Notes
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Cette expression désigne les Taoïstes du Palais Jixia des Qi destinés aux études taoïstes. On assimile généralement le GUANZI /au recueil des études de ces Taoïstes, dont quatre textes (les Xinshu/1 et 2, le Baixin/et le Neiye/) constituent un système. GUO Moruo / pense qu’ils sont écrits par SONG Yan /et YIN Wen / , QIU Xigui /pense cependant qu’ils sont écrits par SHEN Dao /et TIAN Pian / .
1 Depuis 1978, sous l’impact de la grande libération des idées, les philosophes chinois abandonnent petit à petit les deux attitudes suivantes : celle d’opposer la tradition et le présent, et le dogmatisme venant de l’ancienne Union soviétique, plus particulièrement de Jdanov, qui consiste toujours à opposer dans toute philosophie le matérialisme et l’idéalisme, la dialectique et la métaphysique. Ils s’attachent à comprendre et à interpréter objectivement les fonds traditionnels de la philosophie proprement chinoise, à exploiter profondément leur valeur immanente et à développer leur valeur contemporaine. Tout cela est dû à une conscience d’ouverture et de pluralisme. Leurs études se concentrent sur les domaines suivants :
1. Les canons classiques
2 La renaissance des cinq canons ou des treize canons est l’événement le plus important des recherches scientifiques chinoises contemporaines. Les canons constituent l’origine de la culture chinoise et la sagesse accumulée des nations chinoises. Le Canon des livres/ , le Canon des poèmes /, les trois Rituels (les Rituels protocoles/ , les Rituels des ZHOU / et le Recueil des Rituels/), les Mutations des ZHOU / (et la Biographie des Mutations/), les Printemps et automnes/ ainsi que leurs trois biographies (la Biographie par ZUO Qiuming/, la Biographie par GONGYANG/ et la Biographie par GULIANG /) et les Quatre Livres / comprennent l’ontologie et la métaphysique de la philosophie chinoises, les conceptions de la Chine antique en religion, philosophie, morale, société, éthique, politique et histoire. Les études dans ces domaines font de grands pas, des spécialistes, des revues et des organisations spécialisées y sont nés.
2. Le taoïsme et la religion taoïste
3 Il ne faudrait pas confondre le taoïsme qui est une philosophie et la religion taoïste. Cette dernière prend abusivement celui-là pour son appui spirituel. Les études sur LAOZI, ZHUANGZI, LIEZI, WENZI, les Taoïstes de Jixia [1], sur ceux de l’époque des Royaumes combattants (475 av. J.-C – 221 av. J.-C) et de la dynastie des Han (206 av. J.-C – 220 ap. J.-C), les explications des HUAINANZI /, les recherches sur des cas particuliers, les études comparatives des écritures sur bambous /, sur étoffes /et des textes courants qu’on trouve aujourd’hui (le LAOZI /, le WENZI /, les Quatre Canons de l’Empereur Huangdi /) s’approfondissent sans cesse avec de très riches résultats, en particulier sur la métaphysique, la philosophie de la nature, la formation des états d’esprit qui sont bons et la philosophie de la politique taoïstes. Les études sur la religion taoïste et sur sa culture, en vogue pendant les années quatre-vingt du 20e siècle, les recherches sur les différents courants de cette religion, sur son histoire complète et sur celle des époques différentes se développent petit à petit. Les spécialistes attachent une grande importance à ces doctrines et s’efforcent de leur fournir une interprétation contemporaine. Les études pragmatiques et interdisciplinaires constituent une nouvelle orientation, par exemple quand il s’agit d’étudier les rapports entre la conception de l’univers et la philosophie de la vie humaine, la musique, la médecine, les sciences et la technologie, ou l’exploitation des valeurs du taoïsme et de la religion taoïste dans les domaines tels que la gestion, la politique, l’éthique, la sociologie, la pédagogie, la psychologie et les lettres. Les Archives taoïstes /, examinées et annotées, sont gérées par l’Association chinoise des Religieux taoïstes sont publiés.
