/08/2015

Notes

  • [1]
    Extrait du préambule adopté par la Conférence internationale sur la santé, New York, 19-22 juin 1946 à la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé.
  • [2]
    « Nous sommes convaincus qu’il importe de se concentrer sur les facteurs sociaux et environnementaux de la santé […] » - paragraphe 138 – Texte final de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable « L’avenir que nous voulons » - Rio+20 – 20-22 juin 2012, Rio de Janeiro, Brésil
  • [3]
    Paragraphe 141 - Texte final de la conférence des Nations Unies sur le Développement Durable « L’avenir que nous voulons » - Rio+20 – 20-22 juin 2012, Rio de Janeiro, Brésil.
  • [4]
    Organisation Mondiale du Commerce – Déclaration de Doha, 14 novembre 2001 - http://www.wto.org/french/thewto_f/minist_f/min01_f/mindecl_trips_f.htm
  • [5]
    Organisation Mondiale de la Santé – 1re conférence internationale pour la promotion de la santé à Ottawa (Canada) - Charte d’Ottawa adoptée le 21 novembre 1986 - http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0003/129675/Ottawa_Charter_F.pdf
  • [6]
    Extrait du préambule adopté par la Conférence internationale sur la santé, New York, 19-22 juin 1946 à la Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé.
  • [7]
    Hippocrate, Airs, Eaux, Lieux, Préface de Bompiani Ginevra, Traduit du grec par Pierre Marechaux, Ed. Payot & Rivage, 1996.

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