Notes
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[1]
Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve (ci-après : AMAE-La Courneuve), CAP, 1982-1987, Fonds 145INVA, carton 76, Bulletin no 41, « Le Centre d’Analyse et de Prévision », p. 134-136.
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[2]
Sabine Jansen, L’Expertise dans le domaine des relations internationales, entre voie nationale et modèle anglo-américain : le Centre d’Études de Politique étrangère et l’IFRI (1935-1995), mémoire d’habilitation soutenu sous la direction de Jean-François Sirinelli, IEP-Paris, 31 mai 2016.
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[3]
AMAE-La Courneuve, CAP, 1982-1987, Fonds 145INVA, carton 69, N/2448, « L’IFRI », 3 avril 1987.
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[4]
Sabine Jansen, op. cit.
-
[5]
Les rapports RAMSES de l’IFRI sont des rapports annuels à forte composante économique ; ils fournissent une analyse d’ensemble des évolutions mondiales.
-
[6]
Loeïza Hotte, La France face à l’effondrement du bloc soviétique : expertise et prospective française et allemande, mémoire de master 2 d’histoire des relations internationales, sous la direction d’Antoine Marès, juin 2017, p. 182-186.
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[7]
Archives du ministère des Affaires étrangères, Berlin (ci-après : AMAE-Berlin), archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), 310.54 : DGAP / SWP (1988-1995), Carton 178.546, « Informationen über den einseitigen sowjetischen Truppenabzug », 13 décembre 1988.
-
[8]
Jochen Thies & Wolfgang Wagner, Das Ende der Teilung : der Wandel in Deutschland und Osteuropa, in Beiträgen und Dokumenten aus der Europa-Archiv, Bonn, Verlag für internationale Politik, 1990.
-
[9]
Loeïza Hotte, La France face à l’effondrement du bloc soviétique…, op. cit., en particulier p. 108-134 et 226-243.
-
[10]
AMAE-La Courneuve, CAP, 1988-1992, Fonds 594INVA, N/97, « Entretiens avec le CAP allemand », 1er juillet 1988.
-
[11]
AMAE-Berlin, Archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (03/88-06/88), Carton 178.525, « Deutsch-französische Planungsstabsgespräche », 5 juillet 1988.
-
[12]
L’APAG est un groupe de planification politique créé en 1961 par le Conseil de l’Atlantique Nord de l’OTAN.
-
[13]
AMAE-La Courneuve, CAP, 1988-1992, Fonds 594INVA, Carton 81, N/89/118, « Réunion de l’APAG », 2 novembre 1989.
-
[14]
Loeïza Hotte, La France face à l’effondrement du bloc soviétique…, op. cit., p. 62-64.
-
[15]
Samy Cohen, « Diplomatie : le syndrome de la présidence omnisciente », Esprit, septembre 1990, p. 55-64, ici p. 62.
-
[16]
Marie-Christine Kessler, La Politique étrangère de la France : acteurs et processus, Paris, Presses de Sciences Po, 1998, p. 86.
-
[17]
AMAE-Berlin, Archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (07/89-01/90), 178.529, « Demographische Veränderungen in der Sowjetunion », 6 octobre 1989.
-
[18]
Ibid., Planungsstab (RFA), Série B 9 (1949-1990), 178.529, Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (07/89-01/90) : « Artikel für das Handelsblatt, Perspektiven der 90er Jahren », 18 décembre 1989.
-
[19]
Egon Bahr est nommé en 1960 directeur de l’office de presse et d’information par Willy Brandt, alors maire-gouverneur de Berlin. Quand ce dernier devient ministre fédéral des Affaires étrangères en 1966, il le suit et occupe le poste de directeur du Planungsstab avec le rang d’ambassadeur. Comptant au nombre des conseillers les plus influents de Willy Brandt, il est nommé secrétaire d’État à la Chancellerie fédérale et représentant du gouvernement fédéral à Berlin-Ouest en 1969, lorsque Brandt est élu chancelier fédéral.
-
[20]
AMAE-Berlin, Archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (05/90-12/90), 178.531, « Aktenzugang vor Ablauf der Sperrfrist », 11 juin 1990.
-
[21]
Didier Grange, « Le Quai d’Orsay, déclin d’un grand ministère », Esprit, mars 1989, p. 97.
-
[22]
Loeïza Hotte, « France-RFA face à l’effondrement du bloc de l’Est, des positionnements géopolitique et scientifique différents », Bulletin de l’institut Pierre Renouvin, 2018/1, no 47, p. 37-48.