3. Le bouddhisme
4 Les recherches sur le bouddhisme s’approfondissent suite aux échanges fréquents avec les spécialistes étrangers. Les Grandes Archives chinoises du bouddhisme /, de quelques dizaines de volumes, sont déjà publiées, la suite est en cours de publication. Les études sur les différents courants chinois du bouddhisme, sur leur histoire, sur celle des époques différentes, sur des bouddhistes importants, font régulièrement paraître de nouveaux travaux. Les spécialistes s’attachent à utiliser des ressources de Dunhuang / et de celles du Japon. Les échanges avec l’Occident, l’Inde et l’Asie de l’Est s’accroissent d’année en année. De même, les bouddhismes tibétains deviennent des thématiques chaudes. Les classiques bouddhistes et leur interprétation, les doctrines philosophiques du bouddhisme et le régime d’organisation de ce dernier, les études comparatives entre les bouddhismes indien et chinois, le processus de sinologisation du bouddhisme, sa philosophie de la vie et l’éthique, les rapports entre le bouddhisme et la culture chinoise ainsi que la vie moderne etc., sont devenus des thèmes importants.
4. Le rationalisme des Song et des Ming
5 Le statut important du rationalisme des Song (960 - 1279) et des Ming (1368 - 1644) est dû à la fusion qui s’opère entre les trois philosophies différentes que sont le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. L’importance doctrinale et l’esprit de ce rationalisme sont plus profonds et plus scrupuleux qu’à l’époque des Tang (618 - 907) et des Han, en particulier pour ce qui concerne sa métaphysique, ses idéaux et sa conception de gongfu (, temps et force mis à l’œuvre et travail effectué). D’ailleurs, il a provoqué longtemps une influence profonde sur l’histoire de l’Asie de l’Est. Depuis plus de trente-cinq ans, au niveau de la philosophie, les savants tâchaient de s’expliciter sur les rapports entre les sciences des Song, plus précisément entre celles des Song, des Yuans (1271 - 1368) et des Ming et le rationalisme, sur les catégories, le système philosophique, les caractéristiques du rationalisme des Song et des Ming, sur les personnages importants et leurs groupes, sur la distribution des courants dans les régions locales, sur la succession des personnages et des courants ainsi que leur évolution scientifique. Au niveau de l’histoire des idées, les rapports entre le rationalisme des Song et des Ming et les affaires socio-politiques et éducatives, s’approfondissent ainsi que les rapports entre la vulgarisation du rationalisme, son histoire académique, et son application concrète au niveau de la vie des villes et des villages, ainsi que l’action sociale et politique des Confucéens, la naissance des nouvelles philosophies entre les Dynasties des Ming et des Qing (1644 - 1911). Les études s’approfondissent encore à propos de la complexité et des succès du confucianisme des Song et des Ming, dans ses rapports avec le bouddhisme, le taoïsme, avec les canons divers classiques et les lettres. Les liens avec les sciences de la nature, le commerce, la société, la politique, les droits sont aussi très importants. La diffusion du rationalisme des Song et des Ming en Corée, au Japon, au Vietnam et dans les autres pays et régions de l’Asie du Sud-Est, la complexité locale des doctrines de ZHU Xi ( )et de WANG Yangming( ainsi que leur postérité dans ces pays et régions, l’influence des pensées des Song et des Ming et leurs orientations diverses ainsi que leur union avec les idées occidentales sont devenues des objets importants de l’examen et des recherches.
