L’actualité de la recherche sur le sentiment de justice
1Dans les années soixante, les recherches de Homans (1961), Blau (1964) et Adams (1965), en même temps qu’elles s’appuyaient sur toute une tradition psycho-sociale, (notamment les théories de l’échange sociale, de la comparaison sociale ou de la dissonance cognitive), ont permis au concept de justice de devenir un champ d’étude à part entière. Depuis, les formalisations théoriques n’ont cessé de se développer pour atteindre aujourd’hui un niveau de complexité et de richesse assez impressionnant, aussi bien dans l’analyse des processus sous-tendant ce phénomène que dans l’observation des conséquences affectives, attitudinales et comportementales de celui-ci (Gilliland, Steiner & Skarlicki, 2001 ; Greenberg & Cropanzano, 2001). Avec la justice distributive, les psychologues sociaux s’intéressent aux règles normatives appliquées dans la distribution ou dans l’allocation de ressources. Ces ressources peuvent prendre des formes variées allant de biens matériels (e.g., salaires.) aux bénéfices psychologiques (e.g., gratification sociale). Les bénéficiaires de ces ressources peuvent être des individus, des groupes mais aussi des organisations. On distingue 3 règles auxquelles les individus se réfèrent pour distribuer les biens, ou pour juger de la justesse de cette distribution. D’abord, la règle des besoins. Un bien est distribué à la personne ou au groupe qui en a le plus besoin. Ensuite la règle de proportionalité ou de mérite : celui qui a le plus contribué à la production d’un bien particulier doit recevoir le plus en retour. Enfin la règle d’égalité : toutes les personnes sont récompensées également, quelle que soit leur contribution.
2Dans leurs avancées théoriques, les chercheurs ont montré, dépassant les conceptions dominantes de la théorie de l’équité sur la distribution des ressources (Adams, 1965), que les individus ne sont pas seulement sensibles, en termes de justice et d’injustice, à l’équilibre entre leurs gains et leurs investissements, comparativement à autrui, mais aussi à la justice procédurale, c’est à dire à la manière dont la distribution de ces ressources est réalisée (Thibaut & Walker, 1975). L’effet « voix » est ainsi le processus le plus robuste et le plus documenté de la littérature dans le domaine de la justice procédurale (Price, Hall, van den Bos, Hunton, Lovett & Tippet, 2001). Cet effet qui consiste à donner la possibilité aux individus d’exprimer leur point de vue sur une décision légale ou managériale, a pour principale conséquence d’augmenter le niveau d’acceptabilité de la décision lorsqu’elle comporte des éléments négatifs tels qu’une sous rétribution. A cet effet s’ajoutent les six critères de Leventhal (1980) qui concernent toujours la manière dont les autorités prennent leurs décisions : absence de biais, possibilité de revenir sur une décision, prise en compte de tous les éléments pertinents, application identique des procédures, éthique et utilisation d’informations exactes. Quel statut psychologique a l’ensemble de ces informations pour l’individu ? Le fait que les relations entre l’équité (distribution des ressources) et la justice procédurale revêtent la forme d’une interaction (c’est seulement lorsque la justice distributive est basse que les procédures justes ont un effet), a amené les chercheurs à évoquer la présence d’heuristiques de justice chez les individus (Brockner & Wiesenfeld, 1996 ; Flint & Hernandez-Marrero, 2004). Autrement dit, lorsqu’une décision vient briser une règle de la justice distributive, les individus se servent des procédures comme d’une heuristique sociale leur permettant de savoir si la décision est finalement juste ou pas. Dans cette ligne de recherche, les travaux en laboratoire de Van den Bos & Lind (2002) et de van den Bos, Lind & Wilke (2001) mettent bien en évidence que c’est dans un contexte d’incertitude que la justice procédurale obtient le plus d’effet. La fréquente opacité dans laquelle les décisions sont prises au sein des organisations donne un relief particulier à ce type de justice comme en témoigne la recherche de Van den Bos, Heuven, Burger et van Veldhuizen, présentée dans ce numéro spécial. Dans