1Le Centre d’analyse et de prévision (CAP) français et le Planungsstab ouest-allemand sont des organismes d’experts multidisciplinaires relevant directement du ministère des Affaires étrangères et produisant des études prospectives ainsi que des prescriptions. En France, Michel Jobert a créé le premier Centre en 1973, sur le modèle du Policy Planning Staff américain (1947). Il a pour mission d’effectuer, en coopération avec les postes diplomatiques et des experts extérieurs au ministère, des études prévisionnelles sur l’évolution, à moyen et long terme, d’un secteur du contexte international. À la demande du Ministre, il doit analyser certains problèmes internationaux d’actualité sous leurs aspects diplomatique, économique et militaire, puis évaluer les différentes options entre lesquelles ce dernier pourrait choisir. Le Planungsstab de la République fédérale allemande (RFA) remonte, lui, à 1963, soit dix ans avant le CAP français. Relevant directement du ministre fédéral des Affaires étrangères, il a pour tâche d’analyser les évolutions internationales de moyen et long terme ainsi que d’examiner les projets et les stratégies politiques, tant au niveau de leur contenu que de la manière de communiquer à leur sujet. Dans ce but, le Planungsstab travaille en collaboration étroite avec des Think Tanks et des fondations scientifiques (l’Institut de Berlin pour la politique internationale et allemande, la Fondation Friedrich Ebert, etc.), ainsi qu’avec les Centres d’analyse et de prévision des autres pays. Il accompagne en outre le travail des établissements de recherche patronnés par les Affaires étrangères ouest-allemandes.
2L’étude de ces deux organismes et de leurs archives a permis de constater que les deux centres avaient recours à des experts nationaux et internationaux pour enrichir leurs études de terrain et leurs sources d’information. De qualité, les productions de ces deux centres ont toutefois été utilisées différemment par les gouvernements français et ouest-allemand en place, ce qui a pu jouer sur la capacité de prévision de ces derniers et dans leur appréciation respective des événements marquant la chute du bloc soviétique. Cette utilisation relative de l’expertise a pu être liée aux personnalités des décideurs en place comme à d’autres facteurs tels que l’organisation du Quai d’Orsay dans le cas français.
Les CAP, des cénacles de qualité collaborant avec des experts nationaux
3Les profils des membres appartenant aux CAP français et ouest-allemand à la fin des années 1980 sont variés, mais analogues d’un centre à l’autre. Un de leurs points communs est notamment l’excellence qui caractérise leurs parcours et leurs fonctions.
Des membres de qualité
4L’équipe du CAP français est pluridisciplinaire et hautement qualifiée, composée à la fois de chercheurs et de praticiens. Un document publié dans le Bulletin du Centre détaille la composition de l’organisme à l’été 1987 [1]. Il cite parmi les chercheurs des agrégés et des docteurs, des membres rattachés à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), ou encore au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Parmi les praticiens on compte des maîtres des requêtes, des ministres plénipotentiaires, des ingénieurs des Mines, des officiers supérieurs, des auditeurs à la Cour des Comptes ou au Conseil d’État, ou encore des conseillers aux Affaires étrangères. La pluridisciplinarité de l’équipe ressort également des spécialités d’origine de ces membres : les sciences humaines, le droit, les questions de défense ou l’ingénierie.
5De manière plus concrète et à titre d’exemples, on a pu retracer le parcours de certains membres du CAP à l’époque étudiée, grâce aux Annuaires diplomatiques conservés au Centre d’archives de la Courneuve. Ainsi, Jean-Louis Gergorin (1946-), polytechnicien et énarque, a été chef du CAP de 1978 à 1984. Ce dernier et Thierry de Montbrial (1943-), également polytechnicien mais aussi docteur en économie et lui-aussi ancien directeur du CAP, sont dans les années 1988 et 1989 devenus des conseillers du Centre. Philippe Coste (1947-) est chef du CAP de 1984 à 1989. Passé par l’IEP de Paris, puis par l’ENA, il est conseiller des Affaires étrangères. Le diplomate Jean-Marie Guéhenno (1949-), lui-même normalien et énarque, lui succède à la tête de l’organisme de 1989 à 1993 ; de 1982 à 1986, il avait été conseiller culturel de l’ambassade de France aux États-Unis, ce qui n’est pas anodin étant donné le réseau important que le CAP entretient sur ce continent. Parmi les analystes de notre zone dont les noms reviennent le plus souvent, citons Nicole Gnesotto (1954-), adjointe au chef du CAP de 1987 à 1990, et Marie Mendras (1957-), consultante permanente du CAP en soviétologie de 1983 à 1991. La première, ancienne élève de l’École normale supérieure de Cachan, est agrégée de Lettres modernes. La seconde, chargée de recherches au CNRS, a fait ses études à l’Université d’Essex, à l’Institut d’Études Politiques de Paris, à L’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), à la School of Advanced International Studies de l’Université Johns Hopkins et à l’Université d’Harvard. Elle est docteur en sciences politiques.
