1Il y a un an, le président Barack Obama entrait officiellement en fonction. L’événement a eu, par la nature des choses, un retentissement international. « Premier président noir de l’histoire des États-Unis », « premier chef d’État américain à ascendance musulmane », « le visage changeant de l’Amérique »... rares seront ceux qui, formules-choc à l’appui, sauront contenir leur optimisme à l’idée de voir une personne aussi pragmatique, moderne, dotée d’une capacité de discernement, d’un bon sens et de visions claires pour l’avenir, apporter un bol d’air bienvenu. Huit années de présidence Bush avaient en effet fini par susciter bien des interrogations quant à la manière par laquelle la première puissance du monde envisageait les évolutions internationales. Du haut de sa puissance, l’Empire semblait en effet être tombé dans le piège de son propre enivrement. Cas dans lequel, croyait-on pouvoir se dire, la chute n’en serait que plus brutale et traumatique.
2Le vent Obama relativisera donc de telles appréhensions, et semblera porter un coup d’arrêt – au moins temporaire – à ces risques annoncés. Non seulement l’Amérique avait besoin de changements ; mais de plus, Obama avait signifié l’impératif de telles réévaluations, et la marche qu’il convenait de suivre pour y parvenir. Il va de soi que la conjoncture générale ne pouvait, pour sa part, qu’asseoir cette même nécessité. De la crise financière à l’embourbement en Afghanistan, en passant par les réflexions quant aux questions migratoires nationales, les particularités d’un système national de santé obsolète, les tentatives d’émancipation de certains États de la planète face à l’omniprésence de l’« hyperpuissance », les conditions d’approvisionnement énergétique à l’international, ou encore les bouleversements climatiques et leurs répercussions sur la sécurité nationale américaine... les enjeux et défis ne manquaient pas, qui alourdissaient le fardeau reposant sur les épaules du président américain.
3Bien évidemment, l’ampleur de ces défis avait de fortes chances de favoriser l’accès à la présidence américaine d’un homme sinon frénétique, du moins actif et soucieux de réussir. C’est ce qui expliquera le nombre de décisions et engagements que Obama se montrera soucieux de faire aboutir, que ce soit en termes de résorption des effets de la crise financière dans son pays, de redéfinition de la stratégie engagée en Afghanistan, de réévaluation des répercussions du mode de consommation américain sur l’état environnemental de la planète, ou encore de recherche de nouvelles bases aux relations avec la Russie, la Chine voire la Corée du Nord et l’Iran. Le tout, sans oublier la présence toujours aussi déterminante du conflit israélo-palestinien, et la recherche par le président américain de moyens pour peser sur cette épine sanglante de manière active et efficace.
4Un an après son entrée en fonction, n’est-il pas prématuré de faire le bilan de son action ? On pourrait le penser, tant le temps reste encore trop court pour pouvoir juger les avancées du président américain. De plus, certains éléments tendent à souligner la continuité entre le deuxième mandat de l’Administration Bush et la première année de l’Administration Obama. Mais, on peut tout aussi bien noter que l’ampleur des annonces et des débuts de repositionnement décidés jusqu’ici par le chef d’État américain ont tellement tranché avec la situation qui prévalait sous son prédécesseur, qu’il convenait d’en souligner les principales articulations, et d’en déduire, autant que faire se peut, les perspectives futures.
5C’est fort de cet esprit que le présent dossier aspire à faire un tour d’horizon de ce renouveau des paramètres politiques américains. Un travail qui, en favorisant un décryptage de la « méthode du président Obama », de son style de gouvernement, de sa façon de gérer les dossiers, au travers d’un certain nombre de problématiques qui couvrent à la fois des enjeux domestiques et internationaux, a pour ambition de donner des clés de lecture de la politique américaine. Jamais en effet l’Amérique n’avait semblé se retrouver à un tel tournant dans le courant de son histoire ; les mutations du système international, combinées à la taille des défis s’imposant à elle, paraissent pourtant participer d’une modification durable de la configuration dans laquelle on pourrait se retrouver dans les cinq à dix prochaines années. D’ici là, les États-Unis auront-ils renoué avec leur superbe, ou au contraire leur déclin se sera-t-il confirmé ? Il est assurément trop tôt pour le dire, hasardeux de le deviner, et probablement bien prétentieux de se dire capable de procéder à une telle prospective. Cela étant, une bonne compréhension des logiques prévalant aujourd’hui aux États-Unis donne assurément des indications sur la manière dont le monde pourrait évoluer dans les prochaines années. Que les plumes expertes ici réunies soient ainsi remerciées pour le travail de décryptage distancié qu’elles ont bien voulu, loin de toute passion, nous fournir en faveur d’une meilleure compréhension des tenants et des aboutissants de ce « système Obama » en gestation.