Notes
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[1]
Pour plus d’informations, voir www. antimai. org. On pourra également se référer à l’ouvrage Kapitalizmin kaleleri-II (Les Bastions du capitalisme : Istanbul : Ekim, 2001) publié par wto-Dünya Ticaret Örgütü, Türkiye mai ve küreselle?me kar??t? çal??ma grubu (Groupe de travail contre l’ami et la mondialisation en Turquie) et Birle?ik Metal-?? Sendikas? (Syndicat uni des métallurgistes).
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[2]
Entretien avec Gaye YÈlmaz (responsable des relations internationales de disk, participante au groupe de travail anti-ami), le 12 décembre 2003 à Istanbul.
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[3]
Entretien avec Kemal BaÒak (dsip), le 3 décembre 2003 à Ankara ; Sertug Çiçek (porte-parole de Antikapitalist) le 9 décembre 2003 ; et PÈnar Ömero½lu (syndicaliste à Yapiyol-Sen), le 8 décembre 2003 à Ankara.
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[4]
Entretien avec Ismail HakkÈ Tombul (président du ses), le 5 décembre 2003.
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[5]
Depuis le fse de 2003, le mouvement altermondialiste turc a commencé à s’activer davantage. Ce phénomène est lié à l’organisation d’une protestation contre l’otan en juin 2004. La division du mouvement, que nous évoquerons plus loin dans l’article, semble pour une fois être oubliée, et la protestation réunit Küresel Bak et Irak’ta sava?a hay?r koordinasyonu. La manifestation globale du 20 mars 2004 contre la guerre est organisée, de nouveau, par ces deux groupes ensemble.
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[6]
Le rapport du fsi (10 décembre 2003) indique ainsi les campagnes d’information sur les fse, les réunions d’évaluation du fse de Paris et du fsm de Bombay, les séminaires auprès de lycées, universités, ong, syndicats et enfin les projections de documentaires sur les forums sociaux.
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[7]
Entretiens avec Sertug Çiçek (voir note 3), le 9 décembre 2003 ; et Levent Sensever (fondateur du fsi), le 19 avril 2004.
1Une nouvelle ère s’annonçait avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement des États soviétiques. Certains théoriciens n’ont pas tardé à annoncer « la fin de l’histoire ». Le moteur de l’époque étant la globalisation, l’État-nation aurait perdu une bonne partie de ses pouvoirs face aux entreprises transnationales et à la mondialisation dans son ensemble. Les institutions internationales telles que le Fonds monétaire international (fmi), la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce (omc) détermineraient les politiques néolibérales à l’échelle mondiale. L’offensive néo-libérale conduirait à l’érosion des structures publiques, à l’abandon de certaines fonctions de l’État, à la crise du politique. La prédominance des marchés au détriment des acquis sociaux serait désormais conçue une fatalité que les citoyens du monde auraient peu de chances de contrecarrer. Cela jusqu’à un moment fatidique : le 30 novembre 1999, à Seattle. Une large coalition d’organisations de la société civile manifestait alors contre l’Assemblée générale de l’omc. Les dizaines de milliers de manifestants n’avaient qu’un objectif : empêcher le millennium round qui visait à libéraliser encore plus le commerce international en privatisant les services publics et en supprimant les subventions et les aides agricoles. L’idée commune alors lisible sur les devises que brandissent les écologistes, les ouvriers et les agriculteurs est la suivante : « le monde n’est pas une marchandise ». Les acteurs et les thèmes vus pendant cette mobilisation donnaient les premiers éléments d’un combat pluriel et global contre le processus de globalisation ainsi que contre tout ce qui produit l’exploitation, les inégalités, les dominations, la militarisation et la marchandisation des activités humaines.
2Depuis les manifestations de Seattle, les militants de tous les horizons n’ont pas manqué une occasion de manifester contre les rendez-vous des institutions internationales (fmi, Banque mondiale…). Une série de mobilisations a été organisée dans chaque ville (Davos, Prague, Nice, Göteborg, Gênes) où se réunissaient des dirigeants économiques et politiques. Là commence l’émergence de la contestation globale contre le néo-libéralisme. Le phénomène n’est certes pas sans précédent. En effet, dès la fin du xixe siècle, les syndicats, les anarchistes, les pacifistes se sont organisés par-delà les frontières (Scholte, 2003, p. 31). Cependant, l’originalité du mouvement actuel réside dans le fait que les opposants à la mondialisation doivent s’adapter à ses formes et ses évolutions. Comme le capitalisme, ils doivent se doter d’un statut international et miser sur la flexibilité, en adoptant une structure en réseau composée d’une multiplicité de petites unités (organisations non-gouvernementales et associations aux préoccupations diverses, syndicats, partis politiques…) reliées entre elles de manière souple et auxquelles il est possible de se connecter ponctuellement pour la conduite de « projets » (contre-sommets, actions protestataires) limités dans le temps (Boltanski et Chiapello, 1999 ; Mathieu, 2001, p. 17).
