Notes
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[1]
Ce sujet est la rencontre entre une recherche que je mène sur les commémorations d’Octobre et une conférence effectuée en mai 2005 par Alexis Berelowitch au Centre franco-russe de Moscou à l’occasion du 60e anniversaire de la Victoire.
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[2]
Nous entendons par mémoire – dans le prolongement de Maurice Halbwachs (Les Cadres sociaux de la mémoire, Paris, Alcan, 1925) – non pas la conservation fidèle des expériences passées, mais un processus dynamique de reconstruction perpétuel du passé à partir des cadres politiques, sociaux et culturels du présent.
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[3]
Emilio Gentile, Les Religions de la politique : entre démocraties et totalitarismes, Paris, Le Seuil, 2005 ; Eric Hobsbawm, Terence Ranger, The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 1983; David I. Kertzer, Rituals, Politics and Power, Londres, Yale University Press, 1988.
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[4]
Bronislaw Baczko, « Le calendrier républicain », Les Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora, Paris, Gallimard, 1997, vol. III, p. 68.
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[5]
Christopher Binns, « The Changing Face of Power: Revolution and Accomodation in the Development of the Soviet Ceremonial System », Part I, Man-Journal of Royal Anthropological Institut, vol. 14, no 4, décembre 1979, p. 588-589 et Christel Lane, The Rites of Rulers, Ritual in Industrial Society. The Soviet Case, Cambridge, Cambridge University Press, 1981.
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[6]
Malte Rolf, Das sowjetische Massenfest, Hambourg, Hamburger Édition, 2006, p. 78.
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[7]
Sophie Cœuré, « Les “fêtes d’Octobre” 1927 à Moscou. La dynamique des structures d’influence soviétiques et kominterniennes autour d’un anniversaire », Communisme, no 42-43-44, 1995, p. 57-74.
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[8]
L’expression est d’Emilia Koustova, Les fêtes révolutionnaires dans la Russie soviétique, 1917-1927, dea, ehess, Paris, 1999, p. 82. Voir aussi Rolf Malte, Sovetskij massovyj prazdnik v Voroneže i Central’no-?ernozemnoj Oblasti Rossii (1927-1932), Voronež, Izdatel’stvo voronežskogo gosudarstvennogo Universiteta, 2000, et Svetlana Malyševa, Sovetskaja prazdni?naja kul’tura v pro- vincii (1917-1927), Kazan, Kazanskij Gosudarstvennyj Universitet, 2005.
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[9]
Sur la formation du patriotisme soviétique à l’époque de Staline, voir David Brandenberger, National Bolshevism; Stalinist Mass Cultur and the Formation of Modern Russian National Identity, 1931- 1956, Cambridge (ma), Harvard University Press, 2002.
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[10]
Cette dénomination utilisée par les Soviétiques depuis 1943 ne fait pas référence à la Première Guerre mondiale comme en Europe de l’Ouest mais à la première guerre dite patriotique de la Russie, celle de 1812 contre les troupes napoléoniennes. Cette singularisation conforte la thèse d’un conflit initié en juin 1941 et non pas en 1939.
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[11]
Helmut Altrichter, « Der Sieg im Grossen Vaterländischen Krieg und der Aufstieg zur Weltmacht: 1945 aus russisch-sowjetischer Sicht », Gotthard Jasper (ed.), 1945-1995, Anfänge und Erfahrungen: 50 Jahre nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges, Erlangen, Universitätsbibliothek, 1998, p. 75-99.
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[12]
Sur ce concept, voir Sabine R. Arnold, Christian Fuhrmeister, Dietmar Schiller (eds.), Politische Inszenierung im 20. Jahrhundert: zur Sinnlichkeit der Macht. Vienne, Böhlau Verlag, 1998.
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[13]
« Prazdnik Pobedy », Pravda, 9 mai 1945.
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[14]
Témoignage de l’ambassadeur américain George Kennan, Memoirs: 1925-1950, Boston, Little Brown, 1967, p. 240.
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[15]
Nina Tumarkin, The Living and the Dead. The Rise and Fall of the Cult of World War II in Russia, New York, BasicBooks, cop., 1994, p. 90.
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[16]
Cette parade a fait l’objet d’une exposition au musée historique de Moscou du 29 avril au 26 juin 2010. Parad Pobedy: Vystavka, Moskva, gim, 2010, p. 14-22.
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[17]
Discours de Molotov, Journal de Genève, 8 novembre 1945.
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[18]
À l’exception de ses discours rassemblés en un volume (Sur la Grande Guerre de l’Union soviétique pour le salut de la patrie, 1946), rien n’est publié sur le sujet : Lazar Lazarev, « Russian Literature and the War », John Garrand and Carol Garrand (eds.), World War Two and the Soviet People, Basingstoke, Macmillan, 1993, p. 30-31.
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[19]
Lars Karl, Der « Tag des Sieges » in der Sowjetunion: Inszenierung eines politischen Mythos, Magisterarbeit, Eberhard Karls Universität Tübingen, 1999, http://www.zeitgeschichteonline.de/site/40208398/default.aspx, p. 21.
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[20]
La Guerre froide est omniprésente dans les articles officiellement consacrés à la victoire (Pravda du 9 mai 1949).
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[21]
En Hongrie, il s’agit du 4 avril, décrété fête nationale dès 1950 (Kati Jutteau, L’Enfance embrigadée dans la Hongrie communiste. Le mouvement des pionniers, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 154). Sur la rda, voir Jürgen Danyel, « Politische Rituale als Sowjetimport », Konrad H. Jarausch & Hannes Siegrist (eds.), Amerikanisierung und Sowjetisierung in Deutschland 1945-1970, Frankfurt/Main, Campus Verl. cop., 1997, p. 67-88 et Monika Gibas, « Die Inszenierung kollektiver Identität. Staatssymbolik und Staatsfeiertage in der ddr », Universitas. Zeitschrift für interdisziplinäre Wissenschaft, no 4, 1999, p. 312-325. Ces pays ont aussi intégré le 7 novembre dans leur calendrier.
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[22]
kpss v rezolyutsiyakh i resheniyakh s’ ‘ezdov, konzrentsii i plenumov TsK, vol. 7, Moskva, 1971, p. 11-12.
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[23]
Réalisateur M. Tchiaourelli, scénario de O. Pavlenko, Joukov n’y apparaît que quelques secondes. Le film fut distribué à l’étranger.
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[24]
Branko Lazitch, Le Rapport Khrouchtchev et son histoire, Paris, Le Seuil, 1974, p. 114-115.
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[25]
Paraîtra en six volumes de 1960 à 1965 pour l’édition russe Istorija Velikoj Ote?estvennoj voiny Sovetskogo Sojuza 1941-1945 et de 1962-1968 pour l’édition allemande.
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[26]
Tumarkin, op. cit., p. 197.
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[27]
Carmen Scheide, « Kollektive und individuelle Erinnerungsmuster an den “Grossen Vaterländischen Krieg” (1941-1945) », Brigitte Studer, Heiko Haumann (Hg.), Stalinistische Subjekte. Individuum und System in der Sowjetunion und der Komintern 1929-1953, Zurich, Chronos, 2006, p. 435-453.