6Le profil des rédacteurs du Planungsstab ne diffère qu’en partie de celui des membres du CAP français. Parmi eux se trouvent le directeur du Centre, à savoir le Dr. Klaus Jürgen Citron, ainsi que le Dr. Meier, le Dr. Von Bismarck-Osten, le VLR I. Dr. Breitenstein, le VLR Dr. G. Weiss, le VLR Dr. Rücker, le VLR Möckelmann, le VLR Erath ou encore l’OTL i.G. Graf von Pfeil. Le titre de « Dr », propre aux titulaires d’une thèse, est omniprésent. Le sigle « VLR », qui précède les noms de la plupart des rédacteurs, est l’abréviation de « Vortragender Legationsrat », qui signifie « conférencier du conseiller de légation ». Il existe différentes classes de VLR. La première, la plus représentée ici, est la plus élevée de la hiérarchie des conférenciers. Ensuite, on relève des noms à particule, voire des titres de noblesse, par exemple Graf von Pfeil (comte de Pfeil), ou encore le Dr. Von Bismarck-Osten. Enfin, quelques officiers supérieurs figurent parmi les rédacteurs, comme l’OTL i.G. Graf von Pfeil, autrement dit le lieutenant-colonel d’État-major comte de Pfeil. Par ailleurs, Joachim Rücker, né en 1951, est ambassadeur. De même, Reiner Möckelmann, né en 1941 et entré au service extérieur de la RFA en 1973, est un diplomate. Matthias von Bismarck-Osten, né en 1957, a été collaborateur scientifique à la Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP, Fondation pour la science et la politique) de 1986 à 1989 et membre du Planungsstab d’octobre 1989 à octobre 1990. Diplomate allemand titulaire d’une thèse, Gebhardt Weiss, né en 1946, est entré au service extérieur allemand en 1975, tandis qu’Ernst-Christoph Meier, né en 1956, est un haut-fonctionnaire et un politiste. Également titulaire d’une thèse, il a étudié à l’Université John Hopkins à Washington. De 1987 à 1988, il a été référent pour la SWP, puis a rejoint le ministère de la Défense après avoir travaillé au Planungsstab pendant la période étudiée. D’abord journaliste, Rolf Breitenstein, né en 1932, a travaillé ensuite à la chancellerie d’Helmut Schmidt, au service extérieur à Londres, Varsovie, New Delhi, Lisbonne et Rome, avant d’entrer au Planungsstab de Hans-Dietrich Genscher.
7Les rédacteurs du Planungsstab sont donc principalement des diplomates, des universitaires, et dans une moindre mesure, des membres des forces armées. Leurs profils recoupent, à quelques exceptions près, ceux des rédacteurs du CAP français.
Une collaboration étroite avec les experts nationaux
8Les cellules d’analyse et de prévision française et ouest-allemande entretiennent des relations suivies avec divers organismes de recherche de leurs pays respectifs, entre autres sous la forme de conférences et de colloques. Deux exemples précis de collaboration entre chacun des CAP et l’un de leurs Think Tanks nationaux illustrent ici ce travail de coopération.
9Du côté français, le lien particulier qui unit le CAP et l’Institut français des relations internationales (IFRI) a été étudié à travers les archives des deux organismes, ainsi que la thèse de Sabine Jansen, une source importante sur l’Institut [2]. Le partenariat entre les deux organismes s’avère à la fois financier, intellectuel et humain. Le CAP confie des études techniques à des organes publics ou privés compétents comme l’IFRI, dont il apprécie la qualité des travaux et du réseau. En outre, les rencontres avec l’IFRI et les sessions que l’Institut organise sur des domaines intéressant le Centre et auxquelles celui-ci est invité grâce à leur partenariat, constituent des sources d’informations non négligeables [3]. Ce Think Tank représente donc un outil précieux pour le CAP. En retour, le CAP représente une source de financement pour l’IFRI, puisqu’une part des crédits de fonctionnement du CAP lui est reversée sous la forme d’une subvention. Enfin, au niveau relationnel, le directeur du CAP, à l’époque par exemple de Jean-Louis Gergorin, de 1979 à 1984, constitue pour l’Institut un relais avec le ministère, alors même qu’avoir des liens avec le Quai d’Orsay est indispensable à la réussite de l’IFRI [4]. Fait important, le fondateur de l’Institut, Thierry de Montbrial a quitté le Quai après cinq ans et demi passés à la tête du CAP, en janvier-février 1979. L’IFRI hérite de ce fait, pour son plus grand bénéfice, d’un réseau de professionnels, de l’appui logistique de l’appareil diplomatique et de subsides de l’État, ce qui peut toutefois amener à s’interroger sur son indépendance. Inversement, les recommandations d’experts par Thierry de Montbrial sont utiles au ministère lorsqu’il cherche à renouveler son personnel, et le Think Tank devient une source de contacts pour le CAP.
10Ces échanges au niveau des experts expliquent une certaine perméabilité entre les deux organismes. Thierry de Montbrial en est le premier exemple. Dominique Moïsi en est un deuxième. Membre fondateur de l’Institut aux côtés de Thierry de Montbrial et son directeur-adjoint pendant un temps, ainsi que conseiller spécial de l’IFRI, ce dernier a rempli certaines missions pour le CAP. Albert Bressand, qui dirige la publication du rapport RAMSES de l’IFRI, a d’abord travaillé au CAP [5]. Quant au Groupe de sécurité de l’Institut qui travaille sur les enjeux sécuritaires internationaux, il comprend dans les années 1980 des interlocuteurs extérieurs communs avec le CAP, comme Pierre Hassner, Philippe Coste, qui succède à Jean-Louis Gergorin à la tête du CAP de 1984 à 1989, Jean-Marie Guéhenno, futur directeur du CAP de 1989 à 1993, et enfin Jean-Louis Gergorin lui-même. Nicole Gnesotto, future chef-adjoint du CAP de 1987 à 1990, rejoint, pour sa part, l’équipe de l’IFRI à l’occasion de la production du RAMSES III, en tant que chargée de mission. Cette collaboration de différents ordres entre les deux organismes peut être à l’origine de la similitude de leurs évaluations respectives, du fait de leurs échanges de vues réguliers comme de la qualité des hommes et des chercheurs, communs ou non, qui y travaillent [6].
