1D’un point de vue biologique, les adolescents deviennent prêts de plus en plus tôt à s’engager dans des comportements amoureux et sexuels (Amselem, 2007 ; Furman, Brown, &Feiring, 1999 ; Halpern, 2003 ; Zimmer-Gembeck, 2002). Cette évolution biologique hâtive amène les jeunes adultes à franchir plus rapidement certaines étapes de leur développement social, notamment au plan de leurs expériences amoureuses (Furman et al., 1999 ; Halpern, 2003 ; Zimmer-Gembeck, 2002). La prévalence de ce phénomène a été examinée dans de nombreuses enquêtes longitudinales canadiennes et internationales. En France, 24 % des jeunes femmes déclarent avoir eu des relations sexuelles précoces (15 ans ou moins) (Godeau, Vignes, Duclos, Navarro, Cayla, &Grandjean, 2008). Selon les enquêtes canadiennes sur les enfants et les jeunes (ELNEJ), à 14 ou 15 ans, 13 % des adolescents canadiens ont vécu leur première relation sexuelle (Statistique Canada, 2005). Au Québec, ces taux sont nettement plus élevés. En fait, ces taux s’élèvent ici à 18 % des adolescents de 14-15 ans (Garriguet, 2005). Selon Rotermann (2005), 28 % des jeunes canadiens de 15-17 ans ont eu leur première relation sexuelle alors qu’à 18-19 ans, cette proportion s’élève à 65 %, pour atteindre 80 % à 20-24 ans. Au Québec, 44,2 % des jeunes québécois de 15-17 ans ont eu leur première relation sexuelle alors que cette proportion grimpe à 78,5 % chez les 18-19 ans et à 92 % chez les 20-24 ans (Rotermann, 2005). Au surplus, depuis 1980, la précocité sexuelle est en nette progression (Garriguet, 2005 ; Ministère de l’éducation, du loisir et du sport, 2005). Toutefois, elle a eu tendance à se stabiliser au cours des dernières années (Rotermann, 2005). Il faut noter que l’âge médian lors de la première relation sexuelle se situe à 17 ans au Canada (Blais, Raymond, Manseau, &Otis, 2009), à 17,25 en Grande-Bretagne, à 17,5 en France et à 18,15 en Belgique (Bozon, 2003). Dans tous les pays, l’écart d’âge médian entre les hommes et les femmes en ce qui a trait à leur première relation sexuelle s’est réduit considérablement jusqu’à devenir non-significatif dans certains pays, notamment en France.
2La précocité sexuelle est en relation directe avec le nombre de partenaires sexuels (Garriguet, 2005) et représente un facteur important de comportement sexuel à risque (Rotermann, 2008). En effet, en comparaison à ceux qui ont commencé leur vie sexuelle plus tardivement, les jeunes canadiens âgés de 14-15 ans qui débutent leur vie sexuelle à 13 ans sont plus susceptibles d’avoir eu des contacts sexuels avec deux partenaires ou plus dans l’année précédant l’enquête (Statistique Canada, 2005). Le même constat vaut pour les jeunes qui débutent leur vie sexuelle entre 15-17 ans plutôt qu’entre 20-24 ans (Garriguet, 2005). Les chiffres font aussi état d’une nette disparité sexuelle. En demandant aux adolescents de se référer aux 12 derniers mois, les garçons canadiens rapportent davantage de partenaires sexuels que les adolescentes (Statistique Canada, 2005). Cette différence sexuelle est aussi observée du côté européen. En France, c’est entre 18 % à 22 % des femmes et entre 38 % à 43 % des hommes âgés de 18-24 ans qui déclarent avoir eu 2 partenaires sexuels ou plus au cours des 12 derniers mois (INSEE, 2007). Plus le début des rapports sexuels se produit tôt et plus le nombre de partenaires est élevé (INSEE, 2007).
3La précocité sexuelle et le nombre de partenaires représentent des phénomènes d’intérêt parce qu’ils sont des facteurs prévisionnels robustes de la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes : estime de soi appauvrie (Statistique Canada, 2005), symptomatologie dépressive (Bingham & Crockett, 1996), infections transmises sexuellement (INSEE, 2007 ; Ministère de la santé et des services sociaux, 2003) et grossesse à l’adolescence (INSEE, 2007 ; Ministère de la santé et des services sociaux, 2003). De même, plusieurs chercheurs ont noté que la consommation d’alcool et de drogue influence la propension des individus à entreprendre une vie sexuelle active (Boislard-Pépin & Poulin, 2011), la précocité sexuelle entraînant ainsi d’autres comportements problématiques. La psychologie sociale est appliquée de plus en plus fréquemment à des problématiques médicales et à la sexualité des populations. Elle fournit un éclairage intéressant sur les traits personnels des individus aux prises avec divers enjeux de santé ou de sexualité. Entre autres, elle favorise la compréhension des processus interpersonnels et intrapersonnels impliqués dans ces sphères de la vie, en plus d’aider à documenter les conséquences psychologiques de ces mêmes phénomènes (Bayer, 2008 ; Bayer & Stuber, 2006 ; Courtwright, 2013 ; Deacon, 2006).
