L’annonce par le président états-unien Donald Trump, au début de son mandat, d’un plan massif de réduction d’impôts a suscité beaucoup d’inquiétude quant à son impact sur les finances publiques américaines, alors même que l’économie du pays enregistrait une croissance soutenue, ne justifiant donc aucune politique de relance. Et en effet, fin 2019, le déficit représentait 6,3 % du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis, dont la dette avoisinait les 110 %. Début 2021, le président nouvellement élu, Joe Biden, entamait son mandat en faisant voter un plan de relance de 1 900 milliards de dollars que complètera un plan massif d’investissements dans les infrastructures – le plan de relance de Barack Obama en 2009 pour faire face à la crise financière s’élevait à 750 milliards de dollars. Beaucoup d’économistes aux États-Unis, dont le très influent Larry Summers, ancien secrétaire d’État au Trésor de Bill Clinton et conseiller économique de Barack Obama, ont questionné non pas tant cet endettement massif, mais les potentiels effets inflationnistes de telles mesures, tant elles sont inédites et peuvent paraître démesurées. Fin 2020, la dette publique atteignait ainsi déjà 131 % du PIB américain, d’après les estimations du Fonds monétaire international (FMI).
Cette histoire en raconte en réalité une autre, celle du retour de l’État dans l’économie. À ce titre, le plan américain est bien plus politique et stratégique qu’il n’y paraît. L’État redevient « stratège » dans ses interventions dans l’économie, en rupture avec les politiques d’inspiration néolibérales de ces dernières décennies – ou « géopolitique » pour reprendre le terme employé par la présidente de la Commission européenn…