11On retrouve le rôle tenu par l’IFRI auprès du CAP français dans le lien unissant le Planungsstab à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP, Société allemande pour la politique étrangère). Dans les archives du Planungsstab que nous avons consultées, un document datant du 16 décembre 1988 et rédigé par le directeur de la DGAP de 1974 à 2003, le professeur Karl Kaiser, peut être retenu comme exemple [7]. Destiné au directeur du Planungsstab, Klaus J. Citron, ce document confidentiel contient des informations sur le retrait unilatéral des troupes soviétiques des pays d’Europe centrale et orientale. Il est le fruit d’une discussion en cercle fermé préparant une séance du groupe de travail sur le contrôle du désarmement conventionnel, séance qui a lieu à Ebenhausen en avril 1989. Le directeur de la DGAP souligne dans la note la qualité des contacts avec le Planungsstab. Il prie Klaus Citron d’utiliser avec prudence les informations divulguées et de ne pas diffuser les noms des participants soviétiques cités. Les rapports apparaissent cordiaux. Ce document illustre donc parfaitement la relation d’ordre professionnel qui lie les deux institutions, via notamment leurs directeurs. De la même façon, c’est le directeur de l’IFRI, Thierry de Montbrial, qui préside aux relations avec le directeur du CAP français. Il est intéressant de noter par ailleurs que le professeur Karl Kaiser est régulièrement mis à contribution dans la revue Politique Étrangère de l’IFRI.
12L’un des ouvrages publiés par la DGAP en 1990 à Bonn – où se trouve aussi le siège du Planungsstab – au sujet du tournant de la fin des années 1980 en Allemagne et en Europe de l’Est, est une autre source d’informations sur le statut de cette société et, par extension, sur la nature de ses liens avec le Planungsstab [8]. Selon l’avant-propos, la DGAP constitue une association privée à but non-lucratif, à la fois indépendante et impartiale. Elle a pour tâche d’étudier les enjeux de la politique internationale et notamment européenne, ainsi que les questions économiques et de sécurité. Outre leur examen scientifique, elle doit également réunir la documentation sur ces domaines et approfondir la compréhension des questions internationales au travers de conférences, de groupes d’études et de publications. Dans ce but, la société entretient des rapports avec différentes institutions, dont le Planungsstab. La DGAP a été fondée en 1955 et comprend notamment un institut de recherche, un centre de documentation et une maison d’édition qui publie la revue de la société. Son siège se trouve à Bonn jusqu’en 1990.
13Les CAP français et ouest-allemand constituent donc des organismes peuplés de professionnels de qualité travaillant en collaboration avec des experts de haut niveau. Les prévisions qu’ils ont produites sont relativement similaires et, dans l’ensemble, exactes [9]. Nous allons voir qu’en outre, ces centres échangent entre eux, mais aussi avec d’autres institutions et experts sur la scène internationale.
Entre CAP européens et experts internationaux, une collaboration effective mais délicate
La coopération entre les Centres d’analyse et de prévision européens
14Quasiment chaque pays du bloc de l’Ouest comme d’Europe de l’Est possède un Centre d’analyse et de prévision, tous créés à la suite du Policy Planning Staff américain en 1947. Ces CAP sont en contact et organisent des rencontres régulières. Nous développons ici la relation existante entre le CAP français et le Planungsstab ouest-allemand.
15Les archives du CAP français contiennent quelques comptes rendus d’entretiens avec le CAP allemand, dont un document datant du 1er juillet 1988, rédigé par Nicole Gnesotto et portant sur des consultations menées les 27 et 28 juin 1988 sur la politique de sécurité par les deux CAP à Bonn, siège du Planungsstab [10]. Outre le CAP français et son homologue allemand, ces consultations ont impliqué des experts du Bundestag. Le document indique qu’elles ont donné lieu à deux notes, l’une portant sur le débat nucléaire en RFA au sein des partis politiques, l’autre sur les entretiens de planification avec le CAP allemand. Cette deuxième note, jointe au document principal, nous informe que la rencontre de juin 1988 entre les deux CAP était la troisième de l’année. On peut donc en déduire que les deux CAP se rencontraient environ tous les deux mois. Les trois questions qui ont retenu plus particulièrement l’attention des Français lors de ces entretiens sont les réformes économiques conduites en URSS et leurs conséquences sur le budget de la défense soviétique, ainsi que les perspectives de désarmement et d’élargissement de la CEE. D’après ce document, les Français ont critiqué les sources du Planungsstab pour la première partie, essentiellement anglo-saxonnes. Ils ont en outre été frappés de la méconnaissance des positions françaises par leurs homologues allemands. Les deux parties sont toutefois convenues de faire de la CEE et de ses voisins européens un axe de réflexion commun.
