Les relations politiques entre la République populaire de Chine (RPC) et les pays latino-américains se sont développées à partir des années 1960, avec sa reconnaissance par Cuba en 1960, le Chili en 1970, le Pérou en 1971 et le Brésil en 1974. Mais c’est au cours de la première décennie du XXIe siècle qu’elles ont connu un véritable essor pour atteindre leur niveau actuel, et ce, à mesure que les États-Unis, débordés par leurs guerres en Afghanistan, en Irak et « contre le terrorisme », délaissaient leur « arrière-cour » traditionnelle, dans laquelle se déployait au même moment un cycle politique inédit. En effet, dans une majorité de pays, des gouvernements dits « progressistes » ou « nationaux-populaires » arrivaient au pouvoir et prenaient soin de mettre Washington à distance de leurs affaires nationales et régionales, au profit d’une diversification de leurs alliances particulièrement favorable à Pékin. En matière commerciale, économique et financière, les chiffres donnent la mesure du phénomène. Détrônant l’Union européenne (UE), la Chine est devenue, à partir de 2011, le deuxième partenaire commercial du sous-continent latino-américain, derrière les États-Unis, et le premier, depuis 2015, des pays sud-américains qui lui exportent en continu produits agricoles – notamment des céréales et du soja – et ressources naturelles dont ils sont richement dotés – minerais divers, hydrocarbures, gaz, etc. La valeur des échanges est alors passée de 10 milliards de dollars en 2000 à environ 315 milliards e…