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[28]
Il s’agit de Leningrad, Stalingrad, Odessa, Sébastopol, Moscou, Kiev, Novorossijsk, Ker, Minsk, Tula, Mourmansk, Smolensk et la forteresse de Brest. Bernhard Chiari, « Volkskrieg und Heldenstädte: zum Mythos des Grossen Vaterländischen Krieges in Weissrussland », Monika Flacke (ed.), Mythen der Nationen. 1945 – Arena der Erinnerungen, série II, Mayence, Verlag Philipp von Zabern, 2004, p. 737-756; Carmen Scheide, « Vom Kriegsschauplatz zur Heldenstadt. Erinnerungsorte an den “Großen Vaterländischen Krieg” als Teil des Mythos Moskau », Carmen Scheide, Monica Rüthers (ed.), Moskau. Menschen – Mythen – Orte, Cologne, Böhlau Verlag 2003, p. 178-186.
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[29]
Binns, « The Changing Face of?Power: Revolution and Accommodation in the Development of the Soviet Ceremonial System: Part II », Man-Journal of Royal Anthropological Institut, vol. 15, no 1 (mars 1980), p. 180.
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[30]
G. Gerodnik, « Eto nado zhivym », Prazdniki, obryady, traditsii, Moscou, 1976, p. 67.
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[31]
Binns, op. cit., p. 181.
-
[32]
Plusieurs travaux confirment ce phénomène d’apparition d’une mémoire alternative, notamment en rda par le biais de l’Église évangélique, Peter Hurrelbrink, Der 8. Mai 1945 – Befreiung durch Erinnerung. Ein Gedenktag und seine Bedeutung für das politisch-kulturelle Selbstverständnis in Deutschland, Bonn, Verlag J. H. W. Dietz, 2005, p. 241.
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[33]
C’est la conclusion de Binns, op. cit., p. 183.
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[34]
Description détaillée des festivités dans Lars Karl, op. cit., p. 37-48.
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[35]
Sur ces mémoires conflictuelles voir le numéro spécial de la revue Osteuropa, intitulé Geschichtspolitik und Gegenerinnerung. Krieg, Gewalt und Trauma im Osten Europas, Cahier 6, 2008, et celui de la revue Ote?estvennye Zapisk, no 5, 2008, intitulé Pamjat’ i zabvenie: Bitva za prošloe.
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[36]
Katja Wezel, « “Okkupanten” oder “Befreier”? Geteilte Erinnerung und getrennte Geschichtsbilder in Lettland », Osteuropa, cahier 6, 2008, p. 147-158. La mémoire de la Seconde Guerre mondiale n’est pas moins conflictuelle dans les États postyougoslaves, où la question est parasitée par le processus en cours de construction d’identités nationales spécifiques à chaque nouvelle entité étatique : Cvijic, Srdjan, « Swinging the Pendulum: World War II History, Politics, National Identity and Difficulties of Reconciliation in Croatia and Serbia », Nationalities Papers, 36 (4), 2008, p. 713-740.
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[37]
Delphine Bechtel, « Von Lemberg nach L’viv Gedächtniskonflikte in einer Stadt an der Grenze », Osteuropa, cahier 6, 2008, p. 211.
-
[38]
Sur la mémoire de la ggp en Biélorussie, voir Olga Kurilo, Gerd-Ulrich Herrmann (éd.), Täter, Opfer, Helden: der Zweite Weltkrieg in der weissrussischen und deutschen Erinnerung, Berlin, Metropol Verlag, 2008.
-
[39]
Jan-Holger Kirsch, « Wir haben aus der Geschichte gelernt », Der 8. Mai als politischer Gedenktag in Deutschland, Cologne, Böhlau Verlag, 1999 et Peter Hurrelbrink, Der 8. Mai 1945 – Befreiung durch Erinnerung: ein Gedenktag und seine Bedeutung für das politisch-kulturelle Selbstverständnis in Deutschland, Bonn, Verlag J. H. W. Dietz, 2005.
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[40]
« Alors qu’en 1944, depuis trois ans, l’espoir des populations de l’Europe occidentale s’incarnait dans l’Armée rouge », Gilles Perrault, « La commémoration du débarquement allié. Combats d’hier », Monde diplomatique, mai 1994.
-
[41]
Sur la politique mémorielle à l’époque d’Eltsine, Kathleen E. Smith, Mythmaking in the New Russia: Politics and Memory during the Yeltsin Era, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 2002.
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[42]
Sur le rôle de la mémoire de la ggp dans la Russie contemporaine, Nina A. Friess, Nichts ist vergessen, niemand ist vergessen? Erinnerungskultur und kollektives Gedächtnis im heutigen Russland, Potsdam, Universitätsverlag Potsdam, 2010, I. G. Gerasimov, Sozidatel’naja rol’ Velikoj Pobedy, Moscou, ifran, 2000 et Ote?estvennye Zapiski 4/2008.
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[43]
La puissance militaire russe ne serait pourtant qu’une illusion, Roger McDermott, « Les forces armées russes : le pouvoir de l’illusion », Russie.Nei.Visions, no 37, mars 2009, Paris, ifri, p. 21.
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[44]
Pas de Staline en tant que tel, mais d’une période durant laquelle la Russie était un grand pays. La mémoire de la terreur stalinisme (un jour de commémoration des prisonniers politiques a été fixé au 30 octobre) s’est ainsi effacée devant celle de la victoire. Toute l’ambiguïté de cette réhabi- litation se cristallise lors du 50e anniversaire de sa mort. Lisa Tanguay, « Usages politiques du passé à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Joseph Staline », Conserveries mémorielles [revue en ligne], mis en ligne le 1er octobre 2006, http://cm.revues.org/302.
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[45]
Voir le documentaire de Jacobs Ingeborg, Tag des Sieges, Cologne, Troika Entertainment Gm, 2001.
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[46]
En juillet 2010, le Conseil de la Fédération a décrété le 2 septembre (Journée de la Seconde Guerre mondiale), nouvelle date mémorable.
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[47]
Sur ce 60e anniversaire voir F. Bomsdorf, G. Bordjugov (pod red.), 60-letie okon?anija Vtoroj Mirovoj i Velikoi Ote?estvennoj : Pobediteli i pobežd?nnye v kontekste politiki, mifologii i pamjati, Moscou, Fond Fridricha Naumanna, 2005, et le numéro spécial de la revue Osteuropa, cahier 4-6, 2005, en collaboration avec Neprikosnovennyj Zapas (40/2005), intitulé Kluften der Erinnerung. Rußland und Deutschland 60 Jahre nach dem Krieg.
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[48]
Avant de se rendre à Moscou pour les célébrations, le président américain passe néanmoins par la Géorgie, l’Ukraine et la Lettonie pour rassurer ses alliés.
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[49]
Roger McDermott, « Les forces armées russes : le pouvoir de l’illusion », Russie.Nei.Visions, no 37, mars 2009, Paris, ifri, p. 7 ; une liste détaillée des équipements figure dans M. Barabanov, « Urbi et Orbi: Military Parades on Red Square », Moscow Defense Brief, no 4 (14), 2008 (www.mdb.cast.ru/mdb/2-2008/item1/article 2).