16Un document allemand datant du 5 juillet 1988 rend compte de cette même rencontre franco-allemande des 27 et 28 juin 1988 [11]. Le document, émanant du rédacteur Wnendt, est destiné au secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Il est intéressant de noter que les Allemands de l’Ouest mettent l’accent sur la politique extérieure et de sécurité future des Américains, les perspectives concernant la répartition des ressources en URSS, le contrôle de l’armement conventionnel et nucléaire, les possibles élargissements de la Communauté européenne, les piliers de la sécurité européenne, et enfin la coordination de l’Ostpolitik, autrement dit d’autres thématiques que celles retenues par les Français. Les Allemands qualifient l’échange de vues de « musclé », ce qui traduit l’atmosphère de la rencontre, mais estiment aussi « réjouissant » l’intérêt montré par les Français pour leurs analyses et leurs propositions pour des projets communs entre les deux pays. Ils notent par ailleurs une forte continuité dans la politique extérieure française. Sous la direction du ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, les fonctionnaires du Quai maintiendraient une orientation, selon eux, « conservatrice », notamment dans la politique de sécurité de la France. À l’exposé des Allemands sur la répartition des ressources en URSS, les Français auraient réagi avec scepticisme, estimant difficile pour l’Union soviétique d’utiliser concrètement leurs centres de production militaire pour le domaine civil ; ils ne croient pas non plus l’URSS réellement prête à progresser sur le chapitre du désarmement ; elle chercherait plutôt à gagner du temps, tout simplement. Le document regrette ensuite la diminution, dans les dernières décennies, de l’engagement et de l’intérêt français en Europe de l’Est, et notamment en Pologne. Les Allemands souhaiteraient davantage de coopération de la part de la France en matière d’Ostpolitik, et surtout ils rappellent qu’il faut distinguer la politique menée vis-à-vis de l’URSS de celles concernant les différents États du Pacte de Varsovie. Ils suggèrent même l’abandon du terme d’Ostpolitik pour parler davantage de la « politique vis-à-vis des pays de l’autre Europe ».
17Face à cet exemple d’appréhensions divergentes d’une même rencontre, il faut s’interroger sur les limites de la coopération entre les deux Centres. Bien qu’ils soient alliés dans la Guerre froide, qu’ils tiennent des réunions communes et qu’ils soient des partenaires de travail, Français et Allemands de l’Ouest échangent‑ils toutes leurs informations ? Existe-t‑il, au contraire, une forme de concurrence entre eux, une volonté de protéger leurs performances respectives mais aussi et surtout leurs intérêts nationaux propres ? Bref, quel est le poids de l’intérêt national face à l’intérêt « général » des pays ouest-européens et plus largement du bloc de l’Ouest pendant la Guerre froide ? Et à quel point les deux centres parviennent‑ils à s’accorder sur des conclusions, des orientations et des préconisations communes, à partir de représentations géopolitiques et de sources différentes ?
La mobilisation commune d’un réseau international et multilatéral
18Les réseaux des deux Centres s’étendent au-delà des frontières de l’Europe, comme le montrent les réunions tenues avec des organisations multilatérales telles que l’Atlantic Policy Advisory Group (APAG) [12]. Ce groupe se réunissait deux fois par an avec les CAP des membres européens de l’Alliance atlantique pour des échanges de vues. À l’invitation de la France, une réunion de l’APAG est consacrée du 8 au 12 octobre 1989, à Saint-Jean Cap Ferrat, à l’évolution de la situation à la périphérie de l’Union soviétique et à ses incidences sur la sécurité de l’Alliance [13]. Sont représentés tous les pays de cette dernière, c’est-à‑dire les États-Unis, le Canada, le Danemark, l’Islande, l’Italie, la Norvège, le Portugal, le Luxembourg, la Belgique, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Grèce, la Turquie, la RFA et l’Espagne. La note, rédigée par Nicole Gnesotto, alors chef-adjoint du CAP, laisse transparaître que ce type de brainstorming à seize est toujours délicat. L’ambassadeur Wegener, secrétaire général adjoint pour les Affaires politiques de l’OTAN, qui présidait la réunion n’a cessé de tenter de rappeler les participants à la discipline atlantique, faussant ainsi la liberté des propos. Dans ce cadre multilatéral, des alliances bilatérales se font jour : ainsi les Français et les Britanniques s’accordent‑ils pour souligner les contradictions de l’approche américaine. Nicole Gnesotto dénonce finalement une sorte d’autocensure dans ces débats à seize, comparée aux discussions informelles qui ont lieu entre les CAP des douze pays européens.
19Ces démarches multilatérales donnent donc lieu à un échange globalisé de l’information, et à une mise en commun des informations et des réflexions, mais elles peuvent simultanément être biaisées par des enjeux géopolitiques. Ces échanges ont‑ils débouché en effet sur une communication réelle, profitable, entre les CAP européens et les autres experts ? Comment expliquer la surprise générale provoquée en Europe par l’effondrement du bloc soviétique, notamment dans la France de Mitterrand, en dépit des travaux de qualité réalisés, de la collaboration effective entre experts nationaux et CAP européens ainsi qu’au sein d’un réseau international ? La bureaucratie, sa hiérarchie et ses délais, les rapports de pouvoir entre les délégations et les présidents des réunions semblent avoir pu constituer des obstacles au bon fonctionnement et à la sincérité des échanges et, par conséquent, à un travail de prévision optimal concernant les événements est-européens.