5. Les nouveaux Confucéens modernes et contemporains
6 De 1983 à 1990, TANG Yijie, professeur à l’Université de Beijing et son maître XIAO Shafucommencent à éditer les Œuvres complètes de XIONG Shili, à organiser des colloques autour de XIONG Shili, de FENG Youlanet de LIANG Shuming , à inviter DUWeiminget CHENG Zhongying ( ) à donner des cours et conférences en Chine. De 1986 à 1995, FANG Keli et LI Jinquanont dirigé un projet de recherches collectif auquel ont participé plus de trente philosophes. Ils commencent leurs études par la collecte et la mise en forme des documents. Cela s’élargit aux quinze Confucéens de trois générations. Ils s’appellent LIANG Shuming, ZHANG Junmai, XIONG Shili, MA Yifu, FENG Youlan, HE Lin, QIAN Mu, FANG Dongmei ) pour la première génération, TANG Junyi, MU Zongsan , XU Fuguanpour la deuxième génération et YU Yingshi , DU Weiming, LIU Shuxian , CHENG Zhongying pour la troisième. Des associations et des universités de Taiwan, de Hong Kong et du continent chinois organisent de nombreux colloques internationaux sur des Confucéens importants, modernes et contemporains. Les œuvres complètes ou choisies de ces quinze penseurs sont publiées par des éditeurs différents. Le nombre de thèses sur ces auteurs augmente également. C’est un domaine qui n’existait pas avant les années quatre-vingt du 20e Siècle. En effet, les études sur les Confucéens modernes ainsi que sur leurs doctrines et leurs pratiques traversent nos réflexions sur la culture, les pensées et les sciences humaines, soulevant en même temps de nombreux problèmes. Cela aide la comparaison, le dialogue et la fusion transculturels. Les spécialistes affirment la religiosité et la transcendance du nouveau confucianisme, l’accord de l’esprit humaniste des nations chinoises avec celui des sciences humaines de l’Occident et de la civilisation moderne, ce qui devrait permettre de rendre compatibles les sciences humaines et la religion, les sciences de la nature et la technologie.
6. Les écritures sur bambous et sur étoffes
7 Les archéologues chinois ont découvert pendant les années 90 du 20e siècle de nombreuses pièces de bambou des Chu de l’époque des Royaumes Combattants à Guodian (, province du Hubei), sur lesquelles nos ancêtres avaient gravé les canons de l’antiquité chinoise. Le musée de Shanghai conserve des écritures sur bambous des Chu. Ces écritures sont très précieuses. On y trouve de très riches pensées philosophiques, particulièrement sur les Mutations des Zhou, sur les 70 disciples de Confucius, sur les Taoïstes et les autres écoles philosophiques de l’époque et de son précédent. Nos archéologues avaient déjà découvert au cours des années 70 des écritures sur bambous de la dynastie des Han à Yinqueshan (, province du Shandong), des écritures sur bambous et sur étoffes à Mawangdui (, province du Hunan), des écritures sur bambous à bajiaolang (, province du Hebei), qui datent de la dynastie des Han. Elles sont très précieuses. Comme il existe des décalages parfois importants entre ces textes et les archives que nous avons héritées depuis deux mille ans, la comparaison entre les deux suscite des questions sur la vérité historique. Ces écritures ont permis à nos chercheurs de clarifier l’évolution des pensées philosophiques d’écoles différentes depuis le début de la dynastie des Zhou (1046 av. J.-C – 221 av. J.-C) jusqu’à la fin des Han de l’Est.
8 D’ailleurs, les écritures sur bambous de la dynastie des Qin (221 av. J.-C – 206 av. J.-C) découvertes à Yunmeng (, province du Hubei), celles des Chu à Tianxingguan, à Jiudian et à Baoshan (, , , province du Hubei), celles de la dynastie des Han à Zhangjiashan (, province du Hubei), concernent les croyances populaires et les lois officielles. Les spécialistes attachent une importance à la genèse des valeurs et aux liens avec la vie quotidienne. De 2008 à 2009, les Universités de Tsinghua, de Beijing et du Hunan prennent de nouvelles écritures de l’époque des Royaumes Combattants, des dynasties des Qin et des Han pour les conserver dans leurs bibliothèques.
7. Les perspectives de la philosophie politique
9 La philosophie de l’antiquité chinoise sur la politique et la société est toujours liée à ses conceptions de l’Univers et de l’Homme. Actuellement, la philosophie chinoise de la politique et de la société s’analyse en comparaison avec celle de l’Occident, et intéresse plus particulièrement la philosophie de la justice de ce dernier. Le dialogue entre le marxisme, le libéralisme et la tradition, l’évolution de l’organisation sociale, l’éminence des problèmes politiques et législatifs, le défi de la politique et de l’éthique modernes, incitent les philosophes chinois à mettre en ordre les doctrines antiques sur la politique et la société. Les doctrines et les régimes, leur évolution et influence, surtout depuis la dynastie des Ming, les idées de base de la philosophie moderne sur la politique, sa différence et son identité avec l’ancienne, son dépassement dans ces domaines, sont devenus des aspects importants des études scientifiques.
