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Article de revue

Football et mondes arabes

Pages 143 à 150

Notes

  • [1]
    Pierre Magnan, « Le conflit israélo-palestinien se joue aussi sur les terrains de football », Geopolis, France Télévisions, 30 septembre 2013.
  • [2]
    « Pro et anti Bouteflika se rassemblent à Alger », RFI, 15 mars 2014.
  • [3]
    James M. Dorsey, « Saudis debate societal merits of football », Hurriyet, 17 février 2014.
  • [4]
    James M. Dorsey, « Turkish match fixing : a corruption scandal rocking the government », Beyond The Pitch, 21 janvier 2014.
  • [*]
    Manuscrit clos le 10 avril 2014.
English version

1L’analyse de la dimension géostratégique du football ne peut faire l’impasse sur la région Afrique du Nord et Moyen-Orient où, comme ailleurs, ce sport déchaîne les passions, pour le meilleur et pour le pire. Le football est également au cœur des enjeux sociaux de cette région secouée depuis plusieurs années par de fortes transformations politiques.

Le football au cœur des sociétés et des turbulences arabes

2Au lendemain des processus de décolonisation, les États se sont pour la plupart empressés de demander leur adhésion à la Fédération internationale de football association (FIFA). Au Maroc, le roi Hassan II s’appuie sur le football pour asseoir son autorité sur la population et envoyer des signaux vis-à-vis du monde extérieur. Dès 1959, il crée l’Association sportive des Forces armées royales (FAR), club qui, depuis, symbolise l’immixtion du pouvoir et des militaires dans le football, et au sein duquel seuls des joueurs marocains peuvent exercer leur talent. Durant son règne, le souverain s’implique, suit et surveille ce secteur de jeu politique. Contrôler le ballon rond, c’est en effet s’assurer d’une certaine emprise sur la société. L’hyperpatriotisme marocain bat son plein quand les Lions de l’Atlas jouent contre les sélections nationales voisines – en particulier l’Algérie. Par ailleurs, la question berbère occupe une place importante dans les débats du Royaume chérifien, notamment dans le domaine sportif, où l’arabisation à marche forcée imposée par Hassan II s’est traduite par une marginalisation des clubs berbères en Botola, l’élite du championnat marocain.

3La composante berbère est, en revanche, bien plus présente en Algérie, avec notamment le club de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), sans doute le seul de toute l’Afrique qui puisse se targuer d’être à la fois performant en termes de résultats et porte-fanion d’une minorité. Le fait d’afficher le mot « Kabylie » dans son nom et l’emblème amazigh sur son écusson est une forme d’engagement politique. Cette incarnation du nationalisme berbère par la JSK est particulièrement visible au début des années 1980, lorsque de nombreux supporters transforment les tribunes en caisses de résonance politique. Supporter la JSK est alors un acte avant tout militant. La montée en puissance de ce mouvement kabyle à travers la vitrine sportive a pour conséquence une riposte des autorités algériennes, qui exigent un changement de nom du club, qui devient pour quelques années la Jeunesse électronique de Tizi-Ouzou.

4Les rivalités sportives, parfois pacifiques, parfois violentes, existent à l’échelle des clubs d’un même pays, mais ces antagonismes locaux peuvent s’estomper le temps d’une rencontre entre sélections nationales. Si certaines rencontres a priori placées sous le sceau de tensions diplomatiques, à l’instar du match qui opposa les États-Unis à l’Iran lors de la Coupe du monde 1998, se déroulent finalement sans accroc, d’autres prennent des tournures malheureuses. Ainsi, en novembre 2009, des incidents émaillent la rencontre entre l’Algérie et l’Égypte, dans le cadre des éliminatoires de la zone Afrique qualificatifs pour la Coupe du monde de 2010. Le bus des Algériens est pris pour cible par les supporters égyptiens dans les rues du Caire. Cinq joueurs sont sérieusement blessés et une très vive polémique éclate entre les deux pays. L’animosité sort du cadre sportif, réveille soudainement les chantres du nationalisme et devient un sujet d’actualité politique pendant plusieurs semaines. Le jeu et le divertissement sont pris en otage.