Savoir et décision : une relation variable d’un pays à l’autre
Le CAP et l’administration Mitterrand
20L’étude des archives et l’analyse de la littérature sur le sujet montrent que François Mitterrand et ses proches conseillers ont été particulièrement surpris de l’effondrement du bloc soviétique [14]. Samy Cohen a peut-être donné l’une des raisons spécifiquement françaises à cet effet de surprise : un syndrome de présidence omnisciente chez François Mitterrand :
La présidence de François Mitterrand, après celles de Charles de Gaulle et de Valéry Giscard d’Estaing, souffre des effets pervers de la durée. Elle semble à son tour atteinte du syndrome de la présidence omnisciente. Cette dérive est particulièrement sensible depuis 1988. François Mitterrand a acquis au cours de son premier septennat une expérience et une vision des relations internationales qui laissent peu de place à des influences extérieures. Depuis, il y a une tendance accrue chez lui à se croire seul haut responsable véritablement compétent en politique étrangère, seul à avoir une connaissance personnelle des autres chefs d’État étrangers. Cette assurance le conduit de plus en plus à se fier à ses intuitions, à suivre sa propre logique, à se fonder sur sa propre expérience, à se défier des experts [15].
22Selon cet auteur encore, la faible prise en compte de l’opinion du CAP tiendrait également au fait que le Centre n’a pas été conçu pour jouer un grand rôle dans la définition de la politique étrangère de la France. Dans le système politique de la Cinquième République, les grandes orientations procèdent du Président de la République. Or, le chef du CAP ne travaille pas directement avec le Président mais avec le ministre des Affaires étrangères. Un troisième et très important facteur serait le manque de ressources financières du CAP et de considération à son égard. Les autres services lui manifesteraient de la méfiance en raison de leur rivalité d’influence auprès du ministre, ainsi que de la relative jeunesse de l’organisme et de la diversité de ses membres. Mais son rejet s’expliquerait avant tout par sa fonction critique originelle au sein de l’administration. Le CAP devait au départ constituer en effet une cellule indépendante, ne relevant que du ministère des Affaires étrangères, dotée d’un regard critique que favoriserait la jeunesse de ses membres (la moyenne d’âge étant alors de 29 ans) et leur recrutement extérieur à l’administration. Tenu par conséquent à l’écart des réunions et des ressources documentaires et archivistiques de toutes les directions, le CAP se trouverait privé d’une bonne partie des informations récoltées par les autres services. Enfin, le poids comme la renommée de cet organisme dépendent non seulement de son chef, mais également du ministre des Affaires étrangères qui peut décider d’utiliser le CAP et de lui reconnaître une certaine importance, ou au contraire de le maintenir à l’écart, comme Roland Dumas semble bel et bien l’avoir fait, en raison de la méfiance qu’il vouait au domaine de la prospective [16].
Le Planungsstab et l’administration Kohl
23En revanche, les dirigeants de la RFA et le Planungsstab entretiennent des relations régulières et diversifiées. La consultation des archives du centre allemand montre, notamment grâce aux tampons portés sur les documents, que ceux-ci sont bien transmis et reçus. Et surtout, ils sont annotés, ce qui prouve qu’ils étaient lus, et sans intermédiaire aucun, puisque les destinataires sont, la majeure partie du temps, le secrétaire d’État (délégué permanent du ministre) et/ou le ministre fédéral des Affaires étrangères d’alors, Hans Dietrich Genscher, également vice-chancelier de la RFA. Les passages importants sont en outre soulignés ou signalés à l’aide d’une croix dans la marge. Le Ministre ou le Secrétaire d’État n’hésitent pas, du reste, à donner leur avis sur le contenu du document. Les études du Planungsstab peuvent même répondre à des demandes ou à des commandes précises du Ministre. Elles sont majoritairement rédigées à des fins de prescription ou d’information. Au contraire, les textes du CAP que nous avons consultés portent très peu de traces de lecture.
24Un document datant du 6 octobre 1989, rédigé par le lieutenant-colonel de l’état-major le comte de Pfeil et traitant des changements démographiques en Union soviétique et de leurs effets sur l’armée soviétique, ainsi que des conséquences de l’augmentation de la population musulmane, constitue un bon exemple. Il a été établi à la requête du secrétaire d’État, est‑il spécifié [17]. Le bureau du ministre a donc volontiers recours aux services du Planungsstab, et se fie à ses analyses. Un autre exemple atteste de la relation de confiance entre les deux organismes germaniques : à une demande de renseignements en date du 15 décembre 1989 émanant du cabinet du ministère fédéral, visant à nourrir une note de synthèse sur les « Perspectives pour les années 90 », les rédacteurs Rücker et von Bismarck-Osten répondent dès le 18 décembre 1989, trois jours plus tard seulement [18]. Ainsi, le Planungsstab a‑t‑il satisfait à une vaste requête le plus précisément et le plus rapidement possible. Le document s’adresse directement au Ministre. On peut déduire de tout cela que le centre travaille avec efficacité et que les rapports entre le demandeur et le fournisseur sont bons. Les archives du CAP ne livrent pas de commandes directes de ce type, ou marginalement.