4Jusqu’à présent, de nombreux modèles explicatifs de la précocité sexuelle des adolescents font appel à des variables sociales. L’hypersexualisation et l’adoption du modèle pornographique de la vie sexuelle constituent généralement les facteurs clés de ces modèles sociaux (Jochen, & Valkenburg, 2008 ; Werner-Wilson, Fitzharris, & Morrissey, 2004). Pourtant, certains adolescents adhèrent à ce mouvement d’hypervalorisation de la sexualité alors que d’autres y résistent. Ces modèles sociaux gagneraient donc à être enrichis de variables psychologiques permettant d’expliquer ces variations. La théorie des comportements problématiques (Jessor & Jessor, 1977, Jessor, 1987) complète bien les modèles sociaux existants pour comprendre la précocité sexuelle. Plusieurs prémisses sous-tendent ce modèle. La première est que la personnalité d’un individu, sa perception de l’environnement et son comportement peuvent influencer les choix d’un individu, notamment en ce qui a trait à ses habitudes de consommation de substances psychoactives ou encore sa propension à la précocité sexuelle (Jessor, 1987, Jessor, Van Den Bos, Vanderryn, Costa, & Turbin, 1995). La seconde correspond à la notion d’interrelation entre les diverses prédispositions psychosociales relatives aux comportements humains. Celles-ci incluent les facteurs de risque provenant des antécédents, de variables psychologiques (p.ex., la personnalité) et de variables du comportement social expliquant la tendance à la consommation de substances psychoactives (Jessor, 1987 ; Jessor et al., 1995) ou encore à la précocité sexuelle. La troisième prémisse veut que les comportements à l’adolescence constituent de bons facteurs prévisionnels de leurs conduites en tant que jeunes adultes. Il importe donc de bien saisir les facteurs contribuant au développement de la précocité sexuelle. La quatrième prémisse stipule qu’un problème de comportement émergeant à l’adolescence peut entraîner le développement d’autres difficultés. Dans cette optique, l’analyse, chez des adolescents, des liens entre la personnalité, la consommation de substances psychoactives et la précocité sexuelle peut fournir un portrait d’ensemble des relations entre plusieurs sources de difficultés. Notamment, quelques études montrent que la consommation de substances psychotropes est liée à la précocité sexuelle des adolescents (Capaldi, Stoolmiller, Clark, & Owen, 2002) alors que d’autres établissent que la consommation abusive d’alcool et de cannabis serait aussi associée à la fréquence des relations sexuelles et à la multiplication des partenaires sexuels (Guo, Hill, Hawkins, Catalano, & Abbott, 2002; Lowry, Holtzman, Truman, Kann, Collins, & Kolbe, 1994 ; Valois, Oeltmann, Waller, & Hussey, 1999 ; Valois, McKeown, Garrison, & Vincent, 1995).
5La dernière prémisse du modèle de Jessor et Jessor (1977) concerne la nécessité devant laquelle sont placés les adolescents de démontrer qu’ils sont en voie d’acquérir une maturité adulte. Durant cette transition développementale, la consommation de substances psychoactives et la précocité des conduites sexuelles représentent possiblement des tentatives d’acquisition d’un statut social adulte (Jessor, 1987). Nous nous intéressons ici à la personnalité des adolescents et à leurs habitudes de consommation d’alcool et de drogues en lien avec leur sexualité.
Personnalité
6La présente étude s’appuie sur le concept de la personnalité normale pour examiner le comportement sexuel des adolescents et des adultes émergents. La personnalité se mesure généralement à partir de cinq traits, soit le névrotisme, l’extraversion, l’ouverture, l’amabilité et la conscience (Costa & McCrae, 1988). Chacun de ces traits de personnalité se développe tôt et se module au gré de l’évolution de l’individu. À titre d’exemple, Robins, Fraley, Roberts et Trzesniewski (2001) observent chez des étudiants âgés de 18 à 19 ans qu’entre le début et la fin du collège (période de quatre ans), l’ouverture, l’amabilité et la conscience augmentent significativement alors que le névrotisme diminue. Nous disposons de peu de données empiriques sur la relation entre les traits de personnalité et les comportements sexuels à l’adolescence. La plupart de ces études montrent un lien négatif entre les comportements sexuels à risque, l’amabilité et la propension à être consciencieux alors que les relations avec l’ouverture, l’extraversion et le névrotisme sont équivoques (Hoyle, Fejfar, & Miller, 2000 ; Miller et al., 2004 ; Schmitt, 2004 ; Trobst, Herbst, Masters, & Costa, 2002 ; Turchik, Garske, Probst, & Irvin, 2010 ; Vollrath, Knock, & Cassano, 1999). Cependant, ces études regroupent surtout des participants universitaires de 18 ans et plus, de jeunes adultes (22 ans et plus) et des adultes en relation de couple. Il est indispensable de vérifier si ces associations émergent à l’adolescence ou si elles n’apparaissent qu’à l’âge adulte, puisque la consommation d’alcool et les comportements sexuels se développent de plus en plus tôt.
La consommation de substances et les relations sexuelles chez les adolescents
7L’utilisation de l’alcool commence tôt chez les jeunes adolescents. Au Canada, 34 % des adolescents au milieu de leurs études secondaires (scolarité québécoise des 14-15 ans) et 23 % des filles du même niveau de scolarité consomment de l’alcool au moins une fois par semaine alors que 50 % des garçons du même âge et 40 % des filles ont déjà consommé de la marijuana. De 5 à 8 % de ces jeunes ont consommé de l’ecstasy, entre 5-10 % des amphétamines, entre 4-8 % de la cocaïne, entre 3-7 % ont consommé de l’héroïne et de 3 à 8 % du LSD (Health Behavior School-age Children, HBSC, 2002). Il semble que 15 % des jeunes seraient vraiment à risque de développer des problèmes de consommation d’alcool (Cantin, 1998) et 25 % de ces jeunes consommeraient aussi des drogues. Plusieurs chercheurs ont établi un lien étroit entre la consommation de substances psychoactives et la sexualité des adolescents. L’utilisation de l’alcool dans les relations de fréquentation est associée positivement à la fréquence des activités sexuelles (Cooper & Orcutt, 1997) et aux comportements sexuels à risque tant chez les Canadiens, les Américains que les Français (Cooper, 2002 ; Godeau et al., 2008 ; Ross & Williams, 2001). En effet, 50 % des adolescents canadiens ont eu des relations sexuelles alors qu’ils avaient consommé une substance (Cantin, 1998). D’ailleurs, les adolescents qui consomment plus d’alcool et de drogues que les autres jeunes déclarent avoir eu des relations sexuelles plus tôt dans leur vie (Aro & Taipale, 1987). En France, la précocité sexuelle est plus fréquente chez les adolescentes qui déclarent avoir consommé du cannabis (30,5 % contre 8,9 % ; Godeau et al., 2008).