3La naissance du processus des forums sociaux a, d’une certaine manière, changé la donne du mouvement altermondialiste au niveau international. La culture de pure protestation a laissé sa place à une culture de débat multiculturelle et multidimensionnelle et la capacité de forger des propositions alternatives est renforcée. Nous pouvons même dire que les forums sont plus que des rassemblements événementiels. Le Forum social mondial (fsm) crée l’identité et la culture politique qui incitent les acteurs à se mobiliser ensemble contre la néo-libéralisme en associant les luttes jadis disséminées. Nous considérons pour cette raison les forums comme le spill-over de ce mouvement. Les forums sociaux ont introduit le principe du travail commun, de l’organisation et de la réflexion sur des questions globales, ce qui n’était pas le cas lors des rassemblements contre les institutions financières et politiques depuis les mobilisations de Seattle en 1999.
4Les effets de cette culture politique peuvent être observés à tous les niveaux d’analyse, du national au local. Mais nous devrons aussi souligner que si le fsm a des effets sur la naissance et le développement d’organisations de même type au niveau national et local, ces dernières, par interaction réciproque, nourrissent et transforment également le Forum.
5Partant de ce constat, notre objectif est d’explorer l’intersection de la culture politique nationale dans les mouvements sociaux et de la culture politique globale opposée au néo-libéralisme, telle qu’elle est apparue au cours du processus du fsm. Dans cette perspective, une généalogie des groupes contestataires turcs présents dans la nébuleuse altermondialiste et de la participation de ces groupes aux forums sociaux permettra de mieux cerner les relations tissées aux différents niveaux, ainsi que l’impact du processus du fsm sur les mouvements sociaux, par exemple le transfert de savoir-faire et de mode d’organisation ou le répertoire d’actions.
L’émergence du mouvement altermondialiste turc
6Les effets de la mondialisation et du système économique mondial ne sont pas vécus en Turquie de manière évidente jusqu’à la fin des années 1990. Le contexte national étant prédominant, les mouvements sociaux ont poursuivi leur chemin par le biais classique des syndicats autour des grèves et des manifestations contre le gouvernement, sans avoir de dimension internationale ni un intérêt particulier pour les conditions sociales et politiques d’autres pays.
7Ce phénomène a été, en effet, la caractéristique principale des mouvements sociaux en Turquie depuis le début des années 1960. Traumatisée par trois coups d’État (1960, 1971, 1980), dont le contexte et les spécificités mériteraient une analyse plus détaillée que celle qui est possible ici, la société turque se replie sur elle-même et la culture de la contestation se limite aux groupes de gauche ou d’extrême-gauche. Il en résulte une marginalisation des mouvements sociaux en Turquie, les coupant quasiment des masses populaires.
8Ironiquement, cette marginalisation des mouvements sociaux turcs commence à changer sous les effets de la mondialisation, alors que les politiques néo-libérales ont des effets dévastateurs dans plusieurs pays avec des conséquences en Turquie comme ailleurs. À partir de 1994 (année qui vit une sévère crise économique en Turquie), nous observons l’expression de mécontentements envers le fmi et les premières analyses sur la mondialisation et la classe ouvrière internationale. Cela se manifeste par de nombreuses grèves dans le secteur public (surtout la sidérurgie et la pétro-chimie) et des manifestations ouvrières dans les grandes villes comme Istanbul et Ankara.
9L’articulation du mouvement altermondialiste en Turquie au mouvement global et la diffusion des idées de cette nouvelle culture politique se concrétise à travers deux étapes concomitantes : les mobilisations altermondialistes : Seattle, Prague, Gênes ; les forums sociaux régionaux et mondiaux.
10Les événements de Seattle, qui marquent la naissance du mouvement altermondialiste au niveau global, sont également révélateurs de l’émergence du mouvement altermondialiste en Turquie. Les discussions sur l’Accord multilatéral sur l’investissement (ami) au sein de l’Organisation de coopération et de développement économique (ocde) entraînent une réaction dans certains syndicats comme le disk (Confédération des syndicats ouvriers révolutionnaires). Au cours de l’année 1998, ces derniers décident de créer un groupe de travail appelé « ant-mai » (anti-ami) pour organiser des réunions et des travaux sur les effets de la mondialisation et de l’ami. Un des personnages emblématiques de ce groupe, Gaye YÈmaz, part avec d’autres syndicalistes à Seattle en novembre 1999 afin de mieux comprendre les dynamiques de ce mouvement, à l’époque très embryonnaire. Depuis, ils ont fait paraître plusieurs ouvrages sur le sujet [1]. En revanche, ce groupe se réserve la tâche d’informer et de sensibiliser sans vouloir intervenir dans le processus de mobilisation des masses [2]. D’ailleurs, au lendemain de Seattle, doutant de son efficacité, personne ne prend au sérieux les propos de ce mouvement. Les groupes traditionnels de gauche (Halkevleri, emep [parti du travail], tkp [parti communiste turc], etc.), envisagent à l’époque des solutions purement nationales (Bizim kurtulusumuz ancak bizimle olacakt?r ! – Notre libération ne peut se réaliser que par nous !) sans prendre au sérieux le mouvement altermondialiste ou accorder d’importance aux manifestations internationales, ce qui aurait pu permettre de lier des contacts avec des groupes étrangers. La sensibilisation et la volonté de se joindre à ce mouvement international apparaissent juste avant les mobilisations de Prague en 2000 [3]. À partir de ce moment, plusieurs organisations déclarent la nécessité pour toutes les luttes sociales d’établir des liens forts entre elles et contre la mondialisation néolibérale, ainsi qu’une nécessaire alliance avec le mouvement altermondialiste afin de résister résolument et de trouver des réponses adaptées [4]. Un appel de la part de groupes trotskistes comme Antikapitalist et dsip (Parti socialiste ouvrier révolutionnaire) permet d’organiser un groupe de participation à Prague contenant des représentants des syndicats tels Gaye Y¦lmaz, des chambres professionnelles et certains partis comme l’ödp (Parti de liberté et de solidarité). Ils lancent « L’Initiative d’Ankara contre la mondialisation » avec des organisations comme « disk, Medya-Sen (Syndicat de médiavision), Tüm Sosyal Sen (Syndicat des ouvriers du secteur social), kesk (Confédération des syndicats du secteur public), tmmob (Union des chambres des ingénieurs et des architectes de Turquie), ttb (Union turque des médecins), l’Association de droits de l’homme, Halkevleri (centres populaires), le Groupe d’écologie, l’Université Libre, l’Union des étudiants de l’Université technique du Moyen-Orient, les Paysans de Bergama, le Théâtre d’Ankara, les artistes de Cansenligi, la coordination étudiante de l’Université d’Ankara et Kald?raç (Levier) » (Uzun, 2001, p. 45). Dans ce cadre, cette initiative organise une manifestation en 2000 à Ankara contre le représentant du fmi, M. Cotarelli, réunissant 500 personnes, et une manifestation de 1 000 personnes en solidarité avec les protestataires de Prague. À partir de ce moment, le mouvement commence à prendre son élan. Pendant le G-8 à Gênes en 2001, un groupe turc de 30-40 personnes participe de nouveau aux manifestations. Motivés par ces deux manifestations, une partie des militants de Prague décident de créer le « Forum social d’Istanbul » (fsi) en avril 2002. Un groupe de travail prépare un dossier sur les processus des forums sociaux et décide de lancer un appel aux organisations de la société civile et aux syndicats en vue de se joindre à cette initiative (Sensever, 2003). Le Forum organise sa première réunion en juin 2002 à l’invitation de sodev (Association de la sociale démocratie) et, depuis cette date, participe à tous les niveaux du processus de préparation des Forums sociaux européens de Florence en 2003 et de Paris en 2004. Plusieurs intervenants turcs participent aux séminaires et aux plénières du Forum avec 80 à 100 activistes en provenance de Turquie [5].
Après les heurts violents qui avaient suivi une manifestation contre le sommet de l’OTAN à Istanbul, Turquie, en juin 2004
Après les heurts violents qui avaient suivi une manifestation contre le sommet de l’OTAN à Istanbul, Turquie, en juin 2004
11En sus de ces mobilisations, au lendemain de Gênes, les initiatives reprennent au niveau national et local en se focalisant cette fois-ci sur l’éventualité d’une guerre prochaine en Irak et en Afghanistan. Par la signature de plus de 170 associations et organisations de la société civile se crée début 2002 la « Plate-forme anti-guerre ». De nombreuses manifestations anti-guerre s’organisent dans les principales villes de Turquie ainsi qu’une conférence internationale les 14 et 15 septembre à Istanbul. Ce processus débouche sur une action d’envergure le 1er décembre 2002. Suite à cette action, la plate-forme se transforme en « coordination contre la guerre en Irak ». À partir de ce moment, une mobilisation nationale intensive appuyée par le soutien de la quasi-totalité des organisations de la société civile se poursuit jusqu’à la grande manifestation d’Ankara contre l’occupation de l’Irak qui réunit entre 80 000 et 100 000 personnes le jour même du vote au Parlement sur l’envoi de soldats turcs en Irak. Coïncidence ou causalité, le vote est rejeté par le Parlement. Cet événement, considéré comme une victoire contre les initiatives belliqueuses va galvaniser le mouvement. Après la réussite de ce rassemblement, vers mai 2003, quelques syndicats et chambres professionnelles ainsi que l’ödp créent Küresel bak (Coalition pour une paix et une justice globale) – désignation inspirée du titre d’une pétition lancée par l’intellectuel britannique Tariq Ali, qui circule alors sur Internet – avec pour ambition de coordonner toutes les actions altermondialistes, y compris anti-guerre. Cela suscite toutefois une réaction à l’intérieur du mouvement : à la faveur de tensions entre militants kurdes et turcs, cette nouvelle initiative est accusée de diviser le mouvement et d’affaiblir la Coordination anti-guerre.
12Malgré ces problèmes, le point le plus intéressant est que, dans toutes ces manifestations, nous pouvons observer la vive participation d’associations musulmanes comme Mazlum-Der et Özgür-Der, qui choisissent de travailler avec des organisateurs majoritairement issus de la gauche contre la guerre et la mondialisation.
