La sociologie est-elle une activité de recherche purement scientifique et n’a-t-elle, comme les mathématiques pour J. Dieudonné (cité par P. Bourdieu), « “d’autre justification que l’honneur de l’humanité” ou peut-elle être, tout en conservant sa scientificité (celle-ci devant être “revisitée”) une activité pratique d’intervention répondant à la demande sociale ? » Telle est la question que pose le livre de G. Herreros (version remaniée de son mémoire d’habilitation à diriger des recherches). Cette préoccupation avait déjà été celle des psychosociologues qui avaient développé l’intervention psychosociologique en pensant comme Lewin qu’ « il n’y a rien de plus pratique qu’une bonne théorie ». Depuis que certains sociologues se sont mis, à leur tour, à « intervenir » (d’une manière, soit très différente, soit très proche de celles des psychosociologues), ils se sont sentis obligés, eux aussi, de répondre à cette question et ceci d’autant plus fortement que depuis Comte et Durkheim (et malgré l’engagement de ceux-ci) la sociologie « canonique » a voulu être considérée comme une véritable science « dont la physique figurait, pour eux, une forme d’idéal » (Herreros, p. 14), ce qui n’a jamais été le cas de la psychosociologie.
Certes, depuis le début, les sociologues se sont préoccupés des retombées, dans la vie sociale, de leurs recherches. Durkheim, lui-même, n’a-t-il pas écrit que, pour lui, la sociologie « ne vaudrait pas une heure de peine » si elle ne servait à l’amélioration des sociétés (Herreros, p…