8La consommation d’alcool aurait un impact sur la décision d’avoir des relations sexuelles, et ce, particulièrement dans le cas des premiers rapports sexuels (Cooper, 2002). Les jeunes femmes de 14-15 ans déclarent se sentir plus attirantes sous l’effet de l’alcool que lorsqu’elles sont sobres (Suvivuo, Tossavainen, & Kontula, 2007). Leur capacité d’évaluation du partenaire est également affectée par l’effet de l’alcool. L’alcool les ferait se sentir plus courageuses, plus sociables et plus entreprenantes. La consommation de substances influence la durée des relations et le nombre de partenaires sexuels. Les relations amoureuses adolescentes sont moins stables que les relations amoureuses adultes et l’association avec la consommation de substances augmente significativement les risques de rupture (Rostosky, Galliher, Welsh, & Kawaguchi, 2000). La précocité sexuelle chez les jeunes filles serait reliée à la consommation d’alcool avant 12-13 ans (Statistique Canada, 2005). Les adolescentes françaises qui rapportent deux épisodes ou plus d’ivresse sont prédisposées à être précoces sexuellement (38 % pour les adolescentes précoces contre 9 % chez celles n’étant pas précoces ; Godeau, et al., 2008). La consommation de substances psychotropes a également été liée à la précocité sexuelle des adolescents américains et français (Capaldi et al., 2002 ; Godeau et al., 2008). Il apparaît établi que la consommation de substance est un facteur prédisposant aux comportements sexuels à risque. Il faut donc examiner de plus près comment la consommation de substances et la personnalité peuvent mener à la précocité sexuelle et au nombre élevé de partenaires sexuels.
Consommation de substances, relations amoureuses et personnalité
9Il existe un très petit nombre d’études montrant que la consommation de substances est reliée à la personnalité dans le contexte des relations sexuelles adolescentes. Aussi, des jeunes filles de 12-13 ans ayant déjà atteint la puberté, celles ayant une image de soi faible (névrotisme élevé) et celles ayant déjà consommé de l’alcool ou du tabac sont plus susceptibles que les adolescentes ne présentant pas ces caractéristiques, de déclarer, à 14 ou 15 ans, avoir amorcé leur vie sexuelle (Statistique Canada, 2005). Par ailleurs, chez les garçons de 12-13 ans, ceux ayant une image de soi forte (névrotisme faible), ceux ayant déjà fait usage de tabac sont plus susceptibles que les adolescents ne présentant pas ces caractéristiques, de déclarer, à 14 ou 15 ans avoir amorcé leur vie sexuelle (Statistique Canada, 2005). L’impulsivité (une conscience faible) serait associée à une plus grande consommation d’alcool et à une fréquence plus élevée d’événements où il y a consommation d’alcool (Bates & Labouvie, 1995 ; Colder & Chassin, 1997). Ce trait s’accompagne d’une recherche de sensations fortes, de nouvelles expériences et à l’excitation (dont les relations sexuelles précoces) (Buss & Plomin, 1984) de même qu’à une personnalité plus extravertie (Barrett & Patton, 1983). Les résultats de recherches méta-analytiques révèlent toutefois la présence de liens significatifs entre la consommation et les traits de personnalité. La consommation de substances psychoactives y est associée à des taux élevés de névrotisme et d’antagonisme (i.e., amabilité faible) tout comme à une forte propension à être consciencieux. Toutefois, elle n’est pas liée à l’extraversion ou à l’ouverture (Kotov, Gamez, Schmidt, & Watson, 2010 ; Malouff, Thorsteinsson, Rooke, & Schutte, 2007 ; Ruiz, Pincus, & Schinka, 2008).
10Bien que ces études soient intéressantes, elles sont embryonnaires et elles ne traitent pas des liens entre la consommation de substances psychoactives, la précocité sexuelle, le nombre de partenaires et les traits de personnalité à l’adolescence. Dans ce contexte, il devient intéressant de vérifier simultanément le rôle de l’ensemble des traits personnalité et de la consommation d’alcool pour expliquer la précocité des relations sexuelles et le nombre de partenaires sexuels rencontrés depuis le début de leur vie sexuelle active chez des adolescents et adultes émergents. Plus particulièrement, la présente étude se propose, dans un premier temps, de vérifier si le névrotisme, l’extraversion, l’ouverture, l’amabilité et la conscience prédisent certains comportements sexuels à risque, notamment l’âge lors des premières relations sexuelles et le nombre de partenaires sexuels. Dans un second temps, la présente recherche vise à déterminer si la consommation de substances peut expliquer le lien entre les dimensions de la personnalité et les comportements sexuels à risque. Compte tenu des différences sexuelles observées précédemment, les modèles testés tiendront compte des disparités de genre.