L’évolution du mouvement turc à travers les Forums sociaux
13Lorsque le processus du Forum social s’est enclenché, comme nous l’avons déjà souligné, le mouvement était très peu connu en Turquie. Ceux qui semblaient informés étaient dans la plupart des cas des syndicalistes et des économistes déjà en contact avec l’étranger. Pour ceux-ci, au premier Forum, comme à Seattle, la participation s’est faite à titre individuel, sans qu’il y ait un véritable soutien de la part des organisations et des associations de la société civile.
14Cela semble avoir changé depuis la troisième édition du fsm et surtout suite à la quatrième en 2004, où on observe une vive participation des mouvements sociaux et des syndicats turcs (kesk, disk, etc.). Ils y organisent même des réunions sur des problèmes locaux comme les droits des travailleurs, les droits de l’homme, les problèmes agricoles, les privatisations, la prédominance des entreprises étrangères en Turquie en relation avec la mondialisation. Mais cette participation turque ne reste pas uniforme. Certains groupes politiques d’obédience marxiste-léniniste préfèrent assister au forum alternatif Bombay Resistance qui est critique vis-à-vis du processus des Forums sociaux. Les groupes participants à Bombay Resistance visent la construction d’un solide mouvement mondial anti-impérialiste. Les thèmes évoqués sont particulièrement liés au rôle de la classe ouvrière dans la lutte contre le globalisme et à la résistance aux guerres impérialistes. Contrairement au processus du fsm, Bombay Resistance se confirme comme une coordination des luttes politiques dans un cadre anti-impérialiste et en conséquence attire une faible participation des mouvements sociaux. Les groupes turcs à Bombay Resistance ne sont pas engagés dans le mouvement altermondialiste en Turquie, mais cherchent plutôt à s’associer aux forums plus politiques dans la tradition de la gauche ancienne
15Depuis le premier fsm de Porto Alegre en 2001, une série de forums sociaux régionaux, nationaux ou locaux se sont organisés. De façon autonome et tout en respectant la Charte des principes du fsm, ces forums permettent aux organisations de la société civile de se rassembler et de débattre, à des échelles et des niveaux différents, des « maux » provenant de la globalisation néo-libérale.
16Nous constatons ici que l’interaction entre le global et le national (ou le local) passe par l’émergence de forums sociaux régionaux. Car, soit pour des raisons géographiques, soit par la proximité culturelle de certains réseaux, les mouvements à l’échelle locale et nationale choisiront de développer des relations avec leurs homologues les plus proches. C’est pour cette raison que la contribution du mouvement altermondialiste en Turquie a été relativement limitée s’agissant des Forums sociaux mondiaux. Le rôle intermédiaire que joue le Forum social européen (fse), entre l’expérience de la culture politique du fsm et les mobilisations récentes de mouvements sociaux et politiques en Turquie, mérite plus particulièrement d’être souligné. On observe un premier contact lors d’une assemblée préparatoire du premier fse (à Thessalonique, du 12 au 14 juillet 2002). Cette rencontre s’inscrit dans une triple perspective pour le mouvement altermondialiste naissant en Turquie. D’abord, il s’agit d’encourager la participation la plus large des organisations de la société civile turque au processus du fse. En deuxième lieu, il apparaît nécessaire de développer les liens avec les mouvements participant au processus et, enfin, la construction du fsi en tant que structure coordinatrice est privilégiée. Ce dernier constitue une nouvelle expérience au sein des mouvements sociaux turcs mais aussi pour les mouvements étrangers.
17Il est opportun de préciser que la culture politique, ou tout simplement l’expérience des mouvements sociaux et des forces politiques en Turquie, n’est guère ouverte à une idée « d’un espace ouvert et horizontal, au service de mouvements, de même qu’aux syndicats, aux ong, aux initiatives et associations de tous types, engagés chacun à leur manière, dans leur propre secteur d’action et selon leur méthodes » (Whitaker, 2003). De plus, les forces politiques de la gauche sont connues, depuis les années 1970, pour leurs innombrables épisodes de division et de subdivision. Les connexions pré-existantes aux niveaux régionaux ou internationaux sont limitées aux activités syndicales et politiques. Notons également que l’arrivée tardive en Turquie des ong transnationales, qui se trouvent à l’origine des mobilisations contestataires transnationales, précurseurs des mobilisations altermondialistes (ainsi Greenpeace n’est installé qu’en 1997, et Amnesty International qu’en 2002, après une initiative qui a duré huit ans), pourrait expliquer l’absence d’une interaction au-delà du niveau national.