Les équipes nationales du monde arabe à la traîne

5Si des États africains ont pu progressivement hausser leur niveau de jeu, le chemin reste encore long pour les équipes nord-africaines et moyen-orientales. Vainqueur à sept reprises de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), l’Égypte n’a participé qu’à deux reprises à une coupe du monde (1934 et 1990). Cette situation contraste, par ailleurs, avec la dynamique plus positive des clubs, qui constituent des références en Afrique. De ce fait, le football n’a pu être le vecteur d’une émancipation, notamment vis-à-vis des pays européens. Les qualifications en huitième de finale d’une coupe du monde du Maroc et de l’Algérie, respectivement en 1986 et 1982, constituent de bien minces exploits. Les supporters de ces pays vont ainsi projeter leurs sentiments nationaux sur les pays européens, anciens colonisateurs, plus à même d’obtenir de bons résultats – la France de Zinedine Zidane en est le meilleur exemple.

6Il demeure toutefois des sources de fierté à l’échelon des clubs, par exemple l’Espérance de Tunis, qui accumule les titres nationaux et continentaux. Autrefois, la coutume voulait que chaque nouveau bey s’installant au pouvoir, la reçoive comme premier hôte, montrant déjà toute l’importance sociopolitique du football. Plus récemment, Zine El-Abidine Ben Ali avait bien mesuré cet engouement populaire. Il avait ainsi nommé son gendre, Slim Chiboub, président de l’Espérance de Tunis, qui cumulera, durant cette période, les trophées.

7Le football palestinien montre bien à quel point les frontières sont perméables entre le sport et la géopolitique. Premièrement, en Cisjordanie, les déplacements d’une ville à l’autre et l’organisation d’une rencontre exigent beaucoup d’efforts physiques et d’endurance. C’est ce que le président de la FIFA, Sepp Blatter, a constaté lors de sa tournée au Proche-Orient en juillet 2013 [1]. Critiquant une situation logistique – pour ne pas dire politique – qui pose des problèmes chroniques pour les joueurs et les supporters, il est également revenu sur les difficultés rencontrées par des équipes étrangères voulant jouer en Territoires palestiniens. Cette visite fut également l’occasion de mettre en lumière le manque criant d’infrastructures. Il convient de rappeler que la FIFA a pris le contrepied de nombreuses organisations internationales en permettant, dès 1998, à l’Autorité palestinienne d’être affiliée, et de disposer ainsi d’une sélection et de participer aux compétitions internationales. En octobre 2008, le premier match à domicile de cette sélection palestinienne se déroule contre la Jordanie : tout un symbole alors que la reconnaissance d’un État palestinien reste envisagée au conditionnel. Cela montre la capacité du football à exprimer des revendications pour exister politiquement vis-à-vis du monde extérieur, ne fût-ce qu’à travers une rencontre sportive. À ce titre, il faut reconnaître que l’engouement local des Palestiniens pour le football ne faiblit pas, malgré la persistance du conflit avec Israël et la dégradation des conditions de vie.

Une cartographie singulière

8Enfin, impossible de terminer ce tour d’horizon régional sans revenir sur les anomalies géopolitiques de la cartographie mondiale du football. En effet, le découpage des grandes régions du monde en confédérations révèle des dissonances géographiques. La Turquie et Israël font ainsi partie de la zone Europe. Si les résultats de l’État hébreu restent insignifiants, ils sont bien meilleurs pour la Turquie. Et rares sont ceux qui remettent en cause la participation turque aux compétitions européennes, situation qui tranche radicalement avec le débat politique sur les frontières géographiques de l’Europe et le statut de candidat d’Ankara comme État membre potentiel de l’Union européenne (UE). En outre, alors qu’ils sont tous associés à la politique européenne de voisinage (PEV), les États du Caucase et de la Méditerranée du Sud ne sont pas reversés à l’identique dans ces confédérations. L’Azerbaïdjan ou la Géorgie se mesurent à des nations européennes, quand l’Algérie ou la Tunisie affrontent l’Afrique du Sud ou encore le Zimbabwe. En explorant cette cartographie de la FIFA, il apparaît aussi que les pays du Moyen-Orient et du Golfe sont rattachés à la zone Asie, tandis que ceux de l’Afrique du Nord – du Maroc à l’Égypte – sont dans la zone Afrique. La Méditerranée, malgré l’existence de nombreux discours politiques sur son unité désirée, constitue aussi un impensé footballistique. Le découpage d’appartenance aux zones de compétition répond à des critères géopolitiquement discutables mais stratégiquement façonnés. Qu’Israël soit dans la zone Europe et l’Irak dans la zone Asie ne peut s’expliquer que par des motifs politiques.