Méthode
Participants et procédure
11L’échantillon est composé de 1 553 participants dont 1 062 femmes et 468 hommes âgés entre 16 ans et 20 ans. L’âge moyen des participants est de 18, 21 ans (ET = 2,54 ans). Certains participants (n = 23) n’ont pas mentionné leur sexe. Les participants ont un revenu moyen de 5 375 $ (ET = 4 431,22 $) et ils possèdent en moyenne 11,58 années de scolarité (ET = 1,31 ans). Au plan des relations amoureuses, ils se seraient jusqu’au moment de l’étude, engagés dans 1,69 relations amoureuses (ET = 1,32 relations). Près de 15 % d’entre eux déclarent ne jamais avoir été en relation de manière sérieuse alors que près d’un participant sur deux mentionne avoir eu une ou deux relations amoureuses sérieuses. Sur le plan de leur statut civil, 6 sont mariés, 78 sont en relation de cohabitation, 727 d’entre eux fréquentent leur partenaire sans cohabiter avec lui et 736 sont sans partenaire actuellement. Quant aux relations sexuelles, 1 098 participants ont déjà eu leur première relation sexuelle (soit 70 % de l’échantillon).
12Les participants sont recrutés sur une base volontaire dans les institutions scolaires secondaires, collégiales et universitaires de la région du Centre-du-Québec. Ils doivent remplir un questionnaire d’une durée d’environ une heure et le retourner par la poste dans une enveloppe préaffranchie. Une compensation de cinq dollars canadiens leur est ensuite remise. Les taux de retour des questionnaires complétés se situent entre 70 et 80 %.
Instruments de mesure
13Les participants doivent répondre à une batterie de questionnaires portant sur leur personnalité, leur consommation d’alcool et de drogues et leur histoire sexuelle. La personnalité est mesurée par le NEO-FFI (NEO Five Factor Model « FFI » Forme S, Costa & McCrae, 1988, traduit en français par Sabourin & Lussier, 1991). Cet instrument mesure la personnalité selon cinq échelles, soit le névrotisme, l’extraversion, l’amabilité, l’ouverture et la conscience, à l’aide de 60 items (12 items par échelle). Chacun de ces cinq traits est évalué sur un continuum. Ce continuum se divise en trois sections représentant les individus qui possèdent faiblement ce trait, ceux qui l’expriment d’une façon moyenne (qui correspond à la normale) et ceux qui le manifestent fortement. Le névrotisme correspond à la stabilité émotionnelle des individus, en d’autres mots, à sa capacité d’adaptation face au stress. Il renvoie aussi à la propension de l’individu à vivre de la détresse. L’extraversion, pour sa part, réfère à la préférence de l’individu à s’impliquer activement et intensément dans ses relations interpersonnelles ainsi qu’à démontrer une certaine assurance personnelle. L’ouverture, quant à elle, correspond à la tendance plus ou moins forte de l’individu à se tourner vers son monde intérieur, à posséder une gamme émotionnelle large et à démontrer une ouverture aux valeurs et aux idées nouvelles. L’amabilité est liée aux habilités interpersonnelles que possède un individu comme par exemple sa capacité à se montrer empathique aux autres et à valoriser l’entraide (Costa & McCrae, 1992). Finalement, la conscience réfère au contrôle de ses impulsions et de ses émotions. La conscience est associée également au processus de planification, d’organisation et d’exécution d’une tâche (Costa & McCrae, 1992). Le questionnaire propose aux participants une échelle Likert en cinq points leur permettant de se situer sur les différentes caractéristiques de personnalité. Cette échelle varie de totalement en désaccord avec l’énoncé jusqu’à totalement d’accord avec l’énoncé, le point central correspondant à « à la fois vrai et faux ». La cohérence interne de ce questionnaire est de l’ordre de 0,86 pour le névrotisme, de 0,77 pour l’extraversion, de 0,73 pour l’ouverture, de 0,68 pour l’amabilité et de 0,81 pour la conscience (Costa & McCrae, 1992). Les coefficients alpha de Cronbach pour la présente étude sont de 0,83 pour le névrotisme, de 0,75 pour l’extraversion, de 0,68 pour l’ouverture, de 0,70 pour l’amabilité et de 0,81 pour la conscience. Dans la présente étude, le facteur latent « Personnalité » est créé à partir des cinq dimensions définies par le questionnaire utilisé, soit les sous-échelles de névrotisme, extraversion, ouverture, amabilité et de conscience. Les scores bruts de l’échelle Likert sont utilisés. Ce sont ces cinq scores qui sont utilisés dans les analyses d’équations structurelles. Chacune de ces cinq sous-échelles sera mesurée en regroupant les 12 items qui la composent en trois scores composites de quatre items.
14La consommation d’alcool et de drogue est mesurée à l’aide de trois questions vérifiant la fréquence de consommation de boissons alcoolisées, de drogues douces et de drogues dures. Les participants répondent à ces questions à l’aide d’une échelle Likert proposant les choix jamais, une fois par mois ou moins, deux à quatre fois par mois, 2 à 3 fois par semaine, quatre fois par semaine ou plus. L’échelle Likert de ces items a été conservée pour les analyses. Le facteur Consommation est constitué de ces trois questions sur la fréquence de consommation représentant chacune un indicateur de ce facteur.
15Les comportements sexuels à risque des jeunes sont évalués à partir de deux critères, soit l’âge où les participants ont eu leur première relation sexuelle consentante et le nombre de partenaires sexuels qu’ils ont eu jusqu’à maintenant. Ces deux variables sont traitées comme des variables continues. Pour les analyses d’équations structurelles seulement, le facteur « Comportements sexuels à risque » comprend ces deux questions représentant chacune un indicateur. La variable nombre de partenaires sexuels a été recodée à l’inverse pour assurer la cohérence du facteur.