18De ce fait, le fsi constitue une pierre angulaire pour l’histoire des luttes sociales et politiques turques. Il s’agit d’une coordination d’organisations qui, jusque lors, n’arrivaient pas à collaborer, avec pour objectif mutualiser leurs expériences et d’organiser les luttes collectives au-delà des manifestations occasionnelles ou traditionnelles. Le fsi joue un rôle de coordinateur auprès des protagonistes du mouvement altermondialiste en Turquie et gère également les relations récemment développées au sein du processus des forums sociaux. À titre d’exemple, le fsi et ses composantes jouent un rôle décisif au moment où le mouvement anti-guerre prend de l’ampleur. Le mouvement anti-guerre, qui couvre une large coalition rassemblant environ 200 organisations de tous les horizons (du jamais vu dans l’histoire des luttes sociales et politiques du pays), donne des éléments significatifs en vue de construire un tel espace, malgré les anciens clivages entre les différents mouvements qui risquent d’affaiblir les acquis fédératifs. Par ailleurs, les campagnes qu’organise le fsi afin de faire connaître le processus du fse et du fsm sont cruciales du point de vue de la propagation des dynamiques et des concepts du mouvement altermondialiste [6].
19La connexion n’est pas une simple réception des idées et des nouveaux modes d’action mais permet également de favoriser la connaissance mutuelle des expériences et de dévoiler la diversité de mobilisations au niveau local et enfin de se connecter au mouvement dans sa globalité. Un constat s’impose ici. La construction du fsi et de la grande coalition anti-guerre sont des résultats des dynamiques intérieures autant qu’extérieures, voire un inextricable processus d’interaction aux divers échelons.
20La création du fsi dans le cadre qui vient d’être décrit, favorise une structure locale, plus autonome, capable de prendre des initiatives sur la construction d’une mobilisation nationale (à l’instar du mouvement anti-guerre) et qui en même temps incite les mouvements à se joindre aux réseaux transnationaux. Nous observons ainsi une participation plus dense et plus variée de la part des mouvements sociaux turcs. Le fse de Paris en 2003 en est un exemple. Les délégués du fsi étaient présents dans toutes les assemblées préparatoires du fse 2003 et ont pu obtenir un quota d’intervenants et de modérateurs lors des plénières et des séminaires. Dans la manifestation de clôture du fse, un cortège se forme sous la bannière du fsi.
21L’intégration du mouvement social turc dans le processus des forums sociaux ne se fait pas seulement par sa participation à des rassemblements organisés. En effet, le mouvement commence aussi à prendre des initiatives dans l’organisation de cet événement complexe.
22La troisième assemblée préparatoire du fse, dont le rôle est de prendre les grandes décisions concernant le programme, les thèmes en débat et les intervenants, a lieu du 16 au 18 avril 2004 à Istanbul. En observant de près cette assemblée, nous revenons encore une fois sur le rôle du processus du fse dans l’articulation du local au global. Le choix d’Istanbul pour la réunion est significatif, d’abord parce que le mouvement en Turquie a pour la première fois l’occasion de se faire connaître et de se familiariser avec le mouvement international. De plus, l’assemblée permet au mouvement turc de promouvoir sa campagne « anti-otan, anti-Bush » contre le sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (otan) prévu le 27 juin à Istanbul. Cette assemblée demeure significative pour le mouvement turc. Car, d’une part, elle permet un meilleur ancrage du mouvement au niveau européen, et d’autre part elle contribue à rattacher le mouvement turc au mouvement global tout en amenant la société civile turque à se focaliser, pour la première fois, sur un événement international et à se familiariser avec ses homologues étrangers. Ce type de rassemblement, qui attire de plus en plus l’attention des organisations de la société civile en Turquie, constitue désormais une plate-forme pour se faire entendre en contournant l’appareil étatique sans que ce dernier ressente une véritable menace ; mais en même temps, il ressuscite dans les milieux associatifs turcs le débat sur leur propre existence, les exemples européens ou autres étant désormais devant leurs yeux.
Les initiatives locales comme débouchés de l’esprit du fsm
23Le fsm est un modèle pour toutes les organisations de la société civile qui veulent promouvoir des initiatives analogues et il n’est pas anodin de dire que l’existence même du fsm a un effet déclencheur au niveau local. C’est à partir de ce modèle et de sa charte qu’on édifie les forums locaux, nationaux et régionaux.
24Il existe aujourd’hui différentes implications locales lorsqu’il s’agit des pratiques des forums sociaux. S’inspirant de la culture politique du processus du fsm, une liste indépendante, sous le slogan « Un autre Marmaris est possible », est lancée à Marmaris aux élections locales de mars 2003. Cette initiative privilégie une conception démocratique et participative de l’administration locale, forcément éloignée des convictions des partis politiques traditionnels. L’accent y est mis sur les thèmes sociaux comme « les fonctionnaires et les retraités, les pauvres et les fonds sociaux, un tourisme durable, les droits des habitants, l’assemblée de la ville et l’autogestion ».
