Les sciences dures pouvaient ignorer les canaux véhiculant des informations qualitatives, car elles n’en avaient pas besoin. Mais ce n’est pas le cas des SHS qui ont besoin de puiser leurs informations à partir de narrations pour pouvoir approfondir le dialogue entre situations et acteurs.
Du tableau de chiffres aux récits de vie, le chemin parcouru par la science est semé d’embûches, comme chaque fois que l’on change de paradigme. Le combat pour la reconnaissance des récits de vie en tant que canaux d’information scientifiquement légitimes, trouvera dans ce livre, un apport considérable d’approfondissement de l’argumentation, tant l’équipe de chercheurs est allée au fond des choses…
Rappelons le problème : pour le positivisme à l’américaine, l’information est l’essence même de la réalité. Pour le constructivisme à la française, l’information est toujours un construit résultant d’une série de choix. Ces choix concernent les canaux de communication et les systèmes d’interprétation (et de décodage) des messages mis en place. Le choix du système de décodage est le produit des représentations mentales du chercheur, de l’endroit où il se situe dans son parcours de recherche, etc. Ce sont en définitive, les représentations, Kuhn dirait les paradigmes, qui déterminent le choix des mots qui communiqueront l’image mentale d’un événement, d’une scène, d’une expérience, d’un sentiment ou d’une sensation, portant sur un ensemble de vie pouvant aller d’une seule seconde à une vie entière…