Résultats
Analyses descriptives
16Au moment de l’enquête, 70 % des participants rapportent avoir déjà vécu leur première expérience sexuelle. Ces analyses révèlent aussi qu’en appliquant les critères de Garriguet (2005), 7 % des participants déclarent avoir eu leur première relation sexuelle précocement, soit avant l’âge de 14 ans. Finalement, trois participants sur dix ont eu leur première relation sexuelle autour de la moyenne nationale (entre 14 et 15 ans, selon Garriguet, 2005) alors que le dernier tiers a connu cette expérience après l’âge de 16 ans. Au sein du présent échantillon, l’âge moyen lors de la première relation sexuelle se situe à 15,31 ans (ET : 1,47 ans).
17La distribution de l’échantillon indique que 30 % des participants n’ont pas encore eu de partenaires sexuels, que 27 % des participants n’ont eu qu’un seul partenaire sexuel à ce jour alors que 15 % d’entre eux rapportent avoir eu deux partenaires. Les pourcentages de participants déclarant 3 partenaires, 4 à 5 partenaires et plus de 5 partenaires s’élèvent respectivement à 9 %, 9 % et 10 %. Le nombre moyen de partenaires sexuels au sein de l’ensemble de l’échantillon s’élève à 3,15 (ET : 3,41).
18La fréquence de consommation des différents types de substances par les participants montrent que l’alcool est la substance la plus consommée. Seulement 9 % des personnes sondées déclarent n’avoir jamais consommé d’alcool alors que 37 % rapportent en avoir consommé une fois par mois ou moins et 44 % d’entre eux mentionnent en avoir consommé entre deux à quatre fois par mois. Seulement 10 % des participants révèlent avoir une consommation d’alcool hebdomadaire (8 % deux à trois fois semaine et 2 % quatre fois ou plus). Quant aux drogues douces (p. ex. la marijuana ou le hachisch), 61 % des participants mentionnent ne jamais avoir fait usage de ces substances tandis que 23 % les utilisent une fois ou moins par mois, et que 7 % en font usage de deux à quatre fois par mois. Près de 10 % des répondants consomment des drogues douces de façon hebdomadaire (3 % deux à trois fois semaine et 6 % quatre fois ou plus). Au niveau des drogues dures (p. ex., la cocaïne, l’héroïne ou l’ecstasy), neuf participants sur dix n’en ont jamais consommées (91 %) tandis que 8 % d’entre eux en font usage mensuellement (6 % une fois par mois ou moins et 2 % entre deux à quatre fois par mois) et 0,4 % hebdomadairement (0,3 % deux à trois fois semaine et 0,1 % quatre fois ou plus).
19Aux cinq dimensions de la personnalité soit le névrotisme, l’extraversion, l’ouverture, l’amabilité et la conscience, des participants ont obtenu les moyennes et les écarts types suivants : 22,46 (ET = 7,84), 31,49 (ET = 6,15), 27,12 (ET = 6,39), 32,45 (ET = 5,56) et 33,22 (ET = 6,72).
20Les corrélations entre les variables relatives à la sexualité, à la personnalité et à la consommation de substances (somme de la consommation de boissons alcoolisées, de drogues douces et de drogues dures) présentées au Tableau 1 permettent de constater que l’extraversion est reliée significativement et positivement à la consommation de substances, alors que l’amabilité et la propension à être consciencieux y sont reliées négativement. L’extraversion est reliée positivement au nombre de partenaires sexuels, alors que l’amabilité y est reliée négativement. L’extraversion est aussi reliée négativement à l’âge lors de la première relation sexuelle. La consommation de substances est reliée négativement à l’âge lors de la première relation sexuelle et positivement au nombre de partenaires sexuels.
Corrélations entre les dimensions de la personnalité, la consommation de substances psychoactives et les comportements sexuels à risque des participants
Corrélations entre les dimensions de la personnalité, la consommation de substances psychoactives et les comportements sexuels à risque des participants
*p < 0,05. **p < 0,01. *** p < 0,001.Modèle d’équations structurelles
21Les résultats de l’analyse d’équations structurelles sont présentés à la Figure 1. Les indices d’ajustement indiquent que le modèle théorique des relations entre la personnalité, la consommation de substances psychoactives et les comportements sexuels à risque constitue une représentation acceptable des relations entre les variables (CFI = 0,90; NNFI = 0,87; RMSEA = 0,06; S-B ?2/dl = 5,08). En effet, Hu et Bentler (1999) mentionnent qu’un indice d’ajustement comparatif (CFI, Comparative fit indice) de 0,90 et plus indique un ajustement adéquat du modèle, alors que des valeurs de 0,95 et plus sont idéales. Le ratio ?2/dl entre 1 et 5 représente un bon ajustement du modèle, alors que dans la présente étude il dépasse légèrement cet intervalle (Jöreskog & Sörbom, 1993 ; Schumacker & Lomax, 2004). Toutefois, le test du ?2 est souvent considéré moins crucial en raison de sa sensibilité à la grande taille d’un échantillon, ce qui peut à tort conduire au rejet du modèle (Tomarken &Waller, 2003). Une valeur de l’erreur par la méthode des carrés moyens (RMSEA, root mean square error of approximation ; Steiger, 2007) égale ou inférieure à 0,05 est un bon indice de l’adéquation du modèle, alors que des valeurs entre 0,05 et 0,08 indiquent que le modèle estimé constitue une représentation modérément adéquate des données (Browne et Cudeck, 1993), ce qui est le cas ici.