25Une initiative du Forum social d’Izmir est également en marche depuis plusieurs mois. Parmi les activités de cette initiative, on peut remarquer la manifestation organisée contre les représentants du fmi, de la Banque Mondiale et de l’ocde, invités au quatrième Congrès national d’économie. (Il est important de rappeler que la Turquie a connu une grave crise économique en 2001 sous le programme d’ajustement structurel du fmi.) L’initiative d’Izmir vise à établir des liens entre les processus du Forum social méditerranéen (fsmed), du fse et les dynamiques locales, tout en étant un des piliers du mouvement altermondialiste. Un des leaders du mouvement altermondialiste, José Bové (ancien porte-parole de la Confédération paysanne en France), vient à Diyarbakir pour le rassemblement de la fête du nouvel an kurde (Newroz) en mars 2004. Dans une interview accordée aux journaux, Bové évoque l’importance qu’il donne à la présence des délégués du mouvement kurde au fsm et au fse, et propose ensuite d’organiser un « Forum social de Mésopotamie » pour que les peuples de la région puissent dialoguer sur leurs propres problèmes (d’après le compte-rendu du quotidien pro-kurde Ülkede Özgür Gündem, le 25 mars 2003).
26La valeur symbolique de la ville de Porto Alegre comme référence de la démocratie participative trouve aussi un écho dans la commémoration d’une lutte locale qui eut lieu à Fatsa, petite ville au Nord de la Turquie, dont le maire a entrepris un modèle de gestion participative à la fin des années 1970. Ainsi, « Fatsa Alegre », jeu de mot articulant les noms de deux villes, apparaît dans la revue indépendante Postexpress (n° 11, 15 mars 2002). La tradition démocratique et participative de Fatsa fut brisée par l’armée et la police quelques mois avant le coup d’État de 1980.
Les limites de l’« open space » du fsm
27L’uniformité et l’homogénéité du fsm, s’agissant de la contestation de la mondialisation néolibérale, ne semblent pas aussi évidentes quand on étudie de près chacune de ces composantes au regard de leur contexte national et local. Car, contester la mondialisation néolibérale ne signifie pas forcément la même chose pour tous les mouvements en son sein, chacun pouvant être touché plus que les autres par une dimension spécifique de la mondialisation.
28C’est dans ce cadre d’analyse que nous pensons la culture politique du fsm comme phénomène interactif entre le global et le local. Certes, les thèmes et les sujets traités sont à portée et à vocation mondiales, mais ils sont toujours expliqués à la lumière des exemples locaux des participants. Nous pouvons donc dire que le fsm constitue dans ce cadre le lieu où les problèmes globaux, à la définition abstraite, deviennent concrets.
29Quant à l’influence de la culture politique du fsm sur l’apparition des forums locaux, nous pouvons dire qu’elle a un pouvoir catalyseur mais aussi transformateur pour ces derniers. C’est ainsi le cas en Turquie, où le processus du Forum social a des effets sur l’organisation, la coopération et la mobilisation.
30Essayons de voir de quelle manière des changements s’opèrent. En termes d’organisation, les mouvements sociaux turcs avaient un fonctionnement centralisé, plutôt dirigé dans le sens de l’orientation politique de leurs leaders. Des personnes sans appartenance politique étant quasiment absentes, les discours politiques, notamment de la gauche radicale, dominaient fortement les comportements. Ainsi, les mouvements sociaux devenaient pour les organisations politiques, en quelque sorte, un lieu de recrutement de nouveaux adhérents. Les mouvements sociaux sont toujours restés relativement inefficaces à cause de ruptures comme les coups d’État, qui ont coupé les interactions générationnelles. Les forces dynamique de la société civile ne peuvent pas contribuer à de véritables changements de la société turque, comme ce fut le cas du mouvement étudiant dans les années 1960 et 1970. Ce type d’organisation commence à se modifier avec le mouvement altermondialiste et l’esprit du fsm, notamment suite à la création du fsi. Pour plusieurs militants, l’organisation d’un mouvement social est maintenant une occasion d’échanger des idées et de les diffuser à une plus large population afin d’augmenter l’impact en Turquie des idées altermondialistes portées par les luttes contre le néolibéralisme, les armes nucléaires, les politiques d’embauche influencées par les entreprises étrangers, ainsi que par les campagnes de solidarité avec les peuples opprimés comme les Palestiniens, les Kurdes ou les peuples de l’Inde [7]. De plus, l’organisation exclusivement nationale laisse peu à peu place à des interactions internationales afin d’assurer un soutien extérieur au mouvement.
31En termes de coopération, ce processus altermondialiste contribue à la mise en place d’une coordination entre plusieurs associations, groupes et organisations qui ne s’étaient jamais réunis auparavant. C’est notamment le cas lors de la mobilisation anti-guerre, quand plus de 180 organisations s’associent pour constituer la Coordination contre la guerre en Irak. Aujourd’hui, même les organisations les plus rigides du passé (Parti communiste turc, groupes maoïstes, centres sociaux) doivent intégrer la culture du débat pour organiser une manifestation. Ils débattent, échangent, même si cela ne se fait pas sans problèmes. Ils apprennent à travailler ensemble et comprennent que les problèmes locaux et nationaux ne sont désormais pas séparables des problèmes internationaux. C’est aussi la raison pour laquelle chaque groupe établit aujourd’hui des contacts permanents avec des homologues étrangers afin d’être mieux informé des problèmes rencontrés dans d’autres pays.