Dans une Égypte tourmentée, le football comme exutoire à la colère : les événements de Port-Saïd

9Le football est un champ de confrontations sociopolitiques évident et catalyse des frustrations profondes. Il ne s’agit pas de prétendre à l’excès que les événements révolutionnaires en Égypte depuis trois ans sont liés au ballon rond, mais simplement de souligner la présence de cette variable dans la dynamique des événements contestataires.

10Le 2 février 2012, un an environ après la chute du président Hosni Moubarak, le club phare de la ville de Port-Saïd, Al-Masry, reçoit Al-Ahly, club cairote qui est aussi le plus populaire du pays. Dans un pays où le football est l’objet de ferveurs telles qu’il engendre malheureusement parfois le pire entre les supporters, la rencontre est classée à risque. Mais, ce jour-là, la violence prend une dimension dramatique, qui déborde les services de sécurité. Au coup de sifflet final, les spectateurs locaux envahissent massivement le terrain, bien décidés à en découdre avec les joueurs de la capitale et leurs fans. Les affrontements font 74 morts, bilan parmi les plus lourds dans l’histoire du football.

11Derrière cette insurrection spontanée dans une enceinte sportive, il faut voir une réplique locale aux secousses sociopolitiques que connaît l’Égypte depuis plusieurs mois et une remise en cause de l’autorité centrale du Caire, sans omettre la spécificité historique d’Al-Ahly. Fondé en 1907 par un syndicat estudiantin, ce club s’est toujours distingué par son penchant protestataire. Ahmed Lotfy avait créé cette équipe pour réunir les leaders égyptiens de l’opposition à l’occupation britannique. Très engagé dans la défense des droits humains et de la liberté d’expression, Al-Ahly – « national » en arabe – fut la première équipe du continent à recruter ses joueurs sur la base de leur appartenance à une nation : l’Égypte. Il fallait faire concurrence aux autres équipes du championnat qui étaient, pour leur part, composées presque exclusivement de joueurs européens – les valeurs d’égalité véhiculées par le sport étaient largement bafouées et servaient même à étayer les thèses colonialistes. Al-Ahly fut donc, en quelque sorte, la première équipe « nationale » égyptienne. À leur manière, les footballeurs de ce club auront été des pionniers dans l’autodétermination du peuple égyptien, et donc dans le processus d’accès à l’indépendance.

12Le drame de Port-Saïd évolue en une affaire politique de grande ampleur. Les supporters d’Al-Ahly, acteurs politico-médiatiques par ailleurs très impliqués dans les manifestations de janvier-février 2011 place Tahrir, accusent la police de Port-Saïd de ne les avoir pas protégés dans le stade. Les règles élémentaires de sécurité ont été bafouées : des armes blanches étaient présentes dans les tribunes – puis sur la pelouse – et les portes d’accès au stade – qui sont donc aussi les issues – se refermèrent au moment des combats. Les supporters d’Al-Ahly et, par extension, tous ceux qui cherchent alors à récupérer politiquement le drame ne manquent pas de conclure au piège organisé et à la complicité locale entre ultras et forces de l’ordre. L’instrumentalisation est renforcée par une exposition médiatique internationale qui montre les images d’une Égypte en proie au chaos, y compris dans l’arène sportive. 21 des 73 prévenus écopent de la peine de mort. Les supporters d’Al-Masry, majoritaires parmi les condamnés, n’acceptent pas la sentence et de nouvelles révoltes provoquent la mort de 40 personnes dans la foulée du procès. Pendant plusieurs jours, la branche radicale multiplie les actes de violence dans leur ville, qui occupe une position géostratégique, à l’embouchure du canal de Suez. Les autorités nationales ne peuvent pas se permettre de ne pas contrôler Port-Saïd : de sa stabilité dépend la bonne activité économique du trafic maritime dans ce couloir vital pour la nation. L’état d’urgence alors décrété attise la colère locale. Si elle demeure orchestrée par la partie dure des supporters, elle gagne les autres franges de la population. Dès lors, il ne s’agit plus de football, mais bel et bien d’un affrontement physique et politique se jouant entre adversaires, Port-Saïd et le pouvoir central du Caire. Depuis le printemps 2012, le divorce est consommé entre la capitale et la ville rebelle du Nord. C’est d’ailleurs à partir de ces événements que, peu à peu, se recompose un vaste réseau d’opposition politique, qui va ensuite remettre en cause le gouvernement égyptien dirigé par les Frères musulmans. Ayant fédéré autour de lui des millions d’Égyptiens, le mouvement Tammarod s’est initialement appuyé sur le réseau de la colère des fans de football d’Al-Masry.