Modèle d’équations structurelles de la relation entre la personnalité, la consommation de substances psychoactives et les comportements sexuels à risque chez l’ensemble de l’échantillon
Modèle d’équations structurelles de la relation entre la personnalité, la consommation de substances psychoactives et les comportements sexuels à risque chez l’ensemble de l’échantillon
Légende: Al = alcool; Dou = drogues douces; Dur = drogues dures; Cpts sexuels = Comportements sexuels à risque – une cote faible traduit un engagement élevé dans des comportements sexuels à risque; Np = Nombre de partenaires sexuels.Note. Les corrélations entre les cinq traits de personnalité sont significatives (variant entre -.45 et .42, sauf celle entre l’extraversion et l’ouverture (.04) et entre l’ouverture et la conscience (-.05).
22L’examen du modèle de mesure montre que tous les indicateurs sont significativement reliés à leur facteur d’appartenance. En ce qui a trait aux liens acheminatoires (path coefficients) entre les variables, un premier modèle de relations directes entre la personnalité et les conduites sexuelles à risque est d’abord examiné (CFI = 0,90; NNFI = 0,87; RMSEA = 0,06; S-B ?2/dl = 7,28). Ce modèle explique 7 % de la variance entre les variables. L’extraversion élevée (? = -.259, p < .05) et l’amabilité faible (? = .228, p < .05) sont reliées à des conduites sexuelles à risque (une cote faible indique un jeune âge lors de la première relation sexuelle et un nombre élevé de partenaires sexuels, ce qui traduit un engagement élevé dans des comportements sexuels à risque). Ensuite, un second modèle de liens directs entre la personnalité et la consommation est évalué (CFI = 0,90; NNFI = 0,87; RMSEA = 0,06; S-B ?2/dl = 6,65). Ces analyses expliquent maintenant 18 % de la variance. Alors que l’extraversion (? = .246, p < .05) et l’ouverture (? = .088, p < .05) sont associées à une consommation élevée de substances, l’amabilité (? = -.220, p < .05) et la conscience (? = -.227, p < .05) prédisent une consommation plus faible.
23Enfin, le modèle médiationnel entre les traits de personnalité, la consommation de substances psychoactives et les comportements sexuels à risque est estimé. Ce modèle, illustré à la Figure 1, possède des indices d’ajustement modérés même en utilisant la méthode robuste d’estimation étalonnée du ?2 de Satorra-Bentler (1994) (CFI = 0,90; NNFI = 0,87; RMSEA = 0,057; ?2/ dl = 5,84). Dans ce modèle, la personnalité explique 18 % de la variance de la consommation de substances alors que la personnalité et la consommation expliquent conjointement 40 % de la variance de la sexualité des jeunes. Ainsi, plus l’extraversion est élevée et plus l’amabilité et la conscience sont faibles et plus la consommation de substances est forte. En retour, plus cette consommation est forte et plus les conduites sexuelles à risque augmentent. Cependant, il ne s’agit là que d’une médiation partielle puisque deux effets directs subsistent. En effet, en plus de se répercuter sur les conduites sexuelles à risque par l’intermédiaire de la consommation de substances, la relation entre l’extraversion et les comportements sexuels ne s’explique pas uniquement par une augmentation de la consommation de substances. D’autres composantes de l’extraversion expliquent la précocité sexuelle et le nombre plus élevé de partenaires. Au surplus, alors que, dans le premier modèle d’effet direct estimé, la conscience n’entretenait aucun lien direct avec les conduites sexuelles, lorsque son effet est estimé dans le contexte du modèle médiationnel, l’effet direct de la conscience émerge clairement. Qui plus est, le coefficient exprimant cet effet est maintenant négatif. C’est donc dire que la conscience entretient un lien indirect et non médiationnel avec les conduites sexuelles à risque. La relation directe entre la conscience et les comportements sexuels se présente comme un effet suppresseur (certains parlent plutôt de médiation inconsistante (MacKinnon, Krull, & Lockwood, 2000). En effet, la soustraction de l’effet total indirect (effet conjoint en valeur absolue de la conscience sur la consommation de la substance et de la consommation sur la sexualité : ? = -0.277 × -0.642 = .177) et de l’effet direct de la conscience sur la sexualité (? = -.177) donne une valeur de zéro. Cet effet suppresseur ne peut donc pas être interprété pour l’instant comme un effet théorique substantiel.
24Puisque plusieurs chercheurs rapportent des différences sexuelles sur certaines de ces variables, l’invariance des modèles selon le genre des participants est examinée. Le test de différence du khideux corrigé de Satorra –Bentler entre le modèle de base et celui contenant les contraintes d’égalité entre les genres indique la présence de différences significatives entre les hommes et les femmes (?x2(19) = 32,77, p = 0,026). Chez les femmes, le modèle final diffère du modèle estimé auprès de l’ensemble de l’échantillon en ce sens qu’il ne comprend plus l’effet direct de l’extraversion sur leur sexualité. Ce modèle possède des indices d’ajustement satisfaisants (CFI= 0,90, NNFI= 0,87, RMSEA=0,057, ?2 /dl = 4,35). Il explique 42 % de la variance des comportements sexuels à risque des jeunes femmes. Chez les hommes, ce sont l’effet direct de l’extraversion et l’effet indirect de l’amabilité sur les comportements sexuels via la consommation de substances qui disparaissent. Ce modèle possède des indices d’ajustement modérés (CFI= 0,89, NFI= 0,83, RMSEA=0,059, CI, 0,051 0,066, ?2 /dl =375,17/149 = 2,52). Il explique 35 % de la variance des comportements sexuels à risque des répondants.