le prolongement de la justice procédurale, deux lignes de recherche occupent une place centrale dans le domaine. Il s’agit d’une part de la justice interactionnelle ou relationnelle (Bies & Moag, 1986) qui correspond au traitement interpersonnel appliqué par le détenteur d’une autorité (dignité et respect) et le modèle de la valorisation des groupes (Lind & Tyler, 1988 ; Tyler & Lind, 1992) qui postule que nous sommes sensibles à un traitement juste parce qu’à travers celui-ci nous nous sentons reconnus et valorisés en tant que membre d’un groupe au sein d’une communauté. Ces deux modèles ont une importance particulière dans le sens de la compréhension et de la prédiction des comportements des individus et des groupes face aux décisions politiques et managériales (Tyler, Rasinsky & Mc Graw, 1985 ; Tyler, 1990 ; Tyler & Huo, 2002). Mais à quoi se réfèrent les individus pour évaluer leurs résultats comme justes ou injustes et quel processus psychologique est mis en place à cette occasion ? Dans les recherches sur la réciprocité on distingue les comparaisons interpersonnelles avec des autruis significatifs (e.g., suis-je aussi bien traité qu’eux ?) et les comparaisons intra-individuels, avec des standards personnels (Schaufeli discute de ces processus et de leurs mesures dans le quatrième article de ce numéro spécial). Dans le cas d’une rétribution injuste, le phénomène de comparaison sociale nous amènerait aussi à imaginer ce qui aurait pu ou dû se passer à la place de cet événement injuste. Cet exercice de simulation mentale ou de pensée contrefactuelle auquel nous nous livrons, consiste à procéder à une mutation entre des événements réels et d’autres qui auraient dû se passer à leur place. Le modèle des cognitions référentes (Folger, 1986) prédit ainsi que plus le nombre d’alternatives à une décision injuste est accessible plus le sentiment d’injustice sera élevé. Autrement dit la pensée contrefactuelle fonctionnerait ici comme un modérateur ou un amplificateur (selon le cas) du sentiment d’injustice. Enfin, dans notre quête de justice, sommes-nous toujours motivés par des buts utilitaires comme l’affirmaient les auteurs de la théorie de la justice procédurale (Thibaut & Walker, 1975) ou préoccupés par des questions de valorisation identitaire comme le postulent les auteurs du modèle de la valorisation des groupes (Tyler & Lind, 1992) ? Des recherches récentes montrent au contraire que dans certaines conditions nous rétablissons la justice ou nous appliquons des procédures justes sans chercher à en tirer un bénéfice quelconque mais simplement pour le plaisir d’éprouver ce que les auteurs nomment des « émotions déontiques » c’est-à-dire de type moral (Cropanzano, Byrne, Bobocel & Rupp, 2001 ; Turillo, Folger, Lavelle & Umphress, 2002. Cf. également l’article de Finkelstein, Oberlé et Gachenot dans ce numéro).
3Certains facteurs de contexte ou liés aux dispositions idiosyncrasiques des individus peuvent permettre de mieux comprendre le rôle de la justice, non seulement dans la vie organisationnelle, mais dans la vie sociale en général. Si on prend l’exemple des organisations, les individus sont placés dans différents contextes (travail d’équipe vs individuel, flexibilité, style de leadership, etc.) susceptibles de moduler les perceptions de justice et d’offrir ainsi une opportunité d’en mieux saisir ses effets. De même, certains traits dispositionnels peuvent influencer la manière dont les individus réagissent avec plus ou moins de force à l’injustice (Brockner, De Cremer, van den Bos & Chen, sous presse). C’est ainsi que Wanberg, Bunce & Gavin (1999) ont fait l’hypothèse que les personnes ressentant des émotions négatives de manière consistante dans le temps et au travers de leurs expériences ont plus de probabilité de percevoir les situations professionnelles comme injustes que les personnes ressentant des émotions positives de manière tout aussi consistante. Dans ce numéro spécial, Buunk et De Dreu explorent cette nouvelle voie de recherche dans un contexte particulier, celui des relations intimes. Plus précisément, ils s’intéressent au rôle de « l’orientation communautaire » par rapport au sentiment de justice au sein de couples.