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[50]
« Softer Speech Before a Tougher Parade », Moscow Times, 12 mai 2008.
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[51]
Déclaration de Boris Eltsine en 1992, citée par José Alain Fralon, « Le 75e anniversaire de la révolution d’Octobre », Le Monde, 10 novembre 1992.
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[52]
Enquête citée par les Izvestia, 9 novembre 2001.
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[53]
Vladislav Nazarov, « ?to budut prazdnovat’ v Rossii 4 nojabrja 2005 goda? », Ote?estvennye zapiski, 2004, no 5.
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[54]
Novye Izvestia, 9 novembre 2001.
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[55]
Ce mélange d’identité russo-soviétique apparaît aussi dans la symbolique d’État : Graeme Gill, « Changing Symbols: the Renovation of Moscow Place-Names », Russian Review, vol. 64, no 3, 2005, p. 488.
1Les commémorations procèdent d’une volonté politique de mémoire [2]. Mémoire structurée, la commémoration est intégrée à un ensemble de signes et de pratiques qui définissent le rapport d’une société à son passé, son présent et son devenir. En s’entourant de représentations collectives, le pouvoir entend conforter sa légitimité. Les pratiques commémoratives participent ainsi des liturgies politiques, aussi appelées religions de la politique [3]. Conscients de l’importance de cet instrument pour enraciner un régime dont la légitimité était contestée de l’intérieur et plus encore de l’extérieur, les communistes russes s’étaient attachés, dès leur arrivée au pouvoir, à l’instar des révolutionnaires français, à la « construction d’une nouvelle mémoire collective par la réorganisation du temps [4] » autour de l’acte fondateur du régime : la Grande Révolution socialiste d’Octobre. Premier signe de cette réorganisation, la substitution du calendrier grégorien au calendrier julien décalé de 13 jours, une décision qui renvoie la célébration de la révolution d’Octobre en novembre. Deuxième opération, la mise en place d’un « temps-récit » de la lutte des classes, destiné à remplacer celui institué par l’Église orthodoxe [5]. L’idée centrale du calendrier soviétique est d’esquisser de façon linéaire l’histoire des luttes du prolétariat contre le capital pour la réalisation de la révolution socialiste. L’année commémorative commence le 22 janvier, Journée de deuil et de commémoration des victimes de la fusillade du Dimanche rouge de 1905. Le 12 mars célèbre la Révolution bourgeoise de février 1917 ; le 18 mars – la Commune de Paris –, « prototype de la future victoire » de la cause révolutionnaire. Le 1er mai tient une place à part, symbolisant la lutte générale du prolétariat international, une lutte dont l’issue ne peut être que le triomphe de la révolution mondiale. Enfin, le 7 novembre (25 octobre), qui marque l’avènement du régime, clôt ce cycle, dont il constitue l’aboutissement provisoire. L’ensemble de ces fêtes révolutionnaires dessine un calendrier commémoratif cohérent, inscrivant « l’homme nouveau » dans un temps renouvelé quant au sens, mais conservant toutes ses fonctions rituelles [6].
2La fonction légitimatrice des commémorations joue aussi en direction de l’extérieur. En convoquant en 1927 près d’un millier d’observateurs étrangers à venir assister aux fêtes du 10e anniversaire de la révolution d’Octobre, les Soviétiques entendaient montrer au monde que l’urss n’était pas seule, que son influence dépassait le cadre de ses frontières, que sa légitimité était plus large que le spectre de ses relations diplomatiques [7]. Avec les années, le carnaval politique, artistique et chaotique, parfois même dionysiaque des premières commémorations d’Octobre, a progressivement cédé la place à une « mécanique répétitive [8] », militaro-patriotique [9], à laquelle les étrangers sont peu nombreux à assister. Symboliquement, les militaires, qui dans un premier temps se mélangeaient à la foule, constituent progressivement un cortège à part. Le défilé des troupes sur la place Rouge du 7 novembre 1941, comme celui du 25e anniversaire dans la ville de Leningrad assiégée, participe même à la mobilisation de guerre. Mais cela n’affaiblissait en rien l’autorité du Parti, ni ne modifiait l’idée qu’il entendait donner de sa légitimité.
3Après la Grande Guerre patriotique (désormais ggp) [10], comme l’appelle la littérature soviétique, la légitimité du régime soviétique est totalement renversée. L’ancien paria du système international est devenu une grande puissance, dont la légitimité sur la scène internationale n’est plus contestée [11]. En 1945 la puissance soviétique repose – outre son prestige moral lié au nombre de ses victimes – sur une réalité militaire (la présence de l’Armée rouge à Berlin), territoriale (l’urss s’étend sur 22 millions de km2, comme en 1914, sans parler d’une couronne de pays « amis »), et bientôt technologique, symbolisée par la constitution d’un arsenal nucléaire. La victoire est une vraie renaissance pour le régime et ses partisans étrangers. L’Internationale communiste a été dissoute, mais le prestige de l’Armée rouge rejaillit sur les Partis communistes devenus « Partis de la résistance », qui font leur entrée dans nombre de parlements. Mais ce renversement de légitimité internationale, ce nouveau statut, n’est pas sans conséquence sur l’équilibre interne du pouvoir et surtout sur sa représentation symbolique. À l’inverse des commémorations du 7 novembre, qui confortent la légitimité révolutionnaire du régime, c’est-à-dire le rôle du Parti communiste (pc) et de ses dirigeants, le 9 mai, Jour de la victoire, est une mise en scène de l’armée et de ses chefs, de la puissance militaire de l’urss et du sacrifice de sa population, les 25 millions de victimes. Le 9 mai contre le 7 novembre, c’est donc l’histoire de la concurrence de deux légitimités, et de la façon dont les équipes dirigeantes successives se sont efforcées d’en gérer la « mise en scène politique [12] ».
4Après l’annonce par Radio-Moscou, à 2 h 10 du matin, de la capitulation sans condition de l’Allemagne, le Présidium du Soviet suprême décrète que le 9 mai sera férié en l’honneur de la victoire sur l’Allemagne fasciste [13]. La population sort de chez elle au fur et à mesure que la nouvelle se répand, la joie résonne dans les rues [14]. Le soir, deux à trois millions de personnes se rendent sur la place Rouge, pour suivre le discours de Staline et le feu d’artifice, une tradition initiée en 1943 pour saluer les premières victoires militaires. C’est, selon Nina Tumarkin, le plus grand rassemblement spontané en urss depuis la mort de Lénine [15]. Staline confie aussi à G. K. Joukov, le sauveur de Moscou, l’homme qui s’empara de Berlin, l’honneur de diriger la parade du 24 juin 1945, qui constitue la première mise en spectacle de la victoire. À 10 heures du matin, le maréchal Joukov sur un cheval blanc et le maréchal K. K. Rokossovski, sur un cheval noir, les généraux, accompagnés d’unités de toutes les armes, défilent pendant deux heures sur une musique militaire jouée par un orchestre de 1 400 musiciens. Staline observe la parade depuis le mausolée Lénine. Puis c’est la célèbre scène du dépôt des 200 étendards des divisions nazies vaincues au pied du mausolée, sous les roulements des tambours [16]. Conscient du glissement de légitimité qui s’est opéré du parti de la Révolution à l’armée de la Victoire, Staline, qui cumule les fonctions politiques, étatiques et militaires, endosse désormais l’uniforme du généralissime pour capter une partie du prestige de la victoire, tout en prenant soin de souligner que cette dernière témoignait de la force du système soviétique. Cette captation est manifeste lors des commémorations du 7 novembre 1945 dont le thème central est celui des conséquences de la victoire sur la Grande Alliance [17].