Discussion
25Au sein du présent échantillon, la prévalence des relations sexuelles précoces s’établit à 7 % et cette précocité est associée à un nombre élevé de partenaires sexuels. Ces chiffres confirment ceux des études précédentes (Garriguet, 2005 ; Rotermann, 2005, 2008) et ils ont d’importantes répercussions en matière de santé publique. La précocité des premiers contacts sexuels et le nombre de partenaires sexuels se répercutent sur la santé mentale et physique des adolescents et des jeunes adultes (Bingham & Crockett, 1996 ; Jamieson & Wade, 2011). Nos résultats vont plus loin et ils sont originaux parce qu’ils mettent aussi en relief la nécessité d’enrichir les conceptions sociologiques contemporaines des déterminants de la sexualité à l’adolescence et au début de l’âge adulte (Collins et al., 2003 ; Laden L’Engel, Brown, & Kenneavy, 2006 ; Rotermann, 2005, 2008). Ces conceptions sociologiques sont soutenues par un ensemble de données probantes, qu’il s’agisse de l’hypersexualisation ou de la production de masse de la pornographie. Nos résultats montrent l’importance de considérer un modèle psychologique complexe du développement de la sexualité à l’adolescence qui devra être juxtaposé aux théories sociologiques. Ce modèle rend compte des conduites sexuelles à risque en invoquant une constellation de traits de personnalité dont l’influence se fait sentir selon deux vecteurs explicatifs complémentaires.
26Le premier vecteur d’influence de la personnalité sur la sexualité adolescente emprunte une voie indirecte qui semble plus robuste que la voie directe. Elle met en cause la consommation de substances psychoactives. Ce lien indirect implique trois des cinq traits de personnalité – l’extraversion, l’amabilité et la conscience – qui déterminent la consommation de substances qui elle, en retour, explique les comportements sexuels des individus. Les répercussions de la consommation de substances sur la sexualité des jeunes sont déjà bien documentées (Boislard-Pépin & Poulin, 2011 ; Capaldi, et al., 2002 ; Godeau et al., 2008 ; Guo et al., 2002). Toutefois, l’identification des bases personnologiques de cette équation constitue une contribution notable et elle mène à une complexification des modèles psychologiques du développement de la sexualité à l’adolescence. Dans le cas présent, ce développement semble orienté par l’équilibre de l’impulsivité. En effet, deux des trois traits de personnalité impliqués, l’extraversion et la conscience, sont saturés d’impulsivité. L’extraversion renvoie aux aspects affectifs de l’impulsivité et elle est guidée par la recherche de sensations fortes et par le désir impératif de célébrer les événements biographiques positifs (Costa & McCrae, 1992). La conscience, à de faibles niveaux, fait référence aux dimensions cognitives de l’impulsivité, c’est-à-dire à l’incapacité d’organiser ses conduites et à une insouciance chronique (Costa & McCrae, 1992). Ces deux formes distinctes d’impulsivité prédiraient les conduites sexuelles via la consommation de substances psychoactives qui représente une manifestation comportementale d’impulsivité. Dans ce contexte, il semble se former, chez les adolescents et les jeunes adultes, une chaîne de réactions affectives, cognitives et comportementales qui se juxtaposent pour déclencher une réponse sexuelle précoce et, éventuellement, diversifiée. Ces données sont robustes, et puisque les traits de personnalité en cause possèdent des fondements neurobiologiques établis (Barrett & Patton, 1983 ; Clancy & Dollinger, 1993 ; Trobst, Wiggins, Costa, Herbst, McCrae, & Master, 2000), il est possible de conclure que les conduites sexuelles à risque ne résultent pas uniquement de normes sociales fortement médiatisées. L’affaiblissement des processus décisionnels se juxtapose à un fort besoin de stimulation émotionnelle positive pour désinhiber les conduites sexuelles chez l’adolescent. Le troisième trait, l’amabilité, se manifeste par la tendance à éprouver des émotions sociales telles que l’empathie (amabilité élevée) ou l’égocentrisme (amabilité faible). À des doses élevées, l’amabilité se traduit par l’altruisme, la droiture et la bienveillance à l’égard d’autrui. Elle mène ici à une plus faible consommation de substances psychoactives et constitue un facteur de protection qui réduit les risques de précocité sexuelle et la quantité de partenaires.
27Le deuxième vecteur explicatif trace une voie directe de l’extraversion à la précocité des rapports sexuels et à l’augmentation de la quantité de partenaires sexuels. C’est donc dire qu’au-delà des effets indirects de l’extraversion qui se répercutent sur la sexualité adolescente via la consommation de substances, ce trait agit aussi directement sur les conduites sexuelles adolescentes. L’effet direct de l’extraversion ne surprendra pas. L’extraversion constitue le trait de personnalité le plus souvent relié à la sexualité adulte (Cooper, Agocha, & Sheldon, 2000 ; Engel, Olson, & Patrick, 2002) et nous montrons ici qu’il en va de même chez l’adolescent et le jeune adulte. Les effets de l’extraversion sur la sexualité se font donc sentir très tôt. Ces effets ne se font pas uniquement sentir par une hausse de l’impulsivité, via la consommation d’alcool et de drogues. L’extraversion réfère aussi à une aisance sociale et une recherche de contacts interpersonnels qui se manifestent aussi dans le domaine de la sexualité. Ce lien supplante probablement les effets de l’ouverture et du névrostisme qui ne sont pas reliés, ni directement, ni indirectement, à la sexualité à risque. Ces liens étaient aussi équivoques dans la documentation (Hoyle et al., 2000 ; Miller et al., 2004 ; Schmitt, 2004 ; Turchik et al., 2010). Les conceptions théoriques traitant de l’influence de ces traits sur la sexualité des jeunes adultes doivent être revues car empiriquement, la sensibilité et la vulnérabilité émotionnelle, ainsi que l’ouverture et la curiosité à l’égard de nouvelles expériences ne semblent pas conduire à une propension plus grande à consommer des substances, ni à des expériences sexuelles précoces, avec plus de partenaires. Il faut aussi retenir que la force du lien direct entre l’extraversion et la sexualité à risque est faible, puisqu’il n’est plus significatif lorsque les garçons et les filles sont analysés séparément. Il semble que la contribution de l’extraversion passe davantage par des variables intermédiaires comme la consommation de substances. D’autres études devront comparer les effets directs et indirects de l’extraversion. En revanche, la relation directe entre la conscience et les comportements sexuels semble se présenter comme un effet suppresseur qui est difficilement interprétable pour l’instant, à moins que ces effets émergent à nouveau lors d’études futures (Paulhus, Robins, Trzesniewski, & Tracy, 2004).