25Une démarche particulièrement intéressante témoigne enfin de l’intérêt attaché à la documentation du Planungsstab : répondant à une demande envoyée à ce dernier par l’ancien ministre Egon Bahr [19], le directeur du Centre rédige lui-même, le 11 juin 1990, un document intitulé : « Accès à des documents avant l’expiration du délai de communicabilité », qui s’adresse, entre autres, au secrétaire d’État, afin qu’il accède à la demande d’Egon Bahr [20]. Ce dernier préside alors, depuis 1980 et pour quelques mois encore (jusqu’en décembre 1990), la sous-commission pour le désarmement et le contrôle des armements au Bundestag. Son statut d’ancien directeur du Centre est mis en avant, sans doute pour donner davantage de légitimité à sa requête : il demandait au directeur du Centre une copie de certains de ses rapports de 1968 sur la sécurité européenne, en vue de leur éventuelle publication. On décida de lui donner accès à ces documents classifiés « secrets ». Cet exemple permet de constater que les études du CAP allemand sont l’objet de demandes et d’utilisations diverses. Sa réputation n’était donc pas à faire, contrairement à celle du CAP français, au statut parfois ambigu.
26Cependant, cette divergence dans l’utilisation de l’information, en France et en République fédérale, n’est sans doute pas uniquement conjoncturelle et due aux personnalités politiques alors en place. Bien que de qualité, les productions du CAP français ont pu être méconnues ou négligées du fait d’un problème plus structurel de circulation de l’information lié aux dysfonctionnements du Quai d’Orsay.
Une circulation problématique de l’information au sein du Quai d’Orsay
27Le CAP n’est pas le seul organe du ministère français des Affaires étrangères à subir alors une crise qui l’écarte du processus décisionnel. Celle-ci, plus générale, touche en effet le ministère dans sa totalité, et en particulier les ambassadeurs. Didier Grange signale un déclin du ministère, visible dès la fin 1989 pour tout spécialiste s’intéressant à l’élaboration et à la conduite de la politique étrangère française [21]. Selon lui, ce déclin, qui ressort de la lecture de la presse, des éditoriaux, des rapports parlementaires, aurait commencé avant 1981 et se serait ensuite approfondi, puis encore aggravé en 1989.
28À ses yeux, le premier problème est l’absence de coopération entre le Quai d’Orsay et les médias. Les journalistes des pays occidentaux bénéficient de moyens matériels et d’un accès aux informations souvent supérieurs à ceux des ambassades. Ils sont puissants et traités comme tels dans leur pays. Ils sont souvent reçus au plus haut niveau et plus facilement par un ministre ou un chef d’État que l’ambassadeur de France. Ils bénéficient d’une expertise et d’un réseau de relations. Leurs articles, souvent lus et commentés, exercent parfois, de ce fait, une influence directe sur les décisions politiques. Dès lors, la seule valeur ajoutée apportée par le ministère des Affaires étrangères provient non pas de sa collecte de l’information, mais des relations officielles qu’il entretient avec les autres pays. Or, le Quai d’Orsay éprouve la plus vive méfiance envers les journalistes. Il n’y a pas d’échanges d’informations entre les deux milieux, ou alors de manière officieuse, via des relations personnelles. L’organe de presse n’est pas considéré comme une source fiable par le ministère. On peut supposer que cette absence de coopération entre le Quai et les journalistes a des répercussions au sommet de l’État, chez le président François Mitterrand.
29Selon Didier Grange, la même réticence et la même absence de coopération s’observent vis-à-vis des travaux universitaires. Les pays occidentaux disposent de multiples instituts de recherche et de départements universitaires dont les spécialistes publient des articles et des livres, souvent reliés à l’actualité. Mais seul le CAP, avec ses moyens dérisoires, tente de suivre l’état de la recherche en France et à l’étranger. Cela, alors que Washington, Londres, Moscou, Bonn mettent en place des circulations entre les Départements, les Universités et les instituts de recherche qui travaillent en étroite collaboration.
30En outre, dans les séminaires de haut niveau qui se multiplient en Occident, où se retrouvent les meilleurs spécialistes de l’Ouest comme de l’Est et où s’élaborent les analyses susceptibles d’orienter les politiques, la France n’est pas toujours représentée et, lorsque c’est le cas, ses représentants sont en nombre très inférieur à celui des ressortissants de RFA ou de Grande-Bretagne. Le Quai ne pêche donc pas seulement dans son utilisation du CAP mais aussi des experts universitaires de manière générale, eux-mêmes en partie mobilisés par le CAP. Cette absence de coopération entre experts extérieurs et CAP d’une part, et Quai d’Orsay d’autre part, se retrouve vraisemblablement au niveau du cabinet présidentiel.
31En fin de compte, comment expliquer la surprise qui a frappé les gouvernements européens et en particulier le gouvernement français face à l’effondrement du bloc de l’Est, malgré les productions de qualité des CAP français et ouest-allemand, l’excellence reconnue de leurs membres et la collaboration avec les experts nationaux ? Certains documents donnent à penser que la communication n’est pas forcément optimale entre les CAP européens, comme entre experts et institutions internationaux. En outre, le degré d’utilisation des études des CAP par les gouvernements européens varie selon les hommes d’État au pouvoir. Mitterrand se méfie plus de la prospective qu’Helmut Kohl. D’autres problèmes plus structurels – la circulation des études et, plus globalement, des informations au sein du ministère des Affaires étrangères français – ont renforcé ce qui peut être décrit dans le cas français comme un défaut de coopération entre savoir et décision.