5Le 9 mai n’est déjà plus un lieu de mémoire autonome : il a été intégré à Octobre. Les victoires militaires soviétiques ont d’ailleurs entraîné l’extension du territoire de la Révolution. On fête désormais le 7 novembre dans une Russie qui s’étend de Kaliningrad à Sakhaline, et dans les républiques baltes, en Biélorussie et en Ukraine occidentale, en Moldavie. La pratique des fêtes contribue à l’uniformisation du territoire et à la soviétisation des peuples annexés. Si le premier anniversaire est encore un jour férié, les commémorations sont un mixte d’événements officiels – la parade militaire – et surtout spontanés. Le comité des vétérans (Sovetskij Komitet Veteranov Vojny, skvv) organise des visites du musée de l’Armée rouge et des discussions avec les vétérans. Mais Staline et la presse parlent désormais moins de la victoire que de la nécessaire reconstruction de l’économie. Joukov, qui a été rappelé de son commandement de Berlin, est rétrogradé, envoyé dans le district militaire d’Odessa. Staline interdit aussi à ses maréchaux la publication de Mémoires [18]. Et le 9 mai disparaît comme jour férié à la suite d’un décret promulgué le 27 décembre 1946 [19]. La ggp constitue désormais un chapitre glorieux, mais achevé, de l’histoire de l’urss, dont le mérite revient à Staline et à son système. Il y a en 1947 encore une parade militaire, mais dès 1948 les commémorations de la Victoire se limitent à un feu d’artifice. Les années 1948-1953, qui sont celles de l’apogée de la Guerre froide [20] et de la crise avec la Yougoslavie, voient se confirmer le rôle des commémorations d’Octobre comme source exclusive de la légitimité du pouvoir. Si le Jour de la victoire disparaît en urss de la liste des jours fériés, il apparaît néanmoins dans le calendrier des nouvelles démocraties populaires, qui, à l’image de la Hongrie, de la Tchécoslovaquie et de la rda, le commémorent sous le nom de Jour de la libération de leur territoire par l’Armée rouge. Cette date, qui ne tombe pas toujours le 9 mai, devient dans ce contexte le symbole de l’amitié avec l’Union soviétique [21].
6Le calendrier des fêtes soviétiques dont hérite N. S. Khrouchtchev demeure ainsi presque inchangé, limité à cinq jours fériés, comme c’était le cas avant guerre. La volonté de la nouvelle direction d’inscrire son action dans la tradition de Lénine, de préférence à celle de Staline, se traduit pourtant par quelques réformes calendaires comme le remplacement en 1955 de la journée anniversaire de la mort du guide de la révolution par un subbotnik [22], une journée de travail volontaire. Cette journée militante est fixée le 22 avril, jour de la naissance et non plus de la mort de Lénine ! Bien que cela n’ait aucune conséquence immédiate sur le calendrier, le rapport secret du XXe congrès contient une profonde remise en cause de la légende – popularisée en 1949 par le film La Chute de Berlin [23] – « d’un Staline grand capitaine, chef militaire invincible, stratège sans égal dans l’histoire. […] Ce n’est pas Staline, mais bien le parti tout entier, le Gouvernement soviétique, notre héroïque armée, ses chefs talentueux et ses braves soldats, la nation soviétique tout entière qui ont remporté la victoire dans la Grande Guerre patriotique [24] », déclare le nouveau secrétaire général. Dans le prolongement de ces critiques, le comité central du pcus lance le premier projet de recherche historique sur la ggp [25]. Mais ce sont bien les commémorations d’Octobre, auxquelles sont régulièrement conviés les dirigeants des démocraties populaires, qui constituent le temps fort du spectacle du pouvoir soviétique. Si le programme des fêtes évolue peu, les slogans associés à la commémoration changent d’année en année, se colorant des objectifs idéologiques du moment. Chaque nouvel anniversaire présente ainsi une variation sur la mémoire d’Octobre, une mémoire perpétuellement réactualisée par le contexte national et international. C’est dans le cadre des fêtes du 7 novembre que Khrouchtchev met en scène le rapprochement avec la Yougoslavie et la sortie de la crise des missiles.
7La réhabilitation du 9 mai n’intervient qu’en 1965, à l’initiative de L. I. Brejnev, lors du 20e anniversaire de la victoire [26]. Longtemps cantonnée aux cercles familiaux, aux associations locales, la mémoire de la ggp trouve alors son cadre institutionnel dans un rare moment d’harmonie entre le discours du pouvoir et le ressenti de la population [27]. La grande parade militaire qui marque l’apogée d’une série de manifestations officielles est calquée sur celle du 24 juin 1945. Les fêtes s’accompagnent d’une vaste campagne de production d’espaces mémoriaux. La mémoire monumentale est particulièrement présente dans les villes ayant reçu le statut honorifique de Ville héroïque [28]. En Biélorussie, 6 000 monuments et des obélisques, 38 parcs et 600 jardins sont érigés en moins de cinq ans, et en Ukraine plus de 200 mémoriaux [29]. En tout, plus de 70 000 monuments en souvenir de la guerre ont été érigés en urss de 1945 à 1991, dont la grande majorité à l’époque de Brejnev. La plupart sont d’immenses complexes servant à des voyages d’études pour les étudiants, des pèlerinages et des cérémonies du souvenir [30]. Ces commémorations du 9 mai 1965 marquent un tournant fondamental dans la représentation que l’urss entend donner d’elle-même. À l’époque de Brejnev, l’urss perd sa dimension d’utopie révolutionnaire qui existait encore à l’époque de Khrouchtchev pour contenter symboliquement – médailles, défilés, jours fériés – et matériellement – pensions, appartements, bourses d’étude – la génération encore jeune de la guerre. Cela donne une nouvelle assise sociale au régime et une nouvelle mys- tique – le culte de la victoire – à une génération qui n’a plus à vivre dans l’ombre des héros de 1917. La mise en scène d’une armée équipée d’armes lourdes correspond aussi à l’apogée du complexe militaro-industriel au sein du pouvoir soviétique. Elle participe enfin à la détente, garantie par la conscience de l’équilibre des forces militaires.