10 Par rapport aux domaines et aux résultats des études, le transfert de modèles de recherches est plus important, qui décide l’abondance et la qualité des résultats.
11 On observe ainsi un transfert des modèles de recherche.
12 Comme nous l’avons dit plus haut, le premier transfert a eu lieu après 1978. Nos chercheurs ont abandonné le modèle proposé par Jdanov au cours d’une discussion sur l’Histoire de la philosophie de l’Europe occidentale en 1947. Ce modèle affirme arbitrairement que le matérialisme représente les forces du progrès social, telles la classe des paysans et celle des petits et moyens propriétaires fonciers, tandis que l’idéalisme représente les forces corrompues et réactionnaires, telles la classe des maîtres d’esclaves et celle des grands propriétaires fonciers. Il affirme aussi que toutes les idées philosophiques appartiennent à une telle classe ou à une autre. Il persiste dans les analyses de la lutte de classes, tout au long des recherches philosophiques. Nos chercheurs passent donc à un modèle objectif, qui s’explique parce que l’histoire de la philosophie est celle des connaissances du monde. Ce nouveau modèle consiste à creuser les vraies valeurs des philosophies de l’antiquité chinoise qui propose l’approfondissement de l’analyse de l’union entre l’histoire et la logique, la structure cyclique et la structure linéaire, afin de reconstituer l’histoire de la philosophie chinoise. En tant que résultat logique de ce transfert de modèles, les études sur les catégories de la philosophie chinoise deviennent la méthode la plus importante de cette période. Un colloque sur les catégories de la philosophie chinoise a eu lieu en 1983 à Xi’an. Un recueil important en est sorti plus tard. Et d’autres ouvrages plus approfondis l’ont suivi.
13 Le statut de l’histoire de la philosophie conçu comme connaissance du monde, requièrent l’explicitation du cadre de l’objet des études philosophiques.
14 La distinction entre l’histoire de la philosophie et celle des idées pourrait être considérée comme le deuxième transfert de modèles. La philosophie se limiterait ainsi à une connaissance des règles qui régissent l’observation de la Nature, des réflexions humaines et de la société, tandis que l’histoire des idées analyserait plutôt les rapports entre la conscience et les pensées de la société d’une part, et les situations politiques, économiques et culturelles de l’autre. A part les idées philosophiques, les études de l’histoire des idées devraient comprendre encore les idées politiques, économiques, législatives, militaires, éducatives etc. Les colloques sur l’histoire des idées portent surtout sur la distinction des deux disciplines. Il en résulte une simplification de l’histoire de la philosophie et de ses méthodes.
15 Le troisième transfert est plutôt le passage du modèle des connaissances du monde à celui d’une quête d’une sagesse métaphysique propre à la philosophie chinoise. Cette période dure assez longtemps, de la grande discussion culturelle des années quatre-vingt jusqu’à la fin du 20e siècle, et elle n’est pas finie. La conscience de la sagesse se distingue des connaissances du monde. Elle est plus avancée, plus subjective, mais aussi plus profonde.
16 La reconstitution de la subjectivité et de l’autonomie (l’identité) de la philosophie chinoise depuis le début du siècle s’est faite à partir d’un double pluralisme, le pluralisme des disciplines, qui nourrissent la philosophie, telles que l’histoire, la sociologie etc., mais surtout l’histoire, et le pluralisme culturel. Les philosophes chinois renforcent ainsi les échanges avec leurs collègues occidentaux, indiens et japonais, donnant naissance à une vision plus large. C’est peut-être le modèle le plus récent.
17 Sauf le premier transfert qui en est un authentique, les trois autres transferts traduisent et s’orientent plutôt vers la synthèse d’autres modèles.
Notes
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[1]
Cette expression désigne les Taoïstes du Palais Jixia des Qi destinés aux études taoïstes. On assimile généralement le GUANZI /au recueil des études de ces Taoïstes, dont quatre textes (les Xinshu/1 et 2, le Baixin/et le Neiye/) constituent un système. GUO Moruo / pense qu’ils sont écrits par SONG Yan /et YIN Wen / , QIU Xigui /pense cependant qu’ils sont écrits par SHEN Dao /et TIAN Pian / .