13Le football agrège ultras et mécontentements. Dans le contexte révolutionnaire égyptien, des individus totalement opposés dans leur comportement de supporters ou de citoyens se coalisent pour renverser les pouvoirs. La critique des gouvernements ou la colère contre les conditions de vie et l’absence de liberté, si elles peuvent s’exprimer bruyamment dans un stade, prennent une tournure sociopolitique bien plus vaste quand elles contaminent la rue et différents groupes sociaux. Sans conclure à l’exclusivité de la racine footballistique dans les dynamiques révolutionnaires en Égypte, les manifestations dans un stade ou les drames comme celui de Port-Saïd constituent une pièce importante du puzzle de la rébellion. Elles révèlent le malaise d’une société et peuvent apparaître comme des signaux faibles d’une tendance plus globale appelée à se développer. Il serait donc risqué de vouloir isoler ces phénomènes sociopolitiques dans la seule arène sportive, comme si ce qui se passait dans un stade ou aux alentours représentaient des manifestations hors sol.

14À la suite de Port-Saïd, le championnat égyptien est suspendu. Quand les Frères musulmans arrivent aux affaires, ils ne reviennent pas sur cette décision, car le football est perçu comme la caisse de résonance imprévisible des maux de la société et des clivages au sein de la nation. À partir de juillet 2013, le pouvoir, repassé aux mains de l’armée, laisse entendre que la compétition pourrait reprendre, mais ce discours semble sonner aussi creux que celui de la transition démocratique. Pour compenser cette carence, le gouvernement actuel a prévu de construire 1 100 nouveaux terrains de football à travers le pays, avec, en filigrane, la volonté des autorités militaires d’occuper une jeunesse jugée trop agitée depuis quelques mois. Deux ans après les émeutes de Port-Saïd, la reprise du championnat reste incertaine. De plus en plus nombreux sont d’ailleurs les joueurs égyptiens à quitter le pays pour évoluer dans des compétitions où la pratique du ballon rond s’avère moins dangereuse. Les « Pharaons », humiliés par le Ghana (6-1) lors d’un match de barrage, n’iront pas au Brésil pour la prochaine Coupe du monde. Le football égyptien ne se porte donc pas mieux que la situation politique, économique et sécuritaire du pays. Récemment, des supporters du club de Zamalek, extrêmement populaire au Caire, ont écopé d’une peine de deux ans de prison pour le simple fait d’avoir arboré les mots « Révolution permanente » sur leurs écharpes.

Dangers, espoirs et controverses : quels enjeux demain ?

15En Algérie, l’essor d’une vague protestataire contre le quatrième mandat brigué par Abdelaziz Bouteflika puise ses forces chez les supporters. Ainsi, l’actuel candidat a invité l’équipe nationale au palais présidentiel afin de s’afficher aux côtés de cette fierté du peuple algérien, qualifiée pour la Coupe du monde au Brésil. A. Bouteflika a également reçu le soutien de l’ancienne gloire locale Rabah Madjer. Enfin, Abdelmalek Sellal, son ancien Premier ministre et actuel directeur de campagne, a récemment déclaré que l’Algérie était une grande nation car « nous avons été qualifiés deux fois au Mondial » [2].