8Au-delà du 9 mai, les années 1965-1972 se caractérisent par la prolifération de nouvelles fêtes et une extraordinaire concentration de jubilés : le 50e anniversaire de la révolution d’Octobre (1967), celui des Komsomol (1968), celui de l’urss (1972) et enfin le centenaire de la naissance de Lénine (1970). À cette époque, une fête suit l’autre : sont célébrés en plus des événements et des personnalités historiques, les institutions, les congrès du Parti, mais aussi chaque usine, chaque kolkhoze, les membres du bureau politique, le secrétaire général, les professions, les femmes, les enfants, les pionniers, les retraités…, et ces fêtes pléthoriques cohabitent dès lors selon des pratiques cérémonielles très semblables, ce qui en en brouille le sens. Le 7 novembre ressemble de plus en plus à une parade militaire classique, malgré la parade sportive et les manifestants civils qui suivent le défilé, alors que les commémorations de la Victoire sont des fêtes populaires devant conforter la légitimité du Parti. Le thème du sacrifice ultime pour le pays s’impose dans toutes les cérémonies [31]. Le problème n’est plus alors celui de la concurrence de deux légitimités, puisque toutes les fêtes participent au renforcement du patriotisme soviétique, mais celui de la spécificité de chacune de ces commémorations. En se multipliant et en s’uniformisant, les commémorations sont devenues artificielles, morbides même, avec le vieillissement des dirigeants, comme des vétérans, malgré la traditionnelle mise en scène d’une jeunesse radieuse. Les commémorations de la victoire ne sont-elles d’ailleurs pas fondamentalement des fêtes de vieux ? Bardés de médailles sur leurs uniformes, ils sont donnés en exemple aux jeunes générations, ce qui conforte leur statut et leur autorité dans cette société très conservatrice. Les cérémonies suscitent alors surtout l’intérêt des experts militaires et des kremlinologues qui en commentent le déroulement sur les chaînes de télévision étrangères. Ceux-ci en profitent pour esquisser des hypothèses sur les rapports de force au sommet du pouvoir à partir de la place occupée par les divers dirigeants sur l’estrade. La présence ou l’absence de tel ou tel responsable étranger provoque de nombreux commentaires sur l’état des relations entre leurs pays. Mais cette approche masque le déclin effectif de l’usage politique des fêtes par la population, les stratégies individuelles d’évitement, la subversion du sens et l’apparition d’une mémoire alternative [32]. Paradoxalement, les jours fériés sont consacrés à la vie privée, aux travaux à la datcha. Malgré l’ambition du régime d’utiliser les fêtes pour diffuser ses valeurs en pénétrant l’espace familial et le temps des loisirs, le système cérémoniel de l’époque brejnévienne a favorisé l’individualisme, le pluralisme et le consumérisme [33].
Le dernier secrétaire général du pcus, M. S. Gorbatchev, provoque un rééquilibrage des représentations symboliques du pouvoir. Après avoir atteint une forme d’apogée en 1985, dans le cadre du 40e anniversaire qui avait été programmé avant son arrivée [34], les célébrations de la Victoire connaissent un net déclin avec la disparition du défilé militaire. Ce retrait symbolique va d’ailleurs s’accompagner d’une remise en cause progressive des thèses officielles concernant plusieurs épisodes de la ggp dont les accords secrets du pacte germano-soviétique. Revendiquant comme Khrouchtchev un retour au léninisme des origines, Gorbatchev favorise à nouveau le 7 novembre contre le 9 mai. Le 70e anniversaire d’Octobre (1987) lui sert de tribune pour populariser la perestroïka. Mais l’effet centrifuge des fêtes se fait déjà ressentir. C’est ce même 7 novembre 1987, que le pc ukrainien lève officiellement le tabou de la famine de 1932-1933, qui sera l’un des principaux ressorts de la construction identitaire de l’Ukraine indépendante. Il y a surtout les bouleversements de 1989, qui marquent par la subversion du spectacle le retour de la spontanéité dans le déroulement des fêtes des États communistes. C’est lors des commémorations du 40e anniversaire de la République démocratique allemande (le 7 octobre 1989) qu’éclatent les premières manifestations de masse, notamment à Leipzig. En urss aussi, des manifestations indépendantes d’opposants au régime ont lieu dans plusieurs républiques soviétiques, tandis que la traditionnelle parade officielle du 7 novembre se déroule sur la place Rouge. Le 7 novembre 1990, Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, le président de la fédération de Russie, descendent du mausolée pour prendre brièvement la tête du défilé populaire qui a suivi la dernière parade militaire de la période soviétique. L’année 1991 se passe ainsi sans que le Jour de la victoire ou la révolution d’Octobre ne donne lieu à des célébrations officielles. Seul est commémoré, le 12 juin, le premier anniversaire de l’adoption de la déclaration sur la souveraineté de la république de Russie.
La disparition des régimes communistes entraîne celle de leurs symboles, de leurs rites et de leurs fêtes commémoratives. La rapidité avec laquelle les nouveaux parlements engagent la réforme calendaire témoigne de l’importance de l’enjeu pour les acteurs de l’époque. Dès 1990, les pays d’Europe de l’Est abandonnent les commémorations communistes (sauf le 1er mai conservé dans la plupart des pays à l’exception notable de la Russie d’Eltsine) et transforment en fêtes légales les anniversaires autrefois interdits par les anciens régimes : le 15 mars en Hongrie, le 3 mai en Pologne, le 28 octobre en Tchécoslovaquie… Mais l’instauration d’un nouveau système de références symboliques révèle rapidement l’existence d’interprétations divergentes du passé. Si l’abandon du 7 novembre pose a priori peu de problèmes, en particulier hors de Russie, celui du 9 mai fait ressurgir une multitude de tensions sur l’interprétation de la victoire [35]. Loin de partager la thèse d’une Europe libérée, les Polonais, mais aussi les Baltes, parlent d’une occupation succédant à une autre [36]. Ces pays ne se contentent pas de supprimer la date, ils en effacent les traces matérielles (pensons aux changements de dénomination des rues et aux destructions de monuments). En avril 2007, le déplacement du bronze du soldat soviétique de la ville de Tallinn provoque un conflit diplomatique avec la Russie et des affrontements dans les rues de la capitale estonienne, alors qu’en Lettonie, le Parlement refuse une nouvelle fois en avril 2009 de rétablir le 9 mai sur la liste des jours fériés. En avril 2011, c’est dans la ville de L’viv, en Ukraine occidentale, que les célébrations provoquent des heurts avec les nationa- listes [37]. Mais le Jour de la victoire est encore célébré et férié dans 12 anciennes républiques soviétiques sur 15 [38], c’est-à-dire toutes sauf les États baltes. Ajoutons à cette liste la République tchèque et la Slovaquie (8 mai), la République serbe, la Bulgarie, parfois la Roumanie, mais toujours Israël et l’Allemagne [39]. La reconfiguration du territoire des fêtes de la victoire révèle ainsi les nouveaux contours de l’influence russe, la part de légitimité internationale conquise en 1945 qu’elle parvient à conserver.
