La « défense européenne » se confond avec l’idée d’une « défense commune », c’est-à-dire d’une défense de l’Europe par l’Europe et pour l’Europe ou, plus exactement, de l’Union européenne (UE) par l’Union européenne et pour l’Union européenne, puisque nos amis Britanniques nous ont quittés et qu’il faut leur dire au revoir. Mais défendre l’Union contre qui et contre quoi, et pour satisfaire quelles ambitions ?
Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, les initiatives en faveur de la défense de l’UE se sont multipliées au point, selon certains observateurs, que cette défense aurait fait plus de progrès en six ans qu’en cinquante. Cela reste à voir. Pour l’instant ces initiatives semblent manquer de cohérence, et si les concepts se sont additionnés et les acronymes ont été multipliés, les capacités sont quant à elles restées inchangées. C’est pourquoi un premier bilan s’impose afin d’identifier les obstacles qui se dressent sur la route d’une « Union européenne de défense » et d’envisager comment les contourner.
Ces initiatives émanent du « plan d’action défense » de la Commission européenne adopté en 2016 ainsi que des initiatives de la haute représentante / vice-présidente en 2018. Elles se caractérisent toutes par leur dimension budgétaire : pour la première fois, l’UE consacre de l’argent à son industrie de défense et à sa défense. Entrent dans ce groupe le Fonds européen de défense (FED), destiné à développer la recherche de défense à hauteur de 8 milliards d’euros sur sept ans, ainsi que les deux programmes précurseurs qui l’ont précédé : l’action préparatoire de recherche de défense (APRD) et le programme européen de développement de l’industrie de défense (PEDID)…