32En termes de mobilisation, nous observons par ailleurs des évolutions dans le répertoire d’action et les ressources. Les mobilisations classiques du passé, organisées uniquement par les syndicats, laissent leur place à une autre forme de mobilisation, organisée par des « collectifs » composés de plusieurs associations et groupes ayant des occupations diversifiées (collectifs étudiants, associations des femmes ou des homosexuels, écologistes comme Greenpeace ou les Verts, partis politiques, chambres professionnelles, fondations, etc.). Ces mobilisations, liées à l’altermondialisation, regroupent ceux qui combattent les effets dévastateurs du néolibéralisme sans tomber dans le piège du nationalisme ou de l’anti-mondialisme. D’ailleurs, ce phénomène est intéressant dans l’évolution du mouvement en Turquie. Sous l’influence plus ou moins directe de ce débat, la gauche s’est divisée et une partie s’est rapproché des ultranationalistes. Ces derniers, qui se considèrent comme adversaires des altermondialistes, les accusent de collaborer avec l’étranger et d’exposer les problèmes intérieurs de la Turquie à l’extérieur. Ils ne sont pas opposés au capitalisme ou au néolibéralisme mais à la mondialisation, notamment à la mondialisation culturelle. Il est également intéressant de noter le rapprochement en Turquie entre les altermondialistes et les associations « musulmanes ». Les guillemets visent à marquer qu’il ne s’agit pas des organisations intégristes ou islamiques, mais des associations légales préoccupées par le statut des femmes et soucieuses notamment de soutenir les femmes voilées exclues de l’université. Ces associations, qui s’occupent aussi de l’assistance aux pauvres ou de la distribution de nourriture dans les quartiers pauvres, participent vivement au débat, notamment lors de l’assemblée préparatoire du quatrième fse. Pour elles, il s’agit d’une plate-forme pour faire entendre leur voix au niveau mondial, ce qui est impossible au niveau national en raison du caractère ultra-laïc de l’État turc.
33Les changements dans les formes de mobilisation sont aussi liés au répertoire d’action des manifestants. Le côté festif des rassemblements altermondialistes semble envahir les manifestations en Turquie. La marche classique, avec des slogans, laisse de plus en plus la place à des attractions créatives avec jeux théâtraux, marionnettes, danses de nombreux groupes. Par exemple, pendant la manifestation contre l’otan en juin 2004, certains groupes fabriquent des marionnettes du président Bush, d’autres exécutent des danses folkloriques contre la violence de l’otan.
34Toutefois, l’interaction entre les mouvements locaux et globaux n’est pas toujours sans poser problème. Les relations Nord-Sud ont aussi des conséquences sur l’organisation des forums sociaux et les militants turcs évoquent des problèmes qui y sont liés lors de l’assemblée préparatoire du Forum social. Malgré la bonne volonté des organisateurs, les organisations et les associations des pays du Nord se sentent plus légitimes que les militants en provenance du Sud pour organiser ou défendre certains sujets comme l’environnement, les droits des femmes ou les campagnes anti-nucléaires grâce à leurs expériences accumulées. Les militants du fsi témoignent de leur difficulté à convaincre les organisateurs du fse d’organiser l’assemblée préparatrice en Turquie. « Ils nous ont fait entendre que le mouvement turc devait faire ses preuves dans l’altermondialisation pour pouvoir organiser un tel événement » nous a dit Levent Sensever, porte-parole du fsi. Nous observons donc une relation centre-périphérie au sein même du mouvement altermondialiste global. Les relations de pouvoir entre les différents acteurs du Nord et du Sud, et encore les polémiques Nord-Nord autour de la mise en place de l’ordre du jour et les thèmes éventuels à évoquer pendant le Forum social, constituent deux espaces de controverse implicite. Par ailleurs, les assemblées préparatoires des forums se transforment parfois en lieux de lobbying où tous les pays participants essaient de faire valoir leurs propres centres d’intérêt et de discussion. Durant l’assemblée préparatoire du fse à Istanbul, nous avons ainsi pu observer que les activistes des pays de l’Europe de l’Est ont fait énormément d’efforts pour avoir une plus grande représentation au sein des plénières. Nous pouvons donc affirmer que les forums sociaux devraient davantage réfléchir à la représentation et à la participation équitable de chacun de leurs composantes s’ils prétendent porter l’idée de l’« open space » face à l’esprit de Davos.
Crédibilité de l’altermondialisation au niveau national
35Du côté turc, pour certaines forces politiques et sociales, les mobilisations altermondialistes et les forums sociaux sont accueillis avec une certaine méfiance, qui tient à la vocation transnationale du processus. L’ancrage politique étroitement national rend difficile l’articulation du national au global et le manque de coordination entre les différents secteurs au plan national empêche la mobilisation au niveau international. Au retour du premier fse, les activistes turcs sont qualifiés de « touristes » ou d’« élites d’opposition » parce qu’ils manifestent au-delà des frontières du pays, sans prendre en considération les conflits nationaux. D’après nous, ceux qui sont sceptiques à l’égard de ce mouvement global craignent la substitution du niveau global au niveau local, car cette forme d’interprétation nie l’existence d’une articulation crédible des divers niveaux. La dimension globale des conflits nécessite des revendications globales, qui risquent de déstabiliser une gauche traditionnelle construite sur des revendications nationales.