En Russie même, les commémorations de la victoire ont repris dès 1995, une année après le 50e anniversaire du débarquement de Normandie auquel aucun dirigeant russe n’a été invité [40]. Hostile au retour des traditions soviétiques, B. N. Eltsine prend pourtant soin de déplacer le défilé sur la perspective Koutouzov, qui mène au mémorial de la victoire élevé sur la colline Poklonnaja Gora à l’occasion de ce 50e anniversaire [41]. Bien que sans matériel de guerre, une parade se tiendra à nouveau chaque année sur la place Rouge. Mais c’est avec V. V. Putin que le culte de la « victoire » et du « sacrifice pour la patrie », revient au cœur du discours et du système symbolique du pouvoir [42]. Désireux de tourner la page des « humiliations » de l’époque eltsinienne, le nouveau président entend rehausser le prestige du pays sur la scène internationale en valorisant le facteur militaire de sa politique de puissance [43]. Les fêtes, qui s’accompagnent d’une réhabilitation rampante de Staline [44], servent à la mobilisation de la population dans le cadre de la seconde guerre de Tchétchénie et au rétablissement de la Russie dans son rang de grande puissance. La restauration de ces célébrations doit aussi s’entendre comme un moyen de conforter les frontières du territoire russe. Sans surprise, les commémorations de la Victoire rencontrent chaque année une extraordinaire mobilisation de la population à Kaliningrad [45]. À l’inverse, dans l’Orient russe, c’est la date du 2 septembre, journée mémorable en l’honneur de la victoire sur le militarisme japonais, qui monopolise l’attention des habitants de Sakhaline depuis la fin de l’urss [46]. L’extrême attention portée à l’événement peut néanmoins se retourner contre les organisateurs. C’est lors des célébrations de la victoire à Grozny qu’a lieu en 2004 l’attentat contre le président Akhmad Kadyrov. Le culte de la ggp atteint son paroxysme en 2005, lors des fêtes du 60e anniversaire [47], auxquelles participent une soixantaine de chefs d’État étrangers dont le président américain G. Bush [48]. Le gigantisme des festivités, l’omniprésence de la couverture médiatique, la mobilisation massive de la population et le retour des symboles soviétiques, comme l’étoile rouge à cinq branches sur les couvre-chefs des officiers, confortent la réinscription des fêtes dans la tradition brejnévienne. Une nouvelle étape est franchie en mai 2008, avec l’apparition d’équipements militaires lourds sur la place Rouge [49]. Le défilé est retransmis et commenté sur plusieurs chaînes de télévision américaines dans une ambiance très guerre froide. Le discours du nouveau président, D. Medvedev, consacré au retour de la puissance russe [50], trouvera sa confirmation lors de l’opération militaire de l’été en Géorgie. Les effectifs de soldats comme le matériel présenté augmentent d’année en année. Mais en 2010, un mois après la signature du traité Start II, la participation de troupes de l’Otan, dont 75 soldats du bataillon de représentation de l’armée polonaise, au défilé de la victoire à Moscou, préfigure la reprise officielle des relations avec l’otan qui devient effective en novembre de la même année. Les fêtes restent un marqueur politique pertinent.
Et le 7 novembre ? Officiellement, il ne subsiste dans sa formulation initiale qu’en Biélorussie et dans la République moldave du Dniestr, improprement appelée Transnistrie. Si elles rechignent à supprimer ce jour férié – une décision qui n’est jamais populaire –, les autorités des autres anciennes républiques en changent néanmoins le sens : le 7 novembre correspond désormais à la fête du mouton (le grand aïd) au Kazakhstan, au Jour de la Constitution au Tadjikistan. En Russie, l’anniversaire d’Octobre survit pendant quelques années à l’effondrement de l’urss, « par respect pour des millions de gens dans le pays [51] », mais sans les célébrations officielles, avant d’être renommé en 1996 Journée de la concorde et de la réconciliation, même s’il est bien difficile de dire autour de quelles valeurs se fait cette réconciliation. Selon une enquête réalisée en 2001 par l’institut romir, 45 % des personnes interrogées, dont une forte majorité de personnes âgées, associent toujours cette date à la révolution [52]. Aussi, en novembre 2004, la Douma, dominée par les députés du parti Russie unie de Poutine, adopte une réforme du calendrier des jours fériés, qui supprime la fête du 7 novembre, remplacée par un jour de l’Unité populaire. Fixé au 4 novembre (22 octobre 1612), en souvenir de l’insurrection populaire lancée par Kouzma Minine et le prince Dmitri Pojarski contre les Polonais qui occupaient le Kremlin, cet anniversaire, dont la date est contestée par nombre d’historiens [53], coïncide aussi avec l’une des principales fêtes orthodoxes – la fête de l’icône de la Mère de Dieu de Kazan à laquelle est attribué le miracle de la victoire sur les Polonais – ce qui témoignerait de la volonté de l’équipe au pouvoir de rompre symboliquement avec le passé soviétique en renouant avec la tradition historique et religieuse de la Russie prérévolutionnaire. Mais, si l’on se rappelle que Minime et Pojarski avaient déjà été réhabilités dans les années trente par Staline, puis invoqués en novembre 1941, lors de son discours aux troupes en partance pour le combat, alors ce déplacement de référence du 7 au 4 novembre cristallise toute l’ambiguïté de cette rupture dans la continuité qui caractérise la période poutinienne.
Sans être férié, le 7 novembre hante toujours le calendrier russe. Et le pouvoir rechigne à laisser ce qui reste d’organisations communistes monopoliser l’espace public à cette occasion. Depuis 2000, l’administration présidentielle parraine ainsi un contre-défilé de quelque 10 0000 jeunes, membres de l’association « Marchons ensemble », qui suit celui des commu- nistes composé pour sa part majoritairement de personnes âgées. Vêtus de tee-shirt à l’effigie de Poutine, ou portant comme en 2001 des tabliers avec l’inscription « il est temps de nettoyer », la jeunesse munie de sacs-poubelle doit symboliser le nettoyage des idéaux d’hier [54]. Enfin depuis le 7 novembre 2009, ce sont plus de 4 000 jeunes, membres de diverses associations paramilitaires et des élèves officiers, vêtus en uniforme de 1941, qui défilent sur la place Rouge, accompagnés de blindés d’époque, pour commémorer… l’anniversaire de la parade militaire du 7 novembre 1941. Ainsi, ce n’est plus la révolution qui officiellement est célébrée, mais la commémoration de la révolution, qui du fait du contexte de 1941 est devenue un événement mémorable en tant que tel. Un transfert de sens qui permet aux autorités de réinvestir les commémorations du 7 novembre en les inscrivant dans la perspective d’une mémoire polarisée sur la ggp, le seul événement capable de réaliser la synthèse des identités russe et soviétique à laquelle aspire aujourd’hui le pouvoir autour de l’idéologie de la puissance [55]. Octobre est provisoirement dissout dans mai. La Russie n’a plus de problème de concurrence de légitimité.
Notes
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[1]
Ce sujet est la rencontre entre une recherche que je mène sur les commémorations d’Octobre et une conférence effectuée en mai 2005 par Alexis Berelowitch au Centre franco-russe de Moscou à l’occasion du 60e anniversaire de la Victoire.
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[2]
Nous entendons par mémoire – dans le prolongement de Maurice Halbwachs (Les Cadres sociaux de la mémoire, Paris, Alcan, 1925) – non pas la conservation fidèle des expériences passées, mais un processus dynamique de reconstruction perpétuel du passé à partir des cadres politiques, sociaux et culturels du présent.
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[3]
Emilio Gentile, Les Religions de la politique : entre démocraties et totalitarismes, Paris, Le Seuil, 2005 ; Eric Hobsbawm, Terence Ranger, The Invention of Tradition, Cambridge, Cambridge University Press, 1983; David I. Kertzer, Rituals, Politics and Power, Londres, Yale University Press, 1988.