16En Arabie saoudite, des expressions hostiles à la famille royale – rarissimes – se produisent de plus en plus fréquemment dans des stades, comme lorsque les supporters d’Al-Nassr ont copieusement sifflé en 2012 le prince Faycal ben Turki, propriétaire du club [3]. À la différence des pays nord-africains, les tribunes dans les monarchies du Golfe sont plutôt garnies par des personnes appartenant à l’élite politique et économique, ces expressions contestant la famille royale sont donc d’autant plus remarquables. Enfin, comment ne pas évoquer le cas turc où, là encore, des coalitions inédites de supporters n’hésitent pas à descendre dans la rue et à participer aux manifestations anti-gouvernementales de ces derniers mois – à Istanbul, les fans des grands clubs de la ville se sont regroupés sous l’étendard « Istanbul United ». À cela s’ajoutent les dérives de la corruption et des paris truqués, comme en atteste les scandales récents ayant secoué le championnat national. De lourdes sanctions sportives, notamment sur la scène européenne, ont été prononcées à l’égard des clubs stambouliotes de Fenerbahçe et de Besiktas. Certains dénoncent une possible implication de Recep Tayyip Erdogan dans la conclusion de ces enquêtes [4]. En effet, le président de Fenerbahçe n’est autre qu’Aziz Yildirim, opposant notoire au Premier ministre. De nombreux supporters de Fenerbahçe – qui était le club préféré de Mustafa Kemal – furent par ailleurs présents lors des protestations ayant eu lieu sur la place Taksim à l’été 2013.

17Après l’hypothèse de risques croissants, des éléments d’espoir peuvent toutefois être identifiés. Le développement rapide du football féminin en Cisjordanie, avec un championnat ad hoc créé en 2012, prouve que l’émancipation des femmes dans cette région du monde, encore dominée par des forces conservatrices, passe aussi par la pratique du ballon rond – même si leur présence est quasi nulle en tribunes, mais à partir de quelle période a-t-on vu se féminiser les spectateurs en Europe ? À ce titre, la récente décision de la FIFA d’autoriser le port du voile dans les compétitions officielles montre que la lutte contre les discriminations existe également dans le football, même si ce dossier pose plus largement la question de l’expression religieuse sur un terrain de sport – avec l’exemple de nombreux joueurs sud-américains évangélistes et très démonstratifs. Enfin, il est significatif de voir que le football permet de retisser des liens et de redonner de l’espoir dans les camps de réfugiés syriens en Jordanie, avec une dimension éducative non négligeable vis-à-vis des enfants traumatisés par les horreurs de la guerre.

18Enfin, la Coupe du monde au Qatar présente l’ambivalence d’un rendez-vous où risques et opportunités se conjuguent. Inutile de lister les controverses que suscite, depuis son attribution en 2010, cette compétition qui aura lieu en 2022. Jamais une telle frénésie de critiques ne s’était déployée aussi longtemps à l’avance au sujet d’une épreuve sportive. Il est difficile de ne pas y voir le rejet, par certains, de l’intérêt à ce que le tournoi puisse, pour la première fois, se tenir dans un pays arabe. Si des problèmes existent, des conditions climatiques au Qatar à celles des travailleurs sur les chantiers des infrastructures en passant par les difficultés sécuritaires qu’il faudra affronter dans un environnement régional réputé pour sa sismicité stratégique, il est néanmoins étonnant de voir autant de rumeurs et d’attaques se formuler à l’égard de l’Émirat, dont on sait qu’il bâtit une partie de sa puissance sur le pilier sportif. Gageons que ce rendez-vous sportif, qui constitue d’ores et déjà un événement géopolitique, permettra de faire progresser certains dossiers dans un pays qui sait sans doute parfaitement à quel point il devra répondre présent, en se conformant à des règles et à des critères internationaux, notamment en matière de droits des travailleurs [*].

Notes

  • [1]
    Pierre Magnan, « Le conflit israélo-palestinien se joue aussi sur les terrains de football », Geopolis, France Télévisions, 30 septembre 2013.
  • [2]
    « Pro et anti Bouteflika se rassemblent à Alger », RFI, 15 mars 2014.
  • [3]
    James M. Dorsey, « Saudis debate societal merits of football », Hurriyet, 17 février 2014.
  • [4]
    James M. Dorsey, « Turkish match fixing : a corruption scandal rocking the government », Beyond The Pitch, 21 janvier 2014.
  • [*]
    Manuscrit clos le 10 avril 2014.
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