4La culture est un autre facteur susceptible de guider les décisions des individus et leur comportements en matière de justice (e.g., Leung, Sue & Morris, 2001). Si on se réfère aux quatre dimensions culturelles établies par Hofstede (1980), pour le moins deux d’entre elles devraient influer sur les processus à la base de la perception de l’équité et sur ses conséquences. D’abord la dimension individualisme vs. collectivisme. Dans les cultures individualistes les personnes se perçoivent comme des agents autonomes, et leurs besoins et désirs priment sur ceux du groupe. Ici les individus sont plus influencés par les règles d’équité (Hofstede, 1980 ; Brislin, 1993). En revanche dans les cultures collectivistes, ce sont les liens interpersonnels et l’action collective qui sont privilégiés. Les besoins des individus sont subordonnés, voire sacrifiés pour satisfaire ceux du groupe. Ce dernier en retour, fournit assistance à ses membres qui se tournent davantage vers les règles d’égalité. Ensuite la dimension masculinité (succès dans sa carrière) vs. féminité (qualité de sa vie). Les cultures masculines mettent l’accent sur l’autonomie, l’affirmation de soi, le travail et la possesssion de biens. En revanche les cultures féminines soulignent la conscience sociale, les liens sociaux, la sympathie envers les personnes dans le besoin. L’égalité et les besoins devraient donc être privilégiés dans les cultures féminines comparativement aux cultures masculines. Dans ce numéro spécial, Steiner, Trahan, Haptonstahl et Fointiat abordent cette question à partir de comparaisons entre étudiants nord-américains et français.
5Comme on vient de le voir, sans chercher à être exhaustif, les avancées théoriques dans le domaine sont nombreuses. Ces avancées dans la recherche dite fondamentale ne doivent cependant pas occulter la non moins impressionnante production de recherches appliquées visant à tester la robustesse des effets obtenus en laboratoire sur une grande variété de situations sociales.
Les théories de la justice et les applications de la psychologie sociale : présentation des articles de ce numéro
6Dans ce numéro, nous n’avons pas cherché à mettre en avant une position théorique particulière, mais plutôt à rassembler des contributions illustrant les développements théoriques, méthodologiques et les applications actuels de ce champ de recherche.
7Dans le premier article, Finkelstein, Oberlé et Gachenot s’intéressent aux processus de rétribution dans les organisations. Si les décideurs ne dérogent pas entièrement à la règle d’équité, ils peuvent l’adoucir quand la décision est prise individuellement (vs. collectivement) et qu’une interaction avec le bénéficiaire est anticipée. De fait, les participants se livrent à un compromis entre la règle d’équité et la sensibilité aux émotions déontiques favorisant la discrimination positive. Toutefois, la prise en compte de la discrimination ne supprime pas la sensibilité au mérite. Elle dépend aussi d’une contribution plus élevée de la part de la personne discriminée. De ce point de vue, tout se passe comme si la générosité des individus se limitait à un mode de rétribution compensatoire.
8Dans le second article, Steiner, Trahan, Haptonstahl et Fointiat analysent la distribution des récompenses (allocation de fonds à des candidats à des postes de vacataires). Les besoins (souvent négligés dans les recherches sur l’allocation de bien), plus que le mérite, apparaissent comme les déterminants privilégiés des allocations de fonds. La justice est étudiée ici dans une perspective culturelle. Des étudiants français (qui appartiennent à une culture moins individualisante et plus « féminine »), comparativement aux étudiants nord américains (qui appartiennent à une culture individualiste et « masculine »), attribuent davantage d’allocations en se basant sur les règles de besoin et d’égalité. Ce processus s’observe à la fois en considérant la justice proactive, i.e., les récompenses allouées, et la justice réactive, i.e., les réactions des observateurs à ces allocations. Ces résultats prennent tout leur sens au regard de l’action affirmative et suggèrent que dans les cultures moins individualistes, les organisations bénéficieront d’attitudes plus favorables si elles basent leur politique sur les règles de besoin et d’égalité.