-
[4]
Bronislaw Baczko, « Le calendrier républicain », Les Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora, Paris, Gallimard, 1997, vol. III, p. 68.
-
[5]
Christopher Binns, « The Changing Face of Power: Revolution and Accomodation in the Development of the Soviet Ceremonial System », Part I, Man-Journal of Royal Anthropological Institut, vol. 14, no 4, décembre 1979, p. 588-589 et Christel Lane, The Rites of Rulers, Ritual in Industrial Society. The Soviet Case, Cambridge, Cambridge University Press, 1981.
-
[6]
Malte Rolf, Das sowjetische Massenfest, Hambourg, Hamburger Édition, 2006, p. 78.
-
[7]
Sophie Cœuré, « Les “fêtes d’Octobre” 1927 à Moscou. La dynamique des structures d’influence soviétiques et kominterniennes autour d’un anniversaire », Communisme, no 42-43-44, 1995, p. 57-74.
-
[8]
L’expression est d’Emilia Koustova, Les fêtes révolutionnaires dans la Russie soviétique, 1917-1927, dea, ehess, Paris, 1999, p. 82. Voir aussi Rolf Malte, Sovetskij massovyj prazdnik v Voroneže i Central’no-?ernozemnoj Oblasti Rossii (1927-1932), Voronež, Izdatel’stvo voronežskogo gosudarstvennogo Universiteta, 2000, et Svetlana Malyševa, Sovetskaja prazdni?naja kul’tura v pro- vincii (1917-1927), Kazan, Kazanskij Gosudarstvennyj Universitet, 2005.
-
[9]
Sur la formation du patriotisme soviétique à l’époque de Staline, voir David Brandenberger, National Bolshevism; Stalinist Mass Cultur and the Formation of Modern Russian National Identity, 1931- 1956, Cambridge (ma), Harvard University Press, 2002.
-
[10]
Cette dénomination utilisée par les Soviétiques depuis 1943 ne fait pas référence à la Première Guerre mondiale comme en Europe de l’Ouest mais à la première guerre dite patriotique de la Russie, celle de 1812 contre les troupes napoléoniennes. Cette singularisation conforte la thèse d’un conflit initié en juin 1941 et non pas en 1939.
-
[11]
Helmut Altrichter, « Der Sieg im Grossen Vaterländischen Krieg und der Aufstieg zur Weltmacht: 1945 aus russisch-sowjetischer Sicht », Gotthard Jasper (ed.), 1945-1995, Anfänge und Erfahrungen: 50 Jahre nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges, Erlangen, Universitätsbibliothek, 1998, p. 75-99.
-
[12]
Sur ce concept, voir Sabine R. Arnold, Christian Fuhrmeister, Dietmar Schiller (eds.), Politische Inszenierung im 20. Jahrhundert: zur Sinnlichkeit der Macht. Vienne, Böhlau Verlag, 1998.
-
[13]
« Prazdnik Pobedy », Pravda, 9 mai 1945.
-
[14]
Témoignage de l’ambassadeur américain George Kennan, Memoirs: 1925-1950, Boston, Little Brown, 1967, p. 240.
-
[15]
Nina Tumarkin, The Living and the Dead. The Rise and Fall of the Cult of World War II in Russia, New York, BasicBooks, cop., 1994, p. 90.
-
[16]
Cette parade a fait l’objet d’une exposition au musée historique de Moscou du 29 avril au 26 juin 2010. Parad Pobedy: Vystavka, Moskva, gim, 2010, p. 14-22.
-
[17]
Discours de Molotov, Journal de Genève, 8 novembre 1945.
-
[18]
À l’exception de ses discours rassemblés en un volume (Sur la Grande Guerre de l’Union soviétique pour le salut de la patrie, 1946), rien n’est publié sur le sujet : Lazar Lazarev, « Russian Literature and the War », John Garrand and Carol Garrand (eds.), World War Two and the Soviet People, Basingstoke, Macmillan, 1993, p. 30-31.
-
[19]
Lars Karl, Der « Tag des Sieges » in der Sowjetunion: Inszenierung eines politischen Mythos, Magisterarbeit, Eberhard Karls Universität Tübingen, 1999, http://www.zeitgeschichteonline.de/site/40208398/default.aspx, p. 21.
-
[20]
La Guerre froide est omniprésente dans les articles officiellement consacrés à la victoire (Pravda du 9 mai 1949).
-
[21]
En Hongrie, il s’agit du 4 avril, décrété fête nationale dès 1950 (Kati Jutteau, L’Enfance embrigadée dans la Hongrie communiste. Le mouvement des pionniers, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 154). Sur la rda, voir Jürgen Danyel, « Politische Rituale als Sowjetimport », Konrad H. Jarausch & Hannes Siegrist (eds.), Amerikanisierung und Sowjetisierung in Deutschland 1945-1970, Frankfurt/Main, Campus Verl. cop., 1997, p. 67-88 et Monika Gibas, « Die Inszenierung kollektiver Identität. Staatssymbolik und Staatsfeiertage in der ddr », Universitas. Zeitschrift für interdisziplinäre Wissenschaft, no 4, 1999, p. 312-325. Ces pays ont aussi intégré le 7 novembre dans leur calendrier.
-
[22]
kpss v rezolyutsiyakh i resheniyakh s’ ‘ezdov, konzrentsii i plenumov TsK, vol. 7, Moskva, 1971, p. 11-12.
-
[23]
Réalisateur M. Tchiaourelli, scénario de O. Pavlenko, Joukov n’y apparaît que quelques secondes. Le film fut distribué à l’étranger.
-
[24]
Branko Lazitch, Le Rapport Khrouchtchev et son histoire, Paris, Le Seuil, 1974, p. 114-115.
-
[25]
Paraîtra en six volumes de 1960 à 1965 pour l’édition russe Istorija Velikoj Ote?estvennoj voiny Sovetskogo Sojuza 1941-1945 et de 1962-1968 pour l’édition allemande.
-
[26]
Tumarkin, op. cit., p. 197.
-
[27]
Carmen Scheide, « Kollektive und individuelle Erinnerungsmuster an den “Grossen Vaterländischen Krieg” (1941-1945) », Brigitte Studer, Heiko Haumann (Hg.), Stalinistische Subjekte. Individuum und System in der Sowjetunion und der Komintern 1929-1953, Zurich, Chronos, 2006, p. 435-453.
-
[28]
Il s’agit de Leningrad, Stalingrad, Odessa, Sébastopol, Moscou, Kiev, Novorossijsk, Ker, Minsk, Tula, Mourmansk, Smolensk et la forteresse de Brest. Bernhard Chiari, « Volkskrieg und Heldenstädte: zum Mythos des Grossen Vaterländischen Krieges in Weissrussland », Monika Flacke (ed.), Mythen der Nationen. 1945 – Arena der Erinnerungen, série II, Mayence, Verlag Philipp von Zabern, 2004, p. 737-756; Carmen Scheide, « Vom Kriegsschauplatz zur Heldenstadt. Erinnerungsorte an den “Großen Vaterländischen Krieg” als Teil des Mythos Moskau », Carmen Scheide, Monica Rüthers (ed.), Moskau. Menschen – Mythen – Orte, Cologne, Böhlau Verlag 2003, p. 178-186.