32Si la production des experts des CAP français et ouest-allemand pour les années 1988-1990 est de qualité, la circulation de cette information en particulier, et de l’information en général, est problématique, tant pour des raisons géopolitiques de rivalité entre puissances qu’en raison de la personnalité des décideurs ou d’un dysfonctionnement généralisé au niveau du recueil de l’information au Quai d’Orsay. Cela peut expliquer en partie un effet de surprise aussi fort au sein du gouvernement français face à l’effondrement du bloc soviétique. Cependant d’autres facteurs ont évidemment joué, dont traite un autre de nos articles [22] : les intérêts géopolitiques divergents des puissances européennes face à cet effondrement, l’intérêt variable des uns et des autres à l’égard de l’Europe centrale et orientale, le gel des relations avec les pays de l’Est qui ont pu limiter le recueil des informations, ou encore le filtre idéologique du pro- ou de l’anticommunisme, très présent en France…
Notes
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[1]
Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve (ci-après : AMAE-La Courneuve), CAP, 1982-1987, Fonds 145INVA, carton 76, Bulletin no 41, « Le Centre d’Analyse et de Prévision », p. 134-136.
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[2]
Sabine Jansen, L’Expertise dans le domaine des relations internationales, entre voie nationale et modèle anglo-américain : le Centre d’Études de Politique étrangère et l’IFRI (1935-1995), mémoire d’habilitation soutenu sous la direction de Jean-François Sirinelli, IEP-Paris, 31 mai 2016.
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[3]
AMAE-La Courneuve, CAP, 1982-1987, Fonds 145INVA, carton 69, N/2448, « L’IFRI », 3 avril 1987.
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[4]
Sabine Jansen, op. cit.
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[5]
Les rapports RAMSES de l’IFRI sont des rapports annuels à forte composante économique ; ils fournissent une analyse d’ensemble des évolutions mondiales.
-
[6]
Loeïza Hotte, La France face à l’effondrement du bloc soviétique : expertise et prospective française et allemande, mémoire de master 2 d’histoire des relations internationales, sous la direction d’Antoine Marès, juin 2017, p. 182-186.
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[7]
Archives du ministère des Affaires étrangères, Berlin (ci-après : AMAE-Berlin), archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), 310.54 : DGAP / SWP (1988-1995), Carton 178.546, « Informationen über den einseitigen sowjetischen Truppenabzug », 13 décembre 1988.
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[8]
Jochen Thies & Wolfgang Wagner, Das Ende der Teilung : der Wandel in Deutschland und Osteuropa, in Beiträgen und Dokumenten aus der Europa-Archiv, Bonn, Verlag für internationale Politik, 1990.
-
[9]
Loeïza Hotte, La France face à l’effondrement du bloc soviétique…, op. cit., en particulier p. 108-134 et 226-243.
-
[10]
AMAE-La Courneuve, CAP, 1988-1992, Fonds 594INVA, N/97, « Entretiens avec le CAP allemand », 1er juillet 1988.
-
[11]
AMAE-Berlin, Archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (03/88-06/88), Carton 178.525, « Deutsch-französische Planungsstabsgespräche », 5 juillet 1988.
-
[12]
L’APAG est un groupe de planification politique créé en 1961 par le Conseil de l’Atlantique Nord de l’OTAN.
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[13]
AMAE-La Courneuve, CAP, 1988-1992, Fonds 594INVA, Carton 81, N/89/118, « Réunion de l’APAG », 2 novembre 1989.
-
[14]
Loeïza Hotte, La France face à l’effondrement du bloc soviétique…, op. cit., p. 62-64.
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[15]
Samy Cohen, « Diplomatie : le syndrome de la présidence omnisciente », Esprit, septembre 1990, p. 55-64, ici p. 62.
-
[16]
Marie-Christine Kessler, La Politique étrangère de la France : acteurs et processus, Paris, Presses de Sciences Po, 1998, p. 86.
-
[17]
AMAE-Berlin, Archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (07/89-01/90), 178.529, « Demographische Veränderungen in der Sowjetunion », 6 octobre 1989.
-
[18]
Ibid., Planungsstab (RFA), Série B 9 (1949-1990), 178.529, Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (07/89-01/90) : « Artikel für das Handelsblatt, Perspektiven der 90er Jahren », 18 décembre 1989.
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[19]
Egon Bahr est nommé en 1960 directeur de l’office de presse et d’information par Willy Brandt, alors maire-gouverneur de Berlin. Quand ce dernier devient ministre fédéral des Affaires étrangères en 1966, il le suit et occupe le poste de directeur du Planungsstab avec le rang d’ambassadeur. Comptant au nombre des conseillers les plus influents de Willy Brandt, il est nommé secrétaire d’État à la Chancellerie fédérale et représentant du gouvernement fédéral à Berlin-Ouest en 1969, lorsque Brandt est élu chancelier fédéral.
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[20]
AMAE-Berlin, Archives du Planungsstab de la RFA, Série B 9 (1949-1990), Vorlagen / Aufzeichnungen Planungsstabs (05/90-12/90), 178.531, « Aktenzugang vor Ablauf der Sperrfrist », 11 juin 1990.
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[21]
Didier Grange, « Le Quai d’Orsay, déclin d’un grand ministère », Esprit, mars 1989, p. 97.
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[22]
Loeïza Hotte, « France-RFA face à l’effondrement du bloc de l’Est, des positionnements géopolitique et scientifique différents », Bulletin de l’institut Pierre Renouvin, 2018/1, no 47, p. 37-48.