36Les nouveaux répertoires d’action, peu compatibles avec les traditions politiques, font aussi l’objet d’une polémique, particulièrement autour du côté festif des manifestations anti-guerre. L’émergence de coordinations souples et peu hiérarchisées (accordant même une place aux individus à côté des organisations) heurte l’héritage de normes traditionnelles prônant le culte de l’organisation.
Conclusion
37Le mouvement altermondialiste en Turquie s’associe au mouvement contestataire global au fur et à mesure qu’il se mobilise à travers les mobilisations au niveau transnational et les forums sociaux régionaux et mondiaux. L’analyse du processus d’émergence d’un forum social au niveau national (le fsi) et des initiatives locales donne des éléments significatifs sur l’interaction des différents cultures politiques assemblées autour des forums sociaux.
38L’exemple de la Turquie dans l’explication de la culture politique du fsm constitue un cadre d’analyse à part entière, non seulement pour distinguer l’originalité de chaque composant du mouvement altermondialiste mais aussi pour l’avenir de ce dernier. Le mouvement altermondialiste ainsi que le fsm ne sont pas de champs homogènes. Ils expriment plutôt l’harmonie (et les tensions) de diverses cultures politiques issues de la vie socio-politique et culturelle de chaque pays. Ce serait donc une erreur, bien illustrée par l’exemple turc, de parler d’une seule culture politique dans le processus du fsm.
39L’avenir du mouvement altermondialiste ne se jouera pas autour d’un axe des mouvements sociaux et politiques des pays du Nord. Son avenir dépend de sa capacité d’intégrer des mouvements comme ceux qui émergent en Turquie ainsi que de la réussite de ces mouvements. Ce qui se joue ici peut être décisif pour la dynamique des luttes à l’échelle planétaire. C’est à la lumière du succès ou de l’échec d’une telle intégration que nous pourrons apprécier les limites culturelles du mouvement altermondialiste et, partant, du processus du fsm.
Références
- Boltanski, L. ; Chiapello, E. 1999. Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard.
- Mathieu, L. 2001. « Le mouvement contre la mondialisation libérale », Regards sur l’actualité, 276, p. 17-27.
- Scholte, J.A. 2003. « C’est la lutte globale », Alternatives internationales, 6, p. 30-33.
- Sensever, F.L. 2003. Dünya Sosyal Forumu. A?a??dan küreselle?me hareketi ve küresel direni? (Forum Social Mondial. Le mouvement de mondialisation par en bas et la résistance globale), Istanbul, Metis Yay?nlar?.
- Uzun, T., 2001. Küresel direni? hareketine içeriden bir bak?? ve Cenova tan?kl??? (Un regard intérieur au mouvement de résistance globale et un témoignage de Gênes), Birikim, 149.
- Whitaker, F., 2003. « Réponses », dans Mouvements et transversales science culture. Où va le mouvement altermondialisation ? … et autres questions pour comprendre son histoire, ses débats, ses stratégies, ses divergences, Paris, La Découverte.
Notes
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[1]
Pour plus d’informations, voir www. antimai. org. On pourra également se référer à l’ouvrage Kapitalizmin kaleleri-II (Les Bastions du capitalisme : Istanbul : Ekim, 2001) publié par wto-Dünya Ticaret Örgütü, Türkiye mai ve küreselle?me kar??t? çal??ma grubu (Groupe de travail contre l’ami et la mondialisation en Turquie) et Birle?ik Metal-?? Sendikas? (Syndicat uni des métallurgistes).
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[2]
Entretien avec Gaye YÈlmaz (responsable des relations internationales de disk, participante au groupe de travail anti-ami), le 12 décembre 2003 à Istanbul.
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[3]
Entretien avec Kemal BaÒak (dsip), le 3 décembre 2003 à Ankara ; Sertug Çiçek (porte-parole de Antikapitalist) le 9 décembre 2003 ; et PÈnar Ömero½lu (syndicaliste à Yapiyol-Sen), le 8 décembre 2003 à Ankara.
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[4]
Entretien avec Ismail HakkÈ Tombul (président du ses), le 5 décembre 2003.
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[5]
Depuis le fse de 2003, le mouvement altermondialiste turc a commencé à s’activer davantage. Ce phénomène est lié à l’organisation d’une protestation contre l’otan en juin 2004. La division du mouvement, que nous évoquerons plus loin dans l’article, semble pour une fois être oubliée, et la protestation réunit Küresel Bak et Irak’ta sava?a hay?r koordinasyonu. La manifestation globale du 20 mars 2004 contre la guerre est organisée, de nouveau, par ces deux groupes ensemble.
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[6]
Le rapport du fsi (10 décembre 2003) indique ainsi les campagnes d’information sur les fse, les réunions d’évaluation du fse de Paris et du fsm de Bombay, les séminaires auprès de lycées, universités, ong, syndicats et enfin les projections de documentaires sur les forums sociaux.
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[7]
Entretiens avec Sertug Çiçek (voir note 3), le 9 décembre 2003 ; et Levent Sensever (fondateur du fsi), le 19 avril 2004.