-
[29]
Binns, « The Changing Face of?Power: Revolution and Accommodation in the Development of the Soviet Ceremonial System: Part II », Man-Journal of Royal Anthropological Institut, vol. 15, no 1 (mars 1980), p. 180.
-
[30]
G. Gerodnik, « Eto nado zhivym », Prazdniki, obryady, traditsii, Moscou, 1976, p. 67.
-
[31]
Binns, op. cit., p. 181.
-
[32]
Plusieurs travaux confirment ce phénomène d’apparition d’une mémoire alternative, notamment en rda par le biais de l’Église évangélique, Peter Hurrelbrink, Der 8. Mai 1945 – Befreiung durch Erinnerung. Ein Gedenktag und seine Bedeutung für das politisch-kulturelle Selbstverständnis in Deutschland, Bonn, Verlag J. H. W. Dietz, 2005, p. 241.
-
[33]
C’est la conclusion de Binns, op. cit., p. 183.
-
[34]
Description détaillée des festivités dans Lars Karl, op. cit., p. 37-48.
-
[35]
Sur ces mémoires conflictuelles voir le numéro spécial de la revue Osteuropa, intitulé Geschichtspolitik und Gegenerinnerung. Krieg, Gewalt und Trauma im Osten Europas, Cahier 6, 2008, et celui de la revue Ote?estvennye Zapisk, no 5, 2008, intitulé Pamjat’ i zabvenie: Bitva za prošloe.
-
[36]
Katja Wezel, « “Okkupanten” oder “Befreier”? Geteilte Erinnerung und getrennte Geschichtsbilder in Lettland », Osteuropa, cahier 6, 2008, p. 147-158. La mémoire de la Seconde Guerre mondiale n’est pas moins conflictuelle dans les États postyougoslaves, où la question est parasitée par le processus en cours de construction d’identités nationales spécifiques à chaque nouvelle entité étatique : Cvijic, Srdjan, « Swinging the Pendulum: World War II History, Politics, National Identity and Difficulties of Reconciliation in Croatia and Serbia », Nationalities Papers, 36 (4), 2008, p. 713-740.
-
[37]
Delphine Bechtel, « Von Lemberg nach L’viv Gedächtniskonflikte in einer Stadt an der Grenze », Osteuropa, cahier 6, 2008, p. 211.
-
[38]
Sur la mémoire de la ggp en Biélorussie, voir Olga Kurilo, Gerd-Ulrich Herrmann (éd.), Täter, Opfer, Helden: der Zweite Weltkrieg in der weissrussischen und deutschen Erinnerung, Berlin, Metropol Verlag, 2008.
-
[39]
Jan-Holger Kirsch, « Wir haben aus der Geschichte gelernt », Der 8. Mai als politischer Gedenktag in Deutschland, Cologne, Böhlau Verlag, 1999 et Peter Hurrelbrink, Der 8. Mai 1945 – Befreiung durch Erinnerung: ein Gedenktag und seine Bedeutung für das politisch-kulturelle Selbstverständnis in Deutschland, Bonn, Verlag J. H. W. Dietz, 2005.
-
[40]
« Alors qu’en 1944, depuis trois ans, l’espoir des populations de l’Europe occidentale s’incarnait dans l’Armée rouge », Gilles Perrault, « La commémoration du débarquement allié. Combats d’hier », Monde diplomatique, mai 1994.
-
[41]
Sur la politique mémorielle à l’époque d’Eltsine, Kathleen E. Smith, Mythmaking in the New Russia: Politics and Memory during the Yeltsin Era, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 2002.
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[42]
Sur le rôle de la mémoire de la ggp dans la Russie contemporaine, Nina A. Friess, Nichts ist vergessen, niemand ist vergessen? Erinnerungskultur und kollektives Gedächtnis im heutigen Russland, Potsdam, Universitätsverlag Potsdam, 2010, I. G. Gerasimov, Sozidatel’naja rol’ Velikoj Pobedy, Moscou, ifran, 2000 et Ote?estvennye Zapiski 4/2008.
-
[43]
La puissance militaire russe ne serait pourtant qu’une illusion, Roger McDermott, « Les forces armées russes : le pouvoir de l’illusion », Russie.Nei.Visions, no 37, mars 2009, Paris, ifri, p. 21.
-
[44]
Pas de Staline en tant que tel, mais d’une période durant laquelle la Russie était un grand pays. La mémoire de la terreur stalinisme (un jour de commémoration des prisonniers politiques a été fixé au 30 octobre) s’est ainsi effacée devant celle de la victoire. Toute l’ambiguïté de cette réhabi- litation se cristallise lors du 50e anniversaire de sa mort. Lisa Tanguay, « Usages politiques du passé à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Joseph Staline », Conserveries mémorielles [revue en ligne], mis en ligne le 1er octobre 2006, http://cm.revues.org/302.
-
[45]
Voir le documentaire de Jacobs Ingeborg, Tag des Sieges, Cologne, Troika Entertainment Gm, 2001.
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[46]
En juillet 2010, le Conseil de la Fédération a décrété le 2 septembre (Journée de la Seconde Guerre mondiale), nouvelle date mémorable.
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[47]
Sur ce 60e anniversaire voir F. Bomsdorf, G. Bordjugov (pod red.), 60-letie okon?anija Vtoroj Mirovoj i Velikoi Ote?estvennoj : Pobediteli i pobežd?nnye v kontekste politiki, mifologii i pamjati, Moscou, Fond Fridricha Naumanna, 2005, et le numéro spécial de la revue Osteuropa, cahier 4-6, 2005, en collaboration avec Neprikosnovennyj Zapas (40/2005), intitulé Kluften der Erinnerung. Rußland und Deutschland 60 Jahre nach dem Krieg.
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[48]
Avant de se rendre à Moscou pour les célébrations, le président américain passe néanmoins par la Géorgie, l’Ukraine et la Lettonie pour rassurer ses alliés.
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[49]
Roger McDermott, « Les forces armées russes : le pouvoir de l’illusion », Russie.Nei.Visions, no 37, mars 2009, Paris, ifri, p. 7 ; une liste détaillée des équipements figure dans M. Barabanov, « Urbi et Orbi: Military Parades on Red Square », Moscow Defense Brief, no 4 (14), 2008 (www.mdb.cast.ru/mdb/2-2008/item1/article 2).
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[50]
« Softer Speech Before a Tougher Parade », Moscow Times, 12 mai 2008.
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[51]
Déclaration de Boris Eltsine en 1992, citée par José Alain Fralon, « Le 75e anniversaire de la révolution d’Octobre », Le Monde, 10 novembre 1992.
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[52]
Enquête citée par les Izvestia, 9 novembre 2001.
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[53]
Vladislav Nazarov, « ?to budut prazdnovat’ v Rossii 4 nojabrja 2005 goda? », Ote?estvennye zapiski, 2004, no 5.
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[54]
Novye Izvestia, 9 novembre 2001.
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[55]
Ce mélange d’identité russo-soviétique apparaît aussi dans la symbolique d’État : Graeme Gill, « Changing Symbols: the Renovation of Moscow Place-Names », Russian Review, vol. 64, no 3, 2005, p. 488.