28Ces résultats se particularisent légèrement selon le sexe de l’individu. De façon générale, tant chez les femmes que chez les hommes, les conduites sexuelles précoces s’expliquent par l’action directe des traits de personnalité mais aussi par une action indirecte de ces traits sur la consommation de substances psychoactives. De plus, dans les deux cas, l’action directe de l’extraversion sur la sexualité disparaît. Les disparités sexuelles émergent à propos de l’amabilité dont l’effet indirect sur la sexualité via une plus faible consommation de substances psychoactives disparaît pour les hommes. Il est difficile pour l’instant de déterminer si ces effets s’affaiblissent à cause d’une perte de puissance statistique ou parce qu’il existe de réelles différences sexuelles que de futures études viendront soutenir.
29La taille considérable de l’échantillon recruté, la rigueur des analyses statistiques utilisées et le recours aux modèles d’équations structurelles pour tester les modèles théoriques proposés constituent des éléments positifs de la présente étude. Toutefois, il faut mentionner que, dans notre étude, les analyses d’équation structurelles sont appliquées à des données transversales. Les relations observées entre la personnalité, la consommation de substances et la sexualité ne doivent donc pas être interprétées comme des relations causales. De plus, les coefficients d’ajustement obtenus pour les modèles sont dans l’ensemble modérés. Il faudra examiner la pertinence scientifique de modèles incluant d’autres variables médiatrices ou modératrices. Par exemple, il serait intéressant d’emprunter à la théorie de l’attachement adulte, qui a été appliquée avec succès en matière de sexualité (Brassard, Shaver, & Lussier, 2007). Il apparaît également primordial d’étudier des modèles présentant à la fois des variables sociologiques (p. ex., l’hypersexualisation) et des variables psychologiques, ce qui permettrait d’identifier leurs contributions respectives. Ceci conduirait à une meilleure compréhension des rôles de chacun de ces groupes de facteurs et mènerait ainsi à un portrait plus réaliste et complet des comportements sexuels à risque. Chez l’adolescent, la personnalité se transforme assez rapidement et l’utilisation de protocoles longitudinaux multipliant les prises de mesure pourrait aider à mieux circonscrire le développement des relations sexuelles chez ces jeunes. D’autres déterminants psychologiques de la sexualité des jeunes méritent aussi d’être examinés : l’attachement aux parents, la communication parents-enfants, la présence d’événements traumatiques (abus sexuel, violence, intimidation, etc.) et l’estime de soi.
30Enfin, il faut préciser que la désirabilité sociale pourrait constituer un biais dans les réponses des adolescents et des jeunes adultes. Cette remarque vaut particulièrement pour les variables liées à la sexualité des individus. La précocité des relations sexuelles et le nombre de partenaires sexuels constituent en effet des informations personnelles et sociales sensibles. Malheureusement, dans la présenté étude, ce biais de réponse n’a pas été contrôlé. Selon Alexander et Fisher (2003), la désirabilité sociale est atténuée quand les questionnaires auto-administrés sont remplis de façon anonyme. Ceux-ci questionnaient les participants sur leur sexualité, notamment sur le nombre de partenaires sexuels et l’âge lors de leur première relation sexuelle afin de vérifier l’effet de la désirabilité sociale sur les réponses à ces questions. Les participants répondaient à un questionnaire auto-administré et ils étaient exposés à l’une des trois conditions suivantes ; soit une condition sous détecteur de mensonge, une autre dans une pièce isolée où les participants ne pouvaient pas être dérangés et finalement, dans une pièce publique où leurs réponses pouvaient être vues. En ce qui concerne l’âge lors des premières relations sexuelles, les résultats de cette expérience révèlent des différences significatives dans le patron de réponse uniquement lorsque les questionnaires sont complétés en public. Au plan du nombre de partenaires sexuels, Alexander et Fisher rapportent que les différences dans le patron de désirabilité sociale ne sont substantielles que dans la condition publique. Ils notent toutefois de légères différences dans la désirabilité sociale entre la condition anonyme et la condition détecteur de mensonge. Dans leur conclusion, les auteurs recommandent aux chercheurs qui souhaitent sonder la vie sexuelle des individus, l’utilisation de questionnaires anonymes. On peut considérer que la condition d’anonymat est en grande partie respectée dans la présente étude. En effet, les participants répondaient au questionnaire à la maison. La consigne leur intimait également de le faire seul. De plus, en signant le formulaire de consentement, il leur était mentionné que celui-ci serait détaché et conservé sous clé et qu’un code serait attribué à leur questionnaire de sorte que personne ne pourrait reconnaître leur identité. Alexander et Fisher mentionnent également que les femmes semblent plus affectées par la désirabilité sociale que les hommes. Ces différences sexuelles devront retenir l’attention des spécialistes.
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Mots-clés éditeurs : jeunes adultes, personnalité, adolescence, sexualité à risque, consommation de substances
Mise en ligne 09/10/2014