Peut-on utiliser la dimension théâtrale pour penser les généalogies de Michel Foucault ? Quelle est la valeur de vérité d’une histoire qui affirme être une « fiction » et procède par scènes, personnages, « dramatiques de la vérité » ? Pour répondre à ces interrogations, le présent article utilise la notion de théâtre dans un sens anti-représentatif et expérientiel : comme un mouvement toujours recommencé d’action et de transformation. En questionnant les critiques de la méthode foucaldienne formulées par des historiens tels que Carlo Ginzburg et Hayden White, nous montrerons comment Foucault mobilise dans ses textes une pensée-théâtre historique qui joue comme une arme de problématisation ironique des grands mythes de l’histoire elle-même. Le théâtre est pour Foucault un instrument pour mener une réflexion historico-politique sur la vérité en dehors des catégorisations et des moralisations traditionnelles de la philosophie et de la science occidentales. Mais la dramatisation philosophique du discours historique opérée par Foucault ne représente-elle pas alors le risque concret d’un dangereux relativisme intellectuel et politique : l’exemple parfait d’une « rhétorique » de l’histoire, qui sacrifie la vérité à l’efficacité de la parole ?
Dramatizing history with Michel Foucault: An “aestheticizing irrationalism”?
Can we consider the genealogies of Michel Foucault through the lens of theater? What is the truth value of a story that claims to be “fiction” and that uses scenes, characters, and “dramatics of truth”? To answer these questions, this article uses the notion of theater in an anti-representational and experiential sense: as a constantly renewed movement of action and transformation. By questioning the criticisms of the Foucauldian method formulated by historians such as Carlo Ginzburg and Hayden White, I will show how Foucault mobilizes in his texts a historical thought-theater that acts as a weapon of ironic problematization of the great myths of history itself. For Foucault, theater is an instrument for conducting a historical-political reflection on the truth outside of the traditional categorizations and moralizations of Western philosophy and science. But does Foucault’s philosophical dramatization of historical discourse not represent the concrete risk of a dangerous intellectual and political relativism: the perfect example of a “rhetoric” of history, which sacrifices the truth for the effectiveness of words?
Cet article est en accès conditionnel
Acheter cet article
5,00 €
Acheter ce numéro
25,00 €
S'abonner à cette revue
À partir de 90,00 €
Accès immédiat à la version électronique pendant un an
4 numéros papier envoyés par la poste