9Van den Bos, Heuven, Burger et van Veldhuizen étudient, dans le troisième article, les effets des résultats justes ou injustes sur une variable jusqu’à présent délaissée, le sentiment d’incertitude lié au travail. Ils s’appuient sur le modèle de la gestion de l’incertitude, i.e., le fait que les individus réagissent plus fortement à la justice des traitements dont ils sont l’objet quand l’incertitude est cognitivement prégnante. De fait, des employés qui, dans leur entreprise, ont connu une réorganisation se basent sur la perception de la justice de celle-ci pour évaluer leur degré actuel d’incertitude. Cette recherche a deux prolongements majeurs. Si la justice organisationnelle ne limite pas ses effets aux situations les plus menaçantes (e.g., licenciements), en même temps elle n’est pas un luxe que l’on peut se permettre uniquement pendant les périodes de prospérité économique. Au contraire, on a intérêt à la prendre en compte dans les moments de menaces, contrairement à l’idée selon laquelle la menace aménerait les employés à mieux admettre les situations d’injustice.
10Dans le quatrième article, Schaufeli aborde le lien entre l’équilibre des processus d’échange dans les relations d’aide ou de services et un stress particulier, le burnout. La revue critique qu’il présente s’appuie sur le programme de recherche conduit dans son laboratoire depuis les années quatre-vingt dix tout en prenant soin d’intégrer les travaux réalisés ailleurs. On comprend comment l’émergence du burnout est liée de façon curvilinéaire à la perturbation du processus d’échange relationnel, tant au niveau des interactions avec les récipiendaires (usagers, patients, élèves, etc.), avec les collègues ou avec l’organisation. Contrairement aux prédictions habituelles issues de la théorie de l’équité, ces travaux montrent que le retrait de la relation (i.e., une diminution des investissements) ne contribue pas à rétablir l’équilibre mais au contraire à instaurer une boucle de feed-back négatif. L’analyse synthétique des recherches considérées montre encore l’intérêt des conceptions de l’équité basées sur des normes personnelles (comparaisons intra-individuelles) par rapport à celles basées sur des comparaisons interpersonnelles avec des autruis significatifs. Dans la même veine, en dégageant 6 opérationnalisations différentes de la mesure de l’équité, Schaufeli montre les faiblesses de la mesure issue de la formule de Adams comparativement à des mesures directes, plus simples d’utilisation, basées sur l’appréciation globale des participants. Cette synthèse critique débouche sur un modèle intégratif incluant les effets modérateurs des variables intra-inviduelles (orientation communautaire, auto-efficacité) et ouvrant une perspective heuristique pour les recherches à venir.
11Dans le cinquième article, Buunk et De Dreu portent la question de la justice au sein des relations intimes. Comment réagissent les individus lorsqu’ils reçoivent moins de benefices que leur partenaire ? Les auteurs traitent cette question en introduisant une variable intra-individuelle, l’orientation communautaire (O.C.). Il s’agit d’une disposition qui reflète la sensibilité envers le besoin des autres. À travers deux études utilisant des mesures variées de l’équité (mesure globale de Hatfield et al., mesures relatives à des domaines spécifiques comme la distribution des tâches ménagères), on observe que les individus caractérisés par une faible O.C. sont plus sensibles aux variations des bénéfices comparativement à ceux caractérisés par une O.C. élevée. Il est à noter que ces recherches sont les premières à montrer, de façon non-équivoque, que dans les relations intimes, l’O.C. modère l’impact de la distribution des bénéfices sur la satisfaction éprouvée.
12Nous tenons à remercier l’ensemble des auteurs qui ont participé à ce numéro spécial. À nos remerciements, nous associons les collègues belges, canadiens, français et hollandais qui ont accepté de contribuer aux expertises des